
On les croirait figées dans une éternité
Les larmes de rochers immobiles et austères
Comme si au sorti de la maternité
Leur vie s’arrêtait là, au bord du baptistère.
Et petit à petit redeviennent du sable…
Après avoir creusé tant de vallées profondes,
Les larmes de rochers, après avoir souffert,
Après avoir vécu une vie bien féconde,
N’ont pas d’autre horizon que le bord de la mer.
Et bientôt l’érosion les brise dans le sable…
Je n’ose imaginer qu’après toute une vie,
Qu’après avoir gravi tous les plus hauts sommets,
Les larmes de rochers n’ont plus pour autre envie,
De s’ancrer au soleil et finir assommées.
Et lentement la mer les roule dans le sable…
Je connais des cailloux et des pierres qui roulent,
Et même des montagnes toujours en mouvement
Qui au bout de leur course ne perdent pas la boule,
Tiennent le haut du pavé de grès au parlement.
Et finissent émoulus, dévorés par le sable…
Pauvres pierres abîmées, pauvres roches puériles
Qui de toute leur vie ont suivi le tracé
Sans jamais s’écarter de la route stérile
Que leurs ancêtres avaient strictement terrassée.
Et comptent un par un les petits grains de sable…
Les miennes sont encore toujours sur la route,
Remontant leurs revers avec un passepoil.
Elles ont bien chuté et connu la déroute,
Mais elles sont remontées sur le pont des étoiles !
Et c’est moi qui, le soir, joue au marchand de sable…
Tableau de Fabienne Barbier
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