Attentat à la rudeur

Attentat à la rudeur

Sans doute saoule de tristesse, perdue dans un songe éthylique,
Elle s’était abandonnée effondrée et désespérée.
Mais celles qui voyaient sa détresse en bonnes femmes catholiques
N’auraient jamais pu pardonner cette sorcière invétérée.

Le vent lui soulevait la robe en offrant ses parties intimes
À la vue de tout un chacun, surtout notamment les bourgeoises
Qui en rajoute et qui enrobe chaque occasion illégitime
De potins concernant quelqu’un frayant avec cette grivoise.

Ou celui-là qui est parti, ou celui-ci qui la dispute,
Cet autre qu’on a vu rôder autour du suppôt de Sodome.
Mais elles en ont pris leur parti : ce soir, elles vont lyncher la pute
Qui vient trop souvent marauder avec leurs imbéciles d’hommes.

Mais sous la Lune vengeresse, un cri fendit l’air oppressant ;
Son fils, aux longs cheveux de jais, surgit brandissant sa colère.
Deux mains froides et défenderesses, figèrent l’essaim progressant
En brandissant l’arme de jet afin de défendre sa mère.

« Alors la foule horrifiée, figée d’effroi, ploya le front,
Le fils, debout, farouche et sombre, tenait sa garde inébranlable.
Sous l’ombre lourde et terrassée, nul n’osa plus hausser le ton,
Et dans la nuit, loin des décombres, ils fuirent d’un pas redoutable. »

Tableau de Lisa Yuskavage.

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