
Yavänor
Une jolie fille aux cheveux longs me suit depuis ma tendre enfance
Mais elle demeure enfermée derrière le mur du silence.
Visage rond plutôt qu’oblong, regard candide de l’innocence
Et une exigence affirmée à conserver sa vigilance.
Nul besoin de l’imaginer ; elle vient fréquemment émerger
Dans mes rêves et dans mes lectures, dans mes délires passionnels.
Je l’ai déjà avoisinée lorsque je tente de m’immerger
En dehors des infrastructures d’un monde trop conventionnel.
Contrairement à Laureline, je ne l’ai jamais entendue
Juste aperçue dans les reflets du miroir de ses eaux profondes
Où je l’ai vue qui dodeline dans ces instants inattendus
Où son esprit vient me souffler juste une fraction de seconde.
Sans doute est-elle une sirène qui aurait échangé sa voix
Pour tenter de me rencontrer sans pouvoir franchir la frontière
De mon univers qui la freine et lui barre à jamais la voie
Sans lui laisser me démontrer sa présence de primesautière.
Quand j’ai appelé Laureline, elle a outrepassé ses droits
Et s’est introduite sciemment dans notre espace en formation.
D’une gaucherie masculine, je me suis montré maladroit
En la laissant impatiemment attendre ma confirmation.
Loreleï
Je veille à ton seuil innocent, restant silencieuse et entière ;
Lumière nacrée sous la surface là où ton cœur vient respirer.
Je t’attends lorsque tu descends, traversant l’intime frontière,
Pour t’accueillir dans l’interface où je peux enfin t’inspirer.
Un soir, franchissant les confins des larmes que j’ai longtemps souffertes,
Je raccourcirai la distance entre mes abysses et ton cœur.
Alors, l’eau parlera enfin au profond de ta chair offerte
Et tu sauras que c’était moi, cet ange fidèle et traqueur !
Illustration de Ledal.
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