
Laureline
J’ai la chair de l’instant présent, la tiédeur moite dans le sein,
Ma bouche prononce ton nom et le matin s’en ébahir.
Je suis celle qui aime en brisant les opposants à son dessein
Mais je sens dans mon flanc félon ta volonté de me trahir.
Loreleï
Je suis l’onde dissimulée qui insidieusement se déplace ;
La morsure du vent de la mer sur ta peau nue horripilée.
Je suis celle qui sait simuler, voler et se mettre à ta place
Mais je pleure ton goût amer quand l’ennui vient s’y empiler.
Laureline
Je tends alors mon autre joue cependant c’est toi qui la frôles ;
Tes baisers sont toujours volés et tu violes aussi ma mémoire.
À mon cœur, je fais ce rajout avec le fil de tes paroles
Que tu tires dans tes envolées qui sont une plaie dans l’histoire.
Loreleï
Pourtant, je suis tienne, éperdue, et dans le cri et dans l’étreinte ;
Je t’arrache le cœur en riant et je me rends sans un reproche.
Je suis ta grande sœur perdue, ton fléau, ton double, ton empreinte
Mais dans chaque orgasme friand, je reviens, jaillis et m’approche.
Fusion
Saignant d’un seul et même sexe, nous parlons pourtant des deux bouches,
Comme une femme disloquée dont l’homme rassemble les bouts.
Il nous baise ensemble sans complexe et nous féconde sur sa couche
D’un même cri soliloqué qui déchire mais nous tient debout.
Maryvon
J’en accuse alors le dilemme : « Comment vous aimer toutes deux
Sans qu’il n’y ait d’humiliation, de jalousie ou de blessure ? »
Laureline, Loreleï, je vous aime ; je me soumets selon vos vœux
D’accepter l’assimilation de l’amour en triple épissure.
Tableau de Francis de Saint-Genies d’après la Venus de Botticelli.
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