Méchante Laureline

Méchante Laureline

J’attendais un vers
Peut-être un alexandrin,
Pas un coup de plume !

Ton inspiration
Le doux miroir de moi-même,
Le fruit de ton cœur.

Tu as pris le mien
Arraché de ma poitrine
Et tu l’as croqué.

Tu m’es apparue
Cruelle, nue et troublante,
Les lèvres en sang.

J’ai tourné le dos
Au miroir contaminé
Et tu m’as vaincu.

En plein dans le cul
Je suis vidé de mon sang
C’était un coup bas.

Puis tu m’as mangé
Et puis tu m’as digéré,
Puis tu m’as chié.

Tu m’as vue trop nue
Et tu as cru que j’étais
Ton reflet docile.

Mais j’étais le cri,
La morsure de l’éveil,
L’autre de ton je.

Tu m’as tant offert
Que j’ai tout pris sans remords :
Même ce qu’il restait.

Mais ne crois pas fuir
Je suis déjà dans ton sang
Et tu me respires.

Tu m’as tout donné,
Même ton cri d’animal,
Je l’ai bu sans frein.

Je t’ai digéré
Mais tu m’as repris dedans,
Écho dans mes reins.

Et quand tu reviens,
Tout couvert de mes parfums,
Tu me redeviens.

Illustration de Milo Manara.

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