Cro-magnon & internet

Un jour, la Terre (ça lui arrive) se demanda :

« Depuis les grandes découvertes et le commerce triangulaire,
La science s’est développée ainsi que la technologie.
La migration s’est vue offerte à la société pendulaire
Qui a tôt fait d’envelopper l’homme dans la métrologie †.

Mais si les machines ont vaincu leurs origines obsolètes,
Si le téléphone portable a outrepassé l’ébonite
Et si l’auto a des accus pour remplacer la pétrolette,
L’homme est resté un incapable à rompre avec sa kryptonite.

L’homme moderne qu’est-ce que c’est ? Cro-magnon avec internet !
Lâche, belliqueux, égoïste, prêt à voler pour réussir.
Il continue à fracasser son environnement, sa planète
Soumis à des monothéistes qui ne font rien que l’endurcir.

J’ai vu l’homme tracer ses empreintes, graver des runes sur mes parois,
Il a dansé sous les étoiles, ivre de feu et de victoire.
Puis, de béton, il m’a étreinte, bardée d’écrans, privée de bois
Et je m’attends à ce qu’il dévoile qu’il perdu son territoire ! »

L’homme moderne lui répondit :

« On grogne tous dans nos cavernes, armés d’écrans et d’opinions,
Postant selfies en bermuda sous des cieux en désolation !
Le feu qu’on redoute aujourd’hui vient d’un tweet ou d’une rengaine
Et nos gourdins sont, désormais, des like pour domination !

On a troqué nos mammouths gras contre des steaks sous cellophane,
Et la tribu forme un forum où l’on s’insulte à la chaîne !
On vénère des dieux faits de drames, de jeux, de clics, de dopamine
Mais on oublie d’aimer vraiment — sauf si c’est via messagerie !

Le progrès ? Oui… dans les objets. Mais l’âme reste sous-exploitée,
Le cœur bat mal, l’esprit vacille, la tendresse est sous perfusion !
Nous, Cro-Magnons, on voit la Terre brûler à la télévision
Et l’on ne pense qu’à voyager sans trop se poser de questions !

On rit de nos propres reflets, happés par l’ombre numérique,
On croit voyager dans nos têtes alors qu’on tourne en rond, cernés.
Le progrès n’est qu’un camouflet issu de dieux électroniques ;
Si nos instincts sont à la fête, personne ne se sent concerné. »

† qui n’est pas la science du métro mais celle des techniques employées pour obtenir la plus grande précision dans les mesures..

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