
Il était une faune muette, incapable de s’exprimer
Autrement que par la musique que Pan lui avait enseignée.
Mais ce défaut de sa luette lui permettait de comprimer
Son souffle peut-être basique mais d’une puissance imprégnée.
La faune aphone, solitaire, ne communiquait que par sons
Mais elle savait se faire comprendre par les elfes de la forêt
De toutes manières, minoritaire auprès des filles et des garçons,
Il ne lui restait plus qu’apprendre à animer les jamborées.
Bien qu’humain – donc indésirable – mais goûtant la flore et la faune,
J’ai un faible pour randonner dans les sentiers vers nulle part.
Et dans certains coins misérables des sous-bois de seconde zone,
J’ai ouï sa flûte chantonner en murmures éoliens épars.
« Sous l’arche d’ombre et de ramures, j’ai poursuivi l’air incertain,
Cherchant l’écho d’une présence au seuil du songe forestier.
Mais seul le vent, en fente obscure, soufflait d’un clair-obscur en vain,
Comme un soupir, en résonance, d’un être éteint ou cachotier.
Puis, dans un souffle irrévocable, la faune aphone a soupiré,
Tirant de sa flûte fidèle un dernier râle ensorcelant.
L’écho vibra, profond, palpable, en un silence révéré,
Puis s’évanouit, fugace et frêle, dans l’oubli vert des vents hurlants. »
Illustration de Béatrice Tillier.
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