L’oiseau de mauvais augure

L’oiseau bleu paraît maléfique car il semble venir de droite
Mais il vole en réalité à reculons, c’est surprenant !
Alors l’oracle salvifique fait une prévision maladroite
Trompé par la fatalité du faux présage contrevenant.

À chaque erreur, on peint l’oracle de trois coups de peinture blanche
Qu’il doit montrer à tout venant, preuve de son incompétence.
Bien que cela tienne du miracle, quand il dit juste – c’est dans la manche ! –
Sa récompense à l’avenant consiste en l’oiseau pour pitance.

Les temps sont durs pour les prophètes de bons ou de mauvais augures
Car lorsqu’ils sont entièrement peints, ils meurent pour cause d’asphyxie.
En cas de réponses trop parfaites, il grossit et se défigure ;
Prêtres, mages et tous les clampins sont tous frappés d’anorexie.

Un oracle vint à prédire, dans un dernier souffle exigu,
Qu’un jour l’oiseau bleu, fatigué, cesserait son vol à rebours.
Mais nul ne sut vraiment l’entendre, car sous son masque suraigu,
Sa bouche scellée de peinture n’articulait plus que du bruit sourd.

Tableau de Ricardo Fernandez Ortega

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