

L’artiste, comme une femme enceinte qui ressent la vie dans son ventre,
Ressent à son tour dans ses mains autant de vies qu’il a de doigts.
Les pouces, opposition succincte, s’éloignent et tantôt se recentrent
Tel l’insatiable benjamin narguant ses frères, comme il se doit.
Comme tout interprétation d’une exposition musicale,
Chaque doigt se fait l’instrument que les deux pouces alors orchestrent.
Aux index la désignation d’une précision chirurgicale,
Aux majeurs, la force indûment utile aux rôles dextre et senestre.
Annulaires et auriculaires ont cette impression d’inutile
Comme un joueur de picolo qui sent sa dépréciation.
Mais les pouces, chefs protocolaires, ne les jugent jamais futiles
Ni superflus, ni rigolos mais dus à l’interprétation.
Il en est qui ont deux mains gauches, il en est qui ont deux mains droites
Parmi ces artistes doués, il en est des exceptionnels
Dont les menottes hier en ébauche deviendront demain plus adroites
Lorsqu’elles seront toutes dévouées aux chefs-d’œuvre sensationnels.
Tableaux de Mary DeLave.
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