La poussée d’Andromède

Je sais la poussée d’Archimède
Sur tous les corps plongés dans l’eau ;
En revanche celle d’Andromède
Me paraît plus sortir du lot.

Si un corps masculin quelconque
Nage comme un têtard débutant,
Jusqu’à présent on ne vit onques
Une grenouille en faire autant.

Or Andromède, c’est bien connu,
Nous a comblé cette lacune
En observant les ingénues
Qui plongeaient nues dans la lagune.

Une fois dans leur élément,
Les jeunes nymphettes sereines
Se transforment délibérément
Peu à peu en jolies sirènes.

Leurs jambes se couvrent d’écailles,
Des branchies se joignent aux poumons
Et l’on voit parmi les rocailles
Des anges devenir démons.

Car le menu de la semaine
N’est pas de soupe de poisson
Mais composé de viande humaine
Et du sang pour toute boisson.

Navigateurs autour du monde,
Sachez que la physique exige
Même si cela paraît immonde
Son quota car sirène oblige !

Les loups de mer vous le diront :
« Il n’y a pas plus belle mort
Qu’abandonner ses avirons
Pour une sirène, sans remords ! »

Tableau de George Barbier.

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