L’eau de l’oubli

Lorsque j’ai bu l’O de l’oubli, comme l’O d’un ensemble vide,
Son visage avait disparu avec ses yeux, sa bouche en cœur.
La fille n’a pas fait un pli, à corps perdu, l’esprit avide
De se faire happer par la rue pour y diluer toute rancœur.

Je crois que ses yeux m’ont souri et que sa bouche m’a avalé
Comme une amante religieuse qui m’aurait fait perdre la tête.
Volte face comme la houri de mon paradis dévalé
Dans la maladie contagieuse et fatale d’une amourette.

Et je regarde le gyrophare pulser sur son corps ambulant
Qui emporte dans ses paquets ma mémoire et mes souvenirs.
La mort rapide et sans fanfare m’a piqué en m’inoculant
L’amnésie non contre-attaquée que je n’avais pas vu venir.

Tableau d’André Kohn

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