La pincette à courir

Te souviens-tu quand nous partions de bon matin faire la course
Contre la montre, contre la vie, à contrecœur, à contresens ?
Te souviens-tu quand nous sortions sous la Petite et la Grande Ourse
Qui observaient sur le parvis notre éternelle effervescence ?

Aujourd’hui, je compte le temps, je pèse présent et passé
Pour comparer les regrets lourds qui montent au cours de mes nuits blanches.
Je ne suis plus représentant de ceux qui veulent se dépasser
Mais je ne suis plus si balourd à courir avant l’avalanche.



Je me souviens du temps où je courrais toute la journée à la recherche des secondes perdues que j’aurais pu ressemer pour demain.
Je maudissais ces jours fériés, ces jours de neige, ces jours bloqués où ma folle course se retrouvait bloquée dans une impatience insoutenable.
Aujourd’hui pensionnaire préretraité, confiné dans une vie entre parenthèses où je me sens comme inutile, je revois toutes ces courses qui m’ont marqué au point de remonter insidieusement à la surface de mes nuits blanches.
Et je fais la comparaison entre temps perdu et temps restant, entre temps gaspillé et temps retrouvé, entre l’illusion de changer mes décisions passées pour de meilleurs choix qui ne changeront sans doute rien.

Tableaux de Hanna Silivonchyk

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