L’extraterrestre

À l’époque où je travaillais en Alsace comme informaticien indépendant, j’ai rencontré un jour dans son entreprise une nouvelle cliente et je découvris je ne sais plus comment qu’elle était une extra-terrestre.
Les extraterrestres avaient contacté la Terre depuis de nombreuses années mais étaient restés très indépendants, un peu comme les américains vis-à-vis de l’ancienne Europe : arrogants et fiers envers les terriens, ils se sentaient supérieurs. Sous forme humanoïde, assez grands, 1m80 en moyenne, leur peau étaient nacrée et parsemée de taches ou de stries régulières et harmonieuses et de couleurs différentes selon les gens.
À cette époque, les extraterrestres étaient peu présents sur Terre ; soit pour du tourisme en voyageant un peu partout sur les continents, soit pour établir des relations commerciales ou diplomatiques ou de communication avec leur propre planète sur laquelle ils préféraient vivre majoritairement.
Je sympathisai avec ma nouvelle cliente que j’appellerai « Évasion » car je ne me souviens plus de son nom. Toujours est-il qu’elle m’invita à l’accompagner sur sa planète et que j’acceptai.
Nous voyageâmes alors dans une sorte de fusée-navette et nous arrivâmes à l’astroport de leur planète ou tout était démesuré comme à l’américaine, décidément. Les cités, d’immenses mégapoles où une foule nombreuse déambulait dans les rues comme à Paris, New-York, Broadway, Londres, un soir de fête.
Tout était sous contrôle avec caméras et micros partout et accessibles selon l’autorisation sur des sortes de téléphones portables, d’écrans virtuels ou des terminaux présents partout avec reconnaissance automatique de l’utilisateur. Chacun pouvait y voir et contrôler ses enfants, son chien, sa maison mais avec un accès utilisateur très rigoureux. J’essayai de regarder mais je ne pouvais voir uniquement que si quelqu’un me montrait son visuel. Dans les rues de grands panneaux lumineux où l’on pouvait voir ce qu’on voulait rien qu’en s’en approchant. Beaucoup de lumières. Tout respirait la grandeur et le luxe.
Nous sortîmes en ville et allâmes boire un verre dans une sorte de Dancing- Boîte de nuit avec portier extérieur et portier intérieur. Le portier extérieur connaissait Évasion qui m’a semblé être une personne charismatique et réputée. Il s’aperçut immédiatement que j’étais terrien (en fait c’était facile puisque nous sommes physiquement différents) mais sans Évasion, je n’aurais jamais pu entrer. Après un couloir un deuxième portier devant l’entrée nous contrôla à nouveau. Nous pûmes entrer. Très grande salle, beaucoup de gens, beaucoup de lumières, de musique, de rires, de chants, de danse, tchin-tchin.

Chez eux, la maison contrôle toutes les entrées. Les membres de la famille entrent et sortent à leur guise, les portes s’ouvrent et se referment automatiquement. Il n’y a pas de sonnette. Les membres de la famille extérieure entrent et sortent à leur guise mais sont annoncés par une voix synthétique. Les amis entrent et sortent mais à condition d’en avoir l’autorisation pour un jour en principe ou plusieurs jours selon leurs séjours. Les autres personnes doivent avoir pris rendez-vous pour entrer, médecins, conseillers, réparateurs, sinon les portes restent closes. Pour tout autre personne, la maison est comme un coffre-fort ; impossible d’entrer ni par les portes ni par les fenêtres. Les cambriolages n’existent pas. Quand un visiteur prévu arrive, un livreur de « pizza » (du moins quelque chose qui y ressemble) est automatiquement autorisé par la commande de « pizza », la porte s’ouvre et une voix annonce la personne.

La maison d’Évasion était très grande, vaste entrée, porte d’entrée large et automatique, grand salon avec une grande table basse, des, enfants ados, livreurs annoncés, j’étais surpris à chaque fois de voir la porte s’ouvrir et annoncer le visiteur sans que cela semble déranger les enfants et les gens. C’était naturel.
Nous allâmes dans les Bureaux d’Évasion où tout était contrôlé par des sortes d’ordinateurs. Je m’asseyais un moment à côté d’une secrétaire et j’essayai encore une fois de manipuler un écran, sans succès. Elle me montra ses enfants et sa maison mais moi-même n’y avais pas accès directement. Je fis une tentative de manipulation mais les contrôles restaient sévères et je ne pus rien faire. Même pour quitter l’application, si je répondais « Non, abandonner » le système me demandais pourquoi, qui j’étais, qu’est-ce que je voulais faire exactement. Le système se montrait hyper rigoureux et policier.
J’attendais Évasion qui devait venir me rejoindre et puis, je me suis réveillé dans notre bon vieux vingt-et-unième siècle. Était-ce vraiment un rêve ou ai-je été contacté télépathiquement par des extraterrestres ? Si oui, pas de souci, ils me recontacteront et sinon, pas de souci non plus, ça m’aura quand même fait vivre une belle histoire.

Photo de Jesse Paulk.

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