
Me voilà rentré à la maison.
Je n’aurais pas cru que ce soit aussi difficile.
Fabienne et un ami sont venus me chercher en voiture.
J’avais l’impression que j’allais m’évanouir à chaque pas.
Ces trois tout petits trous résonnent très fort.
Je sais qu’il s’est passé quelque chose en moi.
Je sens cette intrusion.
Une violation de propriété.
Allongé sur un lit, j’arrive à paraître.
Mais debout sur mes jambes, je me sens étranger.
Je me sens arraché, hors du temps, hors de l’histoire.
Comme une image qui se serait échappée d’un film.
Comme une feuille qui se détache de l’arbre.
Qu’on me comprenne bien, je ne me sens pas seul au monde.
C’est comme si mon présent n’était plus accordé au monde.
Comme si j’étais une fausse note.
Peut-être le temps me redonnera le La…
Peut-être que je vais devoir réapprendre à vivre avec un nouveau son.
Ça m’est déjà arrivé, ça va faire sept ans.
Merci à tous pour m’avoir prêté un peu votre diapason.
Illustration de Claude Serre.
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