
Percé jusqu’au fond du cœur
D’attaque multiples aussi bien que cruelles,
Misérable anima qui cherchait la querelle,
Malheureux animus d’une injuste rigueur,
Je demeure immobile, et mon âme abattue
Cède aux coups qui me tuent.
Si près de voir ma vie renouvelée,
Ô Dieu, la douleur intestine !
En ce combat mon cœur est l’offensé,
Et l’offenseur le cœur de Martine !
Que je sens de rudes sauts !
Contre mon propre destin mon désir s’intéresse :
Il faut calmer les envies, et perdre les caresses.
L’un m’anime le cœur, l’autre retient mes assauts.
Réduit au triste choix de me trahir moi-même,
Ou de vivre un dilemme,
Des deux côtés mon mal est infini.
Ô Dieu, la douleur intestine !
Faut−il laisser mes efforts anéantis ?
Faut−il punir celle qui les ruine ?
Dans mon corps, dans le sien, dans mon âme, dans mon cœur,
Noble et dure torture, aimable dictature,
Tous mes désirs sont morts, et mes espoirs ternis.
L’une me rend malheureux, l’autre fou de douleur.
Cher et cruel espoir d’une âme généreuse,
Mais ensemble amoureuse,
Digne ennemi de mon plus grand bonheur,
Dard qui cause ma ruine,
M’as-tu frappé pour pousser mon malheur ?
M’as-tu frappé pour perdre Martine ?
Il vaut peut-être mieux mourir dans l’immédiat.
Je le dois à Martine aussi bien qu’à moi-même ;
J’attire en la quittant sa haine et ses problèmes ;
J’attire mon mépris en ne me respectant pas.
À mon plus doux espoir l’un me rend infidèle,
Et l’autre indigne d’elle.
Mon mal augmente à le vouloir guérir ;
Tout redouble ma déprime.
Allons, mon âme ; et puisqu’il faut mourir,
Mourons du moins pour oublier Martine.
Mourir sans bâtir ma maison !
Rechercher un départ si mortel à ma gloire !
Endurer que l’histoire impute à ma mémoire
D’avoir mal soutenu l’honneur et ma raison !
Respecter un amour dont mon âme égarée
Voit la perte assurée !
N’écoutons plus ce mental suborneur,
Qui ne sert qu’à ma ruine.
Allons, lâchons, abandonnons nos valeurs,
Puisqu’après tout il faut m’éloigner de Martine.
Oui, le mental s’était déçu.
Je dois tout à mon cœur avant qu’à ma maitresse :
Que je meure en sautant, ou meure de tristesse,
Je rendrai l’âme pure comme je l’ai reçue.
Je m’accuse déjà de trop de négligence ;
Agissons avec diligence ;
Et tout honteux d’avoir autant lâché,
Ne soyons plus dans la ruine,
Puisqu’aujourd’hui mon cœur est l’offensé,
Si l’offenseur est le cœur de Martine.
Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.
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