Crin-Blanc psychédélique

Crin-Blanc psychédélique

Quand l’année du cochon de feu débuta en quarante-sept,
Les chevaux devinrent nerveux, les tânes et toutes les autres bêtes.
D’un jeune poulain de Camargue, sa robe blanche et bien cambrée
Vira de couleur en poutargue, jaune orangé au brun ambré.

Sous les feux du soleil couchant, rayonnait le bel étalon
Par son pelage effarouchant et la vigueur de ses talons.
Les quatre jambes éclaboussant le corps ruisselant d’eau de mer
Et la crinière se trémoussant dans l’azur d’un bleu outremer.

Beaucoup de peintres ont essayé pourtant beaucoup ont échoué
À peindre la robe émerveillée aux vaguelettes ébrouée.
Les poètes ont dû inventer des coloris psychédéliques
Prenant le risque d’intenter un procès aux lois de l’optique.

Soixante-quinze années passées, seuls quelques anciens se souviennent
De la couleur outrepassée du cheval blanc quoi qu’il advienne.
Si un jour tu passes à Saint-Gilles, va sur le pont du Petit-Rhône ;
Tu verras sa statue d’argile à la teinte orangée qui prône.

Tableau de Fabienne Barbier

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