
Il est bien arrogant, la main sur son épée,
Comme un dieu belliqueux, agacé, courroucé.
À son front de melon aux cheveux écépés,
Il a gravé sa mort sur son âme détroussée.
Comme un leurre émérite, une illusion subtile,
Son visage crispé n’est qu’un masque de guerre.
Sa main sur le pommeau vive comme un reptile
Menace l’ennemi qu’il a connu naguère.
L’autre main nous dit « non », il n’y a pas de méprise.
Il garde les secrets debout devant la porte.
Au péril de sa vie, la bravade est comprise
Et s’il meurt au combat que le diable l’emporte.
Pauvre polichinelle au devoir ridicule !
Personne ne lui a dit que la guerre est finie.
Il hante les couloirs de l’aube au crépuscule,
Fidèle à sa fonction telle qu’elle est définie.
Gardien intemporel, sentinelle éternelle,
Tu n’as point de repos ni ne baisse ton glaive.
Qui saura t’avertir, de façon solennelle,
Que tu peux t’en aller sans attendre la relève ?
Tableau de Fabienne Barbier
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