
Prince des musiciens et de la gaudriole,
Tu as su nous charmer de tes refrains coquins,
Tandis que j’avais l’âge de faire des cabrioles
Et ne comprenais pas tous tes couplets faquins.
Souvent je comprenais des phrases différentes,
J’inventais des mots neufs quand c’était nécessaire ;
Ça ne voulait rien dire et l’idée apparente
S’éloignait du sujet comme la main du faussaire.
Mais petit à petit, j’ai appris à ton rythme
Des mots qui apportaient à mon vocabulaire
Des vers en hyperboles, des rimes logarithmes,
Un algèbre de lettres à mon abécédaire.
Parfois j’entends un autre sens à tes paroles
Et les mots se mélangent et les sons se raccordent
Comme une orchestration d’éclats de casseroles
Qui donne un nouvel arc qui s’ajoute à tes cordes.
Je reconnais l’écho qui se glisse en coulisses,
Qui apporte la vie dans le son des accords
Et l’amour dans le chant qui se fait son complice
Et qui touche mon cœur et l’âme en raccord.
Lorsque tu es parti tu m’as légué tes rimes ;
Un gorille enthousiaste pour les jours difficiles ;
Un supplique émouvant pour les jours de déprime ;
Une chanson grivoise pour les filles faciles.
Tu m’as montré la voie, tu m’as laissé l’esquisse.
La chenille n’est rien qu’un futur papillon
Et le bourgeon attend que sa fleur s’épanouisse ;
Puis le poète est né comme un frêle oisillon.
Tableau de Fabienne Barbier
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