
Avez-vous senti passer cette vague de chagrin ?
Comme un épais chagrin bleu chargé de lourdes ténèbres ?
Annonçant la fin du monde et ses exécrables grains
Prédisant la solitude et ses afflictions funèbres ?
Il m’a rongé trop de nuits, des nuits toujours sans sommeil ;
Il m’a si écartelé que mon corps en est gravé.
J’ai vu passer les saisons, j’ai vu les jours sans soleil ;
J’y ai perdu la raison en vertiges aggravés.
C’est la vague bleue qui passe, qui balaie toute l’audace ;
C’est un tsunami de peine qui emporte l’inutile.
Et ces constructions humaines ne sont plus que des carcasses,
Des échos de vanités et de réflexions futiles.
Mais la vague n’a pas d’âme et sa sagesse est bien folle ;
Elle n’a de compte à rendre ni de raison à fournir.
Peut-être que si les hommes arrêtaient leurs fariboles
Et cessaient d’ancrer leurs lois, ils cesseraient d’agonir.
J’ai laissé tout s’envoler dans le déluge de glace ;
Je n’ai voulu retenir ni passé ni expérience ;
Je me suis retrouvé nu, laissé sans aucune classe ;
Prêt à accueillir l’écho de la divine invariance.
Tableau de Fabienne Barbier
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