Mes bateaux de la lanterne

Mes bateaux de la lanterne

Mes bateaux de la lanterne, où la lune s’est accrochée,
Emmanchée en haut du mât pour illuminer la nuit,
Avec des bateaux complices, ils vont bientôt approcher
Les ténèbres à l’horizon comme un soleil de minuit.

Bateau-lune ou bateau-phare, ils ont de multiples noms.
Mes bateaux de la lanterne, aux mâts tout illuminés
Et qui arborent la Lune comme un précieux gonfanon
Pour guider les nefs perdues dans les tempêtes embruinées.

Un jour mon père a sorti son bateau resté à quai.
Il est parti loin derrière l’horizon de l’océan.
Il ne reviendra jamais, il a rejoint le banquet
Des anges qui l’ont reçu comme un naufragé céans.

Puis ma mère a affrété une barque bien discrète.
Partie comme pour le marché mais a croisé la tempête.
Son bateau s’est fracassé sur les terribles arêtes
Des récifs de compassion, sans tambour et sans trompette.

Moi, mon bateau est petit ; pas de voile, juste deux rimes.
Sur mon mât sobre et ténu, j’ai attaché une étoile.
Souvent je pars dans la nuit, dans la noirceur de déprime
Et je troue l’obscurité d’un fin éclat sur la toile.

Tableau de Fabienne Barbier

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