La forteresse au cul coincé

La forteresse au cul coincé

Un peu timidement, un peu trop sagement,
La demoiselle n’ose abandonner sa pose.
Cache-t-elle un amant ou un arrangement ?
Si ce n’est pas grand-chose, pourquoi être ainsi close ?

Manque-t-elle d’audace les pieds nus sans godasses ?
Cherche-t-elle la raison pour quitter sa maison ?
La petit blondasse me semble un peu fadasse
Sans une inclinaison pour la défloraison.

Est-ce à moi de briser sa coquille irisée ?
Pourra-t-elle casser l’enveloppe angoissée
Qui l’enferme, épuisée, dans l’abandon grisé,
Soumise et rabaissée, dans sa vie opiacée ?

Cette sainte nitouche a l’amour sur la bouche
Mais elle n’ose pas se jeter dans ses bras !
Elle reste sur la touche sans risquer l’escarmouche.
Pas de premier faux pas, pas d’abracadabra !

Vénus, secoue-moi donc cette fille d’amidon !
Fais-lui sentir tes charmes, fais du bien à son âme !
Aide-moi, Cupidon, à secouer l’édredon !
Sonnez bien fort l’alarme et lâchez les gendarmes !

Préparez un calice bien rempli de malice !
Donnez à cette gourde des mamelles bien lourdes !
Remplissez de délices son cul jusqu’au calice !
Plus jamais la balourde à l’amour sera sourde !

Pénétrez l’intérieur de ce cœur de malheur,
Remontez le réseau nerveux jusqu’au cerveau,
Montrez à l’extérieur ses infimes douleurs,
À grands coups de ciseaux, libérez cet oiseau !

Si je vous racontais la suite au pied levé,
Ce serait bien dommage et un manque d’hommage.
Tentez d’imaginer, tentez de soulever,
Quel divin allumage fit voler son plumage !

Tableau de Fabienne Barbier

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