
Ô mon bel ange endormi, qu’as-tu rêvé cette nuit ?
Un grand ciel bleu sans étoile ? Une explosion dans l’espace ?
As-tu vu naître les hommes ? As-tu vu naître l’ennui
Qui les endort en silence, coincés dans leur carapace ?
Tu as les ailes roussies, ton auréole est voilée,
Tes seins sont bien fatigués d’avoir livré tout leur lait.
Ton sexe ruisselle de feu comme une flamme étoilée,
Ton ventre est encore rond ; il a servi de palais.
Tu as enfanté un œuf, fécondé par un esprit,
Engendré par les étoiles et couvé par une humaine.
Demain tes ailes tomberont, mais sans l’ombre d’un mépris,
Ton auréole chutera tout au long de la semaine.
Juste avant que tu t’éveilles, laisse-moi tenir ta main,
Toucher une dernière fois l’envergure de tes ailes,
Embrasser ton auréole pour un dernier examen,
Embrasser tes aréoles, ton ventre de demoiselle.
Mais voilà que tes yeux tremblent et que tes lèvres frémissent.
Toutes tes plumes s’envolent dans un vol de canaris.
Je vois ton ventre qui bouge pour annoncer les prémices
De l’enfant qui va paraître et de sa mère Marie.
Tableau de Fabienne Barbier
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