La petite marchande marocaine

La petite marchande marocaine

La petite marchande, au sourire bien étrange,
Me fixe dans les yeux d’un regard mystérieux.
Qu’a-t-elle donc à me vendre ? Quelques belles oranges ?
Ou a-t-elle compris qui est le plus curieux ?

À la voir, là, assise j’imagine sa vie
Au milieu de sa ferme perdue dans la campagne.
Me voit-elle debout comme un preux chevalier
Qui pourrait l’emmener au pays de cocagne ?

Je voudrais qu’elle me vende les plus beaux souvenirs,
Mais ce serait prétendre au bonheur acheté.
Comment croire une vie de plaisirs à venir
S’ils ont une valeur souillée et cachetée ?

Les gens croient au bonheur d’un billet de loterie.
Ils pensent que le plaisir dépend juste d’un gros lot.
Pourtant quand je regarde cette ferblanterie,
Je vois bien que mes mots n’agitent que les grelots.

Ma petite marchande a cueilli tous ses fruits,
Tous gorgés de soleil et pétris de ses mains.
Elle cherche simplement à les vendre à autrui
Contre deux ou trois pièces pour subsister demain.

Tableau de Fabienne Barbier

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