Porteuse de vie

Porteuse de vie

Elle avait gardé ce pli, une sorte de survie.
Marquée pour toute sa vie, dans son corps tout circonscrit.
Comment porter ce fardeau toute sa vie sur son dos ?
Je me sens un peu bardot ! Je me sens un peu lourdaud !

Je suis loin d’imaginer ce qui t’a ainsi courbée,
Ces années, embobinée, dans tes ornières, embourbée !
Ces empreintes qui te marquent dans le corps jusqu’à l’arnaque
Te trompent et puis t’embarquent dans la tribu d’hérésiarques.

Quand je vois ton corps intime matraqué d’outrages ultimes
Qui te transforment en victime et jusqu’au dernier centime,
J’ai honte pour la race humaine qui a violé ton hymen
Et a réduit ton domaine en un simple phénomène.

Puis-je rendre cet hommage d’abord juste à ton image ?
Mais j’ai peur que ton plumage se rabaisse à ton ramage !
Pourtant ce serait dommage d’effacer dans un gommage.
Parce que quel que soit l’âge, tu parais toujours très sage !

À ces seins si fascinants qui nourrissent tes enfants,
À ces hanches qui enfantent et qui te font triomphante !
À ton giron si fécond qui ressemble à un flacon,
À ces bras pour embrasser, à l’amour, dédicacés !

Un sourire qui désarme et qui transmet tout ton charme !
Un baiser pour faire fondre et qui, au cœur, sait répondre !
Des yeux faits pour y noyer tous mes rêves apitoyés !
Une bouche si suave qui chante tous les octaves !

Ces mains douces pour l’amour et le cœur empreint d’humour !
Ces mains faibles mais qui chargent sans crier à la surcharge !
Ces mains qui travaillent dur jusqu’à toucher la rupture,
Ces mains, oui, pourtant qui donnent toutes ces plus belles pommes !

Et moi qui ne suis qu’un homme, moi, cette grande personne,
Comme un crétin qui raisonne aux pensées si polissonnes !
J’ai honte d’appartenir à ceux qui t’ont asservie.
Mais je sais me souvenir de tes peurs inassouvies.

Je n’ai pas ton corps sculpté pour la vie que tu as portée,
Je n’ai pas ta destinée, ni ton âme si affinée !
Je ne peux m’imaginer le poids des fardeaux minés
Qui t’ont ainsi condamnée dans ta forte destinée.

Tableau de Fabienne Barbier

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