Fée d’Automne

Fée d’Automne

C’était une nuit d’Halloween, je préparais quelques citrouilles,
Quand une sorcière en balai fit son entrée dans ma cuisine.
Quelle ne fut pas ma panique ! J’avais, j’avoue, un peu la trouille
Car elle me dit « viens avec moi, on fait la fête chez ma cousine.
J’ai besoin d’un manche à balai ! » J’avais encore quelque frayeur,
Mais elle me dit « ce n’est pas grave, on prendra mon aspirateur… »

Là-haut au-dessus des nuages, je me gelais un peu les couilles
Quand Mélusine m’invita à visiter sa mécanique.
J’aurais bien dû me méfier de son petit air en quenouille,
J’aurais bien dû faire attention à son tempérament volcanique.
Alors qu’elle me servait un verre d’une sorte de sortilège,
Soudain la belle a commencé sur moi un strip-tease sacrilège…

En démultipliant ses mains, et ma chemise de popeline
Et mon pantalon en coton ont disparu dans une flamme.
Je ne pouvais plus regarder ses beaux yeux couleur d’opaline
Car une poitrine insolente voltigeait comme deux oriflammes.
Alors elle m’a fait basculer dans un grand lit à baldaquin
Et a embouché mon engin dans son petit museau taquin…

En arrivant chez sa cousine après une petite mort subite,
Elle m’a fait descendre un cocktail que vraiment je vous déconseille.
Mais comm’ j’avais encore envie de jouer de la gigabite,
Elle m’a dit « attends donc un peu, l’action de ce jus de groseille !»
Elle eut parfaitement raison. Si vous saviez combien c’est bon,
Vous en reprendriez avec moi et en boiriez tout un cruchon…

J’en étais assez enivré quand Mélusine et sa cousine
M’ont proposé d’aller d’emblée nager tout nu dans la piscine.
Alors on s’est déshabillés en poursuivant ces deux coquines
Qui sortaient coupes et Champagne du coffre de leur limousine.
Plus tard chacun s’est isolé dans les alcôves des cabines
Et j’ai repris l’activité que préférait ma Mélusine…

Des flammes dans sa chevelure nous éclairèrent en tamisé
Tout en projetant sur les murs nos ombres bien entrelacées.
De ses mamelles avantageuses gouttait un liquide anisé
Qui me donnait et de l’ardeur et une soif pour l’embrasser.
Quant à ce que j’ai découvert bien à l’abri entre ses cuisses,
C’était bien plus inestimable qu’un coffre-fort en banque suisse !

Je pris, après la nuit d’amour, un déjeuner gargantuesque ;
La belle m’avait épuisé, je n’avais plus rien en réserve.
Bien au contraire Mélusine, avec ses airs rocambolesques,
Était saturée d’énergie et sa cousine de conserve.
Lorsque je lui ai demandé si elle pouvait me ramener,
Des flammes ont jailli de ses yeux comme un grand feu de cheminée.

Elle était vraiment folle furieuse comme une mante religieuse ;
J’ai réalisé que ma vie ne tenait vraiment qu’à un fil.
J’ai accouru dans le garage et trouvé une débroussailleuse
Qui démarra au quart de tour pour échapper à son profil.
Ce fut une course poursuite à cache-cache dans les nuages.
Tant pis si j’en ai le vertige et si je manque de courage…

Quand j’eus fini par repérer la direction de mon quartier,
Je vis cette bête furieuse qui piquait sur ma caravelle.
Je venais juste d’arriver, ôtant mes pieds des étriers,
Quand elle s’est élancée sur moi pour l’ultime étreinte mortelle.
« Ciel ! Au revoir tous mes amis et rendez-vous dans l’autre monde !
Et si vous croisez Mélusine, fuyez, c’est une bête immonde ! »

Lorsque le soleil s’est levé on secouait mon oreiller
D’une manière si énergique à coup de baguette magique !
Je m’attendais encore à tout, j’étais toujours ensommeillé,
Je supposais que Mélusine avait atteint l’instant tragique.
Mais foin des sabbats sataniques, ce n’était que la fée Aurore
Qui me criait « debout les morts, on nous attend au Labrador ! »

Tableau de Fabienne Barbier

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