La mare fleurie

La mare fleurie

Le silence est tombé cette nuit sur la mare.
Les grenouilles en deuil vivent un cauchemar.
La crevaison soudaine et tout le tintamarre
D’un stupide animal, un idiot, un vantard.

Pour ressembler aux princes, riches de connaissances,
Une pauvre reinette, venue sans importance,
S’est embellie d’orgueil et, dans l’effervescence,
A confondu la taille avec la compétence.

Elle s’est efforcée pour être à leur image
De se gonfler d’éther à force de ramage.
Si bien que bien avant de l’être davantage,
Elle s’est éventrée à son désavantage.

Ceux à qui elle avait voulu s’apparenter
N’en ont même pas eu ni chagrin, ni pitié.
Ils s’en sont amusés sans être tourmentés,
Ce n’était là pour eux, qu’éphémère amitié.

Les siens ont recueilli sa peau éparpillée,
Honoré sa mémoire sans même la houspiller.
N’est ce point grand dommage de voir tant gaspillée
Toute une éducation et la voir torpillée ?

Les gerbes, les couronnes, tous les bouquets de fleurs
Rendent un dernier hommage à l’animal gonfleur.
Les lucioles brillent à l’abri des souffleurs
Et la mare est fleurie d’un vent écornifleur.

Tableau de Fabienne Barbier

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