J’ai vu des jonques par milliers Couvrir la mer comme des vagues Qui venaient depuis l’horizon Déferler fort sur nos rivages.
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Quand je m’envole à l’horizon, moi, le bravache, Je sens en même temps cette ancre qui m’attache. Mon esprit vole sous le vent où est sa tâche Et mon corps est fixé sur le plancher des vaches.
Ce n’est qu’un voyage immobile en canot ivre, Une croisière imaginaire en bateau-livre. Ça fait des années que je veux qu’on m’en délivre Mais on m’accuse de manquer de savoir-vivre !
Pourtant le temps des chaînes est déjà dépassé. Le temps où j’étais lié appartient au passé. Car j’ai reçu de la vie un laissez-passer, Je n’écoute plus rien je vais contrepasser.
Si tu veux bien, je t’offrirai à préfacer Mon histoire avant que la mer l’ait effacée. Je pense à toi, je l’ai pour toi dédicacée. J’ai demandé à Dieu de me la postfacer !
Toutes les barques se sont rassemblées ce matin De la chaloupe à la gondole, tout le gratin, Ont débarqué dans la baie du mont Palatin Ces « fluctuat nec mergitur » tuent mon latin !
De quoi ça parle, des barques en train de débarquer ? De l’entretien, des prix courant sur les parquets ? Des fausses jonques et des felouques contremarquées ? De celle dont le mât sera le plus remarqué ?
Fi des commères embarcadères et compagnie ! Foin des compères portuaires d’Albanie ! Ça parle russe via la mer noire d’Arménie Et même balte des fjords de la Scandinavie !
Ce soir les cotres et les canots sont repartis. Tous les youyous et les pirogues sont de sortie Avec les barges et les chaloupes assorties ; L’armada fête ses vedettes converties !
Je suis au gouvernail de mon bateau fragile. Ma barre est de métal mais mes pieds sont d’argile. Je navigue au hasard sur les pas de Virgile. Je ne suis pas marin, je suis né à Saint-Gilles.
Je ne suis sûr de rien ni de ma destinée. Peu m’importe au final que ma vie soit ruinée Si je n’ai pas trouvé ma douce vahiné Avec qui je vivrai l’amour concubiné.
Mais je n’ai pas encore rencontré l’autre rive. Le brouillard m’environne, je suis à la dérive. Si je m’égare trop, il se peut que j’arrive En direction des côtes de Tananarive.
Mais Dieu est ma boussole et mon cœur est tranquille Aussitôt que j’aurai dépassé la presqu’île. N’en déplaise à ceux qui m’ont traité d’infantile ; Ce sont eux qui seront mon vrai talon d’Achille !
Je me tiens sur le seuil, juste sur la frontière, Les pieds enracinés sur la terre côtière, Le regard absorbé par la mer tout entière Et la tête épousant cette voûte altière.
Je suis la porte étroite, la percée frontalière. Mon corps offre à ce monde une chair hôtelière, Le sang coule en mon cœur de façon régulière, J’en ai caché le feu à la belle geôlière.
Je me tiens sur la plage brandissant la bannière. Je suis un conquérant, d’une trempe pionnière. Je suis la porte étroite, je suis une charnière Entre ces quatre mondes et mon âme prisonnière.
Oserai-je, enfin, soulever la barrière ? Serai-je audacieux pour embraser la poudrière ? Partirai en avant sans retour en arrière ? J’en fais mon idéal, j’en fonde ma prière !
Le ciel ne parle pas, il ne parle à personne. Il s’habille de gris aux couleurs de l’automne. Je ne connais pas l’ange qui ainsi le maçonne, Mais il a tout enduit sur la côte bretonne.
Les cris des cormorans, rabotant les consonnes, Pleurent comme l’archet des violons de l’automne. Ces sanglots larmoyants blessent mon cœur et sonnent Comme un glas inquiétant, sinistre et monotone.
Pour qui sonner encore, Ô reine Carcassonne ? J’en ai la chair de poule et ma tête hérissonne ! Que cette nuit la grande et la petite oursonne Viennent un peu égayer mon âme mollassonne !
J’ai souvent traversé ces passages à quai, Attendant la marée et restant aux aguets. Le temps s’immobilise et pousse son loquet. Je tente une ouverture et je cherche le gué.
J’entends passer au large des bateaux les sirènes Qui suivent sous le vent la route américaine. Ils vivent à l’horizon détachés de ma peine Dans une dimension réduite à leur carène.
Je sais bien que la vague arrivera bien vite. Je n’en ai pas le doute et la peur, je l’évite. Mais l’inactivité me provoque l’invite D’une larme attardée, une conjonctivite.
Mais je ne tombe pas dans l’illusion du temps. Je sais bien que mon bonheur est dans le présent. Le futur n’est rien d’autre qu’un égarement. Mon bien-être est ici, il est omniprésent.
La mer a des reflets curieux et scintillants. J’allais ce matin-là, d’un esprit pétillant, Chercher l’inspiration, trouver du croustillant, Espérant découvrir un signe émoustillant.
Au détour d’un rocher, j’ai été étonné ; Toute une pluie d’étoiles avait tourbillonné Comme si plusieurs cloches avaient carillonné De timbres de lumières hallucinationnés.
Ces étoiles ont formé un petit escalier M’invitant à monter pour être le premier. Écoutant mon courage et mon cœur de pionnier, Lancelot de la mer, me voici chevalier !
Porté par la lumière, au-dessus des roseaux, Je rejoins les mouettes et les autres oiseaux. Je chevauche Pégase l’écume aux nasaux. Chantez mesdemoiselles et autres damoiseaux !
Juste au bord de la mer, quand j’atteignis la grève, Mon imagination m’a noyé dans les rêves. Avant que je ne sombre dans la seconde brève, J’ai vu tout s’effondrer, sans répit et sans trêve.
Les sables ont tremblé et se sont recourbés ; J’ai eu juste le temps de ne pas m’embourber. J’étais impressionné, tellement perturbé Que j’en ai eu l’esprit quasiment masturbé.
Soudain venant des nues, les cumulonimbus Se sont tous regroupés vers les cunnilingus. Un phare obéissant vite à ce stimulus S’est dressé devant moi, debout comme un phallus !
Le paysage enfin s’est ouvert à mes yeux ; J’ai compris qu’on m’offrait le fier vaisseau de Dieu. Je pars à l’aventure au destin ambitieux, J’en suis le capitaine, je vous fais mes adieux !
J’ai trouvé au marché ce vieux cadre oublié. Je l’ai dépoussiéré ; il venait d’un grenier. Je l’ai bien nettoyé sans bourse délier. Il me fait voyager car je suis casanier.
Aussitôt installé, le soir mon plafonnier Devint illuminé éclairant le quartier… Les murs ont envolé, d’abord mon canotier, Puis ils ont dispersé mes dossiers, mes papiers…
Ce matin mon parquet sentait le vieux thonier, La pièce est inondée, j’ai de l’eau plein les pieds… Dans la rue les pavés sont sous un sablier, J’ai même vu passer plein de caravaniers…
Je crois que j’ai fêlé la tête au cafetier ! De ce cadre trouvé je suis embastillé ! Au secours, écoutez le cri du prisonnier ! Prévenez les pompiers et les carabiniers !
Ils s’échouent sur la berge, explosent sur la plage. Les bouteilles englouties délivrent leurs messages. Ils traversent les mers résistant aux roulages, À dure école ils ont fait leur apprentissage.
Regardez leurs assauts après leurs longs voyages : Ils affrontent bateaux, et mille appareillages ! Regardez l’abordage hardi de leur sillage : Ils déferlent intrépides et écument de rage !
Je vous admire, fiers messagers de Neptune ! Vous qui communiquez partout mes infortunes ! Votre courage et votre force sont opportunes ! Vous qui transmettez par le monde ma vraie fortune !
Il est seul à son ouvrage, il y met tout son courage ! Installé sous les ombrages, juste à côté du rivage, Il fait le raccommodage, répare les déchirages Devant un aréopage de barques mises à l’ancrage.
Il contracte le cintrage, apprécie l’équilibrage, Vérifie tous les métrages, allège les rembourrages. Il a connu des naufrages, de violents coups de cirage, Des tempêtes et des outrages, parfois brut de décoffrage !
J’en perçois le déchiffrage des rides sur son visage. J’en dessine un crayonnage après je passe à l’encrage. Pour terminer le centrage de mon petit court-métrage, J’en peaufine le cadrage pour respecter l’arbitrage.
Je n’ai pas trop les pieds sur terre, je suis marin. Je n’ai pas trop les pieds dans l’eau, je suis à terre. De la fenêtre de l’hôtel héliomarin Je vois passer des petits cotres d’Angleterre.
Je me suis enivré d’odeur de romarin. Le sol ondule et les maisons sont de travers. Je vais me faire houspiller par les mandarins Mais je vais fuir par le balcon du presbytère.
J’ai rencontré une vendeuse de tamarin ; Sur son bateau elle m’a proposé un verre, Puis elle m’a servi un plat de navarin. Oubliez-moi, je n’ai plus l’esprit terre-à-terre !
Aux premières lueurs de l’aube, Tandis que la Terre s’éveille, Le Soleil nourrit les couleurs de ses filles.
Aux premières lueurs de l’aube J’ai ancré mon bateau sur la rive Et je suis parti cueillir les couleurs de la Terre…
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Quand l’aube luit sur les eaux dormantes du lac, J’ancre tous les bateaux de mon corps, J’encre toutes les lignes de ma vie. Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance.
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Je les vois tous tordus, je le juge foutus, Ils sont tous distendus comme un malentendu. Mais quels sont ces fichus mâts sûrement mordus, Par je ne sais quel gus, sinistre individu ?
Mais ce n’est qu’un reflet que je vois s’agiter. Je n’ai pas observé que la réalité ! Ce que je vois courbé n’est pas vraiment l’objet, Mais l’image immergée dans une ambiguïté.
Il ne faut pas prétendre à toujours tout comprendre. Car il vaut mieux attendre que se laisser surprendre. Ce qui n’est que méandre et illusion à prendre Permet parfois d’apprendre à connaître et entendre.
J’avais la cervelle qui faisait des vagues. Arrivait le sac comme un coup de dague, Venait le ressac, comme écho de drague, Comme des chars russes au printemps de Prague.
De la marée haute dont les flots m’emportent, À la marée basse, comme feuille morte, J’avais dans la tête des émotions fortes Broutant mon cortex comme une cohorte.
La vague déferle les vertiges opèrent Des effets de gerbes, perte des repères. La vague s’étale et je désespère. La vague reflue j’appelle mon Père !
Viendras-tu sous la Lune, dans le secret des dunes ? Mon bateau de fortune mouille dans la lagune. La nuit est opportune, j’ai l’accord de Neptune ! Viens sans frayeur aucune, viens, rejoins-moi ma brune !
Ce soir dans la brume sans autre costume, Toi, l’encrier d’écume et moi le porte-plume. Et comme de coutume, cette nuit sous les plumes, Que l’amour nous consume à son plus fort volume !
Savez-vous où est le peintre, le maître de la palette ? Mais où est passé l’artiste, disparu aux oubliettes ? Il a laissé ses couleurs s’échapper de sa mallette Maintenant tout se mélange, tout échappe à sa houlette.
Soudain le bleu de la vague attaque avec les goélettes. Mais quand sonne la retraite, c’est le retour des sablettes, Les dunes de sable jaune dominent sur la plagette ; Puis c’est à nouveau l’assaut commandé par les mouettes.
Puis soudain le jour faiblit, lentement la marée monte. Le sable blond disparait et sans demander son compte ! Puis le soleil qui se couche enflamme le ciel de fonte ; La nuit met son couvre-feu sur ce monde noir de honte.
Mais où est passé le peintre ? C’est lui le vrai responsable ! Savez-vous où est l’artiste ? On recherche le coupable ! Il a laissé ses couleurs dans un chaos effroyable. Maintenant c’est les ténèbres, c’est fini, c’est pitoyable.
Elle embrasse, elle enlace, elle serre, elle étreint, La plage aux deux bras d’or au silence restreint. La vague arrive en force et puis elle s’astreint Elle s’amplifie puis, déferle avec entrain.
Mille feux s’illuminent quand explose la vague. Mille étoiles scintillent comme au fil de la dague. La plage aux deux bras d’or s’étend sur la madrague Et le soleil se lève à l’heure de Copenhague.
Prince trahi, prince oublié, prince déchu, Prince échappé, tu t’es enfui, tu t’es perdu. Ici prend fin ton odyssée inattendue. Abandonné et rejeté, tu es fourbu.
Sur cette plage aux eaux sauvages tu cherches en vain Un magicien ou un oracle ou un devin, Quelqu’un qui sait où tu poursuivras ton chemin… Est-il écrit ? Qu’a donc tracé ton écrivain ?
Bientôt le ciel se lèvera sur ton destin. Tu cesseras de fuir comme un fou clandestin. Tu vas trouver, l’intuition guide ton instinct. Ton avenir se concrétise, devient distinct.
J’ai entrepris ma voie sans regard en arrière ; J’ai atteint des rivages qui me semblaient de pierre Mais se sont révélés n’être que de poussière… Mon coeur est un creuset éprouvé de matières !
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Il est né ce matin, le petit port nippon Dans le creux des bassins, ce havre cache-tampon Il est né de la terre, accouché sur les ponts Le soleil est son père, dressé comme un lampion.
Le pays de la mer et du soleil levant. Un pays de montagne, une source de paix. Dans les temples shintô le mythe est loin devant, Au cœur de la nation et dans l’art de l’épée.
Pas de philosophie, pas de rite, pas d’écrits. Une force puissante frémit, spirituelle. Son âme mystérieuse se tapit dans les cris De joie et d’émotion du cœur perpétuel.
Heureuses sont les barques, après un beau voyage, De venir s’échouer enfin sur cette plage Après avoir conquis de leur accastillage Mille-et-une contrées d’un adroit convoyage.
Elles ont ramené mille-et-un coquillages Incrustés dans leurs coques comme des corbeillages. Elles attendent là, pour leur déshabillage, Jusqu’à être appelées pour le prochain mouillage.
Elles rêvent souvent de terribles pillages Elles fantasment et crient en chœur « à l’abordage !» Ces vaisseaux animés portent dans leur sillage Mille-et-un rêves encore et bien plus davantage !
Hissez haut vos couleurs, chevaliers de lumière ! Présentez les honneurs, cavaliers de la mer ! La force dans vos cœurs portera la bannière De cet astre vainqueur sur ces eaux printanières.
J’aime voir dans vos voiles le vent souffler l’espoir. Ce moteur est puissant et reste universel. Dans vos ailes gonflées je me vois en miroir Et quand vous chavirez, c’est mon cœur qui chancelle.
Nous sommes les enfants d’une même lignée. Vous, filant sur les mers, moi, par procuration. Mais c’est le même vent dans vos voiles alignées Qui me souffle l’esprit et mon inspiration.
Mais en vous regardant, chevaliers de lumière, C’est en vous chérissant que j’apprends à m’aimer. Et c’est ce même écho d’une allure familière Qui résonne en mon corps et mon cœur enflammé.
Flamboyant de lumière, brillant de mille feux Illuminant le monde d’un éclat boutefeu Je reçois ta puissance, tu m’en mets plein les yeux Toi l’astre qui honore mes amis, mes aïeux.
Tous mes bateaux s’allument, leurs voiles se consument. Tous les mâts étincellent comme fer sur l’enclume. Sur les eaux endormies, les rayons de ma plume Agitent cette crique et la sort de la brume.
Des lueurs apparaissent sur les extrémités Par les feux de Saint-Elme avec obscénité Comme des farfadets avec sérénité Frappant leurs homélies codées d’éternité.
Le feu de Saint-Elme est un phénomène physique, ne se produisant que dans certaines conditions météorologiques, qui se manifeste par des lueurs apparaissant surtout aux extrémités des mâts des navires et sur les ailes des avions certains soirs. Ce phénomène se crée parfois aussi en très haute altitude, au-dessus des cumulonimbus. Dans ce cas, on parlera de « farfadets ».
L’avez-vous vue passer, cette ligne tendue ? Cette onde qui s’avance, cette vie dépendue ? C’est mon cœur, c’est mon âme qui se sont distendues Et traversent les flots bleus de l’inattendu.
Je ne suis que la crête, m’avez-vous entendu ? Je ne suis que le son d’un accord suspendu Parfois désaccordé dans des malentendus, Parfois harmonisé dans l’amour répandu.
Mais j’aime être la vague avec sous-entendus Qui relie par le monde les grandes étendues. Mais j’aime être la lame avec, bien entendu, Le sac et le ressac comme un fil surtendu.
J’ai barré de mon bras ces eaux tumultueuses. J’ai regardé passer mes passions amoureuses. J’ai senti les remous des eaux parfois boueuses. Mais il n’en est resté que poussière railleuse…
La vie est surprenante, elle est souvent curieuse Et je me laisse prendre aux amours fastueuses. Je finis par penser ma chance fructueuse ; Je me laisse abuser des sirènes affectueuses…
Mais une fois passées, les vagues présomptueuses, Après avoir filtré cette mer impétueuse, Rien ne reste des eaux aussi voluptueuses Sinon l’humilité toute respectueuse.
Regardez-les, rebellés et toujours indifférents Aux assauts des ressacs. Regardez-les fiers et forts mais jamais belligérants Aux attaques du sac. Regardez-les toujours là, immobiles persévérants Aux violences démoniaques. Au fil des ans, lentement, ils ne pourront plus vraiment Porter leur havresac. Mais ils seront restés jusqu’au bout les conquérants Du monde paranoïaque.
Elle frappe mon corps, elle heurte mon cœur, Elle est froide et glaciale, avec son air moqueur. La vague est sauvage, elle attaque en chœur, Cinglant dans la joie ou à contrecœur.
Lentement, à l’usure, de ces marteaux-piqueurs Je faiblis et recule, j’ai des haut-le-cœur Je cherche aux alentours un petit remorqueur Pour panser mes blessures et revenir vainqueur.
L’heure que je préfère, celle que j’affectionne, Entre chien et loup quand mon âme papillonne, Courant la lande bleue parmi les belladones, Comme un lion heureux rêvant à sa lionne.
Parfois la lande est triste, parfois elle rayonne, Je le sais, je le sens, mon âme est tatillonne. Je guette l’expression des prairies vermillonnes, Je fais corps avec elles, mon âme est leur championne.
J’ai écouté les ondes et j’ai vu leurs mirages Mais ce n’était pour moi qu’une voie de garage. Combien de caprices et combien d’enfantillages Ai-j’au hasard laissés échouer sur cette plage ?
Je n’en regrette pas moins ce triste voyage Les bons moments vécus, les tendres effeuillages Seule la voix de la mer dans tous ses coquillages M’accompagne encore tout au long de mon sillage.
Dès que s’enflamme l’aube aux couleurs de lumière, Les marins endormis piégés dans leur sommeil Se retrouvent éblouis et ferment leurs paupières Devant l’astre puissant qui sonne leur réveil.
Ça leur brûle les yeux, le supplice est cruel ! Ils froncent les sourcils, mettent main en visière ! Heureusement pour eux, pas besoin de visuel ; Ils suivent la marée, tout droit, dans la lumière.
Et l’essor prodigieux du chariot de Yahvé Brille de mille feux d’un éclat glorieux. Les marins aveuglés ont les yeux délavés D’un iris délayé par ce bleu victorieux !
J’ai trempé dans mon encre tous ces mâts victorieux. Ce sont eux qui m’emportent et prolongent mes yeux. Ils leur font découvrir mille trésors précieux. Et leur font conquérir des combats glorieux !
J’ai remonté mon ancre colorée d’outremer, J’ai recueilli un peu du liquide foncé Et j’écris mes récits à l’encre de la mer De tous les ennemis que j’ai pu défoncer.
Oserai-je le dire, je jouis du plaisir ! La mer est ma maîtresse et je suis son amant ! Nous sommes les complices et avons nos désirs À gagner nos combats parfois imprudemment.
Je suis le capitaine, j’ai gagné mes galons En chevauchant ma belle en toutes positions. D’orient en occident levant mon gonfalon À gagner mes batailles jusqu’au septentrion.
Quand je reviens au port, je suis souvent blessé. Ma maitresse me berce lorsque je suis à quai. J’y retrouve les amis que j’avais délaissés, Quant à mes ennemis, je rabats leur caquet !
La naissance du jour marque à ce point mon âme : Lorsque j’ouvre les yeux je suis comme un enfant Qui découvre son monde éclairé par la flamme Qui monte à l’horizon d’un essor triomphant.
Soleil du jour, bonjour ! Tu me donnes l’éveil, Le diapason réveil d’un chef d’orchestre éclair ! Mon cerveau fait éponge, tout gorgé de sommeil, Que lentement je pompe dans tous mes capillaires.
Qui je suis, où je suis ? Je suis comme amnésique. Je n’ai pas retrouvé tous les cailloux semés Au royaume des rêves parsemés de musique Du pays des abeilles de leurs ruches essaimées.
Puis tout se reconstruit, comme ville endormie. Mes artères et mes veines retrouvent le trafic. Sorti de la maison, le pied mal affermi, Je salue l’univers d’un œil philosophique.
Et les pieds dans le sable, marchant sur le rivage, Les yeux fixés sur l’astre qui déchire les côtes, Ses rayons viennent mourir dans ce golfe sauvage Et absorbent ma vie qui subit leur décote.