Entre la Croix et le Croissant ou bien l’Étoile de David, J’honore le signe du poisson spécialement le vendredi. Je mange sa chair et son sang puis, laisse à mon chat impavide, La laitance comme boisson qu’il lape sans le moindre contredit.
Poissons blancs tout illuminés accompagnent sur mon balcon Une sirène et sa baleine qui souffle autant que la tempête. Et, n’en déplaise à mon minet, Dieu trouve cela un peu abscons Quand l’une chante à perdre haleine et l’autre embouche sa trompette.
Tableau de Christian Schloe sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201306Christian-Schloe.html?m=1 .
Contrairement à la légende selon laquelle les sirènes Chanteraient afin d’attirer les naufragés pour les noyer, La queue qui remplace leurs jambes permet, en position sereine, De les happer, les soutirer entre leurs bras apitoyés.
Ce geste naturel commence au cours du développement Du bébé-sirène dans le ventre par une mutation innovée ; Les bras entrent en accoutumance et la queue en ballottement Donne une intention dont le centre est d’enlacer pour mieux sauver.
Céramiques de Paul Smith sur https:paulsmithsculptures.co.ukother-ceramics .
À l’aube, la maîtresse sirène, debout sur son phare perchée, Tient dans sa main la canne à pêche et ferre un rayon de soleil. De l’horizon quelques carènes, par la chatoyance alléchées Bien rapidement se dépêchent pour y gagner un peu d’oseille.
Mais la femme-poisson perfide les leurre d’un soleil couchant Et les marins perdent leur temps à contrôler leurs appareils. Puis, la créature sylphide se met à entonner son chant Et les hommes se faire tout autant piéger et se faire tirer l’oreille.
Le chant sublime des sirènes qui mène les hommes en enfer, Serait d’une voix de velours sortie d’un organe si tendre. Pourtant la Marine est sereine ; jamais marin ne s’y enferre Car il n’y a de pires sourds que ceux qui ne veulent pas entendre.
Or la créature est rusée et la sirène se transforme En une pieuvre tentaculaire dont l’étreinte est irrésistible. Et l’équipage médusé ne peut s’échapper de l’énorme Succion de la bouche annulaire qui gobe les nefs digestibles.
Petit oiseau, petit poisson, tous deux s’aimaient d’un amour tendre. Mais l’âge de la puberté en a compliqué leurs rapports. Le garçon, après les moissons, déserta le nid sans attendre ; La fille éprise de liberté courut plonger au bout du port.
Comment se sont-ils retrouvés ? Lors d’un typhon en pleine mer ! Ils se sont laissé aspirer – sans doute par curiosité – Et ont tout de suite éprouvé leurs souvenirs d’amours amères D’un coup de foudre, mal inspiré, qui aggrava la pluviosité.
Ainsi quand une tempête éclate et occasionne du grabuge, Ce sont leurs amours impossibles qui expriment toute leur jouissance. Toutes les légendes le relatent ; lors de l’effroyable déluge, On vit l’élan concupiscible de leur libido en puissance.
Tableau de Catrin Welz-Stein sur http:artsdumonde.canalblog.comarchives2016031233502041.html .
Nouvelle queue pour la sirène qui a opté pour une conque Afin d’amplifier le chant qui s’est révélé … écorné. Elle a cru l’action souveraine mais son résultat est quelconque Car son corps n’est plus accrochant : Qui veut d’une sirène en cornet ?
Détourner le goût du client en lui changeant ses traditions Apporte au marketing l’erreur impardonnable du promoteur. Ces flops se démultipliant annoncent la disparition De ce qui faisait la terreur de l’emballage prometteur.
Tableau de Catrin Welz-Stein sur http:artsdumonde.canalblog.comarchives2016031233502041.html .
Fin mars, « toc-toc ! » déjà l’huissier qui s’en vient frapper à ma porte ? « Poisson d’avril ! » crie par brimade mon facteur grimé en sardine. « Quel dommage que vous ne puissiez… » – lui répliqué-je de la sorte – « À mon repas de sardinade car c’est à l’huile qu’ici l’on dine ! »
« Nous n’avons pas gardé nos thons dans la même boîte-à-sardines ! » Me rétorque le fonctionnaire tout en lissant sa queue d’écailles. « Si d’aventure nous barbotons ensemble de façon anodine, Peut-être… » – dit-il débonnaire – « …nous plairons-nous, vaille que vaille ! »
Illustration de Dominic Murphy sur https:www.dominicmurphyart.co.ukdown-the-rabbit-hole .
Du temps où j’ai été poisson ? L’ADN n’en porte nulle trace. Du temps où je vivais dans l’eau ? Dotée de branchies, j’imagine. Ainsi ma vie fait sa moisson parmi les genres de toutes races Mais ma mémoire va à vau-l’eau pour remonter ses origines.
Lundi, amibe un peu timide ; mardi, j’évolue en brochet ; Mardi, mercredi ma structure fut telle que jeudi m’accoucha Au sommet de la pyramide : Vendredi ! Je reste accrochée À ma véritable nature : poisson-clown ou bien poisson-chat.
Tableau d’Olga Esther sur https:beautifulbizarre.net20190129vulnerable-rebellion-an-interview-with-olga-esther .
Dès le lundi il faut courir la Terre, les airs et l’océan Afin que Dieu, dans sa clémence, nous donne le pain de ce jour. Manger au risque de mourir et s’en retourner au néant Ou bien mériter sa pitance et survivre tout au long séjour.
Dès le lundi, elle s’entraîne, la voix tintant comme de l’airain Afin que jeudi, elle soit prête à faire monter les enchères. Vendredi, jour pour la sirène dédié à la course aux marins, Elle va s’en mettre plein l’arête après avoir fait bonne chère.
Mais il faut chanter à tue-tête pour décrocher le meilleur lot ! Ainsi le marin de Bretagne se vend bien plus cher que l’anglais. Il faut traquer la belle bête en lui montant le ciboulot, Triller d’un chœur qui accompagne le chant au risque de s’étrangler.
Comme Cendrillon, la sirène, plongeuse à la petite semaine, Souhaite participer au bal nonobstant sa queue malvenue. Elle se confie à sa marraine qui lui donne apparence humaine Avec comme ordre principal : « Qu’à minuit tu sois revenue ! »
La sirène est à moitié femme – et c’est là son moindre défaut. Les valses dérèglent son horloge ainsi que sa notion du temps. Minuit sonnant. Précepte infâme ! Elle pirouette en porte-à-faux Autour de sa queue qui déroge aux règles du bal des débutants.
Alors elle s’enfuit vers le port perdant ses pantoufles de vair Qu’un beau capitaine au long cours a recueilli sur le parvis. J’ai lu sur son dernier rapport qu’il a navigué tout l’hiver Et rencontré sur son parcours la belle au risque sa vie.
Les synapses contactent un neurone à des milliers de connexions Et celui-ci fait la synthèse pour choisir une solution. Chez les hommes, la testostérone leur permet de faire objection Aux informations sur les thèses qui mènent à la révolution.
Si le cerveau est complotiste – puisqu’il se renseigne pour agir – Les hommes, en troupeau de moutons, élisent leur loup-président. Les « sauve-qui-peut » humanistes mettent longtemps à réagir Avant que, nous le redoutons, il bouffe tous ses résidents.
Illustrations d’Oksana Grivina sur http://www.dripbook.com/grivina/style/illustration-portfolios
D’ores et déjà vendredi revient systématiquement Annoncé, en fin de semaine, par deux sirènes en pêle-mêle. Je le dis et je le redis : « ce jour est thématiquement Voué, par leur nature humaine, à deux femmes-poissons jumelles.
Deux sirènes qui se ressemblent comme deux gouttes d’eau, c’est drôle ! Comme le reflet d’un miroir ou deux clones sans contredit. Elles vivraient toujours ensemble en s’admirant à tour de rôle ; Elles sont connues dans leur terroir sous le nom des deux Vendredies.
Je vois les feuillets s’effeuiller au fil de mon éphéméride Sept fois par semaine – quelle aubaine ! – mon régime suit la marée : Lundi, du poisson persillé ; mardi, la fête à la bourride ; Mercredi, sole marocaine ; jeudi, bigorneaux bigarrés.
Mais point de poisson vendredi, la mer m’a posé un lapin. Qu’à cela ne tienne – de garenne – j’en quémande de toute ma fièvre ! Notre pêcheur, sans contredit, aussitôt lance son grappin Et nous remonte de sa carène une sirène à moitié lièvre.
Du vendredi soir au dimanche, durant deux jours, durant trois nuit, Je l’aimerai passionnément et jusqu’à la dernière arête. Le goût de sa douce chair blanche m’aura profondément séduit Au point que, sans désagrément, ce n’est pas demain que j’arrête.
Illustration de Dominic Murphy sur https://www.dominicmurphyart.co.uk/down-the-rabbit-hole
Petit oiseau, petit poisson s’aimeront un jour d’amour tendre Lorsqu’à l’instar du Créateur, je bâtirai mon nouveau monde. Un monde où, au temps des moissons, l’air et le vent pourront prétendre À se marier à la moiteur des rivières chaudes et vagabondes.
L’onde aussi légère que l’air, l’air alourdi de compassion, Rencontreront un équilibre dans des amours plus ou moins sages. Des poissons-volants similaires à des anges en lévitation Convoleront en amour libre avec des oiseaux de passage.
Illustration de Vladimir Gvozdariki sur http://klimtbalan.blogspot.com/2012_02_01_archive.html
Partout elle recherchait sa mère depuis qu’elle les avait quittés Pour les abysses éternelles aux eaux chatoyantes et nacrées. Malgré la mémoire éphémère de son départ précipité, Elle compulsait les maternelles origines de son chant sacré.
Héritière de son ouïe fine – des oreilles en colimaçon – Elle disposait des coquillages là, tout autour de son séant, Pour écouter la voix divine, assise sur sa queue de poisson, Dont remontait le babillage par le réseau des océans.
Tableau de Shiori Matsumoto sur https://iamachild.wordpress.com/category/matsumoto-shiori
Depuis que la sirène est veuve, elle voue un culte à ses roses Qu’elle cultive en souvenir de son vieux marin regretté. Elle a su surmonter l’épreuve et remonter son cœur morose Par un jardin plein d’avenir pour les vieux couples retraités.
Elle a grossi, évidemment, car le parfum de rose énivre Tant l’âme que son corps distille une rémanente liqueur. Ainsi l’amour, les sentiments pèsent autant que leurs poids en livres Et la sirène des Antilles en fait sa richesse du cœur.
Tableau de Victor Nizovtsev sur https://www.catherinelarosepoesiaearte.com/2016/08/victor-nizovtsev-new.html
Un vieux marin à la retraite cherchait sirène pour ses vieux jours Lorsqu’un spécimen de l’espèce se présenta sur son chemin. Alors, le vieillard, d’une traite, lui offrit comme preuve d’amour Une rose par délicatesse afin d’y demander la main.
Mais comment son petit oiseau fit-il pour aimer sa queue tendre ? Sachez que tous les amoureux vivent et d’amour et d’eau fraîche. Ils ont dû entre les roseaux plus de mille fois s’y reprendre Mais, sous leurs efforts langoureux, naquit un triton dans leur crèche.
Tableau de Victor Nizovtsev sur https://www.catherinelarosepoesiaearte.com/2016/08/victor-nizovtsev-new.html
La sirène, devenue moderne, séduit les femmes plus que les hommes Sauf que, plutôt que les noyer, elle les enchante, s’il vous plaît ! Fi des marins, vieilles badernes, vivent les coquines amazones Dont l’amour sait s’apitoyer d’orgasmes vocaux décuplés !
Celles qui cherchent la bonne école de la jouissance au féminin N’ont pas besoin de GPS à la voix de fausse sirène. Demandez Madame Nicole, au 4, rue Saint-Saturnin, Et découvrez, je vous l’ confesse, le chant langoureux d’une reine.
Tableau de Gustave Gélinet extrait de la BD « La Sirène des pompiers » dessinée par Zanzim
Depuis que j’ai approfondi mes connaissances sur les sirènes, Elles m’acceptent à condition de prendre un poisson pour parrain. J’en ai choisi un, arrondi, que j’appelle « Simon de Cyrène » Car il me croit, sans conviction, grand ambassadeur des marins.
J’ai donc passé mes examens à l’université Neptune Et j’ai été promu « Triton » lors du grand bal de fin d’année. Je n’suis plus qu’à moitié humain mais à l’apparence opportune D’un amphibien en demi-thon et demi-homme simultanés.
J’avais commandé sur le Net une « Femme-Poisson authentique » Garantie à vie, s’il vous plaît, et « satisfait ou remboursé » ! Écologique pour la planète, elle a traversé l’Atlantique Pour me parvenir au complet dans une caisse renforcée.
« Avant le tout premier usage, baignez-la trois jours et trois nuits ! » Collé comme avertissement pour obtenir « bon résultat ». J’ai commencé son arrosage que j’ai terminé à minuit Et pris un rafraîchissement glaçons et triple-margarita.
Soixante-douze heures passées, elle frétillait là, dans mon lit Et moi, comme un poisson dans l’eau, j’ai honoré sept fois ma reine. Quant à elle, elle s’est surpassée et m’a aimé à la folie À en devenir ramollos, ma queue et celle de la sirène.
Kristen Mcmenamy photographiée par Tim Walker sur http://visualoptimism.blogspot.com/2013/12/far-far-from-land-kristen-mcmenamy-by.html?m=1
Dans le Grand Livre des Sirènes – que Dieu n’aurait pas imprimé – Existent d’autres créatures que la femme en queue de poisson Qui n’ont pas besoin d’oxygène ni de belle voix pour s’exprimer Sans faire offense à la nature ni lui faire de contrefaçon.
Les femmes au corps de raie manta préfèrent les eaux tropicales Et leurs belles ailes delta permettent les belles prouesses. Elles ont acquis leur potentat après des luttes syndicales Grâce à leur voix de célesta qui ont fait d’elles des déesses.
Les femmes-pieuvres – ou femmes-poulpes – vivent dans les eaux boréales Dans les abysses où leur fortune est de récolter des godasses. Il paraît que c’est là leur coulpe d’avoir volé les céréales Du jardin privé de Neptune qui les a puni de l’audace.
C’est dans un sinistre « glou-glou » que le marin trouva la mort, Transbahuté sous la carène, lui qui espérait tant l’amour. Périr en mer, pour un marlou, belle fin pour ce matamore En manque d’air pour la sirène, lui, qui souffrait du mal d’humour.
Regardez-la sur son rocher, dans son angélique innocence Qui obtiendrait l’acquittement et le Bon Dieu sans confession ! Personne ne peut s’accrocher à vaincre sa concupiscence Et l’amour pragmatiquement finit toujours en queue de poisson.
Tableaux de Gustave Gélinet extrait de la BD « La Sirène des pompiers » dessinée par Zanzim
Dans l’intimité du foyer du nid d’amour de son marin, La sirène a peint les mémoires de son univers maritime. Son cœur, encore apitoyé de ses souvenirs utérins Marquant sa naissance en mer noire d’un mariage illégitime.
Sa mère était femme de mer, son père était marin au pair, Ils étaient jeunes et insouciants, ils se sont aimé tendrement. Mais le beau-père, un homme amer, voulant une lignée prospère Envoya son fils inconscient dans un sévère encadrement.
La femme-pieuvre possède aussi des mémoires à n’en plus finir Tatouées sur ses tentacules aux ventouses impitoyables. Une fois sa jeunesse dégrossie, elle vit ses amants survenir Chacun dardant ses testicules dans des étreintes inoubliables.
Elle pondit tant d’œufs à berger, qu’on l’appela « Octopussy » Elle doit ce drôle de sobriquet aux mâles qui s’y devaient mourir. Mais après avoir gambergé tant de grossesses, non sans souci, Elles eut huit fois huit poulpiquets, soixante-quatre calmars à nourrir.
Mais ce qui devait arriver est arrivé finalement ; À force d’être exterminés, les poissons deviennent insolents. Avec des oiseaux motivés, ils ont croisés leurs filaments D’ADN prédéterminés à produire des poissons volants.
Et les voici crevant l’écran des aquariums et des fenêtres ! Les voilà perçant la surface de toutes calottes glaciaires ! Ainsi foncent les oiseaux à cran et tous les alevins à naître Qui réclament l’ultime face-à-face contre l’humanité carnassière.
Tableau de Cyril Rolando sur https://mymodernmet.com/cyril-rolando-surreal-digital-art
Pourquoi du poisson aux chrétiens et des croissants aux musulmans ? C’est le secret du Vendredi mais pas celui de Robinson. Mais quoi qu’il en soit, l’entretien de cette légende ridiculement Pèse dans le monde des érudits bouddhistes, juifs et franc-maçons.
J’en ai fait ce pianoquarium pour poissons muets comme une carpe Qui permet de communiquer avec des bulles de toutes sortes. Mon piscicole auditorium sous l’action de mes métacarpes M’a dit d’cesser d’polémiquer ; chacun voit midi à sa porte.
Tableau de Cyril Rolando sur https://mymodernmet.com/cyril-rolando-surreal-digital-art
Il faut pêcher vers l’extérieur encore plus loin, en haute mer Car les poissons ont disparu de nos rivières et nos étangs. Et moi, cloîtrée à l’intérieur de mon confinement amer, J’ai trop d’étiquettes parcourues, labellisées au fil du temps.
Le thon a payé son octroi à l’imposition de la pêche ; Le hareng sort de temps en temps garni de sauce rémoulade ; La sardine à l’huile à l’étroit avec les pilchards escabèche Et le saumon sont mécontents du mercure qui les rend malades.
J’ai reçu une invitation dans l’aquarium de mon poisson. Une enveloppe bleue nacrée, toute petite et qui flottait Presque comme en lévitation, à la surface comme un glaçon. Je lus ce petit mot sacré avec la voix qui chevrotait :
« Cher Monsieur, vous êtes invité au bal des sirènes sans-gène. Lundi soir, juste après la douche, approchez-vous, nu, du bocal. Plongez dans sa concavité et n’ayez crainte pour l’oxygène ; Nous vous ferons du bouche-à-bouche pour un petit bonheur buccal. »
Illustration de Scott Gustafson sur http://madamkartinki.blogspot.com/2012/12/scott-gustafson-1.html
Elle voulait changer d’atmosphère et se retirer de ce monde Où ne reste nulle île déserte ni oasis en plein désert. Les montagnes ou la stratosphère lui donnant des nausées immondes, La mer apparut plus ouverte et les poissons pas moins diserts.
Elle a échangé son local qui sentait trop l’air confiné, Étanchéifié ses fenêtres et rempli d’eau l’appartement. Puis elle a passé le bocal avec deux doigts d’air comprimé Enfin elle s’est sentie renaître et son poisson, également.
Les anciens dieux sont partagés ; se faire oublier ou revenir ? Jupiter se sent trop âgé d’avoir perdu ses souvenirs ; Vénus hésite en désespoir entre mariage et célibat ; Et Mars a perdu tout espoir de gagner son dernier combat.
Mais Vénus reste divisée ; vivre d’amour n’est pas facile. Elle a sa copie révisée ; vivre d’eau fraîche est difficile. Même si tant de larmes a pleuré et qu’elle en garde une peau tannée, Même si les dieux se sont leurrés, elle viendra seule pour cette année.
Sans doute, le goût du souvenir des neufs mois au fond de la mère, Me donne envie de m’isoler dans cette retraite aquatique. Ce présent au triste avenir me rend son atmosphère amère Et je refuse, désolé, d’inspirer son air apathique.
Plutôt que de porter un masque, je mets la tête dans un bocal Et j’y passe mes vendredis avec deux alevins ballots. Dès que je m’accoutume au casque, j’inonderai tout mon local Afin de vivre, sans contredit, heureux comme un poisson dans l’eau.
Photo d’Ahmed Hassan sur https://www.behance.net/gallery/85430133/Portrait-01?tracking_source=curated_galleries
Au cœur du froid et de l’hiver, les antipodes vivent en été Alors je creuse la planète à travers le manteau terrestre Et j’en appelle à l’univers de me permettre de capter La chaleur d’une midinette durant au moins tout un trimestre.
L’hiver avait bien commencé avec fêtes et décorations Mais voici le mois de janvier et la froidure de février. Tandis que l’été romancé est parti en dérogation Vers les antipodes enviés par ceux de l’hiver décrié.
Pure héritière des sirènes, ambassadrice des poissons, Elle a su devenir leur reine et favoriser leur moisson. Elle est aussi un peu cruelle à sacrifier les meilleurs Pour les revendre dans les ruelles des villages d’ici et d’ailleurs.
Voilà, je range le sapin ; voici, je démonte la crèche ; La paysanne et ses lapins puis, la poissonnière et sa pêche. Tous les santons vont dans leur boîte hiberner durant trois saisons Jusqu’à la période adéquate où ils rejoindront ma maison.
Quand viendra le jour des poissons, la saumure coulera de source Entre requins et mammifères, entre méduses et cétacés. Chacun troublera sa boisson en mettant son grain d’sel en bourse Et les grands pontes des affaires crieront : « Maintenant, c’est assez ! »
Tous les marins, vieux loups de mer, tous les plus grands explorateurs, Les navigateurs solitaires, les capitaines et leurs matelots, Ont croisé la voie des chimères lorsqu’ils ont passé l’équateur, Ont perçu la voix du mystère entre les vagues, au fil de l’eau.
Ne croyez pas qu’elle assassine les hommes par haine ou par rancœur ! La légende et la vérité s’enchevêtrent avec démesure. S’il est vrai qu’à son origine, elle leur dévorait le cœur, C’était pour sa sécurité et pour les avoir à l’usure.
Aujourd’hui, elle dissimule sa jolie queue loin des regards, Loin de ce tourisme imbécile qui pollue plus que de raison. Si la sirène nous stimule et rend toujours les hommes hagards, C’est qu’elle a élu domicile là où le cœur a sa maison.
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Dans le noir éclairé d’une nuit sans ténèbres, Elle a longtemps bercé son ancêtre poisson. Cette ancienne sirène, femme aujourd’hui célèbre Avec sérénité la divine moisson.
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Avez-vous vu nager la sirène sous l’eau ? C’est avec grâce qu’elle accomplit son boulot. Toujours brasser par dix-mille mètres de fond Toujours nager de plus en plus profond.
Aller repérer les sillages des navires Afin que le cœur de l’équipage chavire. Toujours choisir parmi tous ces fiers commandants Celui qui, seul, sera digne d’être son vrai prétendant.
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Aussitôt, tout le monde accourt ! La belle sirène est en tête ! Chacun veut lui porter secours ! Quant à la belle, rien ne l’arrête !
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À force de nous observer d’est en ouest de ses yeux La sirène a décidé de naître de forme humaine Elle a plongé dans la mer dans un saut très périlleux Et s’est échouée sur la plage, elle s’appelle Chimène !
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On ne voit jamais qu’un œil, tantôt le gauche ou le droit Le matin lorsqu’elle ébauche un regard ensommeillé Le soir quand elle se couche et toujours au même endroit. N’observez jamais les deux, c’est vraiment déconseillé !
Le matin, elle met du fard sur ses paupières rosées. Pour effacer les ridelles, elle dépose du fond de brume. Ses cheveux volent au vent dans des volutes arrosés. Les étoiles de mer palissent devant sa beauté d’écume.
Le soir, elle change de couleur dans sa palette orangée, Le fond de son teint est frais et dilué dans les nuages. Les cheveux ébouriffés sur les nues sont arrangés Et dans son dernier regard, l’est un rayon vert suave.
Mais où va la sirène absorbée dans sa nage ? Elle a troqué sa queue contre deux belles jambes. Si elle ne répond pas à notre voisinage, C’est qu’elle n’a plus de voix et d’amour son cœur flambe !
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Elle bronzait nue, là dans les calanques. Elle offrait son corps aux yeux des passants. Moi qui traversais, coupant la salanque, J’avais le regard fort embarrassant.
Ses bras écartés, posés sous la nuque Tendaient sa poitrine aux rayons cuivrés. Moi qui suis normal, pas même eunuque, Mon cœur battait fort jusqu’à m’enivrer.
Elle était sans voix, la belle sirène, Pour ce rendez-vous, elle avait troqué Sa queue de poisson avec sa marraine Contre sa parole qui restait bloquée.
Pas une parole ne sortait de sa bouche. Ni des mots d’amour, ni des mots sucrés. Je n’ai pas compris si j’avais la touche ; Notre liaison était échancrée.
J’ai pris une plume pour écrire alors Quelques mots d’amour sur son joli corps. Elle a répondu brandissant mon sexe Pour tracer sur moi le texte réflexe.
Pour communiquer nous utilisons Ma plus grosse plume et son encrier. Chacun à son tour, face à l’horizon, Faisons couler l’encre jusqu’à en crier !
Elle a tant bramé qu’elle a retrouvé Sa voix et le charme s’est évaporé. Ondulant sa queue sans désapprouver Elle s’est enfuie, là, toute éplorée.
Si à votre tour, vous la rencontrez, Nue et allongée dans une calanque, Pour rompre le charme et pour le contrer, Je n’ai pas d’idées et je suis en manque…
La sirène a troqué une queue de poisson Contre de belles jambes et un cœur sans raison. Ce soir cette fée sera mon berger Mon cœur et mon âme seront immergés !
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J’ai épousé la mer, j’ai marié la sirène Nous nous sommes connus une nuit sans étoile Elle est de sang royal et d’âme souveraine Elle prend des bains de Lune et couche sous mes voiles
Cet échange de sang n’est pas un accident, Il a été gravé sur notre destinée. Notre histoire est connue d’orient en occident Et notre engagement était prédestiné.
Ma princesse vit nue au milieu des rochers, Juste une fleur plantée dans ses cheveux au vent, Coquillages nacrés aux lobes accrochés, Maquillée de rosée et de fards innovants.
Elle vit de soleil et de rayonnement, La Lune est son croissant, le ciel son élément, La mer est son berceau, son enracinement Et moi je la nourris tous les jours en l’aimant.
Son corps est un hommage à sa mère la Terre, Ses seins sont des fruits d’or au sirop excitant, Son ventre cache un trésor, creuset humanitaire, Et j’y verse la vie de mon cœur palpitant.
Elle est partie rebelle, elle a choisi de vivre. Elle a le cœur amer, elle part pour survivre. Elle a laissé derrière et son père et sa mère. Elle part pour construire une vie de chimère.
Mais elle a conservé ses valises chargées, Les conflits non réglés qui l’ont tant submergée. Du courroux de son père, son cœur est surchargé, Il lui faut, pour durer, le besoin d’émerger.
Elle est entre deux mondes, elle n’a pas de domaine, Pas vraiment un poisson, pas vraiment une humaine, Mais en voyant les hommes elle a choisi l’hymen, Qui l’unira à l’un d’entre eux, un spécimen.
Pour charmer son élu, elle se fait Philomène, Le rossignol des dieux depuis la voie romaine. Elle possède un organe prodige, un phénomène, Une voix hypnotique une grâce surhumaine.
Mais elle n’a pas réglé ses comptes avec son père Et quand elle a charmé les humains de la terre, Alors elle se venge de ses crocs de vipère Et tue ceux qu’elle attire d’un coup phagocytaire.
Mais elle a trop pleuré ses amours meurtrières. Pour ressembler aux femmes elle franchit la barrière. Elle a donné sa queue pour une jarretière. Elle a tranché le lien dont elle est l’héritière.
Sa jolie voix charmeuse ne pourra prononcer Plus que des mots d’amour pour son cher fiancé. Aux appels de son père, oui, elle a renoncé ! Son amour est humain, son cœur est renforcé !