Catégorie : Sirènes

  • Princesse des temps, prince d’étang

    Le roi fainéant est lève-tard et la Reine toujours à la mode.
    Quant à la princesse, dérangée pour s’en aller à la criée,
    Elle part tout’ seule et sans retard ramener un poisson commode
    Qui lui servira pour ranger ses dessous sans se faire prier.

    Pas de chance ! C’est un prince amoureux qui a acheté le dernier
    Afin d’inviter la princesse à venir chez lui l’admirer.
    Après maints essais langoureux, finalement elle a daigné
    Passer le voir, après confesse, marchander l’objet désiré.

    « Mais… ce poisson n’est pas pratique ! » s’exclame la princesse indignée
    « Où vais-je mettre mes culottes et mes soutifs et mes chaussettes ? »
    Le prince se montrant sympathique lui propose de réaligner
    Les deux nageoires rigolotes pour les transformer en caissettes.

    « C’est beaucoup mieux ! » rétorque-t-elle. « Cela me paraît bien fonctionnel
    Et je devrais vous ramener chez-moi afin de l’installer ! »
    Ne faisant pas dans la dentelle, il se montra sensationnel
    Puis, envoya se promener le roi et la reine emballés.

    Tableaux de Maggie Taylor sur https:maggietaylor.com .

  • Dans les nuits froides des abysses

    Dans les nuits froides des abysses

    D’un geste qui sème l’effroi dans le royaume des abysses,
    La sirène qui est moitié-femme hèle ses sujets effarouchés.
    Les poissons gardent leur sang-froid bien que tous ensemble subissent
    Cette corvée jugée infâme mais utile pour la réchauffer.

    Les yeux fermés, elle imagine son peuple aux yeux de merlan frit
    Lui passer entre les aisselles et ses mamelons turgescents.
    Elle en frétille, la sauvagine ! Tandis qu’un frisson s’appauvrit
    Sur sa queue parmi les tesselles au miroitement opalescent.

    Tableau de Christian Schloe.

  • Poisson-Lune

    Poisson-Lune

    Lors du dernier croissant de Lune, certains poissons montent en surface
    Car l’astre évoque leur déesse : la sirène du temps qui passe.
    Elle mime une horloge de fortune avec ses bras qui se déplacent
    Sur le cadran avec prouesse pour les bénir dans cet espace.

    Les animaux marins s’envolent par-dessus les eaux éclairées
    Par la protection solunaire du halo de la réflectance.
    Demain les femelles convolent avec les mâles éthérés
    Par la quintessence lunaire qui favorise leur laitance.

    Tableau de Marta Orlowska sur https:www.behance.netMoonOnRoof .

  • Allume ton poisson !

    Allume ton poisson !

    Entre la Croix et le Croissant ou bien l’Étoile de David,
    J’honore le signe du poisson spécialement le vendredi.
    Je mange sa chair et son sang puis, laisse à mon chat impavide,
    La laitance comme boisson qu’il lape sans le moindre contredit.

    Poissons blancs tout illuminés accompagnent sur mon balcon
    Une sirène et sa baleine qui souffle autant que la tempête.
    Et, n’en déplaise à mon minet, Dieu trouve cela un peu abscons
    Quand l’une chante à perdre haleine et l’autre embouche sa trompette.

    Tableau de Christian Schloe sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201306Christian-Schloe.html?m=1 .

  • La sirène salvatrice

    Contrairement à la légende selon laquelle les sirènes
    Chanteraient afin d’attirer les naufragés pour les noyer,
    La queue qui remplace leurs jambes permet, en position sereine,
    De les happer, les soutirer entre leurs bras apitoyés.

    Ce geste naturel commence au cours du développement
    Du bébé-sirène dans le ventre par une mutation innovée ;
    Les bras entrent en accoutumance et la queue en ballottement
    Donne une intention dont le centre est d’enlacer pour mieux sauver.

    Céramiques de Paul Smith sur https:paulsmithsculptures.co.ukother-ceramics .

  • La sirène ermite

    La sirène ermite

    À l’aube, la maîtresse sirène, debout sur son phare perchée,
    Tient dans sa main la canne à pêche et ferre un rayon de soleil.
    De l’horizon quelques carènes, par la chatoyance alléchées
    Bien rapidement se dépêchent pour y gagner un peu d’oseille.

    Mais la femme-poisson perfide les leurre d’un soleil couchant
    Et les marins perdent leur temps à contrôler leurs appareils.
    Puis, la créature sylphide se met à entonner son chant
    Et les hommes se faire tout autant piéger et se faire tirer l’oreille.

    Tableau de Catrin Welz-Stein.

  • La Reine des coups fourrés

    La Reine des coups fourrés

    Le chant sublime des sirènes qui mène les hommes en enfer,
    Serait d’une voix de velours sortie d’un organe si tendre.
    Pourtant la Marine est sereine ; jamais marin ne s’y enferre
    Car il n’y a de pires sourds que ceux qui ne veulent pas entendre.

    Or la créature est rusée et la sirène se transforme
    En une pieuvre tentaculaire dont l’étreinte est irrésistible.
    Et l’équipage médusé ne peut s’échapper de l’énorme
    Succion de la bouche annulaire qui gobe les nefs digestibles.

    Tableau de Catrin Welz-Stein.

  • Amours impossibles

    Amours impossibles

    Petit oiseau, petit poisson, tous deux s’aimaient d’un amour tendre.
    Mais l’âge de la puberté en a compliqué leurs rapports.
    Le garçon, après les moissons, déserta le nid sans attendre ;
    La fille éprise de liberté courut plonger au bout du port.

    Comment se sont-ils retrouvés ? Lors d’un typhon en pleine mer !
    Ils se sont laissé aspirer – sans doute par curiosité –
    Et ont tout de suite éprouvé leurs souvenirs d’amours amères
    D’un coup de foudre, mal inspiré, qui aggrava la pluviosité.

    Ainsi quand une tempête éclate et occasionne du grabuge,
    Ce sont leurs amours impossibles qui expriment toute leur jouissance.
    Toutes les légendes le relatent ; lors de l’effroyable déluge,
    On vit l’élan concupiscible de leur libido en puissance.

    Tableau de Catrin Welz-Stein sur http:artsdumonde.canalblog.comarchives2016031233502041.html .

  • La sirène en cornet

    La sirène en cornet

    Nouvelle queue pour la sirène qui a opté pour une conque
    Afin d’amplifier le chant qui s’est révélé … écorné.
    Elle a cru l’action souveraine mais son résultat est quelconque
    Car son corps n’est plus accrochant : Qui veut d’une sirène en cornet ?

    Détourner le goût du client en lui changeant ses traditions
    Apporte au marketing l’erreur impardonnable du promoteur.
    Ces flops se démultipliant annoncent la disparition
    De ce qui faisait la terreur de l’emballage prometteur.

    Tableau de Catrin Welz-Stein sur http:artsdumonde.canalblog.comarchives2016031233502041.html .

  • Demain les poissons

    Demain les poissons

    Du temps où j’ai été poisson ? L’ADN n’en porte nulle trace.
    Du temps où je vivais dans l’eau ? Dotée de branchies, j’imagine.
    Ainsi ma vie fait sa moisson parmi les genres de toutes races
    Mais ma mémoire va à vau-l’eau pour remonter ses origines.

    Lundi, amibe un peu timide ; mardi, j’évolue en brochet ;
    Mardi, mercredi ma structure fut telle que jeudi m’accoucha
    Au sommet de la pyramide : Vendredi ! Je reste accrochée
    À ma véritable nature : poisson-clown ou bien poisson-chat.

    Tableau d’Olga Esther sur https:beautifulbizarre.net20190129vulnerable-rebellion-an-interview-with-olga-esther .

  • Quand Avril frappe à ta porte

    Quand Avril frappe à ta porte

    Fin mars, « toc-toc ! » déjà l’huissier qui s’en vient frapper à ma porte ?
    « Poisson d’avril ! » crie par brimade mon facteur grimé en sardine.
    « Quel dommage que vous ne puissiez… » – lui répliqué-je de la sorte –
    « À mon repas de sardinade car c’est à l’huile qu’ici l’on dine ! »

    « Nous n’avons pas gardé nos thons dans la même boîte-à-sardines ! »
    Me rétorque le fonctionnaire tout en lissant sa queue d’écailles.
    « Si d’aventure nous barbotons ensemble de façon anodine,
    Peut-être… » – dit-il débonnaire – « …nous plairons-nous, vaille que vaille ! »

    Illustration de Dominic Murphy sur https:www.dominicmurphyart.co.ukdown-the-rabbit-hole .

  • Les courses du vendredi

    Les courses du vendredi

    Dès le lundi il faut courir la Terre, les airs et l’océan
    Afin que Dieu, dans sa clémence, nous donne le pain de ce jour.
    Manger au risque de mourir et s’en retourner au néant
    Ou bien mériter sa pitance et survivre tout au long séjour.

    Dès le lundi, elle s’entraîne, la voix tintant comme de l’airain
    Afin que jeudi, elle soit prête à faire monter les enchères.
    Vendredi, jour pour la sirène dédié à la course aux marins,
    Elle va s’en mettre plein l’arête après avoir fait bonne chère.

    Mais il faut chanter à tue-tête pour décrocher le meilleur lot !
    Ainsi le marin de Bretagne se vend bien plus cher que l’anglais.
    Il faut traquer la belle bête en lui montant le ciboulot,
    Triller d’un chœur qui accompagne le chant au risque de s’étrangler.

    Tableau de Mike Hoffman.

  • La sirène de minuit

    La sirène de minuit

    Comme Cendrillon, la sirène, plongeuse à la petite semaine,
    Souhaite participer au bal nonobstant sa queue malvenue.
    Elle se confie à sa marraine qui lui donne apparence humaine
    Avec comme ordre principal : « Qu’à minuit tu sois revenue ! »

    La sirène est à moitié femme – et c’est là son moindre défaut.
    Les valses dérèglent son horloge ainsi que sa notion du temps.
    Minuit sonnant. Précepte infâme ! Elle pirouette en porte-à-faux
    Autour de sa queue qui déroge aux règles du bal des débutants.

    Alors elle s’enfuit vers le port perdant ses pantoufles de vair
    Qu’un beau capitaine au long cours a recueilli sur le parvis.
    J’ai lu sur son dernier rapport qu’il a navigué tout l’hiver
    Et rencontré sur son parcours la belle au risque sa vie.

    Tableau d’Edvard Munch.

  • Allo, les réseaux sociaux ?

    Les synapses contactent un neurone à des milliers de connexions
    Et celui-ci fait la synthèse pour choisir une solution.
    Chez les hommes, la testostérone leur permet de faire objection
    Aux informations sur les thèses qui mènent à la révolution.

    Si le cerveau est complotiste – puisqu’il se renseigne pour agir –
    Les hommes, en troupeau de moutons, élisent leur loup-président.
    Les « sauve-qui-peut » humanistes mettent longtemps à réagir
    Avant que, nous le redoutons, il bouffe tous ses résidents.

    Illustrations d’Oksana Grivina sur http://www.dripbook.com/grivina/style/illustration-portfolios

  • Les deux Vendredies

    D’ores et déjà vendredi revient systématiquement
    Annoncé, en fin de semaine, par deux sirènes en pêle-mêle.
    Je le dis et je le redis : « ce jour est thématiquement
    Voué, par leur nature humaine, à deux femmes-poissons jumelles.

    Deux sirènes qui se ressemblent comme deux gouttes d’eau, c’est drôle !
    Comme le reflet d’un miroir ou deux clones sans contredit.
    Elles vivraient toujours ensemble en s’admirant à tour de rôle ;
    Elles sont connues dans leur terroir sous le nom des deux Vendredies.

    Tableau de Nicoletta Ciccoli

  • Vendredi, mangez du lapin !

    Je vois les feuillets s’effeuiller au fil de mon éphéméride
    Sept fois par semaine – quelle aubaine ! – mon régime suit la marée :
    Lundi, du poisson persillé ; mardi, la fête à la bourride ;
    Mercredi, sole marocaine ; jeudi, bigorneaux bigarrés.

    Mais point de poisson vendredi, la mer m’a posé un lapin.
    Qu’à cela ne tienne – de garenne – j’en quémande de toute ma fièvre !
    Notre pêcheur, sans contredit, aussitôt lance son grappin
    Et nous remonte de sa carène une sirène à moitié lièvre.

    Du vendredi soir au dimanche, durant deux jours, durant trois nuit,
    Je l’aimerai passionnément et jusqu’à la dernière arête.
    Le goût de sa douce chair blanche m’aura profondément séduit
    Au point que, sans désagrément, ce n’est pas demain que j’arrête.

    Illustration de Dominic Murphy sur https://www.dominicmurphyart.co.uk/down-the-rabbit-hole

  • Histoires d’amour libres

    Petit oiseau, petit poisson	s’aimeront un jour d’amour tendre
    Lorsqu’à l’instar du Créateur, je bâtirai mon nouveau monde.
    Un monde où, au temps des moissons, l’air et le vent pourront prétendre
    À se marier à la moiteur des rivières chaudes et vagabondes.

    L’onde aussi légère que l’air, l’air alourdi de compassion,
    Rencontreront un équilibre dans des amours plus ou moins sages.
    Des poissons-volants similaires à des anges en lévitation
    Convoleront en amour libre avec des oiseaux de passage.

    Illustration de Vladimir Gvozdariki sur http://klimtbalan.blogspot.com/2012_02_01_archive.html

  • La voix de sa mère

    Partout elle recherchait sa mère depuis qu’elle les avait quittés
    Pour les abysses éternelles aux eaux chatoyantes et nacrées.
    Malgré la mémoire éphémère de son départ précipité,
    Elle compulsait les maternelles origines de son chant sacré.

    Héritière de son ouïe fine – des oreilles en colimaçon –
    Elle disposait des coquillages là, tout autour de son séant,
    Pour écouter la voix divine, assise sur sa queue de poisson,
    Dont remontait le babillage par le réseau des océans.

    Tableau de Shiori Matsumoto sur https://iamachild.wordpress.com/category/matsumoto-shiori

  • Une rose pour la sirène – 2

    Depuis que la sirène est veuve, elle voue un culte à ses roses
    Qu’elle cultive en souvenir de son vieux marin regretté.
    Elle a su surmonter l’épreuve et remonter son cœur morose
    Par un jardin plein d’avenir pour les vieux couples retraités.

    Elle a grossi, évidemment, car le parfum de rose énivre
    Tant l’âme que son corps distille une rémanente liqueur.
    Ainsi l’amour, les sentiments pèsent autant que leurs poids en livres
    Et la sirène des Antilles en fait sa richesse du cœur.

    Tableau de Victor Nizovtsev sur https://www.catherinelarosepoesiaearte.com/2016/08/victor-nizovtsev-new.html

  • Une rose pour la sirène – 1

    Un vieux marin à la retraite cherchait sirène pour ses vieux jours
    Lorsqu’un spécimen de l’espèce se présenta sur son chemin.
    Alors, le vieillard, d’une traite, lui offrit comme preuve d’amour
    Une rose par délicatesse afin d’y demander la main.

    Mais comment son petit oiseau fit-il pour aimer sa queue tendre ?
    Sachez que tous les amoureux vivent et d’amour et d’eau fraîche.
    Ils ont dû entre les roseaux plus de mille fois s’y reprendre
    Mais, sous leurs efforts langoureux, naquit un triton dans leur crèche.

    Tableau de Victor Nizovtsev sur https://www.catherinelarosepoesiaearte.com/2016/08/victor-nizovtsev-new.html

  • L’école du charme

    La sirène, devenue moderne, séduit les femmes plus que les hommes
    Sauf que, plutôt que les noyer, elle les enchante, s’il vous plaît !
    Fi des marins, vieilles badernes, vivent les coquines amazones
    Dont l’amour sait s’apitoyer d’orgasmes vocaux décuplés !

    Celles qui cherchent la bonne école de la jouissance au féminin
    N’ont pas besoin de GPS à la voix de fausse sirène.
    Demandez Madame Nicole, au 4, rue Saint-Saturnin,
    Et découvrez, je vous l’ confesse, le chant langoureux d’une reine.

    Tableau de Gustave Gélinet extrait de la BD « La Sirène des pompiers » dessinée par Zanzim

  • Sirénologie

    Depuis que j’ai approfondi mes connaissances sur les sirènes,
    Elles m’acceptent à condition de prendre un poisson pour parrain.
    J’en ai choisi un, arrondi, que j’appelle « Simon de Cyrène »
    Car il me croit, sans conviction, grand ambassadeur des marins.

    J’ai donc passé mes examens à l’université Neptune
    Et j’ai été promu « Triton » lors du grand bal de fin d’année.
    Je n’suis plus qu’à moitié humain mais à l’apparence opportune
    D’un amphibien en demi-thon et demi-homme simultanés.

    Illustration de Charles Santore

  • Vivre avec une sirène

    J’avais commandé sur le Net une « Femme-Poisson authentique »
    Garantie à vie, s’il vous plaît, et « satisfait ou remboursé » !
    Écologique pour la planète, elle a traversé l’Atlantique
    Pour me parvenir au complet dans une caisse renforcée.

    « Avant le tout premier usage, baignez-la trois jours et trois nuits ! »
    Collé comme avertissement pour obtenir « bon résultat ».
    J’ai commencé son arrosage que j’ai terminé à minuit
    Et pris un rafraîchissement glaçons et triple-margarita.

    Soixante-douze heures passées, elle frétillait là, dans mon lit
    Et moi, comme un poisson dans l’eau, j’ai honoré sept fois ma reine.
    Quant à elle, elle s’est surpassée et m’a aimé à la folie
    À en devenir ramollos, ma queue et celle de la sirène.

    Kristen Mcmenamy photographiée par Tim Walker sur http://visualoptimism.blogspot.com/2013/12/far-far-from-land-kristen-mcmenamy-by.html?m=1

  • Toutes ces autres sirènes

    Dans le Grand Livre des Sirènes – que Dieu n’aurait pas imprimé –
    Existent d’autres créatures que la femme en queue de poisson
    Qui n’ont pas besoin d’oxygène ni de belle voix pour s’exprimer
    Sans faire offense à la nature ni lui faire de contrefaçon.

    Les femmes au corps de raie manta préfèrent les eaux tropicales
    Et leurs belles ailes delta permettent les belles prouesses.
    Elles ont acquis leur potentat après des luttes syndicales
    Grâce à leur voix de célesta qui ont fait d’elles des déesses.

    Les femmes-pieuvres – ou femmes-poulpes – vivent dans les eaux boréales
    Dans les abysses où leur fortune est de récolter des godasses.
    Il paraît que c’est là leur coulpe d’avoir volé les céréales
    Du jardin privé de Neptune qui les a puni de l’audace.

    Illustrations de Viccolate, HTG17 et Ryan Firchau

  • Méchante sirène

    C’est dans un sinistre « glou-glou » que le marin trouva la mort,
    Transbahuté sous la carène, lui qui espérait tant l’amour.
    Périr en mer, pour un marlou, belle fin pour ce matamore
    En manque d’air pour la sirène, lui, qui souffrait du mal d’humour.

    Regardez-la sur son rocher, dans son angélique innocence
    Qui obtiendrait l’acquittement et le Bon Dieu sans confession !
    Personne ne peut s’accrocher à vaincre sa concupiscence
    Et l’amour pragmatiquement finit toujours en queue de poisson.

    Tableaux de Gustave Gélinet extrait de la BD « La Sirène des pompiers » dessinée par Zanzim

  • Les femmes-poissons dans l’intimité

    Dans l’intimité du foyer du nid d’amour de son marin,
    La sirène a peint les mémoires de son univers maritime.
    Son cœur, encore apitoyé de ses souvenirs utérins
    Marquant sa naissance en mer noire d’un mariage illégitime.

    Sa mère était femme de mer, son père était marin au pair,
    Ils étaient jeunes et insouciants, ils se sont aimé tendrement.
    Mais le beau-père, un homme amer, voulant une lignée prospère
    Envoya son fils inconscient dans un sévère encadrement.

    La femme-pieuvre possède aussi des mémoires à n’en plus finir
    Tatouées sur ses tentacules aux ventouses impitoyables.
    Une fois sa jeunesse dégrossie, elle vit ses amants survenir
    Chacun dardant ses testicules dans des étreintes inoubliables.

    Elle pondit tant d’œufs à berger, qu’on l’appela « Octopussy »
    Elle doit ce drôle de sobriquet aux mâles qui s’y devaient mourir.
    Mais après avoir gambergé tant de grossesses, non sans souci,
    Elles eut huit fois huit poulpiquets, soixante-quatre calmars à nourrir.

    Illustrations de Maxine Vee

  • Mauvais présages

    Mais ce qui devait arriver est arrivé finalement ;
    À force d’être exterminés, les poissons deviennent insolents.
    Avec des oiseaux motivés, ils ont croisés leurs filaments
    D’ADN prédéterminés à produire des poissons volants.

    Et les voici crevant l’écran des aquariums et des fenêtres !
    Les voilà perçant la surface de toutes calottes glaciaires !
    Ainsi foncent les oiseaux à cran et tous les alevins à naître
    Qui réclament l’ultime face-à-face contre l’humanité carnassière.

    Tableau de Cyril Rolando sur https://mymodernmet.com/cyril-rolando-surreal-digital-art

  • La musique aquatique

    Pourquoi du poisson aux chrétiens et des croissants aux musulmans ?
    C’est le secret du Vendredi mais pas celui de Robinson.
    Mais quoi qu’il en soit, l’entretien de cette légende ridiculement
    Pèse dans le monde des érudits bouddhistes, juifs et franc-maçons.

    J’en ai fait ce pianoquarium pour poissons muets comme une carpe
    Qui permet de communiquer avec des bulles de toutes sortes.
    Mon piscicole auditorium sous l’action de mes métacarpes
    M’a dit d’cesser d’polémiquer ; chacun voit midi à sa porte.

    Tableau de Cyril Rolando sur https://mymodernmet.com/cyril-rolando-surreal-digital-art

  • Vendredi en bocal

    Il faut pêcher vers l’extérieur encore plus loin, en haute mer
    Car les poissons ont disparu de nos rivières et nos étangs.
    Et moi, cloîtrée à l’intérieur de mon confinement amer,
    J’ai trop d’étiquettes parcourues, labellisées au fil du temps.

    Le thon a payé son octroi à l’imposition de la pêche ;
    Le hareng sort de temps en temps garni de sauce rémoulade ;
    La sardine à l’huile à l’étroit avec les pilchards escabèche
    Et le saumon sont mécontents du mercure qui les rend malades.

    Illustration de Marija Tiurina

  • Le bal des sirènes sans-gène

    J’ai reçu une invitation dans l’aquarium de mon poisson.
    Une enveloppe bleue nacrée, toute petite et qui flottait
    Presque comme en lévitation, à la surface comme un glaçon.
    Je lus ce petit mot sacré avec la voix qui chevrotait :

    « Cher Monsieur, vous êtes invité au bal des sirènes sans-gène.
    Lundi soir, juste après la douche, approchez-vous, nu, du bocal.
    Plongez dans sa concavité et n’ayez crainte pour l’oxygène ;
    Nous vous ferons du bouche-à-bouche pour un petit bonheur buccal. »

    Illustration de Scott Gustafson sur http://madamkartinki.blogspot.com/2012/12/scott-gustafson-1.html

  • Ses vendredis à elle

    Elle voulait changer d’atmosphère et se retirer de ce monde
    Où ne reste nulle île déserte ni oasis en plein désert.
    Les montagnes ou la stratosphère lui donnant des nausées immondes,
    La mer apparut plus ouverte et les poissons pas moins diserts.

    Elle a échangé son local qui sentait trop l’air confiné,
    Étanchéifié ses fenêtres et rempli d’eau l’appartement.
    Puis elle a passé le bocal avec deux doigts d’air comprimé
    Enfin elle s’est sentie renaître et son poisson, également.

    Photo de Sophie Black

  • La renaissance de Vénus

    Les anciens dieux sont partagés ; se faire oublier ou revenir ?
    Jupiter se sent trop âgé d’avoir perdu ses souvenirs ;
    Vénus hésite en désespoir entre mariage et célibat ;
    Et Mars a perdu tout espoir de gagner son dernier combat.

    Mais Vénus reste divisée ; vivre d’amour n’est pas facile.
    Elle a sa copie révisée ; vivre d’eau fraîche est difficile.
    Même si tant de larmes a pleuré et qu’elle en garde une peau tannée,
    Même si les dieux se sont leurrés, elle viendra seule pour cette année.

    Photo de Saint Twenty

  • Mes vendredis

    Sans doute, le goût du souvenir des neufs mois au fond de la mère,
    Me donne envie de m’isoler dans cette retraite aquatique.
    Ce présent au triste avenir me rend son atmosphère amère
    Et je refuse, désolé, d’inspirer son air apathique.

    Plutôt que de porter un masque, je mets la tête dans un bocal
    Et j’y passe mes vendredis avec deux alevins ballots.
    Dès que je m’accoutume au casque, j’inonderai tout mon local
    Afin de vivre, sans contredit, heureux comme un poisson dans l’eau.

    Photo d’Ahmed Hassan sur https://www.behance.net/gallery/85430133/Portrait-01?tracking_source=curated_galleries

  • Pour la chaleur d’une midinette

    Au cœur du froid et de l’hiver, les antipodes vivent en été
    Alors je creuse la planète à travers le manteau terrestre
    Et j’en appelle à l’univers de me permettre de capter
    La chaleur d’une midinette durant au moins tout un trimestre.

    L’hiver avait bien commencé avec fêtes et décorations
    Mais voici le mois de janvier et la froidure de février.
    Tandis que l’été romancé est parti en dérogation
    Vers les antipodes enviés par ceux de l’hiver décrié.

    Tableau d’Anna Ewa Miarczynska

  • La poissonnière du vendredi

    Pure héritière des sirènes, ambassadrice des poissons,
    Elle a su devenir leur reine et favoriser leur moisson.
    Elle est aussi un peu cruelle à sacrifier les meilleurs
    Pour les revendre dans les ruelles des villages d’ici et d’ailleurs.

    Voilà, je range le sapin ; voici, je démonte la crèche ;
    La paysanne et ses lapins puis, la poissonnière et sa pêche.
    Tous les santons vont dans leur boîte hiberner durant trois saisons
    Jusqu’à la période adéquate où ils rejoindront ma maison.

    Tableau de Hanna Silivonchyk

  • Demain les poissons

    Quand viendra le jour des poissons, la saumure coulera de source
    Entre requins et mammifères, entre méduses et cétacés.
    Chacun troublera sa boisson en mettant son grain d’sel en bourse
    Et les grands pontes des affaires crieront : « Maintenant, c’est assez ! »

    Illustration de Rlon Wang

  • La petite sirène

    Tous les marins, vieux loups de mer, tous les plus grands explorateurs,
    Les navigateurs solitaires, les capitaines et leurs matelots,
    Ont croisé la voie des chimères lorsqu’ils ont passé l’équateur,
    Ont perçu la voix du mystère entre les vagues, au fil de l’eau.

    Ne croyez pas qu’elle assassine les hommes par haine ou par rancœur !
    La légende et la vérité s’enchevêtrent avec démesure.
    S’il est vrai qu’à son origine, elle leur dévorait le cœur,
    C’était pour sa sécurité et pour les avoir à l’usure.

    Aujourd’hui, elle dissimule sa jolie queue loin des regards,
    Loin de ce tourisme imbécile qui pollue plus que de raison.
    Si la sirène nous stimule et rend toujours les hommes hagards,
    C’est qu’elle a élu domicile là où le cœur a sa maison.

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  • La sirène-madone

    La sirène-madone

    Dans le noir éclairé d’une nuit sans ténèbres,
    Elle a longtemps bercé son ancêtre poisson.
    Cette ancienne sirène, femme aujourd’hui célèbre
    Avec sérénité la divine moisson.

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  • Avez-vous vu nager la sirène ?

    Avez-vous vu nager la sirène ?

    Avez-vous vu nager la sirène sous l’eau ?
    C’est avec grâce qu’elle accomplit son boulot.
    Toujours brasser par dix-mille mètres de fond
    Toujours nager de plus en plus profond.

    Aller repérer les sillages des navires
    Afin que le cœur de l’équipage chavire.
    Toujours choisir parmi tous ces fiers commandants
    Celui qui, seul, sera digne d’être son vrai prétendant.

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  • L’appel à la sirène

    L’appel à la sirène

    Aussitôt, tout le monde accourt !
    La belle sirène est en tête !
    Chacun veut lui porter secours !
    Quant à la belle, rien ne l’arrête !

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  • Pour les beaux yeux de la sirène

    Pour les beaux yeux de la sirène

    À force de nous observer d’est en ouest de ses yeux
    La sirène a décidé de naître de forme humaine
    Elle a plongé dans la mer dans un saut très périlleux
    Et s’est échouée sur la plage, elle s’appelle Chimène !

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  • Les yeux de la sirène

    Les yeux de la sirène

    On ne voit jamais qu’un œil, tantôt le gauche ou le droit
    Le matin lorsqu’elle ébauche un regard ensommeillé
    Le soir quand elle se couche et toujours au même endroit.
    N’observez jamais les deux, c’est vraiment déconseillé !

    Le matin, elle met du fard sur ses paupières rosées.
    Pour effacer les ridelles, elle dépose du fond de brume.
    Ses cheveux volent au vent dans des volutes arrosés.
    Les étoiles de mer palissent devant sa beauté d’écume.

    Le soir, elle change de couleur dans sa palette orangée,
    Le fond de son teint est frais et dilué dans les nuages.
    Les cheveux ébouriffés sur les nues sont arrangés
    Et dans son dernier regard, l’est un rayon vert suave.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Là où va la sirène

    Là où va la sirène

    Mais où va la sirène absorbée dans sa nage ?
    Elle a troqué sa queue contre deux belles jambes.
    Si elle ne répond pas à notre voisinage,
    C’est qu’elle n’a plus de voix et d’amour son cœur flambe !

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  • La sirène des calanques

    La sirène des calanques

    Elle bronzait nue, là dans les calanques.
    Elle offrait son corps aux yeux des passants.
    Moi qui traversais, coupant la salanque,
    J’avais le regard fort embarrassant.

    Ses bras écartés, posés sous la nuque
    Tendaient sa poitrine aux rayons cuivrés.
    Moi qui suis normal, pas même eunuque,
    Mon cœur battait fort jusqu’à m’enivrer.

    Elle était sans voix, la belle sirène,
    Pour ce rendez-vous, elle avait troqué
    Sa queue de poisson avec sa marraine
    Contre sa parole qui restait bloquée.

    Pas une parole ne sortait de sa bouche.
    Ni des mots d’amour, ni des mots sucrés.
    Je n’ai pas compris si j’avais la touche ;
    Notre liaison était échancrée.

    J’ai pris une plume pour écrire alors
    Quelques mots d’amour sur son joli corps.
    Elle a répondu brandissant mon sexe
    Pour tracer sur moi le texte réflexe.

    Pour communiquer nous utilisons
    Ma plus grosse plume et son encrier.
    Chacun à son tour, face à l’horizon,
    Faisons couler l’encre jusqu’à en crier !

    Elle a tant bramé qu’elle a retrouvé
    Sa voix et le charme s’est évaporé.
    Ondulant sa queue sans désapprouver
    Elle s’est enfuie, là, toute éplorée.

    Si à votre tour, vous la rencontrez,
    Nue et allongée dans une calanque,
    Pour rompre le charme et pour le contrer,
    Je n’ai pas d’idées et je suis en manque…

    Tableau de Fabienne Barbier

  • La sirène

    La sirène a troqué une queue de poisson
    Contre de belles jambes et un cœur sans raison.
    Ce soir cette fée sera mon berger
    Mon cœur et mon âme seront immergés !

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  • Vénus aux rochers

    Vénus aux rochers

    J’ai épousé la mer, j’ai marié la sirène
    Nous nous sommes connus une nuit sans étoile
    Elle est de sang royal et d’âme souveraine
    Elle prend des bains de Lune et couche sous mes voiles

    Cet échange de sang n’est pas un accident,
    Il a été gravé sur notre destinée.
    Notre histoire est connue d’orient en occident
    Et notre engagement était prédestiné.

    Ma princesse vit nue au milieu des rochers,
    Juste une fleur plantée dans ses cheveux au vent,
    Coquillages nacrés aux lobes accrochés,
    Maquillée de rosée et de fards innovants.

    Elle vit de soleil et de rayonnement,
    La Lune est son croissant, le ciel son élément,
    La mer est son berceau, son enracinement
    Et moi je la nourris tous les jours en l’aimant.

    Son corps est un hommage à sa mère la Terre,
    Ses seins sont des fruits d’or au sirop excitant,
    Son ventre cache un trésor, creuset humanitaire,
    Et j’y verse la vie de mon cœur palpitant.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • La femme-poisson

    La femme-poisson

    Elle est partie rebelle, elle a choisi de vivre.
    Elle a le cœur amer, elle part pour survivre.
    Elle a laissé derrière et son père et sa mère.
    Elle part pour construire une vie de chimère.

    Mais elle a conservé ses valises chargées,
    Les conflits non réglés qui l’ont tant submergée.
    Du courroux de son père, son cœur est surchargé,
    Il lui faut, pour durer, le besoin d’émerger.

    Elle est entre deux mondes, elle n’a pas de domaine,
    Pas vraiment un poisson, pas vraiment une humaine,
    Mais en voyant les hommes elle a choisi l’hymen,
    Qui l’unira à l’un d’entre eux, un spécimen.

    Pour charmer son élu, elle se fait Philomène,
    Le rossignol des dieux depuis la voie romaine.
    Elle possède un organe prodige, un phénomène,
    Une voix hypnotique une grâce surhumaine.

    Mais elle n’a pas réglé ses comptes avec son père
    Et quand elle a charmé les humains de la terre,
    Alors elle se venge de ses crocs de vipère
    Et tue ceux qu’elle attire d’un coup phagocytaire.

    Mais elle a trop pleuré ses amours meurtrières.
    Pour ressembler aux femmes elle franchit la barrière.
    Elle a donné sa queue pour une jarretière.
    Elle a tranché le lien dont elle est l’héritière.

    Sa jolie voix charmeuse ne pourra prononcer
    Plus que des mots d’amour pour son cher fiancé.
    Aux appels de son père, oui, elle a renoncé !
    Son amour est humain, son cœur est renforcé !

    Tableau de Fabienne Barbier