Les poissons-chats, les chiens de mer font les compagnons agréables Pour une sirène isolée dans la vacuité abyssale. Entre deux marins victimaires, le temps paraît interminable D’où l’envie de se consoler avec ses racines caudales.
À l’instar des gens de la ville et leurs animaux domestiques, Elles s’attachent aux alevins selon leurs couleurs, leur splendeur. Des poissons-chats plutôt serviles aux chiens de mer humoristiques, Un ami c’est comme du bon vin, ça réanime les profondeurs !
Environ une fois sur trois, naît une sirène-méduse ; Un corps de femme lumineux sur une queue effilochée. Ses tentacules qui, je crois, sont toxiques, si je ne m’abuse, Fouettent d’un effet prurigineux qui tente de s’en rapprocher.
Imaginez donc des étreintes pareilles aux feuilles d’orties, Une caresse venimeuse qui brûle la peau jusqu’à l’os Et qui vous marque d’une empreinte, sur tout votre corps, assortie D’une fulguration amoureuse mais peut-être un peu trop véloce.
Quoi qu’il en soit, nul n’oubliera ce coup de foudre conducteur Qui transmet une onde électrique aux bateaux qui voguent alentour. Quant au marin, il suppliera ses organes reproducteurs À arrêter d’avoir la trique en permanence tous les jours.
Si l’histoire d’eau m’était contée, j’y verrais la carte du tendre Prendre les routes maritimes autour des îles de la passion Dont une romance escomptée ferait son entrée sans attendre Par un mariage légitime avec une femme-poisson.
Vers le plus isolé du monde des atolls du nord Pacifique, Dans un lagon exceptionnel d’eau douce fraîche avec amour. Ma belle sirène, pas pudibonde pour deux sous, serait magnifique Avec un corps sensationnel, tout ce qu’il y a de plus glamour.
On dit que l’île de Clipperton correspondrait à ma demande Et que les sirènes y abondent dans la lagune du comté. Mais d’après Darwin et Newton, la science hélas me recommande Que cette folie vagabonde ne soit plus jamais racontée.
Ce n’est pas une queue de poisson mais une racine de carotte ; Pas de cheveux mais du cresson dont elle n’est pas peu fiérote. Vous la trouverez au potager se nourrissant de pommes de terre Qu’elle contribue à propager par son lait phytosanitaire.
Les sirènes véganes ont du lait qui perle de leurs seins en poire Dont les mamelons ondulés plaisent aux vers qui voudraient y boire. Heureuse l’humble jardinière qui la découvre dans une endive Et passe de fonction routinière à une activité lascive.
Si la queue sert à aguicher la jardinière dans son jardin, Elle fait office de godemichet et s’agrandit comme un gourdin. Si vous passez près des enclos et oyez des gémissements, C’est la maraîchère à huis clos qui pousse des trémoussements.
Illustration de Forest Diver sur https:www.behance.netgallery247706332d-digital .
Sur les rouleaux, on voit l’surfeur et dans le rouleau, très sereine, On la voit jaillir sur sa proie laissant la planche à la dérive. Tant pis pour le sportif gaffeur qui ne croyait pas aux sirènes Maintenant je pense qu’il y croit mais c’est trop tard quoi qu’il arrive.
Quand la mer fait de grosses vagues, les sirènes chassent en équipe Lors des frégates et concours, toutes s’y adonnent en chœur. Aussitôt qu’elles voient que divague d’exaltation le pauvre type, L’une le fauche dès qu’il encourt la jubilation du vainqueur.
Pourtant je dois rendre justice, quand même, à son esprit sportif Car elle enlève du peloton notamment les brebis galeuses Qui auraient porté préjudice par leurs errements abortifs En mêlant au phytoplancton leurs cervelles encore moelleuses.
Tableau d’Anna Podedworna sur https:www.artstation.comakreon .
Tombée dans l’étang en bas âge, elle fut sauvée par des grenouilles Et fut nourrie au lait de loutres et aux œufs de carpe argentée Qui colorèrent son visage comme un fond de teint de vasouille, Une peau blanchâtre et, en outre, des cheveux roses endiamantés.
Comme elle séjourna dans l’eau bien trop longtemps pour une humaine, Pieds et mains devinrent palmés par la pratique de la nage. Adolescente au teint pâlot, advint un curieux phénomène Car rien ne pouvait lui calmer ses excès de libertinage.
Notre sirène des eaux douces, cachée derrière les roseaux, Guettaient les pêcheurs en bateau pour leur souhaiter la bienvenue. Quand sortait sa jolie frimousse poussant un chant amoroso, Le bonhomme devenait pataud de la voir grimper toute nue.
Bientôt les femmes des pêcheurs voulurent chasser la sorcière Et la tuer quoi qu’il advint malgré tout c’ qui aurait pu s’ensuivre. Alors la fille d’un air bêcheur s’échappa de la souricière, Gagna le marais poitevin et changea de nom pour « la Vouivre ».
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Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.
De la nature des sirènes et leur instinct de chasseresse, La diversité des moyens pour piéger l’homme est légendaire. Depuis nos régions riveraines jusqu’aux îles enchanteresses, Le décompte des citoyens mystifiés est lapidaire.
Leur apparence bucolique, douce, naturelle et forestière, Attire poètes et artistes qui recherchent l’inspiration. Mais la forêt mélancolique est loin d’être primesautière Et la sirène pépiniériste les absorbe par macération.
Sirène des îles, sirènes des champs, entendez-vous dans nos montagnes Glousser ces monstres à chair de poule qui viennent près de vos maisons Et n’ont pas vraiment l’air méchant mais font du pâté de campagne, Une fois que le sang s’écoule, en vous mettant en salaison ?
Tous les goûts sont dans la nature surtout chez la gente chimère ; Les ogres, les croque-mitaines et harpies aux griffes effilées. Si ces créatures s’aventurent, arborant leurs appas mammaires En France métropolitaine, je vous conseille de filer.
Tableaux de Władimir Golub sur https:bialczynski.pl20140708bialoruska-wizja-slowianskiej-baji-wladimir-golub .
Heureuse comme une sirène dans l’eau lorsqu’elle rencontre un amant Qui fait l’amour entre deux eaux à défaut de septième ciel Mais dont le lit de longs rouleaux lui permettra conséquemment Des positions amoroso qui offrent tout leur potentiel.
Un peu comme en apesanteur mais sans conquête de l’espace ; Juste libérée de son poids grâce à la poussée d’Archimède Tout augmentée par la lenteur d’un coït qui passe et repasse Et dont les corps font contrepoids à une série d’intermèdes.
Le marin finira noyé mais quel bonheur dans l’épectase ! Quelle magnifique fin de carrière pour un loup de mer en retraite ! Si cela peut vous apitoyer, sachez que connaître l’extase Sexuelle, la queue en arrière, vaut bien un dernier coup d’arête.
Tableau Art Bay Mythos sur https:www.artbymythos.com .
La Voie Lactée, dans l’Univers, dépend de la Grande-Sirène, Mère des eaux disséminées dans les galaxies infinies. Quand une lune est en hiver, Elle l’endort d’une sereine Éclipse pour éliminer ses trous noirs d’embrouillaminis.
Dans la mer de sérénité, elle vient souvent s’accrocher À l’île de fécondité d’un désir d’insémination Auprès d’autres divinités tandis qu’elle rêve sur son rocher Aux formes de rotondités que prendront ses constellations.
Si celle-ci n’existait pas, nous n’aurions pas la connaissance Des lois cosmiques appliquées à la Grande Sirène qui sème. Pour le comprendre, il n’y a qu’un pas à faire pour suivre la naissance Des phénomènes inexpliqués qui se résoudront par eux-mêmes.
Illustration de Chiara Fedele sur http:chiarafedeleillustrator.it .
Francesca Brel n’a pas tout dit dans sa chanson sur la cabane ; Ni que la fille était sirène, ni que le pêcheur, beau parleur L’avait trompée ce vendredi en l’invitant sur la rabane À passer une nuit sereine qui durerait sept ans de malheur…
la coupe est pleine, rien ne va plus, dans la cabane du pêcheur Et le mélange des couleurs sur les murs n’est plus à son goût. Les mauvais rêves lui ont déplu notamment les plus accrocheurs ; Trop de chagrin, trop de douleurs qui ne lui laissent que du dégoût.
Tous fuient en suivant la sirène et ses enfants main dans la main Dont le mari, homme incrédule, accuse le dernier épisode. Seule la maison paraît sereine de les voir se mettre en chemin Et demeure avec la pendule indifférente à cet exode.
Adieu tabourets nonchalants, adieu chaises insouciantes, Adieu objets inanimés, adieu enfants de la chimère ! Tout le mobilier dévalant la route, d’une allure impatiente, Avec la théière abîmée et le pot-à-eau de grand-mère.
Vraiment trop cool d’être sirène et vivre ainsi au fil de l’eau En attendant le gars suivant parmi les gars de la marine ! Bien reposée, l’âme sereine sous le cocotier de l’îlot La queue aux pointes décrivant comme des manèges de ballerine.
Plutôt alors des ballets roses sans le tutu évidemment Qui la ferait dès lors confondre avec la méduse pélagique. Tintin pour le marin morose qui s’éloignerait avidement Et la sirène se morfondre de ses déboires nostalgiques.
Oui mais à force de rêvasser un bateau au large est passé Tant pis ! Ce sera qui dort dîne pour la sirène paresseuse. Elle s’en moque ! Il va repasser au retour et vont trépasser Tous les marins de « La Sardine » aux tribulations malheureuses.
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Si vous soupçonnez votre femme d’être en réalité sirène Qui vous a charmé de sa voix pour goûter votre marinade, Pas besoin de manière infâme mais, d’une façon plus sereine, Quand elle prend son bain chaque fois, observez sa dégoulinade :
Ce n’est pas sa queue qui frétille mais l’eau du bain qui prend la mer Et la sirène devient une île massée du flux et du reflux. Chaque vague qui l’émoustille lui donne un souvenir doux-amer Du temps où elle vivait tranquille d’aimantes eaux fraîches superflues.
La mienne a éveillé mes doutes par la salle-de-bains parfumée D’un air marin chargé d’embruns qui me rappelait la Bretagne. Depuis, tout ce que je redoute c’est partir un jour en fumée, Consommé comme un Petit-brun entre les dents de ma compagne.
Tableau de Kristin Kwan sur https:www.dessein-de-dessin.comles-peintures-surrealistes-et-fantastiques-de-kristin-kwan .
Quand je plonge en demi-sommeil dans le lac des rêves émeraude, Les sœurs de Morphée m’accompagnent jusqu’à la grotte des sirènes. Elles n’aiment pas trop le soleil et leur chevelure noiraude Ondule tandis qu’elles regagnent avec moi l’abri de leur reine.
Comme je dors profondément et que j’oublie tout au réveil Je les ai chargées de m’écrire le rêve de la nuit dernière. Je le transcris conformément sans faire un discours qui pérore Mais qui saura mieux vous décrire tout avec l’art et la manière :
« Dans ce fantasme, tu es le Roi et la souveraine, ta Reine ; Ton mariage s’est déroulé il y a vingt ans exactement Au fond d’un grand lac Bavarois avec Lorelei et sirènes La nuit où tu t’es écroulé, mort de fatigue notablement.
Depuis tu reviens chaque fois qu’un problème te préoccupe Pour lui demander son avis qu’elle t’accordera toujours. Qu’elle t’accorde toutefois sous condition – elle n’est pas dupe – De revenir toute ta vie, chaque nuit, lui faire l’amour.
Ce vendredi, je suis vaseux, on m’a arraché une dent ; J’ai des poissons qui font la fête et nagent dans mon vague à l’âme. Un poisson-lune à l’air gazeux me fait un signe préludant La fin de ma prise de tête que la température enflamme.
Dans mon encéphale aquarium, un requin me tape sur le nerf De ma molaire justement partie jeudi après-midi. Ce n’est plus un planétarium mais l’océan imaginaire Où je me noie absurdement dans une trouble comédie.
Si une sirène m’entend, qu’elle vienne me charmer de sa voix Et dévorer à pleine dent mon cœur imbibé d’un sang mièvre Heureux tout en l’alimentant de revêtir ses grands pavois Pour l’épouser en quémandant de me réveiller de ma fièvre.
La salinité de la mer plaît aux écailles, pas aux cheveux ; Au fil des jours, au fil de l’eau, les belles coiffures s’emmêlent. Malgré le malt des algues amères et l’huile des poissons baveux, La chevelure part à vau-l’eau, tresses et mèches en pêle-mêle.
Avant que l’eau ait déformé et abîmé sa dignité, Un traitement indispensable s’avère urgent pour la sirène. Il est temps de se transformer selon ses possibilités Grâce à sa queue convertissable en jambes dignes d’un port de reine.
La queue se fend en tentacules qui se détachent peu à peu Délivrant deux jambes superbes qui seront très bien accueillies. Lentement dans le crépuscule, elle sent ses cheveux adipeux Revitalisés par les herbes et les fleurs fraîchement cueillies.
Par les rayons directionnels d’un soleil régénérateur, Les cheveux d’un éclat nouveau se nourriront de sa lumière. Ce phénomène exceptionnel est l’un des signes révélateurs Lors d’une remise à niveau dont la sirène est coutumière.
Tableaux de Jennifer Hrabota Lesser sur https:www.smarterartschool.comjennifer-hrabota-lesser-artist-profile.html .
Contrairement aux noctambules qui rentrent à l’aurore chez eux, Je suis resté dans les faubourgs cherchant la rue Saint-Honoré. Soudainement sans préambule dans le quartier des gens taiseux Bordant le parc du Luxembourg, je fus alors déshonoré.
Toute une tribu d’amazones rentrant de l’Opéra Garnier Jetèrent sur moi leur dévolu en me déchirant la chemise. Comme j’étais hors de la zone de portée de voix des jardiniers Leurs lances à fer non émoulu m’ont pris en victime soumise.
Elles m’ont obligé une à une à satisfaire leur libido, À les écouter chanter faux et boire leurs filtres magiques. Après m’avoir tout infligé, elles m’ont tatoué sur le dos : « Homme charmant, bien comme il faut, du point de vue gynécologique. »
« Il est cinq heures, Paris s’éveille ; c’est l’heure où je vais me coucher ! » Chantait Dutronc qui avait tort car s’il avait juste attendu Une heure ou deux, quelques merveilles sur lesquelles on aime loucher, Chevauchant licornes et centaures, seraient venues, le sein tendu.
Le sein tendu, les amazones, moitié femme et moitié sirène – Ce qui fait un quart de poisson et trois quarts de femme fatale – Venaient ouïr sur plusieurs zones et notamment cirques et arènes, Cabarets et lieux de boissons, les chants de leur ville natale.
Précisément à l’Opéra, chantait la Diva des divas ; Arabelle la belle andalouse qui se produisait ce mardi. Dommage pour Jacques qui ne pourra jamais adresser ses vivats À celle qui aurait rendue jalouse les amies de Françoise Hardy. †
(Tableau de Dags Vidulejs. † Toutes mes condoléances, j’avais écrit ce texte prémonitoire le 27 mai.)
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Lapsus énorme, inévitable entre « a péché » et « a pêché » Et Ève s’est retrouvée paumée avec sa pêche miraculeuse. Ç’en est bête et c’est regrettable car elle s’était dépêchée Juste après l’avoir empaumé d’en faire une histoire fabuleuse.
Mais… attendez… je confonds tout ou, au contraire, on nous confond Et l’histoire du fruit défendu n’est rien qu’une pêche interdite. On nous éduque comme des toutous, des imbéciles bas-de-plafond Pour un mensonge répandu par la foi qui nous discrédite.
Le poisson rend intelligent ; donc : aliment de connaissance ! Comme quoi lire entre les lignes, lorsque ce sont des cannes à pêche, Montre l’impair désobligeant que Dieu a fait avec aisance En accusant la femme indigne d’autant que rien ne l’en empêche.
Tableau d’Alisa Williams sur https:fineartamerica.comprofilesalisa-williams .
Quand la sirène est d’humeur sombre, elle se réfugie dans l’ombre Avec lumière tamisée dans ses abysses organisées En salon et lieu de détente afin de tromper son attente Et quelque liqueur de folie pour troubler sa mélancolie.
Quelques poissons clowns arbitraires tenteront tout pour la distraire En lui offrant des anémones ointes de subtiles phéromones Pour l’enivrer de ses arômes et lui diminuer le syndrome De l’apathie qui la chagrine sans les délices sous-marines.
Mais voici qu’un petit sourire, un rictus de pince-sans-rire Et une lueur dans les yeux éclaire son visage ennuyeux. Une corne de brume sonne, sitôt la sirène frissonne Et sait qu’elle va devoir chanter une mélopée enchantée.
Un vaisseau riche en matelots, tous prêts à se jeter à l’eau, Tous enclins à se saborder ensemble à sa voix accordée, Croiser la mauvaise fortune de la dure loi de Neptune. Pour la sirène quel festin et, pour les marins, quel destin !
Une sirène, est-ce une femme pourvue d’une queue de poisson Ou bien est-ce la greffe d’une femme transplantée sur un gros poisson ? Sans doute qu’à l’instar de Jonas un poisson a eu l’occasion De satisfaire l’envie tenace d’un sang humain en perfusion.
Mais la meilleure théorie serait la collaboration De deux espèces animales pour un bénéfice commun. Des branchies hors-catégorie permettraient la respiration Et une silhouette optimale attirerait tout un chacun.
La femme nourrit le poisson qui donc oxygène la femme Et c’est cette contribution qui satisfait les partenaires. Et la voix qui fait les passions provient de l’ouïe qui affame Le marin par l’attribution de ses branchies imaginaires.
Tous les matins, la jeune Alix, munie d’un filet papillon Et de sa fidèle grenouille, va librement chérir la mer Dont les vaguelettes prolixes s’infiltrant sous le cotillon Lui gonflent comme une quenouille sa robe en nacre d’outremer.
Elle est chasseuse de sirènes – c’est du moins ce qu’elle prétend – Enrobée comme une baleine dans un scaphandre peu seyant. Elle va pourtant l’âme sereine tôt ou tard nous interprétant Un coup d’audace hors d’haleine où le rater en l’essayant.
Mais une fois hors de portée, en revanche, quelle supercherie ! Elle est enceinte jusqu’aux os et cache un joli embonpoint Qu’elle doit depuis longtemps porter, vu les rondeurs qu’elle chérit Et qui, flottant entre deux eaux, se délassent hors de son pourpoint.
Sans doute aura-t-elle une fille qu’elle ramènera dans ses filets Comme une preuve irréfutable qu’elle sait pêcher sans hameçon Et qu’elle arrive à la cheville des plus grands pêcheurs profilés. Mais gare au drame indiscutable si jamais c’était un garçon !
Tous les avis sont partagés quant aux jambes de la sirène ; Andersen, au prix de sa voix, se la métamorphose ingambe ; Le cinéma la fait nager d’une queue conforme et sereine Qui, dès qu’elle emprunte la voie terrestre, elle se transforme en jambes.
Sans doute les deux ont raison ce qui éclaire notre lanterne. Si les sirènes sont parmi nous ; certaines d’entre elles sont muettes ; Si d’autres restent à la maison, dans leur baignoire, elles se prosternent Tout en se méfiant des minous qui s’en pourlèchent la luette.
Je n’en ai rencontré aucune, ni de muette ni de mutante ; Évidemment loin de la mer, le contact est plus hasardeux. Afin de combler mes lacunes, si l’une de vous est partante, Venez chez moi, chère chimère, j’ai l’eau courante et parle pour deux.
Combien Bernadette s’ennuie toute seulette dans sa conque ! Hélas les marins sont partis sans qu’elle ait su les retenir. Bien tristement quand vient la nuit, elle n’a toujours pas vu quiconque Lui donnerait de la répartie et qui pourrait lui convenir.
Elle a transmis mille messages par poissons-postiers voyageurs Chargés d’adresser ses dépêches à quelque nouvelle amitié. Mais le quotidien ramassage n’a eu aucun effet majeur Sans doute en raison de la pêche inopinée des chalutiers.
Un jour Bernadette, centenaire, regrettera d’avoir mangé Le prince charmant envoyé la sauver de sa solitude. Neptune, ce Dieu débonnaire, s’était avec lui arrangé Et avait su l’apitoyer comme il en avait l’habitude.
Mais Bernadette est trop gourmande et après l’amour consommé A croqué son marin tout cru et tout est parti en quenouille. Malgré la divine réprimande et son repentir consumé, Elle s’est entichée – qui l’eut cru – d’un serpent et d’une grenouille.
Ce vendredi, fin de semaine, tous les poissons suivent la fraie ; Ce grand départ pour remonter fleuves, rivières et torrents. Auguste et sacré phénomène qui, toutes chroniques, défraie Car on dit qu’ils vont affronter ceux qui se croient au restaurant.
D’abord le phoque en pleine mer qui en fait son économat Et puis l’ours posté à l’affût sur les cascades et les rochers. Pour certains la course éphémère s’arrête au fond de l’estomac D’autres par le savoir infus voient les lieux de ponte approcher.
Heureux comme un poisson dans l’eau ? Point d’orgasme pour notre saumon ! Sur l’œuf pondu dans la frayère par sa femelle l’encavant, Le mâle répand à vau-l’eau, sans état d’esprit rodomont, Une laitance dans la rivière et meurt Gros-Jean comme devant.
Tableau de Lily Greenwood sur https:www.saatchiart.comlilygreenwood .
depuis son aventure Avec un matelot, pucelle et lui puceau. Juste un cri de couleur au cours de l’emboîture Mais ils étaient dans l’eau, ils étaient un peu sots.
Comme l’amour vous met souvent en appétit, La sirène l’invite dans le milieu ambiant À partager ses mets et par son apathie Impossible qu’il évite d’en être l’ingrédient.
Le deuxième marin, un peu gras toutefois ; Le quatrième maigre mais le goût est exquis. Avec du romarin, elle a grillé le foie Flambé d’un alcool aigre – il vendait du whisky.
Elle a l’air maigrichonne mais l’appétit d’un loup, Loup de mer affamé toujours insatiable. On dit qu’elle vous bichonne à se mettre à genoux L’homme au thym parfumé, cuisiné à la diable.
Les sirènes ne sont pas prêteuses pourtant elles donnent de la voix Pour guider en guise de phare les bateaux perdus sur les eaux. Hélas ces folles entremetteuses les mènent plutôt vers des voies Où un naufrage sans fanfare sonne le glas des matelots.
La mythologie écossaise parle de « Ceasg » dévouées Moitié-humaine, moitié-saumon, grandes prêtresses de la mer. Elles ne paraissent pas si mauvaises car elles accordent trois souhaits À qui de son mât d’artimon pourra capturer la chimère.
Mais gare à qui tombe amoureux car il se perdra dans les flots Où elle entraîne sa victime vers les abysses opportunes. Le pauvre marin langoureux n’aura que le temps d’un sanglot, Même pas un regard ultime pour ses compagnons d’infortune.
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Quand Sirénade vient bercer les matelots dans leur hamac, Ceux-ci plongent à poings fermés dans les bras palmés de Morphée Dont les dents viennent transpercer les rêves tendres qui s’estomaquent De d’être laissés enfermer, obligés de crier forfait.
Gare à qui entendra le chant de Sirénade l’endormeuse Car il n’ se réveillera plus, prisonnier des pires mensonges. À l’heure du soleil couchant, faites attention à la charmeuse Car si sa chanson vous a plu, vous serez perdus dans ses songes.
Je l’ai écoutée une fois et j’ai chuté longtemps, longtemps Comme une Alice poursuivant un lapin blanc dans les abysses. Je l’avais écrit toutefois à l’encre d’un petit remontant Qui m’a ramené droit devant le seuil des cauchemars propice.
D’une sirène et d’un lion, un jour l’amour se déclara Ce qui ne fut pas chose aisée ; la mer est loin de la savane. Pourtant elle trouva son champion et lui adora sa Clara Qui lui accorda un baiser et depuis lors ils se pavanent.
C’est un marin un peu hardi qui captura dans ses filets Une sirène dans les anchois qu’il avait pêché dans la Manche. Il la revendit un mardi en mettant un entrefilet Dans le journal de premier choix : celui qui paraît le dimanche.
L’acheteur – un caravanier – l’emprisonna dans un bocal Et traversa le Sahara avec toute sa méharée Mais un orage printanier par un microclimat local Brouilla les chevaux du haras et les dromadaires égarés.
C’est ainsi que la caravane poursuivie par les éléphants Perdit l’assurance sereine pour un destin plus douloureux. Donc arriva dans la savane un lion qui voulait des enfants Qui lors aperçut la sirène et en tomba fou amoureux.
Sculptures de Paul Smith sur https:paulsmithsculptures.co.ukarchive .
Bien loin du marais poitevin où d’ordinaire elle demeure, La Vouivre a remonté la Loire et a traversé les montagnes, Puis suivi la route des vins jusqu’à ce que le soleil meure Afin de franchir sans déboire la frontière vers l’Allemagne.
En voyageant jusqu’en Bavière, le pays où les lacs sont verts, Elle est retournée par les gorges pour s’y reposer à l’abri. Suivant les torrents, les rivières où les courants coulent à l’envers, À l’heure où le soleil s’égorge dans les eaux brunes assombries.
Sans doute les Lorelei du Rhin, celles qui chantent en germanique, L’ont guidée afin qu’elle puisse continuer par les réseaux Des lacs sombres et souterrains issus des Alpes alémaniques. Et c’est ainsi qu’enfin en Suisse, je l’aperçus dans les roseaux.
Le Roi Neptune tient son harem dans les jardins de son royaume Quelque part entre les tropiques du capricorne et du cancer. Il détient le pouvoir suprême de goûter dans son microbiome Aux délices philanthropiques des sirènes qui l’aiment de concert.
Mais pas de gardien ni d’eunuque ; juste une pieuvre et puis un crabe Qui vient pincer le malheureux là où ça lui fait le plus mal. Le poulpe a privilège unique d’œuvrer de téléphone arabe D’un tentacule valeureux télétransmetteur-animal.
Car les sirènes communiquent afin de propager leurs voix Aux quatre coins carrés du globe jusqu’à l’écoute des bateaux Qui livrent les androgéniques vitamines mâles par la voie Toute tracée car elle englobe les matelots les plus patauds.
Veillez à ne pas déranger la sirène enceinte chez elle, Ni même ailleurs, ni n’importe où, de quelque façon que ce soit. Son caractère est étranger à son cœur qui manque de zèle ; Quel que soit votre meilleur atout pour vous séduire, cela la déçoit.
La sirène est d’humeur changeante tantôt froide et tantôt bouillante ; L’œuf qui grandit la fait passer de joie à la morosité. La moindre émotion dérangeante la fait devenir flamboyante Gare à qui vient outrepasser le facteur dangerosité.
Or hier si douce et si timide quand le marin l’a engrossée, Elle a calmé son appétit en le mangeant pour un moment. Mais bien vite, dans son nid humide, son tempérament s’est faussé Et après une nuit d’apathie, la voici future maman.
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Avant de retourner la page de la journée parachevée, J’ajoute un dernier post-scriptum en direction de ma conscience Qui le donne à l’aréopage des anges qui veillent à mon chevet À l’attention du factotum qui organise ma subconscience.
Ce serviteur attentionné, maître des rêves les plus secrets, Conduit mon esprit fatigué vers des paradis exotiques. Comme il sait mes plus passionnés et ceux qui me laissent des regrets, Il sait toujours me prodiguer les meilleurs songes érotiques.
Et c’est ainsi neuf fois sur dix qu’il me dirige vers les îles Où des sirènes vont m’attendre pour me plonger dans le sommeil. Je rêve de celles de jadis qui offraient l’éphémère asile Aux marins dans une nuit tendre mais jusqu’au lever du soleil.
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Beaucoup de messages intimes transitent dans les pages des livres ; Des ouvrages les plus anodins comme les livres de cuisine. Dans les dernières pages ultimes, c’est dans l’index que l’on peut suivre Les confidences et les potins d’une sirène à ses cousines.
Dans mon dictionnaire de rimes, vit une sirène coquette Qui voulant surveiller sa ligne en recherche des suggestions. La table des matières exprime ses suppliques et ses requêtes Que je repère, que je souligne et joins dans le texte en question.
Ainsi je cache dans mes poèmes nombre de secrets bien gardés Dissimulés en filigranes derrière mes rimes embrassées (croisées). Seuls ceux qui ont le cœur bohème seront admis à regarder Cette sirène tenant le crâne du dernier marin terrassé (pavoisé).
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L’invention de l’imprimerie gêna paradoxalement La distribution du grand livre des sirènes par correspondance Car toutes leurs mesquineries devaient être formellement Tenues secrètes pour en vivre sans en subir de concurrence.
Elles utilisèrent un temps une encre aux couleurs sympathiques Qui n’apparaissaient qu’humectées de quelques gouttes de rosée. Évidemment ce fut tentant, en mettant l’idée en pratique, De livrer sans se faire suspecter les secrets ainsi transposés.
Lorsque vous tiendrez un bottin, une bible ou un dictionnaire, Le palimpseste apparaîtra après l’avoir mouillé du doigt. L’image d’une sirène au beau teint d’une façon discrétionnaire Entre les lignes vous soumettra son contenu comme il se doit.
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Le premier livre sur les sirènes fut imprimé en noir et blanc, Composé à l’encre de seiche sur papier couché et nacré. On y parlait de rois, de reines et de chevaliers affublant Qui partaient ensemble en calèche vers des lieux aux cultes sacrés.
Car, en ce temps-là, les sirènes, comme émissaires de Neptune, Passaient des accords de commerce pour que l’Olympe les entérine. Elles étaient toutes souveraines de leurs atolls et leurs lagunes Et donnaient prise aux controverses envers les gars de la marine.
Les pages étaient manuscrites et copiées dans les abysses Par des poissons-moines copistes qui récoltaient les coquillages. Toute demande était souscrite des années avant qu’on subisse L’oubli des légendes utopistes des amateurs de l’embrouillage.
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Quelquefois le marin est riche et bien entouré de starlettes Mais qui s’enfuient quand il appelle au secours même s’il est chou. Elle, parmi ce monde de triche qui ne fait que des vaguelettes, Dès que les filles se font la belle, attend que le bateau s’échoue.
Nul besoin d’user de ses charmes lorsque le jeune capitaine N’est autre qu’un marin d’eau douce né avec une cuillère en or. Aussitôt que sonne l’alarme, la sirène, pas samaritaine Pour un sou nage et se trémousse vers le beau naïf qui l’honore.
Une fois qu’elle a bien dégusté et goûté l’amant éphémère, Elle rapporte en souvenir toutes ses richesses éclusées Mais qui deviennent vétusté, abandonnées au fond des mers Car elles n’ont aucun avenir parmi les poissons médusés.
« Morue à la fraise des rois » parait avant tout indigeste Mais il me faut vous raconter ses origines outremer. C’est un prince à l’esprit étroit qui, voulant écrire sa geste, Courut le monde pour affronter chimères et serpents de mer.
Goûtant aux plaisirs raffinés d’une croisière encanaillée Par des favorites en herbe un peu nubiles mais comestibles, Le prince, la gueule enfarinée avec la fraise dépenaillée, Entendit sortant des ténèbres un joli chant irrésistible.
Alors le capitaine en rut dirigea tout droit son navire Tandis que les filles affolées prenaient canots de sauvetage. Mais alors que filent ses putes à l’anglaise, son esprit chavire Et tombe dans les flageolets, le vin, les fraises et le potage.
Alors la sirène goûta son marin à toutes les sauces. Aux haricots, elle préféra la saveur sucrée douce-amère. Quant aux morues qu’elle envoûta pour escamoter plaies et bosses, Elles retournèrent à l’émirat sangloter auprès de leurs mères.
Je croyais les sirènes rousses, fruit de mon imagination Jusqu’à ce que j’en rencontre une en train de peigner ses cheveux. Apparemment ceux-ci repoussent avec tant de fascination Que les marins, comme des prunes, tombent tous seuls quand elle le veut.
Et moi qui suis souvent tombé des dernières pluies précédentes, Je me suis laissé fasciner par l’abondante chevelure. Le cœur et le sexe bombés par cette tignasse abondante, Je m’suis vu mort, halluciné, rongé aux fines dentelures.
L’homme est bon la plupart du temps mais moi, j’ai du sang de navet ; Sans doute dû à mon régime végétarien présupposé. Dès le premier croc débutant, son aversion s’est aggravée Et plus jamais ne nous revîmes ni n’échangeâmes de baiser.
La sirène rêve sur ses deux jambes plutôt qu’une queue, c’est plus sûr Afin de n’ pas tomber du lit de la rivière ensommeillée. Elle compte les beaux marins ingambes qui sautent comme des moutons mûrs Sous les délires et stimuli de ses fantasmes émerveillés.
Entre deux eaux la sirène songe dans un sommeil paradoxal Car les poissons ne dorment pas plus de trois ou quatre secondes. Alors le conte est un mensonge car dans le royaume abyssal Elle ne rêve que de repas et de bonne chère féconde.
Quant à moi, c’est tout le contraire ; lorsque je rêve de sirène, Je sens ma queue se dilater, s’allonger comme Pinocchio. Sans doute le besoin de traire la vache-à-lait toujours sereine Aux mamelons chocolatés des geishas-poissons de Tokyo.
Une fois que la baleine a ri, elle est presque dans votre lit Qu’il faut prévoir suffisamment robuste envers les soubresauts. Préparez-en le gabarit, prévoyez toutes ses folies Vous pourrez alors galamment atteindre les fonds abyssaux.
Comme naîtront maints baleineaux, il faudra loger tout ce monde Et lui bâtir tout un village flanqué de quelques aéroports. Pour les touristes infernaux et toute leurs marmailles immondes Qui viendront voir votre élevage de cétacés sous tous rapports.
Hélas la mégalomanie de cette industrie du délire Finira par tomber à l’eau car la Terre n’est pas assez forte Pour abriter cette avanie qui lui remplit la tirelire Mais qui selon les écolos en fait les fléaux de toutes sortes.
Tableau de Roch Urbaniak sur http://rochurbaniak.com/portfolio/items/stary-zegarmistrz
Qui déridera la baleine souriant de tous ses fanons, Aura titre de fou du roi parmi les princes de Neptune. Qui fera rire à perdre haleine, sirènes sexys et canons Se fera nommer de surcroît star spirituelle et opportune.
Gare aux tempêtes de fou rire, aux ouragans de rigolades Car un léviathan qui s’esclaffe fait plus d’effet qu’un papillon Dont l’ébrouement d’ailes en délire provoqué depuis les Cyclades Déclenche des vents qui décoiffent nos élus en plein roupillon.
Tableaux de Piero Schirinzi sur https://poramoralarte-exposito.blogspot.com/2018/11/piero-schirinzi_18.html
En souvenir d’un bal masqué qui finit en queue de poisson, Cendrillon conserva l’étoile qui ornait son soulier de vair. Le petit prince estomaqué noya son spleen dans la boisson Et nul ne souleva le voile du mystère à peine recouvert.
C’était sans compter sur le lien qui unissait les deux étoiles Car le prince avait recueilli celle abandonnée dans la fuite. Bien que les récifs coralliens soient loin pour un bateau à voile, Il embarqua enorgueilli et se lança à sa poursuite.
Je ne sais plus qui renonça du prince ou de notre sirène À son royaume ou ses abysses pour souffrir une adaptation. Toujours est-il qu’on annonça auprès du Roi et de la Reine Qu’il fallait que tous deux subissent de sérieux cours de natation.
Reproduction de Chéri Hérouard pour « La Vie Parisienne ».
Pour rêver au marin dodu, la sirène serre son doudou Pour évoquer sa queue fluette avec la nageoire caudale. Mais elle l’a tant distordue que le poisson tout guilledou Nage pas trop comme il le souhaite, on dirait même qu’il pédale.
Quand la sirène prend son bain car elle prend son bain voyez-vous Comme vous-même changez d’air faute de vous changer les idées. Il lui manque son chérubin ; alors son doudou se dévoue Et vient de façon solidaire et amoureuse la dérider.
Depuis quelques temps on observe dans les mers chaudes équatoriales Des poissons qui tournent en rond, en cause leurs nageoires voilées. La science sous toute réserve pense à la trace mémoriale De traumatismes qui seront un jour ou l’autre dévoilés.
Tableaux de Piero Schirinzi sur https://poramoralarte-exposito.blogspot.com/2018/11/piero-schirinzi_18.html .
Comme un garçon dont les jouets grandissent avec le temps qui passe, La sirène devient exigeante en matière de godemichet. Si l’hippocampe est dévoué à lui flatter la carapace, Elle devient plus intransigeante quant à la taille du crochet.
La pieuvre et ses huit tentacules arrive en tête du palmarès Fors l’étoile de mer qui dispose de cinq organes bien bandants. N’ayant pas peur du ridicule, parfois elle-même se caresse Tantôt lors du temps d’une pause ou plus, à son corps défendant.
Puis vient toute une collection de coquillages bien nacrés Et de méduses urticantes qui lui chatouillent le clitoris Qui gonfle avec délectation sous les écailles échancrées Par les délices fornicantes qu’aurait fantasmées Osiris.
La petite sirène méridionale ne chérira jamais l’ours blanc Mais l’hippocampe des mers australes à la queue en tire-bouchon. La sirène septentrionale en utilise un ressemblant D’une manière théâtrale à un phoque à califourchon.
Bien que les phoques n’aient pas de jambes, ils ont la nageoire caudale Qui donne aux petites sirènes un air de malice entendu. Il faut voir ces filles ingambes crier de toutes leurs amygdales Leur p’tit’ chansonnette sereine lorsque leur queue est bien tendue.
Mais revenons à l’hippocampe également aphrodisiaque Dont la souplesse de l’appendice remporte la palme des sex-toys Car lorsque les marins décampent leurs engouements paradisiaques, Il faut bien qu’elles se dégourdissent de leurs petits poulains playboy.
Certaines sirènes aux queues noires auraient été entraperçues Entre les eaux claires des tropiques du Capricorne et du Cancer. Comme il faut le voir pour le croire, un budget a été perçu Auprès des banques philanthropiques pour allouer des émissaires.
Ainsi plusieurs observateurs ont recueilli toutes les preuves Qui en démontrent l’existence au grand dam de l’Évolution. Certains clichés révélateurs parmi les meilleures épreuves Ont signalé la consistance des noires circonvolutions.
Charles Darwin a négligé la branche des femmes-poissons ; Aussi il paraît difficile de classer les sirènes noires. Malgré les avis mitigés, les chercheurs ont fait la moisson De documents assez faciles à prouver toute cette histoire.
Si minuscules qu’elles échappent aux photographes d’hippocampes Qui oublient de noter la selle et les étriers du coursier. En effet, elles rient sous cape lorsqu’elles aperçoivent que décampent Ceux qui ne voient pas qu’elles excellent par l’équitation initiées.
Ce sont les sirènes amazones moins connues que leurs homologues Mais qui rivalisent d’audace dans la chasse aux poissons divins Car elles enrichissent la faune marine de faits analogues À ce que nos nemrods fadasses se racontent en buvant leur vin.
Aussi étrange et méconnu, ce bon vieux lapin de garenne Est d’autant drôle et saugrenu que l’est à nos yeux la sirène. On imagine mal ses oreilles inadaptées aux profondeurs À moins qu’une queue sans pareille lui donne un peu plus de rondeurs.
Sans doute un marin malicieux et un maître coq facétieux Ont concocté cet audacieux hybride supercoquentieux. Que va-t-elle faire ? Le manger ou une fonction plus intime ? User de sa queue orangée pour un plaisir des plus ultimes… ?
Cela la changera de la pieuvre et ses huit glorieux tentacules Qui lui ont tant donné la preuve que le nombre n’est pas ridicule. Cela lui changera la voix qui passera de huit octaves À des triolets plus grivois avec plus d’aiguës que de graves.
Ô Sirène sous la pleine Lune et c’est la mer comme en plein jour ! Ainsi paraît la créature aux délices avantageuses. À croire ma bonne fortune tant elle en appelle à l’amour Si ce n’était pas sa nature de n’être qu’une naufrageuse.
Ô Sirène en pleine lumière et c’est l’océan qui s’éteint ! Ainsi le charme de la chimère sème obscurité autour d’elle. À croire qu’une avant-première va se dérouler ce matin Si ce n’était une éphémère épectase cruelle et mortelle.