Catégorie : Sirènes

  • La sirène tigrée

    La sirène tigrée

    C’est au fil de l’eau qu’Irénée dite la « sirène tigresse »
    S’en va à la chasse aux touristes dans les eaux claires du lagon
    Près du Club Méditerranée où elle flaire et puis agresse
    Nageurs, baleines et secouristes, bref tout ce qui lui paraît bon.

    Les gentils organisateurs se réunissent en décidant
    Que ça ne pouvait plus durer et c’est mauvais pour le commerce.
    Donc un évangélisateur jeté à son corps défendant
    Au nom de Jésus, va endurer l’amour divin sans controverse.

    Le jeu dut plaire à la sirène qui exigea tous les dimanches
    De perdurer ainsi la messe avec des curés pas trop maigres
    Pour une digestion sereine et une sieste qui s’épanche
    Aux tréfonds avec la promesse d’un paradis plutôt allègre.

    On dit qu’un jour, las de ses jeux, Dieu voulut la rendre plus sage
    Car tous les anges en pâmoison réclamaient ses baisers félins.
    Mais la belle, d’un rire joyeux, refusa cet odieux dressage
    Car toutes ses rayures à foison étaient d’un petit goût salin.

    Tableau de Kelly Keane.

  • La sirène girafe

    La sirène girafe

    Phénomène rare sur les côtes bordées de plages de sable blanc
    Que montre la sirène girafe entre les récifs coralliens
    Qui est aux marins la mascotte avec ses reflets bruns troublants
    Si dangereux quand elle dégrafe son soutien-gorge somalien.

    Car ses pointes de mamelons dardent un regard hypnotique.
    Eh oui, ce n’est pas de sa voix qu’elle charme les marins d’Afrique
    Mais par aréoles aux tétons acérés aux bouts érotiques
    Qui crèvent les yeux à la fois et le cœur des hommes hystériques.

    On dit que les femmes-cougars y viennent y faire croisière
    Accompagnées des guignolos qui auraient dépassé leurs temps.
    Aussitôt elles préviennent leurs gars de bien ajuster leurs visières
    Et en deux coups de pédalos, chacune y trouve son content.

    Sous la surface elle s’élance, mirage aux mailles de soleil,
    Les mâts se penchent, les voiles ploient, l’océan s’enroule à sa taille.
    Et dans le bleu, sa nonchalance fait frissonner l’eau sans pareil ;
    On ne sait plus qui s’y emploie… mer ou désir qui la travaille…

    Tableau d’Antoine Renault sur https:www.amusingplanet.com201312ocean-paintings-by-antoine-renault.html .

  • La sirène tigrée

    La sirène tigrée

    C’est au fil de l’eau qu’Irénée dite la « sirène tigresse »
    S’en va à la chasse aux touristes dans les eaux claires du lagon
    Près du Club Méditerranée où elle flaire et puis agresse
    Nageurs, baleines et secouristes, bref tout ce qui lui paraît bon.

    Les gentils organisateurs se réunissent en décidant
    Que ça ne pouvait plus durer et c’est mauvais pour le commerce.
    Donc un évangélisateur jeté à son corps défendant
    Au nom de Jésus, va endurer l’amour divin sans controverse.

    Le jeu dut plaire à la sirène qui exigea tous les dimanches
    De perdurer ainsi la messe avec des curés pas trop maigres
    Pour une digestion sereine et une sieste qui s’épanche
    Aux tréfonds avec la promesse d’un paradis plutôt allègre.

    On dit qu’un jour, las de ses jeux, Dieu voulut la rendre plus sage
    Car tous les anges en pâmoison réclamaient ses baisers félins.
    Mais la belle, d’un rire joyeux, refusa cet odieux dressage
    Car toutes ses rayures à foison étaient d’un petit goût salin.

    Tableau de Kelly Keane.

  • La sirène girafe

    La sirène girafe

    Phénomène rare sur les côtes bordées de plages de sable blanc
    Que montre la sirène girafe entre les récifs coralliens
    Qui est aux marins la mascotte avec ses reflets bruns troublants
    Si dangereux quand elle dégrafe son soutien-gorge somalien.

    Car ses pointes de mamelons dardent un regard hypnotique.
    Eh oui, ce n’est pas de sa voix qu’elle charme les marins d’Afrique
    Mais par aréoles aux tétons acérés aux bouts érotiques
    Qui crèvent les yeux à la fois et le cœur des hommes hystériques.

    On dit que les femmes-cougars y viennent y faire croisière
    Accompagnées des guignolos qui auraient dépassé leurs temps.
    Aussitôt elles préviennent leurs gars de bien ajuster leurs visières
    Et en deux coups de pédalos, chacune y trouve son content.

    Sous la surface elle s’élance, mirage aux mailles de soleil,
    Les mâts se penchent, les voiles ploient, l’océan s’enroule à sa taille.
    Et dans le bleu, sa nonchalance fait frissonner l’eau sans pareil ;
    On ne sait plus qui s’y emploie… mer ou désir qui la travaille…

    Tableau d’Antoine Renault sur https:www.amusingplanet.com201312ocean-paintings-by-antoine-renault.html .

  • La sirène Ninja – 2

    La sirène Ninja - 2

    À quoi rêvent les petites filles modernes qui s’endorment le soir ?
    Certainement pas à survoler les villes en tortues volantes…
    Pourtant il est des escadrilles qui leur permettent de s’asseoir
    Afin d’espérer convoler comme des princesses indolentes.

    On dit que les princes charmants parcourent à dos d’hippocampes
    Le pays en quête d’épouses pour assurer leurs descendances.
    D’où ces petits vœux désarmants de la part des filles qui campent
    Des prétentions que leur jalousent les sirènes en décadence.

    Et quand la nuit ferme les portes du royaume en lévitation,
    Les tortues rentrent au bercail sous la lune phosphorescente.
    Les filles, en pleines cohortes, guettent encore la transmutation
    D’un simple songe en éventail et les écailles fluorescentes.

    Mais au matin, tout se dissout dans le brouillard des girouettes ;
    Ne restent que des carapaces, voguant au-dessus des palais.
    Les princes ont perdu tous leurs sous à poursuivre les silhouettes ;
    Souvenirs d’un conte fugace qui s’en va d’un coup de balai.

    Tableau de Victor Molev sur https:viola.bzvictor-molev-portraits-puzzlepainting-by-russian-artist-victor-molev-3 .

  • La sirène Ninja – 1

    La sirène Ninja - 1

    Après toutes les mutations, suite aux centrales nucléaires,
    Qui ont irradié l’océan de rayons alpha-oméga,
    Nous noterons l’apparition sur nos rivages balnéaires
    De sirènes hybridées séant à cru sur carets renégats.

    Escortés de poissons pilotes de l’escadrille des requins,
    Elles patrouillent à la recherche d’autres formes de femmes mutantes.
    Débardeur et jupe-culotte par rapport aux américains
    Qui les confondent avec les perches pêchées lors des marées montantes.

    Quant aux tortues qui n’ont pas tort, mais en service commandé,
    On dit qu’elles auraient profité des tsunamis à volonté
    Déclenchés par Odin et Thor lors des batailles quémandées
    Suite aux inscriptions graffitées par des yakusas effrontés.

    Et quand s’achève la marée, sur l’écran bleu des océans,
    Elles dansent, cyber-sirènes, aux sons des courants sous-marins.
    Leurs chants ont vite démarré par des ultrasons bienséants
    Afin de prévenir leur reine avec les requins pèlerins.

    Tableau de Justin Gerard.

  • Elle nageait nue

    Elle nageait nue

    Elle nageait nue dans la rivière aux eaux si vertes de Bavière ;
    Je l’admirais depuis le pont d’un point de vue plutôt fripon
    Auquel j’ai tellement succombé que j’en ai fini par tomber…
    Heureusement pour moi, la naïade me secouru de la noyade.

    Quand elle me fit du bouche-à-bouche en me regardant d’un air louche,
    Tout hébété je regardais, les yeux dans ses seins qui dardaient.
    Hypnotisé par ce regard j’étais complètement hagard,
    Puis elle me parla fatalement dans un patois suisse-allemand.

    Eh oui ! Revers de la médaille ; c’était la fameuse Loreleï !
    Et la gardienne sacrée du Rhin me donna un grand coup de rein
    En s’asseyant sur mon giron avec un p’tit air fanfaron
    Qui voulait dire : « Je t’ai sauvé et maintenant, tu vas en baver ! »

    Tableau de Lauren White Murphy sur https:www.saatchiart.comen-beaccountartworks1740242 .

  • La fin d’Edward John Smith

    La fin d’Edward John Smith

    Le commandant du Titanic a coulé avec son navire
    Mais n’a pas péri pour autant car des sirènes l’auraient sauvé.
    Ce vieux loup de mer britannique avant que son bateau chavire
    Entendis des voix chuchotant : « Plonge et viens vite nous retrouver ! »

    Edward John Smith prit sa retraite au foyer des gens de Neptune
    Où les sirènes sont infirmières et les poissons domestiqués.
    Et sa fin de vie fut distraite par ces dames aux mœurs opportunes
    Qui tinrent sa gentilhommière avec une queue bien astiquée.

    Ceux qui ont repéré l’épave n’ont pas lu son dernier message
    Écrit en morse à la va-vite et qui disait : « accueillez-moi ! »
    Ainsi ce commandant si brave qui serait mort avec courage
    A plutôt accepté l’invite de ses sirènes avec émoi.

    Tableau de William Holbrook Beard ou bien de Charles Henry Tenre.

  • Né sous le signe des sirènes

    Né sous le signe des sirènes

    Entre le signe des gémeaux et de la vierge, il me semble
    Qu’on a oublié les sirènes ainsi que leur constellation,
    Celle du Capitaine Nemo précisément et qui ressemble
    À une attitude bien sereine envers la manipulation.

    C’est le signe des mentalistes, des faux-voyants, des charlatans
    Qui vous hypnotisent par la voix et par leur chant d’âge affectif
    Car nombre de naturalistes l’ont observé en relatant
    Cette légende qui pourvoit ce comportement sélectif :

    Combinaison de tous les signes particulièrement les poissons
    Qui possèdent cette ouïe discrète et qui savent de faire entendre.
    Egalement des scorpions dignes de faire leur triste moisson
    Avec leur queue vive qui sécrète un poison lent pour vous surprendre.

    Illustration de Milo Manara.

  • La chasse à la sirène – 3

    La chasse à la sirène - 3

    Elle m’encercla de ses cuisses, plus souples qu’un filet de varech,
    Et dans ses yeux brûlait la mer, un gouffre de sel et de fièvre.
    J’y tombai comme un naufragé qui ne sait si c’est un remake
    Et fuit le flot qui le dévore, puis vient s’y fondre à pleines lèvres.


    Sa peau vibrait de mille vents, sa bouche aspirait mon courage,
    Et chaque écume au creux des reins fur un effroi d’adolescent.
    Elle m’enseigna l’adoration d’un cri poussé par tant de rage,
    Le corps offert comme un autel, le baiser fou, incandescent.

    Puis, dans un rire de tempête, elle me relâcha soudain ;
    J’étais brisé ,infiniment heureux d’avoir connu ses pièges
    Car la sirène n’est pas nuisible mais c’est comme un coup de gourdin
    Vers un abîme où l’on renonce à sa vie qui s’y désagrège.

    Texte d’Alysée Rose et Tableau d’Antonyuk.

  • La chasse à la sirène – 2

    La chasse à la sirène - 2

    Quand ses longs cheveux ruisselants eurent couvert le pont souillé,
    Elle s’étira, tout en langueur, en soupirant comme une amante.
    Les rivières se cristallisèrent, suspendues à ses reins mouillés,
    Et la nuit tressaillit de peur face à ses écailles éclatante.s

    Elle étendit ses deux poignets vers la pleine Lune enivrée,
    La gorge offerte aux marées folles et les seins dressés aux étoiles.
    Le vent lui fit frémir la peau, la vague l’ourla d’un secret,
    Comme une nef qui se dévoile en hissant sa plus grande voile.

    Puis elle chanta sans pudeur, la bouche rouge incandescent,
    Un chant qui fit trembler les terres, les ports et les quais d’allégresse.
    Et moi, pauvre chasseur d’hier, je n’étais qu’un adolescent
    Saisi de vertiges amers mais mordu par tant de caresses.

    Texte d’Alysée Rose et Tableau de Monika Luniak sur https:www.artmajeur.commonika-luniak .

  • L’homme-poisson à la baguette

    L’homme-poisson à la baguette

    En renversant enfin les rôles de la sirène et du pêcheur,
    L’homme triton conserve sa queue mais sa tête sent trop le poisson.
    Quand il passe à la casserole par une pécheresse à l’air bêcheur
    L’organe en question bien visqueux convient aux arts bien polissons.

    Les musiciennes à la baguette lui font l’amour à la musique ;
    Les majorettes et leur bâton, s’envoient en l’air et puis s’en vont ;
    Les femmes cougars en goguette ont un effet euthanasique
    S’il ne s’en va pas à tâtons, il finit en boite à savon.

    Ses nageoires battent en cadence et son vit gluant se redresse ;
    La sirène lui mord les tétons pendant qu’il jouit à pleine bouche.
    Les majorettes au cul tendance lui font tourner la queue sans cesse
    Et la baguette bat du plomb quand l’orgasme éclabousse et touche.

    Mais au moment d’atteindre l’Olympe, il glisse et se fait harponner ;
    La morue grasse du quartier le frit alors comme il se doit.
    Le triton qui bande haut et grimpe ne sera plus qu’un plat fumé ;
    Un homme-poisson pané d’ivresse, servi chaud, à lécher des doigts.

    Illustration de Moebius.

  • La chasse à la sirène – 1

    La chasse à la sirène

    Quand j’ai vu qu’elle respirait le buste à moitié hors de l’eau,
    La tête à demi immergée et tout le reste sous la surface,
    J’ai compris lors qu’elle espérait aller comme ça à vau-l’eau
    Sur des flots qui eurent convergé jusqu’à ce qu’ils la satisfassent.

    Je l’ai suivie depuis la rive en suivant d’amont en aval
    La rivière aux eaux transparentes mais assez froides toutefois.
    Mais soudain, voici qu’il arrive un cavalier sur son cheval
    Plongeant de manière effarante et en criant tout à la fois :

    « Taïaut ! Taïaut ! Les gars ! La sirène ne m’échappera pas ! »
    Tandis qu’hennissait sa monture, les naseaux écumant de rage.
    Quelle que soit l’ampleur des dégâts, la fille qui servait d’appât
    Frappa d’une déconfiture le chasseur et son entourage.

    Car elle devint une géante et les captura de ses mains
    En s’asseyant sur le pont neuf, puis les avala tout de go
    Jetant dans sa bouche béante chevaux, chiens de chasse et humains
    Et puis reprit – et j’en réponds – son sommeil sans tous ces nigauds.

    Illustration de Brice Postma Uzel.

  • Toute la vérité sur la petite sirène

    Jolie la petite sirène, laideron sa vieille marraine.
    Pourquoi donc ce stéréotype envers les jeunes et les vieux ?
    Sans doute une promotion sereine pour vendre ses contes pérennes
    Par un Andersen néophyte envers les abysses prestigieux.

    Jolie la voix de l’impétrante qui voulait passer l’examen
    Et prouver que deux belles jambes valent bien mieux qu’une aphonie.
    Mais la marâtre récalcitrante envers un challenge inhumain,
    Se lança dans un dithyrambe et ce fut la cacophonie.

    Les poissons alors solidaires se mirent à mimer tous en rond
    L’ourobouros – serpent de mer – qui se mord la queue en spirale,
    Pour que la fille considère qu’épouser roi, prince ou baron
    C’est donner langue de belle-mère au chat dans les eaux minérales.

    Alors les poissons-serpents firent un grand ballet cérémoniel,
    Traçant des cercles et tunnels dans l’abîme phosphorescent.
    La marraine leur promit d’un rire un destin plus providentiel :
    « Qui désire l’amour éternel doit mordre à l’anneau du serpent ! »

    Tableau d’Arnaldo Mirasol sur https:www.kartiniasia.comcopy-of-rodney-martinez .

  • La bonne pêche

    La bonne pêche

    Bien souvent gagner le gros lot apporte une foule d’ennuis
    Aussi bien parmi la famille que ses amis pour son bien-être !
    C’est comme agiter un grelot auprès de sa femme la nuit
    Quand on rentre avec une fille que l’on prétend ne pas connaître.

    De même quand Martin Pêcheur ramène le fruit de sa pêche
    Une sirène dans ses bras apparemment tout amoureuse.
    Je me demande par quel air bêcheur va-t-il apporter sa pimbêche
    En disant « Abracadabra ! Voilà une pêche miraculeuse ! »

    Le chat s’enfuit… bon débarras ! Les femmes se méfient… tout va bien !
    Le garçon pose la question : « C’est pour manger ou pour jouer ? »
    Le père a semé l’embarras – c’est le paradoxe amphibien –
    Reste à mourir d’indigestion ou avec l’épouse et son fouet !

    Et si demain la mer jalouse réclamait sa belle captive,
    Le marin rendrait la sirène contre une sardine ou un hareng.
    Mais l’épouse, plutôt tarlouze, lui dirait d’une voix affective :
    « La prochaine fois, pour ta p’tit reine, choisis un trésor bien plus grand ! »

    Tableau d’Andrey Boris.

  • Éléphant de mer

    Éléphant de mer

    Un éléphant de mer rêve près du rivage,
    Il est presque endormi, déjà ses yeux se voilent.
    Où va-t-il, que veut-il ? prêt à faire ravage
    De ses songes de sel qui roulent sous les étoiles.

    Sous la lune paisible, il glisse son secret,
    Murmure à l’océan ses rêves les plus sacrés.
    L’air vibre doucement d’une étrange harmonie,
    Où la brise et la vague se marient pour la vie.

    Dans le jardin de brume, un crabe s’est posé,
    Ses yeux, deux feux d’opale, sur la mer, reposés.
    La nuit chante en silence ses promesses ténues,
    Tandis qu’au loin l’étoile éclaire l’inconnu.

    Sous l’océan de verre il avance en silence,
    Chargé d’étoiles vives et de songes d’azur ;
    Colosse pacifique aux pas lourds d’élégance,
    Il porte les abysses mais sans demi-mesure.

    Tableau de Dulk – Antonio Segura Donat.

  • Un hippocampe pour la sirène

    Un hippocampe pour la sirène

    La sirène qui souhaite aller loin doit bien ménager sa monture
    Et notamment son hippocampe qu’elle choisira avec égard.
    Inutile de partir à point et se lancer dans l’aventure
    Sans un destrier qui vous campe une épopée sans crier gare !

    Si les sirènes nagent seins nus – ce qui affermit les mamelles –
    L’hippocampe conseille un soutif à cause des pointes de vitesses.
    Et pour qu’ils soient bien soutenus – très important pour ces femelles –
    On leur propose plusieurs motifs dont l’écaille qui flatte leur sveltesse.

    Si l’hippocampe représente la plus belle conquête des sirènes,
    N’espérez pas en rencontrer à l’angle de votre visière.
    Ces cavalières séduisantes aiment s’amuser dans l’arène
    À courser pour les éventrer les touristes partis en croisière.

    Mais si d’aventure un marin s’avise d’approcher la sirène,
    Sous les flots l’hippocampe veille, guide et amant tout à la fois.
    Qu’il se souvienne du destin de ceux dont siphonne les veines
    Notre sirène qui s’émerveille toujours du sang au goût de foie.

    Illustration d’Alandodrawing sur https:www.instagram.compCsvdTsbvwHP .

  • La sirène en gestation

    La sirène en gestation

    Combien de temps mettra la femme, née humaine, pour devenir
    Une sirène de plein droit, jolie queue et crinière blonde ?
    Certaines en meurent, c’est infâme mais elles n’ont pas pu parvenir
    À métamorphoser l’endroit qui soi-disant fait tourner le monde …

    Qu’elles aient un cul ou une queue, voilà ce que l’homme incrimine !
    Un cul pour capter les regards, une queue pour capter l’attention.
    Entre peau douce et derme aqueux, l’une et l’autre nous illuminent,
    Nous rendent idiots, un peu hagards, avec de mauvaises intentions.

    Alors pourquoi se transformer en sirène et risquer sa vie ?
    Pardi ! Pour l’immortalité avec la jeunesse éternelle !
    Mais elles doivent se conformer sous peine d’être poursuivies
    À traquer en totalité l’homme dans sa faiblesse charnelle.

    Le sang des hommes, bonne chère, nourrit mes songes de cristal,
    J’entends la vague qui s’énivre aux chants secrets des origines,
    Je me confonds avec la chair et dans la transe minérale,
    Je deviens l’onde qui délivre aux vents ses vérités marines.

    Tableau de Anna Bezklubaya.

  • Une pensée pour Neptune

    Une pensée pour Neptune

    Lundi, je chante sous la Lune, ma voix est douce et opportune ;
    Mardi, je chanterai pour Mars, pas seule mais avec mes comparses ;
    Mercredi, au tour de Mercure et ce n’est pas une sinécure ;
    Jeudi, me voici, Jupiter, je chante pour toi en solitaire !

    Mais lorsque vient le vendredi, Vénus alors me contredit ;
    Elle dit que mes chansons d’amours relèvent d’un sens de l’humour.
    Les marins ayant terminé mangés, gobés, exterminés,
    C’est inscrit dans mes chromosomes : je suis une mangeuse d’hommes.

    Heureusement le samedi, j’ai oublié ce qu’elle a dit
    Et je m’en remets à Neptune dont me vient ma bonne fortune
    Depuis qu’issue d’une pensée, il m’a ainsi récompensée
    En me donnant une voix de charme comme on donne le choix des armes.

    Sous les marées qui me traversent, je garde en moi l’élan premier,
    Une vibration universelle, mémoire ancienne des océans.
    Je chante encore à l’invisible, le dieu caché dans son palais,
    Qui me confie l’écho des mondes, gravé au creux de mes poumons.

    Tableau d’Eduardo Bolioli sur https:clubofthewaves.comsurf-artisteduardo-bolioli .

  • Sportifs dans les abysses

    Il cherchait sur la mer turquoise à draguer les jolies sirènes
    En faisant de la planche à bar, aussi appelée « planche à loup ».
    Il avait une envie narquoise de faire une démo sereine
    De ses exploits de malabar à rendre tous les autres jaloux.

    Mais la sirène peu cavalière envers les dragueurs d’opérette,
    Chevauchait nue, mais magnifique, un espadon apprivoisé.
    Leur rencontre fut animalière en ce qui concerne les arêtes
    Et pour les os, frigorifique mais bon… la glace fut brisée.

    Tableaux d’Eduardo Bolioli sur https:clubofthewaves.comsurf-artisteduardo-bolioli .

  • Une sirène noire dans les eaux vertes

    Une sirène noire dans les eaux vertes

    De bas en haut, de haut en bas, elle nage à la verticale
    Avec ses frères de même race, tous les rescapés du déluge.
    Mais elle évite en contrebas ceux qui nagent à l’horizontale,
    Tous parés de noires cuirasses, souvenir d’un ancien transfuge.

    Remarquez les longs pieds palmés de notre sirène ébonite
    Qui évolue dans les eaux vertes pour remonter à la surface !
    Brusquement sur la mer calmée rejoindre l’âme-sœur bénite,
    Cheminant à sa découverte pour se retrouver face-à-face.

    Un peu ce qui m’est arrivé alors que je cherchais la rime
    D’un mot difficile à trouver sur une mer de Reflets-Vers.
    Laissant mes pensées dériver, voici qu’une sirène m’arrime
    Pour me tendre « lu et approuvé » un mot arraché au Cap-Vert.

    Tableau d’Eduardo Bolioli sur https:clubofthewaves.comsurf-artisteduardo-bolioli .

  • Les belles histoires de l’oncle Morse

    Les belles histoires de l’oncle Morse

    Vieilles histoires de corsaires, cartes au trésor d’anciens pirates,
    Vaisseaux coulés en pleine mer et îles inconnues sur la carte,
    Voilà qui était nécessaire pour les légendes disparates
    Aux secrets brodés d’outremer souvent muets comme une carpe.

    Lorsque j’étais jeune sirène, nous aimions beaucoup l’oncle Morse
    Qui nous racontait des histoires pas piquées des serpents de mer.
    Toutes attentives, toutes sereines, surtout quand l’intrigue se corse
    Autour d’un flibustier notoire, coureur de jupons de chimères.

    Mais lorsqu’une queue de sirène dardait sa nageoire caudale
    Devant un jeune capitaine de quinze ans selon Jules Verne,
    On voyait trembler la carène soumise à l’échelle modale
    Des voix augmentées par centaines et qui affolaient sa gouverne.

    Tableau d’Omar Rayyan.

  • La sirène serpent

    Faute de nageoire caudale, la sirène-serpent à crochet
    S’étend sur une branche basse comme il sied à l’anatomie.
    Dissimulée dans le dédale de ramées, elle voit s’approcher
    La moindre victime qui passe pour tromper sa monotonie.

    Une fois sa proie avalée, elle va la digérer longtemps.
    Tellement longtemps qu’elle mue d’un ton corail comme le python.
    Quand vous la verrez affalée tranquillou prenant du bon temps,
    Si elle est verte, vous êtes promu pour lui servir de gueuleton.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux de les créditer.

  • Jour de marché

    Jour de marché

    Tous les poissons sont rassemblés autour du chapeau poissonnier
    El la marchande ainsi chargée s’en va les vendre à la criée.
    Au cours de la grande assemblée des martin-pêcheur saisonniers
    Qui vont à leur tour décharger rascasses et sardines grillées.

    Mais faisons ample connaissance avec Madame la poissonnière
    Et son orientale pêche, mer de Chine et mer du Japon.
    Tâtez-lui la belle laitance des alevins en marinière
    Sole meunière, thon escabèche, bouillabaisse cueillie au harpon.

    C’est au fond les belles rivières qui font les poissons de légende
    Et les fleuves, qu’îles prolongent, sont de grands pourvoyeurs de frai.
    On dit que les lacs de Bavière offrent la meilleure provende
    Juste là où les Loreleï plongent quand tinte le cri de l’orfraie.

    Illustration de IA.

  • Ruby & Lino à l’heure d’été

    Ruby & Lino à l’heure d’été

    Parfois Ruby se fait sirène joviale à la queue opulente
    Car Lino n’aime pas les oiseaux depuis qu’il a mangé le coucou
    Remplacé de façon sereine par une carpe gesticulante
    Mais muette comme un roseau qui plie à se tordre le cou.

    Alors du coup évidemment, le passage à l’heure d’été
    En décalant l’horloge d’une heure a détraqué au corps-à-corps
    La carpe qui, incidemment sortant afin de rouspéter,
    Fut prise pour une sole mineure et, patatras ! Mauvais accord !

    Ruby sirène jusqu’en automne, Lino serein toute l’année,
    Ce couple cependant fusionne car les chats aiment le poisson.
    Et tous les soirs, Ruby s’étonne de voir Lino se pavaner
    Contre sa queue qu’il affectionne et sa laitance comme boisson.

    Tableau de Hanna Silivonchyk.

  • Sans dessous ni pardessus

    « Quand le poète du dessous rongeait ses rêves à la coque,
    Il s’était lors fait recaler par trois fées sans la moindre équivoque.
    Il confondait mon coquillage avec le vide d’un bob de marque
    Et me parlait de son naufrage tout en bandant mou dans sa barque.

    Je l’ai vu débarquer, trempé, les vers à l’envers dans les bottes,
    Il m’a chanté tous ses ratages comme d’autres offrent une compote.
    Mais moi j’suis pas du genre complice des âmes molles ou des quenottes ;
    Je l’ai mordu, je l’ai léché… et j’ai joui quoi qu’il m’importe.

    Quand la sirène du dessus refait surface dans ses murmures,
    C’est que le chant m’a transpercée et que j’en perds toute mon armure.
    Je deviens l’écume féconde, la fleur obscure, la morsure…
    Et je l’attire à la seconde où mon clitoris me le susurre.

    Alors il plonge, et moi je ris, je l’enveloppe, je le serre,
    Il croyait baiser une image, il épouse tout un mystère !
    Mon sanctuaire se déploie, il pleure, il vibre sous sa chimère
    Et le gorille en rut devient… un dieu échoué dans la mer. »

    Tableaux de Barbara Yochum.

  • Sens dessus dessous

    Quand la sirène du dessus prend des vacances méritées,
    Elle passe son temps à bronzer en étalant sa queue dorée.
    Celui qui n’a jamais reçu l’amour avec célérité
    Qui vous transforme un chimpanzé en un gorille revigoré !

    Alors j’suis allé aux sirènes comme d’autres vont voir les putes
    Cependant j’étais plus porté sur les amourettes acoustiques.
    Les trompes des salopes reines m’ont désaccordé en disputes
    Et j’ai dû m’enfuir, emporté sur une mer de fantasmes épiques.

    Quand la sirène du dessous suit le train-train du quotidien,
    Elle prend son mal en patience en guettant l’heure de sa retraite.
    En attendant, elle dissout ses appétits clitoridiens
    En attirant par insouciance les rêveurs charmés, d’une traite.

    Après avoir été blasé des aventures balnéaires
    Avec les nymphettes idiotes du style « plus bête que moi, tu meurs ! »,
    Je me suis senti embrasé en visitant le sanctuaire
    D’une sirène en papillote qui m’aima… et de bonne humeur.

    Tableaux de Victor Nizovtsev et Barbara Yochum.

  • Les sirènes existent

    Les sirènes existent

    J’ai rencontré une sirène de l’autre côté du miroir
    Sous l’onde calme où se devine un chant noyé de transparence.
    J’allais sur ma vieille carène poursuivre les reflets ivoires
    D’un lever de Lune rubine troublante dans son apparence.

    Elle était là sur son rocher, au beau milieu du labyrinthe
    Et m’a promis de me guider vers l’issue en toute confiance.
    Je me suis alors approché, ne manifestant nulle crainte ;
    Son petit air intimidé a brisé toute méfiance.

    Elle a fait tant de faux détours pour retrouver le bon chemin
    Que j’en ai eu tant le tournis que de peur je l’ai semoncée.
    J’ai lu un chagrin sans retour dans ses yeux implorant ma main
    Pour me donner l’aide fournie et nous permettre d’avancer.

    Mais ses erreurs, ses pas tremblants, m’ont fait douter de son savoir
    Je crus la perdre et j’ai crié avec des élans de colère.
    Voyant son regard si troublant, j’ai voulu montrer par devoir
    Une clémence appropriée pour sortir de cette galère.

    Et je suis tombé dans son piège en m’apitoyant sur son sort
    Ce fragile gage d’amitié s’est transformé en crèvecœur.
    Et vaincu par ses sortilèges a surgi, en dernier ressort
    Dans le miroir, l’inimitié d’une sirène dévorant mon cœur.

    Illustration de Milo Manara.

  • Bon thé, bon tigre

    Bon thé, bon tigre

    Lorsque c’est son jour de bon thé, la sirène se la coule douce
    Et se prélasse dans sa tasse auprès de son tigre tout doux.
    Lui-même fera signe de bonté sans que cela ne le courrouce
    Croquant le sucre qu’elle lui casse avec bonbons et roudoudous.

    Lorsque c’est son jour de café, attention, la sirène s’énerve !
    Elle sort alors de sa soucoupe ; le moment est venu, enfin !
    Sous pression, toute décoiffée, étant sortie de sa réserve,
    Elle monte sur le tigre en croupe pour aller assouvir sa faim.

    Tempête dans un verre d’eau ! Ils rentrent tous les deux bredouilles ;
    Ils n’ont pu trouver que du lait en poudre, pas demi-écrémé !
    Alors tant pis, on fait dodo et l’on se fait mille papouilles
    Pour tenter de se consoler… car nos amis sont déprimés.

    Peut-être que pour le premier août, la sirène est moins difficile
    Et préfère boire l’eau-de-vie et ce, malgré le « qu’en-dira-t-on » !
    Et alors son tigre sans doute se prendra pour un ours docile,
    Celui qui flotte et qui ravit sur les drapeaux de nos cantons !

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  • Une sirène dans mon lavabo

    Depuis longtemps je désirais un animal de compagnie,
    Un chat, un chien, un poisson rouge, quelque chose qui me corresponde.
    Que ce soit lui qui choisirait son maître était une avanie…
    Mais qu’est-ce donc ainsi qui bouge et sort en soulevant la bonde ?

    Je l’ai trouvée toute petite qui remontait par les tuyaux
    Jusqu’au lavabo rejetée, épuisée de sa traversée.
    Surprise entièrement inédite de je-ne-sais-quel imbroglio
    D’un retour de mer agitée ou de tempête controversée.

    Le soir quand je suis revenu, la petite sirène avait grandi ;
    L’eau montait dans l’appartement ce qui n’était pas à mon goût.
    Un peu plus tard sur l’avenue, toute l’eau du bain se répandit
    Et la sirène prestement s’enfuit par une bouche d’égout.

    Je l’ai suivie, bien entendu, en pyjama, dans le caniveau,
    Le cœur battant, les pieds trempés, rêvant d’elle en maillot rayé.
    Je la retrouvai étendue sur un vieux passage à niveau
    Englouti d’où je dus ramper afin d’aller la réveiller.

    Sur ces entrefaites arriva le train express via « Les Abysses »
    Où la sirène me fit monter et m’enleva le pyjama.
    Et le voyage avec entrain s’ensuivit pour que j’y subisse
    Mes noces avec cette effrontée dans cet aqueux Cinérama.

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  • La sirène au long collier

    La sirène au long collier

    Quand la sirène pêche au collier, elle a déjà plusieurs années
    D’ostréiculture perlière et de cœurs d’hommes marinés.
    Elle s’en est fait un cullier sur ses fesses au teint basané,
    Signé de griffe dentelière, qui lui descend au périnée.

    Elle n’a plus besoin de chanter grâce à un strip-tease intégral
    Lorsqu’elle retire une-à-une les perles de son long collier.
    Les marins assistent enchantés à cet effeuillage sidéral
    Qui les captive sur la hune et sur le pont des pétroliers.

    Je naviguais sur l’océan, cap sur les Îles-Sous-le-Vent
    Quand je t’ai vue sur ton rocher en train de te déshabiller.
    Hypnotisé sur mon séant, j’ai senti tes liens m’enclavant
    Et quand je me suis approché, tu m’as alors écharpillé.

    « Tout cru, je t’ai happé le corps, sans sauce ni sel ni dentelle,
    Puis j’ai ri en voyant ton cœur battre encore dans ma gamelle.
    Il gémissait : « Encore ! Encore ! » pensant y atteindre l’extase…
    J’l’ai recraché d’un air moqueur et tu as connu l’épectase ! »

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  • Curiosité pas sereine

    Curiosité pas sereine

    De mon plafond gouttait de l’eau et j’entendais des clapotis ;
    Et je décidai de monter m’informer sur ce qui s’y passe.
    Sur le plancher, méli-mélo, trônaient plusieurs caillebotis
    Afin d’éviter d’inonder car on était à marée basse.

    Une créature rouquine chantonnait un air coquinet,
    Les bras levés, les seins ballants, les yeux brillants de porcelaine.
    Un poulpe aux ventouses coquines se suçotait le robinet
    Et la sirène bringuebalant de la queue n’était pas vilaine.


    Ce que je vis par l’œilleton me pétrifia à la porte
    Car c’était en fait Médusa, avec sa queue faite de serpents.
    Et pour finir le feuilleton, cette diablesse m’emporta,
    Elle m’usa et m’abusa, bien malgré moi, participant.

    Elle m’aspira dans la baignoire, d’un coup de nageoire impérieux ;
    Mes habits se désagrégeaient sous ses sucs gluants et baveurs.
    Le poulpe colla sa bouche noire et ses tentacules luxurieux
    Tandis que Médusa me grugeait de baisers à triples saveurs.


    Devenu son homme-grenouille, je suis à jamais asservi ;
    Elle me vide de mon sang, me dévore le foie et le cœur.
    Le soir comment elle se débrouille pour me rappeler à la vie ?
    Je ne le sais mais j’y consens ; tel le privilège du vainqueur !

    Tableau de Gina Litherland.

  • Vendredi, grasse matinée

    Vendredi, grasse matinée

    Vendredi, grand jour de farniente parmi le peuple des abysses.
    Non pas que ce soit un jour saint mais une journée lumineuse ;
    Après une semaine « al dente » avec les marins qui subissent
    Du lundi au jeudi l’essaim de nos sirènes butineuses.

    Puis le samedi, place au jeûne, après les agapes joyeuses
    Où elles ont pu se réjouir en toute camaraderie.
    Quant au dimanche, place aux jeunes, en bonnes mamans pourvoyeuses,
    Elles aiment voir leurs enfants jouir avec quelques pâtisseries.

    Mais aujourd’hui c’est vendredi et le vendredi, c’est sacré !
    Après un déjeuner aqueux, savourer son bain d’algues vertes,
    Apprécier sans discrédit l’instant d’intimité sucrée
    Quand la main caresse la queue en vue d’étroites découvertes.

    Dans l’alcôve d’un corail rose, la queue frémit, frôle la perle.
    Un vrai plaisir, en douce osmose, coule de l’organe sensuel ;
    Une écume, nacrée d’une prose, qui éclate, jouit et déferle
    Sa vague sur l’anastomose d’un pur orgasme consensuel.

    Tableau d’Anastasia Elly Koldareva.

  • Ainsi soit la sirène

    Ainsi soit la sirène

    Ainsi soit-elle, la sirène qui règne au royaume des abysses !
    Ainsi soit-il, le créateur qui aura su fermer les yeux
    Et permettre à l’aqueuse reine que son microcosme subisse
    L’incrédulité des auteurs d’ouvrages fiers et prétentieux !

    Ainsi soit-elle, vivant nue, sans subir le péché de honte !
    Ainsi soit-il, de tolérer cet accroc à la connaissance
    Et la laisser, pauvre ingénue, jouir à ce que l’on raconte
    D’un paradis autogéré sans besoin de reconnaissance.

    Ainsi soit-elle, prédatrice, mangeuse d’hommes invétérée !
    Ainsi soit-il, d’avoir permis à l’homme d’aller naviguer
    Pour écouter la cantatrice le séduire et le capturer
    Et prouver à Dieu affermi que l’homme est bon à mastiquer.

    Tableau de Prateep Kochabua.

  • La sirène sans rivage

    Je ne suis plus de l’eau, ni du sel, ni du ciel,
    Je suis l’onde sans bord, la mer sans arc-en-ciel.
    Ma queue n’est que d’airain, mes seins ne sont que brume,
    Et je me désincarne au rythme de l’écume.

    Je n’ai plus de rocher, plus de chant pour t’attendre,
    Je suis ce qui t’efface en te laissant te fendre.
    Je ne dis plus ton nom, je ne tends plus les bras :
    Je m’ouvre sans pourquoi, sans besoin, sans émoi.

    Tu peux glisser en moi, mais tu n’y prends personne ;
    Je suis vide et féconde, et la vague te sonne.
    Tu crois me posséder ? Tu deviens mon reflet,
    Un silence en fusion dans mon sexe parfait.

    Je suis la fin des jeux, la fin de la prière,
    Ni muse, ni putain, ni mémoire, ni lumière.
    Je suis l’après-sirène, l’oubli, le grand passage…
    Et toi, si tu me suis, tu y meurs sans naufrage.

    Tableaux de Barbara Yochum.

  • La sirène Manta

    As-tu vu planer la sirène divinement entre deux eaux ?
    Divinement n’est pas le mot ce serait plutôt cruellement
    Parce qu’on la pense sereine mais aussi vite qu’un oiseau
    Elle fonce, reine des animaux, élue perpétuellement.

    Elle guette les cœurs en dérive, les marins qui veulent lui complaire,
    Les plongeurs qui rêvent d’amour et n’éprouvent que sa morsure.
    Là, d’un revers d’aile elle arrive mollement et d’un geste exemplaire
    En les noyant non sans humour vers une petite mort sûre.

    Si elle n’a ni chant, ni parole, son murmure est un battement ;
    Les bulles remontent comme des larmes et personne ne crie jamais.
    Les insouciants disent qu’elle console, les désespérés et qu’elle ment ;
    Moi j’ai vu ses yeux comme deux armes qui m’ont tué autant qu’elle m’aimait.

    Illustration de Htg17.

  • Les sirènes lumineuses

    Dans les abysses où la lumière ne parvient plus à s’introduire,
    La sirène a pris le relais pour éclairer notre lanterne.
    C’est vrai, elle n’est pas la première à trouver le moyen de luire ;
    Méduses et calamars aigrelets font les profondeurs pas si ternes.

    Mais la sirène les surpasse avec ses seins comme lampions,
    Son ventre comme luminaire et son sourire tout chatoyant !
    Avant que le marin trépasse, elle honore ainsi son champion
    En faisant ses préliminaires aussi brillants que foudroyants.

    On dit qu’au moment de l’extase, elle devient comme une étoile
    Et son éclat se fait sentir jusqu’au niveau de la surface.
    Quant au marin dont l’épectase se voit dans ses yeux qui se voilent,
    Il n’aurait rien pu ressentir puisqu’il s’éteindra quoi qu’il fasse.

    Tableau de Alyona Yamploska.

  • La sirène fermière

    La sirène fermière

    Dans mon pays imaginaire, ma sirène vit en bord de mer
    Où elle recueille les animaux en échange de leurs services.
    Ce n’est pas extraordinaire car, de tous les temps les chimères
    Ont résisté contre les maux quoique les humains l’asservissent !

    Alors ils vivent en colonie vivant d’eau fraîche et de leur pêche
    Que la sirène repartit entre les grands et les petits.
    Et malgré la cacophonie et leurs attitudes revêches,
    Ils sont tous en contrepartie reconnaissants, pleins d’appétit.

    La sirène n’est pas cannibale ; manger du poisson, quelle horreur !
    Alors les mouettes rabattent pour elle les navires alentour
    Par des appâts qu’elles trimballent afin d’les induire en erreur.
    Aussitôt qu’elle voit la frégate, elle se pare des plus beaux atours.

    Et dès qu’elle se met à chanter, tous les marins hypnotisés
    Se jettent à l’eau et sont noyés par les pélicans meurtriers.
    Alors la sirène enchantée prend l’capitaine érotisé
    À déguster et festoyer avec les piafs ménétriers.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Cyclone-Rose

    Cyclone-Rose

    Je l’appelle « Cyclone-Rose » car elle me fait ses pirouettes
    Lorsque le ciel du crépuscule s’empourpre pareil à son teint.
    Mais je suis furieux qu’elle m’arrose en semant toutes ses tempêtes ;
    J’en ai le cœur qui se bouscule devant son plaisir enfantin.

    Or elle me tourne toujours autour, riant aux éclats cristallins
    Et puis s’enfonce sous les eaux et disparaît sous ma carène.
    Soudain la voici de retour avec son petit air malin
    Qui me trouble et glace les os face aux malices de la sirène.

    Et depuis que je m’exténue à échapper à son emprise,
    Voilà que je m’évanouis, vaincu par la belle noiseuse.
    Et la voici, toute menue, elle s’approche un peu surprise
    Et mon cœur est épanoui soumis à son apprivoiseuse.

    « Je t’ai trouvé au bord du monde, toi le poète à l’âme ouverte
    Car sous tes vers, ma queue se plie, mon chant s’adoucit mais t’effraie…
    Je t’ai soufflé mon rire d’onde pour aller à la découverte
    De l’amour d’un homme qui supplie son rêve de devenir vrai ! »

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Nigav & Sinép – le sceau final

    « Tu m’écris avec l’onde, je te mords avec l’encre,
    Ta plume est mon désir, ma queue l’arche où tu t’ancres.
    Et quand nos rimes se croisent, le monde se défait
    Car je suis ton mystère, et toi… mon fait exprès.

    Je suis la flamme d’eau, le sel qui monte aux ailes,
    Ton cri me fait éclore, mon souffle te révèle.
    Tu me lis, je t’arpège, et nos corps enlacés
    Redessinent le Verbe qu’aucun dieu n’a tracé. »

    Sinép me tend la page, Nigav me lèche l’âme,
    L’une souffle les mots, l’autre les sculpte en flammes.
    « Et toi, poète aimant, tu me bois sans savoir
    Si je suis en-dedans ou juste un pur miroir.

    Alors imprime-moi, grave-moi dans tes veines,
    Que ta langue m’habite et que ton cœur me saigne.
    Car je suis ton amante, ton livre, ton festin,
    Et ne me fermerai pour un autre destin. »

    Tableaux de Barbara Yochum.

  • Nigav & Sinép, les petites sirènes

    Nigav écrit en moi, Sinép m’ouvre le ciel,
    L’une me lèche en feu, l’autre me peint en miel.
    L’une ondule en dedans, l’autre me prend la main,
    Et toutes deux me font renaître le lendemain.

    Nigav est un orgasme enroulé sous les flots,
    Sa queue perce mes jours, m’enlève mes sanglots.
    Elle me griffe l’âme d’un amour animal
    Et m’écrit dans la chair des vers prétendus mâles.

    Sinép vole plus haut, c’est ma plume adorée,
    Elle trempe à fond son bec dans l’encre de mes plaies.
    Elle me dénomme en rimes, me révèle d’une claque
    Et m’élève au-delà du désir qui me plaque.

    Quand l’une me traverse, l’autre me rend lumière,
    Elles sont les deux mains de ma forme première.
    Et moi, Sirène double, femme faite d’émois,
    Je deviens la Parole où s’écrivent tes lois.

    Tableaux de Barbara Yochum.

  • La sirène enceinte

    La sirène enceinte

    La sirène ne pond qu’un seul œuf qu’elle enfante à même son ventre
    Qui diffuse entre ses écailles une coquille phosphorescente.
    Ensemencée au gui l’an neuf, elle reste neuf mois dans son antre
    Pour aménager son bercail aux dernières nouvelles récentes.

    Mais gare au plongeur imprudent qui s’aventurerait là-bas !
    Le père Triton monte la garde envers toute faune importune.
    Et gare au chasseur, préludant à un sérieux coup de tabac,
    Qui affrontera, la mine hagarde, un coup du trident de Neptune !

    Quand les premières contractions se font sentir début octobre,
    Sages-sirènes obstétriciennes l’assisteront jusqu’à la ponte.
    Dans une grande décontraction – car les sirènes restent sobres –
    Heureuse dans les eaux cliniciennes, comme un poisson au bout du compte.

    « Il est sorti sans dire un mot, porté par l’onde et la lumière,
    Mais dans un creux de son silence, j’ai reconnu ce cœur battant.
    Ses sens infinitésimaux s’éveillent et je suis la première
    À ouïr par ma vigilance son cri dans un calme patent. »

    Tableau de Luke Fitzsimons.

  • Robes de bal pour les sirènes

    Invitées au bal populaire pour clore la fête votive,
    Les sirènes dont bien embêtées pour s’habiller comme il se doit.
    Bien que leurs queues soient modulaires et puissent se montrer adaptives,
    Elles vivent nues et hébétées de peur qu’on les montre du doigt.

    Mais par bonheur, on a ouvert une boutique pour sirènes
    Garnie de robes aquariums avec poissons multicolores.
    Leur corps ainsi reste recouvert, leur nudité reste sereine
    Et cela procure un vivarium après le bal qui revigore.

    Ça fait flic-flic et ça remue étrangement pendant qu’on danse
    Et parfois l’élan les projette – patatras ! – en plein sur l’orchestre.
    Mais nous avons été émus par les rumeurs qui se condensent
    Au sein même des suffragettes qui trouvent leurs frusques indigestes.

    Et lorsque la nuit s’avoisine, on ramasse dans les coulisses
    Quelques poissons un peu hagards et des sirènes ensommeillées.
    Mais qu’importe si l’on devine, sous l’eau troublée par leur malice,
    Quelques danseurs dont le regard s’est, pour un soir, émerveillé.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux de les créditer.

  • Pourquoi offrir un couteau ?

    Pourquoi offrir un couteau ?

    Offrir un objet appointé à un ami porte malheur
    Qui doit l’mauvais sort conjurer par une pièce symbolique.
    Alors pourquoi pas s’accointer des grâces de plus grandes valeurs,
    Sans pour autant se parjurer, en offrant un couteau phallique ?

    Phallique à lame recourbée pour une pénétration lente
    Dans la tendre chair savoureuse, celle d’une sirène offerte
    Qui va lentement absorber cette douce dague insolente
    Dont la frénésie amoureuse devient pures délices souffertes.

    Mais le cadeau était trompeur et la lame à double tranchant
    Et le marin mourra d’amour au propre comme au figuré.
    Lui qui était venu sans peur séduit par la fille et son chant !
    La fin ne manque pas d’humour et le twist est transfiguré.

    Elle l’attire, nue dans l’onde, la voix sucrée, les reins de sel ;
    Le couteau d’amour, finement forgé du métal des promesses.
    Ses yeux fendus, comme deux mondes où l’homme oublie tout l’essentiel,
    S’enfoncent au cœur du firmament prêts à célébrer la grand-messe.

    Pendant qu’il jouit – qu’il croit jouir – elle s’ouvre à la lune nouvelle ;
    Lui, il sourit, pâlit, puis meurt… heureux, peut-être, mais bien trompé.
    Son sang qui va la réjouir coule dans sa bouche sensuelle ;
    Le mâle heureux connaît humeur d’une camarde détrempée.

    Tableau de Eva Frantova Fruhaufova.

  • Ma petite sirène

    J’avais ramené une sirène chez moi pour mon éducation
    Mais mon père me l’ayant volée, j’en étais resté tout frustré.
    Toutefois une nuit sereine ôta mes préoccupations
    Une fois que j’eus somnolé et fait un rêve fort illustré.

    Je répartis le lendemain à la recherche de sa sœur
    Dont j’avais aperçu en songe l’emplacement de son repaire.
    Je n’étais encore qu’un gamin sans l’expérience du chasseur
    Mais j’en avais marre des mensonges que m’avait racontés mon père.

    Je l’ai découverte isolée sur un rocher de la lagune,
    Pareille à celle de Copenhague, fidèle au conte d’Andersen.
    Ma déception s’est envolée lorsqu’elle s’approcha sans rancune
    Tandis qu’une incroyable vague m’engloutit de ses eaux malsaines.

    Quand je revins à moi, flottant dans l’abîme aux reflets liquides,
    Elle me serrait contre ses seins nus dans un silence séraphique.
    D’un baiser froid mais envoûtant, elle scella mes songes avides,
    Et m’entraîna vers l’inconnu dans une nage chorégraphique.

    Illustration de Nicole Claveloux.

  • La carte du tendre de la sirène

    La carte du tendre de la sirène

    J’ai, en guise d’invitation, reçu une carte marine
    Et une coquille vulvaire avec une perle nacrée.
    Sur la carte, une annotation : « ceci est la clef utérine
    Où beaucoup de marins trouvèrent l’attachement le plus sacré ! »

    J’ai donc traversé l’Atlantique en suivant la route du tendre
    Gravée sur la partie moirée de l’intérieur du coquillage ;
    En suivant les vents romantiques et, sans devoir beaucoup attendre,
    J’atteignis en fin de soirée la destinée de mon voyage.

    Une grotte semblable à ma valve, s’ouvrait entre deux bras de mer
    J’y pénétrai dans la toison formée de plantes odorantes.
    Sur l’autel en forme de vulve et le trône bleu-outremer,
    Vint ma sirène en pâmoison envers sa proie revigorante.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • La vague entre mes cuisses

    La vague entre mes cuisses

    Je suis née d’une brume où ton nom fait marée,
    Un frisson vertical qui remonte mes hanches ;
    Ma peau salée t’appelle, offerte, écartelée,
    Sous la lune couchée dans mes gouttes blanches.

    J’ai gardé dans mon ventre un trésor inconnu,
    Un coquillage d’or où ton souffle s’enroule ;
    Tu y reviens sans fin, naufragé revenu,
    Et tu t’y perds, en moi, dans mes algues qui roulent.

    Mon cri devient sirène et mon sexe un récif
    Où ta langue s’égare en cherchant la lumière ;
    Quand mes jambes se referment dans un motif,
    C’est que je t’ai happé — poisson de ma rivière.

    Et quand tu dors enfin, la vague entre mes cuisses
    Berce ton corps d’écume, et ma main sur ton cœur
    Note encore les vers que ton sperme m’indice
    En alphabet vivant, mouillé de notre heure.

    Texte de Laureline Lechat et Illustration de Milo Manara.

  • L’addiction aux moules

    L’addiction aux moules

    Après l’accouchement, Madame a repris goût
    Aux gratins de palourdes et moules en ragoût.
    Elle en demande tant que Monsieur énivré
    S’enregistre aux cartiers afin d’être livré.

    Et de troisième main, un jeune facteur en friche
    Viendra tous les matins apporter sa bourriche.
    Surpris au saut du lit par le coup de sonnette,
    Notre couple l’accueille, nus dans la maisonnette.

    Mais le garçon, troublé par cette étrange scène,
    Rougit sous la casquette et, d’une trique saine,
    S’invite au doux fumet de salade marine
    Et rêve de s’offrir, lui aussi, la rouquine.

    Et chaque jour depuis, double la livraison,
    Joignant à la corbeille un zeste d’addiction.
    On dit que la maison est une péroraison
    De cris d’invitations à d’autres suggestions.

    Tableau de Tobias Rivrain sur https:deepdreamgenerator.comutobiasrivrain .

  • Partie de moules

    Partie de moules

    On ne refuse pas une partie de moules
    Après un bon repas arrosé d’un Picpoul.
    Si Madame consent et Monsieur est en forme,
    Monter en balançant la jupe et l’uniforme.

    Demain les bigorneaux, après-demain les huitres ;
    On fera du porno moulé à juste titre.
    Samedi et dimanche, un gratin de palourde
    Après, c’est dans la manche, Madame sera lourde.

    Mais lundi au boulot, la Belle ballonnée
    Refuse le bulot, ne veut pas pardonner.
    Elle exigera fleurs, douceurs et chocolat ;
    Après ses premiers pleurs, chacun en reste là.


    Neuf mois sans coquillage, c’est comme les mois sans « R » ;
    Car plus de gaspillage de parties jambes en l’air !
    Mais après la naissance du nouvel arrivage
    L’envie avec aisance reprend à l’abordage.

    Tableau d’Andrei Protsouk.

  • La sirène médusée

    La sirène médusée

    Fasciné de bioluminescence
    dans les abysses les plus profondes,
    J’en recherchais les organismes
    méduses, calamars, sirènes.
    J’en perçus une évanescence
    pour peu que je ne la confonde
    Avec un microvolcanisme
    ou la naissance d’une reine.

    Je suivis alors ton enfance
    et toute ton adolescence,
    Parmi l’existence de bohème
    auprès de ton père et ta mère.
    Mais de peur que je ne t’offense,
    je t’envoie en reconnaissance
    Mon ancre chargée de poèmes
    écrits de reflets outre-mer.

    « Je nage en silence dans ton encre,
    tissée d’ombres et de velours,
    Je suis médusée de lumière
    mais pour toi je vibre en secret.
    Quand tu m’appelles en jetant l’ancre
    avec ton air le plus balourd,
    C’est pour moi l’impression première
    d’un feu doux à jamais sacré !

    Sous mon ombrelle phosphorescente,
    j’ai cousu ton nom qui m’effare
    Et chaque flagelle que j’agite
    retient un poème qui me touche.
    Tes rondes de plus en plus récentes
    m’obligent à briller comme un phare
    Et produire ce qu’il faut de gîte
    pour t’attirer contre ma bouche ! »

    Illustration de Digna Cournoyer sur https:www.flickr.comphotos134845334@N06 .