Catégorie : Reflets Vers inédits

Les maladroits, les trop osés, les non satisfaisants, les « à revoir » et tous ceux qui auraient sans doute dû finir à la poubelle.
Ils n’ont pas été choisis. Trop vifs, trop mous, trop bruts, trop flous.
Mais ils sont là. Fragments d’élan, chutes de vers, éclats d’essai.
Ils ne brillent pas toujours… mais parfois, ils clignent de l’âme.

  • Le Chien-Botté

    Le Chien-Botté

    Jamais n’aurais cru voir un jour le Chien-Botté sur des échasses
    Accompagné avec amour par une sorte de bécasse.
    D’accord, je me moque, il est vrai mais je vois passer toutes sortes
    De promeneuses en livrée et leurs toutous qui les emporte.

    J’en ai croisé une souvent, de ma fenêtre ou dans les champs,
    Même dans les sentiers de montagne, le nez collé au téléphone.
    Et les trois toutous, tous devant, tirent la laisse en s’attachant
    À bien conduire leur compagne vers les chemins qui mènent à Rome.

    Tableau d’Oleg Tchoubakov.

  • La mode à vélo

    Bien sûr, la bicyclette prime mais la mode vestimentaire
    Reste de première importance, on n’est pas que des cons qui roulent !
    Le rudimentaire déprime. Vivent les marques règlementaires !
    Maillot rayé en évidence ou à carreaux et pied de poule.

    Ils roulent souvent en groupuscules, tous vêtus de la même façon ;
    Mêmes couleurs, mêmes gabarits, peut-être le même vélo.
    Lorsque j’en vois au crépuscule, habillés de contrefaçons,
    Je réfléchis et je parie qu’ils sont tous partis à vau-l’eau.

    Tableau d’Oleg Tchoubakov.

  • Les chemins de prédilection

    Comme une boussole un peu folle qui mettrait le nord en arrière,
    Elle fonçait vers son destin dans la mauvaise direction.
    Tous les chemins, elle en raffole, ceux qui vont à Rome par derrière,
    Par des raccourcis clandestins mais surtout de prédilection.

    Rien que pour me contrarier, elle a changé de direction.
    Au temps pour moi, elle a passé l’autre côté de la rivière.
    Je la croyais dévariée mais elle suit par conviction
    La même route qu’elle a tracée et qui s’en va devant-derrière.

    Tableau d’Oleg Tchoubakov.

  • Le triste sort de Roméo

    Le triste sort de Roméo

    Repris, on lui coupa ses cornes et on le marqua de couleur.
    Et on le conduisit au bagne attaché à un gros boulet
    De laine à des milliers de bornes pour y ruminer sa douleur.
    Quand Roméo bat la campagne, c’est dans ses rêves chamboulés.

    Tableau d’Anita Køtlum Petersen sur https:www.a9ta.dkportfoliodyr .

  • La fuite de Roméo

    La fuite de Roméo

    Or, un jour la porte s’ouvrît, quelqu’un l’avait dû mal fermer.
    « Je suis enfin un bélier libre ! » Pensa Roméo en courant
    Vers d’autres lieux qu’il découvrit, d’autres animaux enfermés
    Qui font la chaîne en équilibre de l’esclavage concourant.

    Tableau d’Anita Køtlum Petersen sur https:www.a9ta.dkportfoliodyr .

  • Le blues de Roméo

    Roméo, le chef du troupeau incarnait un drôle de pionnier.
    Premier à sortir de l’étable et à se perdre dans la nature.
    Le chien courait de l’entrepôt à la poursuite du prisonnier
    Car Roméo, c’était notable, en refusait la dictature.

    Car tous les soirs on l’enfermait dans une belle cage dorée
    Avec une musique douce que son marasme recouvrit.
    Il ne pouvait s’y conformer, rêvait à ses plaines adorées.
    Il suffisait d’une secousse afin que la porte s’ouvrît.

    Tableau d’Anita Køtlum Petersen sur https:www.a9ta.dkportfoliodyr .

  • L’automne invisible

    L’automne invisible

    Personne n’aperçoit son ombre, entre les arbres, s’avancer.
    L’automne cherche une messagère, une feuille qui connaît le code.
    Elle va lui confier le nombre de ce qu’il faudra agencer
    En lots de fleurs paysagères pour le printemps aux antipodes.

    Tableau de Sulamith Wulfing.

  • Le bien rêver

    Comme le disait si bien Montaigne, pionnier de l’art de voyager :
    « Le voyage est une pratique qui est l’école de la vie. »
    Et de peur que je me contraigne à cesser d’être apanagé,
    Je choisis une sympathique façon d’aller qui me ravit.

    D’abord je voyage dans les limbes, première classe et tout confort
    En m’abandonnant à mes rêves vers des mondes émerveillés.
    J’y vois les dieux du Mont Olympe m’apporter tout le réconfort
    Au fil des nuits blanches sans trêve car j’y vis des songes éveillés.

    Tableau d’Anne Bachelier.

  • Jouir au soleil

    Jouir au soleil

    Saluer le soleil à l’aube la replonge en catalepsie
    Comme si l’astre hypnotiseur la soumettait à sa puissance.
    Elle dégage alors les globes de ses seins en synergie
    Pour capter l’or magnétiseur du flamboiement de jouissance.

    Tableau de Sulamith Wulfing.

  • Mon crocodile et moi

    Mon crocodile et moi

    J’ai adopté un crocodile qui vit dans la salle de bains
    Dont le style assez rococo le laisse tout indifférent.
    J’éprouve vraiment une idylle avec mon petit chérubin
    Et maintenant mon vieux croco, tu descends bouffer mes parents !

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Mon tigre et moi

    Mon tigre et moi

    Par une chatière adaptée aux dimensions de mon minet,
    Celui-ci, sans peine, entre et sort quand je l’accueille le dimanche.
    Tout le voisinage a capté que depuis, dans mon jardinet,
    On rencontrait le mauvais sort si l’on ne montrait patte blanche.

    Photo de Tipi Herden et de son animal de compagnie.

  • Le chat débotté

    Non pas déculotté mais débotté, paraît le chat comme un pacha.
    Ses affaires ont pris de l’ampleur, associé à une virago
    Qui fut, d’un procès, déboutée – elle s’appelait Natacha.
    On dit qu’ils sont des imposteurs mais ils ignorent les ragots.

    Quant à la virago, sachez que son histoire est compliquée.
    Aristocrate d’Odessa, elle pratiquait la magie noire.
    Mais il ne faut pas vous fâcher si elle vous a impliqués
    Dans les affaires qu’elle confessa, elle vit recluse en son manoir.

    Tableau d’Anne Bachelier.

  • La chamanibou

    La chamanibou

    Sous sa cape couleur du jour, danse nue la chamanibou
    Escortée de deux acolytes vêtus de dominos nacrés.
    Évidemment, comme toujours, elle interroge les hiboux
    Qui ont révélé l’insolite mystère de la nuit sacrée.

    Tableau d’Anne Bachelier.

  • Quand tombe le masque

    Quand tombe le masque

    Au moment où le masque tombe, l’âme se trouve dénudée
    Car le visage ne cache plus l’intimité de ses contours.
    Alors les paupières succombent et couvrent les yeux éludés
    Qui sentent la pudeur qui reflue de découvrir tous ses atours.

    Tableau de Rita Cavallari.

  • Les trois Zo

    Les trois Zo

    Les sœurs Zo aiment les oiseaux, on les appelle les trois Zo.
    Elles organisent des rituels pour les clients habituels
    Qui viennent observer sereins la chorégraphie des serins
    Que les sœurs ont apprivoisés afin de les faire pavoiser.

    Tableau d’Anne Bachelier.

  • Les seins bleu-de-nuit

    Les seins bleu-de-nuit

    Nue, sous une lumière noire, un peu de rouge sur les épaules ;
    Les mamelons apparaissant comme deux poignards bleu-de-nuit.
    Aucun oubli dans ma mémoire, même la couleur de son étole
    Ainsi que ses seins turgescents me reviennent encore aujourd’hui.

    Tableau de Rita Cavallari.

  • L’oiseau de bonnes nouvelles

    L’oiseau de bonnes nouvelles

    Selon la couleur du plumage qu’il transmet au destinataire,
    Les nouvelles brilleront d’or, d’argent et le lapis-lazuli.
    Pour les mauvaises, il est dommage qu’elles soient aussi terre-à-terre,
    L’oiseau ressemble à un condor de la couleur du patchouli.

    Tableau de Skupova Lyubov.

  • Les mauvaises humeurs de la fée des fleurs

    Les mauvaises humeurs de la fée des fleurs

    N’ dérangez pas la fée des fleurs lorsqu’elle fait ses ablutions !
    Elle se montre de mauvaise humeur lorsqu’on lui trouble sa boisson.
    Une fois je l’ai vue en pleurs après une bête interruption
    Qu’avait provoquée un frimeur qu’elle a transformé en poisson.

    Tableau d’Anne Bachelier.

  • Croque-pomme

    Quel plaisir de croquer la pomme la première fois secrètement
    Et, bien sûr, de recommencer pour varier les positions !
    Car la femme mélangée à l’homme offre une liqueur extrêmement
    Fertile pour ensemencer selon leurs prédispositions.

    Une fois la pomme croquée et que l’enfant est arrivé,
    Goûter encore au fruit secret n’a plus vraiment la même portée.
    D’abord le temps est escroqué au rejeton suractivé ;
    Sans compter le risque concret d’en voir d’autres téléportés.

    Tableaux de Yuri Macyk.

  • La question

    La question

    Quand le cœur est morose, poussent-il une rose ?
    Quand le corps est meurtri, l’est-il n symétrie ?
    Quand l’esprit est ailleurs, lui faut-il un tailleur ?
    Et à l’âme bien née, combien faut-il d’années ?

    Tableau d’Aykut Aydoğdu.

  • L’aura énergétique

    Selon l’aura énergétique qui circule dans notre corps,
    Celui-ci pourrait exprimer différentes émanations.
    Vers un rouge signalétique iront les stress et désaccords
    Et vers un bleu ciel sublimé, les plus intimes inflammations.

    Selon si le cœur est heureux, de longues volutes amoureuses
    Remonteront par les dorsales et descendront par les lombaires.
    Selon si l’esprit est peureux, des ondes courtes et langoureuses
    Secoueront les tripes abyssales et le second cerveau bulbaire.

    Tableaux d’Alberto Seveso.

  • Nous, les moutons

    Nous, les moutons

    Nous, les moutons, noirs, jaunes ou blancs, on nous roule trop facilement.
    On nous tond la laine sur le dos pour nous la revendre aussitôt.
    On nous fait regarder en l’air pour mieux détourner nos affaires
    Et le pompon de l’escroquerie c’est le loup dans la bergerie.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Scan – 1

    Scan - 1

    Selon comment on est scanné par les appareils détecteurs,
    On apparaît le corps paré de vraies ou de fausses couleurs.
    Un sein bleu ou bien safrané, un sein vert plutôt protecteur
    Et tous les rêves bigarrés un peu comme souffre-douleur.

    Tableau de Rita Cavallari.

  • Scan – 2

    Scan - 2

    Selon l’éclairage des regards braqués sous les feux de la rampe,
    Vous serez nus ou habillés d’une seconde vérité.
    Votre cœur restera hagard, mais vous serez d’une autre trempe
    Qui accepte à coup de billets ce dont vous croyiez mériter.

    Tableau de Rita Cavallari.

  • Collier soutif

    Collier soutif

    Toute une brassière en perles fines comme un soutien-gorge nacré,
    Fallait oser, j’en ai rêvé, elle l’a fait, j’en suis comblé.
    En deux, trois rangs, elle raffine l’éclat des mamelles sacrées
    Sur lesquelles ne pas me priver d’y poser une main d’emblée.

    Tableau de Skupova Lyubov.

  • Pas de Lapis sans l’Azuli – 3

    Pas de Lapis sans l’Azuli - 3

    Toujours en est-il de Lapis, j’en rencontre souvent en forêt,
    Sur les plateaux vers les collines dans ma région alémanique.
    Le matin serait plus propice à cause des rayons arborés
    De l’aube de couleur violine des paysages germaniques.

    Toujours de bleu sombre vêtues, elles suivent la piste d’étoiles
    Que Lapis sillonne désormais dans le cœur de ces cavalières.
    Parfois juste assez dévêtues, juste sur leurs seins nus, un voile
    Qui flotte au vent à tout jamais dans les légendes festivalières.

    Tableau de Peter Mitchev.

  • Pas de Lapis sans l’Azuli – 1

    Pas de Lapis sans l’Azuli - 1

    Lapis était reine d’Égypte et possédait un cheval bleu
    Qui répondait au nom d’Azuli, un nom qui sonnait dans le vent.
    Quant au Pharaon, lui, dans sa crypte, se consacrait au fabuleux
    Culte du lapis-lazuli qui jaillit du soleil levant.

    Personne n’a trouvé son tombeau, on prétend qu’il n’est que légende
    Pourtant la pierre du bleu profond existe toujours aujourd’hui.
    Alors qui reprendra le flambeau du cristal de couleur lavande
    Et ressortira des tréfonds le nouveau culte réintroduit ?

    Tableau de Peter Mitchev.

  • Pas de Lapis sans l’Azuli – 2

    Pas de Lapis sans l’Azuli - 2

    Lapis serait réincarnée en une très belle amazone
    Dont le père a ressuscité le fameux cheval Azuli.
    On dit qu’ils se sont acharnés à perpétuer leur icône
    En brisant la caducité du précieux lapis-lazuli.

    Voici pourquoi, quand vous portez le bijou à l’éclat d’azur,
    L’envie vous prend de chevaucher seins nus une nuit étoilée.
    Mais quelle qu’en soit la portée du temps, au fur et à mesure,
    La jolie légende ébauchée un jour nous sera dévoilée.

    Tableau de Peter Mitchev.

  • La pomme d’amour

    La pomme d’amour

    D’abord l’odeur de sa peau ferme qui sonne quand on la tapote ;
    Après le jet cru dans la bouche quand on l’embrasse tendrement ;
    Puis, le goût que le suc renferme quand on enlève la capote ;
    Enfin, le plaisir de la couche qui va accueillir les amants.

    Tableau de Peter Mitchev.

  • Le culte du chat

    Le culte du chat

    La femme et le chat sont liés par cet étrange attachement
    Qui unit leurs deux intuitions qui se renforcent l’une, l’autre.
    Elle aime bien se replier sur son corps par le truchement
    D’une caresse et l’affection dont chacun d’eux se fait l’apôtre.

    Tableau de Peter Mitchev.

  • Rouge cerise

    Rouge cerise

    Rouge cerise sont ses lèvres au goût sucré pareillement.
    Rouge cerise, ses mamelons quand on les tète tendrement.
    Et quand son sexe, pareil au lièvre, donne du bec à son amant,
    Il a la saveur du melon quand ses reins font un cambrement.

    Tableau de Peter Mitchev.

  • Dans l’espérance d’une promesse

    Dans l’espérance d’une promesse

    Cela lui est arrivé hier tandis qu’il rentrait de la pêche ;
    Une étoile, jaillie de la mer, lui souleva l’embarcation.
    Après cette entrée en matière, il se hâte et il se dépêche
    À la rencontre de la chimère qui l’emporte en expectation.

    Tableau de Jimmy Lawlor.

  • Le culte de l’œuf

    Le culte de l’œuf

    Soumise à l’œuf par vocation et parce que son corps lui rappelle
    Par ses rondeurs, par sa poitrine et par son ventre l’attachement
    À cette Sainte Ovulation, dont son corps bâtit la chapelle
    Pour en respecter les racines et le rite de l’accouchement.

    Tableau de Peter Mitchev.

  • Les mains vertes

    Les mains vertes

    Cette énergie qui vient du cœur et monte du canal de l’âme
    Se répand autour des mains vertes en synergie de guérison.
    Plutôt qu’un désir de vainqueur, un plaisir d’émettre la flamme
    Pour partager les découvertes et les porter à l’horizon.

    Tableau de Freydoon Rassouli.

  • La transmission

    Bien sûr, le système reptilien renferme les informations
    Accumulées depuis que Dieu a déclenché le processus.
    Pourtant il reste un autre lien qui peut, par imagination,
    Faire remonter vers d’autres lieux comme un magique consensus.

    Ces lieux n’existent pas encore, ils le seront si nous vivons
    Pour leur transmettre la planète par le biais de nos descendants.
    Ceux-là qui produiront l’accord – auquel aujourd’hui souscrivons –
    Et qui tireront la sonnette qui sauvera leurs ascendants.

    Tableau de Freydoon Rassouli.

  • La femme araignée

    Au début, elle marche à quatre pattes ; c’est pour mieux étudier le sol.
    Après elle tient sur ses deux jambes ; c’est pour mieux courir les garçons.
    Plus tard, elle se carapate ; ses propres enfants la consolent.
    Ce soir, elle est encore ingambe à sauter le cheval d’arçon.

    Mais lorsqu’elle devient amoureuse, se produit la métamorphose.
    Bras et jambes sont à la fête pour la plus belle séduction.
    Elle prend des poses langoureuses, par moments devient toute chose
    Mais elle nous fait tourner la tête et ça devient une addiction.

    Photo de Bruno Birkhofer.

  • Une femme, c’est du bouleau

    Être une femme, quel boulot de tout recommencer à zéro.
    Renaître fille, devenir mère, être grand-mère et repartir.
    Beau matériau, bois de bouleau, je te contemple comme un héros
    Qui naît pour une vie éphémère et sera traitée en martyr.

    Une héroïne enracinée à l’existence qu’elle préserve
    Par ce long lien ombilical qui remonte à la création.
    Comment peut-on l’assassiner alors que l’avenir lui réserve
    Le rôle sacré pontifical de la sainte procréation ?

    Photos de Bruno Birkhofer.

  • Sortie du cocon

    Sortie du cocon

    Cette danseuse, née d’une étoile, juste sortie de son cocon
    Grâce à ses pointes qu’elle étire pour prendre conscience du sol.
    Encore maintenue par le voile des limbes qui tombent en flocons
    Et la corolle qui se retire, la maintient comme un parasol.

    Photo de Bruno Birkhofer.

  • Papillon de jour, papillon de nuit

    Je suis un papillon de jour qui bat ses ailes au réveil
    Pour retrouver la fleur qu’il aime à l’heure du petit déjeuner.
    Puis, selon l’humeur du séjour, j’irai saluer le soleil
    Et les nuages de dilemmes que les humains ont égrenés.

    Je suis un papillon du soir qui bat ses ailes au crépuscule
    Pour voleter chez la voisine et les balcons de mon immeuble.
    Selon la tension du pressoir qu’on feuillette dans les fascicules
    J’entends trinquer dans les cuisines ou pleurer entre quatre meubles.

    Tableau de Derek Gores.

  • Madame et son chat en automne

    Madame et son chat en automne

    Rien n’a changé sinon la pluie mais son minet n’en a que faire
    Car il trottine entre les gouttes tenant sa ligne de flottaison.
    Pour Madame sous son parapluie, ça paraît être une autre affaire
    Car dès qu’il pleut, elle s’en dégoûte et rentre vite à la maison.

    Collage de Derek Gores.

  • La beauté réfléchie

    La beauté réfléchie

    Le miroir se montrait morose et devait sept fois réfléchir
    Lorsqu’il annonçait la beauté qu’on lui réclamait d’afficher.
    Par une image à l’eau-de-rose, il tentait de faire fléchir
    Celle qui rivalisait, butée, avec le tain de sa psyché.

    Tableau de Derek Gores.

  • La barmaid aux seins nus

    Frisant le scandale aux bonnes mœurs, une serveuse était seins-nus,
    Arborant sa fière poitrine comme ornement sans importance.
    Il régnait une bonne humeur dans le bar sis sur l’avenue
    Qui exposait, par sa vitrine, une barmaid de circonstance.

    Derrière un rideau vert foncé, dans la lumière tamisée,
    On peut s’asseoir dans un salon dans l’atmosphère satineuse.
    Dans un fauteuil, bien enfoncé, whisky ou boisson anisée
    Apportée par des hauts talons et les seins nus de l’entraîneuse.

    Tableau de Derek Gores.

  • La chambre d’hôtel

    La chambre d’hôtel

    La chambre était spacieuse, mobilier assez strict,
    Mais le balcon donnait une douce lumière.
    Dans l’ombre silencieuse, la chaleur sans verdict
    Tombait abandonnée d’une pluie de poussière.

    J’étais à Barcelone aux quartiers du palais
    Ne sortant que la nuit pour un peu de fraîcheur.
    J’y ai vu des madones et des sénégalais
    Qui trainaient devant l’huis des maisons de pêcheurs.

    Puis je suis remonté par les ruelles sombres
    Ponctuées de restaurants et de bar à musique.
    Des filles bien montées, belles dans la pénombre,
    Fumaient en instaurant un climat pathétique.

    Tableau de Robert Burridge.

  • La chambre à côté

    La chambre à côté

    Dans la chambre à côté, la porte était ouverte
    Alors je suis entré pour braver l’inconnu.
    Une femme de toute beauté, se tenait, découverte,
    Et m’a déconcentré ; elle était toute nue.

    Elle ne parle pas – peut-être est-elle muette –
    M’observe de ses yeux noirs et son regard profond.
    Je fais le premier pas et, d’une voix fluette,
    Je lui ai dit : « Bonsoir. Tout seul, je me morfonds ! »

    Elle m’a laissé asseoir, m’a longtemps écouté
    Les deux mains sur les cuisses, le regard un peu lourd.
    Enfin j’ai dû surseoir à l’instant redouté ;
    Je suis rentré en Suisse mais j’y pense toujours.

    Tableau de Robert Burridge.

  • Le vol du Phénix

    Le vol du Phénix

    Le vol du Phénix me surprend quand le soleil au crépuscule
    Veut montrer qu’il est le plus fort à sa cour de nuages sombres.
    Alors les plus grands s’empourprant de la clarté qu’ils véhiculent
    Rendent gloire en prenant l’essor de l’oiseau de feu, tous en nombre.

    Photo « Dying thunderstorm » de Jonas Piontek.

  • L’arbre-minuit

    L’arbre-minuit

    Les grands mimosas du Japon, toute la journée portent l’ombre
    Sans laisser le moindre rayon percer leurs rameaux de minuit.
    J’étais assis sous son jupon, les yeux fixés sur la pénombre,
    Guettant où placer un clayon par lequel s’égoutterait la nuit.

    Photo de Noriyuki Kajiwar.

  • Au bout du fil

    Au bout du fil

    Au pied du mur, on voit le maçon ; au bout du fil, on voit le son
    Qui se dandine au gré du vent, qui se baisse en se soulevant.
    Il peut aussi raccommoder les conversations démodées
    Et les remettre au goût du jour en le cousant avec amour.

    Tableau d’Oleg Oprisco.

  • La musique en couleurs

    La musique en couleurs

    Un air de musique en couleurs ? Jouez-moi Fa Si La Do Ré
    Et je vous peindrai sans douleur l’ouïe en notes colorées.
    Rajoutez-y quelques paroles avec du blues à l’eau de rose
    Ou encore une barcarolle et le cœur se métamorphose.

    Tableau d’Iwona Lifsches.

  • Belle à croquer

    Belle à croquer

    Belle à croquer… c’est vite dit si vous avez de l’appétit !
    Juste glissée entre deux tranches comme entre deux literies blanches.
    Plutôt œuf à la coquemouillette ? Trempez-y votre zigounette !
    Mais d’abord en bien tout honneur, consacrez-lui une bonne heure.

    Collage d’Eugenia Loli.

  • Minéraux en folie

    Bientôt les minéraux reconquerront la surface de notre planète
    Quand les végétaux disparus auront laissé la Terre vierge.
    Nous verrons devant nos perrons surgir leurs arêtes bien nettes
    Et dès qu’ils seront apparus nous pourrons allumer un cierge…

    Car

    Nos os se cristalliseront et notre sang sera d’albâtre ;
    Nos yeux vireront émeraude et nos dents seront en diamant.
    Quand nous le réaliserons, notre peau deviendra blanchâtre ;
    Tâtez si votre crâne s’érode car ça commence dès maintenant.

    Collage d’Eugenia Loli.