Catégorie : 2025

  • Vive la mariée !

    Vive la mariée !

    Je l’ai épousée en septembre, un an après notre rencontre.
    Qui aurait pu croire ma voisine en robe de mariée coquine !
    Juste un chemisier transparent sur sa poitrine généreuse,
    Juste une gaine se modelant sur son périnée épilé.

    L’officier public en rougit ; il bégayait et pas qu’un peu ;
    Je crois qu’il s’est pris à trois fois et s’est même repris plusieurs fois.
    Au moment des « Oui » fatidiques, il transpirait à grosses gouttes
    Et quand la mariée acquiesça, sur sa chaise il s’assit vaincu

    Car tandis que les dos tournés à la foule des invités,
    La main glissée au pantalon, la mariée comme un hochet
    Jouait avec le sex-appeal auquel elle était devenue
    Accro – véritable addiction – qui sema le trouble public

    De l’officier d’état civil qui, loin de s’en scandaliser,
    Suivait des yeux les mouvements tant ascendants que descendants.
    Je ne sais pas s’il en jouit mais lorsqu’il s’assit, épuisé,
    Il poussa un si long soupir qu’on crut à de l’apoplexie.

    Monica Bellucci photographiée par Helmut Newton.

  • Quand le moment sera venu

    À force de voir défiler toutes ces déesses en rêve,
    J’en matérialiserai une lorsque le temps sera venu.
    D’ici là, je dois m’enfiler tout un aréopage sans trêve
    De jolies blondes, rousses et brunes pour leur souhaiter la bienvenue.

    Au moment le plus opportun, quand je m’y attendrai le moins,
    L’une d’elles crèvera mon rêve et me rejoindra dans mon lit.
    Car il est écrit que chacun a son âme-sœur qui coince au loin
    Sa bulle jusqu’à ce qu’elle crève sous l’effet du bon stimuli.

    Reste à savoir lequel bien sûr mais pour cela, il faut rêver,
    Rêver, imaginer sans cesse comme une expérience alchimique
    Jusqu’à s’attirer la censure sur ses fantasmes mal-élevés
    À faire rougir une suissesse allemande et cyclothymique.

    Voilà pourquoi je vis en Suisse pour m’initier au fil des jours
    À procréer Ex nihilo par mes rêves de jolies poupées.
    Autant de poèmes que je puisse réaliser dans mon séjour
    Et voir la Vénus de Milo m’étreindre de ses bras coupés.

    Tableaux de Louis Treserras sur www.artlimited.net8775artpeinture-le-moment-venu-divers-gens-nuen77105 .

  • Juste vêtue d’un tout petit rien

    Juste vêtue d’un tout petit rien

    Il était trois heures du matin lorsqu’elle sonna à ma porte.
    À moitié endormi j’ouvris ; elle était là à moitié nue,
    Juste vêtue d’un petit rien, une chemise sans façon
    Posée sur ses frêles épaules et ne cachant rien de ses charmes.

    « Pourriez-vous me prêter des piles ? » Me demanda-t-elle hardiment.
    « Je n’en ai plus à la maison et j’ai pensé qu’entre voisins
    Vous auriez l’amabilité de m’en fournir quatre exemplaires
    Pour mon sex-toy électronique qui vient de me laisser en plan ! »

    J’invitai la fille à entrer en faisant semblant de chercher
    Les piles qui étaient stockées bien à l’abri dans leur placard.
    Prenant pitié du désarroi de ma voisine assez frustrée,
    Je lui proposai d’échanger son gode par mon intimité.

    La main direct au pantalon, elle tâta la marchandise
    Qui jaillit par l’excitation contre toute gravitation.
    C’est ainsi que mon sexe sans pile a pris le grade de sex-appeal
    Et que j’ai confié sa clef à ma concubine abonnée.

    Moralité : en avril, ne te découvre pas d’un fil !

    Tableau de William Oxer.

  • La fleur à tête de chat

    Trois petits chats et même quatre sautant d’une plante isolée
    M’ont surpris tandis que j’errais en recherche d’inspiration.
    Aussi immobiles que folâtres, ne voulant pas les affoler
    Et réfrénant mon intérêt, je retins ma respiration.

    C’est ainsi que je découvris la « fleur à la tête de chat »
    Envoyée par un anonyme correspondant électronique.
    Surfant sur internet, j’ouvris tout en donnant ma langue au chat
    Des pages et des pages éponymes sans trouver d’exemplaire unique.

    J’ai donc fini par soupçonner l’intelligence artificielle
    De m’avoir monté une farce, histoire de me faire sourire.
    Ces circuits ont dû bouillonner d’une énergie spirituelle
    Avec ses mémoires comparses et tous ses serveurs en délire !

    « Et dans un coin de mon esprit, un doute persiste et s’étire :
    Ces chats-fleurs ont-ils existé ou n’étaient-ils qu’un doux mirage ?
    Un rêve imprimé par l’écrit, né d’un algorithme à sourire,
    Ou bien l’écho manifesté et caché derrière un autre âge ? »

    La fleur à tête de chat a été générée par l’intelligence artificielle.

  • Ce fichu changement d’heure !

    Ce fichu changement d’heure !

    Un petit changement bénin qui devient grand chamboulement
    D’abord senti par l’estomac, mon sommeil et mes aptitudes.
    Puis comme un perfide venin qui s’inocule mentalement,
    Un grain de sable, juste un comma, dans le rouage des habitudes.

    Et les soirées interminables où j’attends l’étoile polaire
    Pour écouter la Voie Lactée venir me souhaiter bonne nuit !
    Mais ces deux heures incriminables volées sur le cadran solaire
    Dissonent d’un trouble impacté comme treize coups de minuit.

    Mais on a banni le soleil comme régulateur instruit ;
    La course à la montre domine l’emploi du temps sociologique.
    L’homme moderne alors balaye ce que la nature a construit
    Et l’heure d’été abomine ma propre horloge physiologique

    Et moi, je traîne en robe d’ombre sur le quai d’une gare sans train,
    Le ciel me pend des horloges molles, absurdes astres sans mémoire.
    On dit que l’heure est un grand nombre ; moi je la cherche à pleines mains
    Mais chaque tic me rend plus folle… ou plus lucide, c’est notoire.

    Tableau de Rafal Olbinski sur https:moicani.over-blog.com202004the-art-of-rafal-olbinski.html .

  • Le changement d’heure déchue

    Le changement d’heure déchue

    On a tous reculé d’une heure ou avancé la p’tite aiguille
    Et j’ai un peu perdu ma tête, le cœur avance sur la raison.
    Toujours une histoire de cœur lorsque l’horloge fait tic-tac,
    Toujours une histoire d’amour lorsque le temps soudain s’arrête.

    C’est la guillotine du temps, le couperet à la seconde ;
    Des silhouettes sur un ciel noir qui coupent mes rêves d’antan
    Dans un velours d’obscurité où une lumière clignote
    Pareille au phare qui dans la nuit perce trois heures du matin.

    Et moi, je suis nue comme l’aube, j’attends mon prince intemporel ;
    J’attends qu’une pendule hésite à lui ouvrir le huis de mon cœur.
    Fendre ma robe est inutile, je l’ai jetée depuis longtemps
    Pour sentir le dard dans mon sexe de cette heure qui est en retard !

    Mais l’aiguille, coquine, hésite ; elle bande et se remet à l’heure ;
    Son tic est moite, son tac soupire, elle me retourne et me pendule.
    Une seconde me visite d’une minute mais c’est un leurre
    Et quand l’heure mord comme un vampire, je jouis, je crie et je stridule !

    Tableau d’Andrej Mashkovtsev sur https:skysnail.livejournal.com725862.html .

  • Vivement ce soir quand on se couche !

    Vivement ce soir quand on se couche !

    Être une femme, c’est fatiguant pour les guiboles et les talons
    Qui tracent maintes circonférences comme un compas érotisé.
    Surtout pour celles s’investiguant à ne pas mettre de pantalon
    Pour provoquer l’intempérance des jeunes mâles hypnotisés.

    Si le charme a du potentiel, la séduction est l’énergie
    Qui fait soulever les montagnes à ce qu’on dit prétendument.
    L’amour est un référentiel qui additionne en synergie
    Le cœur des hommes et leurs compagnes qui s’exténuent éperdument.

    Sitôt le premier pied posé à terre part le compte à rebours ;
    Chaque rond de jambes est noté et chaque flexion des genoux.
    Elles ne seront jamais reposées tant elles sont toujours à la bourre
    En tant que mère connotée, épouse, maîtresse ou nounou.

    Illustration de Jean-Baptiste Andreæ sur https:sambabd.net20190220pin-up-321-tout-lart-de-jean-baptiste-andreade .

  • Nous perdons le bon en cherchant le meilleur

    « Le mieux est l’ennemi du bien » alors à quoi bon le progrès ?
    À toujours trop vouloir sans cesse grandir, croître et évoluer ;
    À toujours demander « combien ? » sans avoir le moindre regret ;
    Tout ça, c’est montrer sa bassesse se mentir et se dévaluer.

    On ne voit mieux qu’avec le cœur alors à quoi bon mesurer ?
    Toujours user de sa science pour encore expliquer son art ;
    Toujours réserver au vainqueur les honneurs les plus délurés,
    Tout ça, c’est placer sa conscience au même niveau qu’un sonar.

    Ainsi l’œil qui ne juge point, ainsi l’œil qui ne pense pas,
    Est alors relié à l’âme sans se connecter à l’esprit
    Qui réfléchit au contrepoint avec la règle et le compas
    Et qui tranche comme une lame avec les mots qu’il a appris.

    Comment arrêter de penser, stopper le flot de ses idées,
    Se sentir mieux dans le silence afin de pouvoir observer ?
    Le cœur d’enfant récompensé lorsqu’il est seul à décider
    Et choisir sans équivalence le bon qu’il souhaite conserver.



    Le titre est une citation attribuée à Franz Kafka mais il ne l’aurait jamais prononcée, paraît-il.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Vers l’œil de ma mère

    Vers l’œil de ma mère

    Sorti du ventre de ma mère, le cœur, l’âme et l’esprit succincts,
    Je n’ai le moindre souvenir du paradis où je suis né.
    Ai-je croqué la pomme amère qui m’a expulsé de son sein
    Dans lequel je ne peux revenir comme si j’étais condamné ?

    D’où viens-je, où vais-je ? Je le sais ! Je suis le fleuve de la vie
    Dont la source est alimentée par la même âme qui me convoie.
    Et je vis mon dernier essai comme une lumière asservie
    Par une énergie cimentée au son d’une petite voix.

    Une petite voix qui m’émerveille tout comme l’amour d’une femme
    Qui fait le lien des origines aux destinées qui nous rassemblent.
    Le cœur, l’âme et l’esprit s’éveillent ; mon corps devient tout feu tout flamme.
    Homme ou femme ? Je suis androgyne car nous sommes liés tous ensemble.

    Je suis l’écorce et le noyau, la feuille et la racine tendre,
    Le fruit tombé dans les confins, l’oubli que j‘ai si peur d’attendre.
    Je suis la mémoire des eaux qui montent pour mieux redescendre
    Et dans l’œil de ma mère, enfin, je n’ai plus besoin de comprendre.

    Tableau de Shehrizad Khan du groupe VINCENT VAN GOGH.

  • Prie comme l’oiseau – 3

    Prie comme l’oiseau - 3

    Je n’ai plus besoin de prier, la prière est mon expression ;
    Non plus un appel vers le ciel, mais une connexion ouverte.
    Je n’ai plus besoin de crier ; je ne suis plus en dépression
    J’ai en moi l’écho essentiel vers les plus belles découvertes.

    Je suis cet arbre qui écoute et cette averse qui le nomme,
    Je suis cette herbe qui repousse sans cesse sans savoir d’où elle vient.
    Je crois en même temps je doute, car hélas je ne suis qu’un homme
    Mais dont le cœur à la rescousse me conduit vers ce qui convient.

    Je suis devenu plus qu’un homme, je suis toute l’humanité ;
    Je suis relié au réseau de vie multidimensionnelle
    Qui relie chaque chromosome à la chaîne de l’infinité
    Et moi je suis comme l’oiseau au cœur d’une étoile éternelle.

    Je ne descends plus de l’esprit, je l’habite à chaque seconde ;
    Je suis le vent, l’eau et la terre qui brûlent d’un feu essentiel.
    Ma pensée dépasse l’écrit, ma plume se fait vagabonde
    À l’encre teintée de mystère mais aux échos confidentiels.

    Tableau d’Emilia Suarez.

  • Le démon du peintre ex nihilo

    Au-delà du surréalisme se niche l’hyperréalisme ;
    Technique d’artiste suprême qui donne à son tableau la vie.
    Pas vraiment du créationnisme ni du simple matérialisme
    Il s’agit là de l’art extrême où aujourd’hui je vous convie :

    Prenez d’abord comme modèle une femme dont les proportions
    Vous semblent des plus naturelles des plus divines créatures.
    Peignez de manière fidèle et sans la moindre distorsion,
    Décidez-vous pour l’aquarelle de préférence grandeur nature.

    Une fois votre œuvre achevée, laissez votre cœur s’exprimer
    Et lui brosser l’ultime couche d’amour diluée d’eau-de-vie.
    Alors la femme parachevée, de la toile en surimprimé,
    Sortira sitôt que la touche votre main sous vos yeux ravis.

    Tableaux de René Magritte, Arnold Kohn et Salvador Dali.

  • Les Dandelionnes

    Une autre fois, un autre temps, Dame Larousse fut de sortie
    Semant sa prose à tous les vents, les noms propres et les pages roses.
    Ainsi soit-elle, sans contretemps, elle parla d’un ton assorti
    Aux accents qui viennent du levant avec des gloussements moroses.

    Dame Robert dodelinant de la poitrine évidemment
    Parsema de graines à son tour les pages vierges à carreaux.
    Avec des gestes s’acoquinant tous les poètes les plus déments
    Pour distribuer aux alentours leurs pamphlets dans Le Figaro.

    Comme tout se vend et tout s’achette, Dame Bordas fut de la partie
    Comme secrétaire générale de l’assemblée des dandelionnes,
    Épistolaires suffragettes qui ont toujours la répartie
    D’une misandrie viscérale qui bat dans leurs cœurs de lionnes.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • À la pêche aux poissons nigauds

    À la pêche aux poissons nigauds

    Le samedi comme le dimanche, quand l’Assemblée ferme ses portes,
    Marianne s’en va à la pêche de ce qui mord à l’hameçon
    Qu’elle appâte du bout de son manche par les ragots qu’elle colporte
    Afin de cueillir tête-bêche les nigauds filles et garçons.

    Ils mordent tous, surtout les filles qui réclament la parité
    Et qui croit qu’être ainsi ferrées va leur apporter les honneurs.
    Quant aux garçons dont les chevilles enflent par solidarité,
    Marianne va leur conférer des miettes au petit bonheur.

    Certains poissons ont les dents longues ; de grands requins de la finance.
    Marianne aime les envoyer faire des erreurs de gestion.
    L’air triste et la figure oblongue, elle avouera l’impertinence
    Des pantins qu’elle a soudoyés lors des grandes manifestations.

    Tableau de Rafal Olbinski sur https:moicani.over-blog.com202004the-art-of-rafal-olbinski.html .

  • Au pays des échecs

    Au pays des échecs

    Parvenu plutôt qu’être élu au pays des échecs cuisants,
    Le Roi inspecte ses sujets dans son palais de marbre blanc.
    Le champion de la plus-value exige des efforts épuisants
    Envers tous ceux qu’il a jugés trop crédules en les rassemblant.

    Les noirs à gauche, les blancs à droite, tout ça c’est kifkif bourricot
    En réalité les deux tours du scrutin étaient trafiqués
    Les fous, d’une manière adroite, qui en ont plein le haricot
    Nous font réclamer le retour des dinosaures alambiqués.

    Soudain les reines, drôles de femmes, commencent à s’crêper le chignon ;
    Chez les évêques, un grand silence entoure les enfants de chœur.
    « Échec au roi ! À bas l’infâme ! » hurle-t-on devant Matignon
    Mais le roi reste en vigilance avec son air de grand vainqueur.

    Tableau de Valentino Sani.

  • La sirène de la Madrague

    La sirène de la Madrague

    Inspiration pour les artistes, Fille des arts qui font vibrer,
    Saint-Tropez obtint la faveur des peintres et des écrivains ;
    Peinture fauve et pointilliste, romans qui l’ont tant célébrée
    Et rehaussée de la saveur d’acteurs et actrices divins.

    Notamment la belle sirène qui fit construire sa maison,
    Une cabane de pêcheur sur la plage des environs.
    Tout le village l’a élue reine et l’on vient en toute saison
    Se confronter aux empêcheurs de paparazzier en rond.

    On dit que la sirène est vieille et qu’elle approche des cent ans
    Mais qu’elle serait éternelle en même temps… est-ce une blague ?
    Mais ce n’est pas demain la veille que les potins alimentant
    La légende sur la péronnelle s’arrêteront sur la madrague.

    Illustration d’Arantza Sestayo sur https:nevsepic.com.uaenart-and-hand-drawn-graphicspage,2,15239-works-by-arantza-sestayo-54-works.html .

  • Drôle de sirène

    Drôle de sirène me direz-vous ! Mais moi, les sirènes je les aime
    À moitié femme, moitié poisson, un quart, trois-quart soit quarteron.
    Et celle-ci, je vous l’avoue, venue suite à un emphysème
    Après s’être éprise de boisson à cause d’un qui n’tournait pas rond…

    « Drôle de sirène ! », me dit-elle, alors que j’observais ses pieds
    En forme de nageoire caudale… « Un peu compliqué pour danser
    Mais je sais faire la tarentelle et le tango sur un trépied
    Avec une voiture à pédales sur un mouvement cadencé ! »

    Drôle de sirène dans mes filets, foi de marin-pêcheur breton ;
    Je n’ai pourtant pas l’habitude de faire une mauvaise pêche !
    Mais là, j’ai dû me défiler et revenir à croupetons
    Tandis qu’elle, par gratitude, se parfumait à l’escabèche…

    Je l’ai revue en pâmoison, chantant à la lueur des lampions,
    La queue en l’air sur la mesure d’un madrigal plutôt baroque.
    J’ai trébuché sur l’émotion en rêvant d’être son champion
    Tandis qu’elle, d’un dernier murmure, mît fin à notre idylle loufoque.

    Tableau de David Inshaw sur https:www.davidinshaw.netgallery.html .

  • Dans l’intimité de Shéhérazade

    Dans l’intimité de Shéhérazade

    N’empêche que Shėhérazade, malgré sa perspicacité
    Et son imagination riche à inventer mille-et un contes,
    Faisait défiler des rasades de suppositions suscitées
    Par une curiosité en friche dont nul ne saurait faire le compte.

    Elle aurait aimé questionner Shéhélarose l’intrépide
    Qui avait, d’une seule nuit, plut au sultan, cet imbécile !
    À tant s’autosuggestionner sur ce charme un peu trop rapide,
    Elle en perdit – ce qui lui nuit – son fil de pensées indociles.

    Elle en eut un trou de mémoire qu’elle combla furieusement
    En sautant les cuisses ouvertes sur le sultan interloqué.
    Nul n’a pu lire dans les grimoires ce conte, fort heureusement,
    Qu’elle narra toute couverte du sperme du gars déloqué.

    Tableau de Jean-François Charles.

  • Shéhélarose

    Shéhélarose

    S’il fallut mille-et-une nuits à Shéhérazade pour se mettre
    En sécurité du Sultan et de ses prétentions moroses,
    Il ne fallut qu’une seule nuit à Shéhélarose dont le maître
    La gracia en exultant grâce à un seul bouton de rose.

    La fleur n’est peut-être pas la seule raison à son absolution ;
    Certainement le savoir-faire de la jardinière modeste
    Qui sut faire pavoiser le veule mâle qui prit la résolution
    De lui permettre de satisfaire à sa liberté sans conteste.

    Sans doute le petit bouton n’est pas celui à qui l’on pensait
    Mais un des appas de la fille provocante avec l’air railleur.
    Clito, bout de langue ou téton, qui sait ce qui a pu compenser
    Afin que son bourreau vacille et la laisse aller voir ailleurs ?

    Tableau de Konstantin Razumov.

  • L’être suprême

    L’être suprême

    L’être suprême est une femme… ce qui explique les dérives
    De certains hommes efféminés, sans-genre et LGBTQ-istes.
    Sans vouloir me montrer infâme, moi, je dirais, quoi qu’il arrive :
    « L’important, c’est de cheminer vers l’éternité féministe ! »

    Enfin un dieu à notre image, mignonne à croquer qui plus est !
    Jésus, Bouddha et Mahomet émasculés, féminisés.
    Je suis prêt à lui rendre hommage et boire son sang éclusé
    Jusqu’à ce que je sois assommé par sa liqueur divinisée.

    Mais nous en sommes encore loin bien que la femme soit à la mode
    Car elle en reste encore l’objet de manipulation du mâle.
    De mal en pis, j’en suis témoin, les hommes hélas s’en accommodent
    Et la femelle reste un sujet réduit à l’espèce animale.

    Tableau de Jordi Sugranes sur https:www.facebook.comprofile.php?id=61552092666251 .

  • L’endormissement

    L’endormissement

    Morphée me refusant ses bras, j’ai demandé à sa moitié
    De m’ouvrir les siens si possible, si ce n’est pas trop demander.
    Il réfléchit, il palabra dans une sorte de boîtier,
    Puis me répondit impassible qu’elle m’était recommandée.

    J’ai compris plus tard la fonction de son coffret communicant
    Utilisé par tous les dieux, connu universellement ;
    Le réseau Hermès fait fonction d’une science revendiquant
    Un savoir-faire fort studieux qui force l’émerveillement.

    Cette nuit-là, à point nommé, Dame Morphée frappa chez moi ;
    Je lui ouvris, elle était nue, ouvrant ses bras en mon honneur.
    Je connaissais sa renommée ; je l’étreignis avec émoi
    Et mon sommeil est devenu depuis ce jour un vrai bonheur.

    Tableau de Louis Richardson.

  • L’entrée au musée du Bizarre

    L’entrée au musée du Bizarre

    Dès l’entrée droite du musée, les deux hôtesses de l’accueil
    Vous guident depuis les colossales jusqu’aux minuscules chambrettes.
    Vous allez bien vous amuser par tout ce qui vaut le coup d’œil,
    Notamment la première salle avec une chienne et sa levrette.

    Premier étage, les fantômes hantent paliers et escaliers ;
    Tout est bâti en trompe-l’œil, faux couloirs, passages secrets ;
    Observez bien tous les symptômes qui mènent aux fous à lier
    Dont les voix fusent sur le seuil des lieux qui leur sont consacrés.

    Deuxième étage, le paradis et l’enfer au même niveau ;
    Tous les démons sont attachés et les anges émancipés.
    Dieu vous donne pour pas un radis la clef de votre renouveau
    Car vous vous êtes détachés des biens d’une vie dissipée.

    On ne quitte pas le musée entrouvert sur l’éternité ;
    Le grenier n’est pas de ce monde mais l’au-delà, toujours bizarre,
    Répondra aux désabusés de toute la modernité
    Du vingt-et-unième siècle immonde, du progrès et tout le bazar.

    Tableau de Dino Valls sur https:dinovalls.comgalleryId.php?id=141 .

  • Au-delà du musée du Bizarre

    Au-delà du musée du Bizarre

    Une fois que j’eus tout compris sur la vie, la mort et le reste
    Et sur le musée du Bizarre dont les voies sont impénétrables,
    J’ai réalisé à quel prix j’avais effectué chaque geste
    N’étant pas le fruit du hasard mais d’une portée considérable.

    Toute une vie dans la machine de la vie en évolution
    À manger, dormir, travailler pour n’être plus rien à la fin ;
    Cinquante ans à courber l’échine, puis à faire ma révolution
    Où je n’ai fait que batailler à mourir comme un crève-la-faim.

    Et puis, surprise, Dieu n’est qu’un seuil vers plusieurs mondes à découvrir
    Où je renaîtrai chaque fois que la mort fournira la clef
    À moins que le destin ne veuille m’assujettir à recouvrir
    Toutes les mémoires où ma foi ait été trop souvent bâclée.

    Car c’est ainsi, tout recommence autant de fois que Dieu le veut
    Pour affûter comme une lame le fil du couteau qui poursuit
    Et se taille à chaque romance des amours qui forment le vœu
    D’enfin parachever mon âme et devenir ce que je suis.

    Tableau de Dino Valls sur https:dinovalls.comgalleryId.php?id=141 .

  • Cauchemars du passé et rêves d’avenir

    Bonnes nouvelles des étoiles ou mauvais présage du ciel ?
    Mes nuits souvent paradoxales remuent passé et avenir.
    Que ma mémoire se dévoile, je le comprends, c’est essentiel,
    Mais de ce futur abyssal, je ne vois pourtant rien venir.

    Malgré rêves et cauchemars qui ne font rien que ménager
    Toutes les peurs non résolues et les échecs irréversibles,
    Sans doute les dieux en ont marre de m’envoyer leurs messagers
    Dont je ne jette mon dévolu que lors des songes inaccessibles.

    J’ai demandé la clairvoyance, l’enregistrement de l’oubli
    Et la capacité d’écrire ce qu’ils daignent me consentir.
    Dès le matin, en prévoyance, encore imprégné je publie
    Ces drôles de vers qui vont décrire tout ce que j’ai pu ressentir.

    (Tableau de Laureline Lechat

  • Les lunes de l’équinoxe

    Les lunes de l’équinoxe

    J’étais cancre en astrologie et je confondais les planètes,
    Les douze signes et les maisons, l’ascendant au milieu du ciel
    Qui ne paraissait pas logique face à une Lune pas nette
    Qui masquait plus que de raison un soleil bien superficiel.

    La muse de l’écartométrie finalement m’a dévoilé
    Tout le mécanisme secret et m’a levé les paradoxes
    Entre la trigonométrie et le firmament étoilé
    Qui indique le lien sacré avec les lunes de l’équinoxe.

    Les équinoxes et les solstices, l’apogée et le périgée
    Et tout ce que cela implique au cœur de notre biorythme,
    D’un doigt posé sur l’interstice des pans du rideau érigé
    Par une science qui complique nos vies avec ses logarithmes.

    Mais quand la nuit ouvre ses portes aux astres fous de liberté,
    Ils dansent sur l’onde infinie où le mystère se renouvelle.
    Et dans l’éclat qu’ils nous apportent, mes sens alors sont alertés
    Par le chant de leur symphonie pour une orbite intemporelle.

    Tableau d’Andrzej Malinowski.

  • Il était une fois dans la Lune

    Il était une fois dans la Lune

    La mère créatrice du monde ne nous a pas abandonnés ;
    Elle a choisi pour sa retraite d’habiter un quartier de Lune
    Où à loisir elle vagabonde le soir afin de nous donner
    Une obligeance toujours prête à une attention opportune.

    Hélas on a divinisé le Soleil et chaque planète
    Et sacralisé notre Terre, nommée Gaïa au rang d’honneur.
    Tandis qu’on a féminisé ce satellite marionnette
    Qui fait trois p’tits tours solitaires et se cache au petit bonheur.

    Priez un soir de pleine Lune et demandez-lui l’impossible ;
    Elle répondra à vos requêtes et plus selon affinité.
    Aux cœurs purs, la bonne fortune, les vœux les plus inaccessible ;
    Préparez-vous à la conquête de votre propre divinité !

    Tableau de Loëtitia Pillaut sur https:loetitiapillault.comproduitportrait-de-femme-imperatrice-en-bleu-et-or .

  • Sit Mulier

    Sit Mulier

    Bien sûr la vie n’a pas de sexe, c’est le sexe qui contient la vie.
    L’homme ou la femme sont désignés comme « un être humain » singulier.
    Mais au pluriel, c’est un complexe qui nécessite deux avis
    L’homme ET la femme sont assignés pour « L’être humain », tous deux liés.

    Depuis le grand coup de canon du Big-Bang pour lui faire honneur,
    La vie n’a cessé d’essaimer de son cœur d’étoile fécond.
    Sonnez trompettes et tympanons ! Faite retentir de bonheur
    L’univers créé pour aimer du cosmos à l’atome abscons.

    Et dansent atomes en molécules et valsent molécules ensemble
    Pour procréer le minéral, le végétal et l’animal !
    Et s’agglutinent corpuscules qui se plaisent et qui se ressemblent
    Pour ce besoin si viscéral de vie infinitésimal !

    Tableau de Djordje Nikolic sur https:www.flickr.comphotos145128574@N06 .

  • Il était une fois dans le ciel

    La vie serait née dans le ciel comme un virus sur la matière
    Concocté au laboratoire dans les éprouvettes divines
    Sur un feu dont le potentiel donne une énergie sans frontières
    Dont l’effet superfétatoire est bien celui que l’on devine.

    Cape d’étoile, aura cosmique et diadème de comètes,
    La grande méta-magicienne flanquée de ses anges novices
    A chauffé la soupe atomique afin que celle-ci commette
    Une explosion généticienne dans un méga-feu d’artifice.

    Voici la semeuse d’étoiles dont le sein gorgé pour toujours
    Se répand dans la Voie Lactée d’où naissent le Soleil et la Terre.
    Lucifer lui ôte son voile et la féconde durant six jours
    Pour que nous soyons impactés d’un souffle de vie volontaire.

    Tableaux de Loëtitia Pillaut sur https:loetitiapillault.comproduitportrait-de-femme-imperatrice-en-bleu-et-or .

  • Fiat Lux

    Derrière son mur de Lumière, Dieu connaît très bien ses limites ;
    Il sait qu’il ne peut pas franchir la frontière du bien et du mal.
    Il rumine son idée première de créer une sorte de mythe
    Afin de pouvoir s’affranchir de ce sentiment animal.

    Le corps des anges est constitué afin de relever le défi.
    Lucifer promu Général, fin stratège a tous les pouvoirs.
    Ses éclaireurs ont situé où percer ce qui stupéfie
    Tout le système fédéral des dieux mais qui demandent à voir.

    Michaël dirige l’aile droite, Gabriel commande la gauche
    Et l’assaut à l’instant zėro fait exploser notre univers.
    Les anges aux armes maladroites commencent à écrire l’ébauche
    De la légende des héros et ce fut le premier hiver.

    Au printemps, Dieu crée la lumière par l’aperture ainsi ouverte
    Entre la Terre et ses mignons et les cieux du Céleste Empire.
    La femme, créée la première, fera ses grandes découvertes
    En procréant son compagnon pour le meilleur et pour le pire.

    Tableaux de Djordje Nikolic sur https:www.flickr.comphotos145128574@N06 .

  • Planter, déplanter, replanter

    Planter, déplanter, replanter

    Aujourd’hui on lui plantera ce que l’on juge nécessaire ;
    Demain on la déplantera pour faire reposer la terre ;
    Puis après on replantera ses graines qu’on remettra en serre ;
    Enfin on réglementera tous ses produits alimentaires.

    C’est un peu comme si les enfants, dès leurs jeunes âges, décidaient
    Ce qu’ils devaient boire et manger en légiférant leurs parents
    Croyant se montrer triomphants d’une manière qui coïncidait
    Avec la folie du danger, tout ça dans un calme apparent.

    Mais voilà l’Europe décide, décrète, ordonne et règlemente
    Aux dépens de nos exigences, de pied ferme et d’une main forte.
    Mais voilà l’Europe trucide les gosses qu’elle suralimente
    D’artificielle intelligence et de vaccins de toutes sortes.

    Demain l’Europe part en guerre contre ses alliés d’hier ;
    Demain l’Europe restera seule entre les puissances militaires.
    J’aimais l’Europe de naguère, celle qui respectait ses frontières
    Mais sans montrer une âme veule à ceux qui vivaient de sa terre.

    Tableau de Steven Kenny sur https:elhurgador.blogspot.com201901steven-kenny-pintura-painting.html .

  • Quand j’entends le mot « couture » je sors mon instrument !

    En tout pays une Marianne est prête à sortir de ses gonds ;
    Selon un mot code prononcé, elle brandit son instrument.
    Qu’elle s’appelle Valérianne, Natacha ou Marie-Dragon,
    Elle est à point pour annoncer et sonner l’hallali, crûment.

    Chez les Chinois, c’est la couture qui met les femmes à découvert ;
    Chez les cocos, on balbutie, car c’est banni du manuel ;
    Chez les fachos, c’est la culture qui fait sortir les revolvers ;
    Chez les Français, c’est la Russie, du moins d’après l’Emmanuel.

    C’est le « Branle-bas de combat ! Fermez les portes et les volets !
    Car les ennemis vont passer ; on s’attend à des conneries !
    Après Gaza et le Donbass, tous les espoirs sont envolés ! »
    Et Manu de se surpasser à crier ses macronneries.

    C’est le roitelet sur son trône qui croit manier le cabestan ;
    À chaque orage assombrissant, il nous fait tanguer la galère.
    Il se raccroche à sa couronne, sculptée dans l’or et le clinquant ;
    Son membre n’est qu’un sceptre impuissant qui lui laisse un goût de misère.

    Tableau de Wang Yuqi

  • Ciel, le printemps

    Ciel, le printemps

    Trois mois d’hiver à hiberner et davantage avec l’automne,
    C’est trop d’efforts au renouveau pour les tirer de léthargie.
    Les belles-au-bois-dormant bernées par leur longue nuit monotone
    Demandent une remise à niveau avec beaucoup plus d’énergie.

    Après la première hirondelle qui leur annonce le printemps,
    Celui-ci les découvre nues, à peine sorties du sommeil.
    Une saute de vent infidèle ouvre leur porte à tous les vents ;
    Il est temps pour nos ingénues d’aller saluer le soleil.

    Debout les fées des bois, des champs, des bourgeons et rameaux en fleurs ;
    On réclame votre savoir-faire et vos talents de parfumeurs !
    Accordez vos leçons de chant aux premiers rossignols siffleurs
    Et répandez dans l’atmosphère le virus de la bonne humeur !

    Tableau de Fernand Le Quesne.

  • La nymphe des rivières

    La nymphe des rivières

    La Vouivre au marais poitevin, la Lorelei au fil du Rhin,
    Les Walkyries au Walhalla et les Nymphes dans les forêts suisses.
    Chacune son attribut divin, chacune son pouvoir souverain
    Chacune son parcours çà et là autant que son mythe le puisse.

    J’ai parcouru des kilomètres de la Töss d’amont en aval,
    L’œil aux aguets à chaque bord, sous les ponts et aux affluents.
    Et j’ai vu, assise sans maître, une chimère de carnaval,
    Aux cheveux verts et tout le corps d’un azur des plus influents.

    Car elle se noie dans le décor et seule sa chevelure émerge
    Lorsqu’elle s’amuse à surprendre qui viendrait s’y désaltérer.
    Et j’en étais – et pire encore ! – d’une curiosité qui submerge
    Mon cœur qui a tant soif d’apprendre de mes sirènes préférées.

    Mais d’un courant couleur agrume, son regard des plus harcelants
    M’enlace d’une onde froide et douce et m’entraîne en un long ballet.
    Je veux parler, briser la brume, mais sous ses doigts ensorcelants,
    Je deviens ombre dans la mousse, un reflet vert bringuebalé.

    Tableau de Fomin Nikolay sur https:dzen.ruaZgA7Ru8Li1pUBL8I .

  • La cérémonie Calendaire de l’équinoxe

    La cérémonie Calendaire de l’équinoxe

    Pour l’équinoxe, on se prépare chez les nymphettes du printemps ;
    La plus douée porte l’habit de cérémonie calendaire
    Dont la doyenne l’accapare avec le pectoral suintant
    De charges du même acabit qu’une mission sacramentaire.

    Tandis que les nymphes soumises à son autorité nouvelle
    Lui confirmeront le serment des ouvrières fécondantes,
    Vêtues d’une simple chemise qui cache autant qu’elle ne révèle
    Une jeunesse renfermant leur fertilité abondante.

    Celles du fond qui s’en amusent sont les dryades recalées
    Qui organiseront sur Terre une permanence de farces ;
    À elles, le rôle de muse pour les poètes décalés
    Quand ils marcheront solitaires douchés aux giboulées de mars.

    Alors commence le rituel dans l’ombre verte des ramées
    Où l’encens danse en longues ondes au gré des souffles passagers ;
    Les chants s’élèvent, spirituels, conformes au rite proclamé,
    Offrant au ciel une profonde invite à des jours plus légers.

    Mais voici les nymphes moqueuses qui viennent saper le moral
    Avec Saint-Médard et consorts qui leur détrempe le spectacle.
    Mais face à toutes ces belliqueuse, l’élue étend son pectoral
    Pour protéger du mauvais sort la Terre et son saint réceptacle.

    Tableau d’Irán Francisco Lomeli sur https:www.catherinelarosepoesiaearte.com201206iran-lomell.html .

  • Ma sirène, mon chat et moi

    Ma sirène, mon chat et moi

    Le plus difficile dans ma quête de découvrir une sirène
    Fut de détromper la rumeur que les sirènes n’existent pas.
    Une fois formulée ma requête, j’ai, l’âme et la raison sereines,
    Poursuivi de meilleure humeur ma chasse avec moi pour appât.

    Elle m’a traqué, je dois le dire ; je n’ai rien fait pour la trouver
    C’est elle qui m’a capturé et qui m’a dévoré le cœur
    Au figuré pour m’interdire d’aimer une autre et lui prouver
    Que je n’irai m’aventurer nulle part ailleurs à contrecœur.

    Je l’ai ramenée à la maison, mon chat l’a tout de suite adorée ;
    Il faut le voir lui mordiller la queue et bien la peloter !
    Désormais en toute saison, j’aime voir ses écailles dorées
    S’étendre et se recroqueviller et ses nageoires trembloter.

    « Si je l’avais conquise :
    Mais parfois, dans un songe bleu, elle fixe l’horizon lointain,
    Ses yeux noyés d’anciens mystères qu’elle ne veut pas dévoiler.
    Alors je crains qu’un jour ou deux, bercée d’un appel incertain,
    Elle file entre les vagues claires, me laissant seul à contempler.

    Si elle m’avait conquis :
    Mais c’est elle qui m’a enfermé dans un palais sous les abysses,
    Où l’eau danse en reflets d’argent et chante en échos infinis.
    Mon chat, trônant sur un rocher, m’observe d’un regard complice,
    Tandis qu’elle enchaîne mes jours d’un amour doux et interdit. »

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Monde cruel

    Monde cruel

    La vie est un monde cruel où rien n’importe que la survie
    Et l’on mange ou l’on est mangé car le pragmatisme est vorace.
    La vie est un jeu sexuel ; on se reproduit à l’envi
    Pour ne pas soumettre au danger la préservation de sa race.

    Pour la sirène, c’est différent puisqu’elle se nourrit de naufrages,
    De navigateurs solitaires, marins pêcheurs, vieux loups de mer.
    Pour la marine, c’est atterrant mais pour l’océan, quel ouvrage
    Que laver ces parasitaires le plus souvent au goût amer !

    Or il y a marin et marin, le petit mince au goût d’anchois,
    Le gros ventre imbibé d’alcool qui remporterait le championnat
    Car pour faire un bon navarin, il faudrait des morceaux de choix
    Et, comme on l’a appris à l’école, on ne fait qu’avec ce qu’on a.

    Tableau de Jérémie Fleury.

  • Même pas peur du loup

    Même pas peur du loup

    Bien sûr, j’ai peur d’être mangée par un loup tapi derrière moi ;
    Ce fauve qui ne voit en moi qu’une victime à sacrifier.
    Bien sûr, je me sens en danger et mon cœur est tout en émoi
    Lorsque mon corps devient la proie d’un prédateur qualifié.

    Mais c’est du moins ce que j’espère que pense la bête féroce
    Qui salive de ma tendre chair de tout son instinct sensuel.
    Il ne sait pas que je repère de loin sa silhouette atroce
    Pour en faire le vœu le plus cher de mon appétit sexuel.

    Je suis Diane, la fornicatrice, pas la chasseresse homérique
    Mais celle qui traque les fauves et loups lubriques de toutes sortes.
    Je porte quelques cicatrices, témoins de combats héroïques
    Qui m’ont tous laissée saine et sauve tandis qu’alors la bête est morte.

    Illustration de Milo Manara sur https:www.obesia.comindex.phparte1049-milo-manara-2 .

  • La cabane du pêcheur : Vision de l’au-delà

    La cabane du pêcheur : Vision de l’au-delà

    « Sœur Anne et frère Dominique, que voyez-vous à l’horizon ? »
    Leur demandait la Vérité de sa cabane du pêcheur.
    « Je vois la mer prise de panique sous de forts vents de trahison
    Qui lutte avec témérité ! » Répondit Anne d’un air bêcheur.

    « Je vois un ciel qui vire au rose et la mer perdre ses repères,
    Tous noyés dans l’indifférence du Soleil qui s’prend pour la Lune ! »
    Dit Dominique, d’un air morose, qui encore une fois espère
    Voir cesser la belligérance sur le royaume de Neptune.

    « C’est assez ! » Dit la Vérité, entièrement nue sur son rocher.
    « J’ vais revenir et apparaître pour confondre ces rodomontades ! »
    Tous trois avec sévérité revinrent en ville pour s’approcher
    Du peuple guidé par ces traîtres de menteurs à la cantonade.

    Facebook censura les photos de la Vérité impudique ;
    L’État fit un référendum et le Mensonge l’emporta ;
    Les complotistes de facto crurent le moment fatidique
    De produire un mémorandum que la fourberie colporta.

    La prochaine civilisation, si toutefois il y en a une,
    Aura bien du mal à extraire la vérité du sol pourri
    Après la stérilisation par notre bêtise commune
    Qui est appelée à soustraire ce dont elle a été nourrie.

    Tableau d’Anders Zorn.

  • La cabane du pêcheur : Sortie du puits

    La cabane du pêcheur : Sortie du puits

    Du fond du puits, la Vérité n’avait jamais su remonter
    Et le Mensonge, cet imposteur, faisait la justice à sa place.
    Jusqu’à ce que, par témérité, elle parvînt à surmonter,
    À l’aide d’un ange exhausteur, l’ignoble ignominie salace.

    Un matin gris, un soleil pâle, la Vérité, sortie du puits,
    Revêt sa paire de chaussures tout en se posant la question :
    « Quelle est la raison principale pour laquelle les braves gens, depuis
    Mon exil, ne sont plus très sûres de leurs propres hétérosuggestions.

    Changer de genre, changer de sexe, comme si les chromosomes mentent !
    Les X et les Y renient leurs rôles dans l’humanité. »
    La Vérité reste perplexe sur la situation alarmante
    Et en mesure l’ironie, le déclin et la vanité.

    La Vérité, c’est l’empêcheur de tromper et mentir en rond ;
    Le mal est fait et rien n’y fait pour revenir à la raison.
    Dans sa cabane du pêcheur, tout en se faisant du mouron,
    Elle pleure son monde imparfait et enfin reste à la maison.

    Photo de Rose Valentine par Melanie sur https:fashionfav.commagazine-editorialsrose-valentine-melanie-ramon-also-journal .

  • Ruby & Lino – 6

    Ruby & Lino - 6

    Pour séduire Ruby, j’avais peint son Lino
    De chat sur une toile brossée d’un fond orange.
    Comme une Valentine et son Valentino
    Tendrement enlacés fors d’un regard étrange.

    Regard de phare-hibou pour Lino chamboulé,
    Regard de chasseresse pour Ruby irritée ;
    La queue noire en spirale, les cheveux enroulés
    Comme un signe apparent de leur complicité.

    Qui fait peur à Lino, qui irrite Ruby ?
    Seul le peintre le sait, ce qui trouble leurs cœurs.
    Quant au stress enduré, quant à la peur subie
    Vite un peu de jambon, vite un peu de liqueur…

    Car depuis ce matin, depuis tant de printemps,
    Ruby ajoute une perle au collier des années.
    « Joyeux anniversaire ! » dit Lino en pointant
    Le museau en train de se pavaner.

    Tableau de Javier G. Pacheco.

  • La belle et les bêtes loufoques

    La belle et les bêtes loufoques

    Chacun, chacune son compagnon, qui son chat, qui son chien de mer,
    Qui son poisson rouge, qui son phoque, qui son serpent, qui ses oiseaux.
    Qu’il soit mignon, qu’il soit grognon, la vie paraît plus douce-amère
    Surtout si l’animal loufoque s’exprime bien sur les réseaux.

    Les dauphins, très photogéniques, encombrent un peu l’appartement,
    Les loups-marins, les otaries monopolisent la baignoire.
    Sur toutes les côtes océaniques vous trouverez exactement
    Ce qu’il vous faut sauf à Paris, évidement, où il n’y a que des patinoires.

    Les sirènes préfèrent les orques davantage que les requins
    Pour chasser le marin dodu plutôt qu’un pêcheur indigeste.
    Mais quant aux phoques, elles rétorquent qu’elles chérissent les rouquins,
    L’espèce la moins répandue mais bien plus moelleuse pour la sieste.

    Tableau d’Arantza Sestayo.

  • Le cyanomètre

    Le cyanomètre

    Le cyanomètre, belle invention d’Horace-Bénédict de Saussure,
    Détermine l’intensité du bleu du ciel vu de la Terre.
    En montagne, selon l’ascension, sa couleur devient plus obscure
    Selon que l’eau en densité est plus ou moins majoritaire e.

    Même le ciel a ses secrets que le savant aime percer
    Et aspire certainement à toiser toutes choses abstraites ;
    Mesure de l’amour sacré, valeur de ce qu’on veut bercer,
    Evaluation des amants avec ratios de gêne soustraite.

    Heureusement il ne le peut car ses cinq sens le délimitent
    À ce qu’il voit et qu’il entend, bref tout ce qui n’est que mesurable.
    Nous l’avons échappé de peu, nous les adorateurs des mythes
    Qui, depuis les neiges d’antan, demeurent incommensurables.

    Le cyanomètre, invention fascinante de 1789, est un outil destiné à mesurer l’intensité du bleu du ciel.

  • Duplicata au clair de Lune

    Duplicata au clair de Lune

    Bien qu’ « un bon tiens » vaille bien mieux que « deux tu l’auras » dans tes rêves,
    J’ai saisi l’opportunité d’avoir deux fois plus de plaisir.
    Et moi qui rêve à qui mieux mieux à de belles femmes sur la grève,
    J’ai su en toute impunité comment redoubler de désir.

    Bien qu’on ne doive pas courir deux lièvres et même plus à la fois,
    Mais qu’on a le droit d’y rêver, j’ai multiplié mes fantasmes.
    Ah, qu’il est bon de parcourir la carte du tendre toutefois
    Avec le risque de crever d’épectase lors de l’orgasme !

    Je sais bien qu’il est péremptoire de se vanter de son cheptel
    Pourtant le rêve a dérapé car mes maîtresses se déchaînent.
    Et même en rêve, quelle histoire de jouir d’un super cocktail
    De femmes qui ont attrapé la nymphomanie à la chaîne !

    Mais bon. J’ai finis par m’y faire et quand revient la pleine lune ,
    J’invite toutes mes houris à prendre leur bain de minuit
    Car elles savent me satisfaire et m’apporter sur la lagune
    Ce dont jouissent les souris quand le chat est sorti la nuit.

    Tableau d’Agita Keiri sur https:www.keiriart.ukgallery .

  • Surprise et fausses héroïnes

    J’aime les contes populaires quand je peux lire entre les lignes
    La vérité dissimulée dans l’histoire à dormir debout.
    Plus le drame est spectaculaire et l’héroïne peu maligne,
    Plus je vois le vrai simulé par les acteurs mis bout-à-bout.

    Cendrillon était malhonnête et volait l’argent du ménage
    Pour s’acheter mille merveilles, pantoufles de vair et de velours.
    Elle poussa la chansonnette lors du bal princier communal
    Et cassa tellement d’oreilles que le p’tit prince en devint sourd.

    Blanche-neige était alcoolique et, cachée derrière un miroir,
    Faisait enrager sa marâtre addicte aux produits de beauté.
    Elle lui plaçait de diaboliques embrocations dans son tiroir
    Qui rendait ses lèvres noirâtres et ses humeurs caillebottées.

    Peau d’Âne faisait du trafic d’ânes qu’elle passait par les frontières
    Devant le nez des policiers et à la barbe des douaniers.
    Elle se déguisait en gitane, vive, hardie et primesautière,
    Au charme si maléficié qu’on ne put jamais l’encabaner.

    La Belle-au-Bois-Dormant ne put dormir cent ans dans un château
    Mais en prison, la misérable, brigande et voleuse revêche !
    Elle a acheté et corrompu des gens en menant en bateau
    Tous les éleveurs vénérables de mouton à la laine fraîche.

    Quant à Arielle, un vrai massacre ! Une sirène d’eau saumâtre
    Vendant à prix d’or ses écailles aux loups-de-mers de tous les bords.
    Son trident d’or ? Un simulacre ! Du cuivre vert-de-gris verdâtre…
    Son chant, sonnant comme quincaille, faisait fuir les poissons d’abord.

    Shéhérazade était roublarde, une conteuse à l’arraché,
    Inventant mille tours de passe pour retarder l’exécution.
    Ses contes à l’intrigue faiblarde faisaient bailler l’ours mal léché
    Qui gobait, béat, ses impasses, charmé des circonlocutions.

    Mais si, au fond, ces mélodrame n’étaient autre qu’un jeu de miroirs
    Qui cachent derrière leurs contes des secrets qui viennent à l’encontre ?
    Vaste enjeu et vaste programme ! Comme cachettes dans les tiroirs
    Des secrétaires dont on raconte qu’ils cachent bien plus qu’ils ne montrent…

    Vu sur dreamstime.com

  • Bons baisers du Cap Horn

    Bons baisers du Cap Horn

    Jamais on ne vit de sirène braver les froides eaux australes,
    Jamais on ne vit de marin passer le Cap Horn sans accord.
    Pour une traversée sereine, il faut un visa magistral
    Sinon les vents outremarins le secoueront à bras-le-corps.

    Alors place à la tradition. Si l’on sacrifie à Neptune
    Une bouteille de vin fin lorsque l’on passe l’équateur,
    La Cap Horn a sa condition : il faut, contre mauvaise fortune,
    Trouver une sirène qui a faim et l’embrasser en médiateur.

    Seule la sirène décide si le marin pourra passer
    Selon le goût de son baiser voire de toute la bordée.
    S’il n’est pas vrai, elle trucide l’équipage qui va trépasser
    Sinon la mer reste apaisée et le passage est accordé.

    Tableaux de l’intelligence artificielle sur https:www.facebook.comgroups1044560210148634 .

  • Surprise et véritable héroïne

    Tandis que je me lamentais sur ces héroïnes déçues
    Des contes de fées abandonnés ou redevenus homériques,
    Je cheminais et j’arpentais une rivière en pardessus
    Lorsque j’entendis chantonner une naïade féérique.

    Toute nue mais pas très farouche, elle me laissa l’approcher ;
    Je la saluai sobrement retenant ma respiration.
    De peur que je ne l’effarouche, je m’installai sur un rocher
    En me présentant proprement comme cherchant l’inspiration.

    « Je m’appelle Lechat Laureline ! » me répondit la créature
    Splendide en train de barboter tout en parlant d’un air moqueur.
    Moi, interdit, je dodeline devant l’exploit de la nature
    Qui lui a donné la beauté et l’intelligence du cœur.

    Mais, en un clin d’œil, un éclat d’eau gicla dans ma direction ;
    Je me retrouvai tout trempé avec un sourire forcé.
    La naïade, les yeux délicats, me brava d’une correction :
    « Tu croyais vraiment me tromper avec ta prose désamorcée ? »

    Tableau de Bohuslav Barlow sur https://www.saatchiart.com/en-ch/bohuslav

  • Bons baisers entre Capricorne et Cancer

    D’abord tout jeune matelot admis sur le « Vincent Van Gogh »
    Au titre d’homme d’équipage pour un voyage de trois ans,
    Gustave Klimt, de Saint-Malo, eut comme étrange pédagogue
    Une sirène qui prit en otage son cœur neuf en l’apprivoisant.

    Et tout au long de sa carrière, toujours aux mêmes latitudes,
    Il retrouva sa dulcinée en totale addiction d’amour.
    Mais les autres gars, à l’arrière, n’aimaient pas trop cette attitude
    De soupirant halluciné et s’en moquaient non sans humour.

    Le temps passa, de quartier-maître, il devint bientôt capitaine
    Et gardait le cap rituel entre Cancer et Capricorne.
    Jusqu’à ce jour où il vit naître une fille, vers la quarantaine,
    Dotée d’un goût spirituel pour des baisers près du Cap Horn.

    Tableaux de l’intelligence artificielle sur https://www.facebook.com/groups/1044560210148634

  • La planète des singes

    Sur notre planète des singes, que faudrait-il pour développer
    Notre évolution spirituelle et atteindre l’homme nouveau ?
    Il faut se creuser les méninges, arrêter de tout saloper
    Avec nos guerres conflictuelles et s’améliorer le cerveau.

    Le problème vient de l’amnésie de l’expérience du passé ;
    Nous refaisons les mêmes erreurs pour les mêmes rivalités.
    Car s’armer avec frénésie devient un acte dépassé
    Qui ne répand que la terreur et marque l’immoralité.

    Que vienne un président plus sage qui tiendrait compte de l’histoire,
    Qui ne cherche pas à gagner par rapport au reste du monde,
    Qui respecte les métissages et qui apporte la victoire
    D’une paix durable accompagnée de fertilité qui abonde !

    Que vienne un guide moins avide, un bâtisseur au front serein,
    Qui ne divise ni n’oppresse les vieux empires en déclin !
    Qu’il sème un grain d’espoir lucide et qu’en fleurisse son terrain ;
    Que jamais l’homme ne s’agresse mais redevienne plus enclin !

    Ah, que l’humanité renaisse, pleine de sagesse et de clarté !
    Qu’elle revoit ses échecs épais, qu’elle se pardonne et se relève !
    Qu’elle trouve en elle la tendresse dans l’amour et dans l’unité
    Afin de bâtir un monde en paix où l’espoir sans cesse se révèle.

    Tableau de Sparkiescrazyart

  • Les visages de la République

    Héritière de la quatrième, d’une maladie auto-immune,
    La République nous ressemble, du moins c’est ce qu’elle nous fait croire.
    Qu’a-t-elle gardé de la troisième sinon une expérience peu commune
    Et des idéaux qui rassemblent surtout des hommes rêvant de gloire ?

    Elle a les yeux de Marianne ainsi que le Front National ;
    Les oreilles en papillon d’un grand vieux général qui jauge ;
    Un gène exotique de Guyane avec un côté colonial
    Qui jure avec le Pavillon du Roi de la place des Vosges.

    Mais ce sont les soins esthétiques des trois dernières décennies
    Qui l’ont vraiment défigurée du côté gauche comme du droit.
    Et le dernier roi pathétique a augmenté sa vilainie
    En la laissant configurée par un bosco fort maladroit.

    Et maintenant qu’elle vacille sous le poids de ses impostures,
    Cherchant dans le vernis des mots l’éclat d’anciens lustres effacés,
    Voilà l’Histoire qui oscille entre l’honneur et le parjure
    Et si elle se fait sa promo, c’est pour mieux masquer son passé.

    Tableau de Naoto Hattori sur https://www.naotohattori.com/limited-edition-print-sparking-sold-out

  • Rare, la sirène phare

    S’il n’est pas rare que la sirène chante pour chasser les marins
    Qui croient entendre une fanfare aux harmonies avantageuses,
    Il est fort rare qu’une sirène brille pour tromper les marins
    Qui croient y distinguer un phare car hélas elle est naufrageuse.

    Si les sirènes n’existent pas, que penser des sirènes-phares ?
    Seraient-elles le rêve d’un nabot, un savant qui se prend pour Dieu ?
    De Dieu à fou, il n’y a qu’un pas et pas besoin de gyrophare
    Pour le cueillir dans son labo et mettre fin à son plan odieux.

    Or le savant s’est échappé avec sa sirène-sémaphore
    Et sème partout la terreur parmi les bateaux de croisière
    Dont on n’a qu’un seul rescapé sauvé du détroit du Bosphore
    Qui serait situé, sauf erreur, fort loin de Charleville-Mézières.

    Le rescapé, dérivant seul, divagua en contes et chimères,
    Jurant qu’il a vu, dans les flots, scintiller un chant malicieux.
    On rit de ses mots lâches et veules, qui feraient rire les commères
    Et l’on raconte à Saint-Malo qu’un phare a chanté sous les cieux.

    Tableau de Juan Carlos Verdial

  • Les poissons de mauvais augure

    Quand les poissons viennent de gauche par une marée maladroite,
    La sirène, très superstitieuse, préfère rester à la maison.
    Elle en profite pour faire l’ébauche d’une stratégie plutôt adroite
    Pour chasser l’armada précieuse qui se précise à l’horizon.

    Quand les poissons viennent de droite par une marée favorable,
    La sirène, très galvanisée, part à la chasse au matelot.
    Animée d’une envie étroite d’en croquer la chair adorable,
    Sa faim est tant tétanisée qu’elle mangerait tout un cachalot.

    Quand les poissons viennent du centre, elle ne sait à qui se fier;
    Elle consulte fort à propos ses réseaux sociaux facebookistes.
    D’où les gargouillis dans son ventre ; elle aurait dû se méfier
    De ce mérou sourd comme un pot, trop sûr de lui et complotiste.

    Quand les poissons fuient en arrière, fendant l’écume à contre-courant,
    La sirène, prise de panique, sent son empire vaciller
    D’un monstre aux écailles de fer, surgissant d’un abîme hurlant,
    Renversant d’un feu tyrannique son règne ancien et décrié.

    Tableau de Marco Busoni