
Reflets Vers & Prose :
Je n’ai pas rencontré la Vénus de Rimbaud ;
Son cercueil en fer-blanc, remisé au garage
Ne redescendra plus l’avenue Mirabeau
D’où Arthur l’aperçut lors d’un violent orage.
Car son physique ingrat l’a tant indisposée
Qu’en clinique esthétique elle a dû se plier
Afin que ses rondeurs soient plus prédisposées
À flatter les amants venus la supplier.
Vénus Anadyomène respecte la planète ;
Nourriture végane et commerce équitable.
Ses amours toujours vertes font toujours place nette ;
Après avoir connu des amours véritables,
Les hommes sont fidèles et les femmes honnêtes ;
Le bateau n’est plus ivre, c’était inévitable.
Inspiré du poème d’Arthur Rimbaud :
Comme d’un cercueil vert en ferblanc, une tête
De femme à cheveux bruns fortement pommadés
D’une vieille baignoire émerge, lente et bête,
Avec des déficits assez mal ravaudés ;
Puis le col gras et gris, les larges omoplates
Qui saillent ; le dos court qui rentre et qui ressort ;
Puis les rondeurs des reins semblent prendre l’essor ;
La graisse sous la peau paraît en feuilles plates ;
L’échine est un peu rouge, et le tout sent un goût
Horrible étrangement ; on remarque surtout
Des singularités qu’il faut voir à la loupe…
Les reins portent deux mots gravés : Clara Venus ;
– Et tout ce corps remue et tend sa large croupe
Belle hideusement d’un ulcère à l’anus.
Tableau de Sergius Hruby.