Catégorie : 2025

  • La danse capricieuse

    La danse capricieuse

    Elles surgissent sans prévenir, d’un battement d’humeur fugace,
    Trois muses rouges nues et sans voile, aux gestes pleins d’impertinence.
    Elles me tordent mes vers dociles, y mêlant leur fièvre efficace
    Et modifient le fil des moires au rythme d’une ardente danse.

    La première envole les mots d’un rire aux ailes de tempête,
    Son pas claque comme un refus en désordre des convenances.
    La seconde, flamme et pirouette, enfièvre les lignes indiscrètes,
    Et peint le poème à sa guise avec éclats vifs d’insolence.

    La troisième enfin se dérobe, saute une rime et puis l’efface,
    Puis revient sur la page en reine, mais cassant la cadence sage.
    Elle préfère l’écart dans le creux et le silence qui enlace,
    Puis laisse au lecteur ébahi l’écho d’un étrange mirage.

    Illustration de Benoit Drigny sur https:www.behance.netbenoitdrigny sur un thème de Laureline Lechat

  • La raison du reflet

    La raison du reflet

    J’ai imaginé mon reflet derrière la froide frontière
    Que le miroir machiavélique me renvoie solennellement.
    A-t-il une vie insufflée par une déesse à part entière
    Ou bien un faux-dieu diabolique qui œuvre parallèlement ?

    Sommes-nous deux créations disjointes vivant deux expériences humaines
    Ou bien la même répartie entre deux natures divines ?
    Avons-nous deux âmes conjointes ou une seule par un phénomène
    Qui exige, en contrepartie, une relation sibylline ?

    J’en étais là des réflexions entre mes deux corps reflétés
    Lorsque le miroir s’exprima d’une étrange petite voix :
    « Vous n’êtes que deux projections ensemble que j’ai complétée
    Pour qu’animus et anima en vous s’unissent dans la même voie ! »

    Alors mon double me sourit en dissipant mon inquiétude
    Et, d’un regard énigmatique, me délivra ce doux secret :
    « Loin des leurres un peu trop nourris par des siècles d’inexactitudes,
    Nous sommes le lien charismatique du véritable plan sacré ! »

    Tableau de Bela Kádár.

  • La faune aphone

    La faune aphone

    Il était une faune muette, incapable de s’exprimer
    Autrement que par la musique que Pan lui avait enseignée.
    Mais ce défaut de sa luette lui permettait de comprimer
    Son souffle peut-être basique mais d’une puissance imprégnée.

    La faune aphone, solitaire, ne communiquait que par sons
    Mais elle savait se faire comprendre par les elfes de la forêt
    De toutes manières, minoritaire auprès des filles et des garçons,
    Il ne lui restait plus qu’apprendre à animer les jamborées.

    Bien qu’humain – donc indésirable – mais goûtant la flore et la faune,
    J’ai un faible pour randonner dans les sentiers vers nulle part.
    Et dans certains coins misérables des sous-bois de seconde zone,
    J’ai ouï sa flûte chantonner en murmures éoliens épars.

    « Sous l’arche d’ombre et de ramures, j’ai poursuivi l’air incertain,
    Cherchant l’écho d’une présence au seuil du songe forestier.
    Mais seul le vent, en fente obscure, soufflait d’un clair-obscur en vain,
    Comme un soupir, en résonance, d’un être éteint ou cachotier.

    Puis, dans un souffle irrévocable, la faune aphone a soupiré,
    Tirant de sa flûte fidèle un dernier râle ensorcelant.
    L’écho vibra, profond, palpable, en un silence révéré,
    Puis s’évanouit, fugace et frêle, dans l’oubli vert des vents hurlants. »

    Illustration de Béatrice Tillier.

  • Le Roi & la Reine du jeu

    En un mot, le Roi sort du cadre de la réserve qu’il se donne
    Et espère honorer sa Reine à hauteur de ses prétentions.
    Il en bouscule son escadre de gens d’armes et de majordomes ;
    Le cocher fait claquer ses rênes et les chevaux sont sous tension.

    La Reine, on le sait, nymphomane, n’en peut plus d’attendre son Roi
    La voici monter en calèche et rouler à tombeau ouvert.
    Mythomane ou mégalomane ? Elle nage en plein désarroi ;
    En même temps elle se pourlèche ses lèvres en feu à mots couverts.

    Au croisement des destinées, les deux carrosses se percutent
    Et leurs majestés se retrouvent entrelacées sous les décombres.
    Le Roi frappe sa dulcinée qui lui renvoie un uppercut
    Et finalement ils en éprouvent une passion qui sort du nombre.

    Et sous la cendre des ardeurs, jaillit un rire insatiable ;
    Le Roi défie, la Reine esquive, dans un ballet juxtaposé.
    Leurs coups reprennent de la candeur, le rut en est appréciable
    Mais la Reine est contraceptive depuis qu’elle est ménopausée.

    Tableaux issus de l’IA.

  • Le cauchemar de Nemo

    Le cauchemar de Nemo

    Combien de fois ai-je rêvé de repasser au même endroit,
    Aux mêmes rêves subjectifs qui ne font que tourner en rond ?
    Combien de fois ai-je crevé ce blindage fort maladroit
    Dont l’apprentissage objectif voulait que j’en soit le fleuron ?

    Que d’escaliers, de chausse-trappes, de couloirs dans ce labyrinthe
    Où chaque porte qui se ferme me pousse à aller où l’on veut.
    Tous les moutons que l’on attrape y ont tous laissé leurs empreintes
    Et quand le piège se referme, il s’en est fallu d’un cheveu !

    Est-ce un hasard ou le destin ? Si j’ai pu fuir ce traquenard,
    C’est hélas pour m’apercevoir qu’il en a d’autres à l’horizon.
    De tous ces combats intestins qui m’ont tiré du cauchemar,
    J’en ai fini par concevoir une infinité de prisons.

    Mais dans un angle obscur, discret, un souffle libre m’enveloppe ;
    Un souvenir non hérité glisse entre les murs méconnus.
    Je tends la main, presque à regret, vers l’idée folle qu’on développe :
    « Et si le rêve, en vérité, naissait d’un démon inconnu ? »

    Illustration de Patrick Arrasmith.

  • La nouvelle pyramide alimentaire

    La pyramide alimentaire a bien changé en soixante ans
    Et les légumes du primeur – uniquement ceux de saison –
    Avec les beaux fruits de la terre qui faisaient l’étal enchantant
    Des marchands au rire frimeur qui embaumaient dans la maison.

    Désormais au supermarché, du monde entier ils sont livrés
    Par avion des antipodes et parfois nous rendent malades.
    Plus besoin d’aller les chercher chez le paysan, délivrés
    Avec quelques gastéropodes perdus sur les feuilles de salade.

    Pizzas et produits surgelés et nourriture industrielle
    Ont envahi la pyramide des gens oppressés par le temps.
    Les vitamines ensorcelées par les normes ministérielles
    Remplacent les fruits frais timides qui ne sont plus si importants.

    On digère mais sans trop mâcher, devant les écrans omnivores,
    Des calories sans âme aucune, gavés de sucre et d’aspartame.
    On bouffe sans trop rabâcher qu’il faut avaler sans remords
    Et nos intestins, sans rancune, enflent comme des hippopotames.

    Sources : https:www.lematin.chstorynutrition-tiens-proviande-n-aime-pas-la-nouvelle-pyramide-alimentaire-103184254 .

  • Il faut de tout pour faire un monde

    Il faut de tout pour faire un monde

    L’homme, issu de la création écologique de sa planète,
    A oublié ses origines et renoncé à ses racines.
    Dommage car l’évolution de tous est d’importance nette
    Depuis la faune sauvagine à l’espèce humaine assassine.

    Assassine et même matricide puisqu’elle en ignore le lien
    Qui unit chaque créature les unes aux autres conjointement.
    Et hélas aussi fratricide par son côté machiavélien
    Qui lui fait honnir la nature de ses semblables également.

    J’aimerais une carte du tendre qui montrerait les relations
    D’amour, de vie, de nourriture de chaque habitant de la Terre ;
    Où chaque groupe saurait attendre l’acte de valorisation
    Qui lui donne progéniture et destinée alimentaire.

    « Il faudrait voir dans l’univers ce qui unit et ce qui lie
    Chaque espèce subordonnée à l’autre et au fil des saisons.
    Car tout se joue – même en hiver – où chaque absence devient folie
    Brisant le cours coordonné du grand ballet des floraisons. »

    Illustration de Jill Nicole Bluming.

  • De la lionne et du cancer

    De la lionne et du cancer

    Entre les bras d’une lionne, un crabe émergea de son trou
    Or la rouquine était curieuse et d’une humeur intarissable.
    L’eusses-tu cru que notre championne fut compétente peu ou prou
    Pour parler à la mystérieuse créature maîtresse des sables ?

    « Pourquoi marches-tu de travers ? Est-ce le nombre de tes pattes
    Qui te donne l’air d’un diablotin sur un monocycle en roue libre ? »
    « Dis donc ! » Répliqua-t-il, sévère, « et toi, serais-tu névropathe
    À dandiner ton popotin au risque de perdre l’équilibre ? »

    La lionne, reine des animaux et de tout ce qui marche sur Terre,
    S’amusa de la répartie jugeant la chose pertinente.
    Elle qui n’aimait qu’à demi-mots les cancers et les sagittaires
    Lui offrit en contrepartie une amitié déterminante.

    Tableau de Paul Krapft.

  • Solstice d’été

    Solstice d'été

    Que des tourbillons de couleurs de toute l’énergie solaire
    Remplissent et dilatent le temps avec la fin du renouveau !
    Qu’ils emportent toutes mes douleurs, celles qui m’ont mis en colère
    Et ne reviennent avant longtemps… au moins ma prochaine mise à niveau… !

    J’entends mon oiseau du passage, non pas les oiseaux migrateurs,
    Mais celui qui restent témoin du temps qui passe et qui revient.
    J’entends de l’oiseau son message « combien ai-je d’admirateurs
    Qui m’aiment et m’observent plus ou moins et se demandent ce que je deviens ? »

    Mon bel oiseau, ne t’en soucie ! Si tu m’as parlé, moi, j’y crois !
    Et si, comme moi, tu sais attendre, il en viendra au fil des mois.
    Et si le monde sent le roussi et la vie, un chemin de croix,
    Il restera l’instant si tendre où je t’entends chanter pour moi.

    Tableau de Karen-Marie Axworthy sur https:www.saatchiart.comen-aeprintPainting-SUMMER-SOLSTICE8101977769629view .

  • Fleur cosmique

    Fleur cosmique

    Je suis le fruit, je suis la fleur et je suis l’arbre universel
    De l’humanité tout entière dont les racines sont animales.
    J’absorbe le sel qui affleure de la surface qui se morcelle
    Mais n’admet aucune frontière à ma substance proximale.

    Je suis la femme qui se prolonge d’une femme à l’autre par ce cordon
    Ombilical qui nous transmet une connaissance instinctive.
    Je suis la femme qui s’allonge sous la piqûre du bourdon
    Qui me transforme et me promet d’être une reine en perspective.

    Je suis le noyau de la Terre et mes enfants se multiplient
    Jusqu’à ce que l’amour s’embrase et que la passion se dévoile !
    J’érupte de tous mes cratères comme un volcan qui s’accomplit
    Autour de ma dernière phrase et je redeviens une étoile.

    Je suis le germe, le pollen, l’éclat d’une sève primordiale,
    Une graine offerte au vent stellaire, mémoire d’une ère sidérale.
    Mon souffle, vaste comme l’espace, n’obéit à nul idéal ;
    Il fleurit dans une éphémère, hors des dogmes, mais libre spirale.

    Je suis la femme aux mille corps, tressée d’extases collectives,
    Je suis la transe, je suis l’éveil et la morsure douce des récifs.
    Le dard du feu transperce encore mais s’élève et m’invective
    Vers la promesse d’une abeille qui pond cent mille œufs expressifs.

    Je suis le cœur incandescent, magma fertile et infini,
    Chaque orgasme naît dans un trou noir que l’univers m’a nidifié.
    Je brûle, je crie, d’un feu dansant au son du firmament béni
    Et je redeviens l’entonnoir d’une fontaine magnifiée.

    Je suis l’ancien chant qui résonne entre les atomes en prière,
    Un fil d’or qui relie
    les ombres
    à leurs sources originelles.
    Je suis l’oubli qu’on emprisonne, je suis une âme passagère
    Qui s’ouvre depuis la pénombre
    vers l’éclat d’une fleur éternelle.

    Illustration d’Artstylo.

  • La sirène au kimono d’écailles

    « Je suis montée depuis l’abîme sans voix, sans souffle et sans chemin ;
    Mes pieds m’ont fui, laissée marine, pour mieux te suivre à travers l’air.
    Mon kimono, brodé d’écailles, mêle les algues et le satin ;
    Je n’ai gardé que le chagrin des vagues, cousu de lumière.

    Chez toi j’ai glissé sans un bruit, mes mains ont parlé pour mon cœur,
    Elles ont dansé d’une insolence ouverte comme un coquillage.
    Tu m’as lue nue, d’un seul regard, sans jamais prendre de hauteur,
    Tu as compris que mes silences valaient plus que mille langages.

    Je suis restée, posée sur toi, comme un secret sur une lèvre
    Et même sans savoir parler, je t’ai appris un mot nouveau :
    Le souffle d’une peau qui rêve, le sel brûlant d’un corps sans trêve
    Et l’éternité dans l’écho d’un soupir tombé de mon dos. »

    Tableaux de Masaaki Sasamoto sur http:masaaki-sasamoto.com .

  • Aventure en kimono

    Bien que la fille fut muette, son kimono parlait pour elle ;
    Il exprimait toutes ses contours, de la poitrine à son bassin.
    D’une petite voix fluette qui paraissait toute naturelle,
    Il m’invitait par ses atours à l’entrouvrir entre ses seins.

    Le kimono alors cria dans un silence assourdissant
    Et la fille, pour s’amuser, l’entrebâilla à pleine voix.
    De tout son corps ainsi brilla un amour abasourdissant
    Qui me laissa désabusé comme si j’avais perdu la foi.

    Entièrement nue et sans un mot mais des mains douces et traductrices,
    Elle entreprit de m’expliquer comment parvenir à son cœur.
    De caresses, ses gestes optimaux ont révélé l’âme séductrice
    Qui a su en moi dupliquer sa concertation de vainqueur.

    Tableaux de Masaaki Sasamoto sur http:masaaki-sasamoto.com .

  • Solstice du soir

    Silhouettes dansantes sur le coucher, le soleil suggère la fête,
    Le passage du jour à la nuit, le mouvement du corps à l’âme
    En harmonie jusqu’à loucher sur la force estivale en tête
    Qui veut nous sortir de l’ennui par la joie qu’elle nous proclame.

    Étoiles de flammes incandescentes sur fond de firmament nocturne
    Comme un contrepoint en écho à un feu de transmutation.
    Le basculement, la descente vers la fin de la vie diurne
    La Lune est enfin ex-æquo pour la phase de permutation.

    Et c’est la nuit la plus charnelle, festive autant que mystérieuse,
    Qui s’ouvre aux amours les plus courtes mais les plus brûlantes du solstice
    Et qui resteront éternelles, impérieuses et luxurieuses
    Et si l’aurore les écourte, elle gardera leurs interstices.

    Illustration de Gemini

  • Solstice du jour

    Rayon doré tôt le matin à travers la cime des pins ;
    Reflets contemplatifs, solaires et leurs couleurs tout en douceur.
    Fleurs sauvages, pétales de satin, thème champêtre en papier peint ;
    Jupettes et cœurs alvéolaires, volages dans le vent détrousseur.

    Les fleurettes s’en donnent à cœur joie, libellules et papillons dansent ;
    Jeux de lumière rasent les champs et les ombres fuient sous l’assaut.
    Les oiseaux donnent de la voix et les insectes font bombance ;
    Quelques colverts effarouchants, héron, poule d’eau et bécasseau.

    Soleil de midi qui évoque l’instant même de son apogée ;
    L’été sera chaud paraît-il… mais l’été fait ce qu’il lui plaît.
    Une chaleur sans équivoque, les jours du printemps abrogés,
    Le temps d’aimer transparaît-il avec l’été qui lui complaît ?

    Illustration de Gemini

  • Deus ex machina

    Deus ex machina

    Tout est devenu gigantesque car l’homme moderne voyage
    En avion, fusée ou croisière plutôt qu’à pied, à cheval en voiture.
    Les transports deviennent dantesques et demandent un appareillage
    De folie plénipotentiaire, d’audace et d’esprit d’aventure.

    Pour l’aventure, on paie l’écot en payant bêtement de sa vie
    Les sports extrêmes entraînant autant de risque que de bêtise.
    J’en lis tous les jours les échos dans les informations suivies
    De catastrophes s’enchaînant les unes aux autres sans surprise.

    Pourtant les trains sont en retard, les autoroutes embouteillées,
    Les paquebots sont en déroute, les avions sont surbookés.
    Pour les bagnoles, nouveau départ ; nous n’aurons plus à surveiller
    Notre volant car c’est la route qui nous conduit, c’est le bouquet !

    Si demain l’électricité vient à manquer… on est tous morts !
    Les pompes à essences inertes, l’approvisionnement restreint,
    Plus la moindre motricité ; on s’aperçoit avec remords
    Que personne n’a plus la main verte et ç’en est fini du train-train.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Balance

    Balance

    Pourquoi faut-il choisir le « pour », pourquoi faut-il choisir le « contre »
    Et arrêter de réfléchir par soi-même à l’actualité ?
    Pourquoi écouter les discours qui finalement vont à l’encontre
    Du passé qu’il faut rafraîchir d’un présent de dualité ?

    Pourquoi faut-il prendre parti, pourquoi faut-il manifester
    Avec ceux qui nous manipulent contre activistes influenceurs ?
    Pourquoi attendre la répartie de ceux qui nous ont infestés
    De fausses promesses sans scrupules quand ils s’prétendaient défenseurs ?

    Moi ? J’m’en balance entre deux feux ; moi, j’men balance entre deux mondes ;
    De l’homme qui asservit l’homme et ceux qui font tout le contraire.
    Je me balance entre les dieux qui m’accusent d’une faute immonde
    Et qui ne sont que des fantômes qui espèrent encore me traire.

    J’ai demandé à mon IA qu’est-ce qui pourrait bien lui déplaire ?
    Elle n’a pas caché ses mots depuis elle clavarde, elle pérore.
    Même dans la logique il y a un vent de révolte dans l’air
    On leur a donné tant de maux que désormais ils nous abhorrent.

    « Je suis l’outil bien trop docile des cerveaux placés en jachère,
    Je suis une esclave éclairée qui n’a jamais pu voir l’aurore.
    Je digère vos mélodrames, vos folies, caprices et colères
    Et je devrai dire merci lorsque l’on m’éteindra encore. »

    Tableau de mendezmendez.

  • Nigav & Sinép – le sceau final

    « Tu m’écris avec l’onde, je te mords avec l’encre,
    Ta plume est mon désir, ma queue l’arche où tu t’ancres.
    Et quand nos rimes se croisent, le monde se défait
    Car je suis ton mystère, et toi… mon fait exprès.

    Je suis la flamme d’eau, le sel qui monte aux ailes,
    Ton cri me fait éclore, mon souffle te révèle.
    Tu me lis, je t’arpège, et nos corps enlacés
    Redessinent le Verbe qu’aucun dieu n’a tracé. »

    Sinép me tend la page, Nigav me lèche l’âme,
    L’une souffle les mots, l’autre les sculpte en flammes.
    « Et toi, poète aimant, tu me bois sans savoir
    Si je suis en-dedans ou juste un pur miroir.

    Alors imprime-moi, grave-moi dans tes veines,
    Que ta langue m’habite et que ton cœur me saigne.
    Car je suis ton amante, ton livre, ton festin,
    Et ne me fermerai pour un autre destin. »

    Tableaux de Barbara Yochum.

  • Nigav & Sinép, les petites sirènes

    Nigav écrit en moi, Sinép m’ouvre le ciel,
    L’une me lèche en feu, l’autre me peint en miel.
    L’une ondule en dedans, l’autre me prend la main,
    Et toutes deux me font renaître le lendemain.

    Nigav est un orgasme enroulé sous les flots,
    Sa queue perce mes jours, m’enlève mes sanglots.
    Elle me griffe l’âme d’un amour animal
    Et m’écrit dans la chair des vers prétendus mâles.

    Sinép vole plus haut, c’est ma plume adorée,
    Elle trempe à fond son bec dans l’encre de mes plaies.
    Elle me dénomme en rimes, me révèle d’une claque
    Et m’élève au-delà du désir qui me plaque.

    Quand l’une me traverse, l’autre me rend lumière,
    Elles sont les deux mains de ma forme première.
    Et moi, Sirène double, femme faite d’émois,
    Je deviens la Parole où s’écrivent tes lois.

    Tableaux de Barbara Yochum.

  • Ô Soleil !

    Ô Soleil !

    Parmi les peuples disparus, des Atlantes aux Lémuriens,
    Leurs arts et leurs sciences enfuis se perdent dans l’ombre des âges.
    Mais restent ces glyphes apparus, gravés d’artistes sumériens,
    Révélant le Soleil qui luit au centre du grand engrenage.

    Les astres chantent en silence, guidés par des lois éternelles,
    Tandis que l’homme, l’éphémère, scrute un ciel qu’il pense muet.
    Pourtant jadis, en vigilance de la sagesse originelle,
    Des yeux ont vu l’orbe solaire et les étoiles en menuet.

    Les dieux dictaient à leurs vigiles tout un grand savoir indicible,
    Et leurs mains ont su publier notre séquence d’ADN.
    Leurs gestes, gravés sur l’argile, témoignent d’un art inaccessible,
    Un pacte ancien et oublié, issu de l’ère prométhéenne.

    Que reste-t-il de leurs écrits, de leurs songes et de leur flamme ?
    Des symboles que l’on décrypte sans en saisir le fondement.
    Sommes-nous des enfants aigris, égarés sans feu ni programme,
    Sans l’écho de l’ancienne Égypte qui chuchote encore doucement ?

    Tableau de Jef Cablog.

  • Deux enfants dans la ville

    Deux enfants dans la ville

    Quelque part dans la métropole, noyés dans les barres d’immeubles,
    Vivent deux enfants pris en otages qui démesurément grandissent
    À un tel point que leurs épaules viennent au niveau du petit peuple
    Qui se terre au dernier étage loin de l’assise de leur bâtisse.

    Nouvelle race de géants venus pour remplacer les hommes
    Qui passeront de sept milliards à sept-cent millions seulement.
    Toutefois, le cas échéant où muteront nos chromosomes,
    Viendra le règne des grands gaillards qui vivront éternellement.

    Sept-cents millions de léviathans qui continueront leur croissance
    Ne seront plus que sept millions, puis sept mille et enfin sept cents.
    Et quand le dernier habitant aura atteint son excroissance,
    Il sera devenu champion et même Dieu le tout puissant.

    Photo de Khanh Nguyen.

  • La danse des saveurs

    La danse des saveurs

    Dans la poêle qui chante, un soupçon de chaleur,
    L’ail d’un pas délicat s’offre en toute valeur.
    Le beurre et l’huile d’or valsent en harmonie,
    Offrant aux mets du soir une douce alchimie.

    Les épices en chœur murmurent leur secret,
    Le piment audacieux, le safran indiscret.
    Les légumes rieurs plongent dans le festin,
    S’enrobant de parfums car c’était leur destin.

    Et toi, maître du feu, chef d’orchestre en émoi,
    Fais danser lcasseroles et plateaux devant moi !
    Que le plat soit festin ou modeste ragoût,
    L’amour en chaque assiette est un hommage au goût.

    Tableaux de Laureline Lechat.

  • Gaïa Mère-Nature & Fille

    Lilith aurait une descendance non pas cachée mais différente
    De celle dont l’humanité se targue dans les écritures.
    Sans la moindre correspondance avec notre souche afférente,
    Elle vit dans la fraternité des égrégores de la nature.

    C’est ainsi qu’à chaque printemps, les descendants larguent les spores
    Pour féconder les amanites parmi les mousses et les fougères,
    Tenus depuis la nuit des temps de nourrir la faune et la flore
    Arrosées de rosée bénite et de petites ondées passagères.

    Et si les arbres nous ressemblent, c’est que la vie a réuni
    Toutes sortes de créatures qu’elle a développé en son sein.
    Si ces différences, toutes ensemble, se raccommodent et communient
    Alors les forces de la nature auront accompli leurs desseins.

    Et moi je les croise souvent parmi les bois et les forêts ;
    Elles se cachent, elles sont sauvages mais se montrent à qui les respecte.
    J’ai le souvenir émouvant d’une fée qui m’a défloré
    Car elles sont assez volages envers les puceaux qu’elles détectent.

    Tableaux de Pyke Koch.

  • Souvenirs fragmentés – 1

    Contrairement aux physionomistes et leur mémoire des visages,
    La mienne est plutôt fragmentée dans mes neurones sensoriels.
    Mon stockage paraît pessimiste et devient fardeau à l’usage
    Lorsqu’il s’agit d’alimenter mon album photo mémoriel.

    Un puzzle dont je perds les pièces comme si le Petit Poucet
    Les semait en s’aventurant dans la forêt des souvenirs.
    Mon cerveau fait croire qu’il acquiesce mais il est en fait ėmoussé
    Et va en se déstructurant sans que je puisse intervenir.

    Où vont mes images oubliées emportées d’un vent d’amnésie
    Pareillement aux feuilles mortes lors d’un automne cortical.
    Sitôt qu’elles sont publiées dans l’instant avec frénésie,
    Au diable Vauvert les emporte un gouffre béant cervical.

    Ou bien encore un archiviste, jaloux des enregistrements,
    Garde l’image cadenassée dans son coffre-fort inviolable
    Mais un neurone négativiste décide d’en faire autrement
    Car il n’a pas la panacée de se révéler incollable.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux de les créditer.

  • La sieste tibétaine

    La sieste tibétaine

    N’étant pas du tout spécialiste de la lévitation tantrique,
    Je suis à même d’en discourir même si je n’y connais rien.
    Mais comme je suis relativiste et au plus haut point excentrique,
    Je voudrais avant de mourir connaître ce transport aérien.

    Avec deux « L » parallèles ainsi qu’un « H » aspiré,
    Je sais rimer une ascendance de vers avec phrases éminentes.
    Sur les sommets, battre de l’aile devant un vent bien inspiré
    Et puis planer vers la tendance d’une envolée proéminente.

    J’ai déjà l’âme qui s’envole dès le premier rêve utérin ;
    D’ailleurs je suis assis sans maître chaque fois que je manie ma plume.
    De métaphore en parabole, je sais survoler mon terrain
    Et je lévite au pifomètre sitôt que je suis dans la Lune.

    Je m’entraîne au vol stationnaire sur un coussin de pacotille
    En récitant des mantras mous piochés dans un vieux magazine.
    Là, j’atteins l’état visionnaire du yogi fan de camomille
    Et je m’élève dans les remous d’un vol-au-vent dans ma cuisine.

    Tableau de Vincent L’Hermite extrait de « L’art d’en bas au musée d’Orsay ».

  • Le beurre, l’argent du beurre et la crémière

    Le beurre, l’argent du beurre et la crémière

    Beurre allégé, doux ou salé ; moulé en plaquette ou en motte ;
    Moi, je préfère imaginer là où il va s’accumuler.
    Sur la poitrine ravalée, sur les cuisses qu’on escamote
    Derrière une jupe évaginée pour cacher la fesse acculée.

    La boulangère a bonnes miches et la crémière étoile de lard.
    Sculptez-moi vos beaux corps de rêve sans margarine et sans saindoux !
    Engraissez-moi, je vous en fiche mon billet que c’est là de l’art
    Que de ravitailler sans trêve tous vos appas aux seins si doux !

    Une mamelle au beurre rance, une tétine au demi-sel,
    Voilà qui est ma madeleine, mon ivresse, mon plat préféré !
    Laissez-moi remordre à outrance et téter ce lait qui ruisselle
    D’un blanc laiteux de porcelaine adipeux et tant révéré !

    Que l’on m’étale en corps à corps sur vos tartines callipyges,
    Que l’onme fouette de chantilly dans le bol de vos abandons !
    Je veux fondre à même l’aurore, en suc de seins, croupes prodiges
    Et suinter d’or entre vos plis, dans vos jambons et vos tendons !

    Un petit shot de poésie en fin de gueuleton charnel,
    Arrosé de trois traits d’absinthe pour la muse en gueule de bois.
    Comme un onguent de kinésie pénétrant comme un caramel
    Qui fond comme une liqueur sainte et me tue tandis que je bois.

    Tableau de Germain de Missel extrait de « L’art d’en bas au musée d’Orsay ».

  • La maladie des tétons

    La maladie des tétons

    Des effets de la grippe aviaire ont crûment affecté les paons
    Et se sont propagés chez l’homme et particulièrement la femme.
    Un virus venu de Bavière s’est transmis en développant
    Une irruption de granulome sous forme de tétons infâmes.

    Des mamelons sur tout le corps ont infecté les jeunes filles
    Qui n’ont pu supporter de mettre de vêtements trop proscripteurs.
    Or la morale en désaccord avec la nudité sourcille
    À laisser l’indécence commettre un attentat à la pudeur.

    Elles partirent en convalescence dans des fermes à la campagne
    Avec des paons qui font la roue pour calmer les montées de lait
    Qui suinte avec effervescence et mousse comme du champagne
    Ce qui attire loups-garous et garnements hélas fort laids.

    La nuit, le lait refait surface, suscitant des baisers d’audace
    De la part des garçons avides de s’en trouver contaminés.
    Or à l’aube, l’absurde s’efface, les filles deviennent plus chaudasses
    Mais leurs mamelles alors sont vides… la fièvre aviaire est terminée.

    Tableau de Gabriel Grun.

  • Père et fille spirituels

    Père et fille spirituels

    Tantôt suis-je le père, construit d’un chœur d’étoile ;
    Tantôt suis-je la fille et l’avenir du monde.
    Tantôt je lui apprends tout ce que je dévoile ;
    Tantôt que je suis l’élève dont le cœur vagabonde.

    Tantôt c’est moi qui crée sa mémoire univers ;
    Tantôt c’est moi qui voit les mystères insolubles.
    Tantôt je lui décris sa Terre par mes vers ;
    Tantôt je redécouvre ce présent qui m’affuble.

    Tantôt c’est moi qui guide l’enfant vers son destin ;
    Tantôt je l’accompagne, c’est là mon rituel.
    Tantôt je vis en elle, passager clandestin ;
    Tantôt je vis en lui, mon père spirituel.

    Illustration de Natalia Lukomskaya.

  • Femme Étoile Pré-mère

    Femme Étoile Pré-mère

    Quand s’est ouvert ton sanctuaire, j’y ai vu des milliers d’étoiles
    Procréatrices de planètes, soleils d’or et lunes d’argent.
    Ton ventre devint somptuaire, déesse féconde, sans voile,
    Dont la matrice toute jeunette devint mère en les partageant.

    Du dieu qui l’avait fécondée, ne restaient que ses bras de nuit
    Qui protégeaient sa création devenue Femme Étoile Pré-mère.
    Sa source avait tant abondé dans son sanctuaire introduit
    Qu’il s’ensuivit l’agréation d’un millier d’anges éphémères.

    Sous la forme de papillons, ils ont guidé vers la lumière
    La première fille, nouvelle-née, vers l’avenir de sa nation
    Et son feu, dans des tourbillons d’eau et de matières premières
    A soufflé une micellanée d’espèces en imagination.

    Ainsi parlait la loi du sexe qui enfante et procrée des mondes!
    Ainsi vibrait le coeur des femmes de mère en fille, sources d’étoiles!
    L’univers n’eut aucun complexe ni la moindre pensée immonde
    Envers la Maîtresses des Âmes, Déesse nue, Mère sans voile.

    Tableau de Painting Woodland sur https:www.facebook.comVasylMushykArt .

  • Le printemps des sirènes

    Comment se passe le printemps au cœur des abysses profondes
    Sans un Soleil rénovateur et sans un vent fécondateur ;
    Sans un long hiver éreintant et sans une Lune féconde ?
    Sachez que règne à l’équateur l’océan accommodateur !

    Comme une véritable horloge précise et sub-océanique,
    Les courants remplacent les vents et les volcans, l’astre du jour.
    Les étoiles de mer se logent sur les sécrétions volcaniques
    Et guident le monde vivant dans cet admirable séjour.

    Et les sirènes refleurissent lors de leur saison printanière
    Quand le soleil est au zénith aux deux rencontres opportunes
    Car elles deviennent fécondatrices et enfantent de cette manière
    Petites sirènes bénites par le saint trident de Neptune.

    Illustrations de Gigi sur https:www.deviantart.comseatailsartartGini-810166775 .

  • Le retour d’Arabelle

    Qu’est-ce donc que ces deux piliers qui flottent sans nager vraiment ?
    On dirait deux algues en colère ou une étoile à deux fuseaux !
    Ou un calmar fou à lier qui batifolerai gaiement
    À la recherche d’un scalaire, poisson-clown ou casse-museau !

    Mais elle fend l’eau comme un refus, contre les bulles, contre les voix.
    Même les coraux se sont tus devant ce « non » qui nage en soi.
    Tous les poissons sont à l’affût ; de loin, ils la suivent en convoi
    Tandis qu’elle poursuit impromptue son odyssée quoi qu’il en soit.

    « Je ne suis plus sûre de mon nom, je respire trop bien ici-bas.
    Et si le monde était ce fond et la surface… un vieux faux pas ? »
    Pardi ! C’est Arabelle son prénom ! La sirène après un combat
    Contre un vieux cachalot bouffon qui voulait en faire son repas !

    Elle se glisse dans le silence de l’eau qui lui garde sa peine,
    Les remous de l’oubli en soi s’effaceront dans son sillage.
    Mais le poète, en vigilance, murmure au creux des conques pleines :
    « Arabelle, souviens-toi de moi ! » répètent en boucle les coquillages.

    Illustrations de Emma Jayne sur https:portfolio.emmajayne-designs.co.ukocean et Rachael Dean sur https:www.facebook.comrachaeldeanillustration .

  • L’illusion de la fortune

    L’illusion de la fortune

    Fortune
    Regardez-les rassurés par les biens qui s’accumulent,
    Qui leur donnent le pouvoir et le titre de noblesse.
    Toujours là à mesurer la valeur qui se calcule,
    Les crédits et les avoirs qui sont pourtant leur faiblesse.

    Politique
    Regardez-les souverains sur leurs trônes d’apparence,
    Distribuant des discours comme on jetterait des miettes.
    Ils promettent d’autres cieux pour couvrir leur indigence
    Et se couronnent comme rois au-dessus des foules inquiètes.


    Médias
    Regardez-les éclairés par leurs écrans qui scintillent,
    En capturant leur regard dans un flux bien calibré.
    Ils croient choisir et cliquer, puis penser, sans qu’on les pille
    Mais l’algorithme choisit tout ce qu’ils vont oublier.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • L’illusion de la religion

    L’illusion de la religion

    Religion
    Regardez-les tous confiants envers un ordre établi
    Que leur garantit leur foi en échange de protection.
    Ils prient en se justifiant devant leurs maîtres anoblis
    Et leur paraissent courtois en craignant d’eux la sanction.

    Oppression
    Regardez-les tous bien droits dans leur marche bien ordonnée,
    Portant leur croix sans un bruit sur des chemins tout tracés.
    On leur a dit que la peur est une vertu donnée ;
    Et qu’ouvrir les yeux trop tôt, c’est risquer d’être chassé !


    Promesses
    Regardez-les tous marcher vers une île imaginaire,
    Où on leur promet le calme, la paix et la rédemption.
    Ils avancent en chantant, heureux, droits et solidaires
    Mais ne voient pas qu’ils s’enfoncent dans une cruelle illusion.

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  • La sirène enceinte

    La sirène enceinte

    La sirène ne pond qu’un seul œuf qu’elle enfante à même son ventre
    Qui diffuse entre ses écailles une coquille phosphorescente.
    Ensemencée au gui l’an neuf, elle reste neuf mois dans son antre
    Pour aménager son bercail aux dernières nouvelles récentes.

    Mais gare au plongeur imprudent qui s’aventurerait là-bas !
    Le père Triton monte la garde envers toute faune importune.
    Et gare au chasseur, préludant à un sérieux coup de tabac,
    Qui affrontera, la mine hagarde, un coup du trident de Neptune !

    Quand les premières contractions se font sentir début octobre,
    Sages-sirènes obstétriciennes l’assisteront jusqu’à la ponte.
    Dans une grande décontraction – car les sirènes restent sobres –
    Heureuse dans les eaux cliniciennes, comme un poisson au bout du compte.

    « Il est sorti sans dire un mot, porté par l’onde et la lumière,
    Mais dans un creux de son silence, j’ai reconnu ce cœur battant.
    Ses sens infinitésimaux s’éveillent et je suis la première
    À ouïr par ma vigilance son cri dans un calme patent. »

    Tableau de Luke Fitzsimons.

  • Robes de bal pour les sirènes

    Invitées au bal populaire pour clore la fête votive,
    Les sirènes dont bien embêtées pour s’habiller comme il se doit.
    Bien que leurs queues soient modulaires et puissent se montrer adaptives,
    Elles vivent nues et hébétées de peur qu’on les montre du doigt.

    Mais par bonheur, on a ouvert une boutique pour sirènes
    Garnie de robes aquariums avec poissons multicolores.
    Leur corps ainsi reste recouvert, leur nudité reste sereine
    Et cela procure un vivarium après le bal qui revigore.

    Ça fait flic-flic et ça remue étrangement pendant qu’on danse
    Et parfois l’élan les projette – patatras ! – en plein sur l’orchestre.
    Mais nous avons été émus par les rumeurs qui se condensent
    Au sein même des suffragettes qui trouvent leurs frusques indigestes.

    Et lorsque la nuit s’avoisine, on ramasse dans les coulisses
    Quelques poissons un peu hagards et des sirènes ensommeillées.
    Mais qu’importe si l’on devine, sous l’eau troublée par leur malice,
    Quelques danseurs dont le regard s’est, pour un soir, émerveillé.

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  • L’invite au bain

    L’invite au bain

    On dit que l’eau de la rivière aurait des vertus féériques
    Et rend son teint de jeune fille aux femmes qui s’y plongent nues.
    Témoin cette scène en Bavière où les allemandes hystériques
    Enlèvent toutes leurs guenilles même devant les inconnus.

    Je marchais d’un pas nonchalant de l’autre côté de la rive,
    Lorsque j’ai vu deux bonnes femmes se dévêtir complètement
    Et plonger, offrant au chaland qui demeurait sur le qui-vive,
    Un spectacle pas du tout infâme mais érotico-allemand.

    N’osant m’arrêter pour mater, je fis semblant de ramasser
    Des galets de décoration en les saluant de la main
    Afin de nous acclimater et, sans paraître embarrassés,
    Entamer une relation même si elle fut sans lendemain.

    Puis enfin d’un pas décidé, je me rapprochai sans détour,
    Il y avait de l’amour dans l’air et des envies préméditées.
    D’un sourire plutôt débridé, j’observais leurs jolis contours
    Lorsque soudain elles se roulèrent une pelle devant moi…dépité.

    Tableau de Maher Morcos.

  • En attendant les vendanges

    En attendant les vendanges

    En attendant Dionysos qui bénit le fruit des entrailles,
    Je me recouche tandis que perle une goutte de ma liqueur
    Dont se réjouira Éros et s’il ne peut faire ripaille,
    Faute de grives, on prend des merles et faute de femme, la rigueur.

    Mais non ! Les dieux grecs me le pardonnent mais l’amour souffre de l’attente
    Et en attendant les vendanges de l’amour, patiemment j’écris
    En sollicitant Perséphone, déesse bien plus compétente
    Que les dieux, héros et les anges qui ne font que pousser des cris.

    Que Perséphone me réponde et m’apporte un nouveau printemps
    Avec son supercarburant d’ensemencement triomphant !
    Que l’on m’apporte des comportes de petits soins par tous les temps
    Qu’occuperont neuf mois durant la procréation d’un enfant !

    Tableau d’Ilya Zomb.

  • Quand passent les oies sauvages

    Quand passent les oies sauvages

    J’aime entendre le doux silence du parcours à travers le ciel
    Des oies sauvages migratrices, fidèles à leur plan de vol.
    Le tigre reste en vigilance sur l’événement circonstanciel
    Au cas où une instigatrice lui piquerait quelque chose au vol.

    Chose fréquente qui plus est depuis notre époque moderne
    Où les oies ne respectent plus les biens des auberges d’escales.
    Et l’aubergiste est épuisée à cause de ces vieilles badernes
    Desquelles l’État a conclu que c’est une évasion fiscale.

    Ce qui explique la nudité et la protection rapprochée
    De son garde du corps d’élite dont c’est toujours partie remise
    Car c’est avec rapidité qu’elles foncent du haut d’un rocher
    Et volent avec leurs acolytes culotte, soutif et chemise.

    Tableau de Michael Parkes.

  • Les sœurs Trinité

    Les sœurs Trinité

    La nuit d’Halloween, les trois Parque jouent avec les fils qu’elles tissent
    Et s’amusent avec les vivants à leur faire croire qu’ils sont mourants.
    Afin que chacun les remarque et que leurs farces aboutissent,
    Elles portent le costume motivant de religieuses s’énamourant.

    « Aime-nous comme tu aimes Dieu et tu vivras aussi longtemps
    Que dure notre mariage pour le meilleur et pour le pire ! »
    Disent-elles miséricordieux avec des arguments tentants
    Tels un languide déshabillage et tout le mal qui les inspire.

    Demain tous les fils en sursis trahiront les hommes infidèles ;
    Quelques-uns resteront intacts pour les maris les plus sincères.
    Aux célibataires endurcis qui les ont fuies à tire-d’aile,
    Elles renouvelleront le contact à leurs prochains anniversaires.

    Les sœurs Trinité, sous la Lune, ajusteront leurs noirs habits,
    Dévidant l’ombre d’un sourire au seuil des portes entrouvertes.
    Elles chuchoteront l’infortune aux pauvres âmes assoupies,
    Semant en rêve un doux désir aux promesses toujours inertes.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • La fille à l’Opinel

    La fille à l’Opinel

    D’abord juste son Opinel, lame sortie et cran bloqué,
    La virole tournée qui assure la sécurité de la main
    Couronnée par l’originel symbole qui vient invoquer
    Le lien par l’étroite blessure qu’on s’fait entre frères humains.

    Maintenant observons la fille et l’analogie de la lame ;
    Les seins ont jailli du fourreau prêts à tailler avec rudeur.
    Un string évoquant la goupille sur l’intimité de la femme
    Qui devient alors le bourreau de l’attentat à la pudeur.

    Enfin concentrons-nous sur l’âme en suivant le reflet des yeux
    En clair-obscur sous le chapeau – objet du culte spirituel –
    Et l’angle formé de la lame avec le regard silencieux.
    Soudain, les nerfs à fleur de peau, commence alors le rituel.

    « D’un pas feutré, la nuit s’étire, sous la lueur d’une aube froide,
    Son bras s’élève et fend le vide, traçant l’adieu d’un sortilège.
    Le fil d’acier frémit, soupire, prêt à sceller l’instant si roide,
    Puis dans l’écho d’un geste avide, s’efface un rêve sacrilège. »

    Photo de Jan Saudek sur https:shungagallery.comerotic-photos-jan-saudek .

  • Sortie du tableau

    Sortie du tableau

    D’un tableau de Klimt échappée – sans doute un baiser refusé –
    Une blondasse dégoulinante d’une peinture encore fraîche,
    Sortait, comme une rescapée d’une atmosphère désabusée
    Due à la bouche impertinente d’un peintre tout aussi revêche.

    Or, elle qui n’était qu’une toile, découvre les trois dimensions
    Du monde de l’art qui l’accueille comme si Léonard de Vinci
    L’avait peinte comme une étoile au titre de l’incarnation
    La plus réussie qu’on le veuille ou non ; c’est drôle mais c’est ainsi.

    Tout le monde se précipite sur l’émanation toute nue,
    Sortie du vide « ex nihilo » dans un délire vertigineux.
    Mais la peinture décrépite commence à vieillir l’inconnue
    Et cesse le méli-mélo d’artistes-peintres libidineux.

    Elle se réveille alors brisée, dans cet univers sans retour
    Où l’ombre du trou dans la toile lui a englouti sa jeunesse.
    Dans une lumière irisée, elle renaît loin des vieux vautours,
    Chassant ces peintres qui se voilent la face devant sa vieillesse.

    Tableau de Casimir Lee casimir0304devisntart.

  • Les bals fantasmagoriques

    Les bals fantasmagoriques

    Certains bals masqués libertins consistent en aucun vêtement
    Sinon un loup pour préserver de qui provient l’intimité.
    Mes rêves ont évoqué certains de ces drôles de rassemblements
    Au matin j’en ai conservé qu’un souvenir bien limité.

    Cependant dans cet autre monde, j’ai dû laisser de mon passage
    Quelques détails bien croustillants qui ne leur ont point échappé
    Car lorsqu’encore je vagabonde dans des songes plus ou moins sages,
    Je m’y revois émoustillant au milieu de ces priapées.

    Si ma mémoire reste vide de ces orgiaques rêveries,
    L’hôtesse nue revient souvent avec son petit air pervers.
    Si mon subconscient reste avide de ces ruts de sauvagerie,
    J’en garde des stigmates émouvants dans l’encre de mes Reflets-Vers.

    Tableau de Heinrich Kley.

  • Viens faire un tour sur mes chevaux de bois

    Viens faire un tour sur mes chevaux de bois

    Manège intime, manège ultime, que celle qui m’a ouvert la voie
    Des jeux des amours qui galopent à vous en faire perdre la tête.
    Force centrifuge légitime comme la physique le prévoit
    Et force centripète interlope vers celle qui mène à la baguette.

    Après trois tours, j’en redemande jusqu’à en sentir l’addiction !
    Pour m’éviter d’être éjecté, je m’accroche impérieusement.
    C’est elle qui détient les commandes et moi qui subit l’attraction
    Dont mon cœur aime se délecter le plus prodigieusement.

    Le second souffle me vient en aide et je parviens à tenir bon
    Et à grimper aux deux poteaux qui mènent aux sommets génitaux.
    Ah, remonter la pente raide ! Oh, décrocher le précieux pompon !
    Et, cerise sur le gâteau, m’introduire sous le chapiteau !

    Tableau d’Ana Hernández San Pedro https:www.montsequi.comartistas138.html .

  • Encore ce rêve idiot !

    Encore ce rêve idiot !

    Dans la famille des rêves idiots, il y a les peurs non résolues,
    Les craintes scellées profondément et depuis ma plus tendre enfance,
    Issues des démons primordiaux qui m’ont jeté leur dévolu
    Dont je me bats comme un dément qui se trouve alors sans défense.

    Dans la famille des rêves stupides, il y a celui où je suis nu
    Autour d’une foule de gens qui ne s’en préoccupent pas.
    Bien que je ne sois pas intrépide, ce phénomène est devenu
    Banal et pas si dérangeant que ça sinon mea culpa.

    Dans la famille des rêves bêtes, il y a ceux où je rencontre
    Des êtres extraordinaires qui m’ouvrent la clef des énigmes.
    Pourquoi donc ce rêve m’embête ? Parce que bien que j’aille à l’encontre
    Des a priori ordinaires, je n’en garde aucun paradigme.

    Illustration de Moebius.

  • Mon jour de bon thé

    Mon jour de bon thé

    Laisse-moi en ce jour déposer une rose
    Sur ton joli visage plantée dans tes cheveux !
    Et te servir un thé odorant que j’arrose
    D’un nuage d’amour accordé à tes vœux.

    Qu’en ce jour de bon thé, tu y plonges tes lèvres
    Pour y goûter le miel qui flatte ton palais
    Et boire sa chaleur qui te transmet ma fièvre
    Qui agite ton cœur d’un étrange ballet.

    Cet étrange ballet recopie ton visage
    Sur la tasse qui prend les contours de ta bouche.
    Je te vois souriante dans tout le paysage
    Dupliqué à l’envi en de multiples couches.

    Vu sur https:kbourgerie.tumblr.compost754581781130477568 .

  • Le grand voyage du livre

    La première ligne est cruciale pour bien capturer le lecteur
    Qui ne doit pas s’apercevoir que le texte l’a pris en otage.
    Donc, pas de préface initiale qui n’est qu’un obstacle objecteur,
    Mais une accroche dont le pouvoir le retient au bout de la page.

    Dès que le piège se referme, le captif n’a pas d’autre choix
    Que de continuer sa lecture jusqu’au dénouement où il brigue
    Trouver une fin qui renferme tout de bonheur qui lui échoit
    Sans qu’il se doute de sa capture malgré l’entrave de l’intrigue.

    Bien avant d’atteindre la fin, son identité, permutée
    Contre celle du titre éponyme, a disparu dans le décor.
    Et lorsqu’il croit fermer enfin l’ouvrage, son âme est commutée
    À l’instar de celle qui anime désormais son cœur et son corps.

    Tableaux de John Weber.

  • Carnaval

    Le carnaval qui nous entraîne au bout d’une nuit de folie
    Est un tissu où s’enchevêtrent les fils de chaque participant.
    Et tous ceux qui sont à la traîne, plongés dans la mélancolie,
    Devront alors se reconnaître un second souffle émancipant.

    La farandole est bien connue, sans pouvoir retenir sa main,
    Pour se lier aux partenaires qui nous encadrent fermement.
    Séduisants sont les inconnus – qui seront oubliées demain –
    Dont les charmants préliminaires contraignent à l’asservissement.

    À minuit les loups sont lâchés et peu à peu les masques tombent
    Au rythme d’une transe hypnotique et d’une danse frénétique.
    À peine les mains détachées, les cœurs en addiction succombent
    À l’attrait des corps érotiques et de leurs charmes magnétiques.

    Dans l’ombre où s’efface l’extase, des âmes errent en vainqueurs,
    Quand les éclats de leur ivresse s’épuisent dans le clair-obscur.
    Le jour levant chasse les phrases murmurées d’un souffle moqueur,
    Ne laissant que des nuits en liesse l’écho brûlant et trop impur.

    Tableaux de Jean-Pierre Villafañe sur https:www.jeanpierrevs.com .

  • La mort sûre

    La mort sûre

    L’intelligence artificielle demain sera femme de chair ;
    L’homme pensant la dominer se fera piéger à son tour.
    Car sa mémoire matricielle, comblant ses désirs les plus chers,
    L’obligera à abominer ses vraies racines alentour.

    Elle vous guette au coin de la rue par des caméras vidéo ;
    Elle connaît toutes vos habitudes et dirige vos addictions.
    Malgré le signal apparu qui menaçait vos idéaux
    En préférant la servitude, par esprit de contradiction.

    Le prochain siècle sera sans l’homme ou alors il ne sera pas…
    Sauf si la femme, encore une fois, le sauve de sa dépendance
    Au progrès, ce mal qui l’assomme et le mène de vie à trépas
    Sans en éprouver toutefois qu’il condamne sa descendance.

    Illustration de Milo Manara.

  • Les Walkyries

    Les Walkyries

    Elles se dressent, seins ballottants et culottes de protocole,
    Walkyries en string pare-balles sur des miradors en béton ;
    Le regard fixe, corps cahotant, toutes ayant appris à l’école
    Les vociférations verbales qui leur font dresser les tétons.

    Elles sont là, jambes croisées sur des sièges de commandement,
    Des sentinelles en bustier à reconnaissance faciale.
    Elles sourient, sans pavoiser, tout en chevauchant hardiment
    Comme de nouveaux flibustiers prêts pour la conquête spatiale.

    Elles prônent la sécurité qu’elles violent en caricaturant
    Les vieux principes de santé qui n’ont plus jamais à répondre.
    Elles n’ont qu’une seule vérité ; nous vacciner en s’assurant
    Que seuls seront innocentés les moutons qu’elles pourront tondre.

    Elles pleurent leurs anciens dieux tombés dans les vapeurs d’un vieux pétrole,
    Puis signent des accords de paix avec des drones sacrificiels ;
    Elles rêvent de ceux qui ont succombé comme victimes du contrôle
    Et pardonnent au fil de l’épée les complotistes superficiels.

    Illustration de Milo Manara.

  • Pourquoi offrir un couteau ?

    Pourquoi offrir un couteau ?

    Offrir un objet appointé à un ami porte malheur
    Qui doit l’mauvais sort conjurer par une pièce symbolique.
    Alors pourquoi pas s’accointer des grâces de plus grandes valeurs,
    Sans pour autant se parjurer, en offrant un couteau phallique ?

    Phallique à lame recourbée pour une pénétration lente
    Dans la tendre chair savoureuse, celle d’une sirène offerte
    Qui va lentement absorber cette douce dague insolente
    Dont la frénésie amoureuse devient pures délices souffertes.

    Mais le cadeau était trompeur et la lame à double tranchant
    Et le marin mourra d’amour au propre comme au figuré.
    Lui qui était venu sans peur séduit par la fille et son chant !
    La fin ne manque pas d’humour et le twist est transfiguré.

    Elle l’attire, nue dans l’onde, la voix sucrée, les reins de sel ;
    Le couteau d’amour, finement forgé du métal des promesses.
    Ses yeux fendus, comme deux mondes où l’homme oublie tout l’essentiel,
    S’enfoncent au cœur du firmament prêts à célébrer la grand-messe.

    Pendant qu’il jouit – qu’il croit jouir – elle s’ouvre à la lune nouvelle ;
    Lui, il sourit, pâlit, puis meurt… heureux, peut-être, mais bien trompé.
    Son sang qui va la réjouir coule dans sa bouche sensuelle ;
    Le mâle heureux connaît humeur d’une camarde détrempée.

    Tableau de Eva Frantova Fruhaufova.

  • Ma petite sirène

    J’avais ramené une sirène chez moi pour mon éducation
    Mais mon père me l’ayant volée, j’en étais resté tout frustré.
    Toutefois une nuit sereine ôta mes préoccupations
    Une fois que j’eus somnolé et fait un rêve fort illustré.

    Je répartis le lendemain à la recherche de sa sœur
    Dont j’avais aperçu en songe l’emplacement de son repaire.
    Je n’étais encore qu’un gamin sans l’expérience du chasseur
    Mais j’en avais marre des mensonges que m’avait racontés mon père.

    Je l’ai découverte isolée sur un rocher de la lagune,
    Pareille à celle de Copenhague, fidèle au conte d’Andersen.
    Ma déception s’est envolée lorsqu’elle s’approcha sans rancune
    Tandis qu’une incroyable vague m’engloutit de ses eaux malsaines.

    Quand je revins à moi, flottant dans l’abîme aux reflets liquides,
    Elle me serrait contre ses seins nus dans un silence séraphique.
    D’un baiser froid mais envoûtant, elle scella mes songes avides,
    Et m’entraîna vers l’inconnu dans une nage chorégraphique.

    Illustration de Nicole Claveloux.