
Voilà les flocons incolores qui recouvrent l’herbe des prés ;
Voilà le vent qui accumule les congères aux bords des fossés ;
Voilà le corbeau jusqu’alors qui trouvait pitance tout près
Faire des cercles et se stimule de cris d’une voix de fausset.
Voilà les arbres qui éclatent sous le poids de la neige lourde ;
Voilà le soleil maladroit qui lutte au-dessus des nuages ;
Voilà la mare toute plate, gelée sous la froidure sourde
De l’hiver et ses passe-droits pour l’inexorable glaçage.
La saison où tout paraît mort ou tout endormi pour cent ans
Guettant le prince du printemps qui réveillera la nature.
Et l’on sent la bise qui mord dont le baiser mortel s’entend
Entre les arbres s’éreintant de rhumatismes et courbatures.
Tableau de Brigitte Berweger.