Catégorie : 2023

  • Dualité et réversibilité

    Dualité et réversibilité

    Tout est duel dans notre vie qui n’est que la moitié d’un tout ;
    Partenaires ou bien adversaires selon qui nous rencontrerons.
    Partagerons-nous nos avis, joindrons-nous nos meilleurs atouts
    Ou faire chacun le nécessaire qu’ensuite nous confronterons ?

    Sans doute la dualité pose un problème inextinguible
    Puisque l’on a légiféré sur le droit à changer de sexe.
    Ainsi la sexualité pourra être vécue perceptible
    Selon son côté préféré : point de vue concave ou convexe.

    Tableau de Mai Evangelista.

  • Quand Marianne resserre la vis

    Quand Marianne resserre la vis

    Les campagnes présidentielles et le suffrage universel
    Sont les mamelles de la France pour décider dans les logis.
    La fourberie est essentielle et la supercherie excelle
    Par les éloges à outrance et surtout la démagogie.

    « Travailler plus pour gagner plus » donne un coup de fouet au moteur ;
    « Réduire la précarité  » calme la peur et la souffrance ;
    « Congés, primes et cadeaux bonus » libère le cœur promoteur ;
    « Parité, solidarité », c’est utopique mais c’est la France.

    Illustration d’Andrej Popov.

  • Elle en l’eau, les seins en île

    Elle en l’eau, les seins en île

    Elle en l’eau et les seins en île laissant le flot de ses pensées
    Se fondre dans la méditation de l’esprit en apesanteur.
    Le cœur à jamais juvénile de l’amour qu’il a dépensé
    Dans la béatification d’un puissant bien-être enchanteur.

    Elle en l’eau, sa grotte profonde dans le lagon de son giron
    Goûte le flux et le reflux de l’onde fécondée d’un ange.
    Tandis que tous ses cinq sens sondent maintes essences aux environs,
    Elle sent le plaisir qui afflue dans un incomparable échange.

    Elle en l’eau, les yeux en étoiles percent l’azur comme une lame
    Vers le Ciel qui l’a engendrée et la Terre qui l’a enfantée.
    L’invisible pinceau sur la toile du tableau qui évoque l’âme
    Trace des volutes cendrées autour des doigts comme aimantés.

    Tableau d’Emiky Kell sur emilykell.com .

  • Le centenaire de l’indépendance

    Le centenaire de l’indépendance

    Ils ont fêté le centenaire de la Première République,
    Coiffés de leurs bonnets phrygiens en liesse et formant une ronde.
    Et les chants révolutionnaires ont résonné comme un tonnerre
    Par tous les échos laryngiens dansant sur « Auprès de ma blonde ».

    Deux Marianne et leurs drapeaux. Des aristocrates en perruque
    Observent d’un air ébahi les joyeux citoyens qui dansent.
    Les royalistes, vieux crapauds, pleurent leur régime caduque
    Et les fanions de tous pays flottent en toute indépendance.

    Tableau de Henri Rousseau.

  • Lorsque tes fleurs sont en boutons

    Lorsque tes fleurs sont en boutons

    J’aime les fleurs que tu m’apportes, surtout lorsqu’elles sont en boutons ;
    J’aime les fruits que tu me tends, surtout quand ils ont bien mûri.
    J’aime quand tu m’ouvres la porte, cheveux frisés comme un mouton,
    Ne portant rien d’autre en sortant qu’une fragrance qui fait furie.

    J’aime le parfum que dégage ta peau de pêche au velouté
    D’un pétale de coquelicot et délicat comme une rose.
    J’aime lorsque l’amour m’engage à butiner pour la goûter
    Sous le fruit de ton abricot, ta fleur couleur de primerose.

    Tableau de Sylvia Ji sur https:www.flickr.comphotoss-butterfly3884843647?ssp_iabi=1684132241951 .

  • Saint-Michel-en-Grande-Bretagne

    Saint-Michel-en-Grande-Bretagne

    Grâce soit rendue aux anglais qui ont rétabli Saint-Michel
    En Bretagne et pas la petite mais plutôt la Perfide Albion.
    Ce fait méritait un onglet à insérer dans mon missel
    Qui contient déjà un post-it où figurent tous leurs bastions.

    Que Dieu exauce ma prière et que la couronne d’Angleterre
    Reconnaisse le Mont-Saint-Michel représenté sur son foulard
    Car Arthur se cache derrière la table ronde, là où se terrent
    Ses chevaliers sur la margelle de l’auberge de la Mère Poulard !

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Cœur de tigresse

    Cœur de tigresse

    C’est lorsque ses yeux papillonnent que vous devez vous méfier
    Car se tapit une tigresse au creux du moteur de son cœur.
    D’ailleurs son intérieur rayonne quand vous allez la défier
    Dans une bataille de caresses et câlins qui traînent en longueur.

    Mais quand elle entrouvre sa bouche pour vous proposer un baiser,
    C’est pour vous dévorer le cœur par ses dents du tigre acérées.
    Quand elle vous propose sa couche pour tendrement vous apaiser,
    C’est elle qui rugit en vainqueur et vous, de ses griffes, lacéré.

    Illustration de Sara Thielker sur http:sarathielker.com .

  • La pêche annuelle

    La pêche annuelle

    Chaque année au moment propice, la pêche aux âges se répète
    En piochant dans la mer de chiffres la prochaine unité tendance
    Qui s’approche du précipice des 9 qui annoncent la grimpette
    À la dizaine dont s’empiffre une narquoise transcendance.

    Transcendance vers la sagesse et la maturation de l’âme
    Qui se doit de récompenser le corps pour sa fidélité.
    Le cœur répond avec largesse en battant de toute sa flamme
    Sachant qu’il devra dépenser bientôt avec dextérité.

    Illustration d’Alice Wellinger sur https:www.behance.netgallery8373391More-Illustrations .

  • Une vie de chien

    Une vie de chien

    Si je pouvais changer de peau comme l’on peut changer de sexe,
    J’en prendrais une qui ait du chien et une tête qui ait de la gueule.
    J’aurais en guise de chapeau, deux touffes en accent circonflexe
    Outre le look d’un dalmatien pour charmer les femmes bégueules.

    Bien sûr j’aurai un mal de chien au début pour plaire à ces dames
    Mais à mon air de chien battu, nos liaisons transparaîtraient.
    Reste à trouver le chirurgien à Rotterdam ou Amsterdam
    Où j’irai à bride abattue me faire refaire le portrait.

    Vu un peu partout sur internet sans la source de l’image.

  • L’amour vache ou cochon ?

    L’amour vache ou cochon ?

    L’amour est-il vache ou cochon ? L’amour-propre peut-il être sale ?
    Dites-moi comment vous le faites et je vous dirai qui vous êtes !
    Accroupis sur le polochon ou en position transversale ?
    Madame est-elle satisfaite ? Monsieur a-t-il perdu la tête ?

    Bien sûr, le sexe est animal et reprend du poil de la bête
    Quand tous les sens sont excités par les caresses corporelles.
    Le cœur au rythme maximal, le mâle part à la conquête
    De sa femelle sollicitée pour la jouissance intemporelle.

    vu sur Quora.

  • Les pêcheurs en hiver comme en été

    Les pêcheurs en hiver comme en été

    Quelques vieux pêcheurs en hiver bravent la pluie et la froidure
    Et, s’il le faut, rompent la glace comme on le fait sur la banquise.
    Mais d’autres pêcheurs plus pervers se disent « pourvu que ça dure ! »
    Et vont au bistrot de la place jouir de l’eau-de-vie conquise.

    Les uns rapportent du poisson pour améliorer l’ordinaire ;
    Ablettes appâtées au ver, truites amorcées à la mouche.
    Les autres épris de boisson et de l’Alcool d’Apollinaire
    Débiteront verres et vers, les meilleurs pour la fine bouche.

    Ces mêmes pêcheurs cet été supporteront la canicule
    Avec le muscadet bien frais qui se rafraîchit dans l’étang.
    Car le plaisir est répété de l’aube jusqu’au crépuscule
    Comme si les saisons ne souffraient d’aucun dérèglement du temps.

    Tableau de Henri Rousseau.

  • L’autre chaperon rouge

    L’autre chaperon rouge

    Le Chaperon Rouge est audacieux, ce que l’histoire ne dit pas ;
    Il avait reconnu le loup aussitôt qu’il eut apparu.
    D’ailleurs ce conte est fallacieux puisque Mère-Grand ne pipa
    Mot devant le grand morfalou censé la dévorer toute crue.

    Le Chaperon Rouge est amoureux à coup sûr du grand méchant loup
    Et la scène des grandes oreilles, des grosses dents et du grand nez
    Cache un symbole langoureux sur un père absent et jaloux
    Qui eut, sans nulle autre pareille, une relation passionnée.

    Peau-d’âne ou le Chaperon Rouge semblent des contes incestueux
    Et Monsieur Charles de Perrault transparaît comme vieux loup lubrique.
    On tire sur tout ce qui bouge ; le sacré est irrespectueux
    Et sous le vernis des héros, apparaissent les défauts de fabrique.

    Tableau de Claude Monet.

  • Schtradivarius

    Schtradivarius

    Le chat accorde ses miaulements au La de ses ronronnements
    Et devient fidèle instrument dont la musique crispe les mœurs.
    Et lorsqu’il joue de piaulements, lamentations et grognements,
    L’interprète cherche incongrûment un partenaire pour les chœurs.

    Le chat ressemble à un violon par la taille, le timbre et les cordes
    Qui seraient faites de boyaux, heureusement pas du matou.
    Allons, minous, minets, miaulons en cris de joie ou de discorde
    Mais miaulons bien, miaulons royaux et miaulons juste, un point c’est tout !

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • L’île aux chats

    L’île aux chats

    Chat échaudé craignant l’eau froide, j’ai du mal à imaginer
    Un paradis sur pilotis pour matous en quête d’houris.
    Pourtant je les vois, la queue roide, se levant dès potron-minet
    Accompagnés de sifflotis s’en aller pêcher les souris.

    Quand l’homme aura été banni de sa planète appropriée,
    Aura-t-il droit au repêchage sous forme de réincarnation ?
    Quelle vexation, quelle avanie de se trouver exproprié !
    Mais pour échapper au lynchage, moi, j’ai choisi ma damnation :

    Mon choix du paradis félin, si j’y ai droit, est légitime ;
    J’ai toujours adoré les chats surtout les plus indépendants.
    Dieu aurait été plus malin, sans que cela lui coûte un centime,
    De créer sans prêchi-prêcha le félin comme surintendant.

    Illustration de Natalia Grinchenko.

  • Mais où sont passées les sirènes ? – 2

    J’ai pris la route du bord de mer pour ma quête envers la sirène,
    De la branche des femmes-poissons qui chantent dans le vent du large.
    Mais la belle, l’air doux-amer, se comportait comme une reine
    Parmi une foule de polissons dont elle leur assumait la charge.

    Comme une anémone-chimère et ses poissons-clowns à la ronde,
    Elle régnait dans le silence du monde profond des abysses.
    Dans cette obscurité outremer, là où seul le mystère gronde,
    Je gardais toute vigilance de peur que danger ne subisse.

    Elle a ouvert sur moi les yeux, m’a observé sans dire un mot,
    Ses sujets se sont rapprochés pour défendre leur souveraine.
    D’un geste noble et religieux, elle a chassé ces animaux
    Et je goûtai dans ses crochets le vrai baiser d’une sirène.

    Tableaux de Pedro Valencia.

  • Mais où sont passées les sirènes ? – 1

    J’ai cherché dans les lacs profonds, vert émeraude de Bavière,
    J’ai recherché dans l’or du Rhin les Lorelei, les Walkyries,
    J’ai plongé au cœur des siphons jusques aux sources des rivières,
    Mais hélas les fonds sous-marins m’ont noyé dans un daïquiri.

    J’ai alors remonté les fleuves et me suis jeté dans la mer
    Où les eaux froides et profondes abritent les belles légendes.
    Mais je n’ai ni trouvé de preuve ni pêché la moindre chimère
    Jusqu’à ce que je me morfonde au fond d’une fosse normande.

    J’ai dérivé dans les mers chaudes qui rougissent au soleil couchant,
    J’ai rencontré un dragon vert, roi des océans et sa reine,
    Puis de peur que je ne m’échaude d’un quiproquo effarouchant,
    Elle me mit la tête à l’envers et j’ai reconnu ma sirène.

    Tableaux de Rebecca Cool.

  • Jolies mutations

    Jolies mutations

    Après le grand entraînement à l’échelle interplanétaire,
    Les laboratoires sont prêts à lâcher de nouveaux virus.
    Au début, un enchaînement de petits poisons délétères,
    Puis des ARNs faits exprès pour s’insinuer dans l’utérus.

    C’est avec un nouveau regard grâce au visage asymétrique
    Et par mutations héritées que naîtrons les hommes nouveaux.
    Les cerveaux devenus hagards par les portables télémétriques,
    N’y verront que la vérité et la montée d’un renouveau.

    Tableau de Marion Peck.

  • Après la fonte de glaces – 2

    Après la fonte de glaces - 2

    Une fois les bombes larguées suivies de la fonte des banquises,
    L’humanité a dû s’y faire et partager ses lendemains.
    Et les poissons vinrent narguer l’espace des cités conquises
    En se gavant des mammifères exceptés ceux au goût humain.

    Définitivement mauvais, l’homme s’est fait une raison ;
    Ensemble, l’argent et le pouvoir ont empoisonné sa bidoche.
    Comme si la Terre innovait une ère sans comparaison
    Envers la nôtre, à savoir : le quaternaire le plus moche.

    Illustration de Muti.

  • Homme-oiseau/femme-poisson, l’amour tendre

    Homme-oiseau/femme-poisson, l’amour tendre

    Un homme-oiseau est amoureux d’une femme-poisson au cœur tendre.
    Oui mais comment vont-ils s’y prendre pour partir en lune de miel ?
    Paraît-il que nos langoureux soupirants devront bien attendre
    Le bon moment pour nous surprendre par un curieux cérémoniel.

    Marier l’héritier des oiseaux avec l’ayant-droit des poissons,
    C’est comme Roméo et Juliette au grand dam de l’ethnologie.
    Pourtant dans le creux des roseaux, l’amour a cueilli sa moisson
    Lors de fécondes amourettes. Dès lors ils se cherchent un logis.

    Leurs enfants ? Des poissons-volants ou bien des oiseaux amphibiens ;
    Soit un vilain petit canard, soit une créature fabuleuse.
    Les anciens dieux en convolant dans les pays précolombiens
    Ont créé des êtres goguenards aux apparences ensorceleuses.

    Bon courage pour lire la signature !

  • Quand la sirène est chou

    Quand la sirène est chou

    Le chant de la sirène est chou au marin qui a bonne oreille
    Tandis que son navire échoue la nuit après qu’il appareille.
    La voix de la sirène est douce aux naufragés désabusés
    Tandis que dérive le mousse, seul sur son radeau, médusé.

    Les seins de la sirène sont fermes et hypnotisent le nageur
    Tandis qu’il approche et s’enferme entre les deux bras ravageurs.
    Les dents de la sirène sont blanches, pointues, acérées et sanglantes
    Tandis que sa victime flanche et meurt sous la morsure cinglante.

    Le ventre de la sirène est rond ; elle se repose au bord de l’eau
    Tandis que brûle l’aviron, dernier vestige d’un matelot.
    La queue de la sirène est belle et papillote comme un cadeau
    Tandis que le mousse rebelle l’a harponnée de son radeau.

    Tableau de Donato Giancola.

  • Tempêtes de lettres

    Tempêtes de lettres

    Tous ces livres qui sortent de presse, sans cesse à en perdre la boule,
    Semblent tempêtes littéraires auxquelles sont soumis les lecteurs.
    Romans de toutes sortes oppressent ma bibliothèque qui s’écroule
    Sous le poids des surnuméraires best-sellers du flot collecteur.

    Bien sûr, il y a le numérique et tous les téléchargements
    Qui excellent en compacités auxquelles l’essor est asservi.
    Or l’aspect le plus chimérique, c’est que tout cet acharnement
    Dépasse ma capacité à tout lire dans une vie.

    Illustration de François Schuiten.

  • Le grand pouvoir de l’imaginaire

    Le grand pouvoir de l’imaginaire

    L’univers n’est plus infini et tient dans le creux de la main ;
    La lumière court beaucoup moins vite que le rêveur qui imagine.
    L’histoire n’est jamais finie ; je garde toujours pour demain
    La suite des contes qui m’évitent de retourner à l’origine.

    Mes rêves ne sont jamais les mêmes comme un pouvoir irrationnel
    Qui franchit ses propres limites et se découvre tous les jours.
    Tellement cette faculté m’aime, qu’elle m’offre du sensationnel,
    Du merveilleux que rien n’imite et qui éclaire mon séjour.

    Illustration d’Emilijan090.

  • Beautés d’antan

    Beautés d’antan

    Où s’en vont les regards perdus lancés à travers l’univers
    Et qui ont traversé le temps avec les fragments de leur vie ?
    Quelque part un ange éperdu l’a-t-il attrapé d’un revers
    Pour fixer ces beautés d’antan au Paradis, sur le parvis.

    Ainsi, sans doute, après la mort, je marcherai sur des images
    De charme dont l’enfer est pavé comme on le fait à Hollywood.
    Et je n’aurai aucun remords à disputer tous mes hommages
    Envers celles qui m’ont fait baver avec les autres au coude à coude.

    Melva Frances Cornell photographiée par Albert Witzel en 1929.

  • Coincer la bulle

    Coincer la bulle

    Pensées légères, si légères qu’elles s’évaporent dans un halo
    De toutes mes idées condensées issues du creux de mon cerveau.
    Pensées fugaces et passagères, pensées qui partent au galop
    Et mes frustrations compensées par une remise à niveau.

    Et plus je pense et plus je bulle et je m’enrobe de pensées
    Qui forment un plasma incolore mais dont je sens la consistance.
    Même la nuit, en somnambule, j’ai des idées à dépenser
    Afin que mon esprit explore l’univers avec insistance.

    J’ai tellement coincé ma bulle jusqu’à présent avec excès
    Qu’elle en est prête à éclater comme un mortier d’artillerie.
    Ainsi demain, sans préambule, ma bulle crèvera l’abcès
    Et tous mes rêves dilatés produiront leur mutinerie.

    Sculpture de Jerry Lee Ingram.

  • Ces couleurs que l’on ne verra jamais

    Ces couleurs que l’on ne verra jamais

    J’aurais aimé voir l’infrarouge tout autant que l’ultraviolet
    Afin d’observer la nature en couleurs réelles augmentées.
    Avec trois rayons d’or qui bougent et exécutent un triolet,
    Son et lumière avec peintures impressionnistes et aimantées.

    Avec la vision des poissons, je verrais les températures
    Et avec des yeux à facettes, je verrais en fluorescence.
    J’irais partout faire moisson des plus grandes coloratures
    Car j’entendrais l’onde parfaite des musicales iridescences.

    Mais attention ! Le cerveau fume, le nerf optique se flagelle
    Et des yeux sortent des photons intermittents et estropiés !
    Les couleurs chaudes se consument et les couleurs froides se gèlent ;
    L’arc-en-ciel s’étend sur neuf tons mais triple la fortune à ses pieds.

    Photo de Paul Evans.

  • Ma vie en escaliers

    Ma vie en escaliers

    Là où d’autres éprouvent leurs vies comme une montée d’escalier,
    Moi, c’est en le dégringolant que j’ai accompli chaque étape.
    À chaque chute, ma survie s’est décrite à chaque palier
    Par accident mirobolant de la manière qui décape.

    Tout petit, c’est une moto qui m’a renversé dans la rue ;
    Encore à moto mais ado, ma clavicule connut l’écueil.
    En amour, j’ai pris des râteaux mais bon, mon cœur point n’en mourut
    Et à l’armée, grosso modo, j’ai pris un mauvais coup dans l’œil.

    Le coup du lapin en voiture m’a viré de mon entreprise ;
    Et une chute de quinze mètres m’a coûté famille et pays.
    Toujours le goût de l’aventure, quelle que soit la direction prise,
    La gravité sait me permettre des évolutions ébahies.

    Illustration de Colin Thompson sur https:www.nerotricots.topproducts.aspx?cname=colin+thompson+colouring+book&cid=26 .

  • Atomes affames et crochus

    Atomes affames et crochus

    Bien que Cupidon soit adroit, que ses flèches aient un bon revers,
    Arrive-t-il qu’au lieu d’une fille, il épingle un garçon, qui sait ?
    D’atomes crochus à l’endroit et de molécules à l’envers,
    L’amour va, de fil en aiguille, unir sa matière à tisser.

    On peut tricoter des chaussettes du même genre, ça se défend
    Mais déjà pour une paire de gants, il faut qu’ils soient superposés
    Or jusqu’à présent la recette, pour broder un petit enfant
    Qui soit beau et très élégant, était d’être de sexe opposé.

    Or tout a changé désormais et l’on tresse indifféremment
    Des fibres toutes deux femelles, toutes deux mâles ou dégenrées.
    Et si vous me dites encor’ « Mais ? Ce changement est désarmant ! »
    Attendez de voir les gamelles que se prendront ces dérangés !

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Valentin & Cupidonne

    Cupidonne, déesse de l’amour remplace désormais son frère
    Qui ne s’occupe que des divorces à force de briser les cœurs.
    Elle a choisi, non sans humour, un croque-mort comme confrère !
    C’est là où l’histoire se corse car elle est dure des écouteurs…

    On dit que l’amour est aveugle ; il est sourdingue désormais ;
    Parfois il rime avec la mort quand le cœur fait la sourde oreille.
    Ce n’est pas plus mal pour les peuples qui n’s’ reproduiront plus jamais
    Grâce à l’angelle de l’amor et ses maladresses pareilles.

    Mais quel boulot pour Valentin et ses nombreuses mises en bière
    Qui traite la maladie d’amour comme le COVID de la passion !
    Il a installé strapontins et bancs publics aux cimetières
    Pour ceux qui s’aiment au jour le jour et mourront de fornication.

    Tableaux de Michael Parkes sur www.theworldofmichaelparkes.comartistsmichael-parkesoriginal-hand-pulled-stone-lithographs .

  • Ode à la Lune

    Ode à la Lune

    Do Ré Mi Fa Sol La Si Do, l’ami Pierrot est en retard ;
    Veuillez pardonner les paroles qui sont restées dans l’encrier.
    J’ai la musique en crescendo qui remonte de ma cithare
    Mais pour danser la barcarole, j’aimerais des chœurs appropriés.

    Do Ré Mi Fa Sol La Si Do, l’ami Pierrot m’a prise au mot
    Et m’a composé de sa plume une sérénade à la Lune
    Que je vous joue decrescendo, pizzicato, fortissimo
    Jusqu’à pincer à plein volume mes cordes qui vibrent à la brune.

    Do Ré Mi Fa Sol La Si Do, l’ami Pierrot m’a fait l’amour ;
    Il m’a dit que je serai sienne et la mère de son enfant.
    Tandis qu’il fabrique un landau, j’observe le lever du jour
    Et ma lyre égrène l’antienne que chante mon cœur triomphant.

    Tableau d’Alphonse Osbert.

  • Couleurs félibres

    Couleurs félibres

    Couleurs fébriles pour le félibre † qui sait lire dans la palette
    Les caractères rouge et or inscrits sur trame violacée.
    L’esprit serein et le cœur libre, le poète a dans sa mallette
    Un nuancier d’une pléthore de tons d’alcools et opiacés.

    Mais c’est surtout dans le reflet que l’âme trouve la substance
    Qui échappe aux lois de la science et rejoint la métaphysique.
    Alors l’inspiration soufflée fait renaître la persistance
    Des songes dont la subconscience en était restée amnésique.

    † Le félibre est un poète qui écrit en occitan ou bien en auvergnat, gascon, languedocien, limousin ou provençal – selon Wikipedia.

  • L’Attentacule

    La Pieuvre par l’Icare est âgée ; je viens d’en découvrir l’histoire.
    Un poulpe ailé fuyant, de Crète, le labyrinthe du Minotaure,
    S’échoua dans la mer Égée pour un accueil prémonitoire
    D’une sirène, fille secrète, de Neptune et d’une Centaure.

    Ils connurent des amours célèbres au cœur des abysses profondes
    Dont les échos retentissaient en des flots de littérature
    Qui résonnaient dans les ténèbres sous les clairs de Lune féconde
    Dont le halo garantissait une nombreuse progéniture.

    On l’appelait « L’Attentacule » dans les légendes en bleu-marine
    Et dans certains contes pervers qui font rougir les péronnelles.
    La sirène aux huit tentacules, à la queue couleur azurine,
    À la peau rose et aux yeux verts, demeure une énigme éternelle.

    Tableaux de Hillary Luetkemeyer, Tristan Elwell et Janae Corrado.

  • L’appellunaire

    L’appel de la Lune fait vibrer tous les arbres de la forêt
    Qu’ils transmettent par leurs antennes au-delà des lieues collinaires.
    Galactique et équilibré par le flux de l’astre doré,
    Des fées arrivent par centaines pour répondre à « l’appellunaire ».

    Or une seule sera choisie pour présider leur assemblée ;
    Celle dont l’aura brillera du même degré de lumière.
    Vêtues de robes cramoisies, d’azur et d’étoiles rassemblées,
    L’une se déshabillera – sans doute était-ce la première.

    Elle s’offre en toute humilité au Saint Halo qui la couronne
    Reine durant quatre semaines pendant lesquelles, consacrée
    D’un don de juvénilité, allouée d’une voix qui claironne,
    Elle envoie à toutes les humaines la force du féminin sacré.

    Tableaux de Lisbeth Cheever-Gessaman sur http:www.shewhoisart.com .

  • Après la fonte de glaces – 1

    Après la fonte de glaces - 1

    Les poissons sont sortis de l’eau pour se mouvoir dans l’atmosphère
    Et au fil de l’évolution, l’homme a suivi en file indienne.
    Gageons que la montée des flots qui couvriront la planisphère
    Mènera à l’involution envers une race amphibienne.

    Le sous-marin individuel remplacera l’automobile
    Et des colonies de corail structureront notre maison.
    Le patrimoine résiduel des vieilles religions débiles
    Laissera place au grand sérail du cœur plutôt que la raison.

    Du moins, je l’espère car, dans l’eau, pas de feu ni de combustion.
    L’homme adaptera sa science ou laissera sa place à d’autres
    Espèces ou bien, méli-mélo, si vous avez des suggestions
    C’est le moment car la patience de la Terre attend son apôtre.

    Illustration d’Alvaro Arteaga.

  • Jeanne d’Arc, au secours !

    Si la culture anglo-saxonne a envahi notre pays,
    Qui d’autre sinon Jeanne d’Arc pourra la bouter hors de France ?
    Je souhaite que notre garçonne, devant nos regards ébahis,
    Reprenne l’usage de son dard pour piquer l’anglais à outrance !

    À l’instar des super-héros, américains évidemment,
    Il lui faudra un uniforme sexy adapté à ses charmes.
    Une paire de botte, un boléro entrouvert sur ses seins déments
    Et un string d’une jolie forme qui cache la pire des armes.

    Notre guerrière de la culture s’attaquera au cinéma
    Et remettra la Marseillaise au hit-parade dans l’immédiat.
    Elle mettra la littérature dans un nouveau panorama
    Où la connaissance française rayonnera dans les médias.

    Alors Jeanne d’Arc, au secours ! Appelle tes concitoyens
    À venir se manifester pour notre quatorze juillet !
    Le président qui a recours à ses chefs d’états mitoyens
    Montrera la France empestée de ses infamies appuyées.

    Juliya Galimova photographiée par Andrey Yakovlez.

  • En pleine licorne

    En pleine licorne

    Exceptionnellement la Lune entre en phase dite de « pleine corne »
    Là où d’animaux fabuleux vivront trois nuits dans la forêt
    Juste au moment de l’apolune, dans le signe de la Licorne,
    Quand l’astre au halo nébuleux répand sa lumière dorée.

    Loups garous et chevaux ailés revêtent une robe d’or
    Tandis que Séléné chevauche une licorne luminescente
    Dont la crinière constellée illumine le corridor
    Qui mène à la porte en ébauche aux structures évanescentes.

    Mais la Lune redevient gibbeuse et tous les êtres légendaires
    Regagnent l’abri des sous-bois jusqu’au périastre suivant.
    Seules quelques plantes bulbeuses, mûries lors des jours calendaires,
    Portent des marques qui flamboient durant les trois nuits s’ensuivant.

    Tableau « Séléné » de Susan Seddon Boulet.

  • La dernière licorne

    La dernière licorne

    Lorsque les orages ont cessé et les eaux se sont retirées,
    Seule une licorne est restée pour témoigner de l’ancien monde.
    Mais les dieux désintéressés de cette époque mal inspirée,
    N’ont pas daigné déforester ce vieux lopin de terre immonde.

    Hélas personne ne put comprendre le langage des premières races,
    Nephilims et géants célestes qui avaient offensé les dieux.
    Et la licorne ne sût l’apprendre qu’au poète latin Horace
    Qui transmit à son tour la geste des anges miséricordieux…

    …Que l’on retrouve sur cinq tentures titrées « la dame à la licorne »
    Qui se sont trouvées un refuge auprès du musée de Cluny.
    Elles relatent les mésaventures d’hommes et femmes qui se flagornent
    Jusqu’à périr lors du déluge où la Terre a été punie.

    Tableau de Fefa Koroleva sur https:www.artfinder.comartistfefa-koroleva?epik=dj0yJnU9N1R4T3BhaXlvLU1Fd1lOTGVjN094RFdLSVB3RWNOYzAmcD0wJm49c2RkY0I1WlJjdFpBbjRMaHNfNEFxdyZ0PUFBQUFBR1I2NGxv .

  • Jeune sirène partagerait appartement – 2

    Jeune sirène partagerait appartement - 2

    Ainsi j’étais colocataire d’une véritable sirène
    Qui, peu farouche, m’invita à partager son immersion.
    Mais comme j’étais propriétaire, j’offris mes services à ma reine
    Pour transformer son habitat et en permettre la submersion.

    Je lui cédai pour compagnons mes poissons rouges exotiques
    Qu’elle accepta comme sujets au sein d’son espace vital.
    En retour, me trouvant trognon, d’un gazouillement hypnotique
    Elle me convia, sans m’adjuger, à écouter son récital.

    Je ne sais plus ce qu’il advint et n’en ai aucun souvenir,
    Vaincu par le charme légendaire et par le baiser de l’oubli ;
    Évidemment je ne parvins jamais à y contrevenir.
    Merci de m’en être solidaire en lisant ce que je vous publie.

    Illustration de Robin Pushee.

  • Jeune sirène partagerait appartement – 1

    Jeune sirène partagerait appartement - 1

    « Jeune sirène souhaiterait partager un appartement
    Mais avec l’exclusivité d’une baignoire en guise de chambre. »
    A priori sans intérêt, l’annonce me plut gaillardement
    Et j’invitai à visiter la belle un matin de novembre.

    Elle aima ma salle-de-bains et y déposa ses valises
    Et s’enferma à double tour juste après l’avoir découverte.
    Je m’en allai à mon turbin quand j’entendis ses vocalises
    Et m’approchai sans hésiter de la tabatière entrouverte.

    Je ne vis d’abord qu’une queue qui ondulait de la cuvette,
    Puis de longs cheveux chatoyants, ruisselants sur deux seins tremblants.
    Curieux de ce décor aqueux, je l’observai à la sauvette
    Lorsque soudain, imprévoyant, elle me fixa d’un air troublant…

    Illustration de Camila Estela G.

  • L’étalon de Lady Goviva

    L’étalon de Lady Goviva

    C’ n’est pas vraiment un étalon que Lady Godiva monta
    Mais une sorte de licorne du genre mâle et fier-à-bras.
    Lorsqu’elle claqua des talons – d’après ce que l’on raconta –
    Elle s’empala sur la corne lorsque l’animal se cabra.

    Après avoir tant chevauché, exécuté de soubresauts,
    Elle connut tellement d’orgasmes qu’on entend encore les échos.
    Neuf mois après, la débauchée accoucha d’un beau jouvenceau
    Bien bâti avec enthousiasme d’un phallus digne d’un bourricot.

    Tableau de Scott G. Brooks sur www.scottgbrooks.comproduct-categorygiclee-prints .

  • Le charme en armure

    Le charme en armure

    Lady Godiva, une nuit, traversa nue sur son cheval
    Pour s’élever contre son mari qui levait beaucoup trop d’impôts.
    Pour échapper à tout ennui d’un coup de foudre médiéval
    Et parer aux charivaris, elle mit un « top » bien à propos.

    Le dos recouvert d’une armure contre les coups de Cupidon
    Qui avait la flèche facile et faisait mouche en ce temps-là, †
    La cavalière rasa les murs escortée par un myrmidon
    Chargé de voir quel imbécile la materait de sa pergola.

    (Tableau de Michael Parkes sur https:www.theworldofmichaelparkes.comartistsmichael-parkesoriginal-hand-pulled-stone-lithographs
    † presque piqué à Georges Brassens et son « Fantôme ».)

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Sous les couches, l’enfant

    Sous les couches, l’enfant

    Grattez-moi là, l’évolution de ma dernière couche moderne ;
    Vous y trouverez Cro-Magnon sans internet, sans téléphone.
    Complétez l’évaluation, creusez dans ma vieille baderne
    Et découvrez les compagnons qui composent ma mégafaune.

    Première couche, mon cœur d’enfant qui n’a d’ailleurs pas su grandir ;
    Un peu plus bas, ce bon vieux singe de la branche d’où je descends.
    Plus loin, gorille ou éléphant car mes cellules vont s’arrondir
    Pour redevenir sans méninge juste un poisson iridescent.

    Dans ce strip-tease des origines, après le tissu animal,
    Sans doute ai-je été végétal, roseau pensant assurément.
    Par conséquent un androgyne qui n’avait pas pensé à mal
    Lorsqu’il prit le chemin fœtal de la vie prématurément

    Tableau d’Aaron Jasinski sur https:www.taringa.net+arteaaron-jasinski-pinceladas-nostalgicas-parte-2_hrdb0 ainsi que sur https:www.aaronjasinski.com .

  • Cachez ce saint en qui je ne saurais croire !

    Cachez ce saint en qui je ne saurais croire !

    Les saints sont durs et douloureux au moment de la renaissance
    Pour accueillir les pèlerins et leur offrir une coupelle.
    Entre les tympans langoureux, ils sortent en reconnaissance,
    Parfois même d’un souterrain, d’une crypte ou d’une chapelle.

    Moi, j’étais chérubin timide et me cachais entre les voûtes
    Pour y guetter les pèlerines d’où pointaient les plus jolis seins.
    Allongé sur la pierre humide, j’ai laissé tomber quelques gouttes
    Dans le bénitier en verrine trônant dans le chœur sacro-saint.

    Abbaye de Sainte-Foy à Conques, France.

  • Mon loup intérieur

    Mon loup intérieur

    Sans vraiment être un loup-garou, je sens souvent monter la bête
    Lorsqu’il me prend une colère pour un motif grave ou futile.
    Je pars sur les chapeaux de roues, le sang me remonte à la tête
    Et je me sens pousser molaires et incisives qui me mutilent.

    Et puis ma colère retombe après avoir longtemps hurlé
    Comme un soir sous la pleine lune un lycanthrope l’aurait fait.
    Est-ce qu’ainsi je creuse ma tombe, est-ce que la mort me coud l’ourlet
    Pour me mettre en fosse commune avec un suaire surfait ?

    Bien sûr, ce n’est qu’une soupape pour évacuer la pression
    Que je dois juste maitriser pour ne bouleverser personne.
    Cet anathème me handicape et je fais mauvaise impression
    Sur ma chérie électrisée quand l’heure du coup de gueule sonne.

    Tableau d’Aaron Jasinski sur https:www.taringa.net+arteaaron-jasinski-pinceladas-nostalgicas-parte-2_hrdb0 ainsi que sur https:www.aaronjasinski.com .

  • Les maux t’y qu’on

    Les maux t’y qu’on

    La communication progresse plus par l’image que la parole
    Et l’on s’échange des icones, des stickers et des émojis.
    Un bonhomme rouge si l’on s’agresse, un bisou si l’on se cajole,
    Un chat hilare si l’on déconne comme nouvelle étymologie.

    Quand on me pose en commentaire un petit dessin rigolo,
    J’ n’ sais pas trop comment y répondre, j’ n’ai pas l’émoticone facile.
    Alors je préfère me taire et faire un geste plus écolo
    En me servant pour correspondre de ce petit texte imbécile.

    Tableau d’Aaron Jasinski sur https:www.taringa.net+arteaaron-jasinski-pinceladas-nostalgicas-parte-2_hrdb0 ainsi que sur https:www.aaronjasinski.com .

  • L’œil du fond de mes racines

    L’œil du fond de mes racines

    Au cœur des troncs d’arbres coupés, un iris en forme d’étoile
    M’évoque une rose des vents qui plongent dans l’œil du cyclone.
    Je m’y vois comme une poupée dans sa pupille qui dévoile
    L’âme des végétaux d’avant, d’avant l’apparition des clones.

    Clones d’oiseaux préhistoriques survolant le mésozoïque,
    Clones des géants dinosaures errant depuis le crétacés,
    Clones de guerriers homériques et créatures humanoïdes
    Jusqu’à Nabuchodonosor et tous les héros trépassés.

    Enfin, j’en arrive aux racines de mon arbre généalogique
    Et mes ancêtres reliés à ce regard qui me surplombe.
    Au début cet œil me fascine mais après, en toute logique,
    J’y vois leurs âmes folles à lier sortant une à une de leur tombe.

    Tableau de Mark Ryden.

  • Histoires de roux

    Histoires de roux

    La Nature a créé le roux pour une histoire de couleurs
    Qui relieraient faune avec flore, couvrant d’automne la cambrousse,
    De l’écureuil au loup-garou qui se transforme dans la douleur
    Et la chevelure uniflore de nos plus belles filles rousses.

    Si l’homme descend de l’animal, la femme provient d’une bête fauve
    Dont la robe réapparaît parmi ses taches de rousseur.
    Pour sa défense, face au mâle, soit elle lutte, soit elle se sauve
    Mais sa résistance disparaît quand il lui montre sa douceur.

    Photo de Flóra Borsi sur https:www.2tout2rien.frdes-auto-portraits-avec-des-yeux-danimaux-par-flora-borsi .

  • Ainsi je me décris

    Ainsi je me décris

    Je suis comme l’heure qui passe et est impossible à citer
    Puisqu’elle est aussitôt passée à peine qu’elle soit indiquée.
    Mes propres photos me dépassent et me donnent l’air excité,
    Trop vieux, trop jeune, trop compassé avec le ventre alambiqué.

    Mais j’ai trouvé le stratagème des métaphores sous-entendues
    Pour me décrire un peu comme ci, un peu comme ça, par ci par là.
    C’est par ce système que j’aime le portrait le moins prétendu
    Qui montre un visage indécis, sans éclat et sans tralala.

    Tableau d’Aaron Jasinski sur https:www.taringa.net+arteaaron-jasinski-pinceladas-nostalgicas-parte-2_hrdb0 ainsi que sur https:www.aaronjasinski.com .

  • La place aux légendes du sud

    La place aux légendes du sud

    Dans les villages de Pagnol, sur la place de la fontaine,
    Là, je perçois Manon-des-Sources et les santons de sa légende ;
    Le vieux menuisier espagnol, la boulangère assez hautaine,
    L’appel du café-de-la-bourse pour l’apéro et sa provende.

    Parfois le robinet crachote dans un silence religieux
    Pour rappeler à ses fidèles combien l’eau leur est généreuse.
    Et dans les familles on chuchote les secrets les plus litigieux
    Qui se transmettent à tire-d’aile aux rumeurs qui en sont acquéreuses.

    Illustration de Willy Maltaite extraite de l’album « Le jardin des couleurs ».

  • Le genre surexposé

    La mode un jour va nous prétendre que la beauté se renouvelle
    Par une peau d’opalescence et nudité surexposée.
    Bien sûr, il fallait s’y attendre, il y eut retour de manivelle
    Par une réaction intense diamétralement opposée.

    Des femmes nues se rencontrèrent un peu partout au coin des rues
    Afin de revendiquer leur sexe par leurs tenues déshabillées.
    La censure, au début sévère, s’y plia et puis disparut
    Mais ce ne fut pas unisexe car les hommes restèrent habillés.

    Ah oui, j’ai omis de vous dire qu’on vota une loi bien stricte
    Empêchant les hommes de bander lorsqu’ils sont sur la voie publique.
    Comme on aurait pu le prédire, ils durent cacher la vindicte
    De leur phallus vilipendé derrière des refuges éthyliques.

    Tableaux d’Andrej Mashkovtsev sur www.soseul.pe.krxeAura141472 .

  • L’Orient-Express Lunaire

    La Lune voyage en première comme voyageuse attitrée
    Par le grand réseau ferroviaire des trains de nuit homologués.
    Émettant très peu de lumière derrière les cloisons vitrées,
    Toutes les étoiles convièrent à s’y trouver cataloguer.

    Des contrôleuses aux seins nus organisèrent ces convois
    Avec porteurs assermentés pour la sécurité des astres.
    Il fut de surcroît convenu qu’il était important qu’on voie
    L’organisation exemptée du moindre insignifiant désastre.

    J’ai connu ces compartiments souvent dans les wagons de queue
    Isolés des têtes du train et du bruit des locomotives.
    La Lune montait hardiment avec un porteur obséquieux
    Qui l’installait avec entrain d’une prévenance émotive.

    Bien sûr, le soleil fut fâché et se cabra avec colère
    Des chemins de fer lacunaires qui jetaient la consternation.
    Dès l’aube, on l’voyait rabâcher toutes ses imprécations solaires
    Envers l’Orient-Express Lunaire filant vers les constellations.

    Tableaux d’Andrej Mashkovtsev sur www.soseul.pe.krxeAura141472 .