Catégorie : 2023

  • La sirène au chant troublé

    La sirène au chant troublé

    Pour sa vision périscopique, la sirène nage entre deux eaux
    En laissant juste dépasser deux yeux pour scruter les bateaux.
    Son troisième œil, télescopique, agit à l’instar des oiseaux
    Binoculaire et espacé doublés d’une voix vibrato.

    Ainsi poussé par les courants sur la surface ondulatoire,
    Le chant troublé de la sirène, en tessiture subliminale,
    Gagne en puissance en parcourant de manière superfétatoire
    La distance de la carène à la chanteuse libidinale.

    À chaque perle du collier, une victime à son actif
    Et sur trois rangs, un génocide parmi les gars de la marine.
    Ainsi, sans vouloir la spolier de son bel organe attractif,
    Il serait bon qu’on élucide une protection en sourdine.

    Tableau de Jonny Ruzzo.

  • Les noces de terre cuite

    Les noces de terre cuite

    Noces de bois, noces d’étain, de porcelaine ou d’émeraude ?
    J’aimerais des noces de Terre quand le moment sera venu
    De faire partie des éteints qui montent au ciel et qui rôdent
    Dans un paradis de mystère où leurs âmes sont les bienvenues.

    Noces d’argile ou de faïence, de glaise ou bien de terre cuite
    Pour célébrer mon mariage avec mon foyer tellurique.
    La réunion des deux consciences virile et féminine induites
    Qui participent au grand voyage des entités allégoriques.

    Sculpture de Salvatore Rizutti.

  • Une gorgée de pur bonheur

    Une gorgée de pur bonheur

    Puisqu’il est bon pour la santé de bien boire et bien respirer,
    Je vous propose de trinquer avec une coupe d’amour frais.
    Bien sûr, pour s’en innocenter il faut, de manière inspirée,
    Dire que ça va nous requinquer même si tout cela n’est pas vrai.

    Alors à la santé des femmes qui nous font découvrir l’ivresse
    Des cinq sens idéalisés par la vue de la pastourelle,
    Puis le goût dont le cœur s’affame, le toucher sensible aux caresses
    Et l’odorat érotisé de phéromones corporelles.

    Quant à l’ouïe, c’est le calice qui nous fait boire ses paroles
    Dont l’amour abreuve la bouche lorsque la « chose » est consommée.
    Le sixième sens, sans malice, fait passer à la casserole
    Les meilleurs morceaux sur une couche jusqu’à c’ que tout soit consumé.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Le fantôme de Jane Marple

    Le fantôme de Jane Marple

    Ne tremblez pas mais je me dois de vous raconter l’atmosphère
    Quand Miss Marple fut abattue d’un coup de couteau dans le dos,
    La police était à deux doigts de renoncer à cette affaire
    Lorsque soudain, toute courbatue, elle sortit de derrière le rideau.

    Ou plutôt c’était son fantôme en silhouette évanescente
    Qui reprit au début l’enquête juste vêtue d’un drap de lit.
    Elle put observer l’hématome de sa blessure opalescente
    En prenant dans les bras sa tête pour noter le corps du délit.

    Bien sûr, l’assassin démasqué n’était autre que le jardinier
    Désespéré de demander d’épouser celle qu’il aimait.
    Le malheureux estomaqué se pendit à un marronnier
    Où il grava pour s’amender un cœur « Jane & John à jamais ! »

    La source de cette image est partie en fumée.

  • Le retour des cigognes

    Le retour des cigognes

    Les rêves écrits sur le papier – du moins quand je me les rappelle –
    Reviennent la nuitée suivante sous la forme d’origamis.
    Et plus j’en aurai recopiés, plus ils arriveront à la pelle
    En offensives récidivantes dans des cauchemars ennemis.

    Ainsi le retour des cigognes dont j’ai signé quelques poèmes
    Reviennent comme avions de papier envoyés d’ateliers ouzbeks.
    Et je vous le dis sans vergogne, dans mon rêve, au départ bohème,
    S’ensuit une vraie course à pied pour éviter leurs coups de bec.

    Tableau de Lisandro Rota sur http:www.lisandrorota.itgalleria-2-dal-2003-al-2010 .

  • Cor et Alpes dédiés

    Le cor des Alpes est à l’honneur et les habits de tradition.
    Même les vaches prêtent leurs cloches dans toutes les collectivités.
    C’est une journée de bonheur à célébrer en addition
    Avec costumes et galoches aux couleurs des festivités.

    Initialement utilisé pour communiquer à distance
    Dans les montagnes et les vallées, on le trouve aussi en Autriche.
    Les coutumes ont mobilisé cet instrument de circonstance
    Dont les sons graves ont cavalé pour sonner d‘un ton des plus riches.

    Il est difficile à jouer malgré sa facture triviale
    Mais il a conservé sa forme originelle au fil des ans.
    Le public toujours enjoué d’écouter ses notes joviales,
    L’admire et le trouve conforme à l’esprit suisse paysan.

    Images traditionnelles du 1er août en Suisse.

  • Et flotte la croix blanche !

    Hissez-haut le drapeau carré sur les montagnes éternelles,
    Sur le Cervin, sur le Pilate, Mont Rose, Jungfrau et la Dent Blanche !
    Venez fêter et préparer la célébration fraternelle
    Sur les sommets où l’on relate les plus formidables avalanches !

    Sur un fond rouge, la croix blanche ondule sur les mers de glaces
    D’où les eaux un jour couleront dans les vallées entrelacées.
    Dans tout le pays se déclenchent des feux artifices sur les places
    Des villages où roucouleront Suissesses et Suisses enlacés.

    Des lacs Léman, Quatre-cantons, Neuchâtel, Zürich et Constance,
    Tous les gréements claquent au vent aux airs de l’hymne national ;
    Cantique que nous, terriens, chantons pour ses paroles de circonstance
    Parlant d’une paix s’élevant du sud au septentrional.

    Images traditionnelles du 1er août en Suisse.

  • Du pacte à l’acte

    Du pacte à l’acte

    Le premier août, on commémore le Pacte fédéral signé
    Par Uri, Schwytz et Unterwald en mille-deux-cent-quatre-vingt-onze
    Pour renouveler l’alliance et se promettre vœu d’assistance
    Et protéger les trois cantons contre menaces et agressions.

    « Les trois Suisses » ont prêté serment de se libérer des Habsbourg
    Là, sur la prairie du Grütli, sur le lac des Quatre-Cantons.
    La célébration officielle se déroule en ce lieu mythique
    Où le discours du président harangue toute la nation.

    On joue dans de nombreux endroits l’histoire de Guillaume Tell ;
    Son tir d’arbalète sur la pomme placée sur la tête de son fils.
    Ce héros légendaire suisse aurait vaillamment résisté
    Au bailli fourbe et impérial qui oppressait les habitants.

    Images traditionnelles du 1er août en Suisse.

  • Premier août

    Si toi-z-aussi, tu es frustré d’avoir loupé l’quatorze juillet,
    Viens donc en Suisse pour brandir le drapeau neutre et interlope !
    Tu pourras ici t’illustrer, sentir tes cheveux frétiller
    Et humer les Alpes grandir, hissé sur le toit de l’Europe.

    Si toi-z-aussi, tu es déçu de la promiscuité des plages,
    Viens goûter les lacs de montagne célèbres pour leurs eaux limpides !
    Ici, des baigneuses fessues te proposeront l’accouplage
    Avec les meilleures compagnes sauf si tu te montres timide.

    Si toi-z-aussi, tu es spolié des monts et des vallées françaises,
    Viens escalader le Cervin qu’on appelle ici Mattenhorn !
    Viens donner un coup de collier et développer ton ascèse
    Avec cochons, ovins, bovins et toutes les bêtes à cornes !

    Images traditionnelles du 1er août en Suisse.

  • Chaudes Augustine

    En août viennent les Augustine après juillet et ses Juliette
    Qui m’ont charmé un peu, beaucoup puis finalement pas du tout.
    La chaleur malgré ses rustines a fini dans les oubliettes
    Et l’été a marqué le coup en perdant ses meilleurs atouts.

    Adieu Juliette et Augustine, bonjour les vierges de septembre
    Habillées de la tête aux pieds puisque l’automne est avancée.
    Nos amours seront clandestines dans l’intimité d’une chambre
    Mais nous brûlerons comme il nous sied nos cœurs en flammes romancées.

    Tableaux de Carlos Leon Salazar sur http:carlosleonsalazar.blogspot.com .

  • Les rêves intrusifs

    Souvent mêmes rêves reviennent à celuicelle qui n’a pas compris
    Et qui se repasse le sketch en boucle de façon contiguë
    Jusqu’à ce qu’enfin ilelle parvienne à décider sans parti pris
    Son chemin tissé dans du stretch bien arrondi aux angles aigües.

    Le gros chat-chagrin du matin avec le désespoir du soir
    Planent comme un nuage lourd qui lela menace trivialement
    Tandis que, des draps de satin, s’approche l’ange qui va surseoir
    Au choix pertinent ou balourd mais qui est le bon, finalement.

    Tableaux de Rafal Olbinski.

  • Les rêves récursifs

    Quelquefois un fil conducteur unit un rêve aux précédents
    Comme un soupçon de déjà-vu sur des mémoires outrepassées.
    Ce lien récursif séducteur donne l’illusion d’antécédents
    Rapprochés par la longue-vue de l’inconscient sur son passé.

    Mais le songe, trompeur et menteur, peut très bien inventer ce lien
    Et faire croire à un historique de précédents inexistants.
    Ce mécanisme tourmenteur cause alors un choix cornélien
    Sur l’origine théorique de toute la structure du temps.

    Ainsi j’avance sur un fil tendu au fur et à mesure
    Alors que je crois publier la suite de mon feuilleton.
    Sans doute les rêves chronophiles aiment laisser une césure
    De l’un à l’autre sans oublier d’en occulter mon œilleton

    Sans doute l’une des trois Parques m’observe déroulant mon fil
    Comme un rat de laboratoire dans son dédale de misère.
    Elle doit attendre que je remarque l’indice du tintinophile
    Comme l’errance giratoire des deux Dupondt dans le désert.

    Tableaux de Rafal Olbinski.

  • Chaînes d’amour

    Le mariage est une chaîne imaginaire et extensible
    Qui part d’une moitié du lit jusqu’à son autre extrémité.
    Passions et amours s’y déchaînent ainsi que les sujets sensibles
    Qui règlent les moindres délits sur l’oreiller un peu mité.

    Le précipice des chambres-à-part ne fait que prolonger le lien
    Et l’on passe du bouche-à-oreille aux messages et aux SMS.
    Seuls les petits désirs épars reviennent sur le choix cornélien
    D’avoir, à nulle autre pareille, rempli et tenu ses promesses.

    Tableaux de Rafal Olbinski.

  • Je suis tout le monde

    Comment passer inaperçu quand on est nu et dépourvu
    De cette étoffe des héros qui habille les toréadors
    Selon comment l’on est perçu, avant-gardiste ou m’as-tu-vu,
    Par les regards collatéraux issus d’une foule qui dort ?

    Je me dis « je suis tout le monde ! » ; je deviens chaque spectateur
    Qui s’observe, dans un miroir, nu comme s’il venait de naître.
    Aussitôt à la même seconde, j’en suis l’unique observateur
    Et je m’extrais de ce mouroir en me jetant par la fenêtre.

    Tableaux de Rafal Olbinski.

  • Correspondance langoureuse

    Correspondance langoureuse

    Pour trouver marin à son goût, elle décide de voyager
    Dans une bouteille à la mer, un mobil-home bienséant.
    Il lui faudra du premier coup trouver l’adresse apanagée
    D’une piscine bleu-outremer, vue imprenable sur l’océan.

    Comme j’habitais à Marseille une maison en bord de mer,
    Elle jeta son dévolu sur ma villa « le Montfaucon ».
    Bien que ma prudence conseille d’éviter la pilule amère,
    Après une année révolue, j’ouvris le mystérieux flacon.

    De l’amour je connus l’ivresse car elle m’a dévoré le cœur
    Qui, tel le foie de Prométhée, ressuscite au soleil levant.
    Elle le croqua avec tendresse et en absorba la liqueur,
    J’en éprouvai l’ébriété d’un orgasme des plus émouvants.

    Illustration de Gretel Luski sur gretlusky.com .

  • Correspondances amoureuses

    Correspondances amoureuses

    Comme elle n’a plus vu de marin depuis bien longtemps maintenant,
    Elle ouvre une correspondance, bouteilles jetées à la mer.
    Encre au parfum de romarin, joli papier, beau contenant,
    Elle espère bien faire bombance de beaux matelots doux-amers.

    Au centre de tri des sirènes, les receveuses sont perplexes…
    « Tout ce courrier exagéré va nous rameuter trop de monde ! »
    Elles prennent conseil de leur reine qui les retourne sous prétexte
    Que les bouchons sont altérés et rendent l’encre nauséabonde.

    Tout son courrier est renvoyé avec une carte costale :
    « Aucun destinataire n’habite à l’adresse lue sur l’étiquette. »
    Contre les postières employées et leur maudite censure postale,
    Malgré sa déception subite, elle n’enverra nulle requête.

    Illustrations de Gretel Luski sur gretlusky.com .

  • Chagrin d’amour perdure autant

    Elle a tendance à s’isoler dans la protection de sa bulle
    Pour s’y laisser mourir d’amour suite à sa fracture du cœur.
    Elle se forge un mausolée où des Cupidons somnambules
    Viendront pleurer son désamour et s’en lamenteront en chœur.

    Dans la bulle, une petite voix résonne au plus profond de l’âme :
    « Le cœur ne fait pas de faux pas, il évolue, tout simplement.
    Ce n’était pas la bonne voie, mais sur d’autres brille la flamme
    De personnalités sympas dont l’une est ton prince charmant ! »

    Enfin un jour la bulle éclate, le cœur entre en convalescence,
    Il suit sa rééducation, il panse et soigne ses blessures.
    Toutes les amours le relatent : après la mort, la renaissance
    Et arrive une relation qui rétablit et qui rassure.

    Illustrations de Gretel Luski sur gretlusky.com .

  • Chagrins d’amour ne durent qu’un temps

    Mieux vaut souffrir que ne pas souffrir du tout.
    Bien que l’amour soit une force, on ne peut pas forcer l’amour
    Car l’amour par définition n’existe que s’il est partagé.
    Quand un chagrin griffe l’écorce du cœur qui bat d’un rythme lourd,
    Il en oublie la punition et s’en retrouve encouragé.

    Les flèches du Cupidon.
    Laisse donc Cupidon planter dans ton corps ses flèches adressées
    Car ton cœur fait feu de tout bois et devient de plus en plus fort !
    Mais ne te laisse pas supplanter par ton amour-propre blessé ;
    Ce n’était pas la bonne voie, demain tu feras plus d’efforts !

    Un « non » les fâchera sans doute mais tu resteras libre.
    Quand l’amour devient ton gardien, ton isolement, ta prison
    Alors l’annonce d’une rupture devient clef de ta liberté.
    Tu as tranché le nœud gordien qui contractait ton horizon
    Et désormais, c’est l’aventure pour un amour de vérité.

    Illustrations de Gretel Luski sur gretlusky.com .

  • Marianne sans-culotte

    Marianne sans-culotte

    Finalement rien ne saurait contrevenir à sa tenue
    Si ce n’est un laisser-aller au niveau du mont de Vénus.
    Et si un rien améliorait la provocation obtenue
    Ce serait un pubis halé d’un joli bronzage en bonus.

    Si Marianne est sans-culotte depuis que la révolution
    L’a érigée dans les mairies, sa croupe en est bien l’héritière.
    Hélas seule une poitrine pâlotte nous en donne l’évocation ;
    J’eusses aimé que notre égérie nous soit présentée tout entière.

    Il lui faudrait un président qui sache bien lécher les bottes
    Et lui pourlécher, au milieu, les partis beaucoup plus intimes.
    Mais pour trouver ce résident, où faudrait-il qu’on le dégotte ?
    Au centre, en province, en banlieue ou dans chez couples illégitimes ?

    Sasha Grey vue par James Jean sur juxtapoz.comnewssasha-grey-through-the-eyes-of-james-jean .

  • Mais où est passé le quatorze juillet ?

    Mais où est passé le quatorze juillet ?

    Ils sont arrivés sans retard, les français sur les boulevards
    Pour entonner la Marseillaise et voir passer l’armée française.
    Hélas sur les Champ Élysées, les gens ont dû tous baliser
    À se voir ainsi refoulés par des gendarmes encagoulés.

    Je suis d’accord sur le principe quand tout le monde participe ;
    Ainsi, j’entonnais Boris Vian devant le flot stupéfiant
    De ces spectateurs amassés en train de se faire tabasser
    Par ceux qu’ils étaient venus voir, les forces de l’ordre au pouvoir :

    « … On n’est pas là pour se faire engueuler, on est là pour voir le défilé !
    On n’est pas là pour se faire assommer, on est venu pour voir le défilé !
    Si tout le monde était resté chez soi ; ça ferait du tort à la République ! »
    Laissez-nous donc qu’on le regarde … »
    … et, s’il vous plaît, baissez la garde !

    Tableau « La rue Montorgueil » de Claude Monet et extrait d’une chanson de Boris Vian.

  • Les baignoires communicantes

    Les baignoires communicantes

    Au temps où j’vivais à Marseille, les WC trônaient aux balcons,
    Les uns sous les autres empilés comme des lits superposés.
    Je m’imaginais, ô merveille, des salle-de-bains, d’un genre abscons,
    Avec tuyauteries enfilées et les baignoires surexposées.

    J’aimais rêver de mes sirènes chantant dans leurs bains à étages
    Pêchant l’auditeur à la ligne, ferrant poisson ou gros pigeon.
    Je m’serais lancé dans l’arène, compétiteur du toilettage,
    Frottant le dos à ces malignes en tant que roi du badigeon.

    Cell’ du premier, exploratrice jouerait souvent au sous-marin ;
    Au deuxième une reproductrice guett’rait son mâle aux alentours ;
    Au troisième, une cantatrice siffl’rait un Pinot du Bas-Rhin ;
    Au quatrième, une lectrice ; serait celle aux plus beaux atours.

    Illustration de Marija Tiurina.

  • La tante Marinette

    La tante Marinette

    Une sirène marseillaise aurait vécu dans les calanques
    Et galvanisait les pêcheurs avec l’accent approprié.
    Elle vivait sur les falaises mais le matin quittait sa planque
    Pour faire mousser la fraîcheur de ses poissons à la criée.

    Ainsi ma tante Marinette, célèbre figure locale,
    Côtoyait César et Panisse au bon temps du pont transbordeur.
    Ceux qui l’appelaient « Ma Reinette » faisaient partie de l’amicale
    De cette boisson à l’anis qui fait les propos brocardeurs.

    Quoi qu’il en soit, la Marinette était authentique sirène
    Qui péripatait le vieux-port pour arrondir ses fins de mois.
    Maîtresse-queux de la sardinette en toutes matinées sereines,
    Elle gagnait, sous tous rapports, bien davantage que vous et moi.

    Tableau de Laura Sava.

  • Cette bulle hermétique

    Cette bulle hermétique

    Je crus voir courir sur la table une drôle de bestiole rose ;
    Je rabattis vivement mon verre afin de capturer la bête.
    Mais de peur que l’épouvantable insectoïde ne se nécrose,
    Je libérai de son calvaire celle qui agitait ses gambettes.

    C’était une fille mignonnette de la grandeur d’une schtroumpfette
    Mais toute rose et toute mince et qui n’cessait d’gesticuler.
    Par le grand bout de ma lorgnette, elle me parut stupéfaite
    De devoir retourner à pinces sans pouvoir être véhiculée.

    « J’ai eu une panne de soucoupe tandis que j’explorais la Terre
    Et n’ai pas trouvé de diesel alentour où ravitailler. »
    Et bien que cela me la coupe, je me suis porté volontaire
    Pour la reconduire chez elle et puis… je me suis réveillé.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Tempête Rose

    Tempête Rose

    Tempête dans la roseraie ! La jardinière est hystérique
    Car son amoureux a osé lui offrir un bouquet de roses.
    Jamais elle n’a cru qu’il oserait autant de gaffes pléthoriques
    À lui en donner la nausée, découragement et névrose.

    Depuis deux mois, tous les matins il lui fait livrer un bouquet
    Qu’elle revend dans sa boutique étant donné qu’elle est fleuriste.
    C’est à en perdre son latin et il faut croire qu’il est toqué
    À la faire tourner en bourrique comme un Cupidon terroriste !

    D’ailleurs, c’est bien tant pis pour lui car hier matin un Roméo
    Est venu lui offrir un pot à la terrasse d’un bistrot.
    Puis un joli vase de nuit, un soliflore, un pot-à-eau
    Dans lesquels elle, fort à propos, a disposé ses roses en trop.

    Illustration de Tran Nguyen sur https:mymodernmet.comfantasy-art-colored-pencil-drawings-tran-nguyen .

  • Des ronds dans un monde carré

    Des ronds dans un monde carré

    Lorsqu’on est carré en affaires, on aime bien les comptes ronds
    Comme les femmes dont carrément on préfère plutôt les rondeurs.
    Tout tourne autour de notre sphère avec des formes aux environs
    Arrondies pour notre agrément ou anguleuses en profondeur.

    Imaginez-la, seins carré, fesses parallélépipédiques
    Et tout le reste structuré d’angles droits pythagoriciens !
    Adam se serait vite barré, laissant cette Ève orthopédique
    Au créateur conjecturé d’être un peu trop théoricien !

    Photo de Katerina Belkina.

  • La bible à l’envers

    La bible à l’envers

    Satan, dans la bible à l’envers, a dit « Que les ténèbres soient ! »,
    Puis créa l’homme à son image afin que triomphe le mal.
    À l’aide de démons pervers – apogée diabolique en soi –
    Il fit la femme pour rendre hommage à son goût inné pour le mâle.

    Ainsi tout ce que l’homme a fait – ou tout au moins qu’il a mal fait –
    Résulte de la volonté du Dieu maudit qui l’a créé
    Cela implique que l’imparfait – que j’en sois ou non stupéfait –
    Est, dès le début, escompté par ce diable qui l’a agréé.

    Évidemment tout cela est faux, je l’ai lu à la fin du livre
    Au psaume où il est affirmé que Dieu mentait comme il respire.
    Mais là, je l’ai pris en défaut car malgré tout ce qu’il délivre,
    Un menteur ne peut confirmer à quelle vérité il aspire.

    Poster de cérémonie maçonnique.

  • Marie aux lys

    Marie aux lys

    Marie aux lys est formidable lorsqu’elle s’offre à moi en bouquet,
    En robe des champs, déboutonnée ou en boutons, pareillement.
    Et dans son calice insondable, sépales et pétales au taquet,
    Sous les étamines moutonnées, pour m’offrir l’émerveillement.

    Marie aux lys fleure un arôme qui alloue l’oubli à l’ivresse
    Et le plaisir des sens s’étire tandis que le temps se suspend.
    J’en ai découvert le syndrome lorsque ses fragrances m’agressent
    Et me transforment en satyre qui met ma raison en suspens.

    Photo de Louis Treserras sur https:www.artlimited.net8775artphotographie-marie-aux-lys-numerique-gens-portrait-femmefr420270 .

  • À cœur brûlé, encore et encore

    À cœur brûlé, encore et encore

    Encore une fois, un cœur brisé peut connaître à nouveau l’amour ;
    Le cœur brûlé par les passions peut encore renaître de ses cendres.
    Après cent vies électrisées, l’âme possède un sens de l’humour
    Qui la fera, par compassion, mille fois monter pour redescendre.

    Mais les hommes au cœur terre-à-terre cherchent encore la solution
    En entrechoquant deux silex, un peu benêts et l’air couillon.
    Un cœur aux pierres réfractaires marquerait une révolution
    Par une femme au cœur de pyrex qui mettrait l’homme au court-bouillon ;

    Tableau de Christian Schloe.

  • La Gorgone

    La Gorgone

    À sa culotte de cheval, on reconnaît bien la pouliche
    Et à sa cervelle d’oiseau, on se rappelle la demoiselle.
    À ses jolies mamelles ovales, on identifie la bibiche
    Et à l’allure de ses naseaux, on se souvient de la gazelle.

    Car à l’instar du Minotaure, moitié homme et moitié taureau,
    Je vous présente la Gorgone, moitié femme et moitié jument.
    Une cousine des centaures dont les fesses et les pectoraux
    Étaient célèbres dans l’hexagone sur les fresques et les monuments.

    Tableau de James Guppy.

  • Cornes de bouc et mille sabots !

    Cornes de bouc et mille sabots !

    On l’appelle aussi la diablesse, Desdémone ou bien Belle-Zébute
    Et malgré les poils sur ses jambes, elle fait partout des ravages.
    Son père était d’haute noblesse, connu comme roi de la culbute
    Et sa mère, une chèvre ingambe, altière grimpeuse et sauvage.

    Sœur du non moins célèbre Pan, elle n’en est pas moins nymphomane
    Et court les bois à la recherche de jeunes mâles aux pieds tendres.
    Elle organise des guet-apens pour abuser des mythomanes,
    Particulièrement les faux-derches qui ne perdent rien pour attendre.

    Tableau d’Aaron Miller.

  • Cérémonie sauvage

    Cérémonie sauvage

    Bleu de nuit sous la Lune, vert émeraude la forêt,
    Rouge sang les lapins, d’or les yeux affolés,
    Ô couleurs opportunes, fluorées, phosphorées,
    Crépuscule là peint à coups de feux follets !

    Une nuit spécifique pour un peintre sorcier
    Qui n’use de couleurs qu’issues du fond des bois
    Mais ce soir mirifiques, sans doute associées
    Aux intimes douleurs d’une Terre aux abois.

    Voyez, frères humains qui vous sentez privés,
    Les vrais fils de la Terre n’ont pas besoin de vous
    Pour préparer demain la prochaine arrivée
    Des vrais propriétaires que Gaïa leur dévoue.

    Tableau de Marina Antonova.

  • Le chat de Schrödinger

    Le chat de Schrödinger

    Alors le chat de Schrödinger, est-il avec nous ou ailleurs ?
    Est-il défunt ou bien vivant, figé dans l’immortalité ?
    S’amuse-t-il d’un air blagueur à nous duper d’un ton railleur
    Avec son mystère captivant au risque d’irréalité ?

    Cet état de vie suspendue doit faire plaisir au minet
    Qui peut ainsi chasser ses proies perversement d’une main preste.
    Et ses victimes prétendues deviennent ainsi contaminées
    Par ce virus qui nous fait croire à la vie, la mort et le reste.

    Le jour occulte son trépas, la nuit nous cache ses atomes ;
    Chaque moment de la journée reste une énigme à l’existence.
    Faut-il lui donner un repas sinon chasse-t-il les fantômes ?
    En fait, il poursuit sa tournée avec totale inadvertance.

    Illustration de Caramurú Baumgartner.

  • Femmes en bleu

    Le Chaperon, entre chien et loup, s’éclipse subrepticement
    Pour rejoindre « vous-savez-qui » au fond des bois sous la pleine Lune.
    Son amant est un peu jaloux de la voir clandestinement,
    Méfiant de prendre pour acquis ces précautions inopportunes.

    Peau-d’âne a le blues du départ ; qui sait ce qui peut arriver
    Au cours des jours avec un père qui se montre si entreprenant ?
    Quand plus de vingt ans vous séparent, l’amour du même sang privé
    Est-il l’existence qu’elle espère malgré l’effet contrevenant ?

    La Belle au Bois-Dormant s’endort pour cent ans et bien plus encore ;
    C’est pour son bien lui a-t-on dit ainsi que pour son avenir.
    Elle fera cent mille rêves d’or sous un dôme autour de son corps,
    Bien à l’abri des maladies, gage des meilleurs souvenirs.

    Cendrillon vient juste de rentrer tout essoufflée après sa course ;
    Désolée, elle est au taquet et s’effondre sur sa paillasse.
    À présent toute concentrée, elle a épuisé ses ressources ;
    « Adieu carrosse, adieu laquais bonjour espoir, salut l’audace ! »

    Tableaux de Richard Burlet.

  • Femmes en rouge

    Le Chaperon se fait du mouron ; l’amant n’est pas au rendez-vous ;
    Sans doute un chasseur à l’affût l’a buté au nom de la loi.
    Tant pis si demain nous mourrons d’amour pour un grand méchant loup
    Dont les histoires font un raffut dans les villages de bon aloi !

    Peau-d’âne se fait du souci ; Papa n’est pas un bon parti ;
    Sans doute le qu’en-dira-t-on alimente aussi les rumeurs.
    Lorsque l’amour sent le roussi, il faut trouver la répartie
    Afin de pouvoir dire non tout en gardant sa bonne humeur.

    La Belle au Bois-Dormant s’inquiète ; comment sera-t-elle dans cent ans ?
    La trouvera-t-on démodée ce jour-là, au premier regard ?
    Car après un siècle de diète – doublé d’anorexie s’entend –
    Sa beauté tout incommodée réclamera beaucoup d’égards.

    Cendrillon se fait un sang d’encre vermillon, rouge incandescent
    Le stratagème du chausson n’est pas le meilleur qui lui sied.
    Toutes les chinoises qui s’échancrent les pieds sous leurs rites indécents
    Peuvent lui chanter la chanson « en amour, fait ce qui te pied ! »

    Tableaux de Richard Burlet.

  • À couteaux tirés

    À couteaux tirés

    L’information est un couteau lancé afin de séparer
    Ceux qui vont l’éviter à gauche et ceux qui l’esquivent à droite.
    Tantôt on titille les cathos, tantôt les brebis égarées ;
    Le but étant une débauche de guerres civiles maladroites.

    Lorsqu’une nouvelle percute la cible dont je fais l’objet,
    J’écoute le pour et le contre lors d’affrontements écumeux.
    Hélas personne ne discute en examinant le sujet
    Mais ressort les rancœurs à l’encontre de ceux qui ne pensent pas comme eux.

    Tableau de Liese Chavez sur https:www.liesechavez.comimagery.html .

  • Vous êtes la cible !

    Vous êtes la cible !

    Dès aujourd’hui, les droits de l’homme tiennent du consommateur cible
    Qui devient client potentiel pour les messages commerciaux.
    Achat et vente tendent en binôme notre intime corde sensible
    Entre commerces « non essentiels » et jeux vidéo asociaux.

    On est visé selon son sexe, son milieu et sa tranche d’âge ;
    On satisfait à des enquêtes pour définir notre profil ;
    On n’achète plus que par réflexe selon la pub et les sondages
    Qui nous ont formaté la tête via tous nos appareils sans fil.

    Tableau de Colette Calascione.

  • Lecture pour toutes

    Lecture pour toutes

    Les sirènes se mettent à la page afin de suivre la conjoncture
    Et se retrouvent sur la plage pour une séance de lecture.
    Les romans d’amour au programme, lus par une femme écrivaine,
    Inspireront les mélodrames dont leurs chants d’amour sont en veine.

    Bien attentives dans l’intrigue qui se dénoue et se renoue
    Pareille à chaque voix prodigue qui met son marin à genoux.
    Le suspense est au paroxysme, synchrone à la marée montante,
    Et la fin se prête au laxisme comme à la marée descendante.

    Si la lectrice est décevante, elle risque d’être croquée
    Par les critiques conniventes qui se sentiraient escroquées.
    Mais c’est bien rare car les femmes sont spécialistes dans le style
    Qui mêle le digne et l’infâme dans les histoires les plus subtiles.

    Tableau de Sereismo.

  • Sirènes spontanées

    À dire vrai, sur leurs origines, les sirènes gardent leur secret ;
    On a toutefois observé des métamorphoses spontanées
    Auprès de groupes androgynes, jeunes filles nubiles consacrées
    À rejoindre l’ordre préservé des reines de Méditerranée.

    Dans une folie collectives, abandonnant leurs vêtements,
    Elles plongent nues et disparaissent sous les flots vers les profondeurs.
    Plus d’une année d’introspective est nécessaire moyennement
    Pour qu’une jolie queue apparaisse bien galbée et toute en rondeurs.

    Photos de Kate Bellm sur vogue.comslideshowkate-bellm-la-isla?epik=dj0yJnU9OFZRLXhxTlJlTGgyc2dONWRiOW9XeUwybGVYOS1Qd0cmcD0wJm49bkRVd0d1bDVGZFNPdjhXV0JJR0FSZyZ0PUFBQUFBR1NSU2FZ .

  • Thérapie en blues

    Thérapie en blues

    Quand j’entrai dans son cabinet pour la toute première fois,
    Je fus autant impressionné par elle que par son atmosphère.
    Sa robe bleue un tantinet décolletée m’a toutefois
    Engagé à me passionner à lui expliquer mon affaire.

    En ce temps-là j’étais perdu, complètement désorienté
    Et j’avais besoin de lumière pour me sortir de ma prison.
    J’avais aussi l’esprit tordu, échaudé voire ébouillanté,
    Espérant de cette première consultation ma guérison.

    Elle me jeta juste un regard suivi d’un geste de la main
    Et j’en fus tout hypnotisé, puis plongeai dans un sommeil lourd.
    Mes souvenirs demeurent hagards à la suite de cet examen
    Mais elle m’a érotisé pour le restant de mes vieux jours.

    Illustration de Willy Maltaite extraite de l’album « Le jardin des couleurs ».

  • Spécial Vacances

    Spécial Vacances

    Comme souvenirs de vacances, j’ai la nostalgie de l’enfance
    Avec le temps qui s’étirait dans l’infinité de l’été.
    Tous les défis d’extravagance et les couleurs de l’insouciance
    Étaient à ceux qui désiraient les plus beaux rêves reflétés.

    On commençait par la grande malle et les valises pleines à craquer ;
    Tout ce qu’on voulait emporter et qui ne voulait pas rentrer.
    La capacité maximale du coffre où tasser les paquets
    En souhaitant se réconforter par ce qu’on allait rencontrer.

    Joies du camping pour les enfants ou sacs de nœuds pour les parents ;
    Cuisine et lessive au grand air, pique-niques dans la nature ;
    Les après-midis étouffants, les nuits passées en espérant
    Courir les terres légendaires où goûter la villégiature.

    Illustration de Willy Maltaite extraite de l’album « Le jardin des couleurs ».

  • Le bouquet d’éternelle Madame

    Le bouquet d’éternelle Madame

    Il est des bouquets comme des femmes ; certains défraîchissent trop vite
    Et d’autres resteront longtemps comme suspendus dans le temps.
    La vieillesse me paraît infâme et nul sur Terre ne l’évite
    Mais parfois, j’en suis bien content, l’éclat se montre combattant.

    Ce bouquet de fête des mères offert à Maman un dimanche
    Est resté toute une semaine sans se faner ni s’assécher.
    Habituellement éphémères, subsistent ces fleurettes blanches,
    Fleurs de camomille romaine, jonquilles et lys apanachés.

    Illustration de Willy Maltaite extraite de l’album « Le jardin des couleurs ».

  • Vacances sans histoires

    Les vraies vacances sans histoires où enfin le monde s’arrête
    Ressourcent le cœur de mon âme et mon physique à l’identique.
    Quitter l’existence notoire pour un séjour anachorète
    A longtemps été le sésame vers une lumière authentique.

    Petite mort de l’existence comme un sommeil réparateur
    Qui sèvre du stress quotidien l’enfant nourri au matériel
    Qui a perdu sa résistance face aux mirages dominateurs
    Qui s’effacent sous les méridiens aux édens psychosensoriels.

    Illustrations de Willy Maltaite extraites de l’album « Le jardin des couleurs ».

  • Le bustier

    Le bustier

    Plus qu’un vêtement, le bustier n’est pas pour autant parasite
    Mais un fidèle compagnon qui mystifie avec délices.
    Un peu fou, voire flibustier, il s’accorde avec les visites,
    D’un bout de mamelon mignon qu’il laisse échapper par malice.

    Il sait détourner les regards en jouant comme des paupières
    Qui battent leurs cils de dentelles sur ces deux seins observateurs.
    Si un puceau à l’air hagard, se prend au piège dans la guêpière,
    Il est bon pour l’accidentelle chute fors l’ange salvateur.

    Le bustier, arme redoutable du beau sexe en toute apparence,
    Est une bombe magnétique par ses effets et ses rondeurs.
    De cette gorge irréfutable, l’amour en toute transparence
    Envoie ses atomes érotiques qui vous transpercent en profondeur.

    Illustration de Willy Maltaite extraite de l’album « Le jardin des couleurs ».

  • Ma bibliothèque ouverte

    Ma bibliothèque intérieure m’invite dans son univers
    Où ses racines aventureuses ont écrit mille découvertes.
    J’y lis les légendes antérieures, les grands récits, les faits divers
    Que ma parenté sulfureuse a gravé dans ses pages ouvertes.

    Ma bibliothèque extérieure m’invite aux voyages impossibles
    Qui échappent à la certitude que la vie est déjà écrite.
    J’y lis les visions postérieures à ce présent incompressible
    Et l’âme quitte la servitude du monde des hommes hypocrite.

    Illustrations de Willy Maltaite extraites de l’album « Le jardin des couleurs ».

  • L’anneau magique

    L’anneau magique

    La Terre, entité féminine, revêt ses voiles de dentelles ;
    Sa pudeur étant exigeante, plusieurs couches sont superposées.
    Et grâce aux pluies qui éliminent ses sautes d’humeur accidentelles,
    Maintes lingeries diligentes par le ciel lui sont proposées.

    Autant sous la jupe des filles, toujours suis-je curieux de nature,
    Autant ses jupons nuageux m’ont attiré vers ses hauteurs.
    Je suis parti de ses chevilles et j’ai remonté sa stature
    Parmi ses pics avantageux, vallons et gorges promoteurs.

    Perché sur son Mont de Vénus, j’ai découvert l’anneau magique,
    Dernière barrière pudique, légère guipure érotique,
    Qui marquait le point terminus au-delà duquel, nostalgique,
    J’ai connu l’instant fatidique d’un orgasme fort, névrotique.

    Illustration de Willy Maltaite extraite de l’album « Le jardin des couleurs ».

  • Le rendez-vous de tous les rêveurs

    Tous les grands rêveurs se retrouvent sur la planète hypothétique
    Peuplée de jeunesses éternelles et d’amours fantasmagoriques.
    Tout nouvel arrivant éprouve la révélation prophétique
    De sa déité maternelle et de sa mort métaphorique.

    Le paradis existe-t-il ou bien est-il à inventer ?
    L’humanité a créé Dieu ? Alors pourquoi pas continuer ?
    Que j’aime apprendre un rêve utile qui offre à chaque âme enfantée
    Un séjour garanti radieux avec contraintes atténuées !

    Illustrations de Willy Maltaite extraites de l’album « Le jardin des couleurs ».

  • Papyrus & Mamyrus

    Papyrus & Mamyrus

    De fait, Papyrus étant scribe et Mamyrus ayant bon dos,
    Ils écrivirent un journal sur les potins illégitimes.
    Comme bien souvent sa diatribe, trop longue, occupait tout l’endos,
    Les titres, sous les fosses rénales, descendaient aux parties intimes.

    Mamyrus n’avait pas le choix et sortait nue pour exposer
    Annonces et publicités affichées aux endroits sensibles.
    Que la même idée nous échoit de nos jours va indisposer
    Tous les prudes de la cité mais l’impact sera ostensible.

    Tableau d’Andrej Mashkovtsev sur https:mashkovtsev.livejournal.com?skip=100 .

  • Le jardin intérieur

    Le jardin intérieur

    Mon petit jardin intérieur ne siège pas dans ma cervelle
    Mais dans l’abdomen près du cœur qui fait office de soleil.
    Parfois aux niveaux supérieurs, là où les poumons s’échevellent,
    Passent des nuages de rancœur que quelques coups de vent balayent.

    Tout ce qui remonte des tripes et que je n’ai pas digéré
    Vient décanter dans la forêt des projets encore à bâtir.
    Souvent juste au bord s’y agrippe mon petit oiseau préféré
    Qui est l’avatar phosphoré ce celle dont j’aime compatir.

    Car ton souvenir est en moi malgré l’image déformée
    Que j’ai oubliée en chemin mais peu m’importe l’apparence.
    Tu vis toujours au fil des mois comme un fantôme réformé
    Qui me soutient, main dans la main, dans mes jours de désespérance.

    Tableau d’Andrej Mashkovtsev sur https:mashkovtsev.livejournal.com?skip=100 .

  • Sur les traces du Petit Poucet

    Courant les bois et les forêts, je jette un œil dans les fourrés
    Et j’y vois un drôle de caillou me toiser d’un regard voyou.

    Plus loin, dormant sur une souche, un œuf reposant sur sa couche ;
    Sans doute un coucou égaré a pondu cet œuf bigarré.

    Sous une tranche de bois coupé, une coccinelle m’entourlouper
    Avec ce panneau en ébauche qui confond la droite et la gauche.

    C’est un gros matou débonnaire, un peu devin et visionnaire,
    Qui me conseille plutôt d’aller dans la direction des galets.

    Je tourne en rond dans un bosquet cherchant un signe débusqué
    Lorsqu’un galet indicateur se montre assez inspirateur.

    Sur ses conseils, une famille de petits graviers qui fourmillent ;
    Grands et petits, lapins cochons et autres animaux folichons.

    Une fleur en forme de boussole, digne bouture d’un tournesol
    Apparenté d’une rose-des-vent, me renvoie au soleil levant.

    Et j’atteins la maison célèbre, d’un couple qui crève les ténèbres,
    Où trônent Madame Lunaire et son compagnon luminaire.

    Dernier coup d’œil sur le chemin, sans doute j’y reviendrai demain
    Maintenant je peux rebrousser la piste du Petit Poucet.

    Les petits cailloux peint de Fabienne Barbier que j’ai semés sur le chemin dans la forêt d’Eschenberg.

  • Mais où sont passées les amanites ?

    Fortuitement une ammonite, découverte au bord du chemin
    Traversant une forêt suisse, me mit sur la piste aux fossiles.
    Mais je ne trouvai qu’amanites qui me saluaient de la main
    Ressemblant autant qu’elles puissent à des créatures aux faux cils.

    Sans doute sous l’effet des spores, volatiles hallucinogènes,
    L’une d’elle ôta son chapeau – regard coquin sous le chignon –
    J’en transpirais de tous mes pores sous l’effet des lacrymogènes
    Qui me rubéfiaient la peau où me poussaient des champignons.

    Je n’sais où est la part du vrai – vous me croirez si vous voulez.
    Grosse truffe me suis-je trouvé parmi ces femmes vénéneuses.
    Ce n’est pas tout ; ce qui m’effraie, ce sont tous ces petits bolets
    – Mon portrait craché approuvé – qui croissent en sylve résineuse.

    Tableaux de Rebecca Cool.