Catégorie : 2023

  • Les aventures de Manu : À la bonne fortune !

    Les aventures de Manu : À la bonne fortune !

    Manu vous décroche la Lune comme il vous traverse la rue
    Et se taille la part du lion du premier au dernier croissant.
    Tous ceux qui croient faire fortune et le suivent auront concouru
    À la légende du champion du pouvoir d’achat décroissant.

    Bien vu ! Sur la face cachée de la Lune il a déposé
    Toutes les réserves liquides de l’or devenu numérique.
    Parfois on voit s’en détacher un rayon doré composé
    Des intérêts qu’il dilapide pour ses voyages en Amérique.

    Bientôt la Lune ne sera plus, il l’a revendue aux chinois
    En prétendant qu’elle contient tout plein de matières premières.
    Et tant pis s’il aura déplu aux casse-fouilles et casse-noix
    Qui rassemblent tous les soutiens pour faire toute la lumière.

    Illustration de David Lawrence sur www.davidlawrenceart.com –

  • Les aventures de Manu : Manu Roi déchu

    Les aventures de Manu : Manu Roi déchu

    Ainsi soit-il, c’était prévu depuis des fuites à Varennes,
    Cette seizième république n’a vraiment pas tenu longtemps.
    Manu est mis en garde-à-vue à la Santé avec sa reine
    Et sa condamnation publique jugée par des gens mécontents.

    Bon, cela dit, c’est de sa faute car l’ conseil constitutionnel
    A changé la constitution à chaque fin de son mandat.
    Et bien que tous ses internautes vouent son site inconditionnel,
    Les élus de substitution l’ont trahit sous la véranda.

    C’est vrai, ce n’était pas malin d’installer une galerie des glaces
    À l’Élysée et transformer l’adresse en château de Versailles.
    Or le président-châtelain ne sachant pas rester en place
    S’est vu aussitôt réformé par son bon peuple en représailles.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Vœux de sirène

    Ah, que ne suis-je née sirène ! Je jouirais entre deux eaux ;
    Portée par des vagues sereines, je caresserais les oiseaux !
    Que n’ai-je un corps couvert d’écailles, une longue queue préhensile
    Et le soir rentrer au bercail au fond des mers, mon domicile !

    Je jouerais aux poissons-volants avec les mouettes rieuses
    Qui me suivraient en survolant mes plates-bandes mareyeuses.
    Et le soir guettant les bateaux mouillant dans le criques revêches,
    J’appâterais un marin pataud pour vivre d’amour et de chair fraîche.

    Tableau de Jaroslaw Kukowski.

  • Sirènes grassouillettes

    J’ai cru qu’il s’agissait de plâtres, de statuettes, de figurines
    Vendues sur le bord de la plage par un artiste « rock and roll ».
    Assez grassouillettes et bellâtres, les yeux couleur d’aventurine,
    Elles me fixaient sur l’étalage ; ne leur manquait que la parole.

    J’allais les prendre dans ma main quand elles ont couru sur le sable,
    Puis ont regagné le rivage et disparu sans retenue.
    Je suis revenu le lendemain car il m’était indispensable
    De revoir ces dames sauvages qui ne sont jamais revenues.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • La femme recto-verso

    La femme recto-verso

    On dit que derrière chaque homme, une grande femme se cache
    Et que derrière chaque femme se cache une femme vénale.
    D’abord, ça dépend du bonhomme et celle qui porte la cravache ;
    Ensuite, cela présume infâme une vertu phénoménale.

    Mais l’obscur objet du désir est-il celui dissimulé
    Sous l’habit moulant évoquant une Vénus à posséder,
    Ou bien ce lobe du plaisir et ses neurones stimulés
    Vers l’influx nerveux provoquant l’érection du mâle obsédé ?

    Sans doute un problème de lentille qui perce de ses rayons X
    Les vêtements les plus épais et que l’on qualifie d’immonde ;
    L’art de déshabiller les filles, cette manie, cette idée fixe
    Et qui provoque guerres et paix, c’est toute l’énergie du monde.

    Tableau de Rafal Olbinski.

  • Matutinales et automnales

    Matutinales et automnales

    Venues du dix-neuvième siècle, les élégantes seraient surprises
    De voir la femme émancipée d’après les années soixante-huit.
    Mais au vingt-et-unième siècle, celle-ci deviendrait incomprise
    Par les lois stéréotypées des sunnites, chiites, alaouites.

    Il faudra se lever matin avant de voir les femmes nues
    Revendiquer la liberté du corps, du cœur et de l’esprit.
    Ceux qui la traitent de catin, devraient changer sans retenue
    Leurs certitudes déconcertées mais je m’interroge… à quel prix ?

    Sans doute au prix du burkini dont on va faire l’autodafé
    Et de la burqa aux orties pour défroquer les intégristes.
    On réduira le bikini en monokini dégrafé
    Pour permettre enfin les sorties avec des filles naturistes.

    Tableau « Summer Morn » d’Evelyn Page.

  • L’œuf de Colombine – 2

    L’œuf de Colombine - 2

    Toute la couleur de son œuf a contaminé Colombine
    Qui désormais ne cache rien de ses sentiments enflammés.
    Car elle arbore ses habits neufs aux tons mandarine et rubine
    Puisque son cœur épicurien est libre de les proclamer.

    Révélation chez les oiseaux. Tout était calculé d’avance
    Car leurs œufs contenaient le germe de l’ouverture de l’esprit.
    Tout s’est déployé en réseau ce matin-là en connivence
    Avec les poules de la ferme et les hiboux sans parti pris.

    La révolution est dans l’œuf par l’action de ces volatiles
    Qui, tous les jours, changent la donne par le jaune conquistador.
    Bientôt, en deux-mille vingt-neuf, cette mutation versatile
    Fera en sorte que tous s’adonnent à la religion de l’œuf d’or.

    Tableau de Leonor Fini.

  • La dolce vita

    La dolce vita

    Quand la recherche est fructueuse envers l’amour et le bonheur,
    Trouver midi au Capitole ne mange ni pain ni pizza.
    Mais pour la fille voluptueuse, il faut se lever de bonne heure
    Sinon n’importe quel Anatole la cueillera sur la piazza.

    Anatole, Luiggi, Roméo, ou n’importe quel Romanichel
    Qui saura être plus rapide en lui discourant à foison,
    Ou une star en caméo qui monte sur la grande échelle
    Afin d’une audace intrépide, la faire tomber en pâmoison.

    Mais s’il faut entrer dans l’arène, autant que ce soit le Colisée,
    Combattre en preux gladiateur, triompher de ses adversaires
    Et gagner le cœur de sa reine, puis aller se coaliser
    Dans un mariage initiateur d’autres soucis, soyons sincères.

    Tableau de Rafal Olbinski.

  • Les habits neufs de l’impératrice

    L’impératrice était coquette, c’était là son moindre défaut.
    Elle faisait tourner couturières, tailleurs et modistes en bourrique
    Qui devaient fumer la moquette pour créer l’habit comme il faut
    Selon l’humeur avant-courrière et ses caprices amphigouriques.

    C’est son coiffeur, renard rusé, qui tint à peu près ce langage :
    « Votre chevelure est si belle, qu’elle seule pourrait habiller
    Votre plastique cérusée. Que mes ciseaux se mettent en gage
    De faire de vos mèches rebelles le plus joli déshabillé ! »

    Aussitôt dit, aussitôt fait, ainsi l’impératrice nue
    Prit désormais ses bains de foule sans vêtement qui fasse obstacle.
    Et, afin que tout soit parfait, les enfants sages furent prévenus
    Afin qu’aucun ne la refoule et qu’on profite du spectacle.

    Tableau de Leonor Fini.

  • L’œuf de Colombine – 1

    L’œuf de Colombine - 1

    Premier essai, premier échec ou bien première réussite ?
    Si le blanc d’œuf est accordé, le jaune jure de couleur !
    Colombine devra faire avec puisque son teint blanc nécessite
    De s’être elle-même sabordée de ce coup d’éclat refouleur.

    Aussitôt la bouche timide devient rouge de confusion ;
    Les yeux qui dissimulaient l’âme, dévoilent ses bleus intérieurs.
    Cette révolution humide continue dans une intrusion
    De sentiments en oriflamme par ce reflux colorieur.

    Et Pierrot, sur sa femme blanche, l’impressionna d’un œuf du jour
    Qu’il lui répandit sur la tête en guise de petit déjeuner.
    Ainsi du lundi au dimanche, elle illumina son séjour
    De la joie de son cœur en fête et de son âme déchaînée.

    Photo de floraborsi.com16.

  • Le Minotaure est dans la reine

    Le Minotaure est dans la reine

    Thésée, héros conquistador parti à l’assaut de l’arène,
    Erra dans les couloirs sans fin à la recherche du Minotaure.
    S’il eût été toréador, il aurait salué sa reine
    Bien avant d’assouvir sa faim d’exploits qui ne sont pas pléthore.

    Le fil d’Ariane, en l’occurrence, évoquait surtout le rappel
    Du corps divin de sa maîtresse qui, l’ayant marqué dans l’étreinte,
    Lui avait donné l’endurance pour aller planter son scalpel
    Vivement d’une main traîtresse avec aisance et sans contrainte.

    Pauvre enfant-monstre entortillé par l’infidèle Pasiphaé
    Et ses amours adultérines éprouvées pour un taureau blanc !
    Tu te seras fait torpillé par ta demi-sœur dévouée
    À te rouler dans la farine par son amant… c’est accablant !

    Tableau de Rafal Olbinski.

  • La mesure de l’intelligence

    Supposons le degré zéro de l’intelligence animale
    Et fixons le degré à cent de la connaissance divine.
    Adam ou Lucy, singe héros avait la note minimale
    Mais a progressé en passant par les étapes qu’on devine.

    Depuis les grandes découvertes qui ont développé l’esclavage,
    Chaque pas produit vers le haut fait des dégâts collatéraux.
    Chaque technologie offerte occasionne autant de ravages
    Si bien qu’en moyenne le taux d’intelligence reste à zéro.

    Aujourd’hui on marche sur la Lune mais la faim décime les humains ;
    L’informatique nous élève mais les religions nous rabaissent ;
    Le progrès promet la fortune mais les pauvres restent sur le chemin ;
    Partout des guerres se soulèvent pour sustenter le tiroir-caisse.

    Demain les gorilles, s’il en reste, partiront conquérir le monde.
    Trouveront-ils leur équilibre en faisant des innovations ?
    Si jamais Dieu se manifeste dans cet imbroglio immonde
    J’aimerais, s’Il a du temps libre, qu’Il commence ses rénovations.

    Tableaux de Marco Melgrati et de Beeple.

  • L’incarnation de l’âme

    L’incarnation de l’âme

    L’âme non initialisée par un mental spirituel
    Accomplit un cycle de vie qui nous est encore inconnu.
    Avant de se spécialiser dans cet étrange rituel
    Tenue de donner son avis, elle doit préparer sa venue.

    C’n’est pas l’ovule qui choisit, non plus le spermatozoïde
    Mais l’âme elle-même qui orchestre les participants au concert.
    Elle fait preuve de courtoisie pour concevoir l’humanoïde
    Depuis le flux extraterrestre qui va s’incarner dans l’insert.

    En une fraction de seconde, elle sélectionne le meilleur
    Qui lui convient pour préparer son véhicule corporel.
    Tandis que les autres vagabondent, l’élu deviendra l’éveilleur
    Qui bientôt va accaparer tout l’embryon intemporel.

    Illustration de Silvio Vieira.

  • Amour cosmique

    Amour cosmique

    J’aime dans les paréidolies voir les formes humanoïdes
    Du visage de la nature et de la Terre féminine.
    J’attrape des torticolis à prévoir ses organoïdes
    Surgir comme la signature de sa féminité divine.

    Si j’essayais d’imaginer le Big-Bang d’un œil artistique,
    Je verrais bien Dieu accoucher et Sa première étoile cosmique
    S’extirper et s’évaginer de sa sainte vulve christique
    Qu’il aurait sitôt attouchée dans une lumière orgasmique.

    Au bout de sept milliards d’années, Il se serait dit qu’il est temps
    De lui inoculer le germe du mal qu’on appelle la vie
    Et son descendant condamné à devenir incompétent
    Pour qu’enfin arrive le terme de Sa création assouvie.

    Tableau de Tina Maria Elena.

  • Sirènes des mers chaudes

    Selon la teinte des mers chaudes situées entre les tropiques,
    Les sirènes ont l’âme violette et une queue en lie-de-vin.
    Celles-là, rien ne les échaude ; ni les marins philanthropiques,
    Ni les loups de mer obsolètes dont on n’sait ce qu’il en devint…

    Sur le tropique du Cancer, en plein océan pacifique,
    Sans doute inspirées par Gauguin sont les sirènes polynésiennes
    Dont les couleurs vont de concert avec leurs coiffes mirifiques
    Et dont le système sanguin est d’origine vénusienne…

    Au tropique du Capricorne, elles nagent la tête à l’envers
    Pour faire sans doute tourner la tête des voyageurs en dilettante.
    Les légendes parlent de licornes dont les os transmués en vert
    Se seraient changés en arête et la corne en queue chatoyante…

    Illustrations de Liselotte Eriksson.

  • Le rendez-vous des sirènes

    L’instinct agit comme un signal programmé dans ses chromosomes
    Et la femme, nubile sirène, rejoint sa mer originelle
    Dont le souvenir vaginal la guide au sein de son royaume
    Vers la destination sereine des sororités éternelles.

    Bientôt rejointe par ses sœurs qui répondent à l’appel tout proche,
    Elles recouvrent tous leurs sens par la mutation de leurs corps.
    Par les courants intercesseurs et les écailles qui s’accrochent
    Et recouvrent en effervescence leur métamorphose en accord.

    Chacune retrouve sa branche dans l’arbre généalogique
    Qui règne au Détroit de Messine d’un ange tombé en décadence
    Qui a choisi qu’on lui retranche ses ailes anthropologiques
    Pour une queue dont la racine se transmet à sa descendance.

    Tableaux dAlexander Surkov sur https:kolybanov.livejournal.com25265646.html .

  • Prêt-à-peindre aux couleurs d’octobre

    Prêt-à-peindre aux couleurs d’octobre

    Nouvelle mode, nouvelles mœurs, grands changements de fin septembre ;
    Nous nous parerons désormais des couleurs sensuelles d’octobre.
    Alors mes frères et mes sœurs, jouez des couleurs ocres et ambre
    Et tatouez-les vous à jamais de la manière la plus sobre :

    Sur votre buste dénudé, une floraison de saison ;
    Des anémones et des callunes, des cyclamens, des chrysanthèmes.
    Ainsi vous pourrez préluder au changement de lunaison
    En faisant l’amour sous la Lune digne d’un automnal baptême.

    J’ai fait l’essai sur une chouette, une petite statuette
    Dont j’ai peint les plumes en cœur d’un camaïeu plutôt habile.
    Demain j’enduis ma choupinette en traçant sur sa silhouette
    Les mêmes motifs au marqueur et puis à l’encre indélébile.

    Bodypaint de Jia Lu.

  • Paris fin septembre

    Paris fin septembre

    Oiseau du matin, pèlerin, migrateur ou bien sédentaire
    Dans les derniers jours de septembre, ce jour te sera-t-il propice ?
    Oiseau au plumage azurin dans l’aube qui descend sur Terre,
    Endimanché du reflet ambre d’un soleil d’automne novice.

    Ce soir, bel oiseau de passage, j’entends tes cris de ralliement
    Qui rassemblent petits et grands au dessein de l’émigration.
    Pareil au car de ramassage, le vent prendra tes régiments
    En son sein en les intégrant au ciel sans discrimination.

    Demain, paré au décollage, perché sur les fils électriques,
    Tu guetteras l’heure opportune du grand exode si éreintant.
    Avec tes compagnes volages, une descendance d’Afrique
    Prédira la bonne fortune dès les premiers jours du printemps.

    Illustration de Vincent Mahé sur https:www.newyorker.commagazine20200413postcards-from-a-pandemic?epik=dj0yJnU9eC1JM05TZzB1bEJLMWR4eVhZTEFObUVkelNFSXNqbUkmcD0wJm49YWxNZFNVeUhkTnR1MXBxUHlubHV3USZ0PUFBQUFBR1RkdG0w .

  • Les aventures de Manu : Manu Roi Soleil

    Les aventures de Manu : Manu Roi Soleil

    Manu, une fois n’est pas coutume, s’adonne aux travaux manuels
    Et confectionne à l’Élysée tout plein de soleils par milliers.
    Il s’est même fait faire un costume, pour le vernissage annuel
    De ses chefs-d’œuvre réalisés, par la vente du mobilier.

    Tous ses bureaux ont fait long feu auprès des fous d’antiquités ;
    Il a vendu les Marianne signées Rodin, Claudel, César.
    Car Manu fait tout ce qu’il veut avec une telle rapidité
    Que l’ensemble du patrimoine a disparu, c’est fort bizarre.

    Il souhaite s’établir au Louvre, son bureau sous la pyramide
    Et des huissiers dont la candeur lui flattent sa mythomanie.
    Mais il a trop peur qu’on découvre son point faible qui l’intimide :
    Que cette folie des grandeurs trahisse sa mégalomanie.

    Illustration de David Lawrence sur www.davidlawrenceart.com .

  • Les aventures de Manu : Manu dégage ! †

    Les aventures de Manu : Manu dégage ! †

    Il faut cesser de critiquer notre président mal-aimé
    Car il prend tout à contresens dans nos moindres protestations.
    Manu sait trop bien pratiquer, par quarante-neuftrois blasphémés,
    La hausse du prix de l’essence tout en mentant sur l’inflation.

    Lorsqu’il a été réélu, il a fait le grand nettoyage
    Et à fait sauter les bouchons en multipliant la police.
    Il a carrément dissolu tous les partis par un broyage
    En leur montant le bourrichon comme l’aurait dit La Palice.

    Manu aime les lapalissades qu’il glisse dans ses beaux discours
    En prétendant que ce qu’il dit doit être pris au pied de la lettre.
    Évidemment il est maussade lorsqu’il entend un bruit qui court
    Qui dit que, tous les samedis, son peuple lui provoque un mal-être.

    Illustration d’Asaf Hanuka … † et en effet, il se dégage un petit je-ne-sais-quoi…

  • Laissez venir à moi tous les petits poissons !

    Laissez venir à moi tous les petits poissons !

    Depuis que les verts le rabâchent, le réchauffement de la Terre
    Fait fondre banquise et glaciers, engloutit plaines et vallées.
    Le niveau monte sans relâche et d’après les documentaires,
    Il faut que vous vous déplaciez sous peine d’être vite avalés.

    Le seul inconvénient majeur à la montée des eaux fatales
    Est la profusion de requins nés du fruit de l’adaptation.
    Les poissons, au début rageurs, ont pris l’orientation létale
    Envers le peuple américain d’après première constatation.

    Puis ils ont pris goût à leurs femmes dont la peur relève la saveur.
    Bonne nouvelle cependant, ils sont restés en Amérique
    Car cette mutation infâme fut provoquée à la faveur
    De leurs hamburgers prétendant devenir bouffe générique.

    Lara Zankoul photographiée par Asaf Hanuka de sur www.facebook.comlarazankoulphotography .

  • La sirène géante

    La sirène géante

    La première fois que je l’ai vue, sa taille m’a impressionné ;
    Montagne dans la nuit sereine, de son plus haut sommet ardu.
    Par cette rencontre imprévue, j’ai cherché à perfectionner
    Ma connaissance des sirènes et mon goût des amours perdues.

    Son chant montait sur la mer d’ombre parmi les rouleaux rugissants
    D’une tempête irrésistible qui m’a jeté entre ses bras.
    Elle m’attrapa de sa queue sombre, puis entre ses seins rougissants,
    M’entraîna vers d’indescriptibles abysses où mon corps sombra.

    Bien sûr, tout n’était qu’illusion et tout n’était que parodie ;
    Sa queue n’était que pacotille et sa voix chantait en play-back.
    J’ai connu la désillusion ; moi qui cherchais le paradis,
    J’en ai la queue qui s’entortille la nuit dans mes rêves en flashback.

    Tableau de Kristina Gehrmann sur https:www.artstation.comkristinagehrmann .

  • Livrée prête-à-jouer

    Livrée prête-à-jouer

    « Jeanne d’Arc de la nouvelle musique », violoncelliste avant-gardiste,
    Comment ne pas être sensible à sa livrée prête-à-jouer ?
    Si le silence est amnésique après sa prestation d’artiste,
    Il n’est pas moins irrésistible que celle d’un Mozart enjoué.

    Elle a su faire de l’instrument son compagnon de liberté
    En associant leurs silhouettes de manière complémentaire.
    Elle nous en montre incongrûment une page avec légèreté
    Dans laquelle, d’une pirouette, elle bafoue les contestataires.

    Dès qu’elle nous a emballés par un joli préliminaire,
    Vient l’introduction appliquée dans un mouvement somptueux.
    Et le concert la déballer pour l’offrir nue au partenaire
    Qui l’accompagne, tout impliqué dans leur duo voluptueux.

    Madeline Charlotte Moorman sur https:alchetron.comCharlotte-Moorman .

  • Voyages en goûts et en couleurs

    À pois, à carreaux, à rayures, les habits aiment voyager
    Et entraîner à toutes jambes leurs locataires costumés
    Qui, le temps d’une revoyure, repartent, éternels passagers,
    Chaussés des bottes les plus ingambes jusqu’à s’y être accoutumé.

    Même au repos, ils vagabondent ; les tissus deviennent exotiques :
    Sarongs, Paréos, Kimono, Siri, Churidar et Boubou.
    Les couleurs indiennes abondent en féerie dans les boutiques
    Des paysages méridionaux jusqu’aux régions les plus taboues.

    Si aux extrêmes antipodes les garde-robes se dérobent,
    Aux deux pôles, elles se déguisent ; il fait si froid sur la banquise.
    Les voies de Dieu impénétrables font l’habit le plus vénérable
    Car même au salon de l’auto, les vêtements sacerdotaux.

    Tableaux de Jonas Burgert sur jonasburgert.deworks .

  • Violons-celle-là !

    Violons-celle-là !

    Et plus j’aimais mon instrument, plus je jouais du violoncelle ;
    En hommage à un opéra Je l’avais nommée « Rosalie ».
    Je m’en épris éperdument alors qu’elle était jouvencelle
    Et quand je la pris dans mes bras, tout son chevalet a pâli.

    Lorsque la voix de Rosalie yodlait gaiement avec humour,
    Elle me rappelait congrûment les cordes poussées dans l’aiguë
    Lorsque j’entamais l’hallali dans une mélopée d’amour
    Qui la faisait jouir crûment dans des extases contiguës.

    Tandis que j’empoignais son manche et que j’approchais mon archet,
    Miaulait une voix féminine évoquant son corps en bonus
    Qui, tout doux, écartait les hanches pour m’émouvoir et m’aguicher
    Par la séduction léonine que m’offrait son mont de Vénus.

    Photo d’Adrien Donot.

  • Entre deux mondes

    Je suis ici, je suis ailleurs, c’est même mon péché mignon ;
    Je suis dans le monde réel et dans le non-conventionnel.
    J’ai dans ma tête un dérailleur et je peux changer de pignon,
    Puis disparaitre dans les ruelles d’une aire interdimensionnelle.

    Tandis que je suis dans mon lit, je vais aussi dans la forêt
    À pied, à cheval, en voiture ou chevauchant un cerf-volant.
    Je chasse la mélancolie à coups de plume majorés
    D’une encre couleur d’aventure sur un papier batifolant.

    Comme il faut lire entre les lignes, je m’insinue entre mes vers ;
    La périphrase est mon moteur et les sous-entendus, l’essence.
    Et comme ma muse est maligne et son enthousiasme pervers,
    Quand le lecteur cherche l’auteur, il n’en voit que l’évanescence.

    Tableaux de René Magritte et de Rafal Olbinski.

  • L’irrésistible cauchemar

    L’irrésistible cauchemar

    L’amour rend aveugle les cœurs qui rêvent, désirent et soupirent
    Envers l’idéal féminin comme irrésistible vampire.
    Leurs songes virent à contrecœur au cauchemar qui les aspire
    Et ne les fait, par son venin, pas reculer pour un empire.

    Cet irrésistible désir à conquérir sa dulcinée
    Est reproduit comme un instinct dans notre cerveau reptilien.
    Si Dieu a gravé le plaisir dans nos gènes hallucinés,
    C’est pour marquer notre destin par cet exquis choix cornélien.

    Or l’amour en mathématiques est une relation complexe ;
    Chez l’ado souvent réflexive entre les draps d’une main blême.
    Si la relation symétrique sollicite un peu plus les sexes
    Lorsqu’elle évolue transitive, elle devient source de problèmes.

    Tableau de Jeff Simpson sur www.cartoonbrew.comartist-of-the-dayjeff-simpson-101931.html .

  • L’attente opportune

    Le labyrinthe des pensées où l’esprit s’égare dans l’attente,
    Plonge mon cœur dans une alcôve et mon corps dans son antichambre.
    Enfin l’âme vient compenser en se mettant en dilettante
    Et puis tout mon être se sauve dans un camaïeu vert et ambre.

    L’esprit ailleurs et l’âme nue avec le corps déconnecté,
    Parfois le cœur dénoue ses maux durant cette opportunité.
    Parfois comme il est convenu, par une traverse détectée,
    Mon âme échange un petit mot par-devers sa féminité.

    C’est le changement de saison, passage de l’été à l’automne
    Ou plutôt la fluctuation des eaux physiques et mentales
    Qui fait craquer dans ma maison planchers et meubles qui chantonnent
    Et qui fait l’évacuation de mes pensées transcendatales.

    Tableau de Charles Reid.

  • Le baptême de feu

    Le baptême de feu

    Si la naissance baptise d’eau à l’aube même de ma vie
    – Vie si stressante qui m’abreuve d’échecs ponctués de réussites –
    Vie qui ne fait aucun cadeau si ce n’est veiller à ma survie
    Et en m’envoyant des épreuves dont les flammes me ressuscitent.

    Sans doute, j’affûte mon âme ; sans doute j’éprouve mon cœur,
    Sans cesse, j’aguerris mon corps ; sans cesse, j’exerce l’esprit
    Après mille-et-un coups de lames, après déboires et rancœurs,
    Des luttes encore et encore, partis pris, mépris incompris.

    Pourquoi jamais ce feu ne cesse et jamais douleurs ne s’arrêtent ?
    Sans doute car c’est au présent que je dois veiller sensément.
    Plutôt qu’une vie de princesse, je vis celle d’un anachorète
    Mais grâce au feu omniprésent, je la vis plus intensément.

    Photo d’Yves Brette.

  • Nées dans un coquelicot

    Dans les roses, la plupart des filles ont vu le jour un beau matin.
    Confirmant la règle usuelle, d’autres berceaux font l’exception
    Par la faible tige qui vacille et les pétales de satin
    De la fleur la plus sensuelle et chérie de la conception :

    Le coquelicot, ou fleur de joie, enfante les filles aux joues rouges
    Dont le cœur déborde de bonheur et de soleil dans la maison.
    L’heureux père qui fait le choix de la cueillir dès qu’elle bouge,
    Bénéficiera de bonne heure d’un bien-être en toute saison.

    Je l’ai reçue au mois de mai, telle une fille que la Terre
    M’a destinée pour resplendir comme l’Étoile du Berger.
    Quelles que soient mes nuits désormais lorsque je marche en solitaire,
    Je vois son étoile grandir et la joie s’y faire héberger.

    Tableaux d’Oksana Ostapchuk.

  • L’ascension au Paradis – 2

    L’ascension au Paradis – 2

    Depuis que j’ai été nommé gestionnaire du Paradis,
    J’ai amélioré le voyage qui rebutait tous les humains.
    La mort ayant triste renommée avec toutes ses maladies,
    J’ai rénové le convoyage pour faciliter le chemin.

    Désormais on ouvre l’espace avant que la mort ne survienne
    Et l’on s’adresse aux appelés avec une voix de sirène.
    Ainsi, tandis qu’un ange passe, on attend que leurs âmes viennent
    D’elles-mêmes pour être attelées à un char tiré par six rènes :

    Tornade, Danseur et Éclair, Fringant, Comète et Cupidon
    Qui les transportent de conserve vers un avenir triomphant.
    Pour Furie, Rudolph et Tonnerre, ce n’est pas nous qui décidons,
    Car le Père Noël les réserve pour ses grands et petits enfants.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • L’accès à l’imaginaire

    L’accès à l’imaginaire

    Un livre symbolise une porte qui ouvre sur l’imaginaire ;
    Un monde que je ne peux voir qu’avec l’œil situé dans le cœur.
    Une bonne préface lui apporte une échelle extraordinaire
    À condition de ne prévoir que quelques lignes sans longueur.

    Aussitôt la première page, moi, lecteur, j’oublie d’où il vient
    Et pénètre dans l’atmosphère que l’auteur m’aura préparée.
    Suspense et tensions se propagent de la manière qu’il convient
    Pour sustenter et satisfaire ma soif de lire désemparée.

    Chacun sa méthode du livre ; soit on le lit de bout en bout,
    Soit on réserve la surprise à déguster un autre jour.
    Quoi qu’il en soit, cela délivre et fait office de garde-boue
    Sur les soucis que l’on méprise dès qu’on allume l’abat-jour.

    Tableau de Rafal Olbinski.

  • Quelques heures avant le Big-Bang

    Au commencement la Déesse, mère de tous les univers,
    Tissa soigneusement sa toile, perchée aux chaînes angéliques
    Qui ont soutenu sa prouesse et l’ont racontée dans les vers
    Retranscrits au cœur des étoiles comme poèmes évangéliques.

    Quand la Déesse l’ordonna, tous les soleils étincelèrent
    Et les planètes s’invitèrent au céleste commencement.
    Ensuite Elle subordonna son plus bel ange titulaire
    Pour veiller au bien de la Terre ainsi qu’à l’ensemencement.

    Alors Lucifer créa l’homme et la femme selon ses desseins
    Les sommant de se multiplier avec ses démons estourbis.
    Et la Déesse en son royaume se fâcha contre tous ces saints
    Et décida de se plier à réparer tout ce fourbi.

    Illustrations de Faith Gozenc.

  • 24 heures de la vie de la Terre

    D’abord elle est née de la mer pour respirer une autre essence
    Et rejoindre ses partenaires, les astres lunaire et solaire.
    À son tour de devenir mère et favoriser les naissances
    Issues de son imaginaire destiné au règne cellulaire.

    Dès que le soleil apparut, elle sentit son âme intérieure
    Briller de la même origine que celui du cœur des étoiles.
    Celle-ci dans la nuit transparut dans une lumière extérieure
    Et la femme devint androgyne par son fils couvé dans sa toile.

    Et la vie engendre la vie selon le rythme du Soleil
    Et le sang retransmet le sang selon les phases de la Lune.
    Ainsi sa substance survit à travers les temps qui balayent
    Tous ses enfants ressortissants d’une destination commune.

    Illustrations de Faith Gozenc.

  • Les aventures de Manu : Manu traverse la rue

    Les aventures de Manu : Manu traverse la rue

    Quand Manu traverse la rue, il n’agit pas n’importe comment.
    D’abord il s’arrête en plein centre tandis que passent les terriens ;
    Parmi eux, ceux qui sont férus d’arriver pile au bon moment
    Et les autres qui le déconcentrent : ces imbéciles qui ne sont rien.

    Pour commencer, il tourne à gauche, ainsi il a priorité
    Sur les nantis du patronat siégeant rue de la république.
    Après un programme en ébauche, il acquiert la majorité
    Et remporte le championnat de la dictature publique.

    Quand Manu traverse une gare, il prend toutes les directions
    Car, parmi les supers pouvoirs, il a celui de l’exécutif.
    Mais pour ceux qui ne sont rien, gare ! Car il a la prédilection
    De faire sur leur crâne pleuvoir des coups d’ matraque consécutifs.

    Illustration d’Asaf Hanuka.

  • Les aventures de Manu : l’enfance de Manu

    Déjà tout petit mais précoce, Manu savait jouer des mots
    Mais de préférence en anglais afin que nul ne le comprenne.
    C’est ainsi que ce sale gosse et ses coups fourrés extrémaux
    Dépassa ceux qu’il aveuglait et à qui donnait la migraine.

    Il rencontra sa bonne fée durant son parcours d’écolier
    Qui devint vite sa maîtresse tandis qu’elle servait son ascèse.
    Leur différence fit de l’effet mais donna un coup de collier
    Contre les stratégies traîtresses de la résistance française.

    Depuis, c’est sous un parapluie qu’il avance sans se mouiller
    Mais avec garde rapprochée depuis sa gaffe nigériane.
    Car il est lâche ; il est celui qui le samedi va glandouiller
    Dans son palais pour s’accrocher aux jupes de sa Marianne.

    Collages de Toon Joosen sur https:theinspirationgrid.comamusing-collages-by-toon-joosen .

  • Les aventures de Manu : Manu roi des tritons

    Vous pourriez tous en témoigner : Manu rêve de régner en mer
    Sur les territoires éloignés et les départements outremers.
    Avec sa flotte de sous-marins et leurs amiraux fourvoyés,
    Il est devenu le parrain d’une vendetta soudoyée.

    Avec sa fausse queue dorée et sa couronne de corail,
    Les poissons ont subodoré qu’il était maître du sérail.
    Les requins blancs forment sa garde et les pieuvres font des soldats
    Qui pourraient tirer par mégarde, tant pis si la mort s’en solda.

    Cette semaine en grands pompes, il a invité leurs Altesses
    Qui ont ri, si je ne m’trompe, lorsqu’il dit sans délicatesse
    Que lui et la perfide Albion au grand palais feraient bombance
    Tandis que le peuple en haillons n’aurait plus droit à l’abondance.

    Finalement c’était un rêve et Manu noya le poisson
    En nous désapprouvant sans trêve la moindre entente sans façon.
    De cette expérience aquatique, il paraît que le vendredi
    Manu devient tout apathique et n’ supporte aucun contredit.

    Tableau d’André Dluhos.

  • La sirène qui dit oui et qui dit non

    La sirène n’est pas bonne élève comme le cancre de Prévert ;
    Elle dit « oui » à contrecœur et puis répond « non » à dessein.
    Sans doute cet usage relève de sa queue qui mime à l’envers
    Tout l’amour vrai qui sort du cœur et la haine au bout de ses seins.

    Quand elle dit « non », elle pense « jamais » ;
    Quand elle dit « oui », elle pense « peut-être » ;
    Quand elle vous embrasse, elle vous goûte ;
    Quand elle enlace, elle tâte la chair.
    Plus d’atermoiement désormais
    Et apprenons à la connaître ;
    Nous mettrions sa parole en doute
    Si c’était notre vœu le plus cher.

    Tableaux de Kristina Gehrmann sur https:www.artstation.comkristinagehrmann .

  • Mon intime moitié

    Mon intime moitié

    Je viens d’ailleurs et de deux mondes bien différents mais parallèles ;
    L’un de la planète Vénus, l’autre de Mars, l’irrésolue.
    Souvent mon âme vagabonde entre ces deux voies passionnelles
    Jusqu’à l’ultime terminus où son passé n’existe plus.

    J’ai l’esprit côté masculin et le cœur côté féminin,
    Sans doute pour mon équilibre entre ces deux principes égaux.
    Lorsque j’étais jeune poulain, entre cet état léonin,
    Je consacrais tout mon temps libre à chercher mon alter ego.

    Aujourd’hui j’offre une interface correspondant aux chromosomes
    Et je conserve dans mes rêves le pouvoir de mon âme-sœur.
    Elle ne vient jamais en surface et je reste à jamais un homme
    Dont une inspiration sans trêve lui donne un don de connaisseur.

    Illustration de Miles Johnston sur https:www.boredpanda.comdreamlike-pencil-drawings-miles-johnston?media_id=841844&utm_source=pinterest&utm_medium=social&utm_campaign=organic .

  • L’évacuation des démons noirs et sucrés

    L’évacuation des démons noirs et sucrés

    Je suis un homme et j’accumule comme tout le monde des revers
    Qui décantent et forment une lie, un résidu empoisonné.
    Je le cache et j’en fait l’émule dont je me garde par-devers
    D’une profonde mélancolie dans mes mémoires bien cloisonnées.

    De temps à autre j’élimine tous mes déchets sentimentaux
    Dans les forêts environnantes quand j’entends l’appel de l’étang
    Qui recueille tout ce qui me mine et que j’écris sous le manteau
    De mes poésies lancinantes sonnant comme un signe des temps.

    Parfois le liquide fermente et donne un alcool merveilleux
    Qui me fait croire à l’importance des caractères lucifériens :
    Ces démons sucrés qui me mentent, flattent mon esprit orgueilleux ;
    Je les verse avec insistance jusqu’à ce qu’il n’en reste plus rien.

    Illustration de Miles Johnston sur https:www.boredpanda.comdreamlike-pencil-drawings-miles-johnston?media_id=841844&utm_source=pinterest&utm_medium=social&utm_campaign=organic .

  • Le passager clandestin

    Le passager clandestin

    Je suis passager clandestin et j’arrive d’un autre monde ;
    Je ne suis pas né comme vous autres mais j’ai été téléporté.
    Inséré parmi vos destins, à l’aide de ma belle faconde,
    Je me suis glissé parmi les vôtres et vous m’avez tous supporté.

    Si souvent je vous abandonne, c’est pour aller me ressourcer ;
    Je me mets en hibernation dans une bulle sous séquestre.
    Imposteur, Dieu me le pardonne, car je n’ai pas à rembourser
    Le prix de mon incarnation puisque j’ai l’âme extra-terrestre.

    Depuis que je suis dans vos rangs, j’ai bien soigné ma renommée ;
    Je me suis rendu très utile aux uns, aux autres, à tout le monde.
    Voyageur et puis conquérant, j’ai su atteindre à point nommé
    Le titre d’un humain futile afin que nul ne me confonde.

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  • En contre-plongée vers mon futur

    En contre-plongée vers mon futur

    Parallèlement à la plongée dans mes souvenirs antérieurs,
    Des rêves m’ouvrent une frontière vers l’avenir imprévisible.
    Chaque fois ces contre-plongées déversent dans mon intérieur
    La révélation tout entière qui reste, au réveil, invisible.

    Mais chaque nuit, de rêve en rêve, tous ces messages s’accumulent ;
    Ils alimentent ma conscience en s’incrustant profondément.
    Même si ces nouvelles sont brèves, la graine qu’elles dissimulent
    Apparaît dans ma subconscience comme un petit écho dément.

    Sans doute, petit à petit, je perds pied dans mon entourage
    Tout en croyant évoluer vers l’authentique clairvoyance.
    N’ayez crainte ! Cet appétit bien au contraire m’encourage
    À devoir réévaluer que tout ça n’a pas d’importance.

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  • Les trésors accumulés

    Les trésors accumulés

    Tous mes trésors accumulés, plaisirs d’amour et découvertes,
    Ne restent dans mon cœur qu’un temps, puis rêvent et partent en visite.
    Quand vient la nuit affabulée, à l’heure où mon âme est ouverte,
    Ils prennent la voie empruntant le port des chakras de transit.

    Ils se téléportent à la banque des petites joies de la vie
    Où je possède un capital commun avec d’autres donneurs.
    Si lorsqu’un jour je suis en manque, si mon cœur se sent desservi,
    Je fais un prélèvement vital sur mon compte des petits bonheurs.

    J’ai l’Amour en coopérative comme projet pour l’avenir
    Qui fournira aux adhérents une bourse aux bons sentiments.
    Ils puiseront l’impérative force pour les jours à venir
    Avec bien sûr s’y afférant espérances et pressentiments.

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  • L’œil sur la main

    L’œil sur la main

    Les yeux sont le reflet de l’âme et comme j’ai le cœur sur la main,
    Je me projette entre les paumes et vous renvoie sur my HomePage.
    « Peace and Love » sont mes oriflammes, « No future » n’est pas pour demain
    Vu que j’invite tous les hommes à nous préparer au « New Age ».

    L’amour n’est plus une prison pour le meilleur et pour le pire ;
    Notre ancien monde bat en brèche, place à nos enfants indigo !
    Venez de tous les horizons, aimez-moi comme je le désire
    Et vivons d’amour et d’eau fraîche puisés à tire-larigot !

    Mais sachez que je triche un peu. J’ai de trop beaux yeux, voyez-vous ?
    Mais en revanche je vous accorde l’eau de la source de mon cœur
    Dont le goût paraît si pulpeux qu’à la fin vous deviendrez fous
    Et demanderez miséricorde pour en obtenir sa liqueur.

    Sources : Kiernan Alexxis Erin sur fyeahhippies.tumblr.comarchive .

  • L’armure du temps

    L’armure du temps

    Tout au fond des tréfonds de l’âme, sous toutes les couches d’esprits
    Dont j’ai forgé ma carapace comme autant de mémoires mortes,
    Se consume une infime flamme qui brûle tout ce que j’ai appris
    Jusqu’à ce que n’y ait dans l’espace qu’un souffle que le vent emporte.

    Ainsi année après année, mon arbre de vie accumule
    Une nouvelle strate d’écorce sous laquelle je m’enfonce d’autant.
    Mais sous cette peau surannée où mon âme se dissimule,
    J’attends d’avoir enfin la force de briser l’armure du temps.

    En attendant je collectionne chaque incarnation que je vis
    Pour un jour rebâtir en rêve ce qui sera mon ministère.
    Un paradis que j’affectionne et où j’appelle chaque vie
    Que j’ai connue dans ma si brève existence sur cette Terre.

    Illustration de Miles Johnston sur https:www.boredpanda.comdreamlike-pencil-drawings-miles-johnston?media_id=841844&utm_source=pinterest&utm_medium=social&utm_campaign=organic .

  • Aphrodite née de l’écume

    Aphrodite née de l'écume

    « Que la mer recouvre la Terre et que la vie naisse en son sein ! »
    Après que la lumière soit, ainsi les dieux l’ont ordonné.
    Et de l’écume élémentaire près du littoral abyssin,
    Naquit la fine fleur en soi : Aphrodite nous était donnée.

    Écume de mer, sépiolite, drôle de berceau pour une déesse
    Mais souvent dans un cœur de pierre l’amour s’attendrit tout autant.
    Et l’homme reçût Aphrodite pour ébranler ses forteresses
    D’un simple mouvement de paupière sur un œil des plus envoûtants.

    Aphrodite et les signes d’eau vivront toujours en bon ménage ;
    Les cancers l’aiment comme mère et les scorpions comme maîtresse.
    Les poissons voient leur libido décuplée par son personnage
    Et quant à moi, une chimère que j’ai acceptée pour prêtresse.

    Tableau de Georges Antoine Rochegrosse.

  • L’ascension au Paradis – 1

    L’ascension au Paradis - 1

    La direction du Paradis
    change tous les quarante-huit mois
    Et désormais elle m’en incombe
    et je dois veiller aux pensions.
    Comme elles ne coûte pas un radis,
    Saint-Pierre s’est confié à moi
    Pour renforcer depuis la tombe
    le processus de l’ascension.

    J’ai nommé des anges-pilotes
    pour repérer les accidents
    Et, un quart d’heure avant leur mort,
    ils ascensionnent les victimes
    Qui perdent jusqu’à leur culotte,
    tous leurs vêtements excédants
    Que nous revendons sans remords
    au prix du gramme à vingt centimes.

    Lorsque les nouveaux arrivants
    entrent au Paradis à poil,
    Devenu un camp naturiste,
    ils ont les nerfs à fleur de peau.
    Mais on équipe ces morts-vivants
    d’une auréole à cinq étoiles
    Produites en Chine communiste
    que j’ai piquées sur leurs drapeaux.

    Tableau d’Isabel Mahe sur https:www.artmajeur.comisabel-mahe .

  • Le corps éthérique

    Le corps éthérique

    Mon corps éthérique s’étire
    entre les différents niveaux
    De physique et d’intelligence,
    sentiments et spirituels.
    Bien que ces quatre états s’attirent,
    ils n’en restent pas moins rivaux
    D’où négligence ou exigence
    d’un équilibre éventuel.

    La négligence et la bêtise
    de ne pas sentir ces piliers
    M’auraient sans doute fourvoyé
    dans les pièges de la science.
    Heureusement je sympathise
    avec des forces affiliées
    Qui m’ont permis de louvoyer
    entre conscience et subconscience.

    Corps astral, subtil ou vital,
    éthérique, extra-sensoriels,
    Sans doute y en a-t-il autant
    que de dimensions planétaires.
    Le dernier passage létal
    qui me libère du matériel
    M’ouvrira la porte du temps
    par la clef de tous les mystères.

    Tableau de Martin Bridge.

  • Flous de femmes

    L’image de ma mère, dans les yeux de mon père,
    Incluse dans mes gènes, revient comme un fantôme
    Le long des télomères des chromosomes en paires,
    ADN érogène jusque dans ses atomes.

    Bien sûr l’image est floue, la photo fut rapide,
    Cryptée dans les gamètes au cours de la méiose.
    Ce cliché me renfloue en désirs insipides
    Mes plans sur la comète que l’âme ébahie ose.

    L’encre du génotype dont j’écris mes poèmes
    Traduit entre les lignes ma génitrice offerte.
    Ce complexe d’Œdipe à l’esprit de bohème
    N’est autre que le signe d’intruses découvertes.

    Tableaux de Georgia O’Keeffe sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201202georgia-okeeffe-1887-1986-precisionist.html?m=1 .

  • Le baiser du chat

    Cherche-Midi dans son jardin n’a pas vraiment d’autre besoin
    Sauf d’attention évidemment et de câlins passionnément.
    Toutefois depuis qu’ son gredin de maître s’acoquine d’un conjoint,
    Les caresses s’ font éminemment plus rares disproportionnément.

    Et tu l’embrasses et tu l’étreins, et je te griffe et je te mords ;
    Et tu la caresses et l’enlaces, et j’égratigne ta couverture ;
    Et plus tu y mets de l’entrain et plus je lui souhaite la mort
    D’ailleurs tandis qu’elle se prélasse, je fais pipi dans ses chaussures.

    « Toi aussi je t’aime mon minet ! » et chaque fois je suis floué
    D’autant plus fort que sa bougresse vient me chatouiller le menton.
    Quand les mamours sont terminés, je me roule en boule, bafoué
    Et je m’endors avec tendresse bien faufilé dans le futon.

    Tableaux de Gustav Klimt et importunés par Inna Ruda.