Catégorie : 2022

  • Jumping Fish

    Jumping Fish

    Tout l’ monde l’appelle « Jumping Fish », prince des mers et océans
    Qu’il traverse en poisson volant avec les oiseaux migrateurs.
    Les bateaux, il s’en contrefiche avec leurs moteurs malséants
    Qu’il dépasse en batifolant à la stupeur des navigateurs.

    Cent fois il a failli mourir dans des tempêtes délétères
    Mais il revient en slalomant entre les vagues agitées.
    Cent fois on l’a vu parcourir le tour du monde en solitaire
    Et puis disparaître au moment où l’on veut le féliciter.

    Jumping Fish n’est plus revenu ; personne ne sait s’il est mort.
    Peut-être a-t-il trouvé l’amour… enfin, rien ne le contredit.
    Mais alors qu’est donc devenu ce cavalier blond matamore
    Qui chevauchait avec humour un poisson nommé « Vendredi » ?

    Tableau d’Owen William Weber.

  • Poisson confort

    Poisson confort

    Fausse sirène, fausse baleine mais qui s’enfuit à perdre haleine,
    Elle chevauche les poissons ma foi, d’une drôle de façon.
    Le croiriez-vous ? Son popotin perche trois oiseaux diablotins
    Car sa monture batifolant n’est autre qu’un poisson-volant.

    Alors elle surfe sur les vagues tandis que les trois piafs divaguent
    En se racontant les potins et bien sûr les plus cabotins.
    Elle, de peur qu’elle ne s’affaisse, les mains bien calées sur les fesses
    Et la poitrine bien collée, elle se plaît à caracoler.

    Apprenez qu’un poisson commode est le véhicule à la mode,
    Écologique et naturel et dans ce cas, conjoncturel.
    Mais la sirène, même fausse, s’en moque bien, elle se gausse ;
    Elle, partisane du moindre effort, ne voit que son petit confort.

    Tableau de Lisa G. sur http:www.kathievezzani.comblogi-adore-lisa-g .

  • Dans le mur

    Dans le mur

    Est-ce que les murs ont des oreilles ? Est-ce que les fenêtres ont des yeux ?
    Est-ce que les portes ont une langue ? Les soupiraux ont-ils du nez ?
    Cette sensation s’appareille à ce visage sourcilleux
    Peint avec l’expression exsangue d’une maison abandonnée.

    Est-ce que vous croyez aux fantômes qui hanteraient les vieux châteaux
    Pour impressionner dans la pierre toutes leurs souffrances endurées ?
    Quand les murs portent ce symptôme, on entend siffler des linteaux
    Leurs voix sorties hors des frontières des caves aux souterrains murés.

    Vieilles phobies où êtes-vous, vous qui avez hanté mes nuits,
    Monstres et obscures chimères qui me faisaient peur dans le noir ?
    Vous m’avez fait devenir fou et je me rends compte aujourd’hui
    Que vos ectoplasmes éphémères s’exhalent des murs de ma mémoire.

    Tableau de Beth Conklin.

  • Dans les murs

    Mon passé gravé dans le marbre est fixé pour l’éternité
    Et les briques de ma mémoire s’empilent dans les murs du temps,
    Et tous ces murs constituent l’arbre de toutes mes fraternités
    Des races blanches, jaunes et noires et mes prochains gènes mutants.

    Mais où sont passés tous ces murs ? Dans le grand trou noir du passé ?
    Quatorze ou quinze milliards d’années de murs et briques empilées…
    Et mon présent, déjà trop mûr, me semble alors outrepassé,
    Inexorablement condamné dans un néant à compiler.

    Tableaux de Beth Conklin.

  • Windows Memory

    Windows Memory

    Mes rêves sont des cadres vides où les images du passé
    S’y retrouvent encadrées selon la forme et l’aspect du châssis.
    Portraits de cauchemars livides, heureusement fort espacés,
    Des couples vus dans leur salon ou à travers un chien-assis.

    Mais je ne m’y verrai jamais car ma mémoire photographique
    Ne retient sur sa pellicule que d’autres gens éparpillés.
    Sauf les femmes qui me charmaient de leurs beautés pornographiques
    Qui, de manière ridicule, s’y retrouvent trop habillées.

    Les tableaux les plus érotiques s’y retrouvent disséminés
    Et apparaissent ou disparaissent selon le pouvoir du rêveur
    Qui mène ses jeux névrotiques dans les couloirs efféminés
    De la mémoire où les caresses ont gardé le plus de ferveur.

    Tableau de Beth Conklin.

  • Femmes à leur fenêtre

    Entre deux manières de vivre, participer ou observer,
    Parfois le choix est implicite jusqu’à ce qu’il devienne explicite.
    Comme on dévorerait un livre, où tout demeurerait conservé,
    On guette, on prie, on sollicite une inestimable visite.

    Et l’on vit par procuration à profiter de chaque instant
    Qu’une relation amoureuse apporte et enregistrera.
    Demain, après maturation, dans un éloignement distant,
    Épier l’attente langoureuse que la fenêtre montrera.

    Tableaux de Sharon Sprung.

  • Marie dans l’Ô

    Marie dans l’Ô

    Marie dans l’eau se souvenait d’une vie avant la naissance
    Où elle n’était qu’une spirale aux bras lovés en galaxie.
    Marie dans l’Ô qui revenait comme une onde de connaissance
    De la matrice minérale de la Terre en catalepsie.

    Marie recouvrait ses racines, le corps à moitié immergé,
    Laissant son côté animal se reconnecter à sa mère.
    Marie regagnait l’origine, le corps à moitié émergé
    Par l’âme infinitésimale reliée à son père univers.

    L’eau dans Marie coulait de source dans les entrailles de la Terre
    Après que la planète née a été fécondée de comètes.
    L’Ô dans Marie est la ressource dont elle n’est que locataire ;
    Une alliance qui lui est donnée pour, qu’aux siens, elle la transmette.

    Tableau de Gnevol.

  • L’inventaire de survie

    À chaque étape son jouet à chaque étape de sa vie.
    Chaque petit trésor gagné va dans la mémoire aux secrets.
    Un petit cœur bien enjoué emmagasine pour sa survie
    Chaque témoin accompagné de ses émois les plus sacrés.

    Un petit caillou de silex, une boule de billard en ivoire,
    Un petit coffret bleu nacré et une poupée enfançonne.
    La moindre perte me rend perplexe comme si son absence dérisoire
    M’ôtait son moment consacré à acquérir de ma personne.

    Tableaux de Hiroshi Furuyoshi.

  • Quand l’Août chasse Juillet

    Quand l’Août chasse Juillet

    La pluie et le vent combinés à la canicule de juillet ;
    Pas un seul petit recoin d’ombre lorsque le soleil règne en maître.
    Les juillettistes débinés se sont partout éparpillés
    Et petit à petit le nombre d’âmes s’écourte au kilomètre.

    Juillet, saison de nonchalance sous la chaleur insupportable ;
    On cherche dans l’estivation toute fraîcheur avec envie.
    Juillet, ah les belles vacances et vivent les décapotables !
    On n’manque pas de motivation pour tous les plaisirs de la vie.

    Lundi, premier août, c’est la fête ! Juillet s’en va sous les pétards !
    Mais cette année la sécheresse interdit les feux d’artifice.
    Nous n’entendrons pas à tue-tête les explosions et les fêtards
    Qui mettent les grenouilles en détresse planquées dans le moindre orifice.

    Illustration du calendrier d’Olga Ert sur https:www.behance.netgallery186943calendar .

  • L’imaginaire

    Juste une phrase de l’histoire me donne le fil conducteur
    Pour partir dans l’imaginaire qui marie lettres aux papillons.
    Car les papillons, c’est notoire, butinent lectrices et lecteurs
    Quand ce fil extraordinaires brille de reflets vermillon.

    Avec un morceau de musique, c’est un autre chemin qui s’ouvre
    Où j’avance les yeux bandés en ouvrant grand mes pavillons.
    Toute ma mémoire amnésique retrouve dans les chênes rouvres
    Toute la nature achalandée aux gazouillis des oisillons.

    Tableaux de Jane Lasenby.

  • Madame de la Rosée

    Madame de la Rosée

    Tantôt elle sème à tous vents et tantôt sème à toutes pluies
    Selon son humeur attristée, joyeuse ou simplement changeante.
    Si parfois elle rit souvent de bon cœur au soleil qui luit,
    Elle s’éplore aussi, contristée de larmes amères et astringentes.

    Mais la nature sait épancher toute l’eau chargée d’émotions
    Qui remontent dans l’atmosphère pour se dissoudre dans l’aurore.
    Tandis que la Terre retranchée absorbe l’onde en décoction,
    Jus de rosée pour satisfaire toutes les rivières et sa flore.

    Parfois je l’ai vue se lever, secouer sa robe de douleurs
    Et ses sentiments déferler comme une cascade de pleurs.
    Puis je l’ai vue se relever et vite reprendre des couleurs
    Après avoir laissé perler ses gouttelettes sur les fleurs.

    Tableau de Steven Kenny sur http:www.stevenkenny.comhome.html .

  • Nature circulaire

    Nature circulaire

    Tous les jours la pluie hygiénique de mon petit nuage en cœur
    Me lave de toutes mes peines et les draine en terre assouvie
    Et puis les eaux biogéniques des sols poreux à contrecœur
    Me remontent comme une veine pour un nouveau cycle de vie.

    Et moi, étape intermédiaire, je capte l’énergie d’en haut,
    La nourriture qui vient d’en bas, l’amour qui circule dans l’air.
    Tous sont la question subsidiaire au concours de la météo
    Dont le gagnant est le combat de la nature circulaire.

    Telle est la magie de la vie pour qui la vit et qui l’observe
    Même si tout n’est que science ou divine relativité.
    Juste sa beauté me ravit et je n’ai aucune réserve
    Quant au rôle que ma conscience exerce sur son activité.

    Tableau de Beth Conklin.

  • Couleurs de femmes – 2

    Certains voient l’âme au fond des yeux ; moi, je la vois dans les nuances
    Qu’une femme affiche sur son front comme un panneau indicateur.
    Un troisième œil, fort délicieux, qui dégage son influence
    Et dont le cœur ose l’affront de son rôle amplificateur.

    Le chapeau révèle tant de choses qu’un roman n’y suffirait pas
    À raconter ce qui se passe entre les oreilles et les yeux.
    Et soudain se métamorphosent envoûtement, charme et appas
    Par une plume qui dépasse ou un p’tit oiseau audacieux.

    Nu-tête, épaules dégagées, l’âme et le cœur, tous deux, débordent ;
    Le regard devient magnétique et la bouche un peu frémissante.
    Ainsi, la femme apanagée dévoile à celui qui l’aborde
    Le contenu signalétique d’une âme par trop resplendissante.

    Tableaux d’Arnaud Bauville.

  • Couleurs de femmes – 1

    Paupières lapis-lazuli pour effacer mes bleus de l’âme ;
    Rouge cerise sur les lèvres pour me mettre le cœur en bouche ;
    Un peu d’ambre et de patchouli, un petit chapeau haut de gamme ;
    Un bijou trouvé chez l’orfèvre, à la fin de l’envoi, je touche.

    L’air mélancolique et morose, mes joues se jouent de leurs couleurs ;
    La tête ailleurs me désespère et tourne en rond sans faux-semblants.
    Pensées dorées à l’eau de rose cachent leurs peines et leurs douleurs
    Jusqu’à ce qu’elles me repèrent un beau musclé en habit blanc.

    Le vert-galant est élégant, tête bronzée, cheveux dorés ;
    Un beau parleur qui fait des vers et qui me charme de sa prose.
    Ferais-je un rêve extravagant ? Pincez-moi ! J’ai peur d’adorer
    Ce beau chevalier aux yeux verts qui me fait voir la vie en rose.

    Tableaux d’Arnaud Bauville.

  • Le jeu des lois

    Le jeu des lois

    Au jeu des lois, on joue, on triche avec l’argent facilement ;
    De pots de vins en corruptions dans d’autres comptabilités.
    Quand on met en prison les riches, ils en sortent légalement
    Avec juste une interruption de leurs éligibilités.

    Au jeu des lois, première règle : les pions jouent chacun à leur tour ;
    On lance le dé du suffrage et on avance selon le score.
    Parfois les lois deviennent espiègles et font sans cesse des retours
    Avec ratures de déchiffrages si les vieux ne sont pas d’accord.

    Au jeu des lois, naît chaque loi, qui vit mais qui ne meurt jamais
    Ou alors elle est transformée par des annexes compliquées.
    Sauf un décret de bon aloi qui nous dirait que désormais
    Toute la charte est réformée sans qu’on ne nous l’ait expliqué.

    Tableau de Hanna Silivonchyk sur https:www.liveinternet.ruusers4248621post178925949 .

  • Navigation en terrains inconnus

    Navigation en terrains inconnus

    Le dieu « Folie & Création » a encore rêvé mon chemin
    Qui m’entraîne dans un courant de vérités et de mensonges
    Qui s’appelle « procréation » afin de produire demain
    Tous les éléments concourant à en alimenter le songe.

    Tous les méandres de mes choix ne font qu’égarer mes pensées,
    Tous les vents de mon libre arbitre me désorientent davantage.
    La moindre occasion qui m’échoit me semble être récompensée
    Par mes efforts à juste titre à mon propre désavantage.

    La règle de ce jeu de dupes m’apparaît comme une illusion
    Que manipulent ceux qui croient sortir vainqueur du grand concours.
    Et tant que j’y croie, ça m’occupe jusqu’à ce qu’une collision
    Remette les choses à l’endroit et moi sur un autre parcours.

    Tableau de Vladimir Kush sur https:www.designstack.co202008surrealism-and-symbolism-paintings.html .

  • La sirène en mission

    La sirène en mission

    Mission spéciale pour la sirène : elle s’adonne à la pêche au gros.
    D’abord elle nage entre deux eaux, là où les eaux sont peu profondes,
    Ensuite, d’une nage plus sereine, elle suit le sillage des cargos
    Tout à l’écoute des zozos à l’insupportable faconde.

    Une fois assimilé leurs langues, elle chante son premier envoi
    En mêlant les plus jolis mots et surtout les plus beaux fantasmes
    Qu’elle a surpris quand se haranguent les matelots à grosse voix
    Déblatérant comme des chameaux avec railleries et sarcasmes.

    La suite serait délectable mais j’ai peur de vos haut-le-cœur
    Quand le marin, l’eau à la bouche, subit un coup de grâce violent.
    Partout les plaisirs de la table satisfont le bon mastiqueur ;
    Qu’est-ce que l’homme est bon sur la couche, mangé tout cru, sanguinolent !

    Illustration Yuehui Tang sur https:aphrodisiacart01.wordpress.com20160612yuehui-tang .

  • Entre sirènes

    Entre sirènes

    Entre sirènes on s’entend bien cependant on ne mange rien ;
    Il faut mettre l’homme à la bouche pour satisfaire l’appétit.
    Et elles en consomment, Ô combien ! Marins, aviateurs ou terriens ;
    Tous ceux qui tombent sur leurs couches numérotent leurs abatis.

    Entre sirènes on se comprend, on met au point des stratagèmes
    Pour attirer et capturer tout ce qui passe à leur portée.
    Chacune, isolée, entreprend un joli chant qui dit « je t’aime »
    Comme un filet ligaturé que les vagues vont transporter.

    Entre sirènes, on se soutient, on s’épaule, on se serre les coudes
    Pour rapporter à la maison toute une pêche miraculeuse.
    Entre sirènes, on s’entretient et les amitiés se ressoudent
    Au cours du festin de saison après leurs amours crapuleuses.

    Illustration Yuehui Tang sur https:aphrodisiacart01.wordpress.com20160612yuehui-tang .

  • Naturelle ingénue

    Naturelle ingénue

    À défaut d’une île déserte, une île vierge ou presque nue,
    Je recherche le goût sauvage de la nature immaculée.
    Mais mériter la découverte de ce paradis ingénu
    Demande le désesclavage de mes protections cumulées.

    Ainsi chaque partie du corps reçoit la caresse du vent
    En remontant entre les fesses jusqu’à la pointe des cheveux.
    Tout le visage est en accord, la tête et le buste en avant
    Les seins doucement se redressent et moi, je fais ce que je veux.

    Mais libertaire et libertine sonnent souvent en désaccord
    Bien qu’inspirées de liberté mais jouant dans l’opposition.
    C’est pourquoi je me prédestine à offrir au soleil l’accord
    D’un moment de légèreté par mon corps en exposition

    Tableau de HongNian Zhang.

  • De la lecture aux rêves

    Dans ma machine à fabriquer les rêves en fondu enchaîné,
    Je fais le plein en carburant de livres aux histoires détonantes
    Pleines de récits imbriqués avec héros surentraînés
    Dont je produis le comburant pour des combustions étonnantes.

    À un certain moment donné, je vois déjà entre les lignes
    Mes aventures bouturer dans la nuit qui m’ouvre ses portes.
    Mes yeux se ferment, abandonnés à d’autres limbes curvilignes
    Et mes membres courbaturés se détendent comme une feuille morte.

    Quand ma mémoire me joue des tours, elle va au puits des souvenirs
    Remonter l’eau d’une expérience non résolue de mon passé.
    Tout nu ou dans de beaux atours, tout dépend de ce qui va venir ;
    Je n’ai pas d’autosurveillance, seulement mon laisser-passer.

    Parfois je visite d’autres mondes où mon corps, je ne sais par quel lien,
    Se cristallise en transparence ou parfois même change de sexe.
    D’une situation immonde, je passe à un point cornélien
    Tragi-comique en apparence pourtant sans le moindre complexe.

    Tableaux de Lisa Aisato sur https:www.boredpanda.comsurreal-illustrations-lisa-aisato?media_id=3057426&utm_source=pinterest&utm_medium=social&utm_campaign=organic .

  • Échec aux amoureux

    Échec aux amoureux

    Tu es le roi, je suis la reine et nous sommes dans le même camp.
    Seulement voilà ! Parfois on triche et on en devient adversaires.
    La partie se montre sereine ou, au contraire, pleine de piquants
    Qu’on soit très pauvre ou bien très riche, qu’on soit perso ou solidaire.

    J’ai déjà mené deux parties, la première finit par un Mat ;
    Ma reine ne portait de couleur qu’une transparence trompeuse.
    La deuxième fois, mal réparti, le jeu se termina par un Pat ;
    La Reine en habit de douleurs m’ourdit de paroles pompeuses.

    La troisième – paraît-il la bonne – m’a d’abord joué quelques tours
    Dans un pays peu cavalier de fous qui me damaient le pion.
    Mais peu à peu, ils abandonnent et ma reine m’offre sans détour
    Un nouveau jeu hospitalier où enfin je finis champion.

    Illustration de Marie Cardouat.

  • Oui-chat

    Mes chats mettent en valeur mes talents médiumniques
    Sans doute par leurs moustaches et leurs fines antennes.
    Ils voient si, par malheur, mes forces mnémoniques
    S’affaiblissent à leur tâche d’une patte incertaine.

    Ils connaissent à la lettre le mot qu’il faut chercher.
    Ils ronronnent au « oui-ja » pour être en vibration
    Afin de me transmettre l’endroit où va percher
    C’que raconte le chat par anticipation.

    Des chats extralucides aux chats divinatoires,
    J’en ai eu qui voyaient les fantômes approcher.
    Leurs oreilles translucides, pendules oscillatoires,
    Quand je me fourvoyais, m’auraient effarouchée.

    Au tarot, par exemple, il évite la mort,
    Il fait parler l’amour d’une carte opportune.
    Mais gare à sa queue ample, s’il grogne, griffe et mord ;
    Il n’a aucun humour quand il cherche fortune.

    Tableaux de Shiori Matsumoto.

  • Rouges confondus

    Rouges confondus

    Je suis un peu caméléonne dans un décor de l’air du temps
    Et j’aime arborer la couleur de la conjecture actuelle.
    Pour vivre heureuse, je m’illusionne et je me cache en adoptant,
    Selon la joie ou la douleur, une posture virtuelle.

    Dans les jours sombres, je m’enfuis dans la profondeur de la nuit ;
    Les jours de blues plutôt moroses, j’ouvre ma garde-robe rose ;
    Les jours de fête et de soleil, tous mes bijoux or et vermeil ;
    Et quand plus personne ne bouge, en douce je m’habille en rouge.

    Je disparais dans le décor mais je ne m’enfuis pas, je dors
    Pour que mes rêves se colorent de la dominante du temps.
    Tout doucement se fait l’accord harmonisé en rouge et or
    Et je me réveille à l’aurore d’un nouveau matin de printemps.

    Photo de Salustiano Garcia Cruz sur https:touchofcolorr.blogspot.com201907salustiano-garcia-cruz.html .

  • Rouges passions

    « Rouge » est au corps de l’animal ce que « Vert » est au végétal ;
    La couleur que renvoie la vie possède sa propre énergie.
    Si l’homme exprime encore du mal à accepter son lien fœtal,
    La femme, avec ou sans envie, y est liée en synergie.

    Entre les fleurs de la passion, roses rouges ou coquelicots,
    L’écarlate reste dominante auprès des grands confectionneurs.
    Les femmes l’aiment en compassion et le démontrent illico
    En revêtant de rougeoyantes toilettes tout à leur honneur.

    Photos de Salustiano Garcia Cruz sur https:touchofcolorr.blogspot.com201907salustiano-garcia-cruz.html .

  • La vérité sur Jeanne d’Arc

    La vérité sur Jeanne d’Arc

    Elle ne s’appelle pas « Jeanne d’Arc » mais « Johannette de Vouthon » ;
    En effet les filles se nomment comme leurs mères en ce temps-là.
    Bien qu’elle menât les bêtes au parc, elle ne gardait pas les moutons
    Et parce qu’elle s’habillait en homme elle fut condamnée et brûla.

    Sainte Marguerite d’Antioche et Catherine d’Alexandrie
    Lui auraient confié la mission de libérer le sol de France
    Des rosbifs – vraies têtes de pioche – puis mettre le roi amoindri
    Sur le trône dont la transmission jamais ne s’empare à outrance.

    Facile à dire mais quelle affaire ! Dite « Pucelle d’Orléans »,
    Elle devra réconcilier la maison royale des Valois
    Avec un sacré savoir-faire et des amis condoléants
    Mais hélas se fera griller par un Cauchon et des Anglos.

    (Tableau de Kittrose.
    Sources Quora pour la première strophe : https:fr.quora.comQue-conna%C3%AEt-on-r%C3%A9ellement-de-Jeanne-dArcanswerErnest-Foucault?ch=17&oid=225295657&share=49cb8edf&srid=hJ7fDb&target_type=answer .)

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Déchirées

    Quelques souvenirs déchirés des albums photos égarés
    Reviennent d’une part en couleurs et d’autre part en noir et blanc
    Comme si le temps s’est étiré en traces fuchsia bigarrées
    Sur les pigments dont les douleurs les ont délavés en tremblant.

    Le temps agite l’écumoire dans les visages aux caractères
    Qui s’effaceront à leur tour comme du papier délavé
    Car plus je creuse ma mémoire et plus les images s’altèrent
    En fausses couleurs sans retour possible pour les révéler.

    Tableaux de Shiori Matsumoto.

  • Marie-Oiselle-Minuit

    Marie-Oiselle-Minuit

    Comment les oiseaux se reposent durant leurs longues migrations ?
    Ils détiennent l’équivalent de nos établissements de nuit.
    Les ailes fourbues, ils se posent au service réanimation
    D’une hôtellerie de talent : « Chez Marie-Oiselle-Minuit ».

    Pareil à notre Voie Lactée qui couvre la nuit de son voile,
    Ils réénergisent leurs ailes au feu, en se le partageant.
    Les volatiles décontractés s’alignent selon les étoiles
    En offrant à la demoiselle une étole aux reflets d’argent.

    À chaque saison recommencent les tournées d’oiseaux migrateurs
    Qui retrouvent leurs habitudes à l’hôtellerie de Marie
    Qui se passionne des romances de ces voyageurs séducteurs
    Qui connaissent les béatitudes à chaque fois qu’ils se marient.

    Tableau de Beth Conklin.

  • Marie-Nuage-Rose

    Marie-Nuage-Rose

    Écrit à l’encre des cirrus sur la coupole bleu-azur,
    Mère-Nature correspond en lettres météorologiques.
    Simple message ou bien virus d’une écriture en démesure
    Doublé d’une plume qui répond sur ciel épistémologique ?

    C’est bien Marie-Nuage-Rose qui calligraphie ses amours
    En pleine nébulosité avec les oiseaux de passage.
    Pour les distraire d’un vol morose, elle leur annonce avec humour
    L’éventuelle curiosité qui mérite un petit message.

    Si Monsieur le vent rit souvent, Marie-Nuage-Rose pleure
    Chaque fois qu’un amant la trompe avec les nymphes de la nuit.
    Elle prend un air émouvant qui s’assombrit à la malheure
    Et puis grossit et tombe en trombe de larmes en gouttes de pluie.

    Tableau de Beth Conklin.

  • Pause au moulin rouge

    Secrets dans l’envers du décor dans les coulisses du Moulin Rouge
    Où le mystère est son trésor et la création, sa richesse.
    Là, on se prépare le corps, on se vêt, on s’affaire, on bouge,
    On met ses strass, on met ses ors et on s’ajuste à ras-les-fesses.

    Avoir donné de l’insouciance et offert de la joie de vivre
    Lui fatigue autant le sourire que les cuisses et les gambettes
    Il faut jouer de l’impatience du public radieux et ivre
    Et puis on entend les fous rires de noceurs et gens en goguette.

    Qu’il est loin le temps d’une fillette qui prenait des cours en cachette
    Et de danseuse débutante en chorégraphe est devenue.
    Allez ! On remet ses paillettes, on agite un peu les clochettes
    Avec les plumes envoûtantes autour de sa poitrine nue.

    Tableaux d’Igor Medvedev sur http:touchofcolorr.blogspot.com201511igor-medvedev.html .

  • L’été à bicyclette

    Au premier matin du solstice, déjeuner aux fraises des bois
    Et puis salade de saison selon les fleurs de la journée ;
    Pissenlit, violette et mélisse, belle récolte d’un bon poids,
    De l’ail des ours pour la maison, quelques asperges pour ma tournée.

    En pleine chaleur de juillet, petit-déjeuner aux framboises ;
    Les épis de blé sont fauchés, les champs sont tout ratiboisés.
    Quelques touffes à grappiller, un bouquet aux reflets turquoise
    Vite lié, vite ébauché par trois brins d’herbe entrecroisés.

    Dernier soir d’été révolu, goûter aux noisettes et aux mûres.
    Les colchiques sont dans les prés et les premières feuilles s’envolent
    Vers un automne dévolu à les porter dans un murmure
    Et l’ombre allongée des cyprès s’agiter, danseuses frivoles.

    Tableaux d’Igor Medvedev sur http:touchofcolorr.blogspot.com201511igor-medvedev.html .

  • Selon ce que vous ne sauriez voir

    Selon ce que vous ne sauriez voir

    D’après mon côté pessimiste, la planète crie « au secours ! »
    Et tout mon être reste sans voix devant l’étendue des blessures.
    D’après mon côté optimiste, l’amélioration serait en cours
    Car la vie trouve toujours la voie vers l’évolution la plus sûre.

    Je peux aussi fermer les yeux et avancer nue dans les rues
    En me disant qu’il n’y a personne pour regarder l’impondérable.
    D’ailleurs l’autruche fait beaucoup mieux en enfonçant, telle une charrue,
    La cervelle toute mollassonne de sa tête dans la terre arable.

    Faut-il voir les choses en noir ou bien observer les couleurs
    Du jour qui reviendra demain après l’obscurité du marbre ?
    Chacun est maître en son manoir ou dans son habit de douleurs ;
    Quant à moi, tant que j’ai deux mains, je peux aller planter un arbre.

    Tableau de Rafał Olbiński sur https:www.personalart.plrafal-olbinski?page=8 .

  • Marianne justement en réajustements

    Marianne justement en réajustements

    La droite un peu dominatrice et la gauche assez affaiblie,
    Marianne s’est pris un coup de fauche qui la laisse assez fatiguée.
    La campagne exterminatrice n’a, par le fait, rien rétabli ;
    La droite, le centre et la gauche sont complètement endigués.

    Mais si l’œil droit fait alliance avec la pommette un peu haute,
    L’œil gauche risque de s’allier avec le front rouge de l’Est.
    Hélas, le centre en défaillance ne convient plus, il est en faute
    Et, les cheveux en escaliers, Marianne a retourné sa veste.

    Ainsi la France défigurée n’attirera plus les touristes ;
    La politique a saboté les Français vus de l’étranger.
    Il faudrait reconfigurer une constitution futuriste
    Afin que retrouve sa beauté notre pays bien dérangé.

    Tableau de Scott Rohlfs sur www.distinctionart.comexhibitgallery_m.php?showID=131&fltr=prev .

  • En queue de Lune à la passion

    En queue de Lune à la passion

    Lundi avait bien commencé et la semaine s’écoulait
    Puis vendredi, sans queue ni tête sous la folie de la passion.
    Leur Lune de miel, bien romancée, les deux amoureux roucoulaient
    Et subitement, tout s’arrête et finit en queue de poisson.

    La sirène n’aime qu’une semaine ; le lundi elle pêche aux appas
    Elle ferre un marin, quelle aubaine ! Ils font l’amour, qu’est-ce que c’est bon !
    Comme elle préfère la chair humaine bien attendrie pour son repas
    Elle lui masse la bedaine et lui caresse le jambon.

    Et Vendredi, le vent en poupe, le marin connaît l’épectase ;
    Après toute une nuit d’orgasmes, il subit la petite mort.
    La sirène alors le découpe et ardemment tombe en extase
    En se cuisinant son fantasme : noix d’homme des Côtes-d’Armor.

    Tableau de David Delamare.

  • Poissonnes polissonnes

    Poissonnes polissonnes

    Quelques sirènes polissonnes – créatures à têtes poissonnes –
    Hantent le courant des rivières pour y placer leur souricière ;
    Elles traquent le marin d’eau douce ou éventuellement le mousse
    En agitant leur périnée au rythme des seins animés.

    Comme elles ont perdu la voix, elles leur font des gestes grivois.
    Les matelots, ces imbéciles, se laissent faire, tous dociles
    Et sur le malheureux noyé, elles font mine de s’apitoyer
    Mais la faim prenant le dessus, l’appétit n’en est point déçu.

    Chose curieuse, une remarque, elles s’entourent de monarques ;
    Ces papillons couleur orange pour une raison, ma foi, étrange.
    Sans doute pour attirer l’homme qui verrait un joli symptôme
    À suivre les ailes décorées pour mieux se faire dévorer.

    Tableau de Hannah Faith Yata sur https:hannahyata.com .

  • De naturelle beauté

    De naturelle beauté

    Adieu l’hiver décoloré par ses lavages à gelées blanches
    Et ses rinçages de pluies froides et ses essorages de bises !
    Adieu séchages subodorés soumis à un soleil qui flanche
    Devant la Lune aux rayons roides à l’étendage sur la banquise !

    Vive le printemps coloré qui nous enlève la grisaille
    Et la remplace de nuances dans toute une pharmacopée
    D’huiles essentielles élaborées de toutes sortes de broussailles,
    Fleurs de différentes fragrances, plantes et pétales découpés !

    Car les odeurs sont les couleurs de notre aromathérapie
    Qui déclenchent directement des avantages qui s’accumulent.
    L’effluve atténue les douleurs grâce à la phytothérapie
    Que la nature ouvertement prodigue à toutes nos cellules.

    Photo de Mikhail Shestakov sur https:genial.guruadmiracion-fotografiaseste-fotografo-investiga-en-sus-obras-la-belleza-natural-y-sus-fotos-ampliaran-tu-nocion-acerca-de-lo-hermoso-523010?utm_source=genial_web&utm_medium=article&utm_campaign=share_image&utm_content=pinterest_523010&image=13344260 .

  • Longs cheveux

    La descendance de Raiponce de nos jours est bien assurée
    Et j’ai plaisir à rencontrer ces magnifiques chevelures
    Qui donnent en guise de réponse une métaphore sursaturée
    De cheveux longs enchevêtrés qui lui dépeigne fière allure.

    Les filles issues des racines ascendantes aux cheveux très longs
    Naissent comme l’astre solaire dans une aurore inestimable ;
    Leurs toisons dorées s’hallucinent à la taille de leurs pantalons
    Et l’âge adulte leur accélère une crinière interminable.

    À l’âge où la Lune devient ronde, un halo teint la chevelure
    D’or et argent, d’ébène ou rousse selon les gènes hérités
    Dont la blondeur paraît féconde lorsque naît la progéniture
    Qui manifeste sur sa frimousse l’image de la vérité.

    Quinze centimètres par an me demanderaient trop longtemps
    Pour arborer telle tignasse et j’en serais bien intrépide !
    Mais, n’en déplaise à mes parents, j’en serais tellement content
    Que j’en appelle à Saint-Ignace pour une pousse plus rapide !

    Photos de Mikhail Shestakov sur https:genial.guruadmiracion-fotografiaseste-fotografo-investiga-en-sus-obras-la-belleza-natural-y-sus-fotos-ampliaran-tu-nocion-acerca-de-lo-hermoso-523010?utm_source=genial_web&utm_medium=article&utm_campaign=share_image&utm_content=pinterest_523010&image=13344260 .

  • Mme Minocervus

    Elle aurait eu la même mère – à moins que ce ne soit le père –
    Que son cousin le Minotaure, locataire d’un palais en Crète.
    Mais si l’on en croit les commères, les matelots et leurs compères,
    Ses aïeux seraient des centaures croisés par des biches discrètes.

    Madame Minocervus, elle-même, pratique la dragonologie,
    Une science spécialisée dans l’étude des libellules,
    De petits dragons qui essaiment aux alentours de son logis
    Et qu’elle a commercialisés au pied des Colonnes d’Hercule.

    Les dragonfly jouent aux espions sur le détroit de Gibraltar
    Et monnayent aux belligérants des renseignements stratégiques.
    Ils forment le réseau « Scipion » établi à Madagascar,
    L’œil sur les gangs proliférant sur la péninsule ibérique.

    Tableau de Catrin Welz-Stein.

  • M. Minotaure

    M. Minotaure

    Les vieilles ruelles de Crête forment un étrange labyrinthe
    Dont l’entrée, en trois coups de pédale, démarre sur la rue d’Icare.
    Certaines traboules secrètes dont les murs resserrent leurs étreintes
    Augmentent l’effet du dédale quand la lumière passe à l’écart.

    Sur la grand-place du Roi Minos – pour la trouver il faut un guide –
    Cherchez l’hôtellerie du Centaure réputée pour ses entremets.
    Priez le serveur albinos de vous séduire, d’un air candide,
    Et c’est le chef « le Minotaure » qui vous servira en fumée.

    Une Centauresse un peu fougueuse et un ancien Dieu Égyptien
    Ont mis au monde l’enfant chimère qui a déployé son renom.
    Après une jeunesse bourlingueuse, il est revenu chez les siens
    Ouvrir en l’honneur de sa mère l’auberge qui porte son nom.

    Tableau d’Alan Macdonald sur https:alanmacdonald.net .

  • Madame du Phénix

    Madame du Phénix

    Rendons au Phénix sa femelle qui demeure encore méconnue
    Car elle renaît, non pas des cendres, mais renaît de sa vapeur d’eau.
    Elle s’évapore pêle-mêle dans une alchimique cornue
    D’où elle commence à redescendre enveloppée dans un rideau.

    Elle en recouvre sa nudité comme une tunique pudique
    Et repart comme elle est venue dans un nuage phosphoré.
    S’il reste un peu d’humidité après son retour fatidique,
    Ce sont ses pensées malvenues qu’elle abandonne à la forêt.

    Si par hasard dans la clairière brûle un feu sans se consumer,
    Approchez-vous sans faire de bruit et observez le haut des flammes.
    Là, apparaît l’âme guerrière enveloppée dans la fumée
    Qui retombe en une fine pluie sous l’apparence d’une jeune femme.

    Tableau de Steven Kenny sur https:www.kaifineart.comstevenkenny?m=1 .

  • La machine à répliquer

    « J’aurais besoin d’un volontaire… Voulez-vous bien, mademoiselle ? »
    Lui proposa le magicien malgré sa pusillanimité †.
    Alors la fille sans commentaire entra dans la cage à oiselle
    Laissant le psychophysicien lui guérir sa timidité.

    Aussitôt dit, aussitôt fait, la fille atteinte de logorrhée
    Tombe son masque de réserve pour revêtir l’habit d’hardiesse.
    Devant le monde stupéfait, elle se met à pérorer
    Devant tous les gens qui l’observent et qui la traitent de diablesse.

    (Tableaux de Shiori Matsumoto sur https:www.kaifineart.comshiorimatsumoto .
    † La pusillanimité est un excès de timidité, une faiblesse de caractère ou un manque de courage.)

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Cœur d’oiseau

    Cœur d’oiseau

    Lorsqu’un jour le dieu des oiseaux m’a dit que j’avais survécu
    Cinquante années de solitude, enfermé dans ma cage humaine,
    Déconnecté de son réseau, j’étais pourtant fort convaincu
    De n’avoir vu qu’infinitude d’un seul jour d’une seule semaine.

    C’était sans cesse ce même jour qui déferlait dans ma cellule
    À répéter la même chose et de battre de tout mon saoul.
    Qu’il est étrange le séjour ! Qu’elle est amère la pilule
    D’accepter ma métamorphose en rossignol de quatre sous !

    Cependant j’ai brisé la glace car aujourd’hui je me dévoile
    Et montre qui je suis vraiment derrière le masque des yeux.
    Eh oui ! C’est mon âme à la place du cerveau ; mon petit cœur d’étoile
    Qui là vous gazouille gaiement ses petits poèmes sourcilleux.

    (Tableau de Shiori Matsumoto.
    « Lorsqu’un jour, le gardien m’a dit que j’étais là depuis cinq mois, je l’ai cru, mais je ne l’ai pas compris. Pour moi, c’était sans cesse le même jour qui déferlait dans ma cellule et la même tâche que je poursuivais. » Albert Camus – L’Étranger.)

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • La machine à dupliquer

    Chez Madame Duplicata, sonnez deux fois ou même trois,
    Entrez donc dans le vestibule et patientez quelques secondes
    Pour l’analyse de vos datas, plus une minute de surcroît
    Pour l’examen de vos cellules et votre conscience féconde !

    Ouvrez la porte, vous êtes trois, peut-être quatre quelquefois,
    Car la machine à dupliquer contracte souvent le hoquet !
    Que chaque clone rentre chez soi – peut-être pas tous à la fois –
    Mais n’essayez pas d’expliquer comment cela s’est provoqué !

    Tableaux de Shiori Matsumoto sur https:www.kaifineart.comshiorimatsumoto .

  • Mosaïques sur lac

    Mosaïques sur lac

    Les hommes imitent la nature et reproduisent sa beauté
    Et leurs maisons au bord du lac en évoquent ses vaguelettes.
    Les bateaux trempent leurs mâtures sur les reflets caillebottés
    Par les flic-floc et les flic-flac de la surface en ondelettes.

    Le miroir renvoie son image et l’homme admire la réponse
    Que la nature fait à son œuvre qu’il croit sortie de Jupiter.
    L’artiste n’y voit qu’un mirage qu’il peint dans des couleurs absconses
    Qui font ravaler la couleuvre à tous leurs fiers commanditaires.

    La mosaïque est tremblotante et ses tesselles plutôt liquides
    Mais j’aime observer l’art sauvage de l’éclat du projectionniste.
    Le lac à la vision flottante me donne une image candide
    Du ciel et de son entourage en un tableau impressionniste.

    Tableau « Malcesine am Gardasee » de Gustav Klimt.

  • Saintes-Maries-de-la-Mer-de-Lavande

    Saintes-Maries-de-la-Mer-de-Lavande

    Dans l’ultra-bleu presque violet, au bord de la mer de lavande,
    Je baigne ma mélancolie qui se dissout dans les tunnels
    Pareils aux vagues inviolées selon les anciennes légendes
    Où les sirènes en folie chantaient en plissant leurs prunelles.

    Dans les infrasons perceptibles qui montent des terres fertiles,
    Je murmure mes bleus de l’âme qui sont diffusés par l’écho
    Qui se propage irréductible comme un infime projectile
    Et se mélange aux oriflammes des plants violines ombilicaux.

    Les Saintes-Maries-de-la-Mer bercent mon cœur entre ses lignes
    Qui se rejoignent à l’infini de l’église au clocher azur
    Qui s’assombrit dans l’outremer lorsqu’au soir les rangées s’alignent
    Et fondent en catimini dans l’ombre au fur et à mesure.

    Tableau de Vincent van Gogh.

  • La force de la farce

    « La force terrassant le lion » est devenu assez banal…
    De nos jours il faut innover si je veux m’faire distinguer.
    Afin de vous damer le pion et déclencher un bacchanal,
    Je m’en vais vous la rénover et même l’envoyer valdinguer.

    Je sais mater le crocodile, le caïman, l’alligator,
    Tous ces sauriens terrifiants en les pliant en portefeuille.
    Et je veux devenir l’idylle de l’affrontement au corps à corps
    S’il le faut en diversifiant sous réserve que mon rival le veuille.

    Le cachalot et la baleine, l’orque, le requin et le phoque
    Avec moi ne font pas un pli face à une véritable garce.
    Je les combats à perdre haleine, presqu’à chaque fois je suffoque,
    Mais après le devoir accompli, l’adversaire apprécie ma farce.

    Tableaux de Bruno Pontiroli sur https:theinspirationgrid.comsurreal-bizarre-animal-paintings-by-bruno-pontiroli .

  • Les filles sauvages

    Mûres & Framboise
    La fille sauvage s’apprivoise par un régime de fruits rouges ;
    Cerises pour la fine bouche, le corps aux mûres adulé ;
    Mamelons, parfum de framboise, durcis aux graines de carouges
    Et longues jambes qui débouchent sur son bonbon acidulé.

    Fraise & Pèche
    Lorsqu’elle ramène sa fraise, il est temps que je me dépêche
    À lui fournir à satiété de quoi faire rougir sa rose.
    En remontant son corps de braise et caressant sa peau de pèche,
    L’amour efface toute anxiété et l’orgasme tait sa névrose.

    Cassis & Chocolat
    Nous ne faisons l’amour qu’assis dans son lit-bateau écarlate
    Qui a l’habitude de se replier en quatre pour me satisfaire.
    Après quelques acrobaties, à la fin je la chocolate
    Pour qu’elle daigne me supplier de lécher tous ses hémisphères.

    Tableaux de Il Pistrice alias Francesca Protopapa sur https:www.boumbang.comil-pistrice .

  • Les deux mondes

    Une partie de la planète vit de rituels ancestraux
    L’autre partie a transformé son monde en tendance à la mode.
    Une partie tient les manettes avec des moyens magistraux
    L’autre partie n’est informée que de ce dont elle s’accommode.

    Ceux qui sont nés en occident et préformatés par l’argent
    Sont dans la chaîne économique, esclaves ou maîtres, ça dépend.
    Ceux qui sont nés par accident parmi les pays émergeants
    Vivent en nombre astronomique et sont condamnés aux dépens.

    Mais ce qui est vrai pour le monde l’est tout autant dans le pays
    Et ceux de la France d’en Haut ignorent la France d’en bas.
    La répartition semble immonde mais personne n’en semble ébahi
    Du moins ceux qui vivent au château, qui mangent et qui font la nouba.

    Et même chaque individu peut naître en bas, grimper en haut
    Et redescendre à mi-hauteur ou complètement dans son trou.
    Mais il serait inattendu que quelqu’un né à Monaco
    Aspire au rêve psychomoteur de se retrouver sans un sou.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Châteaux de cartes sur la plage publique

    Chaque loi et chaque réforme déposées sur leurs précédentes
    S’élèvent comme un château de cartes qui forme le code civil
    Bâti sur un terrain conforme face à la marée ascendante
    Et dont les fondations s’écartent malgré leurs alliances serviles.

    La démocratie sur le sable diffus de la plage publique
    N’offre pas de support solide quoi que l’on fasse, vaille que vaille.
    Les remaniements trop instables érigés sous la république
    Ressemblent aux soldats invalides après la fin d’une bataille.

    Tableaux de Kevin Sloan.

  • Baiser mortel

    Baiser mortel

    Rechercher la petite mort en pratiquant l’amour intense
    C’est chercher sa raison de vivre dans le plus profond de l’extase.
    Il existe des matamores prêts à prouver leurs compétences
    Et encrer leurs noms dans les livres qui se rapportent à l’épectase.

    Suivez le conseil des pêcheurs qui comptent un grand nombre de bravaches
    Qui échangent leurs vies à Neptune pour une vierge crapuleuse.
    Certains ne sont que des tricheurs qui quittent le plancher des vaches
    Et courent la bonne fortune pour une pêche miraculeuse.

    Dès le premier baiser mortel, il est ferré, le mâle est pris !
    Le venin de concupiscence le contamine de fantasmes.
    Le cœur s’emballe et le martèle, puis le cerveau du malappris
    Connaît l’ultime sublimissence de subir la mort par l’orgasme.

    Tableau de Gustav Wertheimer.

  • Les Gaïaelles

    Vénus n’a pas son vendredi dans la semaine germanique
    Mais Freya, déesse de l’amour et Frigg, déesse du mariage,
    Dont la parité contredit que les femmes sont plus dynamiques
    Et qu’il fallut qu’il y eût un jour pour sacrer leur appariage.

    Car l’une est reine des forêts tandis que l’autre règne en mer
    Et, selon l’antique coutume, vous ne les verrez jamais ensemble.
    Sauf pour les marins décorés lors d’une bataille éphémère
    Qui ont su, à titre posthume, en découvrir le contre-exemple.

    (Tableaux de Tomasz Alen Kopera sur https:aphrodisiacart.tumblr.compost185847459108tomasz-alen-kopera .
    Les descendants de Gaïa sont très nombreux. Sa descendance compte des divinités primordiales, des Titans, des Géants, des divinités marines et agrestes, des divinités mineures, diverses créatures (monstres et animaux), des rois et des peuples.)

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.