Catégorie : 2022

  • Le Sphynx au rouge baiser

    Le Sphynx au rouge baiser

    Marianne est contorsionniste depuis bientôt quelques années
    Et sa constitution robuste se plie à toutes les exigences.
    Marianne est une opportuniste qui change d’une pose instantanée
    Le positionnement de son buste et de ses fesses avec aisance.

    Marianne est blanche comme neige et ne montre pas sa couleur
    Excepté un rouge baiser pour faire croire qu’elle nous aime.
    Mais en réalité son manège nous abuse et non sans douleur
    Car en fait de nous apaiser elle réveille nos dilemmes.

    Marianne ne nous aime pas on peut même dire qu’elle nous emmerde !
    Sous son apparence héroïque, c’est une salope déterminée.
    Car elle prépare notre trépas et tous les jours elle se démerde
    Avec ses sinistres stoïques afin de nous éliminer

    Sculpture de Marc Quinn.

  • Tout est dans votre tête !

    Tout est dans votre tête !

    L’éducation crée des chemins tous tracés dans notre cerveau
    Et des programmations subtiles qui forment le raisonnement.
    Ainsi, du jour au lendemain, je me sens devenir un veau
    Cuit à la sauce mercantile au bon goût du gouvernement.

    Ainsi les complots que j’invente n’existeraient que dans ma tête ;
    Réfléchir à ce que je vois n’est qu’une maladie de foi.
    Les coups montés dont je me vante agacent, importunent et embêtent
    Ceux qui sont sur la claire voie qui les mène au dernier convoi.

    J’ai fini par casser le code de ce formatage imbécile ;
    Je me méfie de la science, notre nouvelle religion
    Qui nous implante un digicode afin de nous rendre docile
    Et enferme notre conscience dans l’orbe de la télévision.

    Tableau de Hanna Silivonchyk.

  • Ange et sirène

    Ange et sirène

    Un ange qui marche sur l’eau, une sirène pourvue de plumes,
    Toutes les tendances de la nature s’expriment à travers les légendes.
    De leurs amours sur les rouleaux et les vagues crêtées d’écume,
    Est née une progéniture dont Dieu n’a pas fait propagande.

    Pourtant, de la femme poisson et de son angelot déchu,
    Se sont éveillées par le monde mille chimères adorables.
    Tritons, queues en colimaçon ; serpents de mer, langue fourchue
    Médusa, mèches furibondes ; et la Vouivre, dragon formidable !

    Leurs deux parents omniprésents, survivant avec allégresse,
    Sont partis en villégiature au pôle sud, en Antarctique.
    Or s’ils recommencent à présent à s’accoupler avec ivresse,
    Ressentez la température du réchauffement climatique !

    Tableau de Carlos Schwabe.

  • Sauvés des eaux

    Je vis des gens sauvés des eaux, venus du profond des abysses,
    Remonter jusqu’à la surface et puis s’envoler dans les airs.
    Ensemble, unis par un réseau afin qu’aucun d’eux ne subisse
    La décompression face à face de la puissance du geyser.

    Leur ascension pourtant très brève m’apparaissait spectaculaire ;
    Des âmes héritières du ciel mais avec effet immédiat.
    J’ai cru que ce n’était qu’un rêve, une illusion sur l’oculaire,
    Car je n’ai lu rien d’officiel dans les journaux et les médias.

    Photos de Tamara Dean.

  • Quiétude

    Quiétude

    Sur le fleuve calme du temps, je laisse dériver ma barque
    Et je subis crues et torrents selon l’humeur des pluies d’orage.
    Hier, j’étais encore débutant et faisais sans cesse des remarques
    Sur les réserves s’instaurant qui me faisaient perdre courage.

    J’ai lâché le temps d’exister à l’heure de la société
    Et prends la force du courant qui équilibre ma stature.
    Mes angoisses ont beau persister, je les écope à satiété
    Par ma quiétude en concourant avec les forces de la nature.

    Mais cela dit, rien n’est écrit sur le fil des béatitudes
    Que je quitterai en chemin lorsque le temps sera venu
    De jeter mon lourd manuscrit, changer toutes mes habitudes
    Et commencer d’une autre main un autre roman saugrenu.

    Tableau de Lisa Aisato sur https:www.boredpanda.comsurreal-illustrations-lisa-aisato?media_id=3057426&utm_source=pinterest&utm_medium=social&utm_campaign=organic .

  • Silence !

    Silence !

    Très relatif, dans la campagne, le silence auquel il s’attend,
    Ce citadin qui fuit la ville pour un retour à la nature.
    Il croit au calme des montagnes et à la quiétude du temps
    Mais il découvre le bruit servile produit par toutes créatures.

    Dès l’aube il perçoit la fanfare des oiseaux et cela lui plaît,
    Puis la mécanique agricole, il remercie le paysan,
    Après survient le tintamarre des coqs, ça devient une plaie,
    Enfin la sortie des écoles au vacarme caractérisant.

    Au printemps on coupe les arbres, voici le temps des tronçonneuses ;
    En été on tond les pelouses, chacun dans son espace vert ;
    À l’automne il reste de marbre face aux lieuses-moissonneuses ;
    Enfin Blanche-Neige jalouse chante à tue-tête tout l’hiver.

    Tableau de Lisa Aisato sur https:www.boredpanda.comsurreal-illustrations-lisa-aisato?media_id=3057426&utm_source=pinterest&utm_medium=social&utm_campaign=organic .

  • Chevelure de Nuit

    Chevelure de Nuit

    Les nuits d’été sans retenue,
    Il m’arrive de m’allonger
    Les bras en croix dans l’herbe verte
    Et jouer à l’observatoire.
    Je contempla alors à l’œil nu
    Les étirements prolongés
    Dans l’espace à la découverte
    De prophéties divinatoires.

    Vénus qui montre le chemin
    À mars qui rougit faiblement
    Devant la taille de Jupiter
    Et sa descendance de lunes.
    Et puis Saturne qui prend la main
    D’Uranus maladroitement
    Pour traîner autour de la Terre,
    En procession fort opportune.

    Les bras déployés en spirales
    Semblent chevelures d’étoiles
    D’une féérie de déesses
    Qui dansent autour d’un trou noir.
    Énergétiques et minérales,
    Réunies comme mille voiles,
    Gonflées d’angéliques prouesses
    Dans un fantastique entonnoir.

    Et la Voie Lactée devient Femme
    Aux cheveux d’astres indéfinis
    Qui brillent d’autant de soleils
    Qu’un firmament illimité.
    Divine Mère de mon âme
    Qui m’élève vers l’infini
    À la rencontre des merveilles
    Au sein de son intimité.

    Tableau de xxx.

  • L’espérance

    Assis sur sa pauvre planète, l’espérance aveugle sait attendre
    Jouant sur sa lyre dont les cordes sont brisées de son désespoir,
    Une inaudible chansonnette qu’elle est seule capable d’entendre,
    Mélancolique et monocorde, désolation plus que d’espoir.

    Seule une corde restée intacte fait résonner son instrument
    Mais elle se suffit pour scander quelques notes désespérées
    Qui rétablissent le contact avec ce qui manque crûment
    À son esprit vilipendé par des rumeurs exaspérées.

    Mais courage et ténacité même ténus, même fragiles,
    Multipliés pour chaque jour entretiennent la confiance.
    Quand tombera l’opacité et les géants aux pieds d’argile,
    L’oppression finira toujours par sombrer dans l’insignifiance.

    Tableau de George Watts sur https:en.wikipedia.orgwikiHope_(Watts)?wprov=sfti1 .

  • Amazone qui vole

    Amazone qui vole

    Des mythes de la Grèce antique aux légendes d’Amazonie,
    En redescendant l’Atlantique aux confins de la Patagonie,
    L’histoire est peuplée de guerrières et leurs fantasmes associés
    Fors leurs amours bien cavalières qui ne sont pas à négocier.

    Des Amazones aux Walkyries que j’imagine cheveux au vent,
    Au son de leur cavalerie, mille tambours poussés en avant.
    Crinières brunes, blondes ou rousses et les déesses d’Italie,
    Mille tuniques qui se retroussent juste au moment de l’Hallali.

    Et même Pégase lui-même a dû galoper dans les airs,
    Seul étalon dans le harem des juments qui le jalousèrent.
    Mais offrant sa selle à Minerve, il fut accepté par les troupes
    Qui le suivirent sans réserve, l’œillère fixée sur sa croupe.

    Tableau de Steven Kenny sur http:www.stevenkenny.comhome.html .

  • Souris des champs, souris des villes

    Souris-des-Champs, plutôt rustique et même plutôt écologique
    Se nourrit au fil des saisons de son jardin et de sa pêche.
    Souris-des-Villes, plutôt pratique et même plutôt pragmatique
    Fait ce que dicte sa raison sauf lorsque le cœur l’en empêche.

    Que leur réserve l’avenir ? Lequel des deux va disparaître
    Lorsque nous auront concédé d’ bâtir les villes à la campagne ?
    Sans doute vont-ils devenir de la planète ses nouveaux maîtres
    Quand les hommes auront décidé d’aller vivre sur la montagne.

    Illustrations de Jeremy Norton sur https:www.thearthunters.comportfolio-jeremy-norton-2 .

  • Miroir, mon beau miroir

    Miroir, mon beau miroir

    En observant mon fond de l’œil, le nez collé sur ma psyché,
    J’aimerais capter l’émotion jaillie d’une éruption d’idées.
    Je reste longtemps sur le seuil en espérant voir ce cliché
    D’un négatif en commotion ou d’un positif débridé.

    Mais comme les yeux qui reflètent les sentiments les plus profonds,
    Mon beau miroir, lui, réfléchit mon univers et son revers.
    À sa frontière se complètent ce qui monte et qui se confond
    À mon image dégauchie de ma perception à l’envers.

    Sans doute, dans cet antimonde, mon destin s’écoule à rebours ;
    Je nais au moment de ma mort et je m’éteins à ma naissance.
    Mon âme s’enfuit, vagabonde, à grands roulements de tambour,
    Vers ce miroir dont l’oxymore oublie toute sa connaissance.

    Tableau de Daria Petrilli sur http:manachepoetry.blogspot.compblog-page_71.html .

  • La doctrine du papillon

    La voie de l’illumination passe-t-elle par les papillons
    Qui, d’un simple battement d’aile, peuvent déclencher une tempête ?
    La voix de la divination chante-t-elle comme l’oisillon
    Qui, plus fort qu’une seule hirondelle, annonce un printemps en goguette ?

    Ainsi pensait la jeune fille dans le plus simple dénuement
    Qui cherchait la voie de Jésus, Bouddha, ou même Zarathoustra.
    Sans sentir enfler ses chevilles, elle connaîtra son dénouement
    En voyant que tout est cousu de faux-semblants… et cætera.

    Le chemin de la réussite passe-t-il par la connaissance,
    Les voyages à travers le monde et le dépassement de soi ?
    Le succès est-il implicite au moment de la quintessence
    Quand les expériences fécondes viennent à celui qui les reçoit ?

    Ainsi méditait le jeune homme, là, dans le plus simple appareil,
    Cherchant dans la philosophie un bel avenir triomphant.
    Jusqu’à devenir autonome et, sans se faire tirer l’oreille,
    Rejoindre sa femme Sophie pour aller lui faire un enfant.

    Tableaux de Darlene McElroy sur http:www.artclassicsltd.commm5merchant.mvc?Screen=CTGY&Store_Code=acl&Category_Code=_DarleneMcElroy .

  • Mutinée de soleil

    Mutinée de soleil

    De soleils mutinées aux cheveux de comètes,
    En robes satinées, les déesses-planètes
    Enfantent la Nature dans le creux du foyer
    De la mer où saturent ses enfants octroyés.

    Qui les a fécondées par les vents de l’espace ?
    Des rayons émondés d’astres qui se déplacent
    Soumis à l’attraction des galaxies lointaines
    Et la gravitation de brunes étoiles naines.

    Notre mère la Terre et sa fille la Lune
    Ont fondé le croissant fertile du berceau.
    Le père est un mystère mais sa sève opportune
    Coule dans tous les sangs des hommes universaux.

    Tableau de Maria Pace Wynters.

  • La source vive

    La source vive

    L’amour est une source vive qui désaltère de la soif
    Cependant lorsque qu’elle se tarit, la vie paraît indissociable.
    Mais dès que le corps se ravive et que la passion le décoiffe,
    Il se passe un charivari qui drogue le cœur insatiable.

    L’amour donne un courant bizarre montrant plusieurs propriétés ;
    Drogue, remède ou aliment selon comment il est absorbé.
    Il peut pousser à la bagarre ou provoquer l’ébriété
    Ou, au contraire, un ralliement entre deux âmes résorbées.

    Alors, quelle est cette énergie qui l’emporte sur la matière ?
    Une force à travers le temps impénétrable à juste titre.
    Que nous suivons en synergie durant toute une vie entière
    Malgré notre esprit combattant et malgré notre libre arbitre.

    Tableau de Henri Gervex.

  • Ne pas trop voir, ne pas trop dire, ne pas trop entendre

    Il faut savoir fermer les yeux sur les affaires d’aujourd’hui
    Sans en souligner l’importance si elles sont dans l’obscurité.
    Il faut savoir ouvrir les yeux si quelque chose se produit
    Et ce, en toutes circonstances, pour sa propre sécurité.
    Méli-mélo, c’est pas sérieux de dompter un regard réduit
    Qui faute, par inadvertance, du fruit de sa curiosité !

    Il faut savoir fermer sa bouche et ne pas trop se révéler
    De peur d’avouer ses faiblesses et de se faire condamner.
    Il faut savoir ouvrir sa bouche quand il est temps de corréler
    Ses actes avant que ne se blesse son amour propre profané.
    Communiquer, l’affaire est louche selon ce qu’il faut démêler
    Entre une langue de diablesse et la vérité spontanée !

    Faut savoir faire la sourde oreille sur les potins et les ragots
    Les chiens aboient, la caravane passe malgré l’indiscrétion.
    Il faut savoir tendre l’oreille aux conseils de l’alter ego
    Même si parfois il me vanne avec ses excès d’accrétions.
    Charivari dans l’appareil ! Les discoureurs, les viragos
    Qui donnent le change et se pavanent m’ont rendu(e) sourd(e) d’indigestion !

    Collages de Ricky Linn sur https:www.behance.netgallery95396769Collage-Illustrations-3 .

  • Zoom arrière

    D’abord ma mère, la première, ensuite ma tante la seconde,
    Et puis à part mes deux grands-mères, pas d’autre femme ne m’a ravi.
    Aucune sœur dans ma chaumière ni de cousine Cunégonde
    Qui m’auraient appris le sommaire du grand ouvrage de la vie.

    Soudain l’école devient mixte et les demoiselles prolixes
    Sont trop nombreuses et mystérieuse ; moi timoré et trop timide.
    D’ailleurs sans être anatomiste, leurs corps tournent en idées fixes
    Dans mes rêveries luxurieuses et sur les draps restés humides.

    Et puis les femmes de ma vie ont marcotté filles et nièces,
    De belles-sœurs en belles-filles, de mariages en unions libres.
    Peu à peu les femmes ont gravi les échelons en hardiesse
    Au petit bonheur en famille, qu’il est beau ce bel équilibre !

    Portraits de Sandra Pelser.

  • Pendant ce temps la présidence…

    Pendant ce temps la présidence…

    Pendant ce temps le président, dans son maillot, les pieds dans l’eau
    Hésite entre la pêche à pied, la pêche au gros ou à la mouche.
    À Brégançon, c’est évident, à part la pêche et le pédalo,
    Il n’a rien à faire qui lui sied pour emmerder tout ce qu’il touche.

    Pendant ce temps la présidente se la coule douce au soleil
    Mais à l’abri des m’as-tu-vu bronzer à poil l’air pudibond.
    Or malgré la chaleur ardente qui l’a surprise dans son sommeil
    On ne sait si elle est pourvue d’un saucisson ou deux jambons.

    Pendant ce temps la présidence est assurée par des sosies
    Qui courent toute la planète à toutes les cérémonies.
    D’hôtels de luxe en résidence et sur le yacht d’un tsar cosy
    Tripotant toutes les manettes, ils jouent en toute hégémonie.

    Illustration de « Hilda » par Duane Bryers sur https:www.boredpanda.complus-size-pinup-girl-hilda-duane-bryers .

  • Les sœurs Marioles et leurs singes

    Les revoilà, les sœurs Marioles avec leurs singes attitrés ;
    On les pensait à l’étranger en train de passer du bon temps.
    Mais elles ont testé la variole un peu partout, bien infiltrées
    Parmi les espèces en danger, humains, singes et orang-outan.

    Abeilles, guêpes et papillons leur ont mis la puce à l’oreille
    Et elles nous ramènent cet automne tous les fruits de leurs expériences.
    Méfions-nous de leurs dardillons et leur piqûre sans pareille
    Avec confinement monotone et toutes ses invariances.

    Tableaux de Yana Movchan sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201704Yana-Movchan.htmlhttps:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201704Yana-Movchan.html .

  • La sirène psychédélique – 2

    La sirène psychédélique - 2

    Quand les sirènes étaient hippies, ce qui remonte à fort longtemps,
    Elles vivaient d’amour et d’eau fraîche, chantaient nuit et jour, décorées ;
    Vénus indiennes dans leurs tipis, îliennes sur leurs radeaux flottant,
    Américaines à l’air revêche et cubaines à la queue dorée.

    Toutes les chimères du monde organisaient des festivals
    Où accouraient poissons en nasse et cabillauds dans leurs filets.
    Les rares sirènes pudibondes arboraient des queues-de-cheval
    Et les autres, nues dans la masse, s’amusaient à les effiler.

    Dans les mers chaudes exotiques, on vivait en communautés.
    Toutes ensemble, les créatures se partageaient les créations.
    Dans les abysses érotiques, continuellement en nouveautés
    Elles poussaient la température en transe jusqu’à ébullition.

    Tableau de Daria Hlazatova.

  • La sirène psychédélique – 1

    La sirène psychédélique - 1

    Dans les années soixante-huit, quand les sirènes étaient hippies,
    On entendait dans les abysses chants suaves et surnaturels.
    Les auditions étaient gratuites pour les marins et leurs groupies
    Qui fournissaient le cannabis dans ces âges intemporels.

    Leurs queues nues et bariolées dont les écailles scintillaient
    Ondulaient au son des tambours joués dans toutes les octaves.
    Les pieuvres en tutu violet vous servaient des punchs antillais
    À l’alcool de topinambours vieillis en vieux fûts des épaves.

    Bien sûr, tout était cuit à l’eau sur les volcans subaquatiques ;
    Algues fourrées aux narcotiques et coquillages stupéfiants.
    On observait dans son halo, un soleil roux fantasmatique
    Sur les vagues fantomatiques et leurs reflets émulsifiants.

    Tableau de Daria Hlazatova.

  • Lune noire

    Lune noire

    Lune nouvelle ou Lune noire m’a, cette nuit, ouvert les yeux
    Et je vois à travers l’espace comme je vois à travers le temps.
    Toutes les images de ma mémoire s’étalent sur un fond camaïeux
    Et je revois ce qui se passe de tous côtés, à chaque instant.

    Je vois vos pensées en couleurs, vos souvenirs en noir et blanc
    Et j’aperçois tous les possibles de toutes les alternatives.
    Le soleil noir de mes douleurs absorbe tout ce qui est ressemblant
    À des blessures impossibles prétendues illuminatives.

    Mais voir toutes ces dimensions et toutes ces informations
    Demande au mental trop d’efforts bien au-delà de son pouvoir.
    Cela parasite mon attention et brouille ma compréhension ;
    Finalement Dieu est trop fort pour que je puisse le concevoir.

    Tableau de Dan Casado sur https:www.dancasado.comindex.html .

  • La dandelionne

    La dandelionne

    La dandelionne sème à tous vents ses désirs de devenir star
    Au moyen de maints artifices que lui prodigue sa beauté.
    Elle s’offrira le plus souvent comme une promesse à l’instar
    Des femmes-objets au bénéfice des producteurs ravigotés.

    Les cheveux fous, la bouche en cœur, la jupe courte sur les cuisses,
    Un décolleté aguicheur et des yeux doux très prometteurs.
    Voyez son regard de vainqueur combiné afin qu’elle puisse
    Obtenir un rôle afficheur dans le lit de son bienfaiteur !

    Par la suite elle a pris de l’âge sous le faisceau des projecteurs
    Mais elle est devenue tigresse aux griffes longues et acérées.
    Elle a perdu son pucelage dans le lit de son protecteur
    Mais elle a gagné en finesse et en carrière accélérée.

    Tableau de Beth Conklin.

  • La voyante aux rayons X

    La voyante aux rayons X

    Cette voyante extralucide m’observe du bout de ses seins,
    Vision plongeante, gorge profonde où déverser mes souvenirs.
    Or, de plus en plus translucide, sa robe s’ouvre sur un bassin
    Où plus d’une main vagabonde ont dû chercher leur avenir.

    Mes pensées toutes déshabillées se cachent sous le dos des cartes
    Où je dois en retenir trois et les retourner une à une.
    D’une voix douce et babillée, j’entends un désir que j’écarte
    Mais elle m’enserre trop à l’étroit les mains sans retenue aucune.

    Mais la belle chiromancienne m’a déjà tout hypnotisé ;
    Mes yeux droit sur ses mamelons commencent depuis à loucher.
    Adieu ma vie platonicienne, bonjour ma vie érotisée
    Par une jolie Madelon qui m’offre à venir me coucher !

    Tableau de Dino Valls sur https:www.boumbang.comartistepeinture .

  • La direction vers l’illumination

    La direction vers l’illumination

    Au cours de mon chemin de vie, j’ai rencontré beaucoup d’oracles
    Qui m’ont montré le vrai chemin qui s’approche de la vérité.
    Le cœur battant, l’âme ravie, j’ai couru la voie du miracle
    Qui devait m’accorder demain mon salut pour l’éternité.

    La voie de l’illumination étant une route infinie,
    À mi-chemin, je reste encore un humain rempli de défauts.
    Aux trois-quarts de l’exploration, je vis toujours l’ignominie
    D’être limité dans mon corps sous l’expiation en porte-à-faux.

    J’ai donc arrêté de poursuivre le sentier vers la perfection.
    Je jette l’ancre et je m’arrime peu importe où dans l’univers.
    Qu’il est bon de choisir de suivre ses propres sens de perception !
    Qu’il est bon de le dire en rimes au fil de tous mes Reflets-Vers !

    Illustration de Kladderadatsch sur www.oneletterwords.comweblog?tag=goddess&page=5 .

  • Chasser l’ennui

    Chasser l’ennui

    Chasser le nu, chasser l’ennui, la vacuité de l’existence,
    Me demande imagination sans cesse en renouvellement.
    J’y passe mes jours et mes nuits, noires, blanches et persistantes
    En pensées d’évagination comme on ôte ses vêtements.

    Comme un alchimique corps nu se vêt de soie philosophale,
    Je redeviens cet empereur qui, en habits neufs, se pavane.
    Puis lève un regard biscornu ouvrant la bouche triomphale
    Proclamant d’un cri péroreur qu’il est le roi de la savane.

    Je ne sais plus si j’ai rêvé ou si cela s’est vraiment passé
    Mais peu importe, j’ai tout un lot d’idées à tricoter en vers.
    Tous ces souvenirs conservés sont lavés, séchés, repassés
    Et enfilés méli-mélo, maille à l’endroit, maille à l’envers.

    Tableau de Marius Pons de Vincent sur https:www.boumbang.comartistepeinture .

  • Les voitures vertes

    Les voitures vertes

    Quand les voitures électriques auront vidé leurs batteries,
    Elles reviendront à la nature, épaves au bord des sentiers
    Comme bornes kilométriques composées de quincaillerie
    Dont les pitoyables armatures nous sèmeront un triste chantier.

    Quand la rouille aura corrodé et de moisi tout recouvert,
    Nos descendants étudieront toutes ces carcasses métalliques.
    À partir des tôles érodés des mécanismes à découvert
    Ils jugeront et maudiront l’usage de ces engins phalliques.

    L’électricité invisible ne pollue point en apparence
    Mais la produire nous demande trop d’efforts envers la planète.
    Demain la dépense nuisible entraîne déjà des carences
    Et la vie devient trop gourmande pour nourrir ses marionnettes.

    Non ce n’est pas derrière chez moi.

  • L’amour flambé de Sainte-Marie

    L’amour flambé de Sainte-Marie

    D’une légère commotion courroucée mais à feu très doux,
    Faites-lui chauffer la colère et le sang lui monte à la tête
    Jusqu’à provoquer l’émotion qui fait dresser ses cheveux roux
    Comme avant l’éruption solaire, le calme précédent la tempête.

    Voyez la peau qui devient blanche en conséquence du traumatisme,
    Les seins saupoudrés de farine et les mamelons frémissants.
    Ce n’est pas tous les jours dimanche et pour pousser le romantisme
    Pétrissez bien fort la poitrine avec gestes concupiscents.

    Il ne reste plus qu’à flamber la partenaire préparée
    À passer à la casserole, bien sautée de tous les côtés.
    De nos conquêtes enjambées, nous nous serons bien égarés
    Dans les fantasmes les plus drôles avec un vin aligoté.

    Sainte-Marie est une flambeuse qui dépense toute sa colère ;
    Quand vient le jour de l’Assomption, elle devient réactionnaire.
    Ce soir sous la Lune gibbeuse, elle aura la teinte lunaire
    Nous en aurons la présomption par ses nombreux coups de tonnerre.

    Tableau d’Eric Pedersen sur https:www.boumbang.comartistepeinture .

  • Sainte-Marie à la peau de fruits rouges

    Sainte-Marie à la peau de fruits rouges

    Peau d’orange et fleur d’oranger dans ses cheveux de mandarine
    Semblaient répéter à l’envi cette nuance voluptueuse.
    Agrume exotique étranger qui m’érotise les narines,
    Fond dans sa bouche comme une envie de ma liqueur spiritueuse.

    Retour aux années soixante-dix et ses couleurs psychédéliques
    Avec ses teintes dominantes sur les papiers-peints de ma chambre.
    Ces belles dames de jadis parfois un brin machiavéliques
    Transmettaient leur contaminante adoration de tous leurs membres.

    Deux petits seins de pamplemousse aux mamelons rouge cerise
    Omniprésents et obsédants sur une musique planante
    Qui se balancent et se trémoussent d’une cadence qui favorise
    Le désir d’un zeste excédent d’une laitance rémanente.

    Sainte-Marie est amarante et rougit de toute façon
    Quand on la prie comme une sainte ou qu’on la prend pour une déesse.
    Elle trouva l’idée trop marrante et s’empourpra comme un poisson
    Après s’être retrouvée enceinte avec une certaine prouesse.

    Tableau de Il Pistrice alias Francesca Protopapa sur https:www.boumbang.comil-pistrice .

  • Belles fleurs – 2

    Belles fleurs - 2

    Tout en couleurs, tout en boutons sont les bouquets que je préfère,
    Juste posés entre les seins comme parure naturelle.
    Aspect velouté et coton que j’embrasse fort et que j’enserre,
    Fleurs cueillies autour du bassin, textures exotiques corporelles.

    Juste une douche de rosée une fois ou plusieurs fois par jour ;
    Compter les gouttes écoulées sur les mamelons turgescents.
    Sur un visage couperosé, afficher un parfum d’amour
    Qui s’évapore encagoulé d’une chevelure rouge sang.

    Juste une touffe de verdure qui souligne son bouton de rose
    Et la femme devient soliflore pour accueillir la fleur du mâle.
    Et pour que la gerbe perdure, il faut que celui qui l’arrose
    Ne la cueille et ne la déflore qu’à l’heure la plus optimale.

    Photo de Mikhail Shestakov sur https:vk.comclub3889576 .

  • Belles fleurs – 1

    Belles fleurs - 1

    La femme ne se frappe pas, ni ne se secoue, ni ne s’agite
    Par, telle un cocktail délicat, respect à sa sacralité.
    Quand mon cœur devant ses appas tremble, chavire et prends du gîte,
    J’y vois là le certificat d’une plante de qualité.

    Quelle fleur s’accorde le mieux avec la forme du visage ;
    Entre l’odeur et la couleur ou la robe en forme évasée ?
    Un toucher subtil, harmonieux, les courbes aux jolis paysages,
    L’enchantement où la douleur restera à jamais déphasée ?

    Coquelicot, la joie de vivre, l’acacia pour son élégance,
    Des fleurs de Lys pour la noblesse, l’angélique pour l’inspiration.
    Des œillets pour la femme libre, une anémone pour la confiance,
    Bleuets pour la délicatesse, camélia pour l’admiration.

    Photo de Mikhail Shestakov sur https:vk.comclub3889576 .

  • Dimanche, jour du poisson

    Après tout, les premiers chrétiens, lors des persécutions romaines,
    Symbole de reconnaissance, portaient le signe du poisson.
    Encore aujourd’hui l’entretien de cette tradition humaine
    Me pousse depuis ma naissance à m’accrocher à l’hameçon.

    J’ai longtemps recherché quel ordre serait le plus spirituel…
    Une carpe pour le silence ? Un saumon à contrecourant ?
    Pourtant je ne puis en démordre ; le poisson rouge naturel
    Est l’élu dont la rutilance au sang est le plus concourant.

    Aussi chrétiens, mes très chers frères, je vous propose d’ôter la croix
    Qui représente la souffrance par un poisson dans son bocal.
    L’eau bénite qui vous est si chère pourra être puisée de surcroît
    Directement en délivrance dans son bathysphère local.

    (Tableaux de Hülya Özdemir sur https:hulyaozdemir.tumblr.compost150724394748take-me-home-where-i-belong
    Poisson – en grec ICHTUS ou IΧΘΥΣ – est l’acronyme de « Jésus Christ Fils de Dieu Sauveur »
    I : Ἰησοῦς ; Iêsoûs : Jésus
    Χ : Χριστoς ; Khristòs : Christ
    Θ : Θεοῦ ; Theoû : de Dieu
    Υ : Υἱoς ; Huiòs : Fils
    Σ : Σωτήρ ; Sôter : Sauveur
    Sources : https:www.ssvp.frtemoignagesle-poisson-symbole-des-chretiens-a-travers-le-monde .)

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • La sirène et son marin

    Acte I
    Du bâtiment d’un jeune marin, s’appropria Dame Sirène
    Tandis qu’il partait pratiquer la pêche à pied dans la lagune.
    Lorsqu’il aperçut son tarin qui dépassait de la carène,
    L’homme se mit à critiquer et à exprimer sa rancune.
    Acte II
    Mais la Sirène a plus d’appas que le marin de hameçons
    Et plus d’attraits dans ses filets que lui d’appâts dans son chalut.
    Et le coup de foudre frappa si fort dans le cœur du garçon
    Qu’ils ont aussitôt enfilé une bague au doigt, fraîche émoulue.
    Acte III
    Les années passent et il s’ennuie de sa Bretagne et sa maison
    Mais la Sirène ne se résout pas à le lâcher tout de suite.
    Il pense à s’enfuir cette nuit ; il faut s’en faire une raison.
    La liberté contre un bisou, c’est de la détention gratuite !
    Épilogue

    Elle a cédé évidemment et l’a suivi au Finistère
    Il est devenu gardien de phare et elle, bien sûr, sonne l’alarme
    Lorsqu’un bateau incidemment risque de s’échouer à terre.
    Finalement, c’est en fanfare que ma chute tombe sous le charme.

    Tableaux de Hanna Silivonchyk.

  • Labyrinthes de désillusions

    Labyrinthes de désillusions

    Chaque jour, quelque chose change dans mon petit appartement.
    Les portes et les murs s’arrondissent et les carreaux sont de guingois.
    Les feux verts passent à l’orange et ralentissent mes mouvements
    Ou bien c’est moi qui rapetisse ou qui divague, l’air pantois.

    Rien ne va plus dans cette époque où les gens marchent sur la tête,
    Changent de genre ou nient leurs sexes selon qui actionne les manettes.
    Les microbes staphylocoques et les virus sont à la fête
    Pour nous inviter sans complexe à devenir des marionnettes.

    Le vingtième siècle avait un sens et le nôtre en possède un autre ;
    L’école m’a préformaté avec des crédos démodés.
    J’évolue depuis ma naissance dans des mirages où je me vautre
    Jusqu’à comprendre qu’on m’a maté dans une cage pas si dorée.

    Tableau de Dino Valls sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201201dino-valls-1959-spanish-surrealist.html .

  • Au pied levé

    Au pied levé

    Au pied levé, rapidement, je jette un œil aux alentours.
    Le monde tourne au ralenti et le soleil est en vacances.
    Mais on nous ment avidement, on prépare à notre retour
    Des resserrements garantis bluffant avec grandiloquence.

    Comment ne pas croire aux complots et leurs tissus qui sont issus
    De tant de mensonges proférés par nos plus grands protagonistes ?
    Gens qui se rencontrent à huis clos pour des ententes préconçues
    À nous traiter de pestiférés dans des conflits antagonistes.

    Les chemtrails et Terre plate, les américains sur la Lune,
    Les attentats dans les infos, les pandémies et les piqûres,
    Les états jouent Ponce Pilate et s’en lavent leurs mains opportunes
    En noyant le vrai et le faux sous une robe en clair-obscur.

    Tableau de Andrey Remnev sur https:haskerj.wordpress.com20170225beautiful-nature-and-remarkable-people-the-art-of-andrey-remnevamp .

  • L’ambassadeur rougissant

    L’ambassadeur rougissant

    Une sirène défroquée ayant perdu sa queue sacrée
    À la suite d’amours douteuses avec un noble au beau parcours,
    Se trouva dès lors révoquée du Club-Neptune consacré
    À déguster la chair goûteuse des capitaines au long cours.

    On nomma un ambassadeur, un poisson commode diplomate
    Pour tâcher de lui expliquer ses devoirs et ses origines.
    Nanti d’un bocal-baladeur – il fallait bien qu’il s’acclimate –
    Il lui pria de rappliquer à la demande de ses frangines.

    Mais la belle garde le bocal emprisonné, au bout du compte,
    Sur une malle dans l’appartement où elle couche avec son prince.
    Confus, gêné dans le local, notre poisson, rouge de honte,
    Tourne le dos obstinément tant qu’on entend ses dents qui grincent.

    Tableau d’Olga Tuleninova.

  • Le Grand Prince du Danemark

    Le Grand Prince du Danemark

    Tout à l’envers chez ce Monarque, un Petit Prince devenu grand.
    Non pas le jeune héros illustre du conte de Saint-Exupéry
    Mais le Prince du Danemark connu pour ses penchants flagrants
    Notamment les milieux lacustres et les poissons de Sibérie.

    Le vendredi évidemment domine toute la semaine
    Par son marché à la criée et ses célèbres poissonnières.
    Il en est une, pertinemment, véritable prouesse humaine,
    Qui livre sa pêche triée selon sa taille chaponnière.

    À chaque fois, on agrandit, on taille portes et fenêtres
    Pour faire passer le léviathan frais pêché du lac Baïkal.
    Dans son habit en organdi, le Prince, il faut le reconnaître,
    Lui accomplit un épatant saut périlleux bien amical.

    Tableau de Handrej Dugin.

  • Rousse floue

    Rousse floue

    La Terre projette son ombre, ainsi la Lune devient rousse ;
    Un phénomène naturel du masculin au féminin.
    Les illusions dans la pénombre s’amusent à nous donner la frousse
    Par des effets surnaturels des rêves fous aux plus bénins.

    L’homme projette ses désirs, ainsi la femme devient floue ;
    Elle acquiert la propriété d’une beauté au bon vouloir ;
    À la fois l’objet de plaisir derrière son masque de loup
    Et l’être en copropriété qui sait partager le pouvoir.

    Dieu a fait naître Adam myope afin que son épouse trouble
    Vienne lui causer des soucis par un excès de connaissance.
    Ève n’est donc ni une salope ni une perfide agent double.
    Tout ça sent un peu le roussi noirci par un python d’essence !

    Photo de Mikhail Shestakov sur https:vk.comclub3889576 .

  • Doucher la rose

    Se doucher avec une fleur pour ressentir la pluie qui tombe
    Sur les pétales doucement et sur la peau également.
    Sentir le duvet qui effleure les parties intimes qui se bombent
    Une fois à rebroussement, une fois par égarement.

    Devenir rose aux deux boutons épanouis et turgescents,
    Attoucher le pistil sacré, les doigts fins comme étamines,
    Une femme-fleur aux tétons enfants ou bien adulescents
    Où tout autre âge consacré à sécréter sa dopamine.

    Photos de Mikhail Shestakov sur https:vk.comclub3889576 .

  • Sombrero !

    Sombrero !

    En attendant le sombre héros qui va la sortir de son trou,
    Mademoiselle Capucine se sent comme folle à lier.
    Elle ressent, sous le sombrero monter d’un étrange courroux,
    L’impression de prendre racine en espérant son cavalier.

    Déjà le vingtième printemps, toujours personne à l’horizon.
    L’ombrelle se garnit de fustets, de lierre et rosier défloré.
    Finalement pour ses vingt ans, elle connaîtra la floraison
    Par un noble de haute futaie, prince des chênes des forêts.

    Tiens ! Voici le Prince Charmant de la dynastie des Chênaie
    Qui s’achemine en marcottant et poussant de ses radicelles.
    Galant, il brandit un sarment de fleurs de lys et de genêts
    Qu’il agite en tournicotant devant la frêle jouvencelle.

    Madame Capucine attend son mille-et-unième arbrisseau
    Dont elle a enfanté le gland durant la dernière saison.
    Monsieur le Chêne, le cœur battant de l’eau dont on fait les ruisseaux,
    Lève la tête au vent cinglant et fait de l’ombre à l’horizon. »

    Tableau de Steven Kenney.

  • À l’encre de tes lèvres

    Rouge baiser couleur cerise ou rose-sang d’où proviens-tu ?
    Du fond d’un cœur de jalousie qui demande à mordre à souhait.
    Celui dont son âme est éprise et dont son corps, t’en souviens-tu,
    Est marqué avec frénésie de vos ébats désavoués.

    Gare à ses lèvres écarlates qui ont goûté à ta liqueur
    Et qui ont bu jusqu’à la lie le calice de ton amour !
    Et gare à ses dents scélérates qui vont se planter dans ton cœur
    Se rassemblant pour l’hallali dès la fin du compte à rebours !

    Tableaux de Beth Conklin.

  • Interférences optiques

    Interférences optiques

    Entre les lignes comme un store que j’écarte pour voir à travers,
    Entre les mots chromatisés par une rémanence hypnotique,
    Entre les pages dont le score affiche l’âge de l’Univers,
    Entre les lettres stigmatisées par leur message prophétique.

    À chaque fois que j’ouvre un livre, j’en entrouvre aussi la frontière
    D’une mémoire partagée entre innombrables créateurs.
    J’apporte ce que mon cœur délivre, j’en récolte toute la matière
    Je n’ suis plus simple passager mais l’un des membres procréateurs.

    Partir ou non à l’aventure, partir ou non à la rencontre,
    Tout dépend de ses dimensions, longueur, profondeur et hauteur.
    L’œil attiré par la lecture évite d’aller à l’encontre
    Mais plutôt percer l’intention que m’envoie le cœur de l’auteur.

    Tableau de Beth Conklin.

  • Jusqu’ici tout va bien !

    La chatte perchée, haut là là, entre deux p’tits péchés sucrés,
    Quand la vie ne tient qu’à un fil je n’ai pas honte d’en abuser !
    Mon petit minou, troulala, ne comprend rien au feu sacré
    Du Beaujolais que je m’enfile à voir son air désabusé.

    Mais le lundi, jour de lessive, il faut attendre que ça sèche
    Et comme je n’ai rien à me mettre, je bois un vin aligoté
    Le mardi, je suis dépressive alors je mange et je pourlèche
    Sur mon fil assise sans maître avec la chatte ligotée.

    Mercredi je vais à la plage braver les tabous de la loi
    Mais les chiens policiers surveillent tous les écarts de ma conduite.
    Tant pis ! Je retourne au village vers un abri de bon aloi
    Où j’avale le jus de la treille et trois gâteaux qui m’ont séduite.

    Déjà dimanche, le temps excelle et mon maillot a rétréci ;
    Trop de lavages ont resserrés la taille, les fesses et les bonnets !
    Demain je m’habille en XL d’une couleur que j’apprécie ;
    Bordeaux ou rosé macéré d’un vin de pays Bourbonnais.

    Illustrations de Ronald West.

  • De la fougue et de la retenue

    De la fougue et de la retenue

    Qu’est-ce qui fait courir la centaure à toute berzingue et au galop
    Et qu’est-ce qui lui retient sa fougue sinon un singe facétieux ?
    Peut-être bien le Minotaure qui l’attire en son bungalow
    Après avoir subi le joug d’un labyrinthe pernicieux !

    D’accord pour l’élan amoureux ; tous deux sont mi-homme, mi-bête
    Et vont sans doute réussir à pondre une chimère inédite.
    Ou bien un monstre savoureux ce qui explique, sans queue ni tête,
    L’ange qui préfère raccourcir une procréation maudite.

    Mais le singe est un mariole et le centaure, caractériel ;
    L’un use de plaisanteries, l’autre n’a pas le sens de l’humour.
    Moralité, la gaudriole n’est pas un acte sensoriel
    Qui réduira l’effronterie sauf si produite avec amour.

    Tableau de Steven Kenny sur https:www.kaifineart.comstevenkenny?m=1 .

  • Malice se réveille

    Malice au pays se réveille sans lapin blanc et sans surprise
    Sauf celle d’un essaim d’oiseaux égarés, sans doute en retard.
    Du coin de l’œil, elle surveille ces nuées d’ailes incomprises
    Car elles perturbent son réseau – trouble qui la met en pétard !

    « Au nom des ondes telluriques et des énergies magnétiques
    Réalignez-vous, volatiles, à mon panache chromatique ! »
    Et sous la force colérique, dardée par deux bras ascétiques,
    On vit l’escadrille imbécile retrouver le nord noétique.

    Tableaux de Beth Conklin.

  • L’hommage papillon

    L’hommage papillon

    Dans la famille des Sylphides, après une enfance anonyme,
    À la fin de la puberté, sonne le temps de la nymphose ;
    Chacun sort de sa chrysalide et tous se regroupent unanimes,
    Puis s’envolent vers la liberté pour fêter leur métamorphose

    Pour rendre hommage aux papillons, les fées se mettent à danser
    Imitant leurs battements d’ailes de leurs chevelures dorées.
    Et tournent, tournent en tourbillons leurs jolis corps nus élancés
    Qui renvoient comme une chandelle leurs fluides au fond de la forêt.

    Et l’effet papillon produit par le fait des lépidoptères,
    Un égrégore Dieu des vents qui ondule en forme de huit.
    Ce sera tout pour aujourd’hui car demain autour de la Terre
    Les nuées au soleil levant transmettront la bourrasque induite.

    Tableau de Steven Kenny sur https:www.kaifineart.comstevenkenny?m=1 .

  • Reflet d’espoir

    Reflet d’espoir

    Mon beau miroir qui me renvoie, après avoir bien réfléchi,
    Mon joli teint suivant son tain et qui m’efface mes points noirs,
    N’est pas menteur – puisque sans voix – ni imitateur défraîchi ;
    Juste un ami de bon matin qui m’accompagne jusqu’au soir.

    Il ne retourne que des reflets de l’air du temps purifié ;
    Il ne réverbère que vertu cachée dans les ombres moroses.
    S’il vous reproduit un pamphlet, bien fou qui pourrait s’y fier
    Car il s’applique, il s’évertue à vous faire voir la vie en rose.

    Comme un ami qui ne dit rien mais qui me suit fidèlement,
    Jamais ne me contredira ni trahira mes émotions.
    Ô que ne sois-tu ivoirien, mais doté individuellement
    De parole qui me prédira mon avenir sans inversion !

    Photo de Cecil Beaton.

  • Grande fille

    Finie l’heure des enfantillages, désormais elle est amoureuse.
    Mais pour de vrai évidemment, les précédents ne comptent pas.
    Tous ses efforts en maquillage et toutes ses pauses langoureuses
    Ont ferré concomitamment quelques jeunes coqs de combat.

    Se faire belle est une science aussi précise que primordiale
    Et mettre son corps en valeur, le meilleur signe de richesse.
    Sans doute qu’un peu d’insouciance favorise l’entente cordiale…
    Moins qu’un petit haut enjôleur et une jupe ras-les-fesses !

    Un dernier coup d’œil au miroir. Chercher le détail outrageux
    Qui sera l’avertissement de l’appas le plus désarmant.
    Soudain elle retire d’un tiroir un string bien plus avantageux
    Le meilleur l’investissement pour pécho le prince charmant.

    Tableaux d’Igor Medvedev sur http:touchofcolorr.blogspot.com201511igor-medvedev.html .

  • Petite fille

    Avec le chat comme complice qui jamais ne la trahira,
    Elle a volé quelques affaires dans la penderie de maman.
    Être petite, quel supplice ! Mais rien ne la contrariera
    À aiguiser son savoir-faire à grandir prématurément.

    Sous la direction des poupées, elle continue ses essayages :
    Robe de dentelles transparente, suggestive voire polissonne ?
    Les cheveux ? Faut-il les couper ? Peut-être un peu de maquillage
    Pour que sa frimousse s’apparente à celle d’une grande personne.

    Le minet désapprobateur fait mine de se désintéresser
    Aux derniers échos de la mode du petit mannequin en herbe.
    Mais faute d’autre admirateur et s’il veut être caressé
    Il faudra qu’il s’en accommode et miaule en la trouvant superbe.

    Tableaux d’Igor Medvedev sur http:touchofcolorr.blogspot.com201511igor-medvedev.html .

  • Ce qu’on nous cache- 2

    Ce qu’on nous cache- 2

    Tout ce qu’on cache par pudeur et qu’on enterre à contrecœur
    Finira-t-il par se savoir quand le moment sera venu ?
    Quand se dégagera la lourdeur des bourrages de crânes moqueurs,
    Nos maîtres auront-ils le devoir de se confesser sans retenue ?

    Mais l’arbre cache la forêt et derrière chaque problème
    Se cachent les bénéficiaires car le malheur rapporte gros.
    Si la planète déflorée provoque en nous tant de dilemmes,
    Elle est la manne nourricière des profiteurs et des escrocs.

    Mais pour comprendre la structure de sept milliard d’individus,
    Il faudrait un cerveau géant presque aussi grand que l’univers.
    Et dans ce bouillon de culture où tout le monde est confondu
    Il faudrait, le cas échéant, recommencer tout à l’envers.

    Tableau d’Andrey Remnev sur https:haskerj.wordpress.com20170225beautiful-nature-and-remarkable-people-the-art-of-andrey-remnevamp .

  • Ce qu’on nous cache- 1

    Ce qu’on nous cache- 1

    Enfoncé dans le Saint des Saints, profondément entre les seins,
    L’information la plus cruciale n’est expliquée qu’aux initiés.
    Quel est le pouvoir des vaccins ? Sont-ils puissants ou bien succincts
    Pourquoi la protection sociale a-t-elle autant de policiers ?

    Les politiciens devenus plus forts que les scientifiques,
    Les journalistes chloroformés sous des chiffres soporifiques,
    Les vaches maigres revenues du réchauffement climatique
    Et les cervelles déformées par le matraquage médiatique.

    Moi, j’ai planté dans mon jardin quelques graines d’intelligence
    Que j’oriente à la lumière et que j’arrose au quotidien.
    J’enlève les faits anodins qui ne demandent pas d’urgence
    Et si la vérité première donne ses fruits, je verrai bien.

    Tableau d’Andrey Remnev sur https:haskerj.wordpress.com20170225beautiful-nature-and-remarkable-people-the-art-of-andrey-remnevamp .