Catégorie : 2022

  • Tiroirs à idées – 2

    Je classe depuis ma naissance les souvenirs dans ma mémoire
    Comme un Ego-ordinateur qui accumule ses fichiers.
    Je crois augmenter ma puissance en personnifiant une armoire
    Mais ce « moi » coordinateur devient bientôt nul à chier.

    Plein de choses ne rentrent pas dans les cadres que j’imagine ;
    Les images sont déformées à force de les consulter.
    Des trous apparaissent pas à pas et ma cervelle s’invagine
    Dans les replis désinformés du chaos qui en a résulté.

    Plus jamais vivre comme avant mais comme un voyageur du temps
    Qui garde toute sa confiance envers ce que le vent apporte !
    J’ai mis derrière un paravent tout ce qui n’est pas important ;
    J’y laisse toute ma méfiance et puis j’en referme la porte.

    Tableaux de Vladimir Dunjic sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201105vladimir-dunjic-serbia.html .

  • Tiroirs à idées – 1

    L’homme est à gauche, la femme à droite ; la vie agit comme un miroir.
    Le reflet couplé à l’image engendre tout son avenir.
    Une réminiscence adroite organisée dans des tiroirs
    Donne une mémoire à étages, plutôt commode à souvenirs.

    Mais plus je range dans ma commode, plus les tiroirs deviennent grands
    Ou à l’inverse trop petits pour classer toute ma famille.
    Et les siècles changeant de modes, le désordre en devient flagrant ;
    J’y perds le goût et l’appétit dans tout ce réseau de ramilles.

    Mon arbre généalogique commence avec mes deux parents,
    Se scinde en quatre grands-parents, puis huit, seize… une infinité.
    Si je continue la logique des enfantements récurrents,
    J’obtiendrai un nombre effarant supérieur à l’humanité.

    Tableaux de Vladimir Dunjic sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201105vladimir-dunjic-serbia.html .

  • Coupons la poire en deux (ou même en trois)

    Coupons la poire en deux (ou même en trois)

    Coupons la poire en deux ou trois et transformons la pénurie
    En nouvelles opportunités pour redécouvrir notre vie !
    Nos ministres à l’esprit étroit, tous droits sortis de l’écurie
    Qui forme leur impunité sont bizarrement du même avis :

    Le chauffage à dix-neuf degrés, des chandails et des cols roulés ;
    Des automobiles électriques et des compteurs automatiques !
    Les étrangers, bon gré mal gré, pourront rester encagoulés
    Dans les bleds anthropométriques des coins perdus fantomatiques !

    Mais si l’hiver est tempéré, le seuil sera-t-il majoré ?
    Et comment faire dans les bouchons pour recharger son véhicule ?
    Si les villages sont transférés aux immigrants incorporés,
    Feront-ils brûler le torchon avec leurs burqas ridicules ?

    Tableau de Jose Roosevelt sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201108jose-roosevelt-rio-de-janeiro.html?m=1 .

  • Le retour de « Qui-vous-savez »

    Le retour de « Qui-vous-savez »

    Toutes les doses inséminées – soi-disant pour éradiquer –
    M’ont complètement chamboulée comme pièces d’un puzzle éparpillées.
    Des particules disséminées et leurs effets contre indiqués
    Ont causé des roulés-boulés entre mes yeux écarquillés.

    « Qui-vous-savez » est de retour et revient nous brouiller les cartes
    En nous enchevêtrant la droite et la gauche réciproquement.
    Il veille et nous guette au détour de chaque chemin qui s’écarte
    De notre intuition maladroite qui se perd équivoquement.

    Grippe et angines confondues alimenteront les compteurs
    Avec infarctus et tumeurs vers ce mal discriminateur.
    À tous les patients morfondus, le même message bonimenteur :
    « Plus virulent que moi, tu meurs ; je suis l’ange exterminateur ! »

    Tableau de Walter Molino.

  • Sirène d’Halloween – 2

    Marins, pêcheurs et capitaines, fermez hublots et écoutilles
    Car les sirènes vont passer pour vous dérober les bonbons !
    Et les baleines croque-mitaines rassemblent toute une flottille
    Qui s’apprête à vous fracasser avec les requins furibonds !

    Quand les sirènes sont parties, pendant ce temps, en profondeur,
    Les pieuvres se mettent à chanter avec tous les monstres en chœur.
    Les poissons, en contrepartie, et les espadons pourfendeurs
    Plombent cette nuit enchantée en un immense crève-cœur.

    Illustrations de Vladimir Stankovic.

  • Sirène d’Halloween – 1

    Ce n’est pas encore Halloween mais on s’agite dans les abysses !
    Les poissons-squelettes secouent leurs arêtes comme des maracas ;
    Ça chuchote et ça baragouine dans les épaves où se blottissent
    Les requins-marteaux casse-cous, les cétacés et les rascasses.

    Bien sûr les sirènes participent à l’effervescence marine
    Et se refont une laideur pour mieux effrayer leurs victimes
    Tandis qu’une odeur se dissipe dans les eaux troubles où marinent
    Les coquillages dont la raideur pique l’ambiance maritime.

    Illustrations de Vladimir Stankovic.

  • Le chat sur une souris brûlante

    Le chat sur une souris brûlante

    Maître Chat, sur sa femme perché, lançait des griffes acérées
    À tous les passants qu’ils croisaient, surtout aux regards persistants.
    Elle, à la beauté recherchée, offrait son corps nu macéré
    Dans un bain de roses embrasées d’une eau de parfum excitant.

    Lorsque la souris silencieuse repère la proie de son choix,
    Les mamelons exorbités sur la victime intéressante,
    La chatte devient malicieuse envers la prise qui lui échoit
    Et gobe en toute improbité la verge offerte et turgescente.

    Maîtresse Chatte, bien goulue, rentre chez elle, apaisée ;
    La nuit s’est montrée bien propice à ses appétits insatiables.
    Le matou, s’il avait voulu, aurait aussi pu la baiser
    Mais il avait une chaude-pisse qui lui était préjudiciable.

    Tableau de Valery & Olga Budanov.

  • Lune en l’eau, Lune hors l’eau

    Lune en l’eau, Lune hors l’eau, je t’aime et je tâtonne entre deux eaux
    Pour t’adorer dans tes reflets ou t’admirer au firmament,
    Ou voir trembloter ton diadème sur les rides entre les roseaux,
    Ou bien m’amuser à siffler selon l’heur de ton chatoiement.

    Lune pleine ou Lune première, Lune nouvelle, Lune dernière,
    J’aime tes phases au fil des jours et ta course à travers le ciel.
    Et quand je perçois ta lumière au cours des soirées printanières,
    Mes nuits resteront pour toujours peuplées de rêves substantiels.

    Tableaux de Tomek Sętowski.

  • Dans sa cage

    Dans sa cage

    Enracinée dans sa famille telle une prison d’affection,
    Elle s’ennuie et paraît triste mais reste attachée à son sort.
    Et chaque année une ramille l’entoure avec des connexions
    De plus en plus ethnocentristes et la cage poursuit son essor.

    Alors quand vient l’adolescence, souvent son corps s’y est moulé
    Et prend la forme qu’on voulait lui voir prendre avec restrictions.
    Elle entre en dégénérescence et peut-être être chamboulée
    Lorsque la cage qui l’enroulait s’écroule avec ses convictions.

    Mais parfois elle casse la cage avec force et pugnacité,
    Résiste à son pré-formatage et vole de ses propres ailes.
    Elle y a trouvé son courage, sa confiance, sa ténacité
    Et à la fin du dépotage, elle ne ressemble à rien d’autre qu’elle.

    Tableau de Maiko Fujiwara.

  • Ma vie en ailé-faon

    Dans mes souvenirs de l’enfance déformés d’y avoir trop pensé,
    J’étais sans doute un ailé-faon à défaut d’être cerf-volant
    Car je me revois sans défense fuyant afin de compenser
    La peur qu’aurait un éléphant devant un rat mirobolant.

    Mais grâce aux ailes de papillons – puisque la peur donne des ailes –
    J’ai su échapper au malheur d’avoir perdu mon cœur d’enfant.
    Hélas, le joyeux carillon de mon réveil fait trop de zèle
    Et je me réveille en chaleur, tout en sueur, mais triomphant.

    Tableaux de Catrin Welz-Stein.

  • Patchwork

    Patchwork

    À chaque jour suffit sa peine et, chaque jour, je raccommode.
    Je reprise un peu mes douleurs, je rapièce mes trous de mémoire.
    J’en compte déjà des centaines dont ceux à la dernière mode
    Qui prennent aussitôt la couleur de mes vacuités les plus noires.

    J’assemble mon tableau d’honneur en point de croix au fil des jours
    Et j’y recouds tous les morceaux que je récupère au hasard.
    J’y noue pleins de petits bonheurs collectionnés dans mon séjour
    Et plus ils sont paradoxaux, plus ils s’apparentent aux beaux-arts.

    Mon patchwork jamais terminé grandit au fur et à mesure
    Et plus j’oublie d’événements et plus je double son maillage.
    Mais il n’est pas déterminé à résister contre l’usure ;
    Il se dissoudra sainement dans l’écume de mon grand voyage.

    Tableau de Dino Valls sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201201dino-valls-1959-spanish-surrealist.html .

  • La zébrarazion

    L’homme est un zèbre solitaire qui se déplace toujours en bande.
    Rayé de noir ? Rayé de blanc ? On ne sait pas exactement.
    Lors des ruées prioritaires, ils se livrent à des sarabandes
    Et courent en se rassemblant à l’appel des accouplements.

    Quand l’homme a rayé de l’amour la femme au cœur plein de rayures,
    Celle-ci se confie aux oiseaux qui se nourrissent de ses pleurs.
    Il était parti quelques jours, avait dit « à la revoyure ! »
    Car il aime l’air dans les naseaux et galoper parmi les fleurs.

    Tableaux de Sophie Wilkins sur https:m.vingle.netposts1297430 .

  • La vie, la mort et le reste

    La vie, la mort et le reste

    Avant la mort, il y a la vie, après la mort, on ne sait pas ;
    Après la vie, il y a la mort, avant la vie, on n’en sait rien !
    On n’est pas tous du même avis de la naissance jusqu’au trépas
    Mais on a toujours des remords quand on dit adieu aux terriens.

    Avant de naître qu’ai-je à connaître de ma propre aventure humaine ?
    Après ma mort, qui commémore les souvenirs de mon vivant ?
    J’aimerais ouvrir une fenêtre sur cette mort qui nous emmène
    Dans cet univers d’oxymore d’occis-morts et de morts-vivants.

    L’arbre des réincarnations, s’il existait, me montrerait
    De mes racines précédentes, toutes mes branches d’avenir.
    J’y verrais les émanations de mon âme qui peuplerait
    Mes existences transcendantes et mes plus mortels souvenirs.

    Tableau de Gustav Klimt sur https:dantebea.comcategorypeintures-dessinsgustav-klimt .

  • La floraison de l’âme

    Le jour où les prolongations de mon système sortiront
    Par tous les pores de mon corps pour s’élever vers l’au-delà,
    Sans doute, ces élongations vers les étoiles aboutiront
    Jusqu’à créer un égrégore qui formera un mandala.

    Alors je serai attirée par toutes mes familles d’âmes
    Qui formeront une couronne pareille à l’auréole d’ange.
    Nue de mon corps, je vous dirai « au revoir messieurs et mesdames ;
    Mon esprit quitte mes neurones et mon cœur n’y perd pas au change ! »

    Tableaux d’Agostino Arrivabene sur https:shewalkssoftly.com20140719agostino-arrivabene .

  • Rêves des nuits d’un été passé

    Rêves des nuits d’un été passé

    Pendant les jours caniculaires, on guettait le soleil couchant
    Qui s’é-é-étirait si longuement qu’on pensait le temps élastique.
    Le thermomètre patibulaire aux degrés si effarouchant
    Donnait impitoyablement ses températures sarcastiques.

    Quand enfin la fraîcheur nocturne, trop courte, remplaçait l’azur,
    Compter les étoiles filantes rimait avec conter fleurette.
    Après la journée taciturne d’une chaleur en démesure
    Et sous la Lune jubilante, on se nourrissait d’amourettes

    Les peaux satinées du halo disparaissaient parmi les ombres
    Et les baisers à cache-cache qui nous maintenaient en éveil.
    On regagnait le bungalow en se tâtant dans la pénombre
    En espérant que l’aube vache n’aurait pas ouï son réveil.

    Tableau de Jiri Trnka.

  • À l’écoute du thé

    À l’écoute du thé

    Par l’enveloppe cachetée et postée à l’heure du thé,
    Je suis à l’écoute du monde grâce aux feuilles éparpillées,
    Collectées, parfois tachetées d’épreuves et d’adversités
    Comme il arrive chaque seconde de chaque minute gaspillée.

    L’heure du thé vert, à l’envers ; l’heure du thé noir, à l’endroit ;
    Tout dépend du type de mouture, son origine et sa saison.
    Quand le thé passe de travers, je plains ce planteur maladroit
    Qui s’est soit trompé de bouture, soit s’est planté de floraison.

    Allô, allô, thé à la menthe ? Non, ici c’est thé au jasmin !
    Les routes du thé se mélangent dans des arômes interférents.
    Parlez-moi de thé, belle amante ? Permettez-moi d’un baisemain
    Respirer ce thé à l’orange aux récits si désaltérants.

    Tableau de Hanna Silivonchyk.

  • Angelettes, chouettes et paonnettes

    Sans doute, la mythologie et ses chimères fantastiques
    Est le fruit d’amours interdites avec des anges dépravés.
    Ève, surprise dans son logis par un démon-ailé drastique,
    Aurait enfanté d’inédites créatures aux ailes excavées.

    Des angelettes aux grandes ailes pareilles aux plus grands des archanges,
    Des femmes-chouettes ou femmes-ducs semblables aux rapaces nocturnes,
    Des paonnettes qui font avec zèle la roue pour attirer les anges
    Qui renouvellent les œils caducs de leurs longues plumes taciturnes.

    Elles sont aux royaumes des airs ce que la sirène est à la mer ;
    Déesses fantasmagoriques recherchées par des hommes avides.
    Elles survolent les déserts, les océans, les monts amers
    En personnages allégoriques mais dont le cœur reste impavide.

    Tableaux de Chie Yoshii sur https:www.chieyoshii.com .

  • Capricornettes

    Que sait-on des capricornettes qui vivent au fin fond des forêts ?
    Peu de choses en réalité, elles se cachent pour vivre heureuses.
    On entend beaucoup de sornettes à propos d’Ève déflorée
    Par un Dieu Pan, tout excité par sa vénusté savoureuse.

    Ainsi seraient nées des chimères au corps de femme immaculée
    Avec des bois de cervidé sur le crâne comme défenses.
    À leur tour, elles furent mères et enfantèrent, miraculées,
    Des filles dont l’hominidé change et évolue dès l’enfance.

    J’en ai aperçues dans les bois qui traversaient imprudemment ;
    Belles femmes nues qui couraient de leurs jeunes cornes nubiles
    Pareilles à des biches aux abois à la recherche impudemment
    De beaux jeunes cerfs qui pourraient saillir leurs croupes volubiles.

    Tableaux de Chie Yoshii sur https:www.chieyoshii.com .

  • Les seins m’en tombent !

    Les seins m’en tombent !

    Ce monde plein d’absurdités m’affole de la tête aux pieds
    Et sa pression gonfle mes seins qui, du décolleté, déboulent !
    Dominés par la gravité, ils débordent ainsi qu’il leur sied
    Mais je pense que c’est à dessein qu’on souhaite me rendre maboule.

    Depuis que le gouvernement prend des mesures arbitraires
    Envers nos droits et notre argent, j’en ressens l’insécurité.
    Or il nous traite non seulement de gogos et de vaches à traire
    Mais la majorité des gens plébiscitent sa précarité.

    Demain j’enlèverai le bas si l’état accroit son ampleur
    À favoriser les bonnets au dépit des poitrines tristes.
    J’ai déjà ôté tous mes bas, mes strings et mes culottes à fleurs
    Et s’il me prend pour un benêt, j’adhère au parti naturiste.

    Tableau de Pascal Blanché.

  • L’invitation pour l’infini

    L’invitation pour l’infini

    On nous projette l’avenir vers une éternelle croissance
    Et on nous engage à voter pour y accéder tous ensemble.
    Il n’en reste que le souvenir d’une lointaine évanescence
    Quand le miroir a pivoté sur le malheur qui nous rassemble.

    La politique est l’illusion de la peur de la pénurie ;
    Elle nous a promis l’abondance en travaillant jusqu’aux-boutistes.
    N’ayons aucune désillusion ; on nous prend pour des ahuris
    Et quand nous voyons l’évidence, on nous prend pour des complotistes.

    Hélas, les médias multiplient les mêmes infos tous les jours
    Jusqu’à en imprimer la marque dans les cerveaux mous et passifs
    Qui à leur tour démultiplient la même intox qui en retour
    Paie son tribu au Grand Monarque et ses grands projets offensifs.

    Tableau de Marc Anckaert.

  • Un chat pour la sirène

    Un chat pour la sirène

    Un chat, queue en colimaçon, avec une femme poisson.
    Vous pourriez croire qu’il va l’aimer jusqu’à devenir affamé
    De sa chair tendre, sa peau soyeuse, de sa jolie queue écailleuse
    Et ses petits seins potelés avec un nuage de lait.

    Pourtant ils vont si bien ensemble qu’à la fin tous deux se ressemblent.
    Leurs queues se bouclent d’amplitudes animées en similitude ;
    Deux œils-de-chat luminescents et deux mamelons turgescents ;
    Cheveux et poils de même ton, en dépit du qu’en-dira-t-on.

    Auront-ils un jour des enfants ? Des poissons-scies, des poissons-chats ?
    Ressembleront-ils à leur père, auront-ils la queue de leur mère ?
    Nous le saurons en temps utile ; de toute façon, c’est inutile
    De faire toutes suppositions, commentaires et propositions.

    Tableau de Hanna Silivonchyk.

  • N’importe quoi de sirène !

    N’importe quoi de sirène !

    N’importe quoi le vendredi pourvu qu’ ça change avant lundi !
    Une sirène qui pond ses œufs fécondés par un matelot ;
    Un capitaine sans contredit qui nous enlève sa Milady
    Et qui fait parler les taiseux en l’honorant au fil de l’eau.

    N’importe quoi, toujours encore, le samedi et le dimanche !
    La sirène a vu l’éclosion de ses poussins en queue de poisson ;
    Le capitaine en justaucorps et son épouse en robe sans manches
    Après une longue explosion de rires sont épris de boisson.

    N’importe quoi toute la nuit avant le lever du soleil !
    Tous les quarts d’heures de folie ont-ils été tous accomplis ?
    Déjà la sirène s’ennuie, sa progéniture a sommeil ;
    Le capitaine s’est assoupi le ventre, d’émotions, bien rempli.

    Tableau de Hanna Silivonchyk.

  • La position de l’accordéoniste

    La position de l’accordéoniste

    S’il y a péril en la demeure, en position du missionnaire,
    Il faut parfois chercher crûment d’autres positions amoureuses.
    La musique adoucit les mœurs et corse les préliminaires
    Par le travail de l’instrument et son adresse vigoureuse.

    Allongée nue sur le divan pour lui offrir l’inspiration,
    La femme de l’accordéoniste n’est plus une sainte nitouche.
    Par l’enthousiasme motivant, en totale concentration,
    Les doigts fébriles opportunistes ne caressent pas que les touches.

    Après une coupe de champagne, elle s’adonne à son fantasme
    Et se met à cavalcader en offrant ses fesses tendues.
    Et bientôt elle l’accompagne par le doux chant de son orgasme
    Sur un rythme assez saccadé, allegretto, bien entendu.

    Tableau de Carlos Nine.

  • La belle endormie

    Pendant qu’elle a dormi cent ans, combien de rêves a-t-elle connus ?
    Son âme s’est-elle émerveillée dans des rêveries vagabondes ?
    N’étant pas morte – cela s’entend – a-t-elle traversé l’inconnu
    Entre la conscience éveillée et l’inconscient d’un autre monde ?

    Sans doute Alice l’a rencontrée de l’autre côté du miroir ;
    Ulysse l’a peut-être croisée durant sa célèbre Odyssée ;
    Perrault l’aurait-il démontrée, puis oubliée dans un tiroir ?
    Il est grand temps d’apprivoiser cette question fort épicée…

    D’une respiration apaisée, à cœur perdu, désabusée,
    Elle dormait nue apparemment bercée de songes romantiques.
    Il l’a réveillée d’un baiser ; elle ouvrit les yeux, amusée
    Et aurait dit : « Mon bel amant, je faisais un rêve érotique ! »

    Tableau de Gustav Klimt.

  • Regards obliques

    Regards obliques

    Dans le paysage ordinaire chacun voit midi à sa porte
    Et est attiré par l’envie qui le mène par le bout du cœur.
    Il n’y a là rien d’extraordinaire et tout le monde s’y comporte
    À la manière dont la vie l’a construit vaincu ou vainqueur.

    Bien sûr il y a des hypocrites qui approuvent votre vision
    Tout en visant un objectif qui n’est pas à l’ordre du jour.
    Mais si la confiance est proscrite, tout demande alors révision
    Et tous les avis subjectifs ne sont que détours et contours.

    L’homme et la femme regardent ailleurs, c’est la vision complémentaire ;
    Riches et pauvres ne se voient pas, ils n’ont jamais rien vu ensemble ;
    L’un voit par l’œil du travailleur, l’autre par l’œil parlementaire ;
    L’un par l’équerre et le compas et d’autres par ce qui les rassemble.

    Photo de Robert Doisneau.

  • Éternel printemps

    Éternel printemps

    « Donnez-moi l’éternel printemps dans une corne d’abondance,
    Donnez-moi toutes les semences et toutes les eaux de la Terre,
    Donnez-moi un corps de vingt ans et une longue descendance,
    Afin que durent les romances de mes amours alimentaires ! »

    « Donnez à ma Terre ingénue toute la lumière enchantée,
    Donnez à ma Terre nubile mille graines dans son bassin,
    Ouvrez les portes de l’inconnu à celle qui va enfanter
    Autant de bouches volubiles qu’elle nourrira de son sein ! »

    Ainsi la Divine Nature implora les dieux créateurs
    Afin qu’ils tirent du néant, le temps, l’espace et la matière.
    Puis elle devint créature humaine au sein procréateur
    Qui accoucha dans l’océan de la planète tout entière.

    Tableau de Galileo Chini.

  • Le désir Vert

    Le désir Vert

    J’ai perçu le désir du Vert que l’Univers m’avait planté
    Profondément au fond du cœur comme une ultime sauvegarde.
    Ce don lentement s’est ouvert quand la Nature fut supplantée
    Par la bêtise et la rancœur que l’homme a semées par mégarde.

    Un sixième sens naturel a réveillé mes autres sens
    Qui se sont mis à écouter, voir, goûter, toucher et sentir
    Tout l’environnement culturel chargé de rayons et d’essences,
    Toutes ces saveurs égouttées que le vent me fait pressentir.

    Je vous transmets ces quelques vers qui agiront comme bouture
    Dans le cœur de celles et ceux qui se perçoivent volontaires.
    Si vous sentez l’appel du Vert et en respirez sa mouture
    Alors estimez-vous chanceux d’être les enfants de la Terre.

    Tableau « Dora Maar 1937 » de Pablo Picasso.

  • Les femmes-serpents

    Le serpent, animal rusé, – et séduisant probablement –
    A dû se montrer convainquant pour tromper la première femme.
    Dommage qu’il fut accusé par Dieu irrémédiablement
    Condamné comme un délinquant à ramper dans un corps infâme.

    Tâchons de nous imaginer son apparence féerique ;
    Et s’il était l’équivalence de l’homme face à sa compagne,
    Il devait donc avoisiner la beauté fantasmagorique
    D’une divine ressemblance envers une Vénus de cocagne.

    Le serpent, Lilith, Lucifer, combien d’autres beautés cachées
    Se sont-elles aussi rebellées envers leur père créateur ?
    Combien d’êtres luminifères ont ainsi l’histoire entachée
    Par leur ambition querellée avec un Dieu imprécateur ?

    Je les rencontre dans mes rêves et les plus extraordinaires.
    Je côtoie des femmes-serpents aux corps oblongs et lumineux.
    Mais les occurrences trop brèves de ces contacts préliminaires
    Me laissent toujours en suspens de mes fantasmes libidineux.

    Tableaux de Gustav Klimt.

  • La pondeuse songeuse

    La pondeuse songeuse

    Tous les matins, elle doit peser les œufs de nouvelle couvée
    Que les oiseaux ont rapportés du paradis des deux autruches.
    Ces volatiles ont soupesé l’idée d’un éden retrouvé
    Sur les nuages transportés par le vent comme des baudruches.

    Alors elle met en balance à bout de bras les œufs livrés
    En se servant du contrepoids de ses deux seins homologués.
    Mais pour avoir l’équivalence, les deux oiseaux un peu givrés
    L’influencent de tous leurs poids ; du coup, la mesure est boguée.

    La coquetière, alors songeuse, annonce approximativement
    Une mesure qu’elle ébauche d’une manière assez adroite
    Car elle fournit à la pondeuse un prix alternativement,
    Les jours pairs l’avantage à gauche et pour les jours impairs, à droite.

    Tableau de Sophie Wilkins sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201204sophie-wilkins-canadian-magic-realism.html .

  • Les oiseaux coiffeurs

    À tire-d’aile, à tire-peigne, les petits oiseaux sont sereins
    Pour vous déstresser la coiffure et vous décrêper le chignon.
    J’ai demandé que me les peigne un camarade des serins,
    Peintre-animalier à l’allure d’un pin coiffé comme un pignon.

    Il m’a peint toute une famille posée sur mon double portrait
    Dont les cheveux à la siamoise offrent un perchoir sylviculteur.
    Avec des couettes en ramilles, je ressemble alors trait pour trait
    À une femme qu’apprivoisent des oiseaux capilliculteurs.

    Tableaux de Sophie Wilkins sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201204sophie-wilkins-canadian-magic-realism.html .

  • C’était il y a près de cinquante ans, et je n’ai plus jamais revu l’indigo

    C'était il y a près de cinquante ans, et je n'ai plus jamais revu l'indigo

    Je les ai perçus dans un songe ; deux personnages indigo
    Semblants issus de mon futur et, pourquoi pas, ma descendance.
    Mon rêve n’était pas un mensonge car ils m’ont décrit tout de go
    Une adorable progéniture et une corne d’abondance.

    C’était il y a cinquante ans et je ne les ai jamais revus ;
    J’ai eu deux enfants indigo mais pas la corne d’abondance.
    Mais n’en suis pas mécontent car mes gamins, sauf imprévu,
    Réaliseront leur ego et leur totale indépendance.

    Quant à moi, je guette la Lune et tous les pieds des arcs-en-ciel,
    Je paie mes dettes, je m’enrichis d’une vie simple et culturelle.
    Je n’ai pas trouvé la fortune mais ce n’est pas mon essentiel
    Je ne cherche pas les chichis, juste une existence naturelle.

    Tableau de Syd Mills sur https:www.redbubble.comfrpeopleVetyrshop .

  • Le chat bleu de nuit

    Le chat bleu de nuit

    Quand cafés et bars sont fermés et que Vincent va se coucher
    Son chat commence sa tournée à la recherche d’aventures.
    Mais pas une chatte à confirmer et le matou mal embouché
    Miaule et s’en va se retourner dans l’ombre de la devanture.

    Deux silhouettes se découpent sur les pavés impressionnés
    Deux Mistigris en bleu de nuit, aux longues queues démesurées.
    Alors le minou, vent en poupe, vire de bord, affectionné
    Par quatre phares braqués sur lui entre les volets lasurés.

    Dans l’ombre bleue, notre minet minaude minette à son goût.
    Dans la rue sombre, deux siamoises ouvrent grand leurs yeux de velours.
    En terrasse de l’estaminet, nos trois félins crient leur bagou,
    Les unes en musiques viennoises et le mâle en chansons d’amour.

    Tableau de Studio under the moon.

  • Les sœurs Tempérance

    J’ai cru la tempérance unique comme les trois autres vertus
    Mais en fait elles sont jumelles, ce qui doit expliquer cela.
    Souvent vêtues d’une tunique, elles puisent et elles s’évertuent
    À filtrer eaux mâles et femelles, eaux d’ici et eaux d’au-delà.

    On voit souvent ces ingénues se baigner nues à tempérance
    Quand ont établi l’équilibre entre toutes les eaux sus-citées.
    Quand les eaux sont redevenues sauvages et fraîches à outrance
    Elles sortent vite à l’air libre toutes fébriles et excitées.

    Elles ne tempèrent pas que l’eau car très grande est leur mandature ;
    Elles veillent à la diversité de toutes les espèces vivantes.
    Des vers de terre un peu ballots qui font du bien à la nature
    Jusqu’à la multiplicité de toutes créatures volantes.

    Tableaux de Chie Yoshii sur https:www.chieyoshii.com .

  • Les oiseaux de couleur

    En habit bleu d’oiseaux de nuit, elle recherche la quiétude
    Avant que se lève le jour en ce printemps annonciateur.
    Dès que le premier rayon luit, elle goûte à la plénitude
    Du Soleil qui souhaite un bonjour au potentiel fécondateur.

    En habit vert d’oiseaux d’espoir, elle consulte les tarots
    Pour deviner la tessiture que revêtira son été.
    Elle écarte tout désespoir et fait une mise au carreau
    De ses desseins de fioriture avec ses cartes annotées.

    En habit rouge d’oiseaux diurnes, elle s’occupe d’animaux
    En leur offrant pour nourriture l’amour des premiers jours d’automne.
    Le sommeil des bêtes nocturnes est apaisé à demi-mots
    Sous la douce température de bras où elles se pelotonnent.

    Aux habits blancs d’oiseaux d’hiver, elle préfère l’incarnât
    Pour se détacher de la neige lorsqu’elle parcourt la forêt.
    Du manteau nacré recouvert, elle assure l’assistanat
    Aux volatiles dont le manège sème leurs plumes phosphorées.

    Tableaux de Chie Yoshii sur https:www.chieyoshii.com .

  • Les vraies couleurs

    Les vraies couleurs

    Les vraies couleurs de Marianne dénotent fort du bleu-blanc-rouge ;
    Sa peau, sans genre, teintée de rose, se dissocie du billet vert
    Dont apparaissent en filigrane des pots-de-vin dès qu’elle bouge
    Qui lui donnent un teint blanc morose complètement piqué des vers.

    Comme elle joue la transparence depuis les plus récents suffrages,
    Des bourrelets sont apparus avec rhumatismes et douleurs.
    Pauvres mamelles de la France fors labourage et pâturage ;
    Toutes nos valeurs disparues en voient de toutes les couleurs !

    Tableau de Jon Swartz & Swartz Brothers Art.

  • Et nous ne formerons qu’une seule chair

    L’amour à deux, l’amour à trois, c’est fusionnel et intensif ;
    Partager l’emprise des sens, c’est multiplier le plaisir.
    Le sexe sera sacré roi et deviendra plus expansif
    Avec l’ultime quintessence des membres unis par le désir.

    Fini l’homosexualité, transgenre et de toutes autres sortes !
    Les amoureux seront unis d’une seule chair physiquement.
    Songez à l’éventualité de nous fusionner par cohortes ;
    Toute l’humanité prémunie pour se connaître bibliquement.

    Tableaux de Paco Pomet sur https:www.thisiscolossal.com201608new-surreal-oil-paintings-by-paco-pomet .

  • La sirène dans sa coquille

    La sirène dans sa coquille

    Tout est compris dans la coquille dont la sirène a hérité
    Avec ses cornes et ses pistons comme un vieil avion-cargo.
    Bien calée entre ses béquilles, cette conque a bien mérité
    Son titre de Grand Baryton décerné par les escargots.

    Tout est bouclé quand elle s’endort, bien verrouillé, cadenassé
    Car la concurrence est pléthore, elle est d’un véritable ennui.
    Sans bruit, le coquillage d’or se détend comme la panacée
    Qui berce stators et rotors pour passer une bonne nuit.

    Au réveil, un grand tintamarre ; le colimaçon se réveille !
    Ça grince dans les engrenages et les courroies et les patins.
    Les autres sirènes en ont marre ; cependant bien qu’elles surveillent
    Tous les alentours à la nage, c’est le ramdam tous les matins.

    Tableau de Hanna Silivonchyk.

  • Rêves de sirène

    Rêves de sirène

    À quoi peut rêver la sirène toujours en quête d’un marin
    Qui l’emmènera sur les mers à la rencontre du Mikado ?
    Parfois elle s’imagine reine qui épouse son mandarin
    Ou dans un envol éphémère avec des ailes sur le dos.

    Mais cette nuit, c’est une baleine avec des maisons sur la tête
    Qui lui propose une croisière merveilleuse en un tournemain.
    Elle court, elle court à perdre haleine, elle rêve d’être une alouette
    Qui attrape au vol la rosière et se marie après-demain.

    Mais voici qu’un feu d’artifice annonce son bouquet final
    Et les eaux d’ombres mais translucides s’agitent – c’est déjà le jour –
    Puis font trembler tout l’édifice par un fort soleil matinal.
    Queue, ailes et jambes lucides vont décider à qui le tour…

    Tableau de Hanna Silivonchyk.

  • La chasse à la licorne

    La chasse à la licorne

    Sacrée voleuse, la licorne qui capte toutes nos pensées
    Et qui répète aux alentours tous nos petits secrets d’amour !
    Sacrément géniale, la corne en équilibre compensé
    Par l’alignement des contours de ses torsades à double tour !

    Le roi et la reine en colère dirent que ça ne peut plus durer
    Et qu’il est temps de mettre un terme à cette fichue télépathe.
    Alors les chasseurs épaulèrent leurs armes pour la capturer
    Sans lui transpercer l’épiderme juste lui ligoter les pattes.

    Taïaut Taïaut, au fond des bois on voit courir l’ardente meute
    Et les cavaliers d’aventure élevés au rang de milice.
    Tandis que la bête aux abois voit fondre sur elle l’émeute,
    Voici, descendant sa monture, la princesse en robe de lys.

    « Viens avec moi, belle Licorne, tu dois disparaître à jamais ! »
    Et elle l’entraine auprès des fées qui donnent l’invisibilité.
    Depuis ce jour, sa jolie corne peut déambuler désormais
    Parmi les chasseurs stupéfaits de leur soudaine cécité.

    Tableau d’Andrey Remnev sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201104andrey-remnev-moscow.html?m=1 .

  • La chasse aux demoiselles en fleurs

    La chasse aux demoiselles en fleurs

    Je viens souvent les approcher car elles ne sont pas farouches,
    Ces jolies filles presque nues couchées là sous le cerisier.
    Tout mon cœur leur est accroché et, sans que je ne les effarouche,
    Elles me souhaitent la bienvenue en enlevant leurs chemisiers.

    Je peux leur mordiller le sein, ça les amuse et les fait rire ;
    Je peux leur tâtonner le ventre et peloter un peu plus bas ;
    Bien m’installer sur leur bassin et leur déclencher des sourires
    Jusqu’à en devenir le centre d’intérêt de tous leurs ébats.

    Vous me croirez si vous voulez mais j’aime les jeunes filles en fleurs
    Qui me caressent les moustaches et me chatouillent le menton.
    Et je m’endors tout enroulé entre leurs jambes que j’effleure
    En ronronnant car je m’attache à être leur petit chaton.

    Tableau d’Andrey Remnev sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201104andrey-remnev-moscow.html?m=1 .

  • Subjectivité du regard

    Subjectivité du regard

    Un regard de braise suffit pour mettre le feu au fourreau,
    Consumer lentement la robe le plus voluptueusement.
    Quand le regard s’intensifie, la victime, aimant son bourreau,
    Espère que tout se dérobe jusqu’au dernier sous-vêtement…

    Sa robe partit en fumée par son désir de convoitise
    Qui l’attirait vers celui qui la déshabillait du regard.
    Le tissu ainsi consumé semblait stimuler le striptease
    Que menait le divin marquis à sa maîtresse, l’air hagard.

    Tandis que se désagrégeaient les bretelles qu’elle retenait,
    La robe devint transparente et fondit après un moment.
    Mais l’effeuillage s’abrégeait puisque plus rien ne retenait
    Le corps nu de la soupirante qui se jeta sur son amant.

    Tableau de Jan Bosschaert sur https:www.janbosschaert.befr-welkom.html .

  • Dimensions corporelles

    Dimensions corporelles

    La femme, en trigonométrie, bat l’homme de quatre ou cinq longueurs
    Par ses courbes ultra-parfaites sur lesquelles le regard paresse ;
    Par l’agréable symétrie de ses creux et de ses rondeurs
    Qui laissent, à la main satisfaite, les plus agréables caresses.

    Sans doute si l’on mesurait le rapport des rotondités
    Avec les creux de sa sveltesse rigoureusement irrésolus,
    Ces proportions évalueraient des dimensions commanditées
    Par l’art de la délicatesse envers la quête de l’absolu.

    Deux seins aux parfaits hémisphères, un bassin en forme de lune
    Et des yeux qui dénudent l’âme de l’homme qui vient s’y consacrer.
    Dernier point pour vous satisfaire ; sa topologie opportune
    Qui élève le corps de la femme aux mathématiques sacrées.

    Tableau de Jan Bosschaert sur https:www.janbosschaert.befr-welkom.html .

  • Dans un autre temps

    Dans un autre temps

    Était-ce une autre Terre ? Était-ce un autre temps ?
    Était-ce une autre Lune plongée dans le sommeil ?
    Était-ce une autre mère, une mère qui attend
    Pour toute autre fortune, un enfant du Soleil ?

    Peut-être sa mémoire est perdue à jamais ?
    Peut-être qu’un message est gravé quelque part  ?
    Peut-être des eaux noires profondes désormais
    Occultent le passage d’un liquide rempart.

    Sans doute une survivante telle une sentinelle,
    Sans doute le dernier humain à comparaître ?
    Éternel estivant à la vie éternelle
    Qu’un peuple a renié avant de disparaître.

    Illustration de Philippe Caza.

  • Mimétisme & féminisme

    Femme cougar, femme féline ne s’apparente pas au pelage
    Mais plus à son air pomponné ; c’est bien dommage car j’imagine
    Une femme panthère plutôt câline, spécialisée en pelotage
    Qui se mettrait à ronronner lors de nuits d’amours sauvagines.

    La femme girafe, au pied levé, me parait assez difficile
    À chevaucher pour la monter et atteindre le septième ciel.
    Sauf si elle est bien élevée, se plie en quatre, très docile
    Afin d’m’apprendre à surmonter tous mes vertiges potentiels.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Histoires de filles

    Histoires de filles

    Les histoires d’amour entre filles sont compliquées à raconter
    Surtout quand les deux favorites sont les jumelles du harem.
    Toutes les nuits elles s’habillent seins nus d’une manière effrontée
    Et le sultan donne le mérite à celle qui atteint son barème.

    Évidemment l’autre est jalouse et s’en va bouder dans son coin
    Tandis que l’une s’exécute dans les beaux quartiers de noblesse.
    Mais alors celle qui a le blues va tôt faire une mise au point
    Avec sa sœur qui lui dispute le palmarès de Miss Topless.

    Elles se crêpent le chignon et se mesurent les nichons
    Pour savoir quelle est la raison de la préférence du sultan.
    « Pourquoi trouve-t-il plus mignon les tiens des miens, ce cornichon ?
    Un honte sans comparaison car ce système est insultant ! »

    Tableau de Jan Bosschaert sur https:www.janbosschaert.befr-welkom.html .

  • Larousse en automne

    Les pages de mon dictionnaire, par l’automne assez desséchées,
    Ont demandé aux pages roses quelques rosées pour subsister.
    « Soumise aux vents tourbillonnaires », disent-elles par l’eau, alléchées
    « Notre texture se sclérose et l’encre ne peut résister ! »

    Madame Larousse n’est pas prêteuse, c’est sa nature fourmidable
    Et ne donne ses pages roses qu’à ses lectrices expansives.
    Elle répond, entremetteuse, d’une voix même intimidable
    « Que faisiez-vous, pages moroses des doigts imprégnés de salive ? »

    Alors les pages incriminées qui n’ont rien à se reprocher
    S’en vont quêter dans les noms propres une idée à lui répliquer.
    Certains sont vite éliminés, aucun n’est assez approché,
    Mais s’ils sont presque tous impropres, un seul est pile-poil appliqué.

    Et c’est ce bon vieux La Fontaine et sa « cigale et la fourmi »
    Qu’elles vont proposer à Larousse espérant la faire fléchir.
    Elles arrivent par centaines mais la Madame s’est endormie
    Ses pages roses sont toutes rousses, rien ne pourra les rafraîchir.

    Tableau de Jan Bosschaert sur https:www.janbosschaert.befr-welkom.html .

  • Le moulin de la reine

    Le moulin de la reine

    Au temps où régnaient les moulins, où l’on faisait tourner les reines,
    Quand les vents sifflaient dans les champs et les rois sur les cotillons,
    Les ailes viraient sous les câlins, les belles en prenaient de la graine,
    L’amour passait effarouchant dans les chambrées en tourbillons.

    Au temps du moulin de la reine, les meuniers moulaient la farine
    Quand les vents soufflaient dans les cours, virevoltaient les concubines,
    Au bal musette, souveraines pirouettaient les ballerines
    Et tout le monde faisait des tours avec Pierrot et Colombine.

    Quand la Reine était au moulin, selon la direction du vent,
    Tous les princes à chaque carrefour faisaient tourniquer les princesses
    Dont les mitrons, jeunes poulains, juste épicés auparavant,
    Sortaient comme une brioche au four après leurs neuf mois de grossesse.

    Tableau « Queen’s Mill 1881 » de Paul Gauguin.

  • La retraite aux flambeaux

    Doucement la marche nocturne
    Dodeline de tous ses lampions
    Qui percent la nuit taciturne
    Brandis par nos meilleurs champions.

    Cet événement symbolique
    Rappelle la Révolution
    Qui proclamait la république
    Et sa nouvelle constitution.

    Et l’on vit la population
    Franchir les barrières sociales,
    Former la Nouvelle Nation
    Où les classes seraient égales.

    Sans doute dans chaque lanterne
    Brille un cœur révolutionnaire,
    Nonobstant les vieilles badernes
    Monarchiques et réactionnaires.

    Et puisque la femme, la première
    Représente l’avenir de l’homme,
    Laissons-lui porter la lumière
    Et célébrer notre binôme.

    Si la colombe de la paix
    Participe à l’événement
    Nous pourrons fermer le clapet
    Aux belligérants du moment.

    Tableaux d’Andrey Remnev sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201104andrey-remnev-moscow.html?m=1 .

  • Cauchemarrants

    Tous les cauchemars correspondent à une autre réalité ;
    En avoir peur ne change rien ni ne tombe en catatonie.
    Par ailleurs les monstres répondent qu’ils vont, avec ponctualité,
    Peupler les rêves des terriens pour chasser la monotonie.

    Prenez cette harpie, par exemple, qui paraît nuire à ce rêveur ;
    Eh bien, Mesdames et Messieurs, ce n’est que de la poudre aux yeux !
    C’est juste un ange qui contemple les idées noires avec ferveur
    Et les renvoie vers d’autres cieux rejoindre en enfer leurs aïeux.

    Dites-vous bien qu’un mauvais rêve, ce n’est qu’un démon qui s’enfuit.
    Une fois qu’il en est libéré, le cœur s’affranchit d’ennemis.
    Et plus l’angoisse sera brève, plus le bien-être qui s’ensuit
    Sera à reconsidérer en allant pêcher entre amies.

    Tableaux d’Oda Iselin Sonderland sur https:www.coeval-magazine.comcoevaloda-iselin .

  • La couleur du féminin sacré

    Essayons de mettre en couleurs la femme en tout bien tout honneur ;
    Toutes ses odeurs corporelles et sa texture personnelle ;
    Ce qu’elle a subi de douleurs, ce qu’elle a connu de bonheur
    De ses amitiés naturelles à ses amours exceptionnelles.

    Ajoutons en télépathie la teinte de ses sentiments ;
    Tous ses souvenirs de l’enfance et ses émotions les plus fortes.
    Pigmentons-en ses réparties colorées des pressentiments
    De son intuition en nuances à son cœur qui nous réconforte.

    Alors l’image qui apparaît, bien au-delà de la vision,
    Nous dévoile un être suprême d’immaculés reflets nacrés.
    L’impudicité disparaît ; nos sens entrent en collision
    Par la magie la plus extrême du ton du féminin sacré.

    Tableaux de Viktoria Lapteva.