Catégorie : 2022

  • Couleurs océaniques – 2

    Toujours mes voyages insomniaques dans l’univers de mes nuits blanches
    Où un phare éclaire ma route pour franchir les quatre horizons
    Tel un pilote démoniaque qui perce dans ces avalanches
    De fortes vagues en déroute pour me sortir de ma prison.

    Tandis que la Lune persiste à m’attirer dans son sommeil,
    La mer se creuse des tourments qui m’ont frappé dernièrement.
    Alors l’astre de nuit m’assiste de son étrange halo vermeil
    Pour apaiser les flots gourmands d’alimentaire verdoiement.

    Parfois j’aborde des pays vierges de toute connaissance ;
    Une île nue, un continent, un monde perdu biscornu.
    Je reste un moment ébahi, puis je pars en reconnaissance
    Pour rencontrer un pertinent fragment d’un principe inconnu.

    Tableaux de Loren D. Adams sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201401Loren-Adams.html?m=1 .

  • Couleurs océaniques – 1

    Quand mes nuits blanches se prolongent, je pars, voyageur solitaire,
    Faire une course autour du monde parmi des rêves outremarins.
    Tandis qu’un soleil rouge allonge son rayon vert velléitaire
    Au-dessus des eaux furibondes sous un clair-obscur azurin.

    Vagues aux couleurs opalines contre lames ensanglantées
    Se livrent une dernière bataille sous un crépuscule malséant.
    Les ruisseaux d’algues corallines par le soleil ébouillantées
    Saignent sur la mer aux entailles qui cicatrisent l’océan.

    Ainsi mon âme quitte mon corps pour retrouver ses origines
    Dans mon élément maternel toujours agité par les vents.
    Sans doute me poursuivent encore de fantomatiques androgynes,
    Lointains ancêtres éternels au rayonnement survivant.

    Tableaux de Loren D. Adams sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201401Loren-Adams.html?m=1 .

  • Marianne femme floutée

    Marianne femme floutée

    On n’sait à quel sein se vouer tellement Marianne est floutée
    Dans les écoles, dans les mairies et les couloirs du parlement.
    On ne sait qui s’est dévoué avec la valeur ajoutée,
    Qui des ministres aguerris, qui du président qui nous ment.

    Marianne ayant tout dépensé dans sa campagne présidentielle,
    Se retrouve ainsi dépourvue et n’a donc plus rien à se mettre.
    Les contribuables, pensés comme vache à traire essentielles,
    Seront taxés comme prévu et obligés de s’y soumettre.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Pénurie versus hausse des sens

    Pénurie versus hausse des sens

    Ils nous ont bien eus cet été avec tous leurs échauffements
    Sur la gestion de la planète et l’impact de l’effet de serre.
    Mais on n’a vu d’aucuns tétés braver l’air du réchauffement,
    Ni foufounette, ni zigounette, brandies comme bouc émissaire.

    Or ils en remettent une couche avec pénurie d’énergie
    Laquelle paradoxalement électrise nos véhicules.
    Ne faisons pas la fine bouche, rapprochons-nous en synergie
    Pour nous chauffer finalement juste d’ovaires et testicules.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Les réminiscences du vendredi soir

    Les réminiscences du vendredi soir

    Évidemment quand vient la nuit du vendredi au samedi,
    Tous les oublis de la semaine étendent mon état de veille
    Dont les images qui m’ennuient n’en sont pas les plus affadies
    Mais flèchent l’expérience humaine vers un détail qui me réveille.

    Si tout était aussi facile que l’œuf de Colomb légendaire
    J’en mettrais un sur mon chevet en guise de paratonnerre.
    Les échecs les plus difficiles qui se succèdent en hécatombes
    Seraient alors parachevés ou tués dans l’œuf calendaire.

    Un œuf de poule le dimanche, ne tournons pas autour du pot !
    Un œuf de caille le lundi, puis augmenter le gabarit.
    Si ça n’arrête pas mes nuits blanches et ne perturbe mon repos
    J’aurai l’esprit approfondi s’il en éclot un canari.

    Tableau d’Oda Iselin Sonderland.

  • L’oubli du vendredi matin

    L’oubli du vendredi matin

    J’ai un comportement étrange lorsque je mange du poisson
    Et une envie irrésistible de le savourer dans mon bain.
    Sans doute dus au jus d’orange dont j’agrémente la boisson
    Avec une dose indescriptible de rhum agricole ou cubain.

    Je change de comportement selon la direction du vent ;
    J’ai le caractère fantasque selon le jour de la semaine.
    Je freine mes emportements d’un petit détail adjuvant
    En quittant costumes et masques qui font mon aventure humaine.

    Lunatique ou cyclothymique, tel est mon état le lundi ;
    Plutôt cool et décontracté, tel est mon état le mardi.
    Je sais, je suis psycho-chimique selon l’humeur du mercredi
    Dont la portée est réfractée dès la matinée du jeudi.

    Heureusement le vendredi, j’ai tout oublié du passé ;
    J’oublie même de m’habiller après mon petit-déjeuner.
    Je suis sujette à contredit devant les passants compassés
    Dont les yeux sont écarquillés à l’endroit de mon périnée.

    Tableau d’Oda Iselin Sonderland.

  • Génération Terre

    Génération Terre

    À votre avis, combien de « G », la génération de la Terre ;
    Vu ses antennes déployées, de quatre à cinq milliards d’années ?
    Mais nous en sommes protégés grâce au réseau élémentaire
    Qui nous a été octroyé par sa nature spontanée.

    À votre avis, que captez-vous quand vous traversez la futaie ?
    La vie qui pulse dans la sève des racines à la canopée.
    Depuis son cœur qui se dévoue à, chaque jour, vous affûter
    L’âme et le corps, puis les élève vers Andromède et Cassiopée.

    À votre avis, qui vous écoute quand vous priez en votre cœur ?
    La mère qui vous a vus naître, vous a nourris, vous a couverts.
    Car elle renvoie goutte-à-goutte vos vœux vers les anges en chœur
    Qui se chargent de faire connaître vos exigences à l’Univers.

    Dans la forêt d’Eschenberg derrière chez moi.

  • Anonyment nue

    Une femme nue reste anonyme tant qu’on ne s’adresse qu’à ses seins ;
    On ne verra de son visage que ses mamelons turgescents.
    Quel est son nom, son patronyme ? Vous n’avez vu que son bassin
    Lequel vous a, je l’envisage, paru, lui, plus intéressant.

    La femme nue qu’on aperçoit entre deux murs, entre deux portes,
    Semble bloquer les protocoles comme si elle n’était pas réelle.
    L’immaculée beauté sursoit à tous les esprits de la sorte ;
    Jamais sur les bancs de l’école s’apprend la nudité cruelle.

    Tableaux de Chie Yoshii sur https:www.chieyoshii.com .

  • Bain de nature

    Bain de nature

    Qu’il est bon de se plonger nue dans le bain vert de la nature !
    Qu’il est bon de sentir les gerbes de fleurs follettes et sauvages !
    Jeune beauté, jeune ingénue, ton corps à la température
    De la Terre et des hautes herbes produira ses plus grands ravages.

    Déjà le Soleil y succombe en le caressant de chaleur
    Et l’air qui n’en est pas de reste, souffle le vent dans tes cheveux.
    Les arbres, pourtant rigides, tombent sous le charme des courbes en valeur
    Soulignées par les ombres prestes qui osent exprimer tous leurs vœux.

    Lève-toi pour me rincer l’œil, toi, le poète observateur
    Qui doit jouir dans son poème de la pureté de l’accord
    Et enfermer dans un recueil l’apothéose au spectateur
    Qui retrouvera sa bohème dans la nudité de son corps.

    Photo de Marianna Rothen sur https:designobserver.comfeaturemarianna-rothen38954?utm_source=twitter&utm_medium=twitter .

  • La vierge terre-mer

    Ne vous laissez pas prendre au piège ; la vierge sans aucun embarras
    Vous paraîtra blonde ou bien brune, ingambe ou en queue de poisson.
    Sur la terre ferme, elle siège comme une reine d’apparat
    Tandis qu’en mer, sur la lagune, la sirène fera sa moisson.

    Sa moisson de marins d’eau douce ou de loups de mer, peu lui importe !
    L’ogresse va, en son royaume, numéroter vos abattis.
    Moisson vite faite sur le pouce lorsque les terres la transportent
    Vers ses terrains de chasse à l’homme pour assouvir ses appétits.

    Tableaux de Chie Yoshii sur https:www.chieyoshii.com .

  • Caniculaire

    Caniculaire

    Entre les planètes rivales de notre système solaire,
    Les jalousies sont coutumières notamment envers notre Terre
    Surtout en période estivale et ses amours caniculaires
    Où Elle prend toute la lumière de son Amant prioritaire.

    Et quand la Terre a ses chaleurs, elle transmet par ses semences
    L’adoration du mâle ardent et son énergie symbiotique.
    Ainsi les femmes mettent en valeur leurs charmes afin que recommencent,
    Sous un soleil d’été dardant, ses rayons chauds et érotiques.

    Lorsqu’une femme se dénude, elle devient Soleil à son tour
    Par le jeu des petites lunes surplombant son mont de Vénus
    Qui, pour continuer le prélude, s’ouvrent et, sous leurs plus beaux atours,
    Le périnée en périlune, entre en conjonction d’Uranus.

    Collage de Derek Gores.

  • Les vierges de passage

    Les vierges, juste de passage, deviennent vite inoubliables
    Car en se montrant ingénues, elles vous piègent désormais.
    Alors, sont-elles folles ou sages ? La réponse est impitoyable
    Car si vous voyez leurs corps nus, vous n’en profiterez jamais.

    Comme elles ont le choix des armes, elles optent pour la séduction
    En se hissant inaccessibles derrière un regard bleu-turquoise.
    Vous voilà tombé sous le charme et vous en sentez l’addiction
    Car vous enfuir est impossible de leur apparence narquoise.

    Tableaux de Chie Yoshii sur https:www.chieyoshii.com .

  • Vue dans un hamac

    Vue dans un hamac

    Pour représenter l’attraction qu’exerce sur nous la beauté,
    Imaginons notre vision comme le filet d’un hamac.
    Schématisons en projection une femme, vêtements ôtés ;
    Observons les subdivisions, surtout celles qui nous estomaquent.

    Là où le corps tient de la Lune, les mailles apparaissent étirées ;
    La métaphysique démontre qu’il y règne forte gravité.
    Tandis que de petites dunes ondulent et semblent attirées
    Vers les trémoussements tout contre le dos dans sa totalité.

    L’univers de la séduction atteindra son point d’apogée
    Lorsque les jambes et les bras, jolie Vénus écartera.
    Nous comprendrons la perfection de notre plaisir prorogé
    En vue de l’abracadabra qui grillera la caméra.

    Tableau de Philip Pearlstein.

  • La vie au fil de l’eau

    La plus jeune des Parques file le fruit des amours interdites
    Qu’elle préserve dans la bobine qu’elle destine à ses enfants.
    Ceux dont l’avenir se profile vers une carrière inédite
    D’où jamais ils ne se débinent avant d’en finir triomphants.

    L’étoffe de ces héros-là n’est jamais cousue de fil blanc
    Mais du fil rouge sanguinolent du plus bel éclat qui l’agrée.
    Nona, Decuma et Morta tissent les vies sans faux-semblants
    En écartant les somnolents qui seront coupés sans regrets.

    Y a-t-il une âme au bout du fil ? Que devient l’onde de l’esprit
    Qui communique par la fibre avec les hommes et les dieux ?
    Rassurez-vous ! Chaque profil est recueilli sans parti pris
    Dans l’eau qui court car elle est libre de son corps miséricordieux.

    Ainsi s’écouleront les âmes dans le grand fleuve du Léthé
    Et leurs eaux recommenceront à abreuver la Terre-Mère
    Dont la nature qui est femme enfantera tous les étés
    De nouveaux héros tâcherons pour d’autres combats éphémères.

    Tableaux de Chie Yoshii sur https:www.chieyoshii.com .

  • Laura Lunaire

    Laura, pleinement circonscrite à la sphéricité lunaire,
    Exécute à date donnée une cérémonie rituelle.
    Depuis longtemps elle s’est inscrite à de mystérieux séminaire
    En vue de, ce jour, s’adonner à la lunaison spirituelle.

    Comme Atlas qui porte le monde, elle soutient la pleine Lune
    En moulant sa rotondité de tout son buste à l’épigastre.
    Tout en méditation profonde et sans modération aucune,
    Elle ressent dans sa nudité toute la puissance de l’astre.

    Après elle fera l’amour au Soleil quand paraîtra l’aube
    En partageant son énergie avec l’astre inséminateur.
    Puis, lentement, jour après jour, dans l’intimité de son aube
    Naîtra l’enfant en synergie avec l’univers créateur.

    Tableau de Dorina Costras sur https:fineartamerica.comprofilesdorina-costras .

  • L’expérience du fer

    L’expérience du fer

    Du fait que l’œuf est riche en fer, je prends des bains dans ma coquille
    De jaune enrichis d’ions ferriques, ferreux et surtout magnétiques.
    Puis je laisse la nature faire avec la Terre qui écarquille
    Son rayonnement tellurique sous un Soleil énergétique.

    Puisque je n’ai qu’une seule vie, sans aucune possibilité
    De vérifier mes expériences et mes erreurs à juste titre,
    Je ne peux suivre que mes envies, mes intuitions si limitées
    Mais qui me font prendre conscience que j’aime bien mon libre arbitre.

    Avec l’expérience du fer, sans doute serais-je plus aimante
    Avec un cœur galvanisé par un fort courant séducteur ?
    J’espère aussi vous satisfaire avec mes facultés d’amante
    Et mes amours dynamisées par mon corps supraconducteur.

    Tableau de Vladimir Kush sur https:www.contioutra.comvladimir-kush?amp=1 .

  • Dentelles femmes, il y a…

    Aujourd’hui on tombe le voile – ou du moins on peut l’entrouvrir –,
    L’ajourer de jolies dentelles pour laisser passer la lumière.
    Très fines afin que se dévoilent deux jolis seins à découvrir
    Qui montrent enfin la femme telle qu’elle est dans son âme première.

    Dentelles vertes pour les vierges, dentelles bleues pour les nubiles ;
    Petites fleurs et papillons, figuratifs ou arabesques.
    Et pour que la grâce converge aux coins des lèvres volubiles
    Une voilette en croisillons pour parler d’amours romanesques.

    Ce serait bien pour les chrétiens de revêtir ainsi Marie
    Et d’en affubler tous les saints, le pape et pourquoi pas Bouddha.
    Notons aussi que l’entretien serait consacré au mari
    Qui, lui, porterait à dessein juste un pull sur un bermuda.

    Tableaux de Lisa Wright sur http:lisawrightartist.co.ukworknew-work .

  • Sous la lumière noire

    Lueurs courbées et féminines aperçues dans l’obscurité
    Par le troisième œil intuitif embrasent le désir de mon cœur.
    Ombres d’étoiles sibyllines qui viennent à maturité
    Défier l’organe sensitif comme un simulacre moqueur.

    Mais le rideau de nuit s’écarte et l’ange femelle apparaît
    Sortant de dimensions obscures qui sont les coulisses du ciel.
    Tendrement elle abat ses cartes et mon anxiété disparaît
    Entre ses bras qui me procurent la chaleur de son potentiel.

    Une fois nourrie de l’essence de mes sentiments prodigués,
    Elle pratique un rituel afin d’enfanter en son sein
    Un être de luminescence dans les ténèbres endiguées
    Par des rayons spirituels issus d’un astre noir enceint.

    Photos de Burak Bulut sur https:www.burakbulut.orgblack-light .

  • La censure au goût du jour

    La censure au goût du jour

    Tu ne parleras plus de sexe, ni de genre, ni homme, ni femme
    Et l’ascenseur vers la censure dépasse le dernier étage
    Des mots que l’on met à l’index, des termes que l’on juge infâmes
    Comme une honteuse salissure issue d’un pénible héritage.

    On ne veut plus dire « maman » bien trop rabaissé à la mère
    Car la femme souhaite s’échapper du sort de sa féminité.
    Demain on lira des romans dépourvus de l’instinct primaire
    Qui décrivent des corps happés d’amour en toute impunité.

    Alors à quel sein se vouer ? La mamelle est conflictuelle !
    L’allaitement est désormais banni de nos comportements.
    L’acte d’amour désavoué au profit d’amours virtuelles
    Et l’humanité à jamais privée de ses emballements.

    Photo d’Anniset & Dr Cuerda.

  • Quand mers et mères se retirent

    Quand mers et mères se retirent

    Lorsque la mer est démontée d’une énergie marémotrice,
    Les bancs de poissons émincés s’enfuient dans les eaux atlantiques.
    Lorsque la mère est remontée de son statut de génitrice,
    Le sexe est alors évincé du patrimoine génétique.

    Quand la mer se retirera, les petits poissons s’en iront
    Rejoindre l’eau de leurs ancêtres dans les profondeurs de la Terre.
    Quand la mère se désistera, les futurs enfants grandiront
    In vitro, au pied de la lettre, dans des éprouvettes de verre.

    Voici la mer évaporée et tous les poissons disparus
    Dans le biotope conjoncturel que la pollution nous ravit.
    Voici la mère déshonorée depuis le tabou apparu
    Sur la conception naturelle de l’essence même de la vie.

    Tableau du Studio Thomas Lerooy.

  • Le repos des sirènes

    Le repos des sirènes

    Les nymphes aiment les nymphéas entre deux eaux dans la lagune
    Pour s’y reposer de l’effort d’avoir charmé tant de navires
    Et s’octroient cet alinéa dans leur activité commune
    Comme légitime réconfort après leurs nombreux vire-vire.

    Quand les sirènes ensommeillées, dans les eaux douces, s’abandonnent
    Les nénuphars ouvrent leurs fleurs dont le parfum est hypnotique.
    En léthargie émerveillée, elles chantonnent, elles fredonnent
    Les chants qui ont causé les pleurs des marins les plus pathétiques.

    Tableau d’Eric Velhagen sur https:ericvelhagen.carbonmade.comprojects2672751 .

  • La sirène des profondeurs

    Depuis les abysses profondes, dans les ténèbres éternelles,
    Certains poissons chassent à l’appât par la lumière qu’ils émettent
    Et les sirènes vagabondes exhibent leurs beautés charnelles
    En illuminant leurs appas de chatoiements et de flammettes.

    Le scaphandrier irresponsable, séduit par l’être de lumière,
    Sera déçu de partager un petit dîner aux chandelles
    Car il forme l’indispensable ingrédient de la cuisinière
    Pour un repas apanagé au sel d’un phallus en rondelles.

    Bodypainting anonyme.

  • L’ovation

    L’ovation

    Devant « Qui » ou « Quelle Entité » vous prosterneriez-vous volontiers
    De votre propre libre arbitre sans la moindre coercition ?
    Et avec quelle intensité vous montreriez-vous, tout entier,
    Respectueux envers le titre qui mérite votre soumission ?

    Je l’ai été comme tant d’autres envers Dieu et les religions
    Jusqu’à ce que j’échappe au piège de sourdes manipulations.
    Je me méfie des bons apôtres et des groupes qui sont légion
    Ainsi que tous les privilèges de toutes les spéculations.

    J’ai connu les moments de transe dans une foule galvanisée
    Dans une église, en réunion, un stade ou un concert de rock.
    Et les mensonges à outrance envers des lieux divinisés
    Excepté peut-être en l’union des tous les hommes, sans équivoque.

    Photo de Danilo Ricciardi.

  • Sœurs de pluie

    Sœurs de pluie

    Que deviennent les âmes alourdies après quarante jours de pluie
    Une fois qu’elles ont disparu sous la montées des eaux saumâtres ?
    Sous le déluge abasourdi, sourient les sœurs au parapluie,
    Comme deux anges apparus face à la mort qu’il faut combattre.

    Mais leur parapluie à l’envers recueille le coquin de sort,
    Les catastrophes tombées du ciel, les crises et les fléaux de Dieu.
    Quand il pleut, tout va de travers et le malheur prend son essor
    Sauf si un acte providentiel protège les miséricordieux.

    Quand les sœurs de pluie apparaissent, on les prend trop facilement
    Pour des oies de mauvais augure alors qu’il en est tout autrement ;
    Car avec elles disparaissent tous les tourments docilement
    Même si le diable nous inaugure de nouveaux bouleversements.

    Tableau de Catrin Welz-Stein.

  • Toucher la chance du bout du doigt

    Toucher la chance du bout du doigt

    « Trouver un trèfle à quatre feuilles porte bonheur mais il faut croire
    Que toucher la chance du doigt ne suffit pas ; il faut saisir
    L’opportunité sur le seuil du chemin qui mène à la gloire
    Pour mériter comme il se doit le nec plus ultra du désir. »

    Ainsi pensait l’homme au chapeau, amoureux fou d’une créature,
    Maîtresse au jeu de la fortune – c’était une femme d’honneur.
    Ce n’était pas de tout repos car il parcourait la nature
    Toutes les nuits de pleine Lune qui favorisent le bonheur.

    Un trèfle à gauche, c’est la malchance et la fortune oscillera ;
    Au jeu de l’amour à prix bas, le cœur finit par s’engloutir.
    Un trèfle à droite, un coup de chance ; la bonne étoile brillera ;
    La vie de l’homme est un combat perpétuel pour aboutir.

    Tableau de Catrin Welz-Stein.

  • L’envolée belle

    Une fois la porte entrouverte, une fois pris la clef des champs,
    La femme nue s’est envolée avec des ailes au corps plumeux.
    Personne ne l’a découverte, elle est sortie à contrechamp
    Par une porte dérobée qui donnait sur un lac brumeux

    Un p’tit oiseau, qui a tout vu, m’a raconté son échappée ;
    Il a vu son petit derrière courir et dandiner des fesses
    Jusqu’à ce moment imprévu où, sa liberté, a happée
    En lançant son cri de guerrière avant que le soleil s’affaisse.

    Demain matin, elle reviendra afin de m’enflammer le cœur ;
    Mon infirmière de l’ivresse me le fait quatre fois par jour.
    Le p’tit oiseau s’en souviendra – c’est mon petit merle moqueur
    Qui évalue avec tendresse mes chances de mourir d’amour.

    Tableau d’Andrej Mashkovtsev sur https:ghoti-and-us.tumblr.compost180996938912andrej-mashkovtsev-her-good-friend-mackerel .

  • Où est le chat ? – 10

    Où est le chat ? - 10

    Nous vivons une époque épique ; l’absurdité devient typique
    Plus rien ne sera comme avant car c’est la norme dorénavant.
    Les biches aux seins nus sur la plage et les baleines qui ont passé l’âge ;
    Les grosses vaches à la flotte et les requins qui les pilotent.

    Les jeunes sirènes oblongues et les jeunes loups aux dents longues ;
    Les bretelles et les ceintures qui s’en retournent à la nature ;
    Les bronzées en conversation avec des poissons d’exception ;
    Les crabes qui ont un goût de lucre inspirés par la pince à sucre.

    Les gros musclés qui se dégonflent tandis que les vieux pêcheurs ronflent ;
    Le corbeau perché sans fromage et le renard qui déménage ;
    Tous les jours du calendrier fériés pour les scaphandriers ;
    Tortues tranquilles, homards pachas ; et… à propos, OÙ EST LE CHAT ?

    Illustration de Franco Matticchio.

  • La Terre plate – 2

    La Terre plate - 2

    Ainsi donc on nous a menti, Thalès, Pythagore, Aristote,
    Ceux qui nous ont fait avaler que la Terre est comme une orange.
    La Science est anéantie et ses savants sont des despotes
    Qui nous ont toujours recalés au rang des ânes de rechange.

    Bien au-delà de l’Antarctique seraient des terres inexplorées
    Qui attendent celui qui osera traverser le grand mur de glace
    Ou un satellite galactique que l’on ne saurait déplorer
    Qui le premier exposera sa vision plate de l’espace.

    Et moi, je propose au contraire de prendre le problème à l’envers
    Et montrer la Terre « Hypersphère » en quatrième dimension.
    Hélas, mon choix est arbitraire car je suis seul dans l’univers
    À voir un monde qui interfère avec son Dieu plein d’attentions.

    Sources : https:la-terre-plate.com et https:www.fondation-nanosciences.frtheorie-terre-plate .

  • Dieu… c’est compliqué !

    Dieu… c’est compliqué !

    Soit on ne croit pas, soit on croit
    Mais si on croit, on a le choix
    De trouver le dieu qui échoit
    Selon son cœur, selon sa foi.

    Si on n’croit pas c’est plus subtil,
    Il faut des sciences utiles
    Pour montrer à ces imbéciles
    Combien leurs crédos sont futiles.

    Moi, je crois que je ne sais pas.
    Je dirais même qu’il n’y a qu’un pas
    Pour franchir la peur du trépas ;
    Transformer son doute en appât :

    Et puis attendre que ça morde
    Que la mort resserre sa corde,
    Qu’une nouvelle vie m’accorde,
    Ou que Dieu, lui-même, m’aborde.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Dites-le avec des fleurs

    Dites-le avec des fleurs

    Enfin l’égalité des sexes permet à la femme d’offrir
    Des roses à l’homme de sa vie selon le langage des fleurs.
    Ainsi sans peur et sans complexe, elle pourra faire souffrir
    De maux d’amour qui l’assouvit le mec à qui elle doit ses pleurs.

    Le métier de fleuriste change et désormais il vend des armes ;
    Roses à épines acérées pour crever les yeux et les cœurs ;
    Des Chrysanthèmes en échange d’un duel pour le prix de ses charmes ;
    Un fléau d’iris bien serré pour mieux exprimer sa rancœur.

    Si le transgenre est à la mode, le sexe faible devient fort
    Et celui qui porte la culotte n’est pas de celle que l’on croit.
    Les phallocrates s’en incommodent pourtant ne font aucun effort
    Pour interdire les calottes et les violences de surcroît.

    Illustration de Walter Molino.

  • Les violons de l’automne

    Les violons de l’automne

    Que deviennent les notes mortes d’une rhapsodie automnale ?
    Sans doute vont-elles dans les airs pour lancer d’autres inspirations
    Qui renaîtront de toutes sortes de danses et de bacchanales
    Qui pleuvront sur les monts déserts et les vallées d’habitations.

    On les découvre éparpillées dans tous ces oiseaux migrateurs
    Qui se rassemblent, le bec rempli de pizzicatos éreintants.
    Certaines sont écharpillées par des piafs vociférateurs
    Mais le miracle s’accompli par une reprise au printemps.

    *

    Tableau de Pablo Picasso.

  • Le petit port d’automne

    Le petit port d’automne

    Les mâts perdent leurs voiles mortes qui, hier encore, claquaient au vent ;
    Les coques se couvrent de rouille et battent pavillon d’automne.
    Les oiseaux volent en cohorte et se rassemblent sur les auvents
    Des maisons du port qui se mouille de vaguelettes monotones.

    Les brumes opaques du matin floutent les barques des pêcheurs ;
    Elles perdurent jusqu’au soir pour s’évanouir en clair-obscur
    Dans le firmament de satin qui règne sur les pluies de fraîcheur
    Par la hauteur des déversoirs et la colonne de mercure.

    *

    Tableau de Claude Monet.

  • Copains comme sirène

    Bien qu’elles soient assez cruelles envers leurs victimes marines,
    Elles se montrent assez copines avec le bestiaire aquatique.
    Leurs performances sexuelles et leurs gourmandises utérines
    Leur ouvrent des relations coquines avec les plus fantasmatiques.

    Entre le phallus des baleines et le pénis des cachalots,
    Les sirènes sont à la fête pour des jeux les plus colossaux.
    Elles copinent à perdre haleine avec le moindre matelot
    Qui pour elles perdra sa tête, son cœur et ses autres morceaux.

    Fatalement, elles accouchent de créatures métissées
    Qui ressemblent à leurs géniteurs, le plus souvent désaccordés.
    Aucunement saintes-nitouches au cours de maintes odyssées,
    On dit que leurs baby-sitters sont complètement débordées.

    Illustrations de Vladimir Stankovic.

  • La nature s’emballe

    Dame Nature domestiquée ? L’homme y a cru dès le début !
    Il a détourné les rivières, il a apprivoisé les vents.
    Il a aussi sophistiqué le faste auquel il contribue
    En détruisant des terres entières pour un résultat décevant.

    Le luxe est sa priorité ; il vit ses rêves désormais,
    Le temps béni de l’insouciance et de la folie des grandeurs.
    Tant pis si la précarité des autres est bannie à jamais ;
    Il ne vit que pour l’opulence, pour le faste et pour la splendeur.

    Aïe ! La Terre est passée en automne et ses ressources sont menacées.
    Mais il est trop tard à présent car il ne vit plus comme avant.
    Ses rêves deviennent monotones à force d’être ressassés
    Par les médias omniprésents qui le dirigent dorénavant.

    Voilà, les rêves sont terminés ; la Terre est morte ce matin.
    Hier encore, les pluies acides ont tué la flore moribonde.
    Une fois tout exterminé, le paroxysme fut atteint
    Quand l’homme est devenu lucide une heure avant la fin du monde.

    Tableaux de Vasko Taškovski.

  • Europe et le taureau au goût du jour

    Europe et le taureau au goût du jour

    Sachant qu’Europe fut enlevée par Zeus transformé en taureau
    Afin qu’Il puisse impunément violer la méditerranéenne
    Et que ce mythe soit relevé parmi nos principes moraux
    N’sont que d’infimes désagréments de notre Union européenne.

    Bien sûr, l’Europe dans l’arène des grandes puissances mondiales
    Ne s’en sortira pas vainqueur pas plus que la tauromachie.
    L’Europe est morte, vive la Reine ! L’Europe est nue et déloyale ;
    À défaut de donner son cœur, Elle se prête à l’oligarchie !

    Tableau de Rafal Olbinski.

  • Pas tous à la fois !

    Pas tous à la fois !

    Sauvons-nous – pas tous à la fois – de cette planète de fous !
    Qui se sauvera en premier ? Les riches qui ont tout provoqué ?
    Les pauvres qui ont trop accepté ? Les lâches qui vite ont renoncé ?
    Les ouvriers trop enchaînés ? Les puissants trop improductifs ?

    Moi, dans cette crise de foi, je sauverais le Dieu des fous ;
    Ce Dieu qui nous a reniés, ce Dieu qui nous a révoqués,
    Ce Dieu qui nous a exceptés de son paradis annoncé
    Et qui nous a tous entraînés dans un suicide collectif !

    Photo de Sean Smundy.

  • Demain les sirènes

    Demain les sirènes

    Demain les sirènes, allongées sur les vestiges du passé,
    Nous montrerons que les chimères ont survécu aux cataclysmes.
    Leur existence prolongée au regard de la nôtre effacée
    Montrera combien éphémère était notre fier humanisme.

    Sur un bout de couronne noyée de la Statue-de-la-Liberté,
    Elles joueront la queue dans l’eau sur les décombres fracassés.
    Sans doute, un temps apitoyées sur les rivages désertés
    Par les navires et leurs matelots, qu’elles sauront vite s’en passer.

    Tableau d’Eric Velhagen sur https:ericvelhagen.carbonmade.comprojects2672751 .

  • Histoire d’œufs en accordéon

    Pour une fois, chacun son tour, la sirène a trouvé son maître ;
    Un marin accordéoniste à la voix suave de velours.
    Il a péché ses beaux atours en lançant dans le périmètre
    Son grand filet protagoniste pour une belle histoire d’amour.

    Il découvrit dans son chalut comme une sirène inattendue ;
    Dans son filet, elle a trouvé comme un hamac improvisé.
    Ensemble, il leur aura fallu hisser, une fois bien tendu,
    Leur lit d’amour vite éprouvé par leurs désirs favorisés.

    Une fois le marin repartit, elle est restée dans son logis
    Car mûrissaient dans sa matrice autant d’œufs que d’accouplements
    Qui violaient en contrepartie les lois de la généalogie
    D’une valeur divinatrice avec le charme en supplément.

    Septembre vint, pas monotone car, orné de feuilles mordorées,
    Le nid a vu sa couvaison cachée comme un caméléon.
    Ils ont tous éclos en automne avec une jolie queue dorée,
    Les nageoires à l’inclinaison pareille à un accordéon.

    Tableaux de Hanna Silivonchyk sur https:www.liveinternet.ruusers4248621post178925949 .

  • L’autre race

    L’autre race

    Et si Lilith avait fondé une famille extraterrestre
    Dans un paradis secondaire sans passion et sans tentation
    Qui n’aurait été inondé ni par les fortunes terrestres
    Ni par le mal héréditaire d’un péché de contrefaçon ?

    Subtilité immatérielle qui contient toute son histoire
    A rejoint les mondes invisibles quand la vie a quitté son corps.
    Depuis, c’est toute une kyrielle de créatures contradictoires
    Qui vivent des imprévisibles existences ou pire encor.

    J’ai vu leurs femmes nues en rêve exhibant fièrement quatre seins
    Et une vulve flamboyante qui semblait prête à faire la fête.
    L’apparition était trop brève pour que j’en esquisse un dessin ;
    Hélas, de l’image clairvoyante, je n’ai pas aperçu sa tête.

    Tableau d’Agostino Arrivabene sur https:shewalkssoftly.com20140719agostino-arrivabene .

  • Seule ou mâle accompagnée ?

    Peu me chaut de m’assujettir à des amours aléatoires
    Et je préfère vivre seule plutôt que vivre mâle menée.
    Je refuse d’aller m’abêtir à cette destinée notoire
    Qui pousse mon corps sous la meule pour affûter mon âme née.

    Mais le diapason de l’amour vibre au contraire à contrecœur
    Et son accord va à l’encontre d’un concerto en solitaire ;
    Un impromptu teinté d’humour adoucit les mœurs et le cœur
    Qui privilégient la rencontre d’un autre cœur célibataire.

    Conjuguer avec quatre-z-yeux m’aide à voir tout et son contraire
    Et cuisiner avec deux cœurs permet à l’amour de s’étendre.
    Qu’y a-t-il de plus délicieux que laisser l’autre nous distraire
    Et nous surprendre par la liqueur des eaux de la carte du tendre ?

    L’amour fait voyager plus loin et nous ménage nos montures.
    Si nous savons vieillir ensemble sur le chemin des amoureux,
    Sans doute, les efforts conjoints continueront cette aventure
    Au-delà de ce qui nous rassemble vers un long repos langoureux.

    Tableaux de Sacasas Gilda sur https:disk.yandex.ruaubC1XYIM3Wie4v5b0f2147d61c39182c4e646e .

  • Debout les morts !

    Debout les morts !

    À ton cri de « Debout les morts ! », je sors de ma mélancolie,
    Je vois ta silhouette apparaître et soudain me tourner le dos.
    Je t’emboîte le pas sans remords pour celle qui dort dans mon lit
    De peur de te voir disparaître tel un fugace Eldorado.

    Femme voilée, tu marches droit, femme à dentelles, tu marches au pas !
    Femme dévoilée, tu es ailleurs, femme brodée, tu te dérobes.
    Ton déshabillé très adroit met en valeur tes beaux appas
    Et m’incite à être ce voyeur qui transperce ta minirobe.

    Je te suivrai dans le couloir qui mène à une chambre noire
    Où des rayons ultraviolets flatteront tes charmants contours.
    Je trébucherai sans le vouloir dans une sorte de baignoire
    Pour en sortir bariolé de tes nuances aux alentours.

    L’amour en couleurs que nous fîmes pour monter au septième ciel
    Nous fit gravir tous les degrés de la carte rose du tendre.
    Depuis j’ai au cœur une infime douleur quand je vois l’arc-en-ciel
    Mais à mon âme est intégrée l’amour auquel j’ai pu prétendre.

    Tableau de Brigitte Dumont.

  • Ch’est Chat la Fête à la Mort !

    À Peine Halloween terminée, voici qu’il faut recommencer
    Car la religion catholique veut gommer la fête païenne !
    Alors minettes et minets ensemble se mettre à danser
    Dans une transe liturgique dans la nuit sacrée circadienne.

    À l’aube, dès potron-minet, les chats blancs encore un peu gris
    Regagnent en démarche voilée leurs pénates, exténués.
    Gesticulants en moulinets comme vieux matous rabougris,
    Ils errent sous la voûte étoilée complètement éberlués.

    Illustrations de Diane Kremmer.

  • Mal de dos

    Mal de dos

    Toute cette structure droite qui s’oppose à la gravité
    Paie son tribut à la nature et souffre de mille douleurs.
    Par les positions maladroites qu’exigent mes activités
    Mon dos et toute l’ossature en voient de toutes les couleurs.

    Si mes douleurs étaient prières, montaient au ciel solliciter
    Un réconfort, une décharge de tous le poids de mon fardeau,
    Je sentirais sur mes arrières une douce félicité
    Et dirais « Ô Dieu, télécharge mes peines et tout mon mal de dos ! »

    Tous ces petits démons cruels s’élèveraient comme des bulles
    De mon corps en ébullition contre sa scarification.
    Comme un effluve menstruel dont la pleine lune en préambule
    Se lèverait en prémonition envers ma purification.

    Tableau d’Autumn Rozario.

  • La Si-Do-Mi

    Bien qu’elle s’appela Sidonie, on l’appelait La Si-Do-Mi
    Par son doigté inimitable et ses nombreuses ritournelles
    Qui répétaient cette harmonie en arpèges « La Si Do Mi »,
    Sa signature indubitable lors des célèbres pastourelles.

    La Si-Do-Mi prit un mari doté d’un drôle d’instrument
    Qui la poussait dans les aiguës quand l’air descendait dans les graves.
    Ils eurent une fille, Marie, qu’ils élevèrent congrûment
    Nourrie de notes suraiguës jouées dans toutes les octaves.

    Tableaux de Sacasas Gilda sur https:disk.yandex.ruaubC1XYIM3Wie4v5b0f2147d61c39182c4e646e .

  • La barre haute

    La barre haute

    L’année nous place haut la barre quand vient le trente-et-un octobre
    Et les sorcières entraînées sont aptes à nous baragouiner.
    Bon an mal an, elles se préparent – tout en restant frugales et sobres –
    À s’exercer pour étrenner leurs balais neufs halloweenés.

    Mais pour mieux s’envoyer en l’air, toutes nues, les p’tites ingénues
    Paradent devant les fenêtres pour surexciter les bourgeois.
    Alors les hommes patibulaires en qui le malin s’insinue
    S’enflamment, il faut le reconnaître, à courir ces filles de joie.

    Quand elles les ont rassemblés, là-bas derrière le cimetière,
    Vont-elles les mettre en charpie par leurs diableries animales ?
    Eh non ! Au cours de l’assemblée, toutes ces petites cachotières
    N’étaient que des vieilles harpies et, la queue basse, rentrent les mâles.

    Illustration d’Albert Joseph Penot.

  • Au bout du chemin d’octobre

    Au bout du chemin d’octobre

    Lorsque vient le bout du chemin de ces instants éparpillés,
    Je me rends compte évidemment que j’en ai oublié le temps.
    Le temps de penser à demain et suivre le calendrier
    Où chaque étape incidemment était prévue depuis longtemps.

    La fin arrive brusquement mais l’imprévu était prévu
    Et durant tout ce mois d’octobre j’ai chéri tout ce que j’aimais ;
    J’ai observé le tremblement des arbres pris au dépourvu
    De voir leurs feuilles sous l’opprobre des vents s’envoler à jamais.

    Illustration du calendrier d’Olga Ert sur https:www.behance.netgallery186943calendar .

  • Chat-Löween

    Chat-Löween

    Trois petits chats à pas de loup s’en vont visiter leurs ancêtres,
    Chacun une offrande sous la manche, chacun une opinion cachée.
    Pour qu’il n’y ait pas de jaloux, rien ne pourrait les reconnaître
    Sauf le dernier à tête blanche qui garde un linceul attaché.

    Trois p’tites ombres se détachent sur le mur gris du cimetière,
    Chacune révélant la noirceur de l’âme des chatons pressés.
    Tandis que les minets potaches cherchent l’entrée de la chatière,
    Une sorcière, l’esprit farceur, les suit de près, intéressée.

    « Miaou ! » minaude la coquine, « je suis l’âme de Grande-Minette !
    Déposez-moi donc vos bonbons et friandises à mon adresse ! »
    Mais les trois chats d’humeur taquine ont reconnu Catherinette
    Et malgré leur air furibond ronronnent autour de leur maîtresse.

    Illustration de Kat Philbin.

  • La nuit de toutes les horreurs

    Cythère, l’apprentie sorcière et son chat noir en éclaireur
    Sont conviés à célébrer la nuit de toutes les horreurs.
    Suivant le chemin des souricières qui longe les saules pleureurs
    Avant les douze coups de minuit qui sonnent l’heure de la terreur.

    Sous la Lune couleur de rouille, tous les magiciens se rassemblent
    Avec spectres et feux follets, tous pressés de fariboler.
    Chacun agite sa citrouille dont tous les visages ressemblent
    À un démon roux affolé qui passe son temps à rigoler.

    Tableaux de Diane Kremmer sur https:www.dianekremmer.comgallery.php?gallery=Seasons .

  • Les souvenirs du crépuscule

    Les souvenirs du crépuscule

    La nuit, ma mémoire à tiroir dévide tout son contenu
    D’une manière aléatoire favorisant l’inattendu
    Dans un décor qui fait miroir à un litige convenu
    Entre mon cœur et ses histoires et ma raison, bien entendu.

    Coincée entre la voie ferrée et mon usine à méditer,
    La rue pavée de prétentions m’ouvre à l’âme un rêve éveillé.
    Seule, là-haut, la Lune affairée à transpercer l’obscurité
    Brille d’étranges intentions sans pour autant m’émerveiller.

    L’image s’incruste sur ma rétine comme une scène de théâtre
    Où vont surgir tous les acteurs d’une expérience inaboutie.
    Curieusement mon corps piétine dans cette atmosphère bleuâtre ;
    J’y reste à jamais spectateur de ce souvenir englouti.

    Tableau de Paul Delvaux.

  • Les rameneurs de soleil

    Les rameneurs de soleil

    Aux ramoneurs, les cheminées et aux rameneurs, les couchers.
    Aux allumeurs, les réverbères et les chats seront bien gardés.
    Qu’en penses-tu, mon beau minet, toi qui n’ te laisse effaroucher
    Ni sur les toits par les cerbères, ni par les voleurs attardés ?

    C’est vrai qu’il en voit tous les jours lorsque la chance lui sourit
    Quand le hérisson répand la suie sur le grand rideau étoilé.
    L’espion aux pattes de velours guette la danse des souris
    Au bal des petits rats de nuit à travers l’œil-de-bœuf voilé.

    Par tous les temps, les machinistes ouvrent le spectacle du soir.
    Seule change l’humeur de la Lune, avec les femmes… comment savoir ?
    Les spectateurs opportunistes en profitent pour aller s’asseoir
    Et chercher la bonne fortune au risque de s’y décevoir.

    Tableau d’Ireneusz Wielgosz.