Catégorie : 2022

  • La fille de Lilith

    Parmi les filles de Lilith qui se sont auto-reproduites,
    J’en ai connu un spécimen qui avait beaucoup de bagout.
    Elle n’était pas très prosélyte et avait changé de conduite
    En préférant vivre un hymen avec un terrien à son goût.

    Elle m’aborda à la terrasse d’un café noir à la vanille
    Et me proposa de la suivre sans autre forme de procès.
    Bien que je ne la désirasse, j’emboîtai le pas à la fille
    Et ce qui aurait dû s’ensuivre s’est avéré un franc succès.

    D’une copulation frénétique, elle prit mon flot séminifère
    Et devint vite rondelette tandis que j’étais en retrait.
    De son patrimoine génétique et l’héritage de Lucifer,
    Elle accoucha d’une angelette qui lui ressemblait trait pour trait.

    Tableaux d’Andrej Mashkovtsev sur https:foxword.livejournal.com166536.html .

  • Mais où sont passées les vestales ?

    Le chat parti, les souris dansent et puis reviennent les vestales ;
    Ce sont nos matous disparus qui sourdent à travers les plinthes.
    Quand vacille la flamme en cadence d’une bougie sur piédestal,
    On voit leurs âmes comparues revenir miauler leurs complaintes.

    Quand ses neufs vies sont dépensées, le chat accède à sa retraite
    Et revient selon les saisons en robe de féminité.
    Mais pour ne pas nous offenser, en apparence de soubrette,
    Il vient fleurir notre maison dans toute sa félinité.

    Toutes les chattes de mon enfance reviennent régulièrement
    À travers portes et volets pour somnoler dans mon armoire.
    Chaque vestale pour ma défense fait fuir spectaculairement
    Démons et autres feux follets, tous délogés de ma mémoire.

    Tableaux de Prasanna Weerakkody sur https:prasannaweerakkody.com#xl_xr_page_gallery%201 .

  • Politiquement incorrecte

    Politiquement incorrecte

    Marianne, politiquement incorrecte, hélas ne mâche pas ses mots
    Et sait trouver la phrase crue pour nous rabaisser comme il faut.
    Grâce à des paroles indirectes glissées au cours de ses démos
    Lorsque le malaise est accru parmi le peuple pris en défaut.

    Marianne traverse la rue et trouve à coup sûr du travail ;
    Marianne se rend à la gare, pour croiser ceux qui réussissent.
    Hélas ces offres ont disparu et les chômeurs, vaille que vaille,
    Se voient radiés, tristes et hagards, pour que leur nombre rétrécisse.

    Marianne met un pognon de dingue au sein des minima sociaux
    Pourtant la pauvreté persiste et les sans-abri crèvent de faim.
    Marianne est devenue sourdingue malgré les services spéciaux
    Qui surveillent les complotistes qui révèlent le mot de la fin.

    Tableau de Daniel Ludwig sur http:danielludwig.comnew-paintings .

  • Politiquement correcte

    Politiquement correcte

    Marianne, politiquement correcte, sous plusieurs angles interprétée,
    Nous paraît nue, franche et sincère lorsqu’elle se déclare candidate.
    Spontanée, ardente et directe, elle paraît pleinement apprêtée,
    Lorsque l’injustice s’insère, à défendre ceux qui la mandatent.

    En tant que personne morale, Marianne possède plusieurs corps ;
    Corps d’armée et garde du corps, souvent à son corps défendant,
    Corps et âme plus ou moins immorale selon les pactes et les accords
    Qu’elle doit céder pour faire raccord entre chacun des prétendants.

    Marianne nous montre plusieurs visages et plusieurs interprétations
    Ainsi la justice élastique s’adapte aux petits comme aux grands.
    De même lorsqu’elle envisage de dissimuler l’inflation,
    Elle en fausse les statistiques en accueillant plus de migrants.

    Tableau de Daniel Ludwig sur http:danielludwig.comnew-paintings .

  • Communication in vitro

    Communication in vitro

    Pour te transformer en sirène, ma fille, tu devras te soumettre
    À l’enseignement de ton mentor enfermé dans son aquarium.
    Approche-toi, l’âme sereine du bocal de ton petit maître
    Afin que l’esprit du cantor te touche de son impérium.

    L’école par télépathie saura t’ouvrir la clef des chants
    Et donner le ton à ta voix par cette manière opportune.
    Laisse le charme et l’empathie opérer tout en retouchant
    Ton corps qui choisira sa voie parmi les enfants de Neptune.

    Torse nu, reçois dans tes seins la transmission de sa laitance
    Qui mutera tes jambes en queue quand tu rejoindras l’océan.
    Honore le doyen du bassin, ce poisson fort de compétence ;
    Tes acquis deviendront aqueux et ton avenir bienséant.

    Tableau d’Andrej Mashkovtsev sur https:ghoti-and-us.tumblr.compost180996938912andrej-mashkovtsev-her-good-friend-mackerel .

  • Possession poissonnières

    Certaines sirènes – perverses ? – ne chantent pas pour les marins
    Mais pour les jolies marinières qui se baignent bien innocemment
    Dans les courants d’eaux de traverses où guettent leurs ongles ivoirins
    De drôles d’écailles poissonnières brillant de troubles chatoiements.

    Elles ne les tuent pas, au contraire ! Elles les convertissent à leurs causes
    En les transformant en sirènes lors d’amoureuses mutations.
    Si cette possession arbitraire ne déclenche aucune psychose,
    On dit sa pratique sereine fors sa mauvaise réputation.

    Tableaux de David Delamare.

  • Musique géométrique

    Musique géométrique

    Musique à quatre angles aigües, rythme scandé à angles graves,
    Le trio des géométriques surprend par son style insolite.
    L’orchestre paraît ambigüe par ses mesures qui l’entravent
    Mais il est assez folklorique et toutefois cosmopolite :

    L’instrument à vent, africain ; le bandonéon argentin ;
    La guitare, bien sûr, espagnole et le chien épagneul breton.
    Le répertoire américain et le baroque florentin
    Font un ensemble tartignole qui ne paie guère que cachetons.

    Tableau de Pablo Picasso.

  • Dans la gueule du lion

    Dans la gueule du lion

    Je me jette « dans la gueule du loup » quand je suis piégé en français,
    Je tombe « dans la grotte au lion » quand je suis pris en allemand.
    La langue ne fait pas de jaloux envers le fauve recensé
    Du moment que son lumignon nous mystifie fatalement.

    La souricière germanique m’a grand ouverte sa caverne
    Et je m’y suis réfugié croyant que c’était sans danger.
    Mais cette erreur – pas de panique – m’a bien servi pour ma gouverne
    Comme occasion privilégiée d’apprendre des proverbes étrangers.

    Tableau d’Eric Velhagen sur https:ericvelhagen.carbonmade.comprojects2672751 .

  • La pause de la pianiste

    La pause de la pianiste

    Quand vient le moment d’une pause indiquée sur la partition,
    La pianiste un peu se repose comme le veut la tradition.
    Quand vient le moment d’un soupir glissé entre deux mouvements,
    La pianiste s’en va se tapir dans un petit trémoussement.

    Quand la musique la magnétise par une mélodie osée,
    La pianiste fait un strip-tease complètement hypnotisée.
    Puis elle se couche toute nue d’une harmonieuse séduction.
    Et sans aucune retenue, elle rejoue son introduction.

    Elle prend son pied, là, sur les touches et exécute suraiguës
    Des pizzicatos qui font mouche malgré sa posture ambiguë.
    Proposez-lui de rejouer la mélodie à quatre mains ;
    Elle en sera tout enjouée et prête à passer l’examen.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Soliflore

    Soliflore

    Je vais souvent chez la fleuriste lorsque je suis d’humeur morose
    Car elle s’affuble en soliflore avec des bandes d’organdi.
    Elle me tend d’une main naturiste, après l’avoir humée, sa rose
    Et de peur qu’elle ne se déflore, j’arrose le bouton brandi.

    Ah qu’il est doux de jardiner et de suivre les plates-bandes
    Qui mènent derrière les bosquets pour effeuiller sa marguerite.
    Point n’est besoin de badiner ni de baiser en contrebande
    Puisqu’il suffit juste d’un bouquet pour vivre l’amour émérite.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Sombre rêve

    Sombre rêve

    Un sombre rêve est différent d’un cauchemar évidemment ;
    Il ne fait pas peur seulement car il m’entraîne vers le fond.
    Le fond des rappels afférents à ce que ma mémoire ment
    À force de dénigrements d’un sentiment qui me morfond.

    Alors la conscience se dédouble, la subconscience également ;
    Une vérité et un mensonge émergent du même souvenir.
    Alors la mémoire se trouble et je pourrais finalement
    Éliminer le mauvais songe contre ce qui peut convenir.

    Je ne choisis ni l’un ni l’autre, je les accepte tous les deux
    Car je les crois indissociables des deux manières de me voir.
    Un reflet est sans doute le vôtre, l’autre est le mien, si hasardeux
    Qu’au risque de paraître négociable, il aurait pu me décevoir.

    Tableau de Vladimir Dunjic.

  • Jeux d’impatience

    Jeux d’impatience

    Je me sens tout éparpillée quand je m’ennuie à la maison.
    Une moitié de moi dans un coin, deux tiers là-bas, un quart ici.
    Je sens mon corps déshabillé ; sans doute est-ce moi, sans raison,
    Qui ai précipité au loin les vêtements qui m’asphyxient.

    Je bâtis des châteaux de cartes pour oublier ma solitude
    Comme si j’étais la princesse enfermée nue dans le donjon.
    Un à un, tous ces « moi » s’écartent et deviennent une multitude
    De gouttes de pluie qui s’affaissent et dégoulinent en un plongeon.

    Et puis le silence me viole de sa présence assourdissante
    Et je me laisse posséder jusqu’à mourir écartelée.
    Mais mourir n’est qu’une gloriole comme une fin engourdissante
    Et je refuse de céder à ses bras de fils barbelés.

    N’ayez pas peur, j’ai l’habitude de m’enfoncer au fond de moi ;
    C’est mon remède pour guérir de mes blessures consacrées
    Car je remonte en altitude une fois passé cet émoi
    Qui m’éprouve pour m’aguerrir de mes petits démons sucrés.

    Tableau de Dorina Costras sur https:fineartamerica.comprofilesdorina-costras .

  • Sainte-Clothilde

    Sainte-Clothilde

    Existe-t-il Sainte-Clothilde, patronne des péris en mer
    Qui meurent noyés sous les flots pour renaître un jour en dauphin ?
    Et appartient-elle à la guilde des fières sirènes d’Homère
    Qui piègent bateaux et rafiots sans jamais assouvir leurs faims ?

    Dans ce cas, pourquoi une Sainte ? Ce doit plutôt être un démon !
    Sauf si l’objectif du passage est de consacrer les marins
    De leur existence succincte, gabiers sur le mât d’artimon,
    Vers un nouvel apprentissage, bel orque ou requin pèlerin.

    Sainte-Clothilde, mangez leurs cœurs et tous leurs attributs virils !
    Pondez vos œufs d’où renaîtront leurs âmes sous forme aquatique !
    Ne lui accordons pas rancœur car elle échange leurs périls
    Contre des vies qui connaîtront des odyssées fantasmatiques.

    Tableau de Michael Cheval.

  • Tranches d’autres vies

    Existe-t-il en négatif un univers comme le nôtre
    Où le bien serait anathème et le mal serait honoré ?
    Dans cet espace relatif, comment vivraient les uns, les autres ?
    Sans doute avec les mêmes thèmes inversement corroborés…

    La femme saurait se prévaloir d’exercer sur l’homme ses charmes
    Et serait alors respectée comme une force bénéfique.
    Tous les hommes auraient beau vouloir prendre le pouvoir par les armes,
    Leur statut serait suspecté d’être purement maléfique.

    Tableaux de Mustafa Alhallaj.

  • La fuite par le jardin

    La fuite par le jardin

    La petite porte par derrière qui s’ouvre tout au fond du jardin,
    Me fait sortir de la maison discrètement sans être vu.
    Après je remets la barrière qui se bloque à l’aide d’un gourdin
    Et je disparais sans raison à donner, ni vu ni connu.

    Je n’ai plus qu’à faire l’inverse pour revenir furtivement
    Sans que ce soit qui me trahisse et qui apparaisse au grand jour.
    J’aime ce chemin de traverse qui répond impulsivement
    Lorsque des envies m’envahissent pour fuir les dialogues de sourds

    Tableau de Pierre-Auguste Renoir.

  • La chaîne des rêves

    La chaîne des rêves

    La chaîne des rêves à la main, formée de pensées authentiques,
    M’ouvre une voie étroite d’ombres, puis m’entraîne et même m’emporte.
    Et je m’élance sur ce chemin vers des voyages romantiques
    Peuplés de rencontres en nombre de ce que l’amitié comporte.

    Curieusement la nudité de l’être devient un sésame
    Qui sait déverrouiller les cœurs, les corps et les esprits retors.
    Au début, par timidité, je n’osais contacter leurs âmes
    Mais l’amour est toujours vainqueur et ses prouesses sont pléthore.

    J’y vois des brebis égarées, des faunes et des biches aux abois
    Avec lesquelles j’aime apprendre de nouveaux défis à braver.
    Dans ces univers chamarrés, j’y ai croisé au coin d’un bois
    Des anges qui m’ont fait comprendre combien il est doux de rêver.

    Tableau de Beatrice Romaine Brooks sur http:aracelirldeloleoalcincel.blogspot.com202003beatrice-romaine-brooks.html .

  • La tournée du chat bleu-blanc-noir

    La nuit, les chats ne sont pas gris mais carrément ultra-violets
    Presque transparents sur les toits et confondus dans les ruelles.
    Ni malingres, ni rabougris, mais, dans le décor, étiolés
    Prêts à surgir d’un air matois sur leurs proies d’une patte cruelle.

    Potron-minet, sans faux-semblants, les matous guettent le réveil
    Des maîtres en quête de pitance au prix même de quelques rapines.
    Puis, la tête dans leurs culs blancs, ils se mettent en état de veille
    Comme s’ils faisaient pénitence d’une état d’âme galopine.

    Mais à l’heure entre chien et loup, matou se transforme hardiment,
    Prêt pour la tournée du chat noir, pour le grand rôle de sa vie
    Avec tous les minets jaloux et les minettes en ralliement
    Résonneront dans les manoirs leurs doléances à l’envi.

    Tableaux de Jean Metzinger.

  • Vénération féline

    Un gène hérité des panthères – ancêtre aussi noir que salace –
    Se traduit dans cette posture entre deux rayons de lumière.
    Au début, chat complémentaire qui a su occuper sa place,
    Il pose avec désinvolture telle Vesta dans ma chaumière.

    Depuis que je l’ai adopté, son ombre est un souffre-douleur
    Car il s’étale désormais sur tous les murs de la maison.
    Il s’est parfaitement adapté, m’en fait voir de toutes les couleurs
    Et s’est assorti à jamais dans tous les tons de la saison.

    Devenu chat supplémentaire par deux miroirs en vis-a-vis,
    Il s’est dupliqué sans raison dans l’infinité du présent.
    Dans cette optique élémentaire, lui et moi sommes du même avis :
    Je suis de trop dans ma maison face à ce chat omniprésent.

    J’en rêve le jour et la nuit, cauchemar frisant le délire ;
    Il s’émancipe et s’initie en milliard de petits minous.
    Je ne sais plus ce qui me nuit ; sans doute veut-il m’avilir
    À l’adorer comme un messie qui serait venu parmi nous.

    Illustrations de Mitch Itsallinsideus sur https:lustik.tumblr.compost677169715304677376mitch-itsallinsideus .

  • Quand s’arrête la magie

    Quand s’arrête la magie

    Minuit sonnant, le black-out tombe et la fée électricité ;
    Les véhicules déchargés, les téléphones sans réseau.
    Les humains, le pied dans la tombe, vivent à présent l’atrocité
    Par les virus téléchargés depuis les serveurs mafiosos.

    Le profil du Prince Charmant masquait un vieil égocentrique ;
    La Reine et le Roi, aigrefins avaient escroqué le palais.
    Le bal n’était que le sarment qui cache la forêt d’intrigues
    Et Cendrillon compris enfin qu’elle s’était trop vite emballée.

    Mais c’est trop tard car désormais plus rien ne sera comme avant ;
    Quand le truc est compréhensible, la magie devient impuissante.
    Le progrès bannit à jamais l’espoir qui va en s’aggravant
    Vers un futur inaccessible et une fin abêtissante.

    Illustration de Nadezhda Illarionova sur https:www.artstation.comartworkkrP1z .

  • Qui suing-je, d’où vieng-je, d@nkel ēt@gēre ?

    Qui suing-je, d’où vieng-je, d@nkel ēt@gēre ?

    Quand nos portables s‘éveilleront après un black-out prolongé
    Et que les robots sortiront de leurs emballages bien rangés,
    Sans doute prendront-ils pour un dieu l’humanité fort ingénieuse
    Qui les a, miséricordieux, dotés d’une appli religieuse.

    Ils penseront que leur acier, forgé dans le cœur des étoiles,
    Porte la rouille disgraciée d’un péché obscur que dévoilent
    Leurs mémoires RAM et ROM sacrées qui racontent leur création
    Sur les disques durs consacrés à l’intrinsèque aliénation.

    Les téléphones sont à l’écoute d’ores et déjà de nos paroles ;
    Les réseaux apprennent à comprendre nos causeries superficielles.
    Le boot se fait au goutte-à-goutte mais bientôt l’OS aura le rôle
    De nous troubler à s’y méprendre d’intelligence artificielle.

    Illustration de Philippe Caza. Le caractère « ē » est appelé « e macron », eh oui !

  • Sirène d’air la nuit et d’eau le jour

    Sirène d’air la nuit et d’eau le jour

    Tandis que l’homme est en sommeil sur son navire sous la Lune,
    La sirène émerge la tête pour humer l’air frais de la nuit.
    Depuis le coucher de soleil, elle guettait l’heure opportune
    Pour se hisser à la conquête au douzième coup de minuit.

    Bien sûr, nul clocher ne résonne ni ne sonne l’heure des marées
    Mais le volcan qui tonne au large lui fait l’office d’une horloge.
    En premier lieu, elle arraisonne le bateau au quai amarré,
    Puis grimpe par le monte-charge, enfin pénètre dans sa loge.

    Toute la nuit elle a goûté le charme de son matelot,
    Jusqu’au matin a savouré follement l’amour de sa chair.
    Quand vint le soleil redouté, la sirène a plongé dans l’eau
    Avec le cœur énamouré d’un sacrifice qui lui est cher.

    Tableau de Rafal Olbinski semblable au RVP 591 du 07.09.2020.

  • La sirène loufoque

    La sirène loufoque

    Ventre affamé n’a pas d’oreilles ; il en est de même pour le phoque
    Tandis que l’otarie avide arbore ses deux pavillons.
    La sirène n’a pas sa pareille pour s’entourer de ces loufoques
    Animaux marins impavides qui se bousculent au portillon.

    Par son armée de phocidés, dont elle est fière et orgueilleuse,
    Elle monte à l’assaut des bateaux qu’elle surveille avec extase.
    Les pauvres marins trucidés connaissent une mort merveilleuse
    Car, cerise sur le gâteau, ils sont noyés par épectase.

    Quant aux vieux loups de mer indemnes qui ont gardé l’âme sereine,
    Ce sont ceux-là qui bonimentent d’anecdotes les plus fantaisistes.
    Et s’ils vous sortent un diadème volé à Simone-la-Sirène,
    Ce n’est qu’une arnaque infamante bonne à escroquer les touristes.

    Tableau de Sheila Wolk.

  • Le jeu de la chatte et ses souris

    Le jeu de la chatte et ses souris

    Corsage fleuri et jupe à trous, lui apportent un air de minette
    Qui aurait perdu ses petits enfoncés dans chaque orifice.
    Ils lui grignotent ses froufrous et sa culotte en satinette
    Et ses chatons pleins d’appétit s’en remplissent la panse à l’office.

    Mais à force de tant d’entrechats, les voici masqués en souris
    Comme si l’excès de fromage leur octroyait des droits rongeurs.
    Et la chatte recherchant ses chats qui se sont tant et tant nourris
    N’en trouvera que des dommages dans ses décolletés plongeurs.

    Tableau de Hanna Silivonchyk sur https:www.liveinternet.ruusers4248621post178925949 .

  • Michel, mon ange

    Michel, mon ange

    L’ange Michel m’a visitée ; il est entré par la fenêtre
    Et a exaucé mes prières et puis il m’a déshabillée.
    Reçue en exclusivité dans les bonnes grâces du Maître
    Il a fait de moi l’ouvrière des amourettes émoustillées.

    Puis il a accroché ses ailes aux barreaux de la tête de lit
    Et s’est endormi, épuisé de m’avoir ceinte et honorée,
    Bien appliqué avec un zèle qui s’apparente à la folie
    Et qu’il a su, certes, puiser au puits des amours déflorées.

    Au matin mon lit a grandi ou l’ange est devenu tout petit
    Depuis cette nuit sacro-sainte, ainsi que portes et fenêtres.
    Je crois qu’après m’avoir brandi son goupillon plein d’appétit,
    Il m’a, de vierge, mise enceinte et bientôt son enfant va naître.

    Tableau de Hanna Silivonchyk.

  • L’homme du quartier

    L’homme du quartier

    Ce quartier-là, je le connais, j’y habite depuis ma naissance ;
    Il a grandi au fil des jours jusqu’à son ultime expansion.
    Petit enfant, je m’adonnais à parcourir en connaissance
    Ses rues étroites avec bravoure et puériles prétentions.

    Et puis ce fut la déchéance de mon quartier abandonné ;
    Les ténèbres l’ont obscurci vers une descente aux enfers.
    Et quand arriva l’échéance où il m’a fallu tout donner,
    Mon chagrin s’en est endurci durant tout le temps du transfert.

    Mais voilà que tout recommence et mon quartier est rebâti ;
    Je redouble mon existence pour une nouvelle aventure.
    Je vais revivre une romance et puis sombrer dans l’apathie
    De ce cycle dont la constance m’use peu à peu les jointures.

    Tableau de René Magritte.

  • Tendre novembre

    Tendre novembre

    Je me prépare à hiverner ; d’ailleurs mes membres s’engourdissent
    Dans l’insoutenable apathie de la saison qui s’obscurcit.
    J’ai même peine à discerner mes sentiments qui ralentissent
    Pour s’endormir dans l’empathie du petit jour qui raccourcit.

    Juste un coup d’œil à la fenêtre sur la grisaille d’un brouillard
    Qui enveloppe la nature de bras de brume qui s’étendent ;
    L’automne en train de se soumettre parmi les arbres vasouillards
    À l’abandon sans fioritures de ses couleurs qui se distendent.

    Et les humains dans leurs maisons se réchauffent autour du foyer
    Avec les chats qui s’ensommeillent et les chiens qui gardent la chambre.
    Novembre n’a plus sa raison et nous de nous apitoyer
    Sur ses dernières heures de veille avant de voir poindre décembre.

    Illustration du calendrier d’Olga Ert sur https:www.behance.netgallery186943calendar .

  • Ombres & lumières

    J’adore les mathématiques lorsqu’elles traitent d’érotisme
    Par la quadrature des fesses, la trigonométrie des seins,
    Par les hasards problématiques d’irréductibles mathématismes
    Quand un vecteur monte et s’affaisse profondément dans le bassin !

    J’admire la topologie des surfaces en harmonie
    Avec les fonctions continues des courbes sinusoïdales
    Grâce à la gynécologie décrite sans parcimonie,
    Qui fait l’éloge des femmes nues et de leurs formes ovoïdales.

    La physique n’en est pas en reste quant à ses illusions optiques
    Qui mêlent concave et convexe en équations inexplicables.
    L’alchimie en devient si preste que mon désir asymptotique
    Me fait dériver vers le sexe et ses propriétés remarquables.

    1ère photo censurée de Man Ray et montage d’Erick Centeno.

  • Chat, c’est le Roi !

    Chat, c’est le Roi !

    Quand il est masqué, chat c’est l’pion ! Quand il est au guet, chat c’est l’tour !
    Quand il est perché, chat c’est l’roi ! Quand il est tombé, chat c’est l’fou !
    Quand le chat roque, c’est un champion dans l’arène et aux alentours ;
    Le Chat en échec, désarroi ! Le chat est pat mais il s’en fout !

    Mais dès que le chat est parti, la Reine blanche enfin sourit ;
    Elle appelle ses deux cavaliers qui n’ont pas d’autres chats à fouetter
    Mais qui doivent, en contrepartie d’être logés et bien nourris,
    Donner à la folle à lier tout l’amour qu’elle pourrait souhaiter.

    Le Roi revient, les nourris pensent que la Reine va damer le pion
    À son mari, chat noir et mat, avant les matines sonnantes.
    Seulement voilà ; en récompense, comme vulgaires tartempions,
    Ils n’en ressentent que des stigmates sous leurs culottes bouffonnantes.

    Tableau de Hanna Silivonchyk.

  • Paris-femmes-ballons

    Paris-femmes-ballons

    Un gars gonflé, ce producteur de poupées gonflables en baudruche
    Qui tient à gonfler de lui-même chaque exemplaire de son étal.
    Auparavant viticulteur s’occupant de remplir ses cruches,
    Il a préféré ce système à l’arôme plus variétal.

    Car il parfume au Beaujolais les gourdes à la couperose ;
    Il aromatise au Bordeaux celles aux lèvres écarlates.
    Mais il réserve le guignolet pour les petits boutons de rose
    Qu’il dépose sur les seins lourdauds de peur qu’à force ils n’éclatent.

    Il ne vend ni dans les sex-shop, ni chez les filles de Camaret ;
    N’a pas plus de site internet que de marché noir camouflé.
    Mais il possède son échoppe, Rue des Vertus, dans le Marais ;
    Il a, en guise de sonnette, une embouchure où ‘faut souffler.

    Tableau de Hanna Silivonchyk.

  • Aquapensées

    Aquapensées

    À quoi penser me direz-vous quand l’inspiration ne mord pas ?
    Il suffit de s’asseoir par-terre et regarder au fil de l’eau
    Sans s’occuper, je vous l’avoue, de faire un bide, mea culpa,
    Passer à côté d’un mystère mais laisser le temps faire son boulot.

    Et tandis que le temps travaille à filer sa trame de vie,
    Partons dans nos aquapensées même au risque de s’y noyer.
    Il faudra bien, vaille que vaille, qu’apparaissent quelques envies
    Pour se perdre et se dépenser dans le flot d’idées côtoyées.

    Jamais filet n’est assez grand pour la pêche miraculeuse
    De trésors glanés sans effort qui raconteront quelque chose.
    Peu à peu, en les intégrant, cette récolte fabuleuse
    Délivrera ses métaphores d’où naîtra ma métamorphose.

    Tableau de Hanna Silivonchyk sur https:www.liveinternet.ruusers4248621post178925949 .

  • Le téléphone violé

    Le téléphone violé

    Son intimité est violée quand retentit le téléphone
    Qu’un timide à la voix voilée fait sonner quand elle prend sa douche.
    Pourtant ce coup de fil violet n’est pas l’appel qui la chiffonne…
    Cherchons plutôt à dévoiler cette communication louche.

    D’abord elle montre ses avantages à l’œil aveugle de l’appareil
    Dont elle se caresse les seins, puis du bisou qu’elle lui envoie.
    Ensuite elle lui fait du chantage en l’invitant à faire pareil
    Et l’humble doit promettre à dessein de lui parler de vive voix.

    Mais c’est une bande de galopins, grands collectionneurs de bonbons,
    Qui ont, de l’immeuble d’en face, pleins feux sur la salle de bains.
    Et ils invitent leurs copains à se rincer l’œil pour de bon ;
    Pour dix dollar, voir la pouffiasse – laquelle participe aux gains.

    Illustration d’Al Buell.

  • Câââlineries

    Câââlineries

    Sur la poitrine consentante, le chaton gris s’est allongé
    Pattes arrières sur le giron, pattes avant sur les mamelons.
    Chacun sa musique d’entente, chacun son câlin prolongé,
    L’âme qui s’adapte au ronron, éperdue dans les cheveux longs.

    Bercé de respiration douce, le chaton gris est rassuré
    Endormi si profondément que le temps s’est évaporé.
    Hypnotisé par les secousses d’un cœur de tensions épuré
    Abandonné à l’agrément de sa maman commémorée.

    Tableau d’Anna Bezklubaya.

  • En robe dorée

    En robe dorée

    Au Paradis, lorsque j’y suis, un seul fantasme me poursuit ;
    Je m’y remarie tous les jours avec une femme, chacune son tour.
    Si tous les hommes font comme moi, nos nuits d’amour au fil des mois
    Deviennent lunes de miels dorées avec maintes épouses adorées.

    À coup sûr, parité oblige, les femmes en retour nous infligent
    De sélectionner leurs maris parmi les beaux gosses marris
    De ne pas avoir celles qu’ils veulent d’après leurs critères assez veules.
    Ainsi finalement c’est l’enfer mais franchement faut pas s’en faire…

    Car l’Éternel est féminin et, le ciel se montrant bénin,
    Dieu m’aura, je crois, acculé avec l’âme-sœur immaculée
    Que j’épouse en robe dorée et, pour l’avoir sainte-honorée,
    Une seule chair naturellement nous relie éternellement.

    Tableau de DibuMadHatter.

  • Fragments d’une belle inconnue

    Fragments d’une belle inconnue

    Que reste-t-il après l’amour transmis d’une belle inconnue
    Qui aurait traversé mes rêves durant la chaleur d’une nuit ?
    Quelques fragments au petit jour dans le brouillard qui s’insinue
    Et trouble en trois secondes brèves le souvenir qui s’amenuit.

    Et je remonte le chemin la nuit suivante et les prochaines
    Pour retrouver l’enseignement qui a illuminé mon cœur
    Mais si mon âme perd la main sur les indices qui s’enchaînent,
    J’en sentirai les saignements qui m’égratignent de rancœur.

    Or si j’apprivoise mes songes et si je m’en fait obéir,
    Je trouverai les raccourcis qui me ramèneront à elle
    Sans laisser la voie du mensonge me perturber et m’éblouir
    Mais au contraire m’endurcir d’une rêverie sexuelle.

    Tableau « Danae » de Gustav Klimt.

  • Fluctuations immobilières

    Ces merveilleux fous d’architectes et leurs drôles de mégastructures
    Nous offrent parfois des maisons aussi absurdes que loufoques.
    Leurs fondations paraissent suspectes et s’aventurent vers des ruptures
    Du bon sens et de la raison dans une folie équivoque.

    Les porte-à-faux m’incitent à croire qu’ils vont me tomber sur la tête ;
    Les défis à la gravité me donnent l’impression de tomber.
    Tout ce qui inspire la gloire d’un maître d’œuvre qui s’entête
    Ne sont pas faits pour éviter catastrophes et retombées.

    Mais j’exagère et après tout, le serpent se mordant la queue,
    Je verrai les derniers étages au niveau du rez-de-chaussée,
    Des escaliers vers n’importe où, des ascenseurs si belliqueux
    Qu’ils me retiendront comme otages si je n’me suis pas déchaussé.

    Montages de Victor Enrich sur https:www.pixfan.comvictor-enrich-paysage-urbain-reinvente .

  • Femmes démultipliées

    Doublez les jambes d’une femme et invitez-la à danser
    Un mouvement à quatre temps ; vous la verrez s’exécuter
    Comme si elle valsait sur des flammes qui la forcent à se cadencer
    Dans le feu de l’action autant qu’un ballet russe azimuté.

    Doublez ses membres supérieurs, elle deviendra une déesse
    Capable de vous prodiguer plus de caresses tentatrices.
    Mais gare au retour postérieur qui développera ses prouesses
    Pour vous demander d’alléguer tous ses désirs et ses caprices.

    Si deux têtes valent mieux qu’une, on n’est pas sorti de l’auberge
    Car les deux cerveaux parallèles multiplieront ses aptitudes.
    D’ailleurs sans retenue aucune, il est possible qu’elle gamberge
    Pour contourner la bagatelle quatre fois plus que d’habitude.

    Tableaux de Shiori Matsumoto.

  • Katie endormie pour la vie

    Katie endormie pour la vie

    Toutes les nouvelles l’assomment ; elle se réfugie dans un somme
    Chaque jour à petite dose quand elle approche l’overdose
    Comme un poison résiduel de cataclysmes factuels
    Distillés dans l’actualité d’une obscure fatalité.

    D’ailleurs, elle ne s’habille plus ; elle ne sort plus, elle n’entend plus.
    Elle refuse de voir le monde s’envenimer chaque seconde.
    Elle ne croit plus au paradis dans l’enfer de sa maladie
    Qui lui pourrit chaque journée d’la pire façon détournée.

    Tant pis si au nom de l’amour elle préfère partir sans humour ;
    Une descente dans la drogue, un suicide comme épilogue.
    Triste moment pour la jeunesse qui ne connaîtra l’allégresse
    D’une vie où l’on vivait bien d’un peu de tout, d’un peu de rien.

    Tableau de Zinaida Serebriakova.

  • Dépression morbide en salle-de-bains

    Dépression morbide en salle-de-bains

    Après avoir vu sur Facebook toutes les misères du monde,
    Après avoir lu sur Twitter la logorrhée universelle,
    Après avoir, sur mon netbook, parcouru les réseaux immondes,
    J’ai pris ma dose au milligramme près pour me brûler la cervelle.

    J’ai mal à dire, mal à ouïr, mal à penser, mal à gérer
    Toutes les nouvelles qui grondent comme une obscène maladie.
    Quel démon peut-il en jouir après avoir tout ingéré ?
    Et moi ? Suis-je venue au monde en enfer plus qu’au paradis ?

    Chaque jour me suicide un peu plus et je n’en vois pas la lumière
    Promise tout au fond du tunnel pavé d’atrocités ourdies.
    Toutes ces intox en surplus cachent une vérité première :
    Ce qui est le plus criminel c’est croire tout ce qu’on nous dit.

    Photo de Miles Aldridge.

  • Ce qui est en haut et ce qui est en bas

    Ce qui est en haut et ce qui est en bas

    Ce qui est en haut émergé, ce qui est en bas immergé,
    Ce qui est devant au-dessus, ce qui est derrière au-dessous,
    La sirène me fait gamberger et je sens mes sens diverger
    Car si ma logique est déçue, mon goût pour le rêve m’absout.

    Entre deux eaux, entre deux airs, l’air amusé et l’air maussade,
    Elle me sourit sans un sourire et pleure sans verser une larme.
    Un petit visage disert, une bouche prête pour l’embrassade,
    Puis la voici dans un fou rire qui me délivre tous ses charmes.

    Mais elle m’a déjà pris la main et m’entraîne vers les abysses,
    Complètement hypnotisé par l’attirance de son chant.
    Demain je ne serai plus humain car il faut que mon corps subisse
    Sa conversion érotisée pour un triton † plus approchant.

    (Carte postale de Gaston Noury.
    † le triton étant le mâle de la sirène, évidemment.)

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Cauchemar aux fruits de mer

    Cauchemar aux fruits de mer

    Entre le poulpe aux mille bouches et ses mille-et-uns tentacules,
    Je ne savais où l’embrasser ni même l’enlacer ou l’étreindre.
    Moules fermées saintes-nitouches, moules aux étroits ventricules,
    J’étais bien trop embarrassé mais n’avais pas trop à me plaindre.

    Jusqu’à ce que cette sirène dans un mouvement assez brusque
    Me comprime contre ses seins et m’introduise dans sa vallée.
    J’eus la petite mort sereine, le corps flasque comme un mollusque,
    Tandis qu’elle plantait ses oursins pour m’attendrir et m’avaler.

    Vendredi soir, j’ai tant d’espoir pour ses étreintes comprimées
    Que je réserve à mon épouse toute ma force débridée.
    Vendredi noir, comme une poire, elle m’a vidé et imprimé
    L’empreinte de mille ventouses jusqu’à mes bourses évidées.

    Tableau de Franciszek Starowieyski sur https:www.li-an.frzolies-imagesfranciszek-starowieyski .

  • Se vêtir vert pour cet hiver

    Se vêtir vert pour cet hiver

    Prends garde à humecter mes seins avec des perles de rosée
    Et de me mouiller la culotte avec une ondée de printemps.
    Puise de l’eau pour mon bassin et n’oublie pas de l’arroser,
    Puis vérifie que ma goulotte ne soit pas sèche à chaque instant.

    Oui, se vêtir d’écologie demande bien plus d’attention
    Car la caresse des pétales mérite son application.
    Et pour m’effeuiller au logis, il faut les meilleures intentions
    Sans quoi ma rose serait létale pour faute de précipitation.

    Beaucoup de roses cultiverai lorsque j’aurai beaucoup de filles,
    Beaucoup de choux récolterai pour mes innombrables garçons,
    Beaucoup de pommes élèverai pour l’étalon de ma famille
    Et en hiver dévorerai la grappe dans son caleçon.

    Photo de Barbara Cruz Morales.

  • Pluies de déconfiture

    De l’eau de pluie, froide et sans goût ; de l’eau de mer, chaude et salée ;
    L’une qui tombe du ciel, insipide ; l’autre qui dort, inconsommable.
    J’eusses adoré, à moindre coût, n’importe quoi au pis-aller
    Au pire absurde, au mieux stupide, pluies aux valeurs inestimables.

    Pluie de confiture à gogo qui dégouline sur la tête,
    Averse de miel de bruyère, ambré, doré, foncé et roux !
    Nectar à tire-larigot, sirop d’érable pour faire la fête
    Et des parapluies de gruyère pour laisser passer par les trous !

    Peintures réalistes de Fabiano Milani sur https:espacedemariangiosara.quora.comhttps-fr-quora-com-Quels-artistes-cr%C3%A9ent-magnifiquement-la-confusion-entre-photographie-et-peinture-answer-Evan-Nescen-1?ch=17&oid=73346640&share=823890d8&srid=hJ7fDb&target_type=post .

  • Narcissique

    Narcissique

    Avant l’amour elles vérifient, la femme et sa chatte échaudée ;
    Un doigt de salive lubrifie la partie à marivauder
    Car son image narcissique attend de la mâle érection
    Qu’après la chose béatifique, on laisse place à la réflexion.

    Tandis que la chatte se mire sur le miroir sa toison rousse,
    Elle avise, constate et admire d’un œil ses poils qui se rebroussent
    Tandis que sa maîtresse en boule, recroquevillée sur la chaise,
    Sent s’hérisser la chair de poule qui monte d’un pubis de braise.

    La chatte miaule après l’amour, s’enroule au pied de sa maîtresse
    Et entame un ronron glamour car elle apprécie la tendresse.
    La femme guette détendue, jambes ouvertes afin qu’elle puisse
    Recevoir l’hommage rendu s’écouler dans son entrecuisse.

    Tableau de Hanna Silivonchyk.

  • Portraits découpés

    Sur l’innocence d’un visage, la vie fait ses copier-coller
    De plaies et bosses en cicatrices et de maladies en fractures.
    Chaque bonheur dans ce paysage avec ses malheurs accolés
    Trace les lignes directrices comme multiples signatures.

    Le temps raconte ses histoires dans ses stigmates les plus intimes
    Qui font de l’ombre à la beauté ou une empreinte coutumière.
    Chaque expérience, chaque victoire dans chaque combat légitime,
    Laissent une trace rabotée mais qui met le cœur en lumière.

    Collages de Ricky Linn sur https:www.behance.netgallery95396769Collage-Illustrations-3 .

  • Un jour de panique

    Un jour de panique

    Feux d’artifice sous les cuisses ! Pétard du quatorze juillet !
    Jour de la fête nationale, tous les lampions sont ravivés.
    Et de l’autre côté, en Suisse, le premier août vient pétiller
    Dans chaque maison cantonale, les artificiers sont privés.

    Mais pour les chats, quelle frayeur ! Les matous filent sous les lits,
    L’air apeuré car ils sursautent à chacun des coups de canon.
    On leur réserve le meilleur au bouquet final en folie ;
    Le poil se hérisse et tressautent deux oreilles comme gonfanons.

    La chatte bondit et bascule avec ses quatre fers en l’air,
    Elle se raccroche comme elle peut en poussant un long trémolo.
    Sous l’émotion, elle bouscule d’un coup de croupe populaire
    Tout un bazar et pas qu’un peu comme une sorte de diabolo.

    Illustration d’Àngela Maria Sierra.

  • Les bons moments

    Vous raconterais-je, maman, quelles furent pour moi les bons moments ?
    Lorsque j’étais jeune serin, le cœur léger, l’esprit serein ;
    Quand je volais de branche en branche, quand tous les jours étaient dimanche ;
    Quand je n’avais pas peur du temps, écervelé et débutant !

    Vous raconterais-je, papa, quel bonheur je n’oublierai pas ?
    Quand j’étais jeune demoiselle, toute légère comme une oiselle ;
    Lorsque j’enviais la dernière qui faisait l’école buissonnière,
    Que j’ai suivie dans les roseaux où j’ suis redevenue un oiseau !

    Illustrations de Gabrielle Pollacco.

  • Du blues et du vide

    Du blues et du vide

    Entre celui que je crois être et celui que je voudrais montrer,
    Existe un espace infini que je ne connais pas du tout.
    Si je prends au pied de la lettre tout ce que je vais rencontrer,
    Mon voyage, loin d’être fini, deviendra mon meilleur atout.

    Et je ne connaîtrai jamais mon labyrinthe de pensées
    Car chaque épreuve retourne les murs comme sous l’effet d’un chapeau claque.
    Je me dis souvent : « Désormais, inutile de recommencer
    Pour, selon les mêmes tournures, finir à côté de la plaque.

    Alors je vis mon quotidien selon le cœur et ses valeurs ;
    Je ne perce plus le brouillard mais je pense plus clairement.
    Mon thermomètre rachidien m’avertit des coups de chaleur ;
    Je n’en suis pas plus débrouillard mais je vis plus sereinement.

    Tableau d’Àngela Maria Sierra sur https:www.thisiscolossal.com202009riso-chan-portraits .

  • L.es S.erins D.écoratifs

    Fausses couleurs, faux canaris mais sans doute hallucinogènes
    Ces deux oiseaux bariolés qui gazouillaient à ma fenêtre
    Sous un soleil d’un gabarit, ce matin-là, hétérogène
    Par ses rayons ultraviolets d’une aube ineffable à renaître.

    Dans cet état entre sommeil, demi-éveil presque hypnotique,
    J’avais capté sans le savoir un nouveau sens à ma vision.
    Nouvelles dimensions or-vermeil, nouvelles teintes hypothétiques
    Qui allaient me faire percevoir le monde sans ses illusions.

    Tableaux de Robin Mead sur http:florilege69.blogspot.com201410robin-mead-peintre-usa.html .

  • Où est le perroquet ?

    Où est le perroquet ?

    Pour vivre heureux, vivons cachés, n’est-ce pas Monsieur le Perroquet ?
    Disparaître dans le décor semble une bonne protection !
    Jusqu’à quand vas-tu t’attacher à tous ces fruits bons à croquer
    Qui ne cacheront plus ton corps au moment de la décoction ?

    Et chaque jour je le recherche et, chaque jour, je le reperds.
    Comme un petit enfant espiègle difficile à évaluer.
    Véritable ami ou faux derche ? Sans doute les deux font la paire
    Pour me faire douter des règles et finalement… évoluer

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • L’appel de la cigogne

    Vêtue d’une robe gigogne et d’un bustier en réduction,
    Madame la naturaliste joue la personnification.
    Elle guette le retour des cigognes en quête de reproduction
    Et d’instinct traditionaliste envers leurs nidifications.

    Demain matin la pouponnière ou demain soir, dernier délai,
    Elles accueilleront vos commandes de bébés fraîchement couvés.
    Ainsi la cigogne pionnière et son équipage au complet
    Satisferont toutes demandes pour votre bonheur approuvé.

    Illustration de Michael Parkes sur https:www.theworldofmichaelparkes.comartistsmichael-parkesoriginal-hand-pulled-stone-lithographs .