Catégorie : 2022

  • L’onde du souvenir

    Si j’écris « DIEV » à la romaine, il est l’anagramme du « VIDE »
    Telle la vie liée à la mort qui ne sont qu’un reflet changeant.
    Ainsi s’écoule ma semaine au fil du souvenir avide
    De celle qui laisse tant de remords derrière mon cœur si exigeant.

    J’aperçois partout son essence dans la Lune aux rayons d’albâtre
    Qui se combinent à la pénombre pour en révéler son image.
    Fantomatique évanescence dont mon cœur ne cesse de battre
    Quand je me réfugie dans l’ombre d’une prière à son hommage.

    Tableaux de Rob Gonsalves sur https://www.boredpanda.com/magic-realism-paintings-rob-gonsalves/?utm_source=pinterest&utm_medium=social&utm_campaign=organic

  • Ondes mâles et femelles

    Les énergies antagonistes contribuent à nos décisions
    Comme synergie de deux forces masculine et féminisante.
    Ces deux acteurs protagonistes jouent un rôle de précision
    Sur une Terre qui s’efforce vers une vie fertilisante.

    J’aime écouter mon intuition comme un écho complémentaire
    Qui me souffle le sens du vent pour en utiliser la force.
    Ensemble, sans compétition, nos deux egos supplémentaires
    Font l’effet d’un soleil levant repoussant les ombres retorses.

    Tableaux de Rob Gonsalves sur https://www.boredpanda.com/magic-realism-paintings-rob-gonsalves/?utm_source=pinterest&utm_medium=social&utm_campaign=organic

  • L’étoile mouvante

    Que ne suis-je tortue, ma maison sur le dos
    Avançant lentement au rythme des saisons ?
    Que ne suis-je escargot dont la seule libido
    Est d’être hermaphrodite sans aucune raison ?

    Mais je ne suis que torture et je cours et je cours
    À la course à l’argent à la course du temps.
    La vie prend ma valeur pour en suivre le cours,
    Lui faut monter la cote par des krachs rebutants.

    Suis-je encore vivant quand j’arrête la course
    En voyant tous les autres accélérer leur pas ?
    Hors du temps désormais autour de la Grande Ourse,
    Je ne suis qu’une étoile échappée du combat.

    Illustration de Marija Tiurina

  • L’oiseau et son modèle

    Vêtue de robe de rosée, fleurie d’un rayon de soleil,
    Elle apparut au maître-oiseau comme un modèle, comme une idée.
    La muse métamorphosée en déesse en demi-sommeil
    Émergeant entre les roseaux inspira l’artiste décidé.

    L’oiseau, un peintre méconnu dont la carrière battait de l’aile,
    Livra une toile immortelle malgré la critique timorée.
    Hélas pour la belle ingénue, celle-ci n’eut droit à pareil zèle
    Et retourna dans l’éternelle et bien mystérieuse forêt.

    Illustration d’Emmanuel Lepage

  • Amours d’antan, d’hier et d’aujourd’hui

    Amours d’antan, datant d’autant d’années que de nouvelles lunes
    Résonnent encore dans l’Histoire, Égypte ancienne et Rome antique.
    Reines et rois omnipotents ou gentilshommes de fortune
    Nous ont légué ce goût notoire pour les épopées romantiques.

    Amours d’hier et d’avant-hier restent sur les photographies
    Le témoignage des passions de nos grands-pères pour nos grand-mères.
    Familles pauvres ou condottières avec ou sans biographies
    Nous ont laissé la compassion envers d’impossibles chimères.

    Les amours d’aujourd’hui s’accordent avec les rêves de princesses,
    Avec l’argent et les voyages, avec les shows télévisés,
    Avec ruptures et discordes, avec problèmes de grossesses…
    Pour rire après le troisièmes âge de toutes nos billevesées.

    Illustrations de Mike Willcox

  • Mes ballets d’école

    Si j’endors tous ces petits « moi » qui veulent diriger ma vie,
    J’arrive alors à retrouver le chemin de mon âme pure.
    Et je retrouve avec émoi tous ces fragments avec envie
    Qui se réveillent pour m’éprouver et m’allouer cette coupure :

    Dans le globe de mon enfance, dansaient des ballets merveilleux
    Sur des musiques féeriques et des pays imaginaires.
    Mes petits neurones sans défense, encore en état sommeilleux,
    Pensaient en idées génériques pas encore extraordinaires.

    Dans le flou de l’adolescence, ils se sont mis à tournoyer
    Sous l’effet de testostérone dictée par mes pressentiments.
    Tous mes sens en effervescence s’en retrouvaient soudain noyés
    Afin que le cœur fanfaronne à éprouver ses sentiments.

    Aujourd’hui le cœur accélère ou bien la Terre tourne trop vite
    Et moi, j’orbite dans mon refuge autour d’un ballet endiablé.
    Toutes mes pensées parcellaires quittent mes neurones et lévitent
    Sous cette force centrifuge produite par un monde accablé.

    Photos de Tim Walker

  • Laisse se démerder ton meilleur ennemi

    Depuis longtemps que l’on m’invite à partager le feu des dieux,
    M’accepte-t-on comme chasseur ou comme gibier potentiel ?
    Au premier réflexe j’évite de rencontrer ces gens odieux
    Malgré l’attrait d’une âme-sœur ou d’un ami circonstanciel.

    Je fais semblant d’être en mesure d’être mis sur un piédestal
    Mais des courants antagonistes m’échauffent et mon cœur et mon âme.
    Quand le feu de la démesure brise tous mes vœux de vestale,
    Là, je deviens protagoniste et réagis tout feu tout flamme.

    Ainsi quand la littérature et le cinéma me préparent
    À un avenir pragmatique où l’élite sera épurée.
    J’y vois des signes contre-nature visant à ce que l’on sépare
    Les sceptiques des fanatiques pour mieux aller à la curée.

    Illustration de couverture de Ted Benoît pour « L’affaire Francis Blake »

  • La métamorphose du démerdard

    À force d’être complotiste, à force d’être démerdard,
    À force d’être confinés, j’en subis toute l’évolution.
    Forcé d’être indépendantiste envers l’état qui brandit son dard,
    Harassé d’être dominé, mon corps fait sa révolution.

    Ainsi toute ma tête explose de tous ses réseaux neuronaux
    Et met l’hippocampe en duplex avec l’hypophyse et ses lobes.
    Ensuite ma mémoire implose et par ses canaux coronaux
    Mon cœur surgit dans ce complexe avec le chaos qui l’englobe.

    Illustration de Marija Tiurina

  • La renaissance de Vénus

    Les anciens dieux sont partagés ; se faire oublier ou revenir ?
    Jupiter se sent trop âgé d’avoir perdu ses souvenirs ;
    Vénus hésite en désespoir entre mariage et célibat ;
    Et Mars a perdu tout espoir de gagner son dernier combat.

    Mais Vénus reste divisée ; vivre d’amour n’est pas facile.
    Elle a sa copie révisée ; vivre d’eau fraîche est difficile.
    Même si tant de larmes a pleuré et qu’elle en garde une peau tannée,
    Même si les dieux se sont leurrés, elle viendra seule pour cette année.

    Photo de Saint Twenty

  • Mes vendredis

    Sans doute, le goût du souvenir des neufs mois au fond de la mère,
    Me donne envie de m’isoler dans cette retraite aquatique.
    Ce présent au triste avenir me rend son atmosphère amère
    Et je refuse, désolé, d’inspirer son air apathique.

    Plutôt que de porter un masque, je mets la tête dans un bocal
    Et j’y passe mes vendredis avec deux alevins ballots.
    Dès que je m’accoutume au casque, j’inonderai tout mon local
    Afin de vivre, sans contredit, heureux comme un poisson dans l’eau.

    Photo d’Ahmed Hassan sur https://www.behance.net/gallery/85430133/Portrait-01?tracking_source=curated_galleries

  • Comme une fleur

    À ton calice,
    Femme facile,
    Je bois la vie
    Jusqu’à la lie.

    Mais tes pétales,
    Femme fatale,
    Si capitales
    Me sont létales.

    Mourir d’amour,
    Ô bonnes mœurs !
    Mourir d’humour
    De bonne humeur.

    Si au printemps,
    Tu refleuris.
    Depuis longtemps,
    J’aurai guéri.

    Tableau de Catrin Welz-Stein

  • Ouvertures nocturnes

    Les nuits m’offrent des ouvertures matérielles et spirituelles.
    Et le travail d’une requête dont l’esprit veut se sustenter
    Évoque au corps une aventure auprès d’agapes rituelles.
    Selon la teneur de l’enquête, l’âme saura s’en substanter.

    Juste une fraction, je découche pour ce combustible nocturne
    Surtout si son aura lunaire devient vitamine mentale
    Qui passe direct dans la bouche chargée d’effluences opportunes
    Absentes d’alcool lacunaire comme un supplice de Tantale.

    Tableaux de Michael Cheval

  • Après la vie, la mort, etc.

    Et puis un jour, je pourrirai sans avoir vécu de mes vers ;
    Et puis un jour, je mourrirai de mes petits textes pervers ;
    Et puis un jour, je nourrirai de ma poussière l’Univers ;
    Et puis un jour, je sourirai à la mort, nu et découvert.

    Mon cœur d’étoile explosera sans doute vers un nouveau monde ;
    Mon nouveau corps se dotera d’autres énergies vagabondes ;
    Mon esprit se déridera de toutes ses pensées immondes
    Et mon âme s’écoulera dans les rivières furibondes.

    Tableau de Jaroslaw Jasnikowski

  • Envers et contre tout modèle

    À l’impossible nul n’est tenu mais comment fuir les conventions ?
    Le peintre a besoin de sa toile et l’illustrateur du papier.
    Picasso, lui, s’est abstenu de respecter les proportions
    Du moins, c’est ce que nous dévoilent ses femmes peintes à cloche-pied.

    Les gueules cassées de ses tableaux m’évoquent un désir de rupture
    Avec les chemins tout tracés que l’instruction m’a imposés.
    Heureusement, par le hublot d’une avant-gardiste peinture,
    Je peux l’inconnue embrasser derrière un masque supposé.

    Tableau de Rafal Olbinski sur https://www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com/2016/12/Rafal-Olbinski.html

  • Loup-out – la mort inconditionnelle

    Encore une année opportune à embrasser la démesure
    Avec des loups aux grandes dents qui nous invitent à les suivre.
    Aurai-je la bonne fortune de vivre au fur et à mesure
    Tout en restant indépendant à tout le mal qui va s’ensuivre ?

    Ô Président qui a brillé dans la campagne démagogique,
    Tu es devenu loup-garou dans une nuit de terrorisme.
    Entends le peuple qui a crié contre tes lois pathologiques
    Lancées sur les chapeaux de roues sur la voie du totalitarisme.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Aïda

    J’échangerais ton cœur de pierre, belle Aïda, contre le mien
    Qui pulserait dans ta poitrine tout le poison de mon amour.
    Je souffre que tu sois si fière à préférer un égyptien,
    Beau général qui me chagrine de trouver grâce à tes atours.

    Mais j’ai découvert l’antidote qui me guérit de l’attraction
    Qu’exerce ton cœur de silex qui m’étincelle chaque jour.
    Juste pour clore l’anecdote, j’ai exercé cette abstraction
    Par l’action d’un cœur en pyrex qui résiste au feu de l’amour.

    Tableau de Rafal Olbinski sur https://www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com/2016/12/Rafal-Olbinski.html

  • Loup-in – l’amour inconditionnel

    Encore une année opportune à embrasser sans démesure
    Tous nos meilleurs amis fidèles et nos ennemis repentis.
    Choisissons la bonne fortune d’aller au fur et à mesure
    Nous envoler à tire-d’aile vers un avenir garanti.

    De nos erreurs, nos expériences forment les meilleurs des bâtons
    Pour progresser en confiance et dans le respect de chacun.
    Ouvrons-nous à la clairvoyance et n’avançons plus à tâtons
    Dans un chaos de méfiance mais vers des accords opportuns.

    Sculpture de Paul Smith

  • Mariée à la mer

    En robe de vagues déferlantes, la Mer se marie à la Terre
    Qui la féconde de son sel et de sa pâture organique.
    Soudain l’aurore étincelante clame l’union élémentaire
    Par ses rayons qui étincellent sur le pourtour océanique.

    Le vent crie : « Vive la mariée ! » et le soleil oint de lumière
    Le mariage Terre-Mer en leur souhaitant beaucoup d’enfants.
    Nos deux éléments appariés créeront la matière première
    Dont se nourriront les chimères et tous leurs héros triomphants.

    Source photogriffon.com

  • Lune profonde

    Après neuf mois de traitement sous l’effet de l’action lunaire,
    Mon enfant est né cette nuit au bord de la mer silencieuse.
    J’ai commencé l’allaitement et senti mon lait liminaire
    Couler par un courant induit par une force délicieuse.

    J’aime venir me recueillir dans cette profonde moiteur
    Tamisée par la Pleine Lune qui nous inonde de lumière.
    Je laisse l’enfant t’accueillir de ses petits yeux convoiteurs
    Qui découvrent sur la lagune ta resplendissance première.

    Tableau de Tair Zairov

  • Lune extatique

    Pleine, Ô ma Pleine, Lune, Ô ma Lune, arrose-moi de ta pâleur !
    Baigne ma peau d’opalescence, oins-moi de ton argent nacré !
    Je viendrai à l’heure opportune t’offrir mon corps et sa chaleur
    Afin de t’offrir mon essence issue du féminins sacré !

    Je viendrai, nue, sur la colline recevoir la bénédiction
    Que tu as enfantée de l’astre par son amour illimité.
    Couchée sur les fleurs violines, j’écouterai les prédictions
    De cette graine qui s’encastre dans ma profonde intimité.

    Tableau de Karl Bang

  • Totale immersion – 2

    La femme arrosée par amour embellira sa pépinière ;
    À l’abri d’une protection contre la grêle et les tempêtes !
    Bien orientée selon le jour ou les nuits de Lune plénière
    Et entretenue d’affection, voire même de galipettes.

    La femme emballée par amour deviendra femme à part entière ;
    Toutefois sans l’asphyxier et la priver de liberté !
    Au contraire, faites-lui la cour en la libérant des frontières
    Et en sachant l’apprécier au point d’en être déconcerté.

    La femme écrite avec amour nourrira vos rêves d’azur ;
    Toutefois sachez varier et agrémenter son empire.
    Pimentez-lui avec humour la vie au fur et à mesure
    Et vous serez appariés pour le meilleur et pour le pire.

    Photos de Patty Carroll sur https://www.anothermag.com/art-photography/gallery/10112/patty-carroll-domestic-demise/2https://www.anothermag.com/art-photography/gallery/10112/patty-carroll-domestic-demise/2

  • Totale immersion – 1

    La femme implantée dans l’amour deviendra bonne jardinière ;
    Toutefois faites attention à bien conserver la main verte !
    Arrosez-la au fil des jours de votre passion coutumière ;
    Cédez à toutes ses prétentions et sa fleur vous sera ouverte.

    La femme plongée dans l’amour deviendra la fée du logis ;
    Toutefois avec vigilance, ne faites pas tourner la sauce !
    Agrémentez-lui son séjour avec tact et psychologie ;
    Sachez pratiquer l’abstinence quand ses humeurs sont à la hausse.

    La femme rimée par l’amour devient cantique des cantiques ;
    Toutefois cent fois sur le métier, vous remettrez-vous à l’ouvrage !
    L’amant au cœur de troubadour trouvera l’amour authentique
    En commençant par l’amitié pour terminer en mariage.

    Photos de Patty Carroll sur https://www.anothermag.com/art-photography/gallery/10112/patty-carroll-domestic-demise/2https://www.anothermag.com/art-photography/gallery/10112/patty-carroll-domestic-demise/2

  • Les démerdards au front

    Retour du front, les démerdards, puisque c’est leur nom désormais,
    Rentrent la tête échevelée, les yeux fatigués, plein de larmes.
    En lambeaux, les porte-étendards et les pancartes déformées
    Attestent les dénivelés entre le peuple et les gendarmes.

    En souvenir des communards, des maquisards, des partisans
    Qui ont dressé des barricades pour la liberté défendue,
    Trébuchant sous les traquenards, se relevant cicatrisant,
    Saluons ces joutes camarades dans tout les pays répandues.

    Illustration de Marija Tiurina sur https://www.behance.net/gallery/110334827/Medium-and-large-works-of-2020

  • Les démerdards confinés

    Révolution dans la maison, on y est tous fidélisés ;
    Tous les samedis, on se démerde, on se rassemble, on s’émoustille.
    On s’prépare selon les saisons, de l’Étoile aux Champs-Élysées.
    Aux manifs boulevard Malesherbe, jusqu’à la place de la Bastille

    Tandis que la première garde affronte les forces de l’ordre,
    L’arrière garde se retranche pour s’informer sur les réseaux.
    Tous les non-vaccinés regardent le Président se faire mordre
    Et chacun s’en paie une tranche en lui prêtant des noms d’oiseaux.

    Illustration de Marija Tiurina sur https://www.behance.net/gallery/110334827/Medium-and-large-works-of-2020

  • Les œufs embrouillés

    Quand je suis toi et tu es moi, nous nous sentons très bien ensemble,
    Assis sur un nuage vert en ignorant le temps qui passe,
    Les jours qui filent au fil du mois, les gens qui passent et se ressemblent,
    Perdus au fond de l’univers dans une bulle de l’espace.

    J’aime tes lèvres au goût de fraise quand je me nourris de baisers
    Et je te partage en retour mon cœur mûri à l’eau-de-vie.
    Jusqu’à ce que nos corps de braise arrivent enfin à s’apaiser,
    Ça redémarre au quart de tour tellement forte est notre envie.

    Mais un jour les œufs sont brouillés, il a neigé sur yesterday !
    Les anges de l’amour ont fui les champs de fraise pour toujours.
    Les sentiments sont verrouillés, l’amour lance un dernier « Mayday ! »
    Hélas, les Beatles aujourd’hui ne répondent plus aux goûts du jour.



    Pour l’anecdote, « œufs brouillés » a failli être le titre de la chanson « yesterday » mais c’était en 1965… cela ne pouvait pas être pire qu’en 2022…

    Tableau de Michael Cheval sur https://www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com/2011/03/michael-cheval.html

  • Les portes cachées

    Plus je m’enferme dans les bois et plus je m’ouvre à la nature
    Comme une porte s’ouvrirait sur tout ce que mon cœur devine.
    Si l’univers pensait à moi lorsque je pars à l’aventure,
    Cette pensée m’assouvirait le cœur jusqu’à l’âme divine.

    Alors je fais mes expériences et je frappe à toutes les portes,
    Surtout celles qui sont cachées dans le quotidien ordinaire.
    Et dans le flot d’invariances que chaque jour banal m’apporte,
    S’ouvre toujours un panaché de choses extraordinaires.

    Tableaux de Rafal Olbinski sur https://www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com/2016/12/Rafal-Olbinski.html

  • Diane chasseresse d’amourettes

    Cupidon se fait remplacer parfois par Diane chasseresse
    Qui bande son arc un peu mou car elle agit à contrecœur.
    Lorsqu’elle voit un couple s’embrasser avec un peu trop de caresses,
    Elle s’impatiente et fait la moue si cela s’étire dans la langueur.

    Alors elle décoche une flèche sur les deux amants langoureux
    Enduite d’un aphrodisiaque pour activer leur libido.
    Dans la seconde, se pourlèchent plus vivement les amoureux
    Qui passent vite à d’orgiaque parties de la bête-à-deux-dos.

    Illustration de René Follet

  • Le dieu BoD

    Au commencement, BoD a créé l’encre noire et le papier blanc
    Puis, il a dessiné les cases, dans le premier recueil broché.
    Sur un scénario agréé avec des héros ressemblants,
    L’histoire, à la première occase, a, son lectorat, accroché.

    Aussitôt son premier réflexe fut de forcer la production
    Afin de croître et multiplier la bonne bande dessinée.
    Aussi mes frères, sans complexe et mes sœurs, sans introduction,
    Bénissez l’album publié tant que vous serez confinés !

    Illustration de René Follet

  • L’appétit sauvage

    La femme, d’un appétit sauvage, croque l’amour à pleines dents,
    Croque-monsieur pour commencer, croque-madame pour terminer,
    Soumet l’amour en esclavage, domine tous ses prétendants,
    Exige une vie romancée auprès de ses petits minets.

    Elle se nourrit de succulentes délicatesses parfumées
    À l’arôme des fleurs du mâle et ses ardeurs toutes puissantes.
    Elle s’engorge de truculentes flammes de passions consumées
    Pour ses délices animales et ses voluptés jouissantes.

    Illustration de Silvio Cadelo

  • Châtelaine à dorer

    La châtelaine adore prendre un bain de soleil
    Quand l’aurore lui dore son château en sommeil.
    Du haut de son donjon, nue, les bras élevés
    Exécute un plongeon d’un geste inachevé.

    Mais elle reste en suspens, accrochée aux nuages,
    La transe participant à l’ovation suave.
    Elle aime s’offrir, le corps vers l’aube envahissante,
    À Vénus dont l’accord la rend si ravissante.

    Illustration de Robert E. McGinnis

  • M’énerve avec son tam-tam !

    M’énerve, la voisine à faire du tam-tam,
    À faire hurler son chien, faire pleurer son gamin !
    J’entends de ma cuisine son éternel ramdam,
    L’organe œsophagien au cri presqu’inhumain.

    Aux matines sonnantes l’orchestre se déchaîne ;
    Au toutou ses abois, au gniard ses jérémiades.
    La voisine tonnante, une occasion prochaine,
    Je lui bats de mes doigts les fesses en marmelade.

    Illustration de Robert E. McGinnis

  • La paléontologue nue

    L’âme audacieuse de la jeunesse et l’expérience du passé
    Singulièrement se combinent dans la fille au pardessus vert.
    Comment devint-elle patronnesse des fossiles et des trépassés ?
    Emmenons-la dans la cabine pour l’explorer à cœur ouvert !

    Une fois ôtée la carapace de la demoiselle, sa tenue,
    Toute nue sous la gabardine, démontre l’impudeur notoire.
    Dans le musée, rien ne se passe, alors elle a entretenu
    Une réputation de gourgandine au département de préhistoire.

    Illustration de René Follet

  • L’air du large

    Lorsque je parle avec moi-même, je me détache du présent
    Et je discute du passé ou, pourquoi pas, de l’avenir.
    Mais il n’en naît aucun dilemme puisque je reste omniprésent
    Avec mes pensées ressassées qui ne cessent de revenir.

    Je m’en vais prendre l’air du large auprès des oiseaux de passage
    Que rien ne retient en arrière et rien ne pousse plus en avant.
    Ainsi je vide et je recharge mes accus comme un décrassage
    Et je reviens l’âme moins fière mais le cœur éternel rêvant.

    Illustration de René Follet d’après le personnage de Corto Maltèse créé par Hugo Pratt

  • Coquelicots in Blues

    L’hiver, manquant cruellement de coquelicots et bleuets,
    Força mon cœur aux rêveries via le tropique du capricorne
    Où Vénus, habituellement, déesse au corps long et fluet,
    Prenait ses bains dans les prairies aux reflets bleus de salicornes.

    Je vis sur sa peau argentine des tatouages entrelacés
    Comme pudique calicot imprimé à même le buste.
    Une ceinture serpentine, autour de ses reins, enlacée,
    Ornementée de coquelicots paracheva ce songe auguste.

    Astrid Blue photographiée par Agnieszka Lorek sur https://blueastrid.tumblr.com/post/175440929458/httpswwwfacebookcombluexastrid

  • Au jeu du chat et la souris

    Au jeu du chat et la souris, j’aimerais bien jouer à trois…
    Tantôt le chat, ce gros matou qui niche au creux de ton giron ;
    Tantôt la souris bien nourrie au fond de ton boyau étroit ;
    Tantôt la femme aux beaux atouts et ses amants, joyeux lurons.

    Au jeu du chat et la souris, j’aimerais bien jouer à quatre…
    Déguisé en un chat qui dort et qui te pelote les seins ;
    Baiser la bouche qui me sourit par ma langue vive et folâtre
    Qui, comme ton conquistador, pénètre au creux du saint des saints.

    Tableau de Anna Silivonchik sur https://www.thinkfeelart.com/anna-silivonchik

  • Le vieil homme, la sirène et la mer

    Le fabuleux combat épique entre un vieil homme et un Merlin
    Eut pour témoin une sirène qui suivit de près leur embrouille.
    Santiago, vieux pêcheur typique et un jeune garçon, Manolin,
    Partaient en mer, l’âme sereine mais rentraient tous les soirs bredouilles.

    Le vieux partit tout seul au large pour mettre fin à sa malchance
    Et mena une lutte acharnée contre un espadon gigantesque.
    Mais il ne put le mettre en charge et la sirène eut l’obligeance
    De lui conseiller d’ajourner son opération titanesque.

    Elle lui redonna du courage car il était temps qu’il s’arrête
    Et le soigna par ses massages, oui mais en tout bien tout honneur.
    Elle l’aida au découpage et de la tête et de l’arête
    Afin d’offrir par ce message qu’il avait trouvé son bonheur.

    Tableau de Anna Silivonchik sur https://www.thinkfeelart.com/anna-silivonchik

  • Comme un lundi bourgeonnant

    Lundi aurait pu être vert s’il était dédié au soleil
    Afin d’honorer la nature du premier jour de la semaine.
    Avec l’accord de l’Univers qu’un vent de comètes balaye,
    Lundi serait la signature de notre société humaine.

    Lundi aurait pu être rose s’il était dévoué aux fleurs
    Afin d’adorer les jardins et le bonheur à la campagne
    Qui réjouirait les cœurs moroses vidés de douleurs et de pleurs
    En invitant les citadins entre compagnons et compagnes.

    Lundi aurait pu être d’or s’il était coté à l’amour
    Plutôt qu’au fric qui fait l’affront d’être la seule raison de vivre.
    Mais le dimanche, tout le monde s’endort pour courir dès le petit jour
    Pour, à la sueur de son front, gagner le ticket pour survivre.

    Photos de Blake Kathryn sur https://trendland.com/blake-kathryns-sleek-3d-collaboration-with-fendi

  • Comme un lundi fleuri

    Lundi, jour bleu de la semaine, darde tout son soleil d’azur
    Aux premières heures du matin loin de la grisaille des villes.
    Cependant la marée humaine bat la cadence et la mesure
    Pour obtenir le quota atteint de son existence servile.

    Lundi, jour en accord au « La » de la nature chromatique
    Aux premiers oiseaux de l’aurore qui saluent la pointe du jour.
    Toutefois, l’homme est déjà las d’une expression fantomatique
    À écouter ceux qui pérorent pour lui oppresser son séjour.

    Lundi, jour au goût velouté de la primeur du potager
    Aux premières grappes mûries qui nous embaument les jardins.
    Néanmoins à n’en pas douter, l’homme passe son temps partagé
    Entre le risque de pénurie, le chômage et son coup de gourdin.

    Photos de Rhonda Buss sur http://rhondabuss.blogspot.com/2014/03/monday-morning-inspiration_24.html

  • Le confinement de Babel

    À force d’être confinés et pliés au télé-travail,
    Ils ont cherché à s’occuper dans les sous-sols qui avoisinent.
    Les couples se sont recombinés en un chaud caravansérail
    Et les naissances ont décuplé dans l’antichambre des voisines.

    Ils ont agencé les greniers, les caves et les dépendances
    Et comme ça ne suffisait plus, ils ont élevé les étages.
    Aujourd’hui, on ne peut pas le nier, leurs tours ont une telle importance,
    Qu’ils vivent heureux, bien sûr reclus, mais pour on n’sait quel héritage !

    Illustration de Marija Tiurina

  • L’affaire O’Micron

    By Jove ! Bon sang ! Mais c’est bien sûr ! L’O’Micron, c’est la marque jaune !
    Selon les uns, c’est l’ennemi et, selon les autres, un mirage.
    Les uns veulent qu’on les rassure, les autres refusent qu’on leur donne
    Un « passe » contre la pandémie qui les réduit en esclavage.

    Depuis Satan recombiné en un virus éparpillé,
    Les nouveaux dieux pharmaceutiques nous ont convertis à leur secte :
    « Frères et sœurs reconfinés, laissez-nous vous entortiller
    Par ce vaccin eucharistique qui tue plus qu’il ne vous infecte ! »

    Illustration de René Follet d’après les personnages d’Edgar P. Jacobs

  • La sorcière confirmée

    Au bout de la septième année, l’apprentie devient confirmée
    Maîtresse-amante de l’amour, experte des enchantements.
    Elle vit nue, la peau tannée par les plaisirs millésimés
    De mille-et-une, nuit et jour, pratiques de l’envoûtement.

    Dans la journée, elle s’enferme dans sa maison d’aspect revêche
    Pour se régénérer le corps dans sa fontaine de jouvence
    Qui lui procure les seins fermes, le dos droit et les cuisses fraîches
    Afin de battre tous les records et satisfaire ses exigences.

    Illustration de Robert E. McGinnis

  • L’apprentie-sorcière

    Ce soir, elle sera confirmée apprentie-sorcière débutante
    Lors de l’épreuve d’admission à sa requête solennelle.
    Elle va devoir s’affirmer simple mortelle exécutante
    Réclamant la disparition de son enveloppe charnelle.

    Intégralement nue et offerte aux rayons de la pleine Lune,
    Elle demande d’unir à son âme l’éternel féminin sacré.
    L’ancienne vie qu’elle a soufferte va céder à une opportune
    Nouvelle forme, nouvelle femme au corps divinement nacré.

    Illustration de Robert E. McGinnis

  • Épiphanie, c’est fini !

    Il semblerait que, cette année, l’épiphanie n’ait rien donné !
    Pas un seul petit jésus-christ n’a poussé dans les écuries !
    Pas le moindre petit messie ; hélas, le problème s’épaissit !
    Pas plus de sauveur que de cœur que dans celui d’un bookmaker.

    Aussi Chrétiens, mes très chers frères, Musulmans, Coptes et vos confrères,
    Je vous propose d’enterrer nos religions intempérées ;
    De ne plus féconder nos femmes par des prérogatives infâmes ;
    Et de tourner six ou sept fois nos crises de manque de foi.

    Illustration de Zainab Faidhi sur https://zainabfaidhi.com/the-onion/hmo78y9pj62iqwfdyjjypnms7wvsku

  • Commandée, payée, livrée – 3

    Regardez-moi ce petit lot que j’ai acheté récemment !
    Une carrosserie dessinée par des artistes italiens ;
    Au bas mot : cinquante kilos d’érotisme en plus d’agréments
    Pour célibataires confinés, ministres, énarques ou normaliens.

    Garde-robe en abonnement car on ne lave plus, on jette !
    La nourriture est variée selon les moindres occasions ;
    Caviar d’Iran, tout bonnement, pour que vous puissiez faire la fête,
    Amuses-bouches appariés et gâteries à profusion.

    Mais – un conseil – n’achetez pas le modèle qui fait des marmots.
    Bien sûr, vous aurez l’avantage d’une poitrine généreuse
    Mais vous verrez fondre ses appas et s’envenimer tous les maux
    Qui coûteront – désavantage ! – des prises d’options onéreuses.

    Illustration de David Wright

  • L’œil Annie-mâle

    La femme sait percer les hommes et l’homme sait scanner les femmes ;
    Elle, d’un petit regard en arrière vous a déjà dévalué ;
    Lui, son regard fait un slalom entre les courbes de la dame
    Puis, la contourne par derrière pour, en 3D, l’évaluer.

    Le potentiel de l’œil du mâle est poussé à son paroxysme ;
    Il déshabille à la seconde et pénètre par la pensée.
    Si, rétrograde et animal, il est jugé pour son sexisme,
    Son imagination féconde n’en sera point récompensée.

    Illustrations de Pierre Brenot

  • Commandée, payée, livrée – 2

    Il reste le choix cornélien : organique ou bien robotique ?
    L’organique est plus naturelle, la robotique artificielle.
    L’un, à la base machiavelien, l’autre sans doute trop synthétique
    La première plus culturelle, la seconde plus superficielle.

    Pour éviter une marâtre, une Folcoche « vipère au poing »,
    Le service d’achats, des plus sévères, se fournira à l’étranger ;
    L’après-vente sera acariâtre, sur les retours en tous les points
    Et assurera que les mégères sont ni reprises, ni échangées.

    Un peu comme à la Loterie, on gagnera le premier lot
    Ou bien un lot de consolation ristourné à la braderie.
    Certes, à la fin, les moqueries finiront par tomber à l’eau
    Puisque il n’y aura pas violation mais simple camaraderie.

    Photo de Tim Walker

  • Le cygne détend

    C’est fou ce qu’un cygne détend quand tu le serres dans tes bras
    Et qu’il te serre entre ses ailes en tête-à-tête et cou-à-cou !
    Bien sûr, c’est un signe des temps de faire communiquer ses chakras
    À l’ordinaire et avec zèle pour un bien-être au moindre coût.

    Et s’il n’y a pas assez de cygnes, on prendra de vilains canards
    Puisqu’en principe ils le deviennent au bout du conte d’Andersen ;
    Sinon, les coqs sont aussi dignes que les poules sont le panard.
    Que l’ornithologie advienne « La » nouvelle thérapie saine !

    Illustration de Demelsa Haughton sur http://www.demelsahaughton.co.uk

  • Commandée, payée, livrée – 1

    La vie se résume aujourd’hui à commander notre bonheur,
    Puis, attendre sa livraison et le payer à échéance.
    La nourriture et les produits nécessaires à nos bonnes mœurs,
    Car il n’y a nulle raison que nous tombions en déchéance.

    On achète facilement du sexe mais quant aux femmes… ça ballotte ;
    C’est dommage car les catalogues nous en proposent de tous les âges.
    J’aurais bien choisi, sans complexe, celles qui montrent leurs culottes
    Sur la Redoute, Paris en Vogue, où j’ai mouillé toutes les pages.

    Puisqu’internet est à la mode, un jour ma Startup lancera
    Un rayon « femmes à tout faire » ; « épouses, bonnes ou courtisanes ».
    Comme à tout âge on s’accommode d’accessoires, elle lancera
    Bien packagée, un savoir-faire d’une habileté partisane.

    Karen Elson photographiée par Tim Walker sur https://anneofcarversville.com/style-photos/2018/9/17/idzyd9trvhf34zjv4feyk2d9d8sl3y

  • La Trinité Relative

    Paraît-il, Dieu serait relié aux chefs d’états du monde entier
    Par une liaison téléphonique directe, sûre, impérative.
    Jésus serait le chancelier et quant aux anges, tous rentiers
    En vertu du droit canonique de la Trinité Relative.

    Bien sûr, Marie est Présidente et Directrice et Générale !
    Téléphone rouge à sa portée et Dieu dans ses petits souliers.
    Cette conspiration imminente va devenir confédérale
    Parmi les peuples rapportés au Nouvel Ordre Séculier.

    Illustration de David Wright

  • Hieronymus


    Exit le jardin des délices, ils ont dû sortir de leur bulle
    Et affronter, le cul à l’air, tous les dangers de la nature.
    Ils se sont couverts de pelisses et ont opté, sans préambule,
    D’oublier les impopulaires sanctions des saintes écritures.

    Mais aujourd’hui, rien ne va plus ! Dieu est interdit de séjour.
    Le sexe est devenu tabou et la reproduction infâme.
    Toutefois il n’est pas exclu que l’être humain parvienne un jour
    À un avenir qui tienne debout mais sans les hommes et sans les femmes.

    Extrait du tableau Hieronymus de Jérôme Bosch et revu par Tim Walker