Qui de la Terre ou bien du Ciel exerce-t-il son plus bel art ? La Terre féminine enfante ce que le Soleil lui engendre. Comme si le geste essentiel du dessin suivait un scénar Écrit par la vie qui enchante de tout son talent à revendre.
Quel enthousiasme au crépuscule quand le soleil salue le monde Sous les applaudissements dorés de la nature rougeoyante ! Puis, au moment où il bascule, à la toute dernière seconde, Un rayon vert sur les forêts, ultime ovation chatoyante.
J’ai retrouvé ce vieux carnet de toutes mes conquêtes incarnées Avec ses rayures et ses coches au grenier dans un vide-poches. Quelques photos un peu jaunies qui ne m’ont pas très rajeuni Et en postface évocatrice, leurs propres notes réprobatrices.
Nos désirs font interférence mais après tout, quelle différence ? L’homme serait-il dépareillé à voir sa femme ainsi rayée ? Les rayons aux cuisses fessues et l’ombre bras-dessus bras-dessous Forment un érotisme subtil sur les courbes les plus ductiles.
Pour effeuiller la Marguerite, ôtez-lui chacun des pétales ; Pour dévêtir la Valentine, laissez-lui faire son strip-tease Avec sa musique favorite jusqu’à la phase capitale Où, comme un coup de guillotine, paraît l’objet de convoitise.
Dansez, bandez sans trop penser ; cueillez l’amour et son pistil ! Butinez, goûter, pénétrez dans son petit jardin secret ! Arrosez sans vous dépenser ; les fruits nécessitent un subtil Entretien sans cesse perpétré durant neuf mois à lui consacrer !
Photo de charme vue sur https://sacredcharm.tumblr.com
Prométhée exprima sa flamme à Valentine, sa bonne âme Qu’il comptait éblouir d’un feu – du moins tel était-il son vœu – Mais Zeus jugeant cet acte infâme – voler le feu pour une femme – L’aurait condamné quasiment à un terrible châtiment.
Fort heureusement sa promise, pendant ce temps s’était permise De survoler le Mont Caucase en chevauchant ce bon vieux Pégase. Et c’est ainsi qu’à chaque fois que l’aigle voulait gober le foie Elle lui ruait dans les brancards et ce, jusqu’au prochain rencard.
Finalement tout s’arrangea et même Zeus les dédommagea Après l’incident passager et leur permit de partager Avec les hommes ce feu sacré à condition d’y consacrer Une journée dédiée à la femme pour en perpétuer la flamme.
Photo de charme vue sur https://sacredcharm.tumblr.com
Mon cœur rêve d’îles désertes où l’on vit nu dans l’insouciance Comme si le singe, tapi en moi, restait dans son arbre éploré. Mon âme se montre diserte pour refouler l’insignifiance Du progrès qui met en émoi l’esprit sans cesse amélioré.
Redevenir homme des bois et retourner à la nature ? Il semblerait qu’il soit trop tard car le temps reste irréversible. Les remords font le contrepoids avec la triste conjoncture Aux regrets toujours en retard sur ses effets imprévisibles.
Tableaux d’Anne Delplace sur http://www.anne-delplace.com/peinture-huile.php
La nuit, capté par l’inconscient, le flux de mes rêves s’anime Et passe à travers la passoire de l’esprit en demi-sommeil. Il puise dans mon subconscient mes désirs les plus unanimes Et se répand dans ma mémoire puis, fond comme neige au soleil.
Entre l’émetteur mystérieux et le récepteur défaillant, Beaucoup de songes se précipitent dans l’abîme des trous du savoir. Combien de messages impérieux, transmis d’un souffle prévoyant, Tombent dans l’âme décrépite qui n’a pas su les promouvoir ?
Tableaux d’Anne Delplace sur http://www.anne-delplace.com/peinture-huile.php
Les monstres marins ressurgissent quand on ne s’y attendait plus ; On les avait dit disparus, éradiqués par le progrès. Pourtant les alarmes rugissent comme s’ils étaient en surplus Et pour cette fois apparus annoncer le temps des regrets.
Autant de fléaux sont passés et ont englouti nos cités Et l’humanité n’a cessé de recommencer son histoire. On ne compte plus les trépassés, les guerres et les atrocités Sans que la vie ait progressé par-dessus-tout vers sa victoire.
Aujourd’hui la moindre tempête est synonyme d’apocalypse ; Le moindre rhume qui éternue menace toute la Terre entière. On prend la poudre d’escampette et l’intelligence s’éclipse Devant un virus inconnu qui franchit toutes les frontières.
Bientôt ma ville submergée vivra d’une vie aquatique ; Mon long courrier naviguera vers des latitudes sereines. Mais je le verrai converger par les couloirs sud-Atlantique Surtout lorsqu’il rappliquera pour ensemencer nos sirènes.
Cette nuit, ma ville sous-marine allume ses feux de positions Et attire ainsi mon navire qui vire de tribord à bâbord. Le capitaine alors s’arrime à l’ancre à sa disposition Et hèle celles dont le cœur chavire mais accepte de grimper à bord.
Un an plus tard, sur le retour, les sirènes avec leurs enfants Qui ont affermi leurs poumons reviennent aux eaux maternelles. Chacun de plonger à son tour afin de rentrer triomphant Retrouver leurs hommes-saumons dans leurs abysses paternelles.
À force de courber l’échine et accepter les oppressions Braillées par les ânes dociles qui entretiennent sa folie, L’homme devient une machine qui s’agite selon les pressions Exercées par des imbéciles dans une sourde mélancolie.
Pareil au zèbre dont les rayures le distinguent dans la savane, L’homme oppressé devient la proie des fauves qui ouvrent la chasse. Pour échapper à la souillure, il passe à des actions profanes Pour s’enfuir du chemin de croix vers lequel l’étau/l’état le pourchasse.
En vérité, tout est toxique, tout est poison écornifleur Malgré une belle apparence et l’envie de croquer dedans. La beauté paraît dyslexique avec le langage des fleurs Dont la grammaire fait carence à dater de la pomme d’Adam.
Tous les petits démons sucrés n’y font pas, non plus, exception ; Leur séduction nous turlupine et nous abuse à contrecœur. Même si le féminin sacré est d’immaculée conception, Telle une rose et ses épines, sa flamme vous brûlera le cœur.
Tableaux de Michael Cheval sur http://chevalfineart.com/portfolio/new-releases
La chatte de Madame Seguin serait la plus belle du monde D’après les on-dit répétés que j’ai perçus dans l’escalier. Combien en ont eu le béguin ? Combien d’amoureux à la ronde Sortent par ces mots hébétés, las, essoufflés sur le palier ?
J’ai souhaité connaître la chose et sous un prétexte un peu sot, Je sonnai en catimini et entrai l’air intéressé… Une femme nue prenait la pose, sa chatte agitait un pinceau Et m’annonça : « Presque fini ! Pourquoi êtes-vous tous si pressés ?
Dans le noir et blanc de mes rêves, souvent se détache une teinte Qui souligne en fausses couleurs un message issu de mon âme. Quelquefois la nuance est brève mais souvent elle met son empreinte Comme pour accentuer la douleur d’un cri qui surgit de la trame.
Marquées au fer rouge du cœur, combien de blessures profondes Remontent étrangement la nuit après des années d’amnésie ? Comme si l’eau de la rancoeur après avoir rejoint d’autres ondes Passées sous les ponts de l’ennui se teint d’une encre de jalousie.
Tableaux d’Izumi Kogahara sur http://touchofcolorr.blogspot.com/2015/11/izumi-kogahara.html?m=1
À l’instar du fameux phénix qui renaît toujours de ses cendres, L’équivalent existerait mais qui renaîtrait de ses glaces. Sans démonstration trop prolixe, il suffit d’attendre décembre Et voir en quoi consisterait le spécimen qui le remplace.
Dès l’instant des premiers frimas, vient comme une mort à rebours, Une sorte de printemps renversé qui apparaît lors du solstice. Alors dans ce microclimat dans les campagnes, loin des bourgs, Renaît la chimère inversée qui évoque un phénix factice.
Photo de Tammy Shrive sur https://www.thefabulousweirdtrotters.com
Tant mes souliers ont voyagé depuis l’aube de mes premiers pas, Tant mes souliers se sont usés d’avoir couru sur les remparts. Mes pieds s’y sont apanagés avec ampoules et sparadrap Et tout mon cuir désabusé se craqueler de toutes parts.
Mais ils m’ont tellement soutenus que je n’ saurais prétériter Leur soutien en toute occasion, sauts d’obstacles et ainsi de suite. Et les pieds d’une femme nue, observés avec témérité, Me prétextent une conclusion ou l’envie de prendre la fuite.
Rien à dire contre le silence qui lui tient lieu de forteresse Comme un interdit humiliant qui la hisse au-delà de moi. Malgré toute ma vigilance à trouver ce qui l’intéresse, Je me heurte au mur résiliant qui met tous mes sens en émoi.
Tous mes essais pour contourner son nid d’aigle le furent en vain ; Hautes murailles garnies de ronces, gens protecteurs de toutes sortes. Alors je m’en suis retourné lentement comme il en convînt Car, n’obtenant nulle de réponse, il fallait bien que je m’en sorte.
Tableau d’Izumi Kogahara sur http://touchofcolorr.blogspot.com/2015/11/izumi-kogahara.html?m=1
Je l’ai zoomée à la folie de mon télescope indiscret, La Sainte-Nitouche d’en face de l’autre côté de la rue. Elle trouble ma mélancolie en me dévoilant les secrets De l’intimité efficace d’un sein brusquement apparu.
Pourtant elle sait que je l’observe et le soir en levant nos verres Nous trinquons ensemble à distance avec un sourire convenu. Cependant elle, sur la réserve, me signifie d’un doigt sévère Qu’elle m’oppose toute résistance même en s’affichant toute nue.
Tableau de Thierry Marchal sur http://www.marchalexpo.com/oeuvres_thierry_marchal.htm
Beaucoup trop d’histoires ont coulé dans l’eau sous les ponts de chez nous À propos des coups de colère pour la bergère envers ses chats. Depuis tout le temps écoulé, il apparaît que son courroux N’était pas si spectaculaire que celui qu’on lui reprocha.
Si les chatons buvaient son lait, à peine trait de ses brebis, Ils chassaient aussi tous les rats en échange de leur pitance. Mais son mari, homme fort laid, obnubilé par le débit Traquait les chats, ces scélérats, et les maintenait à distance.
Alors la bergère en colère chassa son avare de mari À grands cris et coups de bâton qu’on entendit sur plusieurs lieues. Depuis, les chants épistolaires l’ont échauffée au bain-marie Et le lait du pauvre chaton s’y est répandu au milieu.
Tableau de Thierry Marchal sur http://www.marchalexpo.com/oeuvres_thierry_marchal.htm
J’eusses aimé croquer comme Adam dans le fruit de la connaissance, Découvrir le péché de chair, la gourmandise et la luxure ! Faire, en premier, tout un ramdam, semer la désobéissance Parmi les angelots si chers en en leur jetant les épluchures.
J’eusses aimé vivre sans retenue avec Lilith en naturistes Au paradis revendiqué au nom de notre liberté. Puis, Ève et ses sœurs, toutes nues, aux perspectives futuristes, Auraient vécu sans polémiquer leur éternelle puberté.
Tableau de Rafal Olbinski sur https://www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com/2016/12/Rafal-Olbinski.html
L’art de conjuguer sa maison à sa voiture donne raison À la tendre similitude d’agrémenter ses habitudes. Un vaisseau de pierre immobile, un véhicule automobile, Pour profiter du temps qui passe, repasse et qui courbe l’espace.
Jaune citron, un peu acide dénote un caractère lucide Comme un soleil en solitaire qui roule tout autour de la Terre. Monsieur, Madame, couple charmant, ont dû échanger le serment De ne voir pour tout coloris qu’un jaune paille ou canari.
Dans la nuit soudaine et violette, chacun se retrouve au point d’eau À l’heure lunaire indiquée à la Corne de Rhinocéros. Les animaux sur la sellette, les prédateurs en commandos, Un curieux mélange imbriqué de faune paisible et féroce.
Éléphants et hippopotames et tous les autres pachydermes Chacun conduit sa caravane sous la houlette des léviathans. Puis, quand l’obscurité entame, d’une nuit qui tombe à son terme, Sa primauté sur la savane, l’Esprit de l’Afrique les attend.
Fleuri de rose vénitien, le Grand Canal semble tranquille Sous l’odeur des lotus éclos qui l’endort dans ses rêves roses. Un marchand de sable phénicien coupe les eaux de la presqu’île Afin de gagner son enclos sous un ciel d’aurore morose.
Originaire de Phénicie, au sable si rose et si fin, Il répand les parfums d’orient tout autour de l’Adriatique. Le tourisme bénéficie jusqu’à ses ultimes confins De ce trafic répertoriant toutes les dépendances hypnotiques.
Dans la nuit noire, les chatons excellent au jeu des silhouettes ; Velours au bout des ripatons, ils aiment jouer les girouettes. Eux, savent d’où vient la lumière qu’ils renvoient pareil à un phare Postés au bas d’une chaumière d’une fixité que rien n’effare.
Minet, derrière sa fenêtre, joue comme à la télévision Et prend son temps pour reconnaître où voler quelques provisions. S’il observe le temps qui passe, la météo et les infos, Il cherche à faire un coup d’audace car à tout âge, les chats sont faux.
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Je m’accompagne naïvement le cœur d’enfant dans les contrées À la recherche d’un espace où le temps n’a pas d’importance. Je communique tardivement mais il est temps de rencontrer Cette entrevue que j’outrepasse à travers le temps à distance.
Tiens ! Me voici sous le grand chêne avec l’ami imaginaire Qui était promu seul confident et détenteur de tous mes biens. Et moi je rétablis la chaîne entre mon présent ordinaire Et mon passé se dévidant vers l’avenir qui est le mien.
Je me souviens de son guichet qui s’ouvrait à même son tronc Et son visage souriant suivant mes pensées surannées, Ma timidité affichée et mes allures de poltron, Sans savoir que l’ami brillant, c’était moi, dans plusieurs années.
Le roi de droite hache le temps pour ne pas perdre une seconde. Son temps, précieux comme l’argent, est minutieusement compté. Économe du moindre instant, il fait payer à tout le monde Un impôt qu’il va partageant avec ses amours escomptées.
Mais la Reine, elle ne compte pas ; l’amour ne sait pas ce défaut. La Reine attend impatiemment que son roi cesse cette addiction. Le temps, quand il part au combat, suspend son vol en porte-à-faux ; Elle s’en va chercher galamment un réconfort à l’affliction.
Le roi de gauche, d’un amour ivre, ne fait pas les choses à moitié ; Dans sa tête, le temps peut trotter avec ses courses contre la montre ! Lui, c’est un homme du temps de vivre, du temps d’aimer et de châtier Et quand la Reine vient s’y frotter, impétueuse est la rencontre.
Il est interdit de mourir sous peine d’aller en prison Car la mort devient illégale et votre vie obligatoire ! L’idée n’a cessé de nourrir cette suprême guérison Que l’homme espère sans égale, orgueilleuse et jubilatoire.
Mais l’homme dans cet ouroboros devra réviser sa copie Car l’excès de reproduction devient super population. À moins que la mort, plus féroce, vienne braver cette utopie Et passe à la surproduction de virus en circulation.
Dans un pays imaginaire, l’air est imposé par l’état Qui vous oblige à respirer au moyen d’un adaptateur ; Grosse machine poitrinaire mais encore en version bêta Dont le design est inspiré de nos anciens aspirateurs.
Évidemment tout le monde triche car le sommeil n’est pas taxé Et le virus du sommeil frappe tous les systèmes immunitaires. Et comme on ne prête qu’aux riches, ceux-ci se trouvent surtaxés À cause des pauvres qui s’attrapent tous un coma communautaire.
Tableau de Robert Heindel sur http://todaysinspiration.blogspot.com/2013/11/another-look-at-robert-heindel.html?m=1
Quand Dieu parlait aux animaux, ceux-ci l’écoutaient en silence Mais ses échanges avec Ève lui donnaient du fil à retordre. Il en parla à demi-mot, car il n’aimait pas l’insolence, À Adam, son meilleur élève, afin qu’il y mette de l’ordre.
Celui-ci à bout d’arguments s’en alla trouver la Licorne Lui proposant d’intervenir grâce à son don de télépathe. Ainsi dans un grand dénuement, Elle alla proposer sa corne À Ève qui la vit venir se dandinant des quatre pattes.
Avec Ève, l’organe phallique fit des miracles coutumiers Comme y réussissait son homme quand il désirait décharger. Mais le serpent machiavélique les invita sous le pommier Et embrocha autant de pommes que la licorne pouvait charger.
Elles mangèrent le fruit défendu en bénissant l’initiative. Ainsi Dieu punit le serpent, Adam et Ève, puis, la licorne. Les trois premiers furent descendus de toutes leurs prérogatives Et la licorne, à ses dépens, perdit et son nom et sa corne.
Sculpture d’Elya Yalonetski sur https://www.artfinder.com/artist/yalonetski/?epik=dj0yJnU9UzF4ZnFPcUhzaTJuMmE0SkNpN0JwQ2lBQmJVd3NuY2cmcD0wJm49OUZRY0NvdERBUlFTYUhyQkdTWGR5USZ0PUFBQUFBR0hFTG8w
Il faut pêcher vers l’extérieur encore plus loin, en haute mer Car les poissons ont disparu de nos rivières et nos étangs. Et moi, cloîtrée à l’intérieur de mon confinement amer, J’ai trop d’étiquettes parcourues, labellisées au fil du temps.
Le thon a payé son octroi à l’imposition de la pêche ; Le hareng sort de temps en temps garni de sauce rémoulade ; La sardine à l’huile à l’étroit avec les pilchards escabèche Et le saumon sont mécontents du mercure qui les rend malades.
Cupidonia largue ses flèches toutes ensemble en une seule fois Pour décocher le maximum de prétendants à ses avances. Si d’aventure elle se pourlèche à l’idée de plusieurs renvois De consentements optimums, elle devra tenir la cadence.
Cupidonia, organisée, possède plusieurs cordes à son arc ; Autant de chambres, autant de lits afin d’accueillir tout le monde. Comment peut-elle totaliser tant d’amours et mener sa barque ? Répondez donc à sa folie et… attendez qu’elle vous réponde.
Souvent, je me sens invisible par l’indifférence agressé Comme si je n’existais guère qu’un rêveur en apprentissage. Mais si derrière, imprévisible, surgit un voyageur pressé, Je deviens prétexte de guerre à réclamer droit de passage.
Imperceptible ou importun caractérisent mes semblables ; Nous ne sommes que figurants par rapport aux rôles principaux. Serais-je donc inopportun de supposer invraisemblable Que mon rôle le plus fulgurant soit celui du dernier repos ?
Tableau de Vladimir Kush sur https://www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com/2012/10/Vladimir-Kush.html
Enfermé dans sa tour d’ivoire, il regardait passer le temps, Regarder s’écouler le fleuve de son impassible existence. À chaque heure il savait prévoir les habitudes des habitants Qu’il fasse soleil ou qu’il pleuve… Ô éternelle inconsistance.
J’en ai vu des maisons semblables avec les mêmes locataires Qui comptabilisent le monde comme une gare ferroviaire. Les histoires invraisemblables animent leurs vies terre-à-terre, Spectateurs à chaque seconde du temps au fil de la rivière.
Tel est, condamné dans sa tour, le sort de notre ancien champion Qui a chuté au jeu de l’oie sur la case de la prison. Dès lors, Il doit passer son tour en attendant qu’un autre pion Tombe sous le coup de la loi et lui ouvre son horizon.
Tableau de Richard Johnson sur http://www.richardjohnsonillustration.co.uk
Dans la machine de l’amour, les engrenages se déchaînent ; Toutes les articulations entraînent un moteur de plaisir. Un peu d’huile, un soupçon d’humour, oindront jusqu’à l’année prochaine Les rouages de la passion sur tous les ressorts du désir.
Le kamasutra mécanique, soumis aux lois de la physique, Demande beaucoup d’énergie et planifie ses rituels. Au début, un peu de technique mais, après beaucoup de pratique, Le tout s’anime en synergie d’un mouvement perpétuel.
Et pour fêter la chandeleur, étalez-la comme une crêpe ; Elle tiendra le manche de la poêle bien huilée et toute brûlante. Par petits gestes batifoleurs, fourrez-la de crème et de cèpes Et digérez l’ensemble à poil au cours d’une sieste succulente.
Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.
Au printemps, les filles de joie en amour font feu de tout bois ; En été, les filles embrassées rougissent et leurs cœurs s’embraser ; À l’automne, fille devient femme et les grands sentiments s’enflamment ; En hiver, d’amours consumées, les femmes partent en fumée.
Le cœur agit comme un creuset où les passions sont abrasées Puis, chauffées aux feux de l’amour toute la nuit jusqu’au petit jour. Enfin sous l’empire des sens, le corps brûle de toute son essence Et l’esprit vient s’acheminer par l’âme en forme de cheminée.
Les Africains, les Kosovars et tous les désorientés N’apportent pour toute richesse qu’un ADN à bonifier. Jamais de France et de Navarre, l’assaut ne fut tant commenté Par ceux qui se désintéressent d’une planète à unifier.
Aujourd’hui beaucoup d’animaux sont acclimatés à la ville Et commencent à frapper aux portes pour réclamer un pied-à-terre. Ainsi les besoins minimaux de notre société civile Vont s’adapter, en quelque sorte, à tout habitant de la Terre.
Tableau de Marion Peck sur http://miroirmagazine.com/2012/11/04/marion-peck
« La princesse et le petit pois » reste le moyen efficace Pour reconnaître la fine fleur parmi les boutons putatifs. J’avance un argument de poids chez les libraires perspicaces À glisser, d’un mot qui affleure, un marque page figuratif.
Seule une lectrice assidue remarquera le madrigal Et appréciera la valeur du cœur d’un galant bouquiniste. Et tous les autres individus resteront frustrés sans égal D’une vie sans la moindre chaleur d’une romance opportuniste.
Tableau de Vladimir Kush sur https://www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com/2012/10/Vladimir-Kush.html
Tout ce que j’ai à vous offrir et qui me vient de mes parents Est réduit à mon appareil reproducteur et génital. Mais combien de fruits à mûrir dans ce jardin accaparant Qui sonnent, à nul autre pareil, comme un suprême récital !
Serait-ce le fruit du hasard ou sagesse de l’évolution Qui font recombiner nos gènes en transmutations héritables Vers l’excellence d’un Mozart qui ferait sa révolution Ou le génie d’un Diogène qui cherche un homme véritable ?
Tableau de Ekat sur http://www.ekat.fr/peinture-blanches.html
Une fois le grand nettoyage effectué dans ma maison, Dans tout le cœur, dans tout le corps, reste celui de mon esprit Où ont dormi, gens de voyage, anges et démons en déraison, Qui ont battu tous les records pour remporter le premier prix.
Infos, intox, non recyclables iront à l’incinérateur ; Vos mises en boîte de conserve dans les containers à métaux ; Vos convictions invraisemblables feront rire les narrateurs Et j’autorise qu’ils s’en servent sans qu’il n’y ait droit de veto.
Au printemps, les grands nettoyages permettent de vider tout le corps De tout ce qu’il a assimilé durant toute la morte saison. À commencer par un voyage pour aller battre des records Dans ce qui est dissimulé dans mes mémoires sans raison.
Puis, tout ce que j’ai sur le cœur est vidangé par les artères ; Après, je purge la vieille cave, la veine et le système porte ; La bile, cette amère liqueur, et tous les fluides délétères Finissent dans la fosse concave en compost de natures mortes.
Quand tout est lavé et vidé, je remplis de petits bonheurs ; Belles images dans la mémoire, avec coups de cœurs en folie ; Les amitiés consolidées sont inscrites au tableau d’honneur Et j’efface de tous mes grimoires toute trace de mélancolie.
Au gui l’an neuf tout recommence, Shéhérazade se met en transe Après sa nuit bleue et profonde, elle déguste un thé au jasmin. Elle redémarre une romance avec intrigues à outrance Pour que le Sultan se morfonde à patienter jusqu’à demain.
À Pâques ou à la Trinité, la vie, la mort s’enchaînent encore Comme une éternelle routine qui vit qui meurt et puis, renaît. Perpétuelle féminité qui rythme neuf mois de son corps Depuis les prémices enfantines dont les amours tambourinaient.
À Noël comme au réveillon, Shéhérazade se fait vieille ; Les mille-et-une nuits corrodent un peu le cœur, beaucoup la femme. Elle guette le premier rayon d’un soleil que trop longtemps veillent Ses yeux fatigués émeraude brillant sur les bleus de son âme.
Costumes du ballet « Shéhérazade » de Nicolas,Rimsky-Korsakov par Boris Israelevich Anisfeld
Comment avoir une main verte lorsque j’ai le cœur à l’envers ? Peut-être avec des fleurs à rire, rire jaune de préférence. Les Jonquilles me déconcertent, les tournesols sont un calvaire Lorsque je les vois parcourir d’Est en Ouest leurs révérences.
Comment paraître un peu fleur bleue lorsque j’affiche un air morose ? Sans doute avec des fleurs couleur d’un ciel d’azur et pastoral. Les hortensias trop globuleux, les myosotis pas assez roses Et l’agapanthe d’une pâleur à me rabaisser le moral.
Comment écrire à l’eau de rose quand j’écris des poèmes tristes ? Probablement des fleurs du mal trempées dans un parfum de joie. J’ai des coquelicots dans ma prose avec des épines du christ Mais si leur rouge est optimal, l’encre est d’un effet rabat-joie.
Et comment offrir des fleurs blanches à celle qui se marie demain Et qui me blesse ainsi le cœur par les épines du mariage. Hélas je pleurerai dimanche et jetterai sur le chemin Toutes mes bouquets avec rancœur et ma boîte de coloriage.
Pour vivre heureux, vivons cachés mais pas ensemble, s’il vous plaît Car je sens des mains baladeuses et des intentions impudiques. Jamais ne pourrez détacher cette attraction qui vous complaît Arguant la nature galvaudeuse et le beau sexe fatidique.
Aujourd’hui tout est inversé ; pour vivre heureux, vivons masqués ; Cachons notre naïveté derrière un passe sanitaire Jusqu’à ce que soient renversés ces polichinelles fantasqués Qui nous plongent en lasciveté dans un régime totalitaire.
Tout finit en queue de poisson quand tout débute par la peur Car à trop noyer le poisson, il finit cuit à la vapeur. Fi de ces sérums incolores, ces eaux de mer pour V.I.P., Ces catastrophes indolores et la vaccinothérapie !
Et si tous ces milliards de doses finissent par aller dans la mer, Les poissons auront l’overdose d’effets secondaires amers. Bientôt quand j’irai à la pêche, je risque à mon tour d’être happé Par tous les revanchards revêches de la lignée des rescapés.
Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.
J’ai reçu une invitation dans l’aquarium de mon poisson. Une enveloppe bleue nacrée, toute petite et qui flottait Presque comme en lévitation, à la surface comme un glaçon. Je lus ce petit mot sacré avec la voix qui chevrotait :
« Cher Monsieur, vous êtes invité au bal des sirènes sans-gène. Lundi soir, juste après la douche, approchez-vous, nu, du bocal. Plongez dans sa concavité et n’ayez crainte pour l’oxygène ; Nous vous ferons du bouche-à-bouche pour un petit bonheur buccal. »
Illustration de Scott Gustafson sur http://madamkartinki.blogspot.com/2012/12/scott-gustafson-1.html
Elle voulait changer d’atmosphère et se retirer de ce monde Où ne reste nulle île déserte ni oasis en plein désert. Les montagnes ou la stratosphère lui donnant des nausées immondes, La mer apparut plus ouverte et les poissons pas moins diserts.
Elle a échangé son local qui sentait trop l’air confiné, Étanchéifié ses fenêtres et rempli d’eau l’appartement. Puis elle a passé le bocal avec deux doigts d’air comprimé Enfin elle s’est sentie renaître et son poisson, également.
Hier, les critères de beauté flattaient les grasses silhouettes Et les grands peintres ont exposé leurs plus aimables corpulences. Mais aujourd’hui, mal fagotées, les femmes se montrent fluettes Au risque d’être indisposées et emmenées en ambulance.
Gageons que la mode optera pour le retour des rondelettes Et Barbie-Boudin relookée rendra aux grosses leur prestige. Jamais ton gras ne cachera, finies les cuisses maigrelettes Et bienvenue sur le Touquet Ô Vénus aux fesses callipyges !
Quand le matin, les mots s’échappent dans le brouillard de mes pensées, Je lâche prise au descriptif de ce spectacle féerique. Pas une émotion ne réchappe à l’œil du cœur récompensé Justifiant ce droit perceptif par son pouvoir allégorique.
Et lorsque la lumière change, les mots se vident de leur sens Car ils me paraissent éphémères devant la beauté indicible. J’écoute le vent qui échange ses impressions dans cette essence Où le verbe ne peut que se taire sinon d’une prose invisible.
Drôles de dames à Amsterdam dans chaque immeuble, à chaque étage ! Comme une maison de poupées issue d’un faux conte de fées. Car ne vous trompez point de dame ! Ces fées-ci ne sont pas très sages ! Plutôt fessues, tête coupée, plutôt sorcières échauffées.
Elles traversent les cloisons et communiquent par les greniers, Par les toits et les cheminées et par les caves les plus proches. Le Sabbat en toutes saisons se fête avec les chaudronniers Qui se sont tous acheminés pour mourir d’amour à la broche.
Combien sont-ils affolants, ces merveilleux fous volants Dans leur drôles de machines qui nous font dresser l’échine. Sur les ailes de la foi, plus près de Dieu toutefois, Ils ne craignent le vertige, eux, les rois de la voltige !
Si tu as le vent en poupe et que rien ne te la coupe, Choisis ton baptême de l’air dans un avion similaire. Tu y croiseras les anges et, si l’avion les dérange, Ils t’accorderont tes ailes si le pilote fait trop de zèle.
Ce n’est pas l’hôtel du rivage mais plutôt celui du virage Et la marée est remplacée par des coups de freins bien placés. Venez y dormir toutefois, ne serait-ce qu’au moins une fois, Pour assister aux accidents célèbres dans tout l’Occident.
Ne cherchez pas ! Il est en Suisse. Hélas je crains que l’on ne puisse Y loger sans passe sanitaire ! Dommage, il était salutaire D’y dormir la fenêtre ouverte afin de faire comme découverte, La montée des non-rescapés par-delà les monts escarpés.
L’hôtel Belvédère est un hôtel situé sur la route du col de la Furka près du glacier du Rhône dans le canton du Valais en Suisse – Photographié par Tom Juenemann
Au pas de la pie qui chante, la queue basse, la tête haute, Avec la garde montante, nous marchons sans faire de faute. Sonne trompette éclatante, sonne, résonne et tressaute Sous la cadence battante du tambour qui ravigote !
À l’école des maraudeurs, des voleurs, des chapardeurs, Nous apprenons la discipline sous l’égide de la pie voleuse. Marchant au pas du rôdeur, pas feutrés avec ardeur, Entraînés pour la rapine, c’est nous la Garde Enjôleuse.