Catégorie : 2022

  • L’amante harponneuse

    L’amante harponneuse

    Comme elle se livrait au bonheur d’avoir harponné ses amants
    À l’aide d’un cœur angélique sur toutes les mers amoureuses,
    Un jour, elle mit un point d’honneur à lancer le plus vaillamment
    Et d’une adresse diabolique sa javeline vigoureuse.

    Le capitaine et ses matelots qui croisent l’amante harponneuse
    Devront lui payer leur tribut de manière la plus érotique.
    Sinon, d’un coup de javelot, sa nymphomanie moissonneuse
    Leur cueillera les attributs qui fait la gente phallocratique.

    En attendant, Dieu soit loué, elle reste rivée au rocher
    Dont elle ne s’éloigne jamais d’après ce qu’on m’a rapporté.
    Pour éviter d’être cloué, il est défendu d’approcher
    À moins d’un mile désormais assurément hors de portée.

    (Tableau de Steven Kenny.
    « Elle se livrait au bonheur d’avoir harponné, pour ainsi dire, une âme angélique dans la mer parisienne » – Honoré de Balzac, Modeste Mignon, 1844)

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Rusées renardes

    Tandis que Madame, un peu garce, en robe d’hiver à balconnets
    Traque sa proie l’air dédaigneux dans sa tenue assez tendance,
    Rusée renarde, sa comparse, chasse souris et cochonnets
    En tant que prédateur teigneux mais qui assure l’intendance.

    Ces deux femelles à la fourrure aussi soyeuse que caressante,
    Savent aussi montrer les dents et une force appréciable.
    Elles possèdent une carrure toute en souplesse, reconnaissante
    À leurs cruels antécédents de dévoreuses insatiables.

    Tableaux de Steven Kenny.

  • Adieu joli mois de mai

    Adieu joli mois de mai

    Avant qu’il naisse, je le devine depuis l’arrivée du printemps,
    Fin mars quand le soleil s’amuse à s’attarder le soir venu.
    Puis sous les orages qui ravinent les chemins de boue sanglotant
    Et les exhalaisons profuses après une ondée bienvenue.

    Le mois d’avril coupe le fil des trois premiers mois de l’année
    Que j’oublie vite avec le temps pour accueillir d’autres saisons.
    Au mois de mai, les jours défilent ; le voici déjà suranné,
    Hier à peine débutant et demain parti sans raison.

    Adieu printanière un peu folle avec tes petits saints de glace,
    Tes giboulées de canicule et tes averses qui s’enchaînent !
    Tant mieux ! Mes canards en raffolent et mes fleurettes s’en prélassent.
    Tu n’étais pas si ridicule et je t’attends l’année prochaine.

    Illustration du calendrier d’Olga Ert sur https:www.behance.netgallery186943calendar .

  • Pluie équivoque

    Pluie équivoque

    Aux Pâques, une pluie équivoque par ses gouttes dorées sapides.
    Sans doute le frottement des cloches sur quelques nuages attardés.
    Ainsi l’humidité provoque, trombes de giboulées rapides,
    Des étincelles qui s’effilochent comme un météore hasardé.

    Au lendemain d’un long sommeil, l’ondée miraculeuse n’est plus.
    Mais les odeurs de la nature sont rehaussées d’un goût musqué.
    Alors sous un soleil vermeil qui ne luit que lorsqu’il a plu,
    J’en respire la signature sur les fleurettes offusquées.

    Qu’importe la matutinale rosée pourvu qu’on ait l’ivresse
    Que les fleurs produisent en nectar dont s’abreuvent tous les papillons !
    Et les herbes médicinales distillent avec allégresse
    Leurs arômes secrets à l’instar des liquoristes moinillons.

    Tableau de Jana Brike.

  • Les mères poules

    Les mères poules

    Pâques passées, les mères poules qui ont su conserver leurs œufs
    Éduquent leurs progénitures à montrer leurs meilleurs profils.
    Puis, toutes ces petites boules à plumes, d’un mouvement vaseux,
    Cahin-caha sans fioriture, suivent comme attachées à un fil.

    Pour leur première leçon de vol, lorsque les poussins ont grandi,
    Toutes les mères ont revêtu leurs capelines de monitrice.
    Les oisillons prennent leur envol comme un long cordon d’organdi
    Qui soudain, à bride abattue, déshabille leur génitrice.

    Lorsque les enfants sont partis, les mères-poules déplumées
    Regagnent vite leurs plains-pieds où l’attendent les jeunes coqs.
    Et aussitôt c’est reparti ! car les chandelles rallumées
    Par les deux bouts dans les clapiers sont très épiques à cette époque !

    Tableau de Steven Kenny.

  • Pense-bête

    J’évite de me prendre la tête avec enquêtes et contre-enquêtes ;
    Quitte à m’arracher les cheveux, je les pendouille là où je veux.
    Si vous la voyez dans un arbre, inutile de rester de marbre ;
    Rapportez-la moi, s’il vous plait, plutôt que me la contempler.

    Quand l’actualité va à vau-l’eau, je m’en vais la ficher à l’eau ;
    Un gros bocal de cornichons suffit, ce n’est pas folichon.
    Vous n’ pouvez-vous en empêcher ? Essayez donc de m’ repêcher…
    Attrapez-moi par la tonsure ; vous en sentirez la morsure.

    Photos d’Alexandra Tchertoulova.

  • L’expérience en cours

    L’expérience en cours

    Pourquoi la matière et l’espace ? Pourquoi la vie sur notre Terre ?
    Pourquoi l’été ? Pourquoi l’hiver ? Pourquoi l’automne avant-courrière ?
    Dieu seul sait tout ce qui se passe dans les coulisses du mystère
    Qui enveloppe l’univers et tout ce qu’il y a derrière.

    Eh bien l’expérience est en cours et Dieu n’a pas réponse à tout ;
    Il ne sait pas finalement ce qu’il adviendra de tout ça !
    Plusieurs fois, il a eu recours à consulter le Grand Manitou
    Qui lui fournit légalement un coup de pouce, fissa fissa.

    Et si l’expérience prouve que Dieu n’a jamais existé,
    Selon les lois de la logique – soit P vrai implique Q faux –
    Eh bien justement il se trouve qu’un illogisme est dépisté !
    Quoi qu’il en soit, rien de tragique, tous les dogmes ont comme un défaut…

    Tableau de Bjorn Richter sur https:www.facebook.comBjørn-Richter-302501101111?ref=page_internal .

  • Clef de jour, clef de nuit

    Les extraterrestres se cachent derrière des pans de la nature
    Qu’ils ouvrent comme une boîte à sardine à l’aide de la clef du jour.
    Lorsqu’il vous semble qu’une tache fait une sorte de rature,
    Les Aliens en fait s’y radinent pour venir passer le séjour.

    Pareillement lorsqu’ils s’en vont, ils entrouvrent un rideau de nuit
    Qui paraît tellement visible que je me demande pourquoi
    Jamais nous ne les poursuivons en nous engouffrant dans son huis
    Sauf bien sûr une imprévisible sentinelle ou je ne sais quoi.

    Tableaux de Bjorn Richter sur https:www.facebook.comBjørn-Richter-302501101111?ref=page_internal .

  • Nuit d’Onyx

    Nuit d’Onyx

    Discrétion, silence et mesure, l’ange de nuit répand son ombre
    Et tisse un écheveau obscur qui plonge la Terre en sommeil.
    Le jour s’enfuit dans l’embrasure poursuivant le soleil qui sombre
    Flanqué du fidèle Mercure dans un dernier rayon vermeil.

    Ange ou démon ? Je m’interroge sur ses véritables desseins
    Et cette étrange accoutumance qu’instaure le marchand de sable.
    Fatalement nul ne déroge à ce rituel sacro-saint
    Malgré toute la véhémence de ma quête inassouvissable.

    Les plus beaux rêves sont tissés dans la chevelure de nuit
    Qui me reconnecte au réseau du chœur des étoiles qui songent.
    Étoiles noires métissées d’astres et de comètes qui fuient
    Comme s’envolent les oiseaux qui migrent au pays des mensonges.v

    Tableau de Kaysha Siemens.

  • L’autre côté du miroir

    L’autre côté du miroir

    Tous les miroirs de ma maison accèdent à un autre côté,
    Un genre d’univers inversé, mais qu’ils m’interdisent de franchir.
    Je ne sais si j’ai eu raison mais je les ai tous boycottés
    Jusqu’à c’ qu’ils soient controversés et acceptent de m’affranchir.

    Depuis je peux passer ma tête, un bras, une jambe, une main
    Mais je reçois un bol d’eau froide et parfois carrément un seau.
    Ils sont farceurs mais je m’entête à y découvrir un chemin,
    Même si c’est une porte étroite, pour m’y retrouver au verso.

    Alors pour fair’ fondre la glace puisque le miroir est poli,
    Je m’ suis reflétée en parlant d’une voix pointue et étroite,
    Puis nous avons changé de place, mon double et moi, à la folie,
    Et depuis je parle en verlan et confonds ma gauche et ma droite.

    Lorsa pour raif’ drefon la cegla quepuis le roirmi est lipo,
    Je m’ suis téeflére en lantpar d’une voix tuepoin et troitée,
    Puis nous vonsa géchan de cepla, mon bledou et moi, à la liefo,
    Et puisde je lepar en lanver et fondcons ma chegau et ma tedroi.

    Tableau de Natalie Shau.

  • La danse des Samodiva

    Les trois sorcières solidaires ne sont pas descendantes d’Ève
    Mais de Lilith ou Artémis selon l’histoire non écrite.
    Sauvages et de vies solitaires, chaque année elles renouvellent
    Leurs liens en suivant les prémices que leur nature leur a prescrites.

    Alors elles invoquent leur mère qui apparaît tel un phénix
    Dans le feu ardent dont les flammes les embrassent de leur chaleur.
    Elles redeviennent chimères et montent dans la nuit d’onyx
    Rejoindre et réunir leurs âmes sacrées aux divines valeurs.

    Comme une naissance d’étoile, les filles ont fusionné leur mère
    Et créent de nouvelles énergies pour les diriger sur la Terre.
    Alors retombent comme un voile des étincelles éphémères
    Qui se transforment en synergie fertilisante, élémentaire.

    Premier tableau d’artiste inconnu ; deuxième et troisième tableaux d’Eduardo Rodriguez Calzado sur https:eduardorodriguezcalzado.com .

  • Féminité sacrée

    La vierge clôture l’été, c’est déjà le temps des colchiques ;
    Les feuilles commencent à tomber malgré la chaleur persistante.
    On l’aperçoit se refléter sur les eaux sombres métapsychiques
    Des lacs et étangs surplombés par sa psyché inconsistante.

    La mère est enceinte en automne ; elle gardera neuf mois son fruit
    Et subira une alchimie archangélique en son bassin.
    Sa grossesse paraît monotone mais à l’intérieur se construit
    Une inviolable biochimie qui métamorphose en son sein.

    L’enchanteresse ferme l’hiver et annonce le renouveau
    De primevères en perce-neiges, de boutons d’or en pâquerettes.
    En accord avec l’univers qui met les saisons à niveau,
    Elle exécute son manège, fraîche émoulue et guillerette.

    La sorcière charme le printemps, surtout les nuits de pleine Lune
    Où elle adore danser nue autour d’un feu avec ses sœurs.
    Mais elle donne des cours à plein temps aux quatre filles de Neptune,
    Jeunes sirènes ingénues, qui nécessitent un professeur.

    Tableaux de Tamara Phillips sur https:www.tamaraphillips.ca .

  • Renversant !

    Renversant !

    On nous fait croire n’importe quoi par le truchement de l’image.
    C’est vu à la télévision ? Alors incroyable mais vrai !
    Ne me demandez pas pourquoi mais je n’ vois que de l’enfumage
    Car tout est fait en prévision d’une entourloupe délivrée.

    Tout est truqué évidemment : les statistiques et les sondages.
    Toutes les menaces de guerre cachent des crises économiques.
    N’écoutez pas le parlement qui ne colporte que galvaudages
    Et regardez comment naguère leurs fraudes furent astronomiques.

    Une bonne idée le communisme ? Mais il cache une dictature !
    Ne parlons pas du socialisme qui jette la misère en pâture ;
    Pas plus que le capitalisme en train de détruire la nature ;
    Et quant aux légats du déisme, je n’aime pas leurs impostures.

    Je l’avoue, j’ai détourné la citation de Winston Churchill « Le défaut du capitalisme c’est qu’il répartit inégalement la richesse ; la qualité du socialisme c’est qu’il répartit également la misère ! ».

  • Cartomagie

    Cartomagie

    Le véritable enjeu des sondages, n’est pas de lire dans l’avenir
    Mais demander à la voyante qui arrivera finaliste.
    Cela évite le dévergondage de tout ce qu’on entend venir
    Et surtout une imprévoyante indiscrétion de journaliste.

    Madame la cartomancienne officielle de l’Élysée
    A conseillé les présidents sur le successeur à choisir.
    La méthode n’est pas si ancienne : elle est chaque jour télévisée
    Et diffusée, c’est évident, dans chaque foyer à loisir.

    On dit que si tu téléphones à une voyante émancipée
    Et qu’elle ne décroche pas avant que retentisse la sonnerie,
    Raccroche car elle n’est pas si bonne ! Elle aurait dû anticiper
    Ton coup de fil auparavant sans te faire faire une connerie.

    (Tableau de Ciro Marchetti sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201606Ciro-Marchetti.html .
    La dernière strophe est inspirée d’une pensée philosophique profonde de J-C V-D.)

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Les anti-sirènes

    Les anti-sirènes

    Cette nuit, j’ai rêvé de carpes qui, à défaut de métacarpe,
    Étaient pourvues de métatarse pour jouer je n’ sais quelle farce.
    Et ces poissons en bas résille ― car je crois que c’étaient des filles ―
    Déambulaient en hauts talons à la recherche d’étalons.

    Je ne sais quel ange déchu a créé ces monstres mal fichus
    Mais ces sirènes acrobatiques ne m’ont pas paru romantiques.
    Avant que leurs jambes s’écartent, il a vite fallu que je parte
    Car sous leurs jupes ultra légères se cachait un corps de mégère.

    J’ai voulu voir sous leurs jupette et n’y ai vu que des roupettes ;
    Ce qui explique le peu de grâce de leurs cuisses et leurs fesses grasses.
    Neptune a eu pitié de moi et a mis fin à mes émois
    En déclenchant avec malice une sirène de police.

    Tableau de Julia Lillard.

  • L’heure du thé sous la mer

    L’heure du thé sous la mer

    L’heure du thé pour la sirène sonne pour le matelot hardi
    Attiré par la voix sifflante de sa bouilloire sous pression.
    Celui hélas dont la carène croise ses eaux ragaillardies,
    Périra d’une époustouflante infusion de dépossession.

    C’est vers cinq heures en mer de Chine – mais pas sur le plancher des vaches –
    Qu’elle déguste un florilège d’exceptionnels thés au jasmin.
    Le marin que rien ne rechigne, ravale son air de bravache
    Avec le dernier privilège qu’elle accorde à son genre humain.

    Le thé servi par la sirène est tellement chaud qu’il s’évapore
    En petites bulles d’oxygène si agréable à respirer !
    Pris d’une fatigue sereine, il dort tandis qu’elle lui dévore
    La peau, les os, le collagène jusqu’au dernier souffle expiré.

    Tableau de Catrin Welz-Stein.

  • Apprivoise-moi !

    Apprivoise-moi !

    Devant l’insistance du renard à m’habituer à sa personne,
    Je sais qu’il se promet l’acteur du grand théâtre de ma vie.
    Mais il reste assez goguenard et son minois me désarçonne
    Moi qui suis plutôt détracteur vis-à-vis de ce genre d’envie.

    Mais voilà qu’il revient sans cesse me tourner autour sans raison
    Et je lui lance bêtement un bout de gâteau framboisé.
    Il n’est ni grandeur ni bassesse de lui entrouvrir ma maison
    Mais grâce à son entêtement, c’est lui qui m’a apprivoisé.

    Ses yeux me parlent à l’intérieur et sa voix résonne en mon cœur,
    Il n’a pas d’autre sentiment que désirer mon empathie.
    Ce que j’exprime à l’extérieur, il l’entend presque à contrecœur
    Et j’ai comme un pressentiment qu’il est doué de télépathie.

    Photo de Roeselien Raimond.

  • La souris à lunettes

    La souris à lunettes

    Souris miro pourtant lira, telle un rat de bibliothèque,
    Son petit museau ajusté d’une bonne paire de lunettes.
    Souris sourdingue n’écoutera personne la traiter de métèque
    Malgré ses yeux désajustés par ses lectures choupinettes.

    Elle a trouvé un vieux lorgnon avec une montre à gousset
    Qui lui fait les yeux globuleux mais c’est pour ne pas les user.
    Ce soir, à l’heure de son oignon, regardez-la se trémousser
    En lisant les contes fabuleux du chat perché désabusé.

    Si un chat vient, elle disparaît sous la couverture d’un livre
    Dont elle a grignoté le dos d’un trou où – vite ! – s’y caracole.
    Une fois sur deux, il apparaît qu’abus de lecture l’enivre
    Quand la reliure Bordeaux donne au cuir l’arôme d’Alcools †.

    (Illustration de Torben Kuhlmann sur https:www.leseanimation.chaktuelllindbergh
    † « Alcools » de Guillaume Apollinaire, évidemment.)

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Femme de lettres éparses

    Femme de lettres éparses

    Les livres écrits par une femme sont souvent lettres écharpillées
    Sous la pression phallocratique qui l’a qualifiée de diablesse.
    Mais plus les coups seront infâmes, plus ses lettrines éparpillées
    Seront bien plus acrobatiques car sa force est dans sa faiblesse.

    Mon âme lit dans Amélie, mon cœur écrit Alexandrie
    Mon corps parcourt Éléonore à l’esprit de Marie-Capri.
    Je me pâme de leurs homélies, je dévore leurs pages attendries
    Des mots d’amours les plus sonores qui s’échappent de leurs manuscrits.

    Saurais-je lire entre les lignes leurs cris à l’encre sympathique
    Et les nombreux sous-entendus dissimulés en périphrases ?
    Assurément, elles sont malignes et mettent un tact systématique
    À éviter malentendus et le style pompeux de l’emphase.

    Tableau de Marta Orlowska sur https:www.behance.netgallery4262059Surreal-Storybook-Ladies .

  • Les tricheuses

    Elles n’sont que deux mais très adroites et gagnent presqu’à chaque coup.
    « Presque » pour appâter le pigeon et le laisser croire à sa chance.
    Elles font semblant d’être maladroites – même au début, un peu beaucoup –
    Puis, l’adversaire fait le plongeon dans les tréfonds de sa malchance.

    Où ont-elles appris à tricher ? Car elles trichent évidemment !
    J’ai même vu voler les cartes quand elles les rendent au donneur.
    Mais jamais elles n’ont affiché le moindre regard diffamant
    Envers le perdant qui s’écarte après avoir perdu l’honneur.

    Tableaux de Shiori Matsumoto.

  • Contes érotiques

    Contes érotiques

    Faire l’amour à la lecture reste un plaisir inassouvi
    Et j’aime glisser entre les pages un œil en quête d’érotisme
    Afin de tenter l’aventure avec l’héroïne ravie
    De mon amour qui se propage vers le summum du pathétisme.

    Lorsque le conte est terminé, j’en rêve ses prolongations
    Que je retranscris langoureux si jamais mes draps s’en souviennent.
    Si ces contes sont déterminés à doper la fécondation,
    Je les conseille aux amoureux pour que natalité advienne.

    Si faciles à imaginer ; il suffit juste d’une image
    Pour déclencher la libido du fond du cerveau reptilien.
    Et l’hippocampe s’invaginer de mémoires plus ou moins sages
    Qui se cachent derrière le rideau de mon esprit machiavélien.

    Tableau de Vladimir Kush.

  • La force de l’imaginaire

    Nul besoin d’être un Peter Pan ou une Alice qui s’émerveille
    Pour avoir l’imagination de trois explorateurs en herbe.
    Il suffit aux participants dont la fantaisie se réveille
    D’exercer la navigation vers leurs rêves les plus superbes.

    Sans doute un seul continuera à pousser sa réalité
    En provoquant l’absurdité aux confins de la vérité.
    Cette personne substituera aux terribles actualités
    De nouvelles opportunités pour contrer leur sévérité.

    Tableaux de Michael Cheval.

  • Ma voisinière

    Je n’ai pu lui dire qu’un bonjour tant elle était préoccupée
    Par l’ordre de ses plates-bandes et l’aspect de son potager.
    J’aperçois dès le petit jour parmi les ombres découpées,
    Cul en l’air, ma Suisse-allemande besogner sans se ménager.

    Elle m’énerve. Quel âge a-t-elle ? Difficile à voir sa figure !
    Je ne vois que son postérieur qui semble titiller le ciel.
    Sans penser à la bagatelle, j’ai voulu tenter l’aventure
    En pénétrant à l’intérieur sous un prétexte substantiel.

    Elle m’a souri comme un soleil, m’a dit trois mot puis a repris
    Son jardinage passionné et son jardinet en jachère.
    Les feuilles que le vent balaye apparemment ont plus de prix
    À son attention rationnée à ses cultures maraîchères.

    Tableau de Lizzie Riches.

  • Séparation des couleurs

    L’Univers, en préparation avec ses matières premières,
    A créé un monde radieux sur notre bonne vieille Terre.
    Maîtriser la séparation entre l’obscur et la lumière
    C’est se vouloir l’égal de Dieu ainsi que son propriétaire.

    Autant j’aime bien les frontières, autant j’aime bien les mélanges
    Sans mettre de l’eau dans mon vin, au contraire : sans modération.
    Ainsi la planète tout entière devrait pratiquer des échanges,
    Et l’humain deviendrait divin à force de coopération.

    Seulement voilà ; dès la naissance, tout le monde veut le rayonnement
    Car vivre dans l’obscurité, c’est bon pour les déshérités.
    Or baser toute ma connaissance dans cet étrange raisonnement
    M’a entraîné en vérité vers un échec bien mérité.

    Sans doute n’ai-je pas de patience pour attendre une éternité
    Pour que les couleurs se marient pour le meilleur et pour le pire.
    Sinon je crée dans l’insouciance l’art dont j’ai la paternité
    De quelques vers que j’apparie avec mon âme qui soupire.

    Vue aérienne en Islande où se rencontrent les champs verts, la rivière jaune, la plage noire et la mer bleue ainsi qu’une autre vue autant insolite.

  • Coup de foudre

    Coup de foudre

    Un coup de foudre au crépuscule lors de son dernier rayon vert
    Qu’il adresse, tel un message, à l’astre féminin du soir.
    Celle dont le croissant bascule l’embrasse alors sous le couvert
    De l’ombre qui prend le passage au jour en lui disant « bonsoir ».

    Juste un baiser et disparaît le Soleil amoureux déçu
    De n’avoir pas d’autre occasion sous la discrétion des étoiles
    Qui taisent lorsqu’il réapparaît combien la Lune était fessue
    Lors d’une éclipse d’évasion durant la danse des sept voiles.

    Quand vient la nuit de Lune rousse, des faubourgs de la Voie Lactée
    Le Soleil lance un billet doux cacheté d’étoiles filantes.
    Sept jours après, quand se rebrousse le temps de s’être contacté,
    Les astres fuient, on ne sait d’où, vivre leurs amours ambulantes.

    Tableau de Marta Orlowska sur https:www.behance.netMoonOnRoof .

  • L’amie-nid des oiseaux

    L’amie-nid des oiseaux

    J’ai pondu un chagrin d’amour dans un œuf couvé dans mon nid
    Et les p’tits oiseaux dans ma tête l’ont fécondé dans la douleur.
    Un jour est né mon Désamour ; un poussin qui a le génie
    D’égosiller des cris de bête et des reproches roucouleurs.

    Alors j’ai arraché l’amour, cautérisé la plaie du cœur
    Et nettoyé les cicatrices de mes passions désavouées.
    J’ai regardé avec humour − un humour noir, vif et moqueur −
    La trace purificatrice que les oiseaux m’avaient tatouée.

    Est-ce une maladie d’amour ou une maladie de vivre
    Que de passer son temps à pondre pour le meilleur et pour le pire ?
    Est-ce que s’arrêtera un jour ? Ce n’est pas écrit dans les livres
    Car pas un seul ne sait répondre au vague à l’âme dont je soupire.

    Tableau d’Elisa Anfuso sur https:formsofchaos.tumblr.compost189217611178supersonicart-elisa-anfuso-paintings-surreal .

  • La robe dérobée

    Derrière le rideau d’une grande couturière,
    Petite retoucheuse se livre à sa besogne.
    Ses yeux de péridot et l’âme aventurière
    Incitent la bêcheuse à agir sans vergogne.

    Plutôt que comparaître comme voleuse à la tire
    Et qu’elle ne reparte sans la robe aux saphirs,
    Pour faire disparaître l’objet de ses désirs,
    Un simple tour de cartes ne pourrait y suffire.

    Mais la robe précieuse n’était qu’une vitrine ;
    Un écrin pour les pierres qu’on range tous les soirs
    La fille capricieuse à petite poitrine,
    Authentique fripière, l’a volée dans le noir.

    Tableaux de Shiori Matsumoto sur https:iamachild.wordpress.comcategorymatsumoto-shiori .

  • L’imagination

    Dans ma tête en colimaçon lorsque j’étais petit garçon,
    J’étais comme un poisson dans l’eau dans mes pensées méli-mélo.
    Je retournais tout l’univers que je voyais tout à l’envers
    D’où partait tout un écheveau en direction de mon cerveau.

    Un jour mon crâne se recycla et mon corps vola en éclats ;
    Le bassin se brisa trois fois et je fis ma crise de foi.
    Une voix qui se prétendait Dieu m’a révélé mon crime odieux
    Et mon esprit à contrecœur céda son pouvoir à mon cœur.

    Demain, ma cervelle d’oiseau prendra le chemin des réseaux
    Angéliques ou bien diaboliques si ce n’est pas très catholique.
    Sans doute mon imagination verra avec fascination
    Comment c’est de l’autre côté une fois l’âme désasticotée.

    Tableaux de Mihai Criste sur https:www.irancartoon.comsiteartistsmihai-criste .

  • Le retour du masque

    Le retour du masque

    Malgré les ingénus crédules que le « Retour à la normale »
    Visse sur les rails de la confiance, le masque va nous revenir.
    Malgré les naïfs qui l’adulent, l’intelligentsia maximale
    Va tromper notre méfiance et falsifier notre avenir.

    Au début les gestes ordinaires nous feront voir la vie en rose ;
    Le masque et le passe vaccinal, la puce implantée sous la peau.
    Puis, les mesures disciplinaires tomberont sous un ciel morose
    Pour, jusqu’au stade terminal, nous formater sous le chapeau.

    Tableau de Catrin Welz-Stein.

  • Démasquez-moi !

    Que tout le monde porte un masque me semble profondément humain ;
    Que ce soit sous des couches de graisse, de vêtements ou d’autre chose.
    Vous avez le droit d’être fantasques mais pas de me forcer la main
    Pour adopter votre détresse, votre peur et votre névrose.

    Mais être « pour » ou être « contre » ne nous empêche pas d’être ouverts ;
    Quand je suis tout contre ma femme, ma chaleur fait fondre sa glace.
    Alors je suis pour les rencontres mais à visages découverts.
    Tombez vos protections infâmes et faites-moi une petite place !

    Tableaux de Catherine Chauloux.

  • Les courses de la sirène

    Les courses de la sirène

    Cela m’a étonné, moi aussi, de voir monter en amazone
    Une écuyère de sirène sur un dinosaure harnaché.
    La bête semblait dégrossie à cette chevauchée interzone
    Filant de gondoles en carènes un peu comme au supermarché.

    C’est que les trésors par milliers répandus entre les épaves
    Font de jolis colifichets et accessoires de ménage !
    Et son animal familier est l’un des meilleurs rats-de-cave
    Pour repérer et dénicher les biens du plus bel apanage.

    Tableau de James Gurney.

  • La sirène s’en fout…

    La sirène s’en fout…

    L’est en avril, au fil de l’eau et en mai, la fille de l’air
    Car la sirène n’a pas d’heure, encore moins la météo.
    Le temps qui passe va à vau-l’eau, le temps qu’il fait va à l’envers
    Peu lui importe la froideur, la pluie ou les temps idéaux.

    Même l’hiver, la sirène s’en fout ; elle sait comment rompre la glace.
    Pareil les jours de canicule ; de toute façon, elle vit à poil.
    Si le Soleil devenait fou, elle prendrait la Lune à la place.
    À ceux qui la trouvent ridicule, elle leur tire les cordons du poêle.

    Tableau de Stojan Milanov.

  • Cocon-proton-électron

    Cocon-proton-électron

    Redécouvrir son âme-sœur, aller plus vite que la lumière,
    Retrouver tous mes souvenirs avant de naître et trépasser,
    C’est comme prendre un ascenseur vers ma destination première
    Qui me ramène quand l’avenir n’avait pas encore de passé.

    Je n’ suis ni un, ni deux, ni trois, je suis l’ensemble des atomes
    Qui s’unissent une fraction de seconde et traversent les trous de ver.
    Même si j’ai l’esprit à l’étroit dans un corps de femme ou bien d’homme,
    Je ressens dans mon âme l’onde dont bat le cœur de l’univers.

    L’amour devient une expérience atomique au niveau du sexe
    Qui utilise ses potentiels de sensualités opposées.
    S’aimer dans la luxuriance des actions concaves et convexes,
    Atteint le point exponentiel de deux orgasmes superposés.

    Photo d’Adam Martinakis.

  • Divines Chaussures

    Divines Chaussures

    Autant mes poèmes ont des pieds, autant mes rêves ont des souliers
    Et mes souliers ont voyagé dans des endroits inaccessibles.
    Un jour, j’ai pris le contrepied et dit à Dieu : si Vous vouliez (†)
    Remplacer mes yeux grillagés par d’autres, je verrais l’impossible ! »

    Aussitôt dit, aussitôt fait, je pris l’ascenseur vers le ciel
    Et reçu un appareillage de chaussures de toutes sortes.
    L’autre côté, très étoffé, de l’univers circonstanciel
    Ressemblait à des quadrillages d’anges ouverts sur mille portes.

    J’ai vu plus grand que l’univers, j’ai vu le temps d’avant le temps,
    J’ai vu plus vite que la lumière et au-delà de l’infini.
    Je l’écris souvent dans mes vers malgré l’aspect déconcertant
    Qu’il vous inspire, dès la première impression d’embrouillamini.

    (Tableau de Vincent van Gogh.
    † : Je tutoie Dieu évidemment mais si je le vouvoie ici, c’est pour la rime, bien entendu.)

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Hallucinogène naturel

    Je n’ai pas besoin d’hypnotiques champignons hallucinogènes
    Pour accomplir un grand voyage au pays des poissons volants.
    J’ai une partie névrotique dans l’héritage de mes gènes
    Qui déclenche un grand nettoyage pour un printemps batifolant.

    Le petit oiseau dans ma tête pond et couve un œuf visionnaire
    Qui change toutes les couleurs et m’offre un tout nouveau regard.
    Je redeviens le pur esthète qui voit toute l’extraordinaire
    Beauté des joies et des douleurs noyées dans l’univers hagard.

    Tableaux de Vladimir Golub.

  • La Vénus des amours impossibles

    Vénus, au rôle institué, doit aimer son petit oiseau.
    Mais attention ! Dès le deuxième, le mot « catin » est précisé.
    Et pire, une « prostituée » si elle accueille tout un réseau
    Sauf si elle vit dans le XVIème ou si elle loge à l’Élysée.

    Si la première Vénus de France a ferré le plus gros poisson,
    Elle est devenue intouchable même si elle s’appelle Éros.
    Lorsqu’elle boit avec outrance, elle n’a que du thé pour boisson
    Et pour le reste, un redoutable époux comme animal féroce.

    Tableaux de Vladimir Golub.

  • Sous les dessous de la femme

    Sous les dessous de la femme

    Tout le mystère féminin découle de son origine
    Qui tient également la promesse des conséquences de la vie.
    Ce tout petit fragment bénin de culotte qui s’invagine
    Masque la porte diaconesse vers le paradis des envies.

    Pour vivre heureux vivons cachés et taisons l’organe secret…
    D’où venons-nous ? Où allons-nous ? La femme est la réplique absconse.
    Dire que le sexe est entaché de cet anathème sacré
    Qui, sans qu’on se mette à genoux, nous donne toutes les réponses !

    Il faut en parler sans rien dire, taire quand on doit le rencontrer ;
    Ne pas en faire d’image décrite ni toute autre représentation.
    Dieu lui-même aurait pu prédire malheur à qui veut le montrer,
    D’un commandement hypocrite brandi avec ostentation.

    Tableau d’Alan Macdonald.

  • Mon hippocampe à moi

    Mon hippocampe à moi

    Dans la partie de l’hippocampe de mon cerveau à la dérive,
    J’écris mes mémoires à court terme avant d’en faire un souvenir.
    De tout ce courant que j’y campe, il ne s’accroche sur les rives
    Qu’un peu d’humus sur l’épiderme d’un corps calleux en devenir.

    Je ne sais s’il est reptilien avec queue en colimaçon
    Ou s’il nage entre deux eaux chaudes bien à l’abri dans sa maison,
    Mais c’est bien lui qui fait le lien entre mon cœur de limaçon
    Qui d’abord rampe et qui s’échaude et puis s’élève à la raison.

    Le mien boit de l’information, insatiable et jusqu’à plus soif,
    Puis sans rien digérer, rejette dans l’oubli tout ce qu’il a bu.
    J’en ai plein de déformations que je peux palper sous ma coiffe,
    Trace de mémoires abjectes ou de toutes hontes imbues.

    Tableau de Catrin Welz-Stein.

  • Ce qui vient d’en haut

    Ce qui vient d’en haut

    Et si l’enfer, c’était les autres ? Juste un halo aurait suffi
    Pour montrer à Ève la misère qui règne là-haut chez les anges !
    Pourquoi envoyer un apôtre missionné sur un crucifix
    Dans tous les endroits de la Terre si l’humanité nous dérange ?

    Le paradis serait de naître et l’enfer serait de mourir
    Et peut-être recommencer d’autres épisodes et d’autres rôles.
    Bien sûr, il faut le reconnaître, la vie ne sert qu’à nous nourrir
    De paradoxes insensés et toutes autres saintes paroles.

    On dit qu’un tunnel de lumière apparaît au seuil de la mort ;
    On dit qu’une petite voix parle au plus profond de notre âme.
    Mais avant cette avant-première, sans vouloir jouer les matamores,
    Il n’est pas de meilleure voie que d’en accepter le programme.

    Tableau de Robert Indermaur.

  • La sécurité maladive

    La sécurité maladive

    Trop de sécurité appelle un sentiment de confiance
    Lequel, à mon corps défendant, menace d’insécurité.
    Plusieurs épisodes m’interpellent où, en dépit de toute méfiance,
    Je me suis rendu dépendant d’un manque de maturité.

    Combien me faut-il de serrures et où faut-il cacher les clefs ?
    Et les copies de celles-ci resteront-elles hors de portée ?
    Les voleurs ont-ils la carrure d’ouvrir tout ce que j’ai bouclé ?
    J’en frise des crises d’épilepsie… qui ne m’auront rien rapporté !

    Vous me croirez si vous voulez, par un excès de sauvegardes
    Qui me maintenaient dans l’esprit qu’il ne pouvait rien m’arriver,
    Mes données se sont chamboulées et j’ai tout perdu par mégarde,
    Mea culpa, je l’ai compris, d’une vie superlativée.

    Tableau de Lizzie Riches.

  • Lily Magnolia

    Lily Magnolia

    Un soir de terrible tempête, une jardinière effarouchée
    S’accroche désespérément au pédoncule d’un magnolia.
    Le ciel, n’en faisant qu’à sa tête, pour le plaisir d’escarmoucher,
    L’expédie délibérément dans un jardin de camélias.

    « – Prends garde à toi, Lily-Follette, à voyager en fleur violette
    Tu risques de te fracasser ! » dit un jardinier affolé.
    « – Je ne suis pas une femmelette et ta remarque est obsolète.
    Bye-bye, je ne fais que passer ! » répond-elle comme un feu follet.

    Soudain un éclair détonant déchire le ciel et l’espace.
    La fleur décolle déchaînée, Lily agrippée à sa tige.
    Magnifique spectacle étonnant, sépales et jupon qui s’effacent
    Avec un fondu enchaîné de deux roses à la voltige.

    Tableau de Christian Schloe sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201306Christian-Schloe.html?m=1 .déjà utilisé le 20.06.2021 « Sale temps sur la planète ! ».

  • Rose-des-Étoiles

    Rose-des-Étoiles

    Dans un univers de dentelles, aiguilles, fuseau, filet, crochet,
    Dieu a tissé la Voie Lactée en forme de toile arachnéenne.
    Tous les astres qui la constellent s’en sont tellement rapprochés
    Que leurs orbites ont contracté une courbe hyperboréenne.

    Car la Dentelière Divine a crocheté les galaxies
    Cousues dans un mercerisage d’onyx enveloppé d’un voile.
    Après cela, je le devine, plongée en pleine ataraxie
    Dieu la nomma, je l’envisage, au titre de Rose-des-Étoiles.

    Rose-des-Étoiles, quel joli nom que celui que porte mon ange
    Raccommodeur et repriseur dont je descends le long du fil
    Et qui a brodé mon prénom au même rang que les archanges
    Pour que je sois thésauriseur de tout l’amour qu’il me profile !

    (Tableau de Christian Schloe sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201306Christian-Schloe.html?m=1
    L’ataraxie est la tranquillité de l’âme, la quiétude.)

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • L’arbre de toutes les vies – 2

    L’arbre de vie universel s’est imposé dans la nature.
    Soit végétal, soit animal, c’est toujours le même schéma.
    Et même dans la moindre parcelle on retrouve sa signature
    En plus infinitésimal comme inévitable Karma.

    J’aime marcher dans la forêt et je dirige mes antennes
    Du pied des arbres jusqu’aux faîtes pour canaliser leurs fréquences.
    Je sens des éclairs phosphorés qui me rattachent par centaines
    Et je redeviens le prophète qui se recueille en conséquence.

    Je ne sais comment cela fonctionne mais je sens mon âme impliquée
    Dans le fantastique réseau au-delà du monde atomique.
    Ce que la flore me ponctionne est certainement dupliqué
    Dans les rayons et les fuseaux qui tissent les cordes cosmiques.

    Tableaux de Tamara Phillips sur https:www.tamaraphillips.ca .

  • L’arbre de toutes les vies – 1

    Comment naquit de la matière la vie au cœur de ses atomes
    Et d’un processus minéral muter au stade arboricole ?
    Cette évolution sans frontière laisse-t-elle des traces fantômes
    Comme un processus général de transformation floricole ?

    La nourriture si vitale a provoqué le mouvement
    Et la vie devint animale afin de se développer.
    Par mutations congénitales et des millions d’accouchements,
    L’histoire se choisit optimale pour commencer son épopée.

    Tandis que l’homme se détache de ses racines obstétricales,
    Les femmes restent reliées à la vie en priorité.
    Et j’aime celles qui me rattachent à ce cordon ombilical
    Qui remonte au règne oublié qui s’appelait « Sororité ».

    Tableaux de Tamara Phillips sur https:www.tamaraphillips.ca .

  • Le jeu des lois

    Le jeu des lois

    Tous les cinq ans dorénavant, on relance le jeu des lois.
    Les pions sont alors désignés par le suffrage universel.
    La majorité part en avant avec élus de bon aloi
    Et l’opposition résignée ne remporte que quelques parcelles.

    Parfois quelqu’un tombe dans un puits avec des casseroles au cul
    Et doit recommencer le jeu des élections complémentaires.
    Parfois l’un a besoin d’appui mais l’autre le laisse cocu
    Et au final, c’est orageux quand gagnent les contestataires.

    Tableau de Ciro Marchetti sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201606Ciro-Marchetti.html .

  • La loi de la manipulation

    La loi de la manipulation

    Qui manipule le président qui manipule ses ministres
    Qui manipulent les médias qui manipulent les électeurs ?
    Le problème n’est pas évident et même un tantinet sinistre
    Dont je constate dans l’immédiat l’effet du schéma directeur.

    Si l’argent, le nerf de la guerre, connecte les intermédiaires,
    Lorsqu’il arrive en bout de chaîne, on voit qu’il y a eu des fuites.
    Dans l’Empire Romain naguère, des décadences incendiaires
    Ont tout fait pour que se déchaîne sa faillite… et ainsi de suite.

    Tableau de Ciro Marchetti.

  • La pêche au gros nuage

    Le vendredi saint a laissé quelques traces de son passage
    Comme si les cloches sonnant Pâques avaient tout l’azur moissonné ;
    Chemtrails sur le ciel rabaissé qui se transforment en nuages
    Parsemant leurs ombres opaques sur les plages empoissonnées.

    Depuis les moissonneurs chevauchent de gros poissons pour récolter
    Les gros nuages qu’ils capturent à coups de lassos répétés.
    Ils les rassemblent et puis les fauchent malgré les pêcheurs révoltés
    Car ils voient s’enfuir la friture, dans la confusion, hébétée.

    Tableaux de Maggie Taylor sur https:maggietaylor.com .

  • Selon ce qui vole ou qui nage

    Chez Madame Vole-à-Tire-d’aile, on s’habille de courants d’air ;
    Les robes sont couleur du temps mais du beau temps, évidemment.
    Quelques nuages tout autour d’elle lui siéent d’un chapeau belvédère
    D’où les oisillons débutants s’entraînent à voler prudemment.

    Chez Madame Nage-entre-Deux-Eaux, on ne s’habille que de scaphandre ;
    Les robes sont couleur d’orage parfois décorées d’arcs-en-ciel.
    Tous les nuages forment un réseau dont le seul but est de se fendre
    Et ruisseler sur le corsage comme une pluie providentielle.

    Tableaux de Maggie Taylor sur https:maggietaylor.com .

  • L’échantillon

    L’échantillon

    Lorsque l’Architecte Suprême proposa ses plans à la Terre,
    Il lui montra l’échantillon, prévu pour loger sur la sphère,
    Qui correspondait au barème fixé pour être locataire
    Et, sans se montrer tatillon, avait tout pour la satisfaire.

    Cependant le produit final ne parvînt pas à se complaire
    Malgré le Paradis bluffant auquel sa peine était soustraite.
    On adjoint à l’original un double prévu pour lui plaire
    Et lui donner beaucoup d’enfants pour lui constituer sa retraite.

    Mais dès que se démultiplie l’échantillon, tout dégénère !
    Au lieu de s’accorder on triche ; au lieu de partager, on garde.
    Les bons plans tombent dans l’oubli, on méprise ses congénères ;
    Le futur n’appartient qu’aux riches et la Terre en demeure hagarde.

    Tableau de Shiori Matsumoto sur https:iamachild.wordpress.comcategorymatsumoto-shiori .

  • La course à la fontaine

    Ils courent, ils courent vers la fontaine, les animaux de mon bestiaire ;
    Ils jouent, mironton mirontaine et prennent nos habits au vestiaire
    Pour parodier ce monde d’hommes et tenter de moraliser
    Riches et pauvres du royaume au risque de les démoraliser.

    Et l’on saute du coq à l’âne…
    « l’âne et le chien », « le chien et le loup », « le loup et l’agneau »,
    Sont-elles grecques ou catalanes ?

    Et les histoires de volatiles…
    « Le corbeau et le renard », « le renard et la cigogne », « la cigogne et le loup »,
    sont-elles assez versatiles ?

    Et les fables à dormir debout…
    « Le lion et le rat », « le rat des villes et le rat des champs » et « la Grenouille qui se veut faire aussi grosse que le bœuf »,
    Faut-il les lire de bout en bout ?

    Enfin les contes interminables…
    « Le chat, la belette et le petit lapin », « les oreilles du lièvre », « le lièvre et la tortue »
    Sont-ils du râble ou d’innées fables ?

    Tableaux de Christian Schloe.