Catégorie : 2022

  • Retour à la spirale cosmique

    Dans l’histoire à l’envers du temps, j’embrasse toute ma planète
    Et j’en redescends les degrés de chaque étape de la vie.
    Aujourd’hui je suis débutant mais je continue ma chaînette
    Et j’espère qu’un dieu sera gré de me répondre à cette envie.

    Vous me croirez si vous voulez mais j’ai amorcé quelque chose
    Quand je suis tombé dans le vide et me suis fracassé les os.
    Toute ma vie s’est chamboulée après cette métamorphose
    Qui a rendu mon âme avide à connecter Dieu en réseau.

    Tableaux de Kenny Brother.

  • Spirale cosmique

    J’aimerais exposer l’histoire de ma planète et de la vie
    Qui ne partirait pas du centre mais des limites extérieures
    Et décrirait la trajectoire de ma mémoire inassouvie
    Qui se retrouve et se concentre jusqu’à ma conscience intérieure.

    En remontant par mes parents jusqu’aux origines de l’homme,
    Du temps où j’étais mammifère puis, le poisson et puis, l’amibe.
    Enfin, moment désemparant où je ne suis plus qu’un atome
    Forgé dans le cœur éphémère du néant qui lui-même s’inhibe.

    Tableaux vus sur www.artbygaia.com .

  • Mes nuits avec la Tour Eiffel

    Mes nuits avec la Tour Eiffel

    Qu’il est doux de se balader sous les jupes de la Dame-de-fer
    Et monter au septième ciel en suivant l’élan de sa flèche !
    Laisser mes yeux escalader ses jambes durant le transfert
    Jusqu’au sommet providentiel que ma convoitise pourlèche !

    On pourrait prendre l’ascenseur mais non ! C’est trop superficiel !
    Mille sept cent quatre-vingt-neuf marches seraient toutes désappointées.
    Et moi, je suis le défenseur des préliminaires essentiels
    Pour faire grimper la matriarche et amoureusement l’accointer.

    Lançons-nous et prenons son pied pour escalader son jupon,
    Passons sa culotte de fer en déboulonnant ses rivets.
    Continuons comme il nous sied, puis pénétrons dans l’entrepont
    Et goûtons le plaisir offert lorsque l’orgasme est arrivé.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Les constellations cachées

    Bien sûr, depuis la nuit des temps l’homme a nommé ce qu’il observe
    Et, sur la Terre comme au ciel, animaux et constellations
    Dont certaines représentant des oiseaux volant de conserve
    Ou des héros circonstanciels aux divines appellations.

    Sans doute que les animaux rêvent d’autres formes invisibles
    Dont l’œil humain reste incapable d’en voir la possibilité.
    Trous noirs infinitésimaux ou trous de ver imprévisibles
    Dont l’existence reste implacable fors l’imperceptibilité.

    Tableaux de Kat Fedora.

  • Sérénade en Lapin-chasseur

    Sérénade en Lapin-chasseur

    Sa mandoline transformée en un fusil hypodermique,
    Elle sillonne bois et forêts en quête de chasseurs à l’affût
    Au moyen de lapins formés à la vision photochromique
    Qui les distinguent, phosphorés, dans le crépuscule diffus.

    Aussitôt vus, aussitôt pris, tels sont pris ceux qui croyaient prendre
    Sous les rafales mandoliennes qui sifflent et qui pétaradent.
    Et tous ceux qui n’ont pas compris laissent le sommeil les surprendre
    Tandis que, d’une tyrolienne, elle leur chante la sérénade.

    Peut-être qu’un jour le chasseur prendra la place du gibier
    Et connaîtra enfin la peur de mourir juste pour l’orgasme
    Et la joie d’un joyeux farceur qui joue à le supplicier
    Afin d’ renverser la vapeur de son stress envers ses sarcasmes.

    Tableau de Michael Cheval sur https:aphrodisiacart01.wordpress.com20170120michael-cheval .

  • Les ourses étoilées

    Ce soir, premier quartier de Lune, la Petite Ourse blanche s’ennuie.
    Son petit chariot se traîne tout autour de la Voie Lactée.
    En provenance de Neptune, un bouleversement dans la nuit
    L’attrape et aussitôt l’entraîne vers sa sœur qui l’a contactée.

    Ce soir, dernier quartier de Lune, la Grande Ourse est tout éveillée ;
    En son sein naissent des comètes, jeunes pléiades étincelantes.
    La Petite Ourse, fort opportune, est leur marraine émerveillée
    Et leur offre mille planètes constellées d’étoiles filantes.

    Tableaux de Kat Fedora.

  • Mystère et tauromagie

    Mystère et tauromagie

    Né aux portes de la Camargue, j’ai connu chevaux et taureaux ;
    Les gardians et leurs abrivades dont j’observais la vantardise.
    Mais la tauromachie me nargue et me laisse sur le carreau
    Où le toréro, par bravade, n’est qu’un monstre de roublardise.

    Mais si on complique les arènes avec des murs de labyrinthes
    Et qu’on remplace le taureau par une sorte de Minotaure,
    D’une démarche peu sereine, le torero subit l’étreinte
    Et offrira ses pectoraux si les occasions sont pléthore.

    Le taureau peut-il pardonner et accepter son sort immonde,
    Lui qui se retrouve victime du goût du sang des prédateurs ?
    Toutes les chances n’étant pas données équitablement à tout le monde,
    Est-il oui ou non légitime de s’en remettre au Créateur ?

    Tableau de Michael Cheval sur https:aphrodisiacart01.wordpress.com20170120michael-cheval .

  • Les couronnes de saison

    Selon la couleur de saison dans la nature en harmonie,
    Je me hasarde à reconnaître les coiffes des fées des forêts.
    Elles offrent pour la couvaison, l’endroit rêvé pour faire un nid
    Tout en sécurité pour naître, passereau ou chardonneret.

    Selon les cycles de la Lune, solstices, éclipse ou équinoxes,
    Rameaux de houx, branches de gui, pommes de pin, petites graines,
    Comme décorations de fortune ou de couronnes peu orthodoxes,
    Font sur leurs visages alanguis toute la noblesse d’une reine.

    Tableaux de Kat Fedora.

  • Une perle pour l’Univers

    Une perle pour l’Univers

    À l’origine de l’Univers ? Un tout petit grain de poussière !
    Mais il gêne tant le cosmos qu’il sécrète la Voie Lactée
    Dont le lait produit mille vers qui l’entourent de bras de lumière
    Jusqu’à ce que prenne l’osmose d’une galaxie réfractée.

    Ainsi Dieu au commencement procrée une perle de vie
    Enrobée d’anges dont la nacre devient énergie et matière.
    Après cet ensemencement, ce Dieu s’apaise, il est ravi
    Et le lendemain se consacre à l’humanité tout entière.

    Toutes les civilisations qui se sont imposées sur Terre
    N’ont pas l’air d’avoir reconnu cette mission dont elles disposent.
    Sauf si leurs réalisations, même si elles s’avèrent délétères,
    N’aillaient dans le sens inconnu du Plan Divin qu’Il nous impose.

    Tableau de Dana Lynne Andersen.

  • Jardin d’une nuit éternelle

    Jardin d’une nuit éternelle

    Ah, que mon âme se complaît en joignant ma propre âme-sœur
    Lorsque mon côté féminin paraît un instant éphémère !
    Enfin mon être est au complet comme au temps béni précurseur
    Où je n’étais qu’ange bénin avant d’être enfant de ma mère.

    Mais si choisir, c’est renoncer, quel déchirement fatidique
    De perdre son autre moitié tant que durera l’existence !
    Pour moi, la mort est annoncée comme la phase véridique
    Où je suis à nouveau entier mais dans une autre consistance.

    Par bonheur l’amour vient combler la faille d’où naît ce complexe
    Et permet la reconnexion du yin et du yang dissociés.
    L’homme et la femme rassemblés connaissent le plaisir du sexe
    Et la joie de la conception par leurs chromosomes associés.

    Tableau de Yoann Lossel.

  • Femmes-fleurs au printemps

    Au printemps l’ivresse des fleurs fait basculer les romantiques
    D’effervescentes phéromones que la nature distribue.
    Et les jeunes filles en pleurs subissent l’effet aromatique
    De leurs corps saturés d’hormones et de leurs nouveaux attributs.

    Les yeux sont le reflet de l’âme et l’on y voit le temps qu’il fait
    Dans leurs cœurs tantôt bien moroses ou tantôt tout émoustillés.
    Dans ce regard passe la flamme de quelques désirs stupéfaits
    Par des amours à l’eau de rose ou des promesses vite oubliées.

    Mais les couleurs reviennent vite afin que l’âme s’en nourrisse
    Et que leurs corps mettent en route le support d’un jardin fertile.
    Bientôt répondront à l’invite les papillons vers la matrice
    Aux nervosités en déroute pour un coup de trompe érectile.

    Tableaux de Maria Pace Wynters.

  • Le sourire musclé

    La théorie
    Puisque l’amour, c’est la santé, commençons donc à attirer
    En musclant nos zygomatiques pour plaire d’un air de vainqueur
    Sur un visage innocenté par un vrai sourire soutiré
    Au réseau des nerfs sympathiques puisé dans la source du cœur !

    La pratique
    Une fois que c’est bien compris, oublions notre théorie
    Et démontrons-en la pratique avec un peu d’entraînement !
    Coupons le canal de l’esprit qui viendra a posteriori
    Et laissons le cœur empathique diriger nos enchaînements.

    La réalité
    Puisqu’il faut se jeter à l’eau, ne craignons pas le ridicule ;
    Un sourire communicatif, se répand comme traînée de poudre !
    Tel le soleil dans son halo, crevons de notre denticule
    Notre embarras limitatif et gagnons-y un coup de foudre !

    Tableaux de Lisa Aisato sur https:www.boredpanda.comsurreal-illustrations-lisa-aisato?media_id=3057426&utm_source=pinterest&utm_medium=social&utm_campaign=organic .

  • Oiseaux rares – 2

    Oiseaux rares - 2

    Toutes les promesses dans l’œuf sont souvent épineuses à pondre ;
    Donner sa parole est facile mais l’accomplir est compliqué.
    Langue de bois, langue de bœuf, permettent plus ou moins de répondre
    Aux attentes de ces imbéciles et leurs retraites revendiquées.

    La présidence nous a pondu son œuf tout fraîchement sorti
    Après plusieurs nuits de navette entre les nids d’heureux élus.
    Mais le public a répondu qu’il ne leur est pas assorti
    Et qu’il est fait à la sauvette malgré tout le temps dévolu.

    Une bonne présidence pondeuse pond son œuf plusieurs fois par an ;
    On attend toujours le suivant pensant qu’il sera mieux conçu.
    Hélas, plus la foule est frondeuse et plus se montre transparent
    Le résultat peu motivant mais juteux pour les gens cossus.

    Tableau de Danielle O’Brien sur http:albumsceline.blogspot.com201209droles-doiseaux-opus-2.html?m=1 .

  • Oiseaux rares – 1

    Oiseaux rares - 1

    À l’aide des oiseaux ministres qui lui cachent sa nudité,
    Marianne assure le pouvoir dans une robe qui ballotte.
    Un petit vent traitre et sinistre nous en dévoile l’absurdité
    Montrant qu’afin de s’y mouvoir, elle ne porte pas de culotte.

    Mais qui donc porte la culotte dans ce drôle de gouvernement ?
    Certainement pas les volatiles qui volent en toute impunité !
    Sans doute y a-t-il un pilote dans les coulisses du parlement
    Mais finalement c’est inutile d’en chercher l’opportunité.

    Faites comme moi et attendez qu’il y ait un mouvement de foule
    Qui fasse trembler la volière et déshabiller Marianne.
    Prêtez l’oreille et entendez tous ces compagnons qui déboulent
    Sur la république oiselière en tirant sur son fil d’Ariane !

    Tableau de Margarida Cepêda sur http:albumsceline.blogspot.com201209droles-doiseaux-opus-2.html?m=1 .

  • Ma nature poissonnière

    Ma nature poissonnière

    Depuis quelques millions d’années, je parais sortie de la mer
    Cependant, en réalité, je vis toujours dans un bocal
    Où l’atmosphère surannée m’autorise une vie éphémère
    Dans un courant d’actualités qui empoisonnent mon local.

    Les petits poissons des rivières déjà ont presque disparu ;
    Leur âme infinitésimale flotte dans un air délétère.
    Je suis comme eux, sur la civière d’un temps qui a trop parcouru
    Et franchi la date minimale de conservation de la Terre.

    C’est ma nature poissonnière qui finit en queue de poisson ;
    La vie qui me semblait si belle forme des nœuds inextricables.
    Les générations prisonnières d’un passé chargé de poison
    Devront sans doute être rebelles envers leur sort inexplicable.

    Tableau de Beth Conklin.

  • Cœur de sirène

    Cœur de sirène

    Pour le plaisir de ma sirène mais surtout aussi son confort,
    Je l’assieds en meuble de style et la couche sous un baldaquin.
    Du Louis XV pour ma reine m’a semblé meilleur réconfort
    Car sa queue se ressent hostile envers de mauvais palanquins.

    Bien installée sur le velours, son bel appendice ondulant,
    Elle aime bien porter la robe et prendre une allure de princesse.
    Quelques poissons un peu balourds jouent les pages en déambulant
    Et quand la lumière se dérobe, j’avoue, je lui pince la fesse.

    Car les sirènes n’ont qu’une fesse, rapport à leur anatomie,
    Douce et sensible à la caresse sous la légèreté du voile.
    Parfois taquin, je le confesse, je nargue son ergonomie
    Et elle lance un cri de détresse, la queue prise à rebrousse-poil.

    Tableau de Shiori Matsumoto.

  • Bonne nouvelle !

    Bonne nouvelle !

    Bonne nouvelle, l’information devient aujourd’hui transparente
    Á grand renfort de statistiques impossibles à contredire !
    Il faudrait faire des formations aux disciplines prépondérantes
    Sur la façon journalistique de dire tout et ne rien dire.

    Bonne nouvelle sur la planète, les faits ont pris de la valeur
    Et les échos des gardes suisses en disent plus que sur leurs saints.
    Bonne nouvelle pour les minettes, les fesses sont montrées en chaleur
    Et les gros titres sur leurs cuisses en disent plus que sur leurs seins.

    La désinformation est nette : les détails les plus cavaleurs
    Sont grossis afin qu’on ne puisse rien comprendre à part les dessins.
    Ceux qui détiennent les manettes jouent à annoncer le malheur
    Et tous les médias sont complices, sous couvert de mots assassins.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Monsieur de la Lune et Madame Soleil

    Monsieur de la Lune et Madame Soleil

    Est-ce une entente, est-ce une guerre, une stratégie de paresse ?
    Le couple formé par la Lune et le Soleil, quel paradoxe !
    En était-il ainsi naguère avant que l’homme n’apparaisse ?
    Et la Terre ? Une fille opportune déchirée entre ses équinoxes !

    L’astronomie n’est pas poète et c’est là son moindre défaut ;
    Elle ne parle pas des vaudevilles entre les étoiles filantes.
    Pourtant les comètes girouettes sans doute n’ont pas ce qui leur faut
    Puisqu’elles reviennent, serviles, tourner comme des soupirantes.

    Mais les étoiles changent de sexe ; selon la langue utilisée,
    L’astre du jour devient femelle quand l’astre de nuit se fait mâle.
    Complémentarité complexe que ce genre subtilisé !
    J’ai l’astrologie qui s’emmêle et le tarot qui se fait la malle.

    Tableau de Michael Cheval sur https:aphrodisiacart01.wordpress.com20170120michael-cheval .

  • Les ambassadeurs maladroits

    Les ambassadeurs maladroits

    Les ambassadeurs communiquent selon des codes ultra-secrets
    Et se transmettent des confidences dans leurs malles diplomatiques.
    Pour éviter les polémiques, parler tout en restant discrets,
    Ils ont des cabines de silence d’une acoustique fort hermétique.

    Pour déjouer les caméras et les microphones espions,
    Ils transforment et métamorphosent leurs messages sous des grimages ;
    Pour contrer l’agent scélérat, leurs stratagèmes sont champions ;
    En témoigne l’anamorphose du crâne au bas de cette image.

    Ce concentré de diplomates assimilés au consulat
    À l’occasion d’une réception ont fait la chose profanatrice
    De jeter leurs jus de tomate dans la fontaine au chocolat
    Et ont causé la déception de Madame l’ambassadrice.

    Tableau de Hans Holbein.

  • Des tresses en écheveau

    Des tresses en écheveau

    Au pays des terres ondulées, les herbes poussent en torsades,
    Les chevelures abondantes croissent plus vite par temps d’orage.
    Toutes les fleurs pédonculées frisent après l’éclaboussade
    Par des averses redondantes qui crêpent même le fourrage.

    Les femmes portent alors des tresses, et leurs maris, et leurs chevaux
    Dont les folles crinières longues s’entrelacent dans les sabots.
    Ainsi donc, en cas de détresse, imaginez-vous l’écheveau
    De ces créatures oblongues et leurs nattes plein les jabots !

    Les jours d’orages tirebouchonnent les cheveux qui s’mettent à friser
    Et les dames coquettes se plaignent qu’ils sont plus difficiles à peigner
    Car à mesure qu’elles bichonnent leurs queues-de-cheval électrisées,
    Celles-ci poussent à perdre haleine plus vite qu’une toile d’araignée.

    Tableau de Hanna Silivonchyk.

  • Ces siècles qui nous contemplent

    Ces siècles qui nous contemplent

    Vu d’en haut, il manque un morceau ; le pyramidion est parti
    En emportant tous ses secrets et ses dieux antédiluviens.
    Vue d’en bas, aux pieds colossaux, son poids énorme réparti
    Demeure une trace sacrée de ce dont nul ne se souvient.

    J’aime à croire que les dieux voyagent, après Nabuchodonosor,
    Et ont mis leur communauté à l’abri des regards curieux.
    Sans doute après le foudroyage qui a chassé les dinosaures
    Et repoussé leur primauté par d’autres hôtes moins luxurieux.

    Sans doute il faudrait relier sur le pourtour de l’équateur
    Toutes les pyramides aztèques, d’Asie et toutes celles immergées.
    Un Dieu a peut-être oublié le numéro indicateur
    De son hôtel guatémaltèque où il se s’rait fait héberger.

    La pyramide de Gizeh vue d’en haut. Sources : fr.quora.com.

  • Chapeau, la voisine !

    Chapeau, la voisine !

    En rez-de-chaussée, ma voisine s’allonge nue sur sa terrasse
    Mais, coiffée d’un grand sombrero qui ne laisse rien voir de sa peau.
    Je m’tord le cou de ma cuisine voir si un vent la débarrasse
    En emportant le sombre héros qui se croit pudique chapeau.

    Mais bisque ! Bisque et bisque rage ! Son galurin reste attaché
    Malgré le Mistral qui emporte ses chaises au diable vauvert.
    Et le comble, c’est quand vient l’orage, qu’elle savoure empanachée
    En dansant nue devant ma porte pour narguer mon côté pervers.

    À l’aube, elle salue le soleil, le veinard admire ses seins ;
    Le soir, elle prie au crépuscule, les bras et les jambes ouverts ;
    Chaque fois qu’un coup de vent balaye le chapeau résiste à dessein
    Me laissant juste un minuscule échantillon de peau offerte.

    Photo d’Angelesgorgeous.

  • Toute une vie de Cendrillon

    Toute une vie de Cendrillon

    On dit que la réalité dépasse parfois la fiction ;
    C’est ce qui se serait passé à un moment pour Cendrillon.
    Elle connut l’éventualité d’une autre vie que l’affliction
    Dans laquelle s’était compassée notre héroïne en haillons.

    Son corps raconte son histoire comme un tatouage indélébile ;
    Lorsqu’elle est nue, elle se souvient d’une existence misérable.
    Des images dans sa mémoire, sa peau en devient volubile
    Et montre tout ce qu’il advient quand arrive l’impondérable.

    Une bonne fée pour marraine, une citrouille pour carrosse,
    Une paire de pantoufles de vair et les douze coups de minuit.
    Un prince amoureux qui entraîne, animé d’un amour féroce,
    Toutes ses gens qui vont de pair retrouver celle qui s’ennuie.

    Tableau d’Irène Hardwicke Olivieri.

  • Le songe de Cendrillon

    Le songe de Cendrillon

    Tenue dans un grand dénuement, dépossédée de ses parents,
    Elle n’avait qu’une chemise et une paillasse au grenier
    Où elle rêvait ingénument malgré un cafard apparent
    À devenir belle promise d’un prince appelé à régner…

    Mais à trop vivre dans les songes, elle en accepte la sanction ;
    Elle ne croit pas aux oracles qui promettent un futur radieux.
    Dans cet univers de mensonges, la vie semble une dysfonction
    De ce qu’on appelle miracle d’un monde créé par un Dieu.

    Sans doute qu’il faut lâcher prise lorsque l’existence vous enlève
    Le goût et la raison de vivre dans une obscure destinée.
    Et puis un jour, bonne surprise ! Vient l’espérance de la relève
    Par un beau prince qui la délivre pour en faire sa dulcinée.

    Tableau de François Emile Barraud.

  • L’oiseau-trompette et Vénus Anadyomène

    L’oiseau-trompette et Vénus Anadyomène

    Bien sûr, une seule hirondelle ni même deux ne font le printemps
    Et non, aucun oiseau trompette ne déclenche aucun ouragan.
    Mais comment un battement d’aile de papillon, un court instant,
    Peut-il provoquer la tempête voire un cyclone extravagant ?

    Se produit-il, ce phénomène, quand le volatile en question
    Affronte les intempéries et que la pluie s’intensifie ?
    Surgit Vénus Anadyomène qui donne en tant que suggestion :
    « Souvent la météo varie et bien fol l’oiseau qui s’y fie ! »

    Entre l’attraction de la Lune et de Mars conjointe à Vénus,
    Les Météorologues doutent que leurs influences soient très nettes.
    Quant à Jupiter et Neptune, ainsi que Saturne et Uranus,
    Je crois qu’ils n’y comprennent goutte sur les humeurs de la planète.

    (Tableau de James Jean.
    Anadyomène signifie « surgie des eaux » en grec ― on en apprend tous les jours.)

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • La femme-papillon

    La femme-papillon

    La femme papillon s’habille de dentelle ;
    De toiles d’araignées, de vers à soie tissés
    En guise de cotillon, de porte-jarretelle
    Et de musc imprégné sur ses ailes hérissées.

    Mais lorsque la pluie tombe, elle cherche un abri
    De crainte que ne fonde sa robe vaporeuse.
    Quand vient l’orage en trombes sous un ciel assombri,
    Sa nudité profonde la rend bien malheureuse.

    Mais elle bénéficie de solidarité
    Envers les libellules qui lui offrent un refuge
    À ses péripéties et sa précarité
    Par d’étanches ombellules sûres et calorifuges.

    Tableau de Troy Brooks.

  • Enceinte éternellement

    Avant la vie, après la mort ? Que lui importe au petit ange ?
    Pour lui le monde est limité à son univers intérieur.
    Il ne connait aucun remords, il se contente des échanges
    Dans sa moelleuse intimité sans contact avec l’extérieur.

    Parfois sa planète bascule et parfois elle reste immobile
    Mais il n’existe ni de temps ni de distance à parcourir.
    Juste un étrange tentacule qui à l’occasion l’obnubile
    Mais qui lui paraît important, sans doute pour le secourir.

    Il n’aura aucun souvenir mis à part la voix de sa mère
    Qu’il a toujours à sa portée bien à l’abri dans sa maison.
    Toujours est-il que l’avenir prévoit son congé éphémère
    Car il va se téléporter mais… est-ce à tort ou à raison ?

    Tableaux de Steven Kenny sur https:www.kaifineart.comstevenkenny?m=1 .

  • La renaissance

    Si je ne vis pas plusieurs fois, je change plusieurs fois de vie.
    Elle commence par une trompe d’éléphant surnommé Fallope
    Qui me transbahute, ma foi, à la rencontre d’une envie
    Arrivée en un coup de pompe, gigotant comme une antilope.

    Et voilà comment j’ai atteint le premier barreau de l’échelle
    Où chaque année est un degré où je dois faire des progrès.
    Que je sois, du soir au matin, enfant riche ou romanichel,
    Je vais devoir y intégrer mes joies, mes peines et mes regrets.

    Bien sûr, l’échelle se termine et j’en ai beaucoup enterrées
    Mais il leur manque le curseur qui grimpait inlassablement.
    Il faudra bien que j’y culmine mais mes deux anges ont interêt
    De faire de moi le précurseur vers un nouveau raccordement.

    Tableaux de Beth Conklin.

  • Peinture fraîche

    Peinture fraîche

    Après avoir fait le portrait du paysage politique,
    Le président nous apparaît fier héros contre les vauriens.
    Il nous annonce trait pour trait les mêmes phrases sarcastiques
    En prétextant qu’il séparait les riches de ceux qui n’ont rien

    En politique comme en peinture, il faut attendre que ça sèche ;
    Vous vous en salirez les mains si vous vous appuyez dessus.
    Et choisir la bonne pointure ne préserve pas de la dèche
    Sans espérer d’ici demain la moindre indemnité reçue.

    Le gouvernement provisoire, en attendant les résultats
    Du pari du parti unique qui imposerait sa république,
    N’est qu’un prétexte dérisoire pour mater toute vendetta
    Qui enflammerait les cliniques, hôpitaux et santé publique.

    Tableau de Dino Valls sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201201dino-valls-1959-spanish-surrealist.html .

  • Confinons-nous dans un coin

    Confinons-nous dans un coin

    Pour cet été, je vous propose de nous confiner dans un coin
    Et décompter le nombre d’heures passées dans les méditations.
    Après cela, rien ne s’y oppose, envoyons-en d’un coup de poing
    La liste à tous nos emmerdeurs au nom du chef de la nation.

    À la sueur de notre front en souhaitant que l’été soit chaud,
    Nous gagnerons nos points retraite de façon assez rigolote.
    Et si la France nous fait l’affront de discréditer notre show
    Nous monterons tous d’une traite à la Bastille et sans culotte.

    Devant la garde républicaine, les C.R.S. et la police,
    Nous opposerons nos parties les plus intimes et les plus nobles.
    En France métropolitaine, nous défilerons la peau lisse,
    Le cul tendu en répartie pour une fessée des plus ignobles.

    Tableau de Dino Valls sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201201dino-valls-1959-spanish-surrealist.html .

  • La dauphine

    La dauphine

    Reine ou sirène des dauphins ? Je ne sais pas quel est son titre.
    Elle aurait été aperçue menant un banc de cétacés.
    Ils s’éloignaient vers les confins suivant sans doute un libre arbitre
    Qui les élevait au-dessus des quatre horizons espacés.

    Selon la voix qui se peaufine dans les vents d’azur outremer
    Et dans l’écho des coquillages qui le répètent à l’infini,
    Il semblerait que la dauphine, fille de Neptune, roi des mers,
    Reviendrait d’un très long voyage – mais… motus ! – en catimini.

    Je le sais car, le vendredi se dit « Frietag » en allemand
    Dont l’origine serait « Freya », déesse de l’amour et des arts.
    Si Vénus ne me contredit, la dauphine est également
    De la lignée qui effraya les romains de Jules César.

    Tableau d’Annie Stegg.

  • Sirènes pudibondes

    Sirènes pudibondes

    Finies les sirènes aux seins nus ; désormais elles portent tunique
    Et font des concours d’élégance à qui sera la plus glamour.
    Que sont leurs charmes devenus sans leur nudité impudique ?
    Sans doute un manque d’arrogance pour leur gros appétit d’amour…

    Si la sirène se civilise, la verrons-nous sortir de l’ombre,
    Nous montrer sa queue frétillante et cesser d’être une chimère ?
    Gageons que se décrédibilise son côté pernicieux et sombre
    Et qu’enfin son émoustillante beauté s’affiche sur les mers !

    Une sirène en soutien-gorge – avec baleines évidemment –
    Sera sûrement mieux acceptée par la censure draconienne.
    Que la science se rengorge et accueille concomitamment
    Ces créatures exceptées par la théorie darwinienne !

    Tableau de Kate Pospeshilova.

  • Dans le cocon de son fauteuil

    Dans le cocon de son fauteuil

    Certaines vont en bord de mer pour trouver leur inspiration,
    D’autres fréquentent les cafés sur les collines d’Argenteuil.
    Elle, elle cherche le sein de sa mère, une sorte de réintégration,
    Comme un lieu pour se réchauffer dans le cocon de son fauteuil.

    Nue, en position du lotus, comme si elle demandait pardon
    À ses racines fraternelles et ses mémoires antérieures,
    Elle redevient petit fœtus et peut remonter le cordon
    Qui lui accorde l’éternelle illumination intérieure.

    Entre les deux bras paternels et ouverts du siège Voltaire,
    Sans doute en trouve-t-elle aussi la sécurité apaisante ?
    Et la large assise maternelle comme matrice cavitaire,
    Un souvenir qui s’associe à sa nudité bienfaisante.

    Tableau de Nils von Dardel.

  • Nu, la honte

    Nu, la honte

    Combien de fois ai-je rêvé nu au milieu de gens habillés ?
    Combien de fois, subi la honte en exhibant mes génitoires ?
    Bizarrement j’ai reconnu quelques volupté grappillées
    Et désormais je le surmonte et je l’accepte sans histoire.

    Censure et pudeur ridicules se confrontent à la liberté ;
    Dans la société cela dérange les genres d’exhiber leur sexe.
    Vagins, poitrines et testicules sont bannis dès la puberté
    Et franchement je trouve étrange que ce tabou soit si complexe.

    Il nous relie à l’animal et ce lien, l’homme le révoque ;
    Les religions mettent à l’index le plaisir sans procréation.
    Pour éviter l’instinct primal envers la femme qui le provoque,
    Il met la censure sur le sexe et le cul en ségrégation.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • La reine des orgues

    La reine des orgues

    Reconnue à la cantonade, elle régnait sur les grandes orgues ;
    Elle excellait dans ses aubades le matin dès potron-minet
    Puis, maîtrisait les sérénades quand le soir précédait la sorgue
    Et de fugues en dérobades, sa journée était terminée.

    Je sais son organe secret qui surpasse les harmoniques ;
    Je sais ses touches délicates qui surclasse son jeu de montre ;
    Je sais son féminin sacré et le petit chant orgasmique
    Qui sort des lèvres écarlates à chacune de nos rencontres.

    J’entre au sous-sol en clef de Fa et je remonte l’escalier,
    Puis je traverse l’entresol et surprends son intimité.
    Étendue nue sur le sofa, elle se lève et va aux claviers
    Jouer la toccata en sol d’une durée illimitée.

    Alors je caresse son dos en redescendant les octaves
    De sa colonne vertébrale jusqu’à ce que je puisse entendre
    « Do Si La Sol Fa Mi Ré Do », du plus aiguë jusqu’au plus grave,
    Toutes nos amours orchestrales chantent la partition du tendre.

    Tableau de Ciro Marchetti sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201606Ciro-Marchetti.html .

  • La chute des corps

    La chute des corps

    Concernant la chute des corps, comme le lièvre et la tortue,
    Il suffit de partir à point si l’on veut être récompensé.
    J’ai battu mon propre record mais cependant je m’évertue,
    Sans détour à brûle-pourpoint, à ne jamais recommencer.

    Je suis parti droit comme un « I » et suis tombé comme une pierre
    De quinze mètres en projection de mon promontoire élevé.
    Ce qui m’a sauvé, je le dis, c’est d’avoir crié ma prière :
    « Père Dieu Aide et Protection ! » ainsi j’ai pu m’en relever.

    Toute ma vie, j’ai aspiré à cette chose sans la nommer
    Et j’ai anticipé ma chute en bondissant de toit en toit.
    Cette obsession m’a inspiré ce qui me vint à point nommé
    Pour, à défaut de parachute, manier les ailes de la foi.

    (Tableau de Carlo Maria Mariani.
    « Toute ma vie, mon cœur a aspiré à une chose que je ne peux nommer. » — André Breton.)

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • La langue d’avant Babel

    La langue d’avant Babel

    J’ai plusieurs fois refait ce rêve où l’absurde frappe à la porte
    Avec tarot cartomancien, magie et colombes à loisir.
    D’une formule vraiment très brève, il faut user de langues mortes
    Latin, sanscrit ou grec ancien, ou peu importe, on peut choisir.

    Parfois les mots sont inutiles et les langages trop babillés
    Mais retrouver sa langue nue demande un peu d’information.
    À l’aide d’un prétexte futile, il suffit de se déshabiller
    Et redevenir l’ingénu(e) de son fœtus en formation.

    Alors la boîte de Pandore s’ouvre sans répandre le mal
    Et la colombe de la paix s’en trouve démultipliée.
    Les hommes et les femmes s’adorent et redeviennent animal
    Mais pour attester leur respect envers leur nature oubliée.

    Tableau de Ciro Marchetti sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201606Ciro-Marchetti.html .

  • L’eau à la bouche

    La première fois, j’fis la grimace devant sa grosse lèvre à limace
    Mais cette fille avait du chien et moi besoin d’un opticien.
    D’ailleurs quand je baisai sa bouche voilà que soudain elle louche
    Vers l’endroit où mon pantalon semblait gonfler comme un ballon.

    Ce qu’elle me fit avec sa langue me fît l’effet d’un boomerang
    Et je reculai ma quenouille devant l’organe de grenouille.
    Mais l’amour nous a raccordés sans besoin de se regarder ;
    J’espère seulement que nos enfants n’auront pas un nez d’éléphant.

    Photoshopages vu sur https:www.boredpanda.comfunny-animal-photo-manipulations-animals-in-things?utm_source=pinterest&utm_medium=social&utm_campaign=organic .

  • Châteaux de cartes

    Châteaux de cartes

    Avec la famille des cœurs, je mets le portefeuille à droite ;
    Avec les trèfles et les carreaux, là, je m’en remplis plein les poches.
    Les piques brandies à contrecœur, j’les esquive de façon adroite
    Et quand viennent les as du barreau je les empile au fond, à gauche.

    N’y voyez aucune allusion, ce ne sont que châteaux de cartes
    Dont j’organise la parité entre dames, rois et valets !
    Les jokers ne sont qu’illusion et, s’il le faut, je les écarte
    Avant que la précarité ne menace de tout déballer.

    Au revers, les cartes anonymes cachent insidieusement leur jeu.
    Où sont les rois, où sont les dames ? Où sont les valets et les as ?
    Et ces drôles de patronymes probablement moyenâgeux
    En ce qui concerne les femmes : Argine, Judith, Rachel, Pallas !

    Tableau de Ciro Marchetti sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201606Ciro-Marchetti.html .

  • Triskelets

    Sont-ce des escargots bretons ou bien des coquilles celtiques ?
    Je ne sais pas mais il me semble qu’ils ne sont pas du Morbihan !
    Ni morts-vivants, ni rejetons, ni même d’aspect squelettiques
    Pourtant tous les trois se rassemblent en un symbole convoluant.

    Ils me rappellent la justice à trois plateaux en équilibre,
    Très difficile en vérité pour aimer sans être jugé.
    Comme tous ceux qui travestissent le droit de vivre en homme libre
    Et mettent la priorité sur le rejet sans préjugé.

    Photos de Ludmilla Hopkins.

  • La vie en rose

    La vie en rose

    Mon film n’est pas « la vie en rose », du moins pas toujours, pas tout l’temps,
    Car je ne reste jamais fixé sur un coin de ma pellicule.
    Certains clichés semblent moroses mais, alignés à contretemps,
    Reflètent un bonheur remixé, en prenant bien sûr du recul.

    Cette vie que je croyais plate s’est révélée comme une fleur
    Qui s’ouvre et qui s’épanouit à l’aube d’un matin de printemps.
    Le blues en devient écarlate arrosé de larmes et de pleurs
    Et le chagrin s’évanouit d’en voir ses faveurs à plein temps.

    Pour ne pas rester sur ma faim quand viendra ma métempsychose,
    J’espère n’avoir plus d’ennemi à récurrence destinale.
    Mais puisque tout a une fin, j’en ferai une apothéose
    Où je convierai mes amis à ma Sainte Cène finale.

    Tableau de Mihai Criste sur http:sweetdreamsart.centerblog.netrub-mihai-criste-.html .

  • Deo gratias in blues

    Deo gratias in blues

    L’âme du violon semblait faite pour glisser sur sa robe en blues
    En paysages liturgiques avec des doubles et des alias.
    L’archet courrait monter au faîte de la petite corde jalouse
    Des pizzicatos démiurgiques qui créaient le Deo gratias.

    Lorsqu’elle arrête de jouer, le silence ressemble au silence
    Qui succède après le final et qui reste toujours du Mozart.
    Et dans sa quiétude enjouée, ce calme trouve son équivalence
    Avec le geste original d’un Dieu qui créerait par hasard.

    Elle vous donnera l’illusion de jouer les bleus de son âme
    De son doigté le plus précieux qui s’envoleront dans l’azur
    À la vitesse de diffusion de l’onde qui sert de sésame
    À l’ouverture en clef des cieux dont un ange bat la mesure.

    (Tableau d’Abner Recinos.
    « Elle semblait faite pour glisser, en robe blanche, dans des paysages liturgiques, une branche de lis ou un rameau d’or à la main. » — Octave Mirbeau, Le colporteur)

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Mérou au secours !

    Tout en haut de ma tour d’ivoire, j’appelle un mérou de secours
    Avant de plonger dans les rêves et nager dans leurs eaux profondes.
    Juste une fuite provisoire qui soit mon ultime recours
    Seulement pour cette nuit si brève où j’oublierai un peu le monde.

    J’aime sentir ce lâcher prise et chuter éternellement
    Dans les airs à tombeau ouvert, sécurisée par le mérou.
    Le songe étant plein de surprises, je le serre fraternellement
    En lui disant à mots couverts de m’emmener jusqu’au Pérou.

    Hélas mon rêve est éphémère et je suis désavantagée
    Car je n’ai pas plus d’avenir qu’avait la Belle-au-Bois-Dormant.
    Au matin le prince des mer me rend mon baiser engagé
    Et je me réveille au souvenir de mon petit mérou charmant.

    Tableaux de Nicoletta Ceccoli.

  • Les sirènes atlantes

    Deux descendances différentes vivent ensemble au fond des mers.
    D’une part, les filles de Neptune, en queue de poissons héritée ;
    Puis, les atlantes proliférantes dans les abysses outremer
    Depuis la chute inopportune de l’Atlantide déméritée.

    Elles ont conservé leurs deux jambes – les pieds palmés mais pas les mains –
    Adaptées à tous les milieux, amphibies par transmutation.
    Particulièrement ingambes, elles prennent souvent le chemin
    De Paris et de sa banlieue, puis en métro jusqu’à Nation.

    Mais lassées de l’humanité, elles rentrent en fin de semaine
    Et rapportent les souvenirs aux petits poissons attentifs.
    Restant loin de l’inanité de notre société humaine,
    Elles préfèrent suivre l’avenir depuis l’océan préventif.

    Tableaux d’Annie Stegg.

  • L’Europe à ni maux ni biens

    Soyez bienvenus en Europe, les animaux sont au pouvoir
    Avec le coq hardi et fier sur le taureau d’Andalousie,
    Le lion d’or hypermétrope qui doit reculer pour mieux voir
    Malgré l’aigle noir de Bavière qui fait sa crise de jalousie !

    La Licorne réputée avare, opposée au dauphin prodigue,
    L’ours brun qui reprend son élan après un sommeil de marmotte,
    Les chiens et chats toujours bavards qui tuent les ânes à coup de figues,
    Et hirondelles, et goélands, et cygnes en chœur sans fausse note.

    Bien entendu, dans la forêt certains bosquets sont malfamés
    Et si le loup entend l’agneau, c’est par la raison du plus fort.
    Les herbivores sont dévorés par leurs prédateurs affamés
    Malgré les lois et les signaux édictés par nos sémaphores.

    Sources : https:www.easyvoyage.comactualiteles-animaux-emblemes-des-pays-d-europe-83537 .

  • Le mariole du linge

    Le mariole du linge

    À l’origine venue d’Afrique, on vit le mariole du linge
    Se transmettre aussi bien aux hommes à l’ouest des États-Unis.
    Sans doute le besoin de fric faisait travailler leurs méninges
    Et l’on observait ce symptôme – les cowboys étant démunis.

    Comment le mariole du linge fut transmise alors à la femme ?
    Après avoir mené les vaches, les hommes ont dû en profiter
    Pour payer en monnaie de singe cette pratique jugée infâme
    Qui consiste à faire le bravache avec une fille pas très futée.

    Mais on attrape vite le virus à laver son linge en famille ;
    Plus on se crêpe le chignon, plus il est sale et plus on frotte
    Et ça fait comme les poupées russes à mesure qu’on les déshabille ;
    Même vêtu comme un oignon, le tissu fond quand on l’ décrotte.

    Tableau de Loren Entz.

  • La sirène masquée

    La sirène masquée

    Heureuse comme un poisson dans l’eau, elle vit d’amour et d’onde fraîche ;
    D’amour, elle guette la marée ; d’effroi, elle épie le marin.
    Une fois goûté son gigolo, elle attend neuf mois dans la crèche
    Que naisse, dans les eaux chamarrées, l’enfant de père outremarin.

    Depuis deux ans, dans l’eau morose et sa fraîcheur ratatinée,
    Les marins sont hommes-grenouilles pourvus de masques à oxygène.
    Troublée, atteinte de névrose, elle se retrouve confinée
    Et peste filant sa quenouille dans les abysses coralligènes.

    Mais d’après le calendrier, comme aujourd’hui c’est vendredi,
    Elle désire, en portant un casque, leur jouer un tour à sa façon.
    Pour narguer ces scaphandriers, avec la voix du contredit,
    Elle les abuse d’un chant fantasque qui finit en queue de poisson.

    Tableau de Christian Schloe sur https:expresionconarte.comchristian-schloe .

  • Une perle pour la sirène

    Une perle pour la sirène

    À l’origine, un accident, un incident, une bêtise,
    Une poussière par hasard dans la matrice de la sirène.
    Soudain, en son sein s’oxydant, paraît la perle de convoitise
    Chef-d’œuvre digne des beaux-arts qui naît dans la petite reine.

    Ainsi de la chose étrangère qui l’a fécondée en son sein,
    Pareil à l’huître dont la nacre enrobe avec délicatesse,
    La particule passagère confectionnée en son bassin
    Devient perle rare dont le sacre honorera une princesse.

    En attendant cette promesse, elle cajole sa merveille
    En l’enveloppant de finesse d’une douceur particulière.
    Et la sirène diaconesse, sa reine-mère qui la surveille,
    Accordera à la faunesse le titre de Sainte-Perlière.

    Tableau d’Alyona Askarova.

  • Pas boulotte, la femme !

    Pas boulotte, la femme !

    N’est pas boulotte, celle qui sait trancher d’une volée de hache
    Les racines qui la retiennent et la menacent de moisir.
    Sans autre forme de procès, son coup d’audace la détache
    Afin que sa vie n’appartienne qu’au destin qu’elle va choisir.

    Maintenant que son mouvement s’est répandu dans la nature,
    Tout ce qu’elle va nous réserver mérite notre anticipation.
    De quel bois se chauffe ardûment la femme nouvelle et mature ?
    Attendons-nous à observer une vaste émancipation !

    Or, de la maladie du mâle, gageons que sa femelle guérisse
    Afin qu’elle devienne conductrice d’une nouvelle humanité !
    Et moi, je jure, foi d’animal, que j’ai grand hâte que mûrisse
    De façon la plus séductrice, la femme à l’unanimité.

    Tableau de Steven Kenny.

  • M comme Icare

    M comme Icare

    J’ai échappé au labyrinthe de ma vie voici treize années
    Excepté, qu’à l’instar d’Icare, j’ai d’abord chu de quinze mètres.
    Souffrances après sept mois d’astreinte à l’hôpital m’ont condamné
    À m’envoler loin à l’écart vers des sommets, assis sans maître.

    Mais je ne vole pas, je plane sur des montagnards de prestige
    Dont je ne comprends ni langage ni comment m’y socialiser.
    Et trop de bourrages de crâne m’occasionnent tant de vertiges,
    Que j’en suis l’idiot du village qui vit selon les alizés.

    Puis les montagnes dominées par des coups de vents assassins
    M’ont déporté hors des limites de ce dédales de vallées.
    Aujourd’hui je suis confiné dans les forêts de marcassins
    Où je séjourne comme un ermite qui n’a plus d’endroit où aller.

    Tableau d’Abner Recinos.