Catégorie : 2022

  • Lâcher prise aux résolutions

    Lâcher prise aux résolutions

    Pas trop de bonnes résolutions qui alourdiront chaque jour
    Et feront trembler dès janvier les mois de la nouvelle année.
    Et je propose en solution aux promesses que l’on fait toujours
    Des simples journées conviées aux p’tits bonheurs instantanés.

    Le petit bisou du matin pour déclencher la bonne humeur ;
    Le p’tit bonjour à la voisine pour faire fleurir un sourire ;
    Ni gros discours ni baratin qui alimentent les rumeurs
    Mais juste ce qui emmagasine la joie de vivre et les fous rires.

    Illustration du calendrier d’Olga Ert sur https:www.behance.netgallery186943calendar .

  • Sur plusieurs niveaux – 2 – L’âme-sœur

    Sur plusieurs niveaux – 2 – L’âme-sœur

    Je rencontre en chassé-croisé, l’âme-sœur qui meurt quand je nais
    Et quand je meurs je l’aperçois brièvement naître à la vie.
    Deux existences apprivoisées, mais compartimentées à jamais,
    Dont les croisements ne sursoient jamais, l’une à l’autre asservie.

    Dans ce présent je suis ici, mon autre moi dans l’autre monde ;
    Je suis actif, il est passif ; je suis de chair, il est d’éther.
    Au cours de mes péripéties, il m’épaule et il me seconde
    Comme un ami inexpressif, un ange-gardien solitaire.

    Nous nous passerons le témoin quand je pousserai mon dernier cri ;
    Ainsi ma vie continuera mais dans une nouvelle instance.
    Je vivrai toujours néanmoins dans l’autre univers circonscrit
    Vers un chœur qui s’insinuera dans la divine intermittence.

    Tableau d’Andrej Mashkovtsev sur https:ghoti-and-us.tumblr.compost180996938912andrej-mashkovtsev-her-good-friend-mackerel .

  • Lucy dans mes racines sylvestres

    Au plus profond de la nuit longue, la plus longue nuit de l’année,
    Mon horloge s’est déclenchée et mon cœur s’est remis à battre.
    Je sens mes racines oblongues s’étirer pour aller glaner
    Le sel de la Terre épanchée dans ses renfoncements saumâtres.

    Comme une Lucy végétale prête à marcotter tout l’espace,
    La longue nuit m’a fait muter sous un halo de pleine Lune.
    Je quitte l’écorce létale de mon ancienne carapace
    Pour une couche transmutée, nouvelle, hybride et opportune.

    Peu à peu les journées s’allongent, les rayons de soleil accouchent
    Des premières pousses de cheveux de mes bourgeons solliciteurs.
    Mon corps tout entier se prolonge, j’étends mes branches et je touche
    Le ciel pour transmettre les vœux de ma mère à mon géniteur.

    Demain je porterai leurs fruits riches en graines missionnaires
    Qui, parmi la planète en fête, produiront la manne terrestre.
    Ce soir tous mes arbres instruits de mes germes expéditionnaires
    Dresseront fièrement la tête pour célébrer la Saint-Sylvestre.

    Gravures d’Albín Brunovský.

  • Sur plusieurs niveaux – 1 – Fluctuat nec mergitur

    Sur plusieurs niveaux – 1 – Fluctuat nec mergitur

    Entre deux eaux, sous la surface, parmi le monde du silence,
    Les poissons règnent sous l’octroi accordé par le dieu des mers.
    Au fond des eaux, par contumace, ruines et décombres en vigilance,
    Guettent le plongeur maladroit noyé dans le bleu outremer.

    Au fil de l’eau, c’est l’aventure au gré des courants maritimes,
    Au gré de la force des vents et du temps qui peut se couvrir.
    Au fil de l’air, dans les mâtures, les voiles sous la caresse intime
    Poussent le bateau au-devant de l’inconnu à découvrir.

    Entre l’existence et la mort, l’âme se conduit en passagère
    Le corps en guise de navire, le cœur en guise de moteur.
    L’esprit suit sans aucun remords sa divination messagère ;
    Parfois l’équipage chavire mais force reste à ses flotteurs.

    Tableau d’Andrej Mashkovtsev sur https:ghoti-and-us.tumblr.compost180996938912andrej-mashkovtsev-her-good-friend-mackerel .

  • La Sirène à la voix de cristal

    La Sirène à la voix de cristal

    Telle le Rossignol milanais dont la voix brisait le cristal,
    Notre sirène d’aujourd’hui a perfectionné la technique.
    Ses vocalises en javanais, qui constituent son récital,
    Dans un ton suraigu induit, brise les lames océaniques.

    Les pauvres marins attirés voient leurs navires éclater
    En mille morceaux éparpillés dans l’amphithéâtre de mer.
    Leurs corps sont alors aspirés vers les abysses dilatées
    Comme la bouche écarquillée d’une boulimique chimère.

    L’île couronnée de brisants abrite son auditorium ;
    Vaste palais dont l’acoustique porte au-delà de l’horizon.
    Parfois l’écho électrisant échappé de son vivarium
    Rappelle un chant fantomatique. Ô notes aiguës, quelle trahison !

    Illustration de Vladimir Stankovic.

  • La sirène nippone

    À marée basse, la sirène s’éveille au soleil du levant
    Pour déjeuner d’huîtres perlières, repas frugal mais ancestral.
    Après une attention sereine, mûrie à l’écoute du vent,
    Elle quitte son île hospitalière pour suivre son chemin astral.

    À marée haute, la sirène regagne ses terrains de chasse
    Pour traquer de ses yeux bridés les loups de mer comme gibier
    Car le destin de notre reine la contraint à ce qu’elle pourchasse
    Les matelots à peau ridée, jeunes mousses ou vieux gabiers.

    Tableaux de Takabatake Kashou.

  • Crépuscule mammaire

    Crépuscule mammaire

    L’homme met de l’eau dans son vin et la femme de l’eau dans ses seins
    Mais pour trouver son équilibre, l’exercice est assez difficile.
    Comme la plume que l’écrivain trempe dans une encre à dessein
    Pour défendre l’allaitement libre au-dehors ou à domicile.

    Ah, que reviennent sur les plages nos femmes en monokini
    Aux seins nus comme des soleils, mamelons aux rayons ardents,
    Se prêter au batifolage d’un coucher en catimini
    Où nos yeux malgré le sommeil veillent encore en s’y attardant !

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Le Roi bonne poire et la Reine des pommes

    Le Roi bonne poire et la Reine des pommes

    Le Roi demeure une bonne poire mariée à la Reine des pommes
    Lorsque leurs échecs nous dévoilent tous leurs beaux quartiers de noblesse.
    Le Roi est nu, en plein déboires, mais après tout, ce n’est qu’un homme ;
    Quant à la Reine, toujours à poil, jamais ne montre de faiblesse.

    Car les pions jouent un jeu de dupes en nous censurant l’essentiel ;
    Si l’on voit à peine une fesse, les parties nobles restent cachées.
    Bien que la Reine n’ait pas de jupe, tout son merveilleux potentiel
    Disparaît, je vous le confesse, derrière les cases noires attachées.

    Mais le pompon reste aux chevaux montant à l’assaut des juments
    Et l’on entend des écuries beaucoup trop de gémissements.
    Hélas rien de cet écheveau ne transparaît incongrûment
    Car les tours folles en furie opposent leurs retranchements.

    Tableau de José Roosevelt.

  • Fécondation in libris

    Fécondation in libris

    Mon marque page a fécondé tellement d’histoires passionnées
    Que chaque feuille a enfanté un spin-off dont j’ suis le héros.
    Par une intrigue dévergondée et son déclic occasionné,
    Le roman est réinventé, la suite au prochain numéro.

    Ne cherchez plus son héroïne, je l’ai épousée en chemin
    Juste au bout du dernier chapitre dans une marge primesautière.
    Quant au romancier qui bouquine afin de reprendre la main,
    Je l’ai perdu dans les sous-titres listés en table des matières.

    Si la fin me laisse pantois je rêve alors d’une autre suite
    Afin de vivre une autre vie pour n’avoir pas vécu en vain.
    Dans des passages assez courtois, nous y vivons l’amour en fuite
    Avec tous nos enfants ravis à la barbe de l’écrivain.

    Tableau de Vladimir Kush sur http:licornamuseum.over-blog.comkush.vladimir-1965 .

  • Marque pages érotique

    Marque pages érotique

    J’aime glisser entre les pages comme on se glisse entre les draps,
    Y rencontrer mes héroïnes et leur faire beaucoup d’enfants.
    Au fil des tomes, mon équipage d’aventurières deviendra
    Ma dopamine, ma cocaïne vers des best-sellers triomphants.

    Toutes mes héroïnes convergent vers mon idéal féminin
    Qui se précise et se reflète au fil des livres parcourus.
    Mon marque page devient ma verge que j’introduis comme un venin
    Pour m’approprier la starlette au cours de ma lecture en rut.

    Combien de fois fis-je l’amour entre les pages satinées
    Des épopées voluptueuses des comédiennes de roman ?
    Je vous le dis, non sans humour, car elles m’ont contaminé
    Entre les marges irrespectueuses de leurs volumes assommants.

    Tableau de Vladimir Kush sur http:licornamuseum.over-blog.comkush.vladimir-1965 .

  • Les âmes jumelles

    Les âmes jumelles

    Puisque je ne suis qu’une moitié de mon humanité tronquée,
    Existe-t-il une âme-sœur, la partie du puzzle manquante,
    Qui entrerait dans mon boîtier compléter l’absence imbriquée
    Depuis que j’ai vu la noirceur de mes lacunes inconséquentes ?

    Es-tu derrière le miroir, sexe et antipode inversés ?
    Es-tu riche, belle et célèbre ou plus misérable que moi ?
    Es-tu passée par le mouroir dans une mort controversée
    Par devers l’ange des ténèbres qui s’amuse de notre émoi ?

    Sans doute la part de mémoire que le mâle en moi définit
    Et la tienne plutôt maternelle atteindront un jour leur sommet
    Mais j’ai bien peur que notre histoire ne se rejoigne à l’infini
    Comme deux droites parallèles qui ne se rencontrent jamais.

    Photo de George Mayer.

  • La pie rabatteuse

    La pie rabatteuse

    Par-ici, une idée soudaine ; par-là, une illumination ;
    Esprit mûrement réfléchi et sautes d’humeurs impromptues.
    Un éclat de calembredaine, un soupçon de fulmination,
    Tous les souvenirs défraîchis chopés à bride rabattue.

    Faute de grives et de merles, faute de gibier détourné,
    La pie voleuse, reconnaissante envers celle qui l’a élevée,
    Lui restitue toutes les perles de pensées qu’elle a détournées
    Des voyageuse, des passantes et autres femmes motivées.

    Ces mille trésors grappillés et pots-pourris d’inspirations
    Sont livrés de bec à oreille à sa maîtresse intéressée.
    Aucun avis n’est gaspillé, tout est mis en préparation
    Pour une création sans pareille issue des âmes régressées.

    Tableau d’Elena Arcangeli.

  • La femme est l’avenir du vélo

    La femme est l’avenir du vélo

    Lorsque les vélos sortiront leurs maîtresses en quête de flirt,
    Ils devront adapter leurs selles aux strings et aux mini jupettes.
    Les pédaliers s’adapteront aux talons aiguilles à fleurs
    Et offriront aux jouvencelles un air fripon sur leurs gambettes.

    Plutôt à vélo qu’en voiture, en tenue légère écolo,
    Ces dames obéiront aux signes dès le premier coup de sonnette.
    Les hommes en quête d’aventure seront transportés à vau-l’eau
    Sur leurs bécanes pour être dignes d’aller conter leurs chansonnettes.

    La selle remplacera la culotte dans un avenir ultérieur
    Et l’soutien-gorge par un panier attaché au porte-bagages.
    Ces drôles de cyclistes rigolotes agiteront le postérieur
    En guise de clignotant manié comme incitation au dragage.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • L’amour paradoxal

    L’amour paradoxal

    L’évolution nous a créés tel un infernal paradoxe ;
    Tout notre être est ainsi tourné vers tout ce qui nous est utile
    Afin de rentabiliser au mieux notre expérience humaine
    Et privilégier notre ego puisqu’il faut devenir adulte.

    Oui mais voilà ; notre survie est soumise à reproduction ;
    Il nous faut aimer l’âme-sœur autant ou même plus que nous-mêmes,
    Savoir ne pas être égoïste et tout partager en famille
    Jusqu’à lâcher l’identité personnelle pour celle du groupe.

    On n’est plus « je », on devient « nous » mais où est donc le libre arbitre ?
    On devient ce qui nous ressemble et on rejette l’étranger.
    On cherche d’autres relations ? On s’ouvre à l’infidélité.
    Je me suis perdu en chemin… pourrais-je alors recommencer ?

    (Tableau de Dorothy Webster Hawksley.
    Je ne sais pas si Daphnis & Chloé ont vécu l’amour paradoxal mais vu qu’ils m’ont inspiré ce texte, pourquoi pas ?

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • La pêche au toucan

    La pêche au toucan

    J’ai un besoin d’absurdité primordial pour mon équilibre
    Et une envie d’irrationnel pour donner un goût à ma vie.
    Je vaincs ma taciturnité en occupant tout mon temps libre
    À rêver de sensationnel sans queue ni tête qui me ravit.

    Turlututu, chapeau pointu, percé par le bec d’un toucan,
    Les p’tits pois sont rouges à l’embout de ma canne à pêche sans façon.
    Mon cœur, mon ami, t’entends-tu battre à transformer ce boucan
    En p’tits poissons rouges debout face au poids de mon hameçon ?

    Je ne sais si le Père Noël s’y retrouvera dans ma liste
    Car elle ressemble à s’y méprendre à l’inventaire de Prévert.
    Mais je compte sur Marie-Noëlle et tous ses elfes spécialistes
    Pour me trouver et me surprendre par un truc pas piqué des vers.

    Tableau de Rafal Olbinski.

  • Élévation/Révélation

    Élévation/Révélation

    Après ma mort, je retrouverai les fils-du-ciel extraterrestres
    Qui avaient trouvé mon arrière- arrière-grand-mère à leur goût.
    Sans doute, je recouvrerai tous mes pouvoirs mis sous séquestre
    Durant mon humaine carrière où je n’étais plus dans le coup.

    Plus jamais asservi au temps, assujetti à la matière,
    Ni soumis aux lois de ce monde après quatre-vingt-dix hivers
    Mais redevable tout autant à l’ascendance tout entière
    Au cœur des étoiles fécondes procréatrices d’univers.

    Et si le Père Noël existe, je lui transmettrai un cadeau
    À remettre à tous les enfants au dernier jour de la saison.
    Un peu de mon cœur fantaisiste, un peu de mon Eldorado
    Dont mes souvenirs triomphants illumineront leurs maisons.

    Vu sur https:www.artstation.comartworkPGwD4 .

  • Les femmes-chamanes de l’est

    Franchis au-delà des Carpates avant la chaîne de l’Oural,
    Tu trouveras dans les vallées et les forêts orientales
    Les ancestrales naturopathes, mères herboristes et culturales
    Qui cueillent et distillent l’azalée pour ses vertus fondamentales.

    On les qualifient de sorcières, alchimistes et magiciennes
    Car elles sont initiées des anges à tous les trésors de la Terre.
    Sans doute fières et outrancières mais authentiques praticiennes
    De la magie, cet art étrange, clef des secrets et des mystères.

    Elles incarnent les armes vivantes, soldates du féminin sacré,
    Seins nus afin de confirmer l’appartenance au gynécée,
    Cette sororité savante qui est à jamais consacrée
    À protéger et affirmer leur sexuelle panacée.

    Illustrations de Jean-Sébastien Rossbach sur https:www.cfsl.netchamanes-le-nouveau-livre-de-jean-sebastien-rossbach .

  • Les femmes-chamanes de l’ouest

    Au-delà du pays des Celtes, de l’Ankou et des Korrigans,
    Si tu traverses l’Atlantique en direction de l’occident,
    Tu connaîtras des femmes sveltes aux vêtements extravagants,
    D’une beauté si authentique que l’éclat paraît dissident.

    Parées de plumes et peaux de bêtes sur leurs personnes tatouées,
    Elles détiennent les secrets de la nature sauvagine.
    Parures d’oiseaux sur la tête pour plaire aux dieux amadoués,
    Poitrines aux seins nus consacrées à nourrir leurs fils androgynes.

    Quant à leurs filles immaculées, toutes favorites des dieux,
    Elles sont fécondées à leur tour par des anges érotomanes.
    Ainsi tout est articulé autour du féminin radieux
    Qui règne en paix aux alentours du pays des femmes-chamanes.

    Illustrations de Jean-Sébastien Rossbach sur https:www.cfsl.netchamanes-le-nouveau-livre-de-jean-sebastien-rossbach .

  • Sens dessus-dessous

    L’occident sens dessus-dessous et l’orient à feu et à sang
    Ecartèlent notre planète d’un vent de discrimination.
    Les vieux ressentiments dissouts dans un monde pas si innocent
    Feront-ils un jour place nette après son extermination ?

    Barrière des langues, frontières ouvertes, accueil aux migrants provoqué
    Pour d’obscures raisons iniques ne font pas bon ménage ensemble ;
    Depuis les grandes découvertes, tous les pays sont convoqués
    À s’affronter dans la panique dans cette course qui les rassemble.

    Illustrations de Vladimir Stankovic.

  • Malice en pays étranger

    L’herbe est-elle vraiment plus verte quand elle est vue de l’étranger
    Au point qu’irrésistiblement elle attire les voleurs de pommes ?
    Toutes nos frontières ouvertes n’ont pas semblé les déranger
    Pas plus que le surpeuplement sonnant tel un ultimatum.

    Malice au pays des merveilles avec toute l’absurdité
    D’une économie planétaire tiraillée entre les puissances.
    Trop tard pour que l’on se réveille ; le temps de l’insécurité
    Répand son poison délétère au prix d’abjectes jouissances.

    Illustrations de Vladimir Stankovic.

  • Sirènes d’eaux salées

    Sirènes d’eaux salées

    La vie et la mort sont liées comme le prédateur et sa proie
    Qui ont évolué ensemble et pris des chemins de traverse.
    Et chacun se multiplier dans une odyssée ou surcroît
    La destinée qui les rassemble dans des situations perverses.

    La sirène a goûté le sel, la sirène a goûté le sang.
    D’un appétit insatiable pour tous les jours de la semaine.
    Comme un désir universel si irrésistible et puissant
    Qu’elle en devient impitoyable envers ses victimes humaines.

    Mais on ne croit plus aux chimères dans notre société moderne ;
    Dieu et la science renient tout ce qui n’est pas très catho.
    Et lorsque l’homme prend la mer – et des vessies pour des lanternes –
    Les sirènes – quelle ironie ! – accourent autour de son bateau.

    Illustration de Trina Schart Hyman.

  • Sirène d’eaux douces

    Sirène d’eaux douces

    Beaucoup d’amour et d’eau de source pour les sirènes helvétiques
    Qui s’abreuvent du flux des glaciers qui s’écoulent dans les vallées.
    D’ailleurs elles sont cotées en bourse par le taux d’un franc aquatique
    Dont la valeur est appréciée par une pénurie d’eau salée.

    Jadis elles ont fait fortune en tondant les mérous dorés †
    Et en produisant du fromage à la laitance des Grisons.
    Elles ont tant collecté de thunes que les banquiers ont adoré
    Créer un prêt à leur image qui finit en queue de poisson.

    Alors la sirène d’eau douce est-elle gentille ou bien méchante ?
    On ne sait pas et les montagnes restent muettes à la question.
    Finalement, comme rien ne pousse à une réponse approchante,
    Le mystère persiste et gagne en innombrables suggestions.

    (Tableau de Jeanne Saint Chéron.
    † En effet, la peau de mérou s’tond.)

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • L’amour de la mort

    L’amour de la mort

    Mourir d’aimer, aimer mourir, un paradoxe pour la vie
    Qui nous promet dès la naissance notre achèvement programmé
    Car tout va devoir concourir à atteindre la fin du devis
    En acceptant, en connaissance, d’être enterré ou bien cramé.

    Combien au début j’ai haï cette détestable promise
    En divorçant d’avec la mort pour une maîtresse éternelle !
    Mais c’est la vie qui m’a trahi pour la maladresse commise
    Par Adam et Ève, à tort, et une pomme originelle.

    Peut-être suis-je déjà mort sans le savoir depuis longtemps
    Et j’erre dans un monde à l’envers dans des conflits exponentiels.
    Un non-sens pour le matamore qui poétise au fil du temps
    Ses pensées en prose et en vers sur ses problèmes existentiels.

    Illustration de Roger Creus Dorico.

  • Les couleurs du temps

    La Terre affiche ses humeurs selon les couleurs exprimées
    Au fil des jours et des saisons dans ses tourments les plus ultimes.
    Les vents transportent les rumeurs que les nuages ont imprimées
    Au ciel, à tort ou à raison, pareilles à un journal intime.

    Ciel rose d’un matin morose, ciel gris d’un crépuscule aigri,
    Montrent les pensées de la Terre qui, hier encore, l’émouvaient.
    Cyclones et tempêtes en névrose, forêts aux arbres abougris,
    Pleurent sous les pluies délétères et souffrent sous les vents mauvais.

    Photos de Raul Cantu.

  • La lumière derrière le masque

    Enfin la nuit tombe le masque et laisse apparaître le jour
    Dans ses yeux d’abord outremer, puis de plus en plus bleu-azur
    Avec la Lune un peu fantasque qui continue, comme toujours
    Après une absence éphémère, à poindre au fur et à mesure.

    Mais les ombres vont s’étirer jusqu’au milieu de février
    Et daigneront laisser la place, après avoir bien profité,
    Du temps qui aura empiré durant ce froid tant décrié
    Jusqu’à ce que l’hiver se lasse et laisse le printemps s’inviter.

    Tableau de Thomas Blackshear.

  • La longue nuit du Solstice

    La longue nuit du Solstice

    Pour bien comprendre le solstice et ses ténèbres interminables,
    Imaginez une cavalière drapée de jour, chinée de nuit.
    Plus elle avance vers l’interstice de la lumière véritable,
    Plus apparaît la chevalière nue comme si elle sortait du puits.

    Hélas, il faut encore attendre jusqu’à la fin du mois de janvier
    Pour voir les jours se rallonger et apercevoir l’amazone.
    Bien sûr, cela laisse sous-entendre que la nudité enviée,
    Voilée de tissus prolongés, cotera en seconde zone.

    Tableau d’Igor Morski sur https:www.espritsciencemetaphysiques.comillustrations-controverse-dun-artiste-polonais-revelent-cote-noir-de-societe-moderne.html .

  • L’île en Elle

    L’île en Elle

    Toutes les femmes sont des îles selon où il vient l’accoster
    Pour devenir l’explorateur de chaque mont, chaque vallée
    Où il espère un droit d’asile qu’il devra alors composter
    Par un désir perforateur que rien ne saurait ravaler.

    Elle n’est qu’une île, il n’est qu’une aile selon l’élément qui lui plait.
    L’île est en elle, peau émergée quand elle est baignée d’onde pure ;
    L’air est en elle, à tire-d’aile quand elle lui chante les couplets
    Dont les paroles sont submergées de cliquetis dans la mâture.

    L’île est en l’eau, elle est en haut, selon quand elle s’envoie en l’air,
    Quand il survole comme un oiseau ses atolls mouvants en surface.
    Il est en elle, à fleur de peau, physiquement et musculaire,
    Quand ils rejoignent le réseau dont l’amour est seul interface.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • L’ombre du peintre

    Voilà qu’un peintre a oublié son ombre dans son atelier
    Et, plutôt que broyer du noir, celle-ci s’est prêtée au lavis.
    Juste vêtue d’un tablier à son clair-obscur relié,
    Elle peint le temps où, de mémoire, c’était dur de gagner sa vie.

    Sa première nature morte dans une composition funèbre ;
    Son tout premier autoportrait aux formes indéfinissables.
    Mais voici qu’on ouvre la porte ; la lumière chasse les ténèbres,
    Sur les toiles ne reste aucun trait, l’ombre est partie, insaisissable.

    Photos de Starababaztramwaju.

  • Goûteur de pluie

    Goûteur de pluie

    La goutte de pluie initiale appelle à l’adorable douche
    De gouttelettes essentielles qui forment le premier ruisseau
    Qui transmet sa fièvre glaciale du sommet aux coins de la bouche
    Et redescend en aquarelle sous l’action de mille pinceaux.

    Quand le soleil pointe son nez, les gens du nord sortent le leur ;
    Quand la pluie donne ses faveurs, les amateurs sont crédités
    Selon s’ils sont déterminés d’absorber toute sa valeur
    Et goûter toute sa saveur en lui offrant leur nudité.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Les beaux quartiers

    Dernier quartier, Elle déménage dans un état d’âme impavide ;
    Dès lundi, Madame la Lune commence à faire ses valises.
    Les jours suivants, remue-ménage ! Les chambres et le salon se vident
    Jusqu’à ce qu’il n’y ait plus aucune trace qui ne se visualise.

    Elle est partie on ne sait où ; il parait qu’Elle est occupée
    À préparer son grand retour comme une ex-vedette célèbre.
    En attendant le rendez-vous, l’appartement inoccupé
    Reste noir comme dans un four dans d’impénétrables ténèbres.

    Premier quartier, Elle emménage en douce sans tambour ni trompette ;
    Dès lundi, Madame la Lune esquisse le contour d’un C.
    Les jours suivants, elle aménage lentement sans entourloupette,
    Puis Elle invite sans rancune les poètes décontenancés.

    Là-haut, Elle pend la crémaillère, tous les lampions sont allumés ;
    En-bas, la Terre se met en transe, poils et cheveux sont hérissés.
    Dans les clairières, sur les bruyères, ce soir, comme à l’accoutumée,
    Les souris chantent, les souris dansent sitôt le Soleil éclipsé.

    Tableaux d’Albert Aublet et Arthur John Black.

  • Béni soit le fruit de vos entrailles !

    Béni soit le fruit de vos entrailles !

    Dans chaque matrice utérine s’abrite toute l’humanité ;
    Tous les caractères à venir, toutes les mémoires vécues.
    Cycle éternel qui entérine la loi de l’immortalité
    Inscrite dans les souvenirs des âmes qui ont survécu.

    Les gars en bleu, les filles en rose, les couleurs se réorganisent
    Pour donner des genres alternés, enfants indigo et mutants.
    Ce n’est pas le futur morose d’un monde qui se modernise
    Sur la Terre qui l’a materné mais l’erreur d’un Dieu débutant.

    Mais Dieu apprend – du moins je crois – et remet la main à la pâte
    En corrigeant ses paradoxes pour parer aux aberrations.
    Gageons que ce chemin de croix sur lequel il nous carapate
    Deviennent moins hétérodoxe aux prochaines générations !

    Tableau de Casey Weldon.

  • Au fil du temps

    Au fil des champs, l’imaginaire reprend souvent la fille de l’air ;
    Mes pensées volent comme l’oiseau qui voit le soleil l’approcher.
    Seules me retiennent à l’ordinaire mes propres limites similaires
    À la peur de quitter le réseau de ceux qui restent accrochés.

    Au fil du désert, l’espérance toujours retrouve le chemin
    De la confiance en mon étoile toujours à mon cœur reconnue.
    Courage, force et tempérance m’assisteront encore demain
    Sans que la prudence ne se voile pour triompher de l’inconnu.

    Photos de Helga Stentzel.

  • L’étreinte fleurie

    L’étreinte fleurie

    Dites-le-lui avec des fleurs, étreignez-la avec des roses,
    Embrassez-la avec des lys, aimez-la avec des lilas.
    Séchez-lui doucement ses pleurs, rassérénez son cœur morose
    Et rappelez-lui les délices qu’un jour son âme assimila.

    Ainsi les fleurs révèlent en elle les secrets de la création ;
    L’homme ne serait qu’une clef et la femme, serrure complexe
    Mais d’une forme originelle qui permet la procréation
    Continuellement recyclée par l’épanouissement des sexes.

    Tableau de Nicolas Nadja.

  • La pêche aux souvenirs

    La pêche aux souvenirs

    J’ai tant de trous dans ma mémoire que je creuse pour la retrouver
    Et parfois j’y découvre un vide où un avion pourrait voler.
    Dans cette énorme cavité noire où mon vertige est éprouvé
    J’envoie toutes mes sondes avides de mes souvenirs envolés.

    Graduellement, des luminaires éloignés s’y sont dépêchés ;
    Régulièrement, la pleine Lune s’y promène en toute innocence.
    D’après les tables solunaires, j’en profite pour aller pêcher
    Des réminiscences de fortune enfouies au fond de mon enfance.

    J’ai recouvré tous les fragments de mon cœur d’étoile brisé
    Quand l’amour allait à vau-l’eau de mes désirs à contresens.
    J’en recolle tous les segments ; il est presque cicatrisé.
    Demain je ferai du vélo dans mon crâne vide de sens.

    Tableau d’Andrej Mashkovtsev sur https:ghoti-and-us.tumblr.compost180996938912andrej-mashkovtsev-her-good-friend-mackerel .

  • Dieu… et ses femmes

    L’épouse de Dieu – car elle existe – est brune et rien ne lui résiste.
    Sans doute sa couleur de cheveux lui octroie de faire ce qu’elle veut.
    Cheveux d’ébène, reflets de jais, d’une main ferme dirigeait
    La maison de la Trinité depuis plus d’une éternité.

    La sœur de Dieu – drôle de frisure – possède une toison d’azur
    Qui s’accorde avec ses yeux pers, parfois turquoise ou outremer.
    D’humeur changeante et sans raison, elle produit en toutes saisons
    Des créatures chimériques, licornes et sirènes d’Amériques.

    La mère de Dieu – il n’en a qu’une – blonde sans hésitation aucune
    A créé fées et Walkyries pour parer aux gamineries
    Des anges qu’elle doit surveiller du matin jusqu’à la veillée
    Et dont elle détient leurs cœurs d’or cachés dans la boîte de Pandore.

    La fille de Dieu – c’est une coquine – espiègle déesse rouquine,
    Garde la faune saine et sauve, protégée de sa robe fauve.
    Elle envahit tous les automnes nos cœurs de langueur monotone
    Qu’elle ravive tous les printemps d’amours à un rythme éreintant.

    Illustrations d’Enki Bilal.

  • Le mariage est-il un échec ?

    Quand il part seul, quand elle part seule, sur le grand chemin de la vie,
    Ni l’un ni l’autre ne connaît les règles et la finalité.
    Le jeu semble cruel et veule, personne n’est du même avis ;
    D’ailleurs chacun se reconnaît agir dans la légalité.

    L’adolescence marque les limites et chacun doit choisir son camp ;
    On fortifie son propre groupe mais on couche avec l’ennemi.
    Tout cela consolide le mythe de tous les corps à corps fréquents
    Et lorsque déborde la croupe, on a tous besoin d’accalmie.

    Mais un combat ne suffit pas, d’autres rencontres sont prévues ;
    Matches amicaux, matches d’intérêts, matches qui comptent pour le mérite.
    Ils durent parfois jusqu’au trépas d’un combattant, c’est l’imprévu
    Où le rescapé atterré ne gagne qu’un triomphe démérite.

    Tout ça pour ça, pour terminer une fin de course en solitaire
    Et toutes les parties perdues laissent toujours un goût amer.
    Restera-t-on déterminé à mettre un sens prioritaire
    Au sexe désormais éperdu, sauveur, sadique et victimaire ?

    Illustrations d’Enki Bilal.

  • La musique des sphères

    La musique des sphères

    Au commencement le Créateur cria : « Que la musique soit ! »
    Avec les instruments célestes qu’Il créa, disant « que c’est bon ! »
    Vinrent les anges opérateurs qui jouèrent du bout de leurs doigts
    Les premières notes de leurs mains lestes et donnèrent ensemble le ton.

    On vit les étoiles chromatiques monter les gammes en harmonie
    Dans le tempo originel du thème divin introduit
    Au sein de ce monde eurythmique et naquit la cérémonie
    De l’univers traditionnel que nous connaissons aujourd’hui.

    Et puis sont venus les savants et leur science castratrice
    Et la musique devint une onde et les notes, de la matière.
    Plus de magie dorénavant mais une force dévastatrice
    Du pouvoir de l’argent immonde vers une horreur à part entière.

    « la musique des sphères est une théorie pythagoricienne ; l’univers serait régi par des rapports numériques harmonieux et les distances entre les planètes dans la représentation géocentrique de notre système solaire seraient réparties selon des proportions musicales – les distances entre planètes correspondant à des intervalles musicaux. » sources Wikipedia .

  • Le renard voyageur

    Le renard voyageur

    Depuis qu’il est apprivoisé, le renard a évolué
    Dans une bulle de confort bien abritée du mauvais temps.
    Il n’a plus de quoi pavoiser envers son milieu pollué ;
    C’est le revers de ses efforts vers un futur compromettant.

    Depuis qu’il a coincé sa bulle pour imiter le Petit Prince,
    Depuis qu’il a planté ses roses à l’abri de sa véranda,
    Depuis qu’il n’est plus noctambule, qu’il n’a plus l’estomac qui grince,
    Les journées du renard morose se suivent sur son agenda.

    Pas plus de poules à l’horizon que de lapins dans un terrier !
    On se protège des insectes et des bestioles préjudicielles ;
    On est heureux dans sa prison les RTT et jours fériés ;
    Tant pis si la bouffe est infecte et les roses artificielles !

    Tableau de Jose Francese.

  • Les sirènes naufrageuses

    Les sirènes naufrageuses

    Quand les hommes prennent l’amour pour aller chercher l’aventure,
    Quand ils espèrent faire bonne pêche du fond du lit de l’océan,
    Les nuits où les vents se font lourds à faire grincer les mâtures
    Ballotées aux vagues revêches les temps deviennent malséants.

    Lors, ceux qui ont le mal d’amour scrutent et consultent les étoiles
    Mais le ciel demeure blafard sous la tempête dévastatrice.
    Tout à coup, les nuages lourds déchirent un morceau de leur voile
    Et le scintillement d’un phare paraît en muse salvatrice.

    Hélas ce sont les naufrageuses avec leurs feux indissociables
    Qui traquent les hommes énamourés par un leurre trompe-couillon.
    Cette frénésie ravageuse qui nourrit ces insatiables
    Leur permettra de savourer l’homme de mer au court-bouillon.

    Tableau « The Cave of the Storm Nymphs » d’Edward Poynter.

  • Poissons d’or et poissons d’argent

    Les poissons d’or dans le courant des rivières économiques
    Tournent en rond selon le cours et le flux de l’argent liquide.
    Ils louvoient les flots concourants vers l’embouchure océanique
    Où leurs valeurs viennent au secours des prêts à risques intrépides.

    Les poissons d’argent jouent les rois de la magouille en eaux boueuses,
    Ne parlent pas, ne disent rien comme la carpe au goût de vase.
    Pour l’obtenir, payez l’octroi fors des négociations houleuses
    Et si vous êtes épicuriens, dorez-les à la genevoise.

    Illustration de Casimir Art et Tableau de Vladimir Kush sur http:licornamuseum.over-blog.comkush.vladimir-1965 .

  • Adoptez Linux !

    Adoptez Linux !

    Le système d’exploitation d’une femme n’est pas si complexe ;
    Windows ouvre trop de fenêtres et elle n’aime pas les courants d’air ;
    Apple, plein de bonnes intentions, la laisse pourtant plutôt perplexe ;
    Seul Linux, faut le reconnaître, convient et, à ses seins, adhère.

    Comme chaque femme est unique, adoptez cette version d’UNIX
    Pour lui parler et la comprendre de la plus simple des façons.
    Quant au langage qui communique avec elle, C assez prolixe
    Mais son amour va vous surprendre au bout de soixante-neuf leçons.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Lilith

    Lilith

    Lilith, créée bien avant Ève, pas bête, ne se fit pas surprendre
    Par le serpent fabulateur et l’arbre de la connaissance.
    Elle perça le tronc de son glaive et obligea Dieu à suspendre
    Son châtiment blasphémateur sur sa future descendance.

    Tous les chats peuvent en témoigner – d’où leur sobriquet de « greffier » –
    Et les chouettes savent de Dieu à quelle température il bout
    Car sa loi a dû épargner toute la lignée authentifiée
    Blanchie du péché insidieux qui peut vivre ainsi sans tabou.

    Aussi, reniant ses ancêtres, si l’homme souhaitait être adopté
    Par la famille de Lilith, son âme en serait acquittée
    Car n’ayant plus à comparaître pour le péché de volupté
    Par le fait, il réhabilite l’ensemble de l’humanité.

    Tableau d’Andrei Posea.

  • De mémoire d’éléphant

    Où vont mourir les souvenirs que j’ai oubliés pour toujours ?
    Des plus petits jusqu’aux plus grands, sont-ils flétris ou bien rouillés ?
    Seuls mes rêves savent parvenir à les remettre au goût du jour
    Parmi les rappels émigrants de ma mémoire verrouillée.

    Le cimetière des éléphants de ce que je vis au présent
    Tombe-t-il dans mon embonpoint par la force de gravité ?
    Et plus je maigris, triomphant d’un kilo perdu, méprisant,
    Plus j’agrandis au contrepoint ce trou dans sa concavité.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • La peur des araignées

    La peur des araignées

    Tant que la peur ne s’en va pas, le vrai bonheur n’arrive pas
    Et tant qu’on craint une araignée, l’amour ne peut pas se poser
    Car passer de vie à trépas sans avoir fait le moindre pas
    Vers cette bonne fée désignée me laisse tout indisposée.

    Elle régule les insectes et protège l’écosystème ;
    On la considère auxiliaire de santé des agriculteurs ;
    Et son venin que l’on collecte produit des sérums… Quel dilemme
    Que cette crainte familière créant un effet réducteur !

    Une peur bleue, papillon bleu, une araignée, mal renseignée.
    Je laisse ma peur s’envoler, je souris à l’adversité.
    L’inconnu n’est plus nébuleux quand je ne suis plus imprégnée
    Par tout ce qui pourrait m’affoler aux dépends de la diversité.

    Tableau de Chie Yoshii sur https:www.chieyoshii.com .

  • Les deux lunes

    Les deux lunes

    Lors des humeurs électrisantes de la Reine de nuit narquoise,
    Je sais discerner l’aptitude de celui qui saura la prendre.
    Quand les deux lunes sont présentes dans le ciel couleur de turquoise,
    Je connais les béatitudes des leçons d’amour à apprendre.

    Lorsque les deux lunes sont rondes, elles exercent une attraction
    Irrésistible et séduisante d’incomparable magnificence.
    Vers cette attirance gironde, mon corps se met en érection
    Sous la lumière polarisante de l’astre de concupiscence.

    Illustration de Frank Frazetta.

  • Fuir dans la nuit

    Fuir dans la nuit

    L’amour ou la fuite éperdue pour échapper au quotidien,
    S’isoler du monde en chaos, s’évader de la nuit des temps.
    On s’est trouvé, on s’est perdu dans les couloirs clitoridiens
    Pour retrouver sous les cahots l’intimité qui nous détend.

    Le sexe ou la chair retrouvée pour supporter les habitudes
    De revivre jour après jour la même intensité revêche.
    Le plaisir sans cesse éprouvé pour atteindre une plénitude
    Et, jusqu’à la fin du séjour, s’étreindre d’amour et d’eau fraîche.

    Tableau de Vladimir Kush.

  • La demoiselle d’Avignon – 1

    La demoiselle d’Avignon - 1

    Un visage pas assez mignon, des yeux qui manquent d’attirance ;
    Une correction au pinceau devrait parfaire son image.
    La demoiselle d’Avignon a retouché son apparence
    Sur le tableau de Picasso qui ne lui rendait pas hommage.

    Peu à peu elle perfectionne le galbe opulent de ses seins
    Qu’à sa poitrine elle synchronise par un cubisme plus arrondi.
    Et toute sa grâce impressionne en rehaussant jambe et bassin,
    Puis les épaules qui s’harmonisent aux membres supérieurs brandis.

    Hélas, je n’ai pas retenu le nom de la belle correctrice,
    Juste un brouillon inachevé que Pablo a abandonné.
    Qui sait ce qui serait advenu de la jolie restauratrice
    Si elle avait parachevé l’œuvre de sa griffe mentionnée ?

    Tableau de Cesar Santos sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201104cesar-santos-cuban-american-painter.html?m=1 .

  • Adieu, cruel monde des hommes

    Nue je suis née, nue je m’en vais de ce monde cruel des hommes
    En suivant la voie immuable que mon destin m’a imposée.
    Depuis longtemps, je m’émouvais d’avoir le mauvais chromosome
    Mais finalement, il m’est louable de m’enfuir du sexe opposé.

    Nue je vivrai, nue je mourrai pour un autre monde moins infâme
    Qui m’offrira la garantie évidemment d’y vivre libre
    Si Dieu me l’ouvre, j’y courrai à condition d’être la femme
    Qui deviendra son apprentie pour faire un nouvel équilibre.

    Photos de David Naman.

  • Les romans policiers

    Les romans policiers

    J’aime ces livres labyrinthes appelés « romans policiers »
    Truffés de couloirs et d’intrigues qui vous perdent entre les lignes.
    Le suspense devient une étreinte et le lecteur, un justicier
    Car progressivement il brigue d’en interpréter tous les signes.

    Curieusement certains dédales sont bâtis sur le même plan ;
    Une fois qu’il est assimilé, on le parcourt les yeux fermés.
    Une fois le pied sur la pédale, l’ôteur crée des faits ressemblants
    Comme une sorte de fac-similé qui sent un peu le renfermé.

    Ô esprit d’Agatha Christie, esprits de Maurice Leblanc,
    Conan Doyle, Jean-Christophe Grangé, Fred Vargas, Georges Simenon,
    Revigorez-nous, sapristi, thrillers, polars de but en blanc
    Et éloignez ces étrangers au club des auteurs de renom !

    Tableau de Rafal Olbinski sur https:www.designstack.co201702surreal-paintings-that-whisper-message.html .

  • Winterthur in Switzerland

    Une aventure en Switzerland ; départ Winterthur centre-ville.
    Montez en direction du Nord, traversez le Lac de Constance,
    Continuez jusqu’en Hollande, demandez l’officier civil
    Qui se prénomme Éléonore, pour une visite de circonstance.

    Si vous gardez le même cap, vous rencontrerez mes cousins
    À l’embouchure du Saint-Laurent, pays d’un éternel hiver.
    Mais on contourne le handicap en s’entraidant entre voisins
    Ce qui, pour les gens ignorants, est assez rare dans l’univers.

    Tournez tout autour de la Terre, passez l’Océan Pacifique,
    Promenez-vous en Océanie, courez la mappemonde australe,
    Puis regagnez ma salutaire petite ville mirifique
    Et rendez-vous « Chez Stéphanie » pour une tournée magistrale.

    (Illustration de Lilian Caprez ;
    Stéphanie y tient la boutique « Pain & Fromage » et ses dégustations sont délectables.)

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.