Catégorie : 2021

  • Le doigt mouillé

    Le doigt mouillé

    Pour vivre d’amour et d’eau fraîche, nous aimons troubler la boisson
    Par un peu de chasse et de pêche, fruits, légumes et petits poissons.
    Je mouille mon doigt dans ses fluides qui fleurent les meilleurs appâts
    Et je le trempe dans le liquide qui m’apporte un petit repas.

    Quelquefois j’attache à ma verge une ligne et son hameçon
    Qui la tendent comme une asperge qui tournille en colimaçon.
    Puis, je surveille le bouchon, enraciné sur mes talons,
    Avec la main sur un nichon qui frétille du mamelon.

    Tableau de Sanya Kantarovsky.

  • À l’angle du Pont Langlois

    Le pont levant de ma jeunesse me rappelle à ses souvenirs ;
    Souvent, aux bateaux de passage, s’ouvrait son tablier mobile.
    J’y déboulais à toute vitesse de peur d’en voir un survenir
    Ou espérais son relevage quand j’avais besoin d’un mobile.

    Je demandais un peu de chance quand j’avais envie de gagner
    Contre la montre qui me presse dans une course embarrassée
    Ou davantage de malchance lorsque j’étais accompagné
    De ma toute nouvelle maîtresse et profiter de l’embrasser.

    « Le pont Langlois en Arles » Tableaux de Vincent van Gogh.

  • Pleins feux sur la chasse

    Pleins feux sur la chasse

    Chaud lapin et renard rusé vivent heureux, vivent cachés
    Dans les fourrés, hors de portée de l’œil attentif du chasseur.
    La caille aux yeux de biche irisés ne veut pas finir steak haché
    Et tâche de se réconforter à l’abri de ses pourchasseurs.

    Pauvre Nemrod, ta faim de loup t’oblige à faire le pied de grue !
    Ventre affamé n’a pas d’oreille ni de cœur et ni de pitié.
    Alors ne sois pas si jaloux si ta frénésie incongrue
    N’est qu’une quête sans pareille qui conduit à l’inimitié.

    L’ours mal léché n’a pas cassé trois pattes à un canard boiteux.
    Les animaux ont disparu peut-être à cause du progrès.
    Adieu pâtés et fricassées que le braconnier convoiteux
    Volait malgré le risque encouru à la Nature contre son gré.

    Tableau de Rafal Olbinski.

  • À deux ou trois temps

    La valse à deux temps en mesure, bien qu’entraînante et savoureuse,
    Pourrait paraître monotone à ceux qui y sont étrangers.
    Mais à trois temps, sa démesure fait les critiques douloureuses
    Sur les bonnes mœurs autochtones de peur qu’elles en soient dérangées.

    Certains les pratiquent en groupes comme des danses folkloriques
    Mais ça sème la confusion selon l’ardeur des partenaires.
    En revanche, s’agitent les croupes en toutes positions lubriques
    Qui permettent la bonne fusion de tous les fluides spermissionaires.

    Tableaux de Ernst Ludwig Kirchner.

  • La Terre fait sa mue

    La Terre fait sa mue

    Si chaque civilisation qui recouvre la Terre entière
    N’était au juste qu’une mue, c’est-à-dire une métamorphose ?
    Ainsi la mondialisation qui fait éclater les frontières
    N’est qu’un prémisse que transmuent ses innombrables ecchymoses.

    Tous les cyclones et tremblements rappellent sa peau qui craquelle,
    Éruptions et raz-de-marée ne sont que pure formalité.
    Et tous les grands chambardements actuels représentent les séquelles
    De la mue qui a démarré en emportant l’humanité.

    Peut-être un jour je vais renaître Chat-Mutant ou Souris-Savante
    Pour recommencer une histoire qui se répète à l’infini.
    Lorsque je vois de ma fenêtre ces catastrophes aggravantes,
    Je réalise qu’il est notoire que tout sera bientôt fini.

    Sculpture de Maria-Luise Bodirsky.

  • Reflets urbains

    Le cœur urbain manque à mon âme qui ne s’abreuve que de nature
    Et la compassion du béton reste hermétique à ma raison.
    Hélas pour l’amour d’une femme et nourrir ma progéniture,
    J’ai admis, pour changer de ton, des efforts sans comparaison.

    Heureusement les avenues, transformées par les jours d’orage,
    Forment un miroir dont les mirages rincent mes yeux à l’eau de rose.
    Tous ces petits bonheurs ténus font plus que force ni que rage
    Et se changent en millions d’images dans tous mes reflets vers et prose.

    Tableaux de Iosif Derecichei sur http:www.stephenloweartgallery.caartistsdi1010001.asp?browsepage=5#Bio .

  • L’erreur d’une profonde nuit

    L’erreur d’une profonde nuit

    C’était pendant l’erreur d’une profonde nuit,
    Le mystère rôdait dans les ombres opportunes.
    Un voyageur transi, fatigué, qui s’ennuie
    Et un amoureux prêt à décrocher la Lune.

    Ce jeune itinérant de quatre-vingt-dix ans
    Lisait, mains dans les poches, un journal illisible
    Sous la clarté obscure de quelques vers luisants
    À travers les carreaux d’une fenêtre invisible.

    Quand le jour se leva, la Lune était tombée
    Dans les amours perdues derrière l’horizon.
    La faute apparemment était à incomber
    Aux cœurs désabusés de vaines trahisons.

    Illustration de Quint Buchholz.

  • La vierge sotte

    La vierge sotte

    La vierge saute un jour sur deux selon l’humeur des éléments,
    Un peu follette les jours d’orage, un peu tourmentée des tempêtes ;
    La vierge sotte, l’air cafardeux, lorsque les vents sont véhéments,
    Un peu plus sage et bisque rage quand le soleil est à la fête.

    La vierge idiote, cyclothymique, inattendue, imprévisible,
    Uniquement les jours impairs, ne cherchez pas à la comprendre.
    La vierge spontanée et comique, mais d’un caractère paisible,
    Intelligente les jours pairs ; les seuls jours où elle peut apprendre.

    Illustration de Pascal Blanché.

  • Au commencement, Dieu créa le singe

    Au commencement, Dieu créa le singe

    Au début, Dieu créa le singe mais à son grand étonnement
    Celui-ci n’était ni querelleur, ni hypocrite, ni même infâme.
    Il ne se creusait pas les méninges contre son environnement,
    N’était pas vraiment cavaleur et pire, il respectait les femmes.

    Alors Dieu lui ôta sa queue, quelques poils et deux chromosomes
    Puis, le dota d’un cœur de pierre et d’un gène auto-suicidaire.
    Il devint ainsi belliqueux et Dieu alors bénit les hommes
    En leur offrant la Terre entière pour un programme génocidaire.

    L’homme prit sa femme pour cible pour la rabaisser au ménage ;
    Il affronta tous ses semblables, persuadé d’être l’élu ;
    Il crypta l’ordre dans la bible de corroborer l’esclavage ;
    Bien que ce soit invraisemblable, Dieu lui garantit son salut.

    Des singes, je reste le dernier comme un ermite qui s’éclipse ;
    Je n’ai pas le droit de sortir ni de respirer au grand air.
    J’attends que vous ne discerniez jamais la triste apocalypse
    Dont viendront vos corps s’assortir fossiles, six mètres sous terre.

    Illustration d’Atomic Circus.

  • Un bol de couleurs

    Un bol de couleurs

    Pour quitter la morosité, je vous offre un bol de couleurs ;
    Une peinture insaisissable proche de l’écoute du cœur.
    Goûtez la générosité des tons qui gomment les douleurs
    Qui se dispersent comme le sable entraîné par un vent moqueur !

    Savourez l’indigo des fleurs, dégustez le rose des vents,
    Appréciez le camaïeu des écarlates arbrisseaux !
    Essuyez vos larmes et vos pleurs, souriez au soleil levant
    Qui vous offre un jour radieux tout autour d’un riant ruisseau.

    Tableau de Kent R. Wallis.

  • Pleins feux sur la minette

    Pleins feux sur la minette

    « Chaude lapine, ça va sans dire, de préférence nymphomane,
    Qui sache apprécier les jeux de l’amour en toutes saisons ! »
    Ainsi se vantait de prédire, un matou assez mythomane,
    La queue droite, l’air avantageux, qui passait devant ma maison.

    Je l’ai suivi, évidemment, vers la mélodie langoureuse
    De ces miaulements de détresse mais pleins de charmes, toutefois.
    Quel ne fut mon étonnement, de découvrir trois amoureuses
    Menées par leur jolie maîtresse qui, à ma vue, miaula trois fois.

    Tableau de Rafal Olbinski.

  • Pleins feux sur le minet

    Chaud lapin, je ne saurais dire, en réalité chaleureux
    Qui savoure une villégiature entre caresses et papouilles.
    Il ne saurait me contredire et avoue être un chat l’heureux,
    Restauré d’une nourriture digne du grand chef Ratatouille.

    Réfractaire à tout changement, il aime conserver ses repères
    Pourtant paradoxalement il nous faut changer ses menus.
    Toujours les mêmes aliments, cela ennuie ce chat pépère
    À qui l’on doit finalement varier une carte circonvenue.

    Illustrations de Moebius.

  • Baignades intimes

    Sortie du bain en solitaire, elle aime flâner dévêtue
    Sur la terrasse sans vis-à-vis pour un suave bain de soleil.
    Sortie du feu qui réitère un bronzage qui s’accentue,
    Elle retourne avec envie se baigner d’un demi-sommeil.

    Sortie en bateau de plaisance, elle guette la sortie du port,
    Pour n’exposer sa nudité qu’aux feux d’un soleil doux-amer.
    Elle se complaît avec aisance de transpirer de tous ses pores
    Puis, plonger dans l’humidité réfrigérante de la mer.

    Rentrée pour une soirée intime, elle goûtera au bain d’amour
    Qui lave, brûle et la consume dans son creuset énamouré.
    Avec un homme illégitime qu’elle change selon l’humeur du jour
    En ne gardant comme costume qu’un peu de fluide savouré.

    Tableaux de Jean Dominique Antony Metzinger sur https:fr.wahooart.comArt.nsfArt_FR?Open=&Query=Jean%2CMetzinger .

  • Les maisons écloses, opaques et obscures

    Dans les maisons écloses où naissent les amours,
    Les fleurs s’épanouissent comme belles-de nuit.
    Au matin, comme roses aux pétales de velours,
    Doucement s’évanouissent jusqu’à la prochaine nuit.

    Dans les maisons opaques aux fenêtres fermées,
    Les fleurs ne sont vêtues que de perles rosées.
    À Noël comme à Pâques, les fruits qui ont germé
    Sans cesse perpétuent les pères indisposés.

    Dans les maisons obscures aux lumières tamisées,
    Les fleurs sont carnivores et dévorent les hommes ;
    Ceux-là qui n’en ont cure tant ils sont amusés
    De celle qui leur dévore leurs précieux chromosomes.

    Tableaux de Jean Dominique Antony Metzinger sur https:fr.wahooart.comArt.nsfArt_FR?Open=&Query=Jean%2CMetzinger .

  • Désormais, vous vivrez ici !

    Non seulement il fallait gagner son pain à la sueur de son front
    Mais il faudra cohabiter avec d’autres dans nos maisons.
    Nous sortirons accompagnés par des webcams qui nous suivrons
    Avec télé-réalité et ses multiples liaisons.

    Finalement tout porte à croire que Dieu nous avait condamnés
    Et que l’histoire du péché n’était qu’une fable revêche.
    Tout était prévu pour accroire au bout de quelques milliers d’années
    Un état pour nous empêcher de vivre d’amour et d’eau fraîche

    Section illustrée de la ville de Kowloon à Hong Kong détaillée sur https:www.thisiscolossal.com201411an-illustrated-cross-section-of-hong-kongs-infamous-kowloon-walled-city .

  • La pomme sanitaire

    La pomme sanitaire

    Adam et Ève, non vaccinés, avec minimum de contact,
    Vivaient dans l’éden confiné mais avant tout sécurisé.
    Le serpent mal intentionné les démystifia avec tact
    Avec une pomme prédestinée d’un avenir précarisé.

    La pomme contenait un ver terriblement reproductif
    Qui n’était pas très salutaire mais suffisamment concentré.
    Toujours est-il que, découverts avec ce poison destructif
    Et sans le passe sanitaire, Dieu les refoula à l’entrée.

    Tableau d’Alex Grey.

  • Tout va très bien sous le pépin

    Contre les crises pandémiques et le marasme économique,
    Contre les problèmes ethniques et contre les crises de foi,
    Les élus créent la polémique avec leurs lois tragi-comiques
    Et leurs parapluies ironiques qu’ils développent à chaque fois.

    « Tout va très bien dans le pays… » malgré dix millions de chômeurs ;
    « La Sécu est déficitaire… » malgré les hôpitaux fermés ;
    « Accueil à qui nous envahit… » malgré les migrants assommeurs ;
    « La santé est prioritaire… » mais tout ça sent le renfermé.

    Photo de John Wilhelm sur https:www.johnwilhelm.chmaking-of .

  • Tu me les brises !

    Le pire dialogue de sourds s’est instauré dans le pays ;
    Plus polémique que politique, plus insidieux que religieux ;
    Il rappelle à l’ordre du jour hommes et femmes ébahis
    Divisés d’un problématique désaccord trouble et litigieux

    Alors on élève la voix, on ressent l’insécurité
    Contre eux qui se croient à tort du rang du parti le plus fort
    Qui croit que la meilleure voie passe par la précarité
    En contraignant tous les retors à se faire injecter la mort.

    Sculptures de Mélanie Bourget sur https:www.kelliemillerarts.commelanie-bourget .

  • Les implants intimes

    Les implants intimes

    On n’arrête pas le progrès mais pas plus que sa démesure ;
    L’homme y perdra sa liberté au nom de la sécurité.
    Tant pis pour le temps des regrets car il a réduit à l’usure
    Nos barrières dès la puberté d’une totale immaturité.

    Nous étions pauvres, nous sommes esclaves d’une économie contrôlée ;
    Si nous nous écartons des lois, nous sommes interdits de séjour.
    Nos appartements sont une enclave d’un continuum engeôlé
    À une sorte de jeu de l’oie qui nous dame le pion tous les jours.

    Tableau de Chuck Close sur http:www.artnet.comartistschuck-close .

  • Le bar à chattes

    Toutes les chattes vocifèrent quand le matou se fait attendre ;
    Elles en ont marre, elles s’ennuient, font les cent pas au bar-à-chats.
    Le mâle absent, il faut s’y faire et qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre
    Dans les cris que poussent la nuit les déçues de la baraka !

    Peut-être avec un peu de chance, elles verront venir un minet
    Puis, se battront pour l’aguicher et l’entraîner sous les gouttières.
    Pauvre minou qui, par malchance, sera bien vite éliminé
    Une fois qu’il se sera entiché du va-et-vient dans la chatière !

    Tableau de Lisa Brice.

  • D’une cime à l’autre

    D’une cime à l’autre

    D’une crise à l’autre sur mon fil, le pouvoir me déséquilibre ;
    L’état me donne le vertige au-dessus d’un gouffre financier.
    Beaucoup trop d’oppressions défilent et m’empêchent de vivre libre
    Par le scandale des vestiges des derniers ouvriers licenciés.

    D’une montagne de magouilles à une chaîne de pots-de-vin,
    Je marche comme un funambule sous les hauts-vents de pandémie.
    La plupart du temps, j’ai la trouille mais je tiens bon sur le ravin
    Jusqu’à ce qu’un conciliabule jette en prison mes ennemis.

    Sculpture de Jerzy Kedziora dans les Alpes suisses.

  • Né dans l’œuf

    Ah, que les femmes soient ovipares et les hommes de drôles d’oiseaux,
    Que l’enfant reste dans son œuf jusqu’au terme de l’adolescence !
    Quand un chagrin le désempare, que s’y éplore le damoiseau
    Soupirant auprès de sa meuf pour d’amoureuses évanescences !

    Moi, j’aurais décoré ma bulle de phrases en circonvolutions
    Pour raconter tous les secrets d’une enfance aux mille couleurs.
    J’aurais, par mes conciliabules, façonné mon élocution
    Dans une coquille nacrée de mes déboires et mes douleurs.

    Exposition de l’Art de la Poupée au Gostin Dvor à Moscou.

  • L’école de la résilience

    L’école de la résilience

    J’ai des ressources plein mon cartable car je suis toujours à l’école ;
    L’école de la survivance dans ce siècle qui va de travers.
    Chaque seconde est exploitable pour me soumettre au protocole
    Où je me branche en connivence avec l’univers à l’envers.

    Alors je bascule en arrière dans une totale résilience ;
    D’abord j’accepte mon naufrage tout en préservant mes efforts.
    Je ne regarde plus derrière et je recherche l’alliance
    Qui recueillera le suffrage de ce qui me rendra plus fort.

    Tableau de Jung Yeon Min.

  • Les porteurs de lumière

    Les porteurs de lumière

    Le couple, porteur de lumière, partage ses condoléances ;
    L’homme porte l’énergie lunaire et la femme, l’énergie solaire.
    Ce feu sacré dans leur chaumière ne subît aucune influence
    Des escarmouches embryonnaires qui pourraient crever de colère.

    Force et faiblesse disparaissent dans la fusion des demi-cœurs ;
    Le froid se réchauffe à la flamme et la chaleur se cristallise.
    De nouveaux êtres apparaissent car l’énergie les rend vainqueurs
    Et chacun partage son âme dans l’amour qui l’immortalise.

    Sculpture de Riccardo Biavati.

  • Enlacements

    Au premier temps de la caresse, les doigts s’attouchent doucement ;
    La main effleure les cheveux, sans précision, presque gauchère.
    Le temps s’étire par paresse et puis s’arrête patiemment ;
    Les corps s’abandonnent au vœu de ne faire qu’une seule chair.

    La fusion ne saurait attendre son alchimie de l’amalgame ;
    Les langues échangent leurs bouches et le temps reprend son envol.
    La passion de plus en plus tendre atteint bientôt le haut de gamme ;
    L’amour transmute sur la couche désirs et plaisirs qui convolent.

    Tableaux de Georgy Kurasov.

  • Lectures pour tous les temps

    Quel doux bonheur que le matin où je me baigne de lecture
    Avec le chat tout près de moi qui m’assiste dans ma détente !
    C’est vrai, je fais traîne-patins, vagabond de littérature ;
    Seulement voilà, au fil des mois je suis devenu dilettante.

    Quel doux plaisir que ces soirées où je repars à l’aventure
    En renouant avec l’histoire qui m’avait vaincu de sommeil,
    Qui me laisse aux heures moirées la peine à faire la jointure
    Que j’oublie toujours, c’est notoire, aux premiers rayons du soleil !

    Tableaux de Didier Lourenço.

  • À la mode des marguerites

    À la mode des marguerites

    Selon si l’amour est douteux, sélectionnez les marguerites.
    Celles qui tombent sur « pas du tout » afin de rompre sans préavis ;
    Celles synchronisées sur « un peu » selon si la fille démérite ;
    Conservez celles aux bons atouts pour la femme de votre vie.

    Si vous laissez faire le hasard, le vent guidera la rencontre.
    Les marguerites onduleront si la fille est cyclothymique ;
    Dignes d’un tableau des beaux-arts si la beauté vient à l’encontre ;
    Et des pétales gai-lurons pour une la fille un peu comique.

    Ma marguerite ressemblait un peu à l’étoile d’argent
    Qui pousse au sommet des montagnes aux paysages admirables.
    Ainsi mon cœur s’est assemblé au partenaire partageant
    Mes rêves et j’ai trouvé compagne aux pétales incommensurables.

    Marguerites de Séraphine.

  • Le grand chambardement

    À l’heure du changement de saison, ma femme vide les placards ;
    Elle ne veut plus des vieilleries et des rossignols démodés.
    Chambardement dans la maison ! Tout est évidé aux trois-quarts,
    Les commodes et les penderies, Fi des fourbis incommodés !

    Et moi, je porte les cartons, je tourne autour des containers
    Je débarrasse le fardeau de six mois à se défringuer.
    Je fonce avec mon charreton au pas de course et entraîneur
    Dont compatissent et mon dos et mon bassin tout déglingués.

    Illustrations de Moebius.

  • Le moulin de la Galette

    Le moulin de la Galette

    Toi, qui a connu autrefois le vieux moulin de la Galette,
    Te souviens-tu des bals publics dans l’allégresse des années folles ?
    Il n’en reste plus toutefois que des gravures et chansonnettes
    Qui font rêver d’une supplique aux souvenirs un peu frivoles.

    Rappel à des amours d’antan dans les chansons de Tonton Georges,
    Mémoire des moulins à vent selon les couleurs de Vincent,
    Restaurant mythique et tentant où le tout Montmartre s’engorge
    Ou le dernier des survivants de tous ces vieux monstres grinçants.

    Tableau de Vincent Van Gogh.

  • Les soirs de pleine Lune

    Bien que je ne sois ni lycanthrope, ni sorcier, ni goule, ni vampire,
    Je me réveille pile à minuit quand la Lune est à l’apogée.
    Mon cœur devient plus philanthrope comme si un amour l’inspire
    Et mon âme se fond dans la nuit dans une synergie prorogée.

    La Lune répand la dopamine qui m’apporte satisfaction,
    Son halo, la sérotonine qui me transmet l’exultation.
    La pleine lune, l’ocytocine source de la délectation
    Et je sens de toutes mes racines remonter une expectation.

    Tableaux de Didier Lourenço.

  • À la mode des tournesols

    À la mode des tournesols

    Les coquelicots cèdent la place au tournesols, chacun son tour.
    La grande horloge de la nature orchestre les fleurs à la mode.
    La Terre effectue en surplace l’essayage de ses beaux atours
    Qui défilent en villégiature dont ses habitants s’accommodent.

    Selon les humeurs du printemps, les roses ajustent leurs épines ;
    Selon les caprices de l’été, s’effeuilleront les marguerites ;
    Selon l’ardeur du vent d’autan, s’inclineront les aubépines
    Et selon l’automne annotée, sortent les colchiques favorites.

    Tableau d’Iris Scott.

  • La pierre des dieux

    Les civilisations anciennes n’ont laissé que peu de vestiges
    À part un tas de pyramides disséminées sur la planète.
    Laïques, divines ou païennes, leur nombre donne le vertige
    Avec leurs, austères ou morbides, miscellanées de devinettes.

    Peut-être l’une d’elles abrite un Alien en hibernation
    Qui attend son explorateur comme la Belle-au-Bois-Dormant.
    Quand l’un d’eux verra que s’effrite sa pierre avec consternation,
    Souhaitons que son profanateur se révèle un prince charmant.

    Illustrations de Moebius.

  • À l’encre d’un garçon

    À l’encre d’un garçon

    Un peu, beaucoup, passionnément, longtemps après l’avoir aimé,
    Elle conserve son empreinte sur son corps tout érotisé.
    Elle en apprécie l’agrément par les énergies essaimées
    Qui rayonnent dans les étreintes sur ses organes hypnotisés.

    Ainsi l’amour s’est imprimé comme sur une pellicule
    Qu’elle n’a plus qu’à rembobiner pour en revivre chaque moment.
    Mais elle prépare son périnée à accueillir les testicules
    Pour leur semence inopinée qui fera d’elle une maman.

    Tableau de Javier Vallhonrat.

  • À son image

    Que Dieu créât à son image une Ève admirable et parfaite,
    Me prête à penser qu’il est Femme, Éternelle et Immaculée.
    Sa création serait l’hommage devant la Terre stupéfaite
    D’offrir à la première dame un paradis miraculé.

    Alors Ève devint son disciple et commença à l’imiter
    Mais elle créa à sa réplique une Lilith mal embouchée.
    Une succession de périples aurait finalement limité
    Un compromis qui nous explique qu’Adam fut dur à accoucher.

    Tableaux de Lisa Brice.

  • Babel-Où-est-ce ?

    Babel-Où-est-ce ?

    Les tours de Babel sont partout dans chaque ville de chaque pays,
    Et particulièrement les banlieues, les cités et les H.L.M.
    Qui sont des résidences fourre-tout où viennent des états envahis
    Les victimes des guerres qui n’ont lieu que pour attiser les dilemmes.

    À chaque appartement sa langue, sa religion, ses traditions.
    J’y croise des femmes péruviennes et des tibétains costumés.
    J’y vois par effet boomerang, de retour des extraditions,
    Des expulsés qui nous reviennent avec des enfants présumés.

    Moi-même, je suis un étranger dans un pays où l’habitant
    Ne parle pas la langue officielle mais un dialecte bien helvétique.
    J’ai tenté de m’y arranger mais mes résultats attristants
    Sont tellement superficiels que j’en suis devenu hermétique.

    Collage de Luca Galofaro à partir d’une photo de Paolo Monti.

  • La danse de la Petite Ourse

    Aux confins de la Voie Lactée, la Grande Ourse étend son chariot
    Pointant, d’une éclipse solaire, Alcor à sa fille requise.
    Mais celle-ci décontractée, suivra un autre scénario
    Délaissant l’Étoile Polaire pour ses cousins sur la banquise.

    La blancheur de fleurs nivéales qui illuminent l’Antarctique,
    Bercent sous zéro centigrades un été aux mille ressources.
    Alors sous l’aurore boréale, aube chamanique et cathartique,
    On voit danser les plantigrades et leur cousine la Petite Ourse.

    (Tableaux de Susan Seddon-Boulet sur http:artilo-artilo.blogspot.com201207seddon-boulet.html .
    Alcor :  Étoile de la constellation de la Grande Ourse formant système avec Mizar et bien connue d’Arsène Lupin.)

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Les joies de la vitesse

    L’homme est épris de la vitesse et dès qu’il lâche les verrous,
    Il aime accélérer sans cesse pour vivre sur les chapeaux de roues.
    Vélo ou patins à roulettes, jamais son rythme ne s’arrête
    En auto et même en poussette et ce depuis belle lurette.

    Vive le sport automobile pour foncer à la supérette !
    Vive le sport vélomobile supérieur à la voiturette !
    Vive la moto du motard pour vaincre les encombrements !
    Vive le landau du moutard qui roulera précocement !

    Que la roue reste en équilibre ainsi que son consommateur
    Et qu’il ne fonce pas à tue-tête comme un fou du volant maboule !
    Se grouiller n’est pas être libre ; le temps est un déformateur
    Et celui qui s’en fait l’esthète n’est rien d’autre qu’un con-qui-roule.

    Illustration pour « Le retour de Valhardi » de Joseph Gillain alias Jijé.

  • Femmes-papillons

    D’abord jeunes chenilles, les femmes-papillons
    Vivent une adolescence dans des atours abscons ;
    Elles ne portent aux chevilles que quelques cotillons
    Et vivent dans l’indécence, à poil dans leur cocon.

    Un matin de printemps, c’est la métamorphose ;
    L’adolescente aigrie est devenue princesse.
    Ainsi lorsqu’elle étend ses jeunes ailes roses
    Sous un corps amaigri, se dévoilent ses fesses.

    Tableaux de Susan Seddon-Boulet sur http:artilo-artilo.blogspot.com201207seddon-boulet.html .

  • Valensole et Vincent – 2

    Valensole et Vincent - 2

    Lever de milliers de soleil sur un firmament d’améthyste ;
    Des milliers d’astres sentinelles à la recherche d’une étoile.
    Celle-là dont l’éclat balaye d’une chaleur énergétiste
    Sa lumière pure originelle qu’un dieu déposa sur la toile.

    Car l’observateur devient Dieu, celui qui voit, celui qui crée ;
    Le pinceau obéit au maître qui tire la vie du néant.
    Au crépuscule, dans un adieu, les tournesols vouent en secret
    L’engagement à se soumettre à l’univers condoléant.

    Tableau de Vincent van Gogh.

  • Valensole et Vincent – 1

    Valensole et Vincent - 1

    Vagues mauves vers l’infini qui disparaît à l’horizon
    Sous un soleil complémentaire qui déverse l’or dans le ciel.
    Vagues violettes indéfinies de la lavande en floraison
    À la surface de la Terre comme un joyau providentiel.

    L’air surchargé de ces arômes me saoule l’âme de son essence
    Comme une atmosphère solide, taillée et gravée dans l’azur.
    Je pourrais suivre jusqu’à Rome ces voies qui partent en tous les sens
    Si je ne pouvais me satisfaire de mon domaine et ma masure.

    Photo de Ludovic Lagadec.

  • Confinement rose

    Pour aider au confinement, il faut rouvrir les maisons closes
    Avec des murs évidemment capitonnés de velours rose.
    Des pin-up en bleu de travail pour mettre le cœur à l’ouvrage
    Et des visites en leur sérail soumises aux tickets de sevrage.

    Nous passerons nos quarantaines sans trop nous plaindre de l’ennui ;
    Nous y courrons la prétentaine quarante jours quarante nuits
    Auprès des hôtesses anonymes avec le visage masqué,
    Nous serions, je crois, unanimes malgré nos femmes estomaquées.

    Photos de Pol Kurucz sur https:freeyork.orgphotographyphotographer-pol-kuruczs-flamboyant-portraits-of-black-brazilian-women .

  • Le complotiste

    Le complotiste

    Au début de sa puberté, pile entre l’enfance et l’adulte,
    Il a choisi la liberté plutôt que s’adonner au culte
    Du Dieu Métro-Boulot-Dodo que la tradition exigeait
    Et s’est fait son Eldorado, tout seul, comme s’il se l’infligeait.

    Il n’a pas cru aux belles promesses d’une humanité pragmatique
    Devant les méthodes S.S. d’un gouvernement fanatique.
    Il a fui les spéculations ; l’argent ne fait pas son bonheur ;
    Il choisit la révolution, ce qui est tout à son honneur.

    Illustration de Moebius.

  • L’apolitique

    L’apolitique

    « Esclavage, inégalités, inimitié » sera gravé
    Sur le fronton de nos mairies et les écoles communales.
    Apprendre l’illégalité sera inscrit sur les pavés
    Que tous nos enfants aguerris absorberont jusqu’en terminale.

    Alors regroupons-nous ensemble en confiance et ténacité
    « Plus jamais ça » revient plus fort et plus de détermination.
    Ce Nouvel Ordre qui ressemble au despotisme dans les cités
    Conduit ses robots sans effort vers leur propre extermination.

    Alors redevenons hippies et revivons en autarcie !
    Tant pis pour le progrès qui mène à l’évaporation de l’âme !
    Regroupés sous de grands Tipis mangeant des tomates farcies
    Et dégustant bon gré mal gré le vin nouveau avec nos femmes !

    Tableau de Nicole Eisenman.

  • Tout va bien !

    Tout va bien, nous sommes en septembre et nous continuerons la fête.
    Bien sûr, l’été fut désastreux sous le régime macronien ;
    Bien sûr, le printemps fut pourri pour solutionner les casse-têtes ;
    Bien sûr l’hiver malencontreux reviendra, mais nous verrans bien…

    Si les cardiopathies subsistent… on entend plus le glas qui sonne ;
    Le paludisme fait son score… mais personne ne s’en inquiète ;
    La faim dans de monde persiste… mais ça ne dérange personne ;
    Le cancer bat tous les records… mais, sur nos craintes, rien n’empiète.

    Tableaux de Marion Peck.

  • L’héroïne dépassée

    L’héroïne dépassée

    Que Marianne n’en prenne ombrage mais son bonnet est démodé.
    Pour faire la révolution, il lui faudrait changer de look.
    Il faut revoir l’équilibrage et voir comment accommoder
    Sa tête dans l’évolution d’un profil soigné pour Facebook.

    Un patchwork des drapeaux du monde drapé autour de ses cheveux,
    Sa tête exposée de profil lui donnerait l’air avantageux.
    À ses oreilles rubicondes, chacun y verrait ce qu’il veut ;
    Pour ma part, un signe francophile, par exemple un coq courageux.

    Tableau de Bruce Holwerda sur https:bruceholwerda.com .

  • La récolte de pyramides

    La récolte de pyramides

    Avant l’aube de l’humanité, on récoltait des pyramides
    Des fruits étoilés délicieux connus dans toute la Voie Lactée.
    Avec force et pérennité, des Aliens que rien n’intimide
    Traversaient l’espace et les cieux fréquemment pour s’en délecter.

    Il n’en reste hélas que fossiles qu’on trouve autour de l’équateur
    En Égypte ainsi qu’au Mexique, en Asie et sous l’océan.
    Et vu leurs tailles, il est facile par un calcul révélateur
    De rapporter au jurassique l’implantation de ces géants.

    Illustration de Moebius.

  • L’éveil alchimique

    L’éveil alchimique

    Tous les matins je vis l’éveil comme une heureuse renaissance
    Après le rêve d’une mort de rituelle hibernation ;
    Retour au pays des merveilles après dernière évanescence
    De l’âme, sans l’ombre d’un remords, qui revient sans consternation.

    Tous mes neurones se reconnectent à mes organes périphériques,
    Le cœur recommence à compter les nouvelles secondes du jour.
    Mes souvenirs font la collecte de mes songes les plus chimériques
    Dont les visions sont décomptées des presciences de mon séjour.

    Tableau de Alex Tooth.

  • Les vraies-fausses douleurs

    Les vraies-fausses douleurs

    J’examine en fausses couleurs ce monde que je crois concret
    Car mes sens sont trop limités pour m’en dévoiler la teneur.
    Et je sens en fausses douleurs les informations échancrées
    Issues de mon intimité qui s’écarte de mon bonheur.

    Les vraies couleurs que voit le cœur sont des épreuves dépassées ;
    Les sens donnent priorité à l’intuition inassouvie.
    Les vraies douleurs d’un corps vainqueur n’existent que dans le passé
    Que l’âme en intériorité décompte de sa prochaine vie.

    Tableau de Jem Mitchell.

  • Les lolos de Lola

    Les lolos de Lola

    Qu’il est beau le débit de l’eau ! Qu’il est laid le débit du lait !
    Mais quand le lait est débité par les lolos, c’est rigolo.
    Tiré de la bouche aux lolos, naturel et pur, s’il vous plaît,
    Bébé n’est jamais dépité ni papa qui tète au goulot.

    Quand la maman boit son coca, son lait devient-il pétillant ?
    Et si elle boit du chocolat, son goût est-il chocolacté ?
    Ça m’intéresse en tous les cas, j’en ai le désir frétillant,
    Car ma fiancée que voilà est barmaid sur la Voie Lactée.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • L’essentiel du chapeau – 3

    L’essentiel du chapeau - 3

    Il paraîtrait qu’enfin nos femmes fassent leur propre révolution
    Afin de soumettre le monde grâce à leur beauté naturelle.
    Elles vont renverser l’infâme domination sans discussion
    Que les hommes et leurs lois immondes exerçaient lâchement sur elles.

    Ces « sans-culotte », juste vêtues d’un chapeau et gants assortis,
    Ont intimidé la police et les flics ont baissé leurs armes.
    Les défenseurs de la vertu ont jeté la censure aux orties.
    Et toutes les femmes à peau lisse ont triomphé grâce à leurs charmes.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.